VENTE GROUPÉE DU MAÏS JAUNE:Une solution au problème d’accès au marché pour l...
Note d’analyse de l’impact des politiques commerciales régionales sur la filière lait local en afrique de l’ouest
1. Note d’analyse de l’impact des politiques
commerciales régionales sur la filière lait
local en Afrique de l’Ouest
Atelier régional –Accra - décembre 2015
2. Plan de la présentation
1. Situation actuelle des filières laitières ouest-
africaines
2. Concurrences et complémentarité entre la
filière « lait local » et la filière « lait en
poudre ». Atouts et contraintes de
développement de ces filières
3. Hypothèses d’évolution de ces filières liés à
l’évolution de leur environnement commercial
4. Politiques pour accompagner le
développement des filières « lait local »
4. Contexte ouest-africain
De fortes potentialités du lait local
• Une consommation de produits laitiers en croissance
Production locale : 80% des volumes consommés
• Une production issue principalement des systèmes
pastoraux (70%)
• Des produits diversifiés
Mais aussi plusieurs contraintes :
• Faible productivité et saisonnalité
• Difficultés de connexion aux marchés, notamment pour les
systèmes pastoraux
• Concurrence par les produits laitiers importés, avec
protection commerciale est faible
• Qui devrait s’accentuer avec la signature des APE.
6. Une diversité d’acteurs (transformation)
Transformatrices
artisanales
Minilaiteries Entreprises industrielles
femmes rurales ou
urbaines souvent
d’origine peule
créées à partir des années 70,
sous l’impulsion d’ONG
Entreprises nationales privatisées
dans les années 80-90 ou privées
lait caillé ou glaces lait pasteurisé, lait caillé et
yaourts
lait liquide, lait caillé, yaourt,
crème, beurre
10-50 litres/jour 50 à 600 litres/jour 5 000 à 20 000 litres/jour
Plusieurs centaines
par pays
155 minilaiteries recensées en
2012 (124 en activité)
Une vingtaine en 2013
centres urbains ou
en milieu rural
villes secondaires au niveau de
bassins laitiers,
capitales
Transforment du lait
local ou de la poudre
de lait
à partir de lait local (20-30 km)
+ lait en poudre à certains
moments
Transforment exclusivement à
partir de poudre de lait ou
collectent aussi du lait local (10 à
50% de la production totale)
Motivations pour lait
local : disponibilité
du lait pendant
l’hivernage
Motivations pour lait local :
motivation du chef d’entreprise,
différenciation des produits
Motivations pour lait local :
motivation du chef d’entreprise,
argument commercial et
obligations contractuelles
7. 2. Concurrences et complémentarité
entre la filière « lait local » et la filière
« lait en poudre »
8. Quelle contribution des filières locales à la
création d’emplois et à la richesse ?
• Volume de lait collecté par jour par entreprises
industrielles et minilaiteries : 50 000 litres/jour
• Chiffre d’affaires journalier de 40 millions de FCFA et
annuel de 8 milliards de FCFA
• Revenus mensuels moyens de 67 000 FCFA pour 10 000
familles
• Création directe de 1200 emplois dans la transformation
+ création d’emplois au niveau de la filière (collecteurs
de lait cru, vendeurs de produits laitiers, fournisseurs
d’intrants et autres services)
• Auto-emploi des femmes transformatrices et des
centaines de milliers de familles concernées
par la vente directe de lait
9. Quelles sont les principales politiques
de soutien aux filières laitières?
• Années 60-80 : politiques laitières administrées
• Années 80-2000 : période des ajustements structurels
• Années 2000-2008 : régulation concertée des filières
laitières
• Depuis la crise de 2008 : le renouveau des programmes
de développement laitier.
Les axes majeurs de ces programmes reposent sur le
développement d’un élevage « moderne » : PNDEL au
Burkina Faso (2013-2018), PRODEVELAIT au Mali (2009-
2014), Initiative 3N au Niger (2012-2015), PRODELAIT
(2007-2012) et PSE au Sénégal (20114-2018)
10. Comment ces deux sous-filières s’adaptent
aux attentes des consommateurs ?
• Des produits variés issus de la tradition africaine : laits
fermentés entiers (M’bannick), laits fermentés
écrémés,(Katch) ,crème fermentée maturée (kétoungol,
féné), beurres obtenus par barattage du lait fermenté
(nebbam naï, diwu nior)
• Une adaptation des industries laitières
pour répondre aux nouvelles habitudes
de consommation : des produits vendus
à des prix plus bas, une perte du goût
originel des produits locaux par les
consommateurs urbains, un
conditionnement du lait en poudre en
micro-dose (petit déjeuner)
11. Quelles sont les freins au développement
des unités valorisant le "lait local" ?
• Industries : difficultés à collecter du lait dans un rayon
proche, besoins en approvisionnement élevés, coût du
lait local
• Fermes et laiteries périurbaines : manque d’espace et
prix élevé du foncier en milieu périurbain, coûts de
production élevé, cohabitation difficile entre habitat et
élevage, manque de connaissance des investisseurs du
secteur d’activité
• Minilaiteries : irrégularité de l’offre liée à la saisonnalité
de la production, accès au marché, compétitivité par
rapport aux produits à base de lait en poudre,
concurrence avec les femmes vendant du lait caillé,
prix élevé du lait cru, coût de collecte élevé
12. Quelles sont les capacités d’adaptation
de la filière « lait local » à la croissance
de la demande ?
Des opportunités d’augmenter significativement la collecte
auprès d’élevage agro-pastoraux :
• Mise en place de services aux éleveurs : puits pastoraux,
fourniture d’aliments à prix coûtant payables à crédit sur les
revenus du lait
• Rationalisation des coûts de collecte : motos et tricycles plutôt
que véhicules pick-up
• Concertation entre laiteries et éleveurs sur le prix du lait
« La part du lait collecté est estimée au Burkina Faso et du Sénégal à
respectivement à 1,6% et 7% du lait produit dans le pays. Le faible
pourcentage du lait collecté en zone rurale indique des marges de
progrès importantes pour la valorisation du « lait de brousse ». »
(Corniaux C. Duteurtre G., 2014).
14. Quels changements risquent d'induire la
mise en place du TEC CEDEAO ?
Impacts de l’application du TEC CEDEAO :
• Poudre de lait : maintien d’un taux de 5% pour les
conditionnement de plus de 25 kg – baisse de 10 à 5% pour les
ceux de moins de 25 kg
• Lait et crème concentré : taux diminué de 20 à 10%
• Fromage et lait caillé : taux inchangé
• Yaourts : taux augmenté de 20 à 35%
La politique commerciale de la CEDEAO vise davantage
à protéger les industries laitières que les éleveurs.
A plus long terme, une plus grande autonomie politique de la
région pour mieux protéger ses marchés agricoles dépendra
du choix éventuel de notifier à l’OMC des taux plafonds
supérieurs aux taux du TEC .
15. Quels changements risquent d'induire la
signature des APE ?
Les impacts possibles de la signature de l’APE :
• Libéralisation du marché de la poudre de lait en vrac
(suppression des droits de douane d’ici 5 ans)
• avantage comparatif supplémentaire pour les matières
premières importées de l’UE à destination des
industries laitières (baisse de prix de 5%)
• cadre juridique plus contraignant qui interdira à l’avenir
de relever les droits de douane appliqués aux
importations en provenance de l’UE.
Si la CEDEAO notifiait à l’OMC des taux plafonds plus
élevés que les taux du TEC CEDEAO et qu’elle décidait un
jour de relever les taux , elle ne pourrait pas appliquer
cette hausse aux importations en provenance de l’UE.
16. La fin des quotas laitiers en Europe
risque-t-elle d'augmenter les
exportations vers l'Afrique de l'Ouest ?
• Une augmentation possible de la production
européenne de 20% d’ici 2020
• Des variables importantes liées à l’évolution de la
production des grands pays exportateurs (UE, Nouvelle
Zélande, Etats Unis) et de la consommation (Chine,
Russie, Japon, Indonésie, Mexique, Afrique du Nord)
• Des prix mondiaux élevés depuis 2007 par rapport aux
15 années précédentes, qui risquent de diminuer dans
la décennie à venir
• Une possible concurrence accrue du lait en poudre
(augmentation de la production et baisse du prix du
lait en poudre)
17. Quelles mesures préventives peut
prévoir la CEDEAO face à ces menaces ?
La CEDEAO pourrait considérer comme référence le prix
moyen des dernières années des importations de lait et de
produits laitiers avec :
• Système de prélèvements variables pour stabiliser le prix des
importations
• Déclenchement des clauses de sauvegarde en cas de baisse
importante des prix , mais possibilité seulement de relever le
taux après libéralisation (0%) au taux appliqué aux autres pays
(5%)
Notification à l’OMC de taux plafonds plus élevés que les taux
appliqués et hausse progressive des droits de douane sur la
poudre de lait
Mais pas possible pour les importations provenant de
l’UE après signature de l’APE !
18. 4. Politiques pour accompagner le
développement des filières
« lait local »
19. Les minilaiteries peuvent-elles répondre
aux besoins des consommateurs ?
• les minilaiteries se sont multipliées depuis les années
1990 et font preuve d’une formidable capacité
d’adaptation sur les plans structurels et commerciaux.
• Une petite taille qui offre de la souplesse et de
l’adaptabilité : Environ 80 % des minilaiteries recensées
collectent moins de 200 litres de lait par jour ; 60 % en
collectent moins de 100 litres quotidiennement.
• Une part modeste d’échec comparée aux autres secteurs
d’activité
• Mais un impact marginal sur le marché national
(couverture de 1 à 3% de la demande)
20. Les entreprises industrielles pourraient-
elles s’approvisionner davantage en lait
local ?
• Une part d’approvisionnement actuellement entre 10 et
50% des besoins
• Une compétitivité du lait local qui peut fortement
augmenter même dans un pays comme le Sénégal avec
des politiques adaptées : augmentation de 15% de la
taxation (droits de douane et TVA) et subvention des
centres de collecte (90%) : baisse marginale de la
consommation des ménages mais augmentation du
niveau de collecte de 17% en 5 ans (et bilan positif de
plus de 2 milliards d’euros pour l’Etat)
source : ISRA, 2013
21. Comment les Etats pourraient créer un
environnement plus favorable ?
Mesures d’appui à la production laitière et à la structuration
des filières :
• amélioration de l’alimentation :, résidus de récolte, cultures
fourragères, aliment du bétail, etc. ;
• sécurisation des espaces pastoraux et mobilité pastorale :
identification et délimitation des zones pastorales
• structuration de circuits de collecte : formation des collecteurs au
métier, subventions pour un maillage de petits centres de
collecte, intermédiation avec les transporteurs, etc. ;
• concertation entre acteurs des filières lait local et poudre de lait
importée,
• ainsi qu’entre les différents ministères concernés pour définir
un niveau de taxation (droits de douane) de la poudre de lait
permettant une substitution progressive au niveau des
entreprises industrielles
22. Mesures d’appui aux entreprises de transformation laitière :
• Amélioration de la sécurité sanitaire des filières lait cru, yc pour
l’établissement de points de collecte réfrigérés ;
• Subvention aux investissements et/ou fiscalité incitative pour des
laiteries (et centres de collecte) contrôlées par les producteurs
(coopératives) ou contractualisant les achats avec les producteurs.
• Exonération de TVA pour les produits laitiers à base de lait de
collecte.
• Instauration d’une taxe au soutien de l’élevage laitier régional,
appliqué aux produits laitiers importés et utilisation de cette taxe
pour payer un différentiel de prix aux producteurs locaux
fournissant les laiteries ;
• Notification des pays de la CEDEAO à l’OMC de taux plafonds
élevés (100 à 150%) afin de pouvoir progressivement augmenter
les droits de douane sur la poudre de lait et encourager
l’augmentation de l’approvisionnement à partir
de la production locale.
23. Mesures d’appui à la promotion du lait local
• Interdiction d’utiliser des images et noms liés à la production
locale sur les emballages des produits à base de lait en poudre ;
• Contrôle des informations indiquées sur l’emballage des produits à
base de lait en poudre et sanctions ;
• Création et promotion d’un label « lait local » public au niveau des
Etats ou de la CEDEAO pour faciliter le choix des consommateurs ;
• Promotion des produits à base de lait local dans les écoles en
milieu urbain ;
• Campagnes d’information sur la qualité (goût, ingrédients, …), sur
la reconnaissance/appellations des produits, et l’impact de la
filière sur l’emploi, revenus ruraux, etc. ;
• Renforcer les associations de consommateurs.