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Paulo de Carvalho,
Le Nom et le Nombre
Entre grammaire cognitive et
psychomécanique du langage
REMARQUES DE JACQUES COULARDEAU
PREMIÈRE REMARQUE
Les cognitivistes suppriment l’histoire de la langue et donc sa phylogénie et prennent la
langue uniquement dans son utilisation immédiate, donc dans son existence discursive. Cela a pour
résultat de réduire la langue elle-même au sens saussurien ou guillaumien du terme à une peau de
chagrin absolument congrue. L’article de Paulo de Carvalho est disponible en libre accès à
https://www.academia.edu/63637330/Le_Nom_et_le_Nombre
DEUXIÈME REMARQUE
Quand on parle d’histoire de la langue, aujourd’hui on parle de phylogénie. Mais il y a
nécessairement deux phylogénies et la première se divise en deux.
La phylogénie du langage de son émergence comme capacité d’Homo Sapiens à inventer et
développer une langue articulée sur trois articulations. C’est la phylogénie d’émergence du langage
articulé. Elle a commencé il y a au moins 300 000 ans et a atteint sa plénitude (troisième articulation,
n’en déplaise à Martinet et à Chomsky) probablement vers il y a 70 000 quand la dernière migration
hors d’Afrique Noire (la troisième) et hors d’Afrique (la deuxième, la route normale des deux
migrations hors d’Afrique suit le couloir sud arabique de la corne de l’Afrique au détroit d’Hormuz) a
eu lieu, emportant avec elle cette troisième articulation qui va donner les langues agglutinantes et
les langues synthético-analytiques (indo-européennes et indo-aryennes)
On voit alors le deuxième étage de cette phylogénie du langage: chaque groupe de langue
et chaque langue dans ces groupes de langues évoluent en fonction de son niveau articulatoire et
de son environnement existentiel, expérientiel, etc. On parle alors des langues indo-européennes,
puis des langues germaniques, puis de l’Anglo-Saxon ou Vieil Anglais, puis de l’anglais qui intègre
le fonds normand français des langues romanes, pour en rester à l’émergence de l’anglais qui a
conservé des traces de toutes ces étapes de développement.
Cette phylogénie diachronique est inséparable de toute tentative de comprendre
l’apprentissage d’une langue, qu’elle soit première ou étrangère. La phylogénie produit la
psychogenèse, ou la psychogenèse suit une voie similaire à celle de la phylogénie. Tout cela a été
publié.
▪ Jacques Coulardeau, “Phylogeny Commands Psychogenesis” in Studia
Universitatis Babes-Bolyai Philologia LXIV, 4, December 2019, p. 37-58,
DOI:10.24193/subbphilo.2019.4.02, Cluj-Napoca, Romania, December 15, 2019
▪ Jacques Coulardeau, “Phylogeny Commands Psychogenesis” in Repères-
Dorif, n. 20 Modèles Linguistiques et cognitifs et didactique des langues, Do.Ri.F
Università, ISSN 2281-3020, Centro di documentazione e di Ricerca per la didattica della
lingua francese nell'Università italiana, Roma, Italia, January 2020
TROISIÈME REMARQUE
C’est là qu’intervient Guillaume, mais aussi Vygotski et Piaget, mais certainement pas les
cognitivistes même chomskyen, même Carol Chomsky. Il s’agit de la psychogenèse de l’acquisition
et du développement de la capacité de parler une langue première (éventuellement deux langues
premières pour les bilingues de naissance, en fait d’avant la naissance puisque le fétus a contact
avec la ou les langues de son environnement maternel et familial dès la 24ème
semaine de la
grossesse de la mère, le 6ème
mois de la grossesse). Cette psychogenèse reprend la phylogénie
générale du langage et donc suit un chemin similaire à l’émergence du langage il y a au moins
300 000 ans (entre 300 000 et 70 000 BCE). Donc on part (Voir Vygotski and ses continuateurs, voir
Piaget et ses continuateurs) de la saisie non-mise-en-nombre de la réalité, et même d’une saisie
non-différenciée au moins linguistiquement. L’enfant doit d’abord saisir l’ « essence » des objets,
artéfacts et êtres qu’il peut voir et donc de les identifier dans son cerveau dans sa conscience
mentale au moins en langage machine cérébral avant de donner des noms qui sont alors des
identifications en langage articulé mental. On part nécessairement d’amas d’objets mis en tas par
l’enfant en fonction d’éléments qui n’ont rien à voir avec le langage pendant au moins seize mois, et
qui ont pourtant tout à voir avec le langage que cet enfant particulier va développer. Si dans son
environnement tout est soit rose, soit bleu, il aura une première tendance possible de regrouper an
amas les items bleus ou les items roses. Il donnera à ces couleurs un nom plus tard mais il a construit
là une fixation sur le bleu et le rose et il risque de développer une vision du monde absolument
binaire.
Mais il s’agit bien de partir d’un « pluriel » indifférencié d’items non abstraits, non réellement
vus comme compact ou non-comptable ». Pour l’enfant ce sont les items qu’il différencie, qu’il
discrimine dans le continuum qui l’entoure, qui sont identifiés, plus tard nommés et reconnus, et ce
en amas non compté mais définitivement pluriel. L’enfant dès qu’il joue avec des objets, avant même
de parler fait des tas, met ensemble, regroupe des objets. Il n’a aucun sens du MOI et donc encore
moins du ICI et MAINTENANT avant le stade du miroir de Jacques Lacan, donc avant seize mois,
et c’est ce stade du miroir qui va vraiment déclencher le langage, quand il se saisit comme un MOI
différent des autres, et qu’il a besoin de donner des noms à ces autres et ce sera MAMA avec les
mouvements des lèvres pour la succion du sein maternel ou plastique ou caoutchouc, puis PAPA
avec les mouvements des lèvres du rejet du sein maternel ou de la tétine à la fin de sa prise de lait.
QUATRIÈME REMARQUE
On ne peut pas traiter du nombre et de l’article comme étant liés. D’innombrables langues
n’ont pas d’articles, y compris le russe me dit-on, ou non pas d’obligation d’utiliser des articles, sans
parler de l’article zéro qui n’existe pas, loin de là, dans toutes les langues, surtout qu’il ne peut exister
qu’en contraste avec des articles non zéro. Il existe en anglais mais pas en allemand pour des noms
autonomes. Il existe dans toutes les langues auxquelles je pense dans la cadre de la composition
nominale. Mais on oublie ce fait le plus souvent. L’article n’a aucune obligation de respecter le
nombre – ou le genre d’ailleurs – avec des montages qui varient d’une langue à l’autre. Il est donc
indispensable de saisir le nombre dans sa propre phylogénie ou dans sa propre psychogenèse,
surtout que l’article est tardif et en plus est dérivé dans les langues que nous pratiquons tous les
jours d’un déictique. Le meilleur cas que je peux citer c’est le lingala de Kinshasa : « Mondele
makasi ». Les deux éléments sont « nominaux ». Le premier est un nom qui désigne un Européen,
donc un blanc. Le second est supposé être un adjectif, ce qui est peut-être douteux. Je penche plutôt
vers un nom adjectivé qui veut dire « force-fort ». Les deux sont reliés par concaténation qui
correspond à notre verbe d’état « être ». Mais selon le contexte, le ton et l’intonation, cela peut-être
un générique donc « Tous les Européens sont forts ». Ou bien « l’Européen là devant moi est fort ».
Cela peut-être une assertion objective ou une remarque ironique. Quand je voulais faire rire les
jeunes de la paroisse où je travaillais à Kinshasa, il suffisait que je dise cette phrase, car c’est une
phrase, avec une intonation montante. L’effet était immédiat. On peut se poser la question du
singulier ou du pluriel. C’est une bonne question mais il existe une utilisation en pluriel interne qui
peut avoir valeur générique ou pas, et en singulier circonstanciel ou non.
CINQUIÈME REMARQUE
Le premier mouvement phylogénétique, le premier tenseur de Guillaume est l’éloignement
de ce pluriel collectif interne et l’extraction de groupes circonstanciellement déterminés pas les
utilisations possibles. Le paucal est ancien mais me semble une reconstruction plus qu’une
détermination numérique phylogénétique d’origine. Mais j’ai connu encore au début des années 60
la baguette du boulanger qui marquait d’une encoche chaque pain pris par telle ou telle ferme pour
paiement à la fin du mois. Mais dans les régions de troupeaux on comptait les moutons par douzaine
avec une encoche pour chaque douzaine sur une baguette de comptage à nouveau. Mais on ne
peut faire cela que quand on est passé sur le deuxième tenseur.
Par contre le quadriel est central : les deux mains et les deux pieds, les deux bras et les deux
jambes. Ce sont aussi les quatre doigts, le pouce en opposition n’étant pas compté. Mais il a du
exister un « pentiel » pour des groupes de cinq, pour les cinq doigts et pouce de la main et du pied
vu que la base cinq est largement utilisée dans les numérations, y compris les plus anciennes et la
latine, vu le symbole du pentacle et ses valeurs diaboliques ou protectrices, etc.
Mais on parle bien ici d’extraction d’un pluriel interne ici comptable mais sans l’être encore.
Un groupe de cinq serait une référence à la main par exemple. Un groupe de quatre est une
référence aux quatre membres de la mobilité humaine ou animale. Un groupe de trois est plus
complexe mais très clairement peut être identifié dans la triade de la naissance, père, mère,
nouveau-né. Le duel est banal avec les paires de chaussures et de pieds, avec les paires de bœufs
plus tard, mais aussi et bien avant, les paires d’yeux et autres éléments physiologiques qui vont par
deux. Notons que dans les représentations de la femme jusqu’au magdalénien on lui attribue trois
éléments, les deux seins et la vulve. La femme est ternaire par définition physiologique fonctionnelle
(assurer la survie et l’expansion de la communauté et de l’espèce). La représentation sexuelle de
l’homme par une triade est à ma connaissance au moins rare si même existante dans ces périodes
anciennes. *
▪ Jacques Coulardeau, PALEOLITHIC WOMEN, FOR GENDERED
LINGUISTIC ANALYSIS, Alexander Marshack – The Roots Of Civilization – Revised And
Augmented Edition – 1991 – A Review (English Edition) Format Kindle, 80
pages, Éditions La Dondaine, Olliergues, France, 8 January 2020, vendeur Amazon
Media, tous pays.
C’est ainsi que l’on en vient à l’unité qui est extraite et qui clôt le premier tenseur. On a alors
le seuil fondamental qui peut être large de l’unité qui va devenir la base de la multiplication et on me
dit que certains mathématiciens considèrent que cette multiplication est mentalement antérieure à
l’addition. Effectivement, comme je l’ai dit pour les moutons, l’unité peut-être large et contenir une
douzaine d’éléments saisis comme un tout global. On comptait les clous par douzaine de douzaines
en charpenterie jusqu’à une période récente. Mon père dans les années 1960 achetait ses clous par
« grosse » ou douze douzaines, soit 144. Il me semble qu’aujourd’hui avec les empaquetage
plastique on vend les clous même de charpenterie au poids. Mais je me trompe peut-être. Le
deuxième tenseur n’invente pas le duel, le triel, le quadriel, le pentiel, etc. Il les utilise en éléments
comptés pour la multiplication. Il y a les choses qui viennent toutes en paires, d’autres en triades.
Mes didacticiels d’auto-apprentissage pour mes apprenants CEO de start-ups sont des triades ou
bien des cycles de six activités. Les triades correspondent à un trimestre de travail, grosso modo.
Les cycles de six activités correspondent à six taches ou séances en quinconces, signifiant que les
première, troisième et cinquième sont fondées sur un document sélectionné par le formateur et les
trois autres par l’apprenant. Notons que n’importe quel multiple de deux pourrait satisfaire cette
organisation didacticielle en quinconces.
On semble ignorer que dans d’innombrables domaines on achète par paire, triplette, groupe
de quatre, groupes de cinq, groupes de six, voire plus. Par exemple dans les supermarchés, les
croissants, et de nombreuses autres viennoiseries ou items de boulangerie sont vendus de cette
façon, sous un tel conditionnement de groupe comptable et compté, mais indifférencié par un seul
code barre et un seul prix collectif. On travaille bien ici dans la multiplication et non dans l’addition.
De nombreux légumes et fruits sont vendus de la même façon. Les produits ménagers le sont
souvent en paires, sans compter bien sûr les chaussettes. Mais on vend aussi en groupe de deux,
trois ou quatre le linge de corps des hommes comme des flemmes et enfants.
Cela nous amène au pluriel général, générique qui est le terminus de ce second tenseur avec
en français des choses comme « La nuit tous les chats sont gris. » C’est qu’on rencontre dans nos
langues indo-européennes le problème de l’article qui n’est que l’extériorisation formelle et
syntaxique de la définitude et de l’indéfinitude qui sont saisissables dans de très nombreuses
langues sans la moindre utilisation d’un article, mais avec l’utilisation de langage corporel,
d’intonation, voire d’autres éléments dans la phrase ou le discours comme l’ordre des mots.
SIXIÈME REMARQUE
Dans les langues indo-européennes que nous connaissons le système de l’article peut
croiser le système du nombre, totalement ou partiellement.
ANGLAIS : En indéfinitude opposition entre un article singulier A/AN et un article pluriel zéro
Ø. En définitude aucune distinction de nombre, ou de genre d’ailleurs, THE.
ALLEMAND : En indéfinitude, même situation qu’en anglais avec cependant le croisement
du genre et du cas grammatical sur l’article indéfini singulier. En définitude le croisement entre
l’article défini, le nombre, le genre et le cas fonctionnel est total et donc très complexe.
FRANÇAIS : En indéfinitude il y a croisement entre le singulier (pas de pluriel) et le genre.
Les formes plurielles ne sont plus possibles seules : « les uns et les autres », « quelques uns et
quelques unes », etc. Ces pluriels sont plutôt de pronoms indéfinis. En définitude il y a croisement
avec le nombre et le genre.
Les langues à classes, beaucoup de langues africaines de la grand famille synthético-
analytique bantoue n’ont pas d’articles ou ont des systèmes d’articles importés d’Europe et ces
systèmes sont donc des formes de créolisation.
Mais si l’on en reste là on manque l’essentiel, ‘et c’est l’expression du générique qui se
surimpose au nombre et à la définitude-indéfinitude. Sans entrer dans le détail le générique
s’exprime en anglais par l’indéfini pluriel (cats are monsters), l’indéfini singulier (A cat is by genetic
definition a predator), le défini singulier (The cat is a mammal) bien que ce soit un peu pédant ou
scientifique, et le défini pluriel qui est un faux générique limité à un espace défini par le contexte (In
this hotel the beds are too hard).
Mais en Français on a une situation sensiblement différente d’où des contresens, voire des
non-sens en traduction. Le générique s’exprime avec le singulier indéfini (Un chat est un chat), le
défini singulier (Le chat sera toujours un chat) et le défini pluriel (Les chats sont des mangeurs
d’oiseaux). l’indéfini pluriel est absolument impossible car l’article indéfini pluriel contient en
contraction la préposition extractive « de » qui bloque la valeur générique. D’où l’erreur de traduction
classique : « Cats are mammals » par « des chats sont des mammifères » au lieu de « les chats
sont des mammifères ». Notons que la la traduction erronées en tant que traduction a cependant un
sens en français et donc cette traduction erronée est un contre-sens car elle ne produit pas un
générique.
CONCLUSION
Pour le nombre il nous faut prendre un schéma de tenseur dit binaire, en fait ternaire radical
de Guillaume avec un seuil large pour les unités complexes. Voir schéma ci-dessous.
Pour l’article il nous faut poser trois opérations, indéfinitude, définitude et générisation. Ces
opérations existent dans tous les discours de toutes les langues (ou presque pour être prudent) mais
ne sont que rarement extériorisée par des articles ou des marques spécifiques. Dans le discours
oral ces marques et ces articles sont inutiles car le langage corporel, l’intonation et le contexte
extérieur autant que le cotexte intérieur permettent une désambiguation expérientielle, existentielle,
circonstancielle. Et qu’on ne me parle pas d’erreur de compréhension car même avec les articles
rien n’est simple. Voir ici les ambiguïtés classiques de phrases comme :
« François veut épouser une Chinoise. »
« Pierre a épousé une Chinoise. »
« La Chinoise n’est pas une personne facile à manier. »
Et pour faire dans l’inclusif on pourrait ajouter :
« Paul, qui a divorcée d’avec une Chinoise la semaine dernière, vient d’épouser un
Chinois de presque dix ans son cadet. »
Ces phrases selon les contextes ont des sens très variables, y compris la dernière.
« Mais, tu connais ce’ Chinois ? – Pas le moins du monde ! Je ne sais qu’une chose
c’est UN Chinois, ingénieur en informatique, qui travaille dans la santé et a publié à son
âge, à peine 22 ans, une douzaine d’articles. je ne connais même pas son nom et je ne
l’ai jamais rencontré. »
Si cela n’est pas de l’indéfinitude, c’est que c’est tout autant de la définitude dans la plus
totale absence d’identification existentielle directe et vécue.
Il est évident dans ce que je viens de dire que le cognitif – et le guillaumisme – ne sont pas
capables de rendre compte de ces forces phylogéniques profondes et indispensables pour
comprendre l’acquisition d’une langue première ou l’apprentissage, raison de plus de l’auto-
apprentissage, d’une langue étrangère. La psychomécanique, si on développe une dimension
phylogénétique ou phylogénique en elle en même temps que la dimension psychogénétique d’ores
et déjà présente mais à développer, peut devenir un des creuset s de l’évolution rapide qui va
galoper dans le monde globalisé après la pandémie, ou une fois la pandémie devenue endémique.
ENGLISH VERSION
Paulo de Carvalho,
The Name and the Number
Between cognitive grammar and
psychomechanics of language
REMARKS BY JACQUES COULARDEAU
FIRST REMARK
Cognitivists suppress the history of language and thus its phylogeny and take language only
in its immediate use, thus in its discursive existence. This results in reducing language itself in the
Saussurian or Guillaumian sense of the term to an absolutely shrinking and choking if not even
amputating straitjacket. Paulo de Carvalho’s article is available in free open access at
https://www.academia.edu/63637330/Le_Nom_et_le_Nombre
SECOND REMARK
When we speak of the history of language, today we speak of phylogeny. But there are
necessarily two phylogenies and the first one is divided into two.
The phylogeny of language from its emergence as the capacity of Homo Sapiens to invent
and develop a language articulated on three articulations. This is the phylogeny of the emergence
of articulated language. It began at least 300,000 years ago and reached its fullness (third articulation,
with all due respect to Martinet and Chomsky) probably around 70,000 years ago when the last
migration out of Black Africa (the third) and out of Africa (the second, the normal route of the last two
migrations out of Africa follows the South Arabian corridor from the Horn of Africa to the Strait of
Hormuz) took place, taking with it this third articulation which will give the agglutinative languages
(Turkic) and the synthetic-analytical languages (Indo-European and Indo-Aryan)
We then see the second stage of this phylogeny of language: each language group and each
language in these language groups evolve according to its articulatory level and its existential,
experiential environment, etc. We speak then of Indo-European languages, then of Germanic
languages, then of Anglo-Saxon or Old English, then of English which integrates the French Norman
linguistic data of Romance languages, to keep to the emergence of English which preserved traces
of all these anterior stages of development.
This diachronic phylogeny is inseparable from any attempt to understand the learning of a
language, whether it is a first or foreign language. Phylogeny produces psychogenesis, or
psychogenesis follows a path similar to that of phylogeny. All this has been published.
• Jacques Coulardeau, "Phylogeny Commands Psychogenesis" in Studia
Universitatis Babes-Bolyai Philologia LXIV, 4, December 2019, pp. 37-58,
DOI:10.24193/subbphilo.2019.4.02, Cluj-Napoca, Romania, December 15, 2019
• Jacques Coulardeau, "Phylogeny Commands Psychogenesis" in Repères-
Dorif, n. 20 Modèles Linguistiques et cognitifs et didactique des langues, Do.Ri.F
Università, ISSN 2281-3020, Centro di documentazione e di Ricerca per la didattica della
lingua francese nell'Università italiana, Roma, Italia, January 2020
THIRD REMARK
This is where Guillaume comes in, but also Vygotsky and Piaget, but certainly not the
cognitivists, even the Chomskyan cognitivists and Carol Chomsky. It is about the psychogenesis of
the acquisition and development of the capacity to speak a first language (possibly two first
languages for bilinguals from birth, in fact from before birth since the fetus has contact with the
language(s) of its maternal and family environment from the 24th
week of the mother's pregnancy,
the 6th
month of pregnancy). This psychogenesis takes up the general phylogeny of language and
thus follows a path similar to the emergence of language at least 300,000 years ago (between
300,000 and 70,000 BCE). So, we start (see Vygotsky and his continuators, see Piaget and his
continuators) from the non-numerical capture of reality, and even from a non-differentiated capture
at least linguistically. The child must first capture or discriminate the "essence" of the objects, artifacts
and beings that he can see and thus to identify them in his brain in his cerebral consciousness at
least in cerebral machine language before giving them names which are then identifications in mental
articulated language. We necessarily start from heaps of objects put in piles by the child according
to elements that have nothing to do with language during at least sixteen months, and which have
however everything to do with the language that this particular child will develop. If in his environment
everything is either pink or blue, he will have a first possible tendency to group together the blue
items or the pink items. He will give these colors a name later on, but he will have built up a fixation
on blue and pink and he will be at risk to develop an absolutely binary vision of the world.
But it is indeed a question of starting from an undifferentiated inner "plural" of non-abstract
items, not really seen as compact or non-countable. For the child it is the items that he differentiates,
that he discriminates in the continuum that surrounds him, that are identified, later named and
recognized, and this in uncounted but definitively plural heaps. The child, as soon as he plays with
objects, even before speaking, makes piles, puts together, regroups objects. He has no sense of ME
and therefore even less of HERE and NOW before the mirror stage of Jacques Lacan, therefore
before sixteen months, and it is this mirror stage that will really trigger language, when he seizes
himself as a ME different from the others, and when he needs to give names to these others and it
will be MAMA with the movements of the lips for the sucking of the maternal breast or plastic or
rubber bottle teat, then PAPA with the movements of the lips for the rejection of the maternal breast
or the rubber teat at the end of his intake of breast or bottle milk
FOURTH REMARK
One cannot treat number and article as related. Countless languages do not have articles,
including Russian I am told, or no obligation to use articles, not to mention the zero article which
does not exist, far from it, in all languages, especially since it can exist only in contrast with non-zero
articles. It exists in English but not in German for autonomous nouns. It exists in all the languages I
can think of in the context of nominal composition. But this fact is mostly forgotten. The article has
no obligation to respect number – or gender for that matter – with setups that vary from one language
to another. It is therefore essential to grasp the number in its own phylogeny or in its own
psychogenesis, especially since the article is late and moreover is derived in the languages that we
practice every day from a deictic. The best case I can cite is the Lingala of Kinshasa: "Mondele
makasi". Both elements are "nominal". The first is a noun that designates a European, thus a white
person. The second is supposed to be an adjective, which is perhaps doubtful. I am leaning towards
an adjectival noun meaning "strength-strong". The two are connected by concatenation which
corresponds to our static verb "to be". But depending on the context, tone and intonation, it can be
a generic, so "All Europeans are strong". Or with "the European in front of me is strong," it can be
an objective statement or an ironic remark. When I wanted to make the young people in the parish
where I worked in Kinshasa laugh, all I had to do was say this sentence, because it is a sentence,
with an upward intonation. The effect was immediate. One can ask oneself the question of the
singular or the plural. It's a good question, but there is an internal plural usage that can have generic
value or not, and a circumstantial singular usage or not.
FIFTH REMARK
The first phylogenetic movement, the first tensor of Guillaume is the stepping out from this
internal collective plural and the extraction of groups circumstantially determined by the possible
uses. The paucal is old but seems to me a reconstruction more than a numerical phylogenetic
determination originally. But I still remember in the early 60's the baker's stick that was marked with
a notch for each bread loaf taken by such and such a farm for payment at the end of the month. But
in the herding regions, sheep were counted by the dozen with a notch for each dozen on a counting
stick again. But this can only be done when the second tensor is reached.
On the other hand, the quadrial is central: the two hands and the two feet, the two arms and
the two legs. There are also the four fingers, the thumb in opposition not counted. But there must
have been a "pential" for groups of five, for the five fingers and thumb of the hand and foot, given
that the base five is widely used in numerations, including the oldest and the Latin one, and
considering the symbol of the pentacle and its diabolic or protective values, etc.
But we are talking here about the extraction from an internal plural, not yet counting. A group
of five would be a reference to the hand for example. A group of four is a reference to the four
members of human or animal mobility. A group of three is more complex but very clearly can be
identified in the birth triad, father, mother, newborn. The dual is commonplace with the pairs of shoes
and feet, with the pairs of oxen later, but also and long before, the pairs of eyes and other
physiological elements that go in pairs. Let us note that in the pld prehistorical representations of
women until the Magdalenian she was endowed with three elements, her two breasts and her vulva.
The woman is ternary by functional physiological definition (ensuring the survival and expansion of
the community and the species). The sexual representation of man by a triad is to my knowledge at
least rare if it even exists in these ancient periods.
• Jacques Coulardeau, PALEOLITHIC WOMEN, FOR GENDERED
LINGUISTIC ANALYSIS, Alexander Marshack - The Roots Of Civilization - Revised And
Augmented Edition - 1991 - A Review (English Edition) Kindle Format, 80 pages, Éditions
La Dondaine, Olliergues, France, January 8, 2020, seller Amazon Media, all countries.
This is how we come to the unit which is extracted, and which closes the first tensor. We then
have the fundamental threshold which can be wide with the unit being multiple and which will become
the basis of multiplication and I am told that some mathematicians consider that this multiplication is
mentally prior to the addition. Indeed, as I said for the sheep, the unit can be large and contain a
dozen elements seized as a global whole. Nails were counted by the dozen in carpentry until recently.
My father in the 1960s bought his nails in "grosses" or twelve dozens of nails, or 144 nails. It seems
to me that today with plastic packaging, even carpentry nails are sold by the weight. But I may be
wrong. The second tensor does not invent the dual, the trial, the quadrial, the pential, etc. It uses
them in counted groups to save a lot of time. It uses them in counted groups or units for multiplication.
There are things that come all in pairs, others in triads. My self-learning tutorials for my start-up CEO
learners are triads or cycles of six activities. Triads correspond to one quarter of work, roughly
speaking. The six-activity cycles correspond to six staggered tasks or sessions, meaning that the
first, third and fifth are based on a document selected by the trainer and the other three by the learner.
Note that any multiple of two could satisfy this staggered instructional organization.
We seem to ignore the fact that in countless fields we buy in pairs, triples, groups of four,
groups of five, groups of six, and even more. For example, in supermarkets, croissants, and many
other pastries or bakery items are sold this way, under such a packaging of counted items in groups,
but undifferentiated by a single bar code and a single collective price. We are working here with
multiplications and not with additions. Many vegetables and fruits are sold the same way. Household
products are often sold in pairs, not to mention socks of course. But underwear articles for men as
well as for women and children are also sold in groups of two, three or four.
This brings us to the general, generic plural which is the terminus of this second tensor with
things like "At night all cats are grey." It is then we encounter, in our Indo-European languages, the
problem of the article which is only the formal and syntactic externalization of definiteness and
indefiniteness which are graspable in very many languages without the slightest use of articles, but
with the use of body language, intonation, or even other elements in the sentence or discourse such
as word order.
SIXTH REMARK
In the Indo-European languages that we know the article systems can cross the number
system, totally or partially.
ENGLISH: In indefiniteness, opposition between a singular article A/AN and a plural article
zero Ø. In definiteness no distinction of number, or gender for that matter, THE.
GERMAN : In indefiniteness, same situation as in English with however the crossing of
gender and grammatical cases onto the indefinite singular article. In definiteness the crossing
between the definite article, number, gender and functional cases is total and therefore very complex.
FRENCH: In indefiniteness there is a crossing between the singular (no plural) and gender.
The plural forms are no longer possible alone: "les uns et les autres", "quelques uns et quelques
unes", etc. These plurals are rather of pronominal nature. These plurals are rather indefinite
pronouns. In definiteness there is a cross-over with number and gender.
Languages with classes, many African languages of the great Bantu synthetic-analytical
family have no articles or have article systems imported from Europe and these systems are
therefore forms of creolization.
But if we leave it at that, we miss the essential point, and that is the expression of the generic
which is superimposed onto number and definiteness-indefiniteness. Without going into detail, the
generic is expressed in English by the indefinite plural (cats are monsters), the indefinite singular (A
cat is by genetic definition a predator), the definite singular (The cat is a mammal), even though this
is a bit pedantic or scientific, and the definite plural which is a false generic limited to a space defined
by the context (In this hotel the beds are too hard).
But in French the situation is quite different, which leads to misunderstandings and even
nonsense in translation. The generic is expressed with the indefinite singular (Un chat est un chat),
the definite singular (Le chat sera toujours un chat) and the definite plural (Les chats sont des
mangeurs d'oiseaux). The indefinite plural is absolutely impossible because the indefinite plural
article contains in contraction the extractive preposition "de" which blocks the generic value. Hence
the classic translation error: "Cats are mammals" by "des chats sont des mammifères" instead of
"les chats sont des mammifères". Note that the mistranslation we have just mentioned does however
have a meaning in French and therefore this mistranslation is a false because it does not produce a
generic meaning.
CONCLUSION
For number we have to take a so-called binary tensor figure or representation, in fact a ternary
radical tensor a =s suggested by Guillaume with a large threshold for the complex units. See diagram
below.
For articles we have to pose three operations, indefiniteness, definiteness and genericization.
These operations exist in all the discourses of all languages (or almost all to remain prudent) but
are rarely externalized in articles or specific marks. In oral discourse these marks and articles are
useless because body language, intonation, and the external context as well as the internal cotext
allow an experiential, existential, circumstantial disambiguation. And don't talk to me about
misunderstanding, because even with the articles nothing is simple. See here the classic
ambiguities of sentences like :
"Francis wants to marry a Chinese woman.
"Peter married a Chinese woman."
"The Chinese woman is not an easy person to handle."
And to make it inclusive we could add:
"Paul, who divorced a Chinese woman last week, has just married a Chinese man almost
ten years his junior."
These sentences, depending on the context, have very different meanings, including the last
one.
"Do you know this Chinese man? – Not in the least! I only know one thing: he is a Chinese
man, a computer engineer, who works in the health sector and has published a dozen
articles at his age, barely 22. I don't even know his name and I have never met him.”
If this is not indefiniteness, it is just as much definiteness in the most total absence of direct
and live existential identification.
It is obvious in what I have just said that the cognitive and Guillaume’s approaches are not
able to give an account of these deep and indispensable phylogenic forces to understand the
acquisition of a first language or the learning, all the more the self-learning, of a foreign language.
Psychomechanics, if we develop a phylogenetic or phylogenic dimension in it together with the
psychogenetic dimension which is already present but has to be developed, can become one of the
crucibles of the rapid evolution which will gallop in the globalized world after the pandemic, or once
the pandemic becomes endemic.
1
P. DE CARVALHO
Professeur Émérite
UMR 5610
LE NOM ET LE NOMBRE
ENTRE GRAMMAIRE COGNITIVE ET PSYCHOMÉCHANIQUE DU LANGAGE
« Number is the most underestimated of the grammatical categories. It is deceptively simple, and is
much more interesting and varied than most linguists realise. » Cette appréciation, tout à fait juste, que
Greville Corbett avait placée, il n’y a guère, à l’ouverture de son ouvrage bien connu (CORBETT, 2000,
1), convient à merveille pour introduire les réflexions qu’on va lire. Celles-ci émanent d’un linguiste
comparatiste, latiniste et romaniste, intervenant ici, il est bon de le préciser, en observateur extérieur à
la problématique de la cognition en général, et à celle de la grammaire cognitive en particulier. Mais
un observateur engagé tout de même, et, pourquoi le cacher, quelque peu intrigué par l’intérêt que
manifestent certains tenants de la psychomécanique du langage, discipline à laquelle il se rattache lui-
même, pour une démarche mentaliste où ils croient reconnaître certaines de leurs propres
préoccupations.
I. NOM ET NOMBRE EN GRAMMAIRE COGNITIVE
Un des aspects de la grammaire cognitive qui la rend immédiatement, et éminemment,
sympathique à un adepte de la psychomécanique guillaumienne est qu’elle valide, sans réserve, le
noyau dur de l’antique théorie des « parties du discours », constitué par l’opposition du Nom au
Verbe, qu’elle définit comme « profilant », respectivement, des « choses » et des « relations
temporelles » (TAYLOR, 2002, 241). Sur cette base — et Guillaume ne voyait pas les choses
autrement, c’est du reste l’attitude la plus communément répandue — le nombre est conçu comme
une propriété des Noms et de ce à quoi ils font référence ; il ne se joue donc pas en syntaxe, à
proprement parler — c’est-à-dire dans la construction d’une représentation discursive d’un certain état
de choses — mais, en amont, au niveau de la reconnaissance et de la désignation des « choses »
que l’être parlant est capable de « profiler ».
Ainsi le fonctionnement de la catégorie du nombre nominal apparaît clairement fondé, en
grammaire cognitive, et c’est bien la moindre des choses, sur une faculté cognitive, qui est celle de
savoir quantifier et compter. Or tout dans ce qui, dans le monde, s’offre à l’expérience humaine ne se
prête pas à l’exercice de cette faculté : tout n’apparaît pas, en tout cas immédiatement, comptable.
D’où la primauté reconnue, en grammaire cognitive, au contraste, pré-grammatical apparemment, de
deux sortes de choses, celles qui qui se laissent compter, et qu’appréhendent les « count nouns », et
celles, désignées par les « mass nouns », qui ne sont pas faites pour être dénombrées.
Cette opposition est, ici, considérée comme si fondamentale, si déterminante, qu’elle va, in fine,
conditionner la grammaire cognitive du nombre : pour celle-ci, la pluralisation n’est, en principe, de
droit que pour les « count nouns », et d’autre part, mettre un nom au pluriel c’est en faire un « mass
noun », un nom de masse. Autrement dit, pluraliser, ce serait construire la représentation d’une masse
constituée par une quantité indéterminée de « cas particuliers » (angl. instances) ou « répliques » du
type fourni par le radical nominal. C’est ce que résument les passages de Foundations I et II cités en
(1) :
1. « The proposed characterization of the count / mass distinction
accounts for the fact that only count nouns pluralize. » (Langacker, 1987,
204)
2. « Because PL is the profile determinant, the composite structure (the
plural noun) designates a mass (unbounded region) consisting of
2
indefinitely many instances ot the type (T) supplied by he noun stem. »
(Langacker, 1991, 77)
3. « Though plurals can only be formed on count nouns, plural
themselves fall under the mass-noun category. » (ibid.)
Le problème est qu’en anglais, en français, en espagnol, en portugais, dans de nombreuses autres
langues aussi, probablement, la forme de pluriel d’un nom est loin de produire toujours cet effet de
« masse constituée par la « réplication » d’un nombre indéterminé d’éléments ». R. Langacker est
d’ailleurs le premier à le reconnaître, qui mentionne, non sans trahir un certain embarras, cf. (4), un
certain nombre de substantifs qui, en anglais, ne se conçoivent, en principe, qu’au pluriel — ce sont,
d’après une terminologie classique, des pluralia tantum —, bien qu’ils désignent des objets individuels
(donc, « one instance » d’un type nominal). Il aurait pu, d’ailleurs, en citer beaucoup d’autres, qui
intriguent d’autant plus qu’ils contrastent avec d’autres noms renvoyant à peu près au même domaine
sémantique, et qui, eux, sont des singularia tantum, cf. (5) :
4. « Many “plural” nouns have a referent that is not divisible into clearly discrete
components each capable of being labeled individually by the corresponding
singular stem (if, indeed, there is such a stem) : oats, guts, bowels, binoculars,
pants, scissors, pliers, bleachers, catacombs, Pyrenees, Alps, woods, etc. In these
expressions, the plural inflection assumes slightly different values that
constitute semantic extension from its prototypical meaning. Roughly, it
highlights the internal complexity of a unitary entity whose subparts are in
some sense functionally equivalent but can either be delimited only
arbitrarily or else do not occur (or serve any useful purpose)
independently. » (ibid. : les gras sont de l’auteur de cet article)
5. • athletics, astrophysics, ceramics, classics, ethics (« science of morals »,
« moral soudness »), economics, gymnastics, linguistics, mathematics, optics,
phonetics, physics
vs
• arithmetic, astronomy, biology, chemistry, ethic (« system of moral principles,
rules of conduct », logic, music, philosophy, physic (« medicine », cf. take a good
lot of physic) … (les gloses sont empruntées au Dictionary of current English de
A. S. Hornby, Oxford Advanced, 7e
tirage, 1977)
D’autre part, l’observation du fonctionnement du nombre dans un très grand nombre de langues
appartenant à divers horizons linguistiques ne va pas précisément dans le sens de Langacker : un peu
partout, la tendance à “marquer” le nom comme pluriel semble aller de pair avec le degré de
d’individualisation, et en particulier d’individualisation “animée”, que manifeste le référent (Corbett,
2000, 14-15). Dans ces conditions, il serait pour le moins paradoxal que le marquage du nombre eût
précisément une fonction de “désindividualisation”.
Un autre point fait problème dans la théorie du nombre grammatical exposée dans Foundations II :
le comportement, par rapport au nombre grammatical, des mass nouns, dont la définition, donnée dans
Foundations I, est toute négative, cf. (6) :
6. « A count noun designates a region that is specifically construed as being bounded
within the scope of predication in a primary domain. By contrast, a mass noun
designates a region that is not so construed. » (LANGACKER, 1987, 203)
Il se trouve que, dans les langues de notre horizon proche, les « noms de masse » ne sont pas si
rétifs que cela à la pluralisation. Pour l’anglais, on peut renvoyer, en (7), à la Philosophy of Grammar
d’Otto JESPERSEN, où la difficulté est déjà signalée, ainsi qu’à la Cognitive Grammar de TAYLOR,
pour les exemples et, surtout, pour la reformulation, irréfutable, et en fin de compte, assez subversive
qu’il propose. En (8) sont rassemblés quelques exemples français, empruntés pour la plupart à
FURUKAWA (1977, 164) :
7. (a) « As there is no separate grammatical “common-number”, languages must in the
case of mass-words choose one of the two existing formal numbers : either the
3
singuler… or the plural, e. g. victuals, dregs, lees-proceeds, belongings, sweepings-
measles, rickets, throes and such colloquial names of unpleasant states of mind as the
blues, creeps « chair de poule », sulks « bouderie »,, etc. » (JESPERSEN, 1924, 198)
(b) « The count-mass distinction is a prominent feature of English and many other
languages (though by no means all). Perhaps the basic manifestation of the distinction
concerns the possibility of a noun’s occurring in the singular and/or plural form : cat ~
cats, car ~ cars, symphony ~ symphonies. Mass nouns are generally thought of as
nouns which occur exclusively in the singular : meat ~ *meats, traffic ~ *traffics,
music ~ *musics. There exists, however, a smaller group of nouns which occur only in
the plural : clothes ~ *clothe, oats ~ *oat, groceries ~ *grocery. These share some of
the conceptual and syntactic properties of the singular mass nouns. The appropriate
generalization with respect to mass nouns, however, is not so much that mass nouns
fail to pluralize, but that they fail to exhibit the singular-plural contrast. »
(TAYLOR, 2002, 367 : les gras sont de l’auteur cité, les soulignés, de l’auteur du
présent article).
(c) « In fact, it may not be too outrageous to suggest that just about any noun — some
more readily than others, to be sure — can, under special circumstances, be used as
either count or mass. » (TAYLOR, 2002, 378).
8. (a) les ténèbres, ptg. as trevas, esp. las tinieblas, lat. tenebrae.
(b) Elle est à Bourges, là-haut, dans les brumes du Nord (Pagnol)
(c) Les brouillards qui perturbaient le trafic ce matin ont maintenant disparu. (radio)
(d) …les Parisiens qui emprunteront la voie des airs le feront surtout à destination du
soleil et des rivages méditerranéens (radio)
(e) Napoléon était alors empêtré dans les neiges de Russie. (Henriot)
(f) les eaux territoriales d'un État
(g) Dans la région de Dacca, les eaux baissent… Les eaux ont submergé une ville entière
(radio)
(h) Les temps sont durs.
(i) Enfin, j’ai rêvé que j’étais bourreau : ma famille, l’étant de père en fils depuis des
temps immémoriaux, m’y poussait (interview radiophonique, d’après Furukawa, 170).
En latin, comme on l’a montré ailleurs (De Carvalho, 1970 ; 1993) la pluralisation des substantifs
définissables comme des « mass nouns » est extrêmement banale : « boire du vin » se dit, en latin,
avec le pluriel du nom de la substance, vina bibere. Décrivant l’activité des abeilles, Virgile dit, dans
les Géorgiques (4,57) qu’elles recentis /excudunt ceras et mella tenacia fingunt « elles façonnent la
cire fraîche et pétrissent le miel consistant » — et là encore les noms de la cire et du miel sont au
pluriel. L’historien Tite-Live, de son côté, à la même époque, utilise souvent, comme d’autres auteurs,
le pluriel aquae pour faire référence à des périodes pluvieuses. Enfin c’est pour exprimer son
indignation à propos de son époque que Cicéron a prononcé, au pluriel, le célèbre O tempora, o
mores ! « quelle époque, quelles pratiques », alors qu’Horace a employé le pluriel pour évoquer « la
fuite du temps ». Cf. (9) :
9. (a) … arte recentis / excudunt ceras et mella tenacia fingunt (Verg. G. 4, 55-56)
« avec art fraîche [pl.] / elles façonnent la cire [pl.] et le miel consistant elles pétrissent »
(b) aquae magnae bis eo anno fuerunt (Liv. 24,9,6)
« des eaux, en grande quantité, deux fois, cette année-là, il y eut »
(c) O tempora, o mores ! (Cic. Cat. 1,2)
« quelle époque, quelles pratiques ! »
(d) annorum series et fuga temporum (Hor. Carm. 3, 1, 32)
« des années l’enchaînement et la fuite des temps »
On aura sans doute déjà compris que de tels emplois du pluriel ont quelque chose à voir avec le
« pluriel interne » de Guillaume — notion qui n’a sans doute pas traversé l’Atlantique. On y viendra
4
dans un moment. Car il reste encore, à examiner, deux autres propositions de la grammaire cognitive.
La première soutient que, dans un système opposant le singulier au pluriel, comme celui de l’anglais
ou des langues de notre horizon proche, « il est naturel que le singulier soit le terme non marqué »
(Foundations, 2, 74), dans la mesure où « la conception d’un cas unique est plus simple que celle qui
renferme plusieurs cas », cf. (10) :
10. « It is natural that in the first kind of system it should be the singular that is left
unmarked. This relationship between the singular and plural forms is iconic to their
semantic relationship in two respects : first, the conception of a single instance is
simpler than one encompassing multiple instances ; second, and more significantly,
the conception of a single instance is the basis for constructing the more complex
notion, which is obtained by replicating this instance conception an indefinite number
of times. » (LANGACKER, 1991, 74).
C’est l’évidence même —du moins du point de vue des grandes langues indo-européennes
occidentales modernes : n’apprend-on pas, dans nos écoles, à « mettre un nom au pluriel » — plutôt
que le contraire ? Et pourtant, dans des langues qui ne sont pas vraiment exotiques pour nous, certains
faits donnent à penser que le singulier ne paraît pas toujours si « naturel » : en breton, et d’autres
langues celtiques, en arabe aussi, pour m’en tenir à ces deux exemples1
, un certain nombre de notions
nominales doivent faire l’objet d’un processus de singularisation, dûment signifié comme tel — par
un morphème dit « singulatif » — , avant de pouvoir être véritablement « pluralisées ». Cf. les
exemples bretons de (11), empruntés à DESBORDES, 1990, 27-28 et FAVEREAU, 1997, 50-53, et ceux,
arabes, de (12), trouvés dans la Grammaire de l’arabe de Gérard Lecompte (« Que sais-je », 1980) :
11. • ed “céréale”  singulatif ed-enn “(un) grain de blé”
• gwez “arbre en nombre, non individué”  singulatif gwez-enn “unité arbre, un
arbre” (fém.)  pl. gwezennoù « <quelques> arbres »
• gwer “verre (matière) werren win “un verre de vin”
• greun “grain en nombre, non individué” singulatif greunenn “une graine” (fém.)
 pl. greunennoù « quelques grains »
• ster ~stered” ster-enn ∞ steredenn singulatifs, “(une) étoile” steredennoù
« filles coquettes » (Favereau)
• plant  singulatif plantenn « une plante »  plantennoù « plants (plantes)
diverses » (Favereau, 53).
• istr  istrenn « une huître »  istrennoù, « (quelques) huîtres ».
12. • namlun
 namlatun,
« fém. », « une fourmi »
• dajajun
« volailles »  dajajatun
« une poule, dajajatu
« des poules »
Il n’est certes pas facile de caractériser l’état initial de ces noms. Les grammaires du breton parlent,
à leur propos, de « collectif , généralement traité comme pluriel », en précisant qu’il s’agit, souvent, d’
« anciens pluriels » (FAVEREAU, 50). Ce dernier ajoute (p. 51) que « les vrais singulatifs (environ 4%
des substantifs) désignent une unité extraite d’un tout ou d’un ensemble », et qu’ « ils se rapportent
souvent à la nature, surtout la flore (arbres, plantes), mais aussi la faune (petits animaux, insectes,
coquillages ». Il faut croire que, du point de vue du breton, l’individualité de ce qui est, pour nous,
« une huître », ne va pas vraiment de soi… Mais important, pour mon propos, est aussi ce traitement
morphologique individualisant, au moyen d’un suffixe, qui fait passer le nom au genre « féminin » .
Voilà qui rappelle un phénomène bien connu de l’évolution du latin au roman, à savoir la
réinterprétation d’anciens pluriels neutres latins en singuliers féminins folia-foliorum neutre pl. >
folia-ae sing. féminin > fr. feuille, etc.
Enfin, R. LANGACKER a dû affronter — comme tout le monde, pourrait-on dire — la question de
l’ambiguïté du singulier grammatical, dont l’emploi, un peu partout, est loin de correspondre à la
1
Pour des exemples d’autres langues non-indo-européennes, cf. CORBETT, 2000, 17-18 ; 181.
5
perception d’une occurrence individuelle de l’entité représentée par le lexème nominal. C’est,
d’ailleurs, ce qui a conduit plusieurs linguistes, depuis la fin du 19 siècle, à forger des concepts
permettant d’appréhender la capacité du singulier grammatical de transcender l’opposition « unité » vs
« multiplicité » : « omniel » (Michel BRÉAL, 1882), « nombre commun », « singulier générique »
(JESPERSEN, 1924, 198), « non nombre, exprimé le plus souvent par le singulier » (B. POTTIER 1974,
214). Dans son livre sur le nombre, Greville CORBETT accueille la notion de « nombre général »,
exprimée par le singulier grammatical, et même il en fait le critère d’une « typologie partielle » (2000,
9). Et c’est aussi ce « nombre général » que Claire BLANCHE-BENVENISTE, étudiant le singulier et la
pluriel en français contemporain (BSLP 99, 2004), illustre, au passage, par l’exemple du turc. Ce
n’était pas tout à fait l’opinion d’une spécialiste (GÜNDÜZ (2000, 332), qui préférait parler, sans doute
à juste titre, de « non pluriel », en expliquant que dans cette langue « le pluriel n’est marqué que
lorsque le caractère discret des occurrences est saillant ». Cf. les exemples (13), interprétés d’après
Gündüz — avec, dans (d), l’alternance, remarquable, dans la même phrase, entre absence et présence
du pluriel :
13. (a) Patates kaç-a ?
pomme de terre — Ø Pl — combien Dir
« Les pommes de terre <sont à> combien ? »
(b) Zarf al-dim
enveloppe Ø Pl acheter-Pft1sg
« une/des enveloppes j’ai acheté »
(c) dolap-ta domates var
placard Loc tomate Ø Pl existant
« dans le placard des tomates il y a »
(d) patates düs-ür-dü-m her taraf-a patates-ler saç-ı
pomme de terre Ø Pl tomber Caus chaque côté-Dir pomme de terre +Pl se répandre
« j’ai fait tomber des pommes de terre, il y avait des pommes de terre éparpillées partout »
En réalité, comme on va le voir, il n’y a pas que le turc qui soit dans ce cas ; nous verrons aussi, par
la même occasion, ce qu’il en est de cette « saillance ».
Or quelle solution la grammaire cognitive propose-t-elle pour ce problème ? Franchement, ce n’est
pas très clair. On pourrait être tenté, dans ce cadre, de demander la réponse à la notion de type, qui est,
comme on sait, pour R. LANGACKER (1991, 75), l’un des deux contenus sémantiques qu’il faudrait
distinguer sous le singulier grammatical, en dépit de leur identité formelle. Malheureusement, dans la
conception développée par Langacker, « type » s’oppose à « instance » comme le virtuel à l’actuel : on
n’est pas bien loin de l’opposition guillaumienne « nom en langue » vs « nom en discours. En tout cas
on ne voit pas comment rendre compte en termes de « type » du singulier des exemples (13).
II. LE NOMBRE EN PSYCHOMÉCANIQUE DU LANGAGE
La réflexion sur le nombre grammatical est constamment, et même essentiellement, liée, dans la
pensée de Guillaume — presque comme un sous-produit — à sa théorie de la prédétermination
nominale, autrement dit au système des articles français. Cette association se fait très explicitement
dès 1919, dans le Problème de l’article, où apparaissait, déjà, la notion de « pluriel interne ».
Analysant la forme de pluriel, aujourd’hui disparue, du mot traditionnellement nommé « article
indéfini », c’est-à-dire uns, en français médiéval, Guillaume écrivait ceci, cf. (14) :
14. « L’article uns — Cet article représente un procédé aujourd’hui disparu qu’on
pourrait appeler le pluriel interne, et qui consiste à tenir pour unité mentale certains
ensembles de choses dont l’esprit possède une image permanente, quitte à indiquer par
le signe de pluriel s qu’à l’intérieur de cette unité mentale il y a plusieurs objets. C’est
ainsi qu’on a dit unes cornes pour traduire que l’image qui s’élève du fond de l’esprit
au prononcé du mot cornes est une image complexe où il y a deux cornes. »
(GUILLAUME, 1919, 57).
6
Or la liaison entre le mécanisme du nombre et celui qui génère les articles n’a fait, par la suite, que
s’affermir, et s’approfondir, dans la pensée de Guillaume, si bien que dans le dernier des trois grands
textes consacrés, entre 1943 et 1945, à l’article français est clairement affirmée « la similitude
psychomécanique » du système de l’article et de celui du nombre : « L’affinité profonde de la
catégorie du nombre et de celle de l’article ressort avec évidence de leur similitude
psychomécanique » (Guillaume, 1964, 168). Et cette similitude consiste en ce que, dans les deux cas,
mais à des niveaux différents, se déploie la mobilité de l’esprit humain entre les deux pôles opposés
que sont, dans le système du nombre, le singulier, ou particulier, et le pluriel, ou universel. C’est ce
qui est figuré en (15), qui reproduit, en le simplifiant, la représentation schématique, d’ailleurs bien
connue, de GUILLAUME, 1964, 169 :
15.
Tension I : formation du singulier
à partir du pluriel
« pluriel interne » « pluriel externe »
un ∞ une le, la, les
S
Tension II : formation du pluriel à partir du
singulier
S
Tension I : anti-extensive et particularisante
(mouvement d’approche du singulier)
Tension II : extensive et généralisante
(mouvement d’éloignement du singulier)
Naturellement, cette présentation est confortée par l’identité du vocable afffecté à la position
centrale : en français et dans les langues romanes en général, c’est le même mot qui assure
l’expression de la position S aux deux niveaux : fr. un / une, signifiant, en tant que numéral, de l’unité
matérielle et, en tant qu’article « indéfini », de l’unité mentale.
Il apparaît donc — c’était le sens de ce rappel — que la théorisation du nombre ne résulte pas,
chez Guillaume, de la prise en considération des propriétés matérielles des référents. En ce sens, elle
n’est pas « réaliste » ; elle serait, mais à sa manière, plutôt « cognitiviste » avant la lettre, puisqu’il est
d’emblée fait référence au fonctionnement de la pensée humaine, et en particulier à la faculté, non de
savoir compter, mais de concevoir le contraste entre singulier et pluriel ainsi que sa propre capacité de
se mouvoir de l’un à l’autre, et vice versa.
C’est dans ce cadre que Guillaume va évoquer, au passage, certaines configurations particulières du
« pluriel interne » telles, selon lui, que le duel existant dans certaines langues, voire, à l’occasion, le
triel2.
Il faut ici signaler une difficulté, sur laquelle Guillaume ne s’est jamais expliqué, et que
l’orthodoxie guillaumienne n’a jamais, que l’on sache, su ou voulu relever : n’y a-t-il pas contradiction
2
Attesté dans certaines langues austronésiennes, exemples du mwtolap (Vanuatu) Ex. duel na-ha-yô “leurs noms (2 p.)” ;
triel na-ha-ytêl "leurs noms (3 p.)" ; plur na-ha-y "leurs noms (> 3 personnes)". Cette distinction est obligatoire à toutes les
personnes ; ex. sing na-he "ton nom" ; duel na-ha-môyô "vos noms (à vous 2)" ; triel na-ha-mêtêl "vos noms (à vous 3)" ;
plur. na-ha-mi "vos noms (>3 p.)". Au passage, on y trouve les racines des chiffres yô "deux" et têl "trois". Sur le triel, cf.
CORBETT, 2000, 21-22.
7
à définir, d’un côté, le « pluriel interne » comme produit par une réduction du nombre à l’unité, et, de
l’autre, à y intégrer le duel et le triel, notions qui, sauf erreur, supposent acquise l’unité ?
Voilà, c’est à peu près tout ce que l’on trouve, sous de multiples variations, sur le nombre
grammatical dans les écrits et leçons de Guillaume. Une chose est claire, en tout cas : à ses yeux (cf.
Leçons, 12, 96, de 1938), le « pluriel interne » n’est plus, dans nos langues, qu’un cas de « résistance à
la définition du singulier », un « singulier imparfait » ; en tant que tel il constitue une catégorie
résiduelle, dépassée, « dans l’évolution structurale des langues », par les progrès de la « faculté
d’abstraire » (GUILLAUME 1964, 172 = texte de 1945). Au demeurant, on peut estimer que Guillaume
est ici quelque peu réducteur : les exemples ne manquent pas, en français, et, à des degrés et sous des
modalités diverses, dans les langues de notre proche horizon, d’un pluriel non multiplicatif
correspondant parfaitement à sa « pluralité interne » et disposant, parfois, d’une morphologie
spécifique. Cf., d’une part, les exemples donnés en (8), ainsi que ceux de (16) et (17) ci-après, qui
illustrent des oppositions morphologiques bien connues, parfaitement interprétables selon le contraste
« pluriel interne » vs « pluriel externe » :
16. (a) fr. aieux « l’ensemble indiscriminé des ancêtres » vs aieuls « le père ou mère de
mon père ou de ma mère, au pluriel », p.ex. J’ai encore mes deux aïeuls, j’ai le
bonheur d’avoir trois aïeuls » (cf. FURUKAWA, 1977, 87-89)
(b) fr. cieux « l’espace “ciel” de l’expérience ordinaire déployé dans son étendue » vs
ciels « l’objet artificiel, ou l’espace arbitrairement délimité, “ciel” pluralisé”, p. ex. le
ciel de la Provence et celui de l’Italie sont bien différents des ciels de l’Angleterre et
de l’Écosse (LITTRÉ), ce peintre réussit admirablement dans les ciels (LITTRÉ) 
d’autres exemples et référrences dans FURUKAWA, 1977, 79-84)
(c) fr. yeux « le couple d’organes assurant la fonction visuelle » vs œils « des objets
individuels ayant la forme de l’organe, des personnes assurant une fonction visuelle »,
p. ex. œils (terme d’imprimerie, désignant la partie de la lettre qui fait relief sur le
papier, ou terme de théâtre, désignant des orifices pratiqués dans le rideau de scène »),
œils-de-bœuf, œils-de-perdrix ; je me suis aperçu que je n’avais dessiné que des œils
gauches ; Rodriguez va être mon œil dans la salle Bouchut, je compte avoir des œils
comme cela dans toutes les parties du service (exs. empruntés à FURUKAWA, 1977,
70-79).
17.(a) it. grido, masc. “cri”, pl. i gridi, masc. (« série de cris ») vs pl. le [=pl. fém.] grida
[=fém. sg.] « cris, hurlements ayant un sens précis, émis avec une intention
particulière » (cf. ROCHETTI, 1968)
(b) il muro, masc., “mur”, pl. i muri, masc. (« série de murs ») vs pl. le mura,
« l’ensemble des murs qui assurent la protectioin d’une forteresse » (ROCHETTI, 1968,
70)
(c) il filo, masc. “fil”, pl. i fili, masc. (« série de fils ») vs pl. le fila « ensemble de fils
formant une trame, un réseau », le fila di una congiura (ROCHETTI, 1968, 65)3
.
Cela dit, Guillaume avait bien reconnu, explicitement (dès 1938, cf. Leçons, 12, 45), qu’ « en fait
une langue comme le français n’a que deux nombres linguistiques, singulier et pluriel. — ce qui est,
finalement, conforme à la donnée morphologique de base. Toujours est-il que cette attention
quasiment exclusive portée à son « pluriel interne » — dans la perspective, comme je l’ai montré, de
la théorie de la prédétermination nominale — l’a empêché de proposer une véritable théorie du
nombre, capable, notamment, de rendre compte de son fonctionnement grammatical, dans la
production des énoncés.
3
Sur ces faits, et d’autres du même ordre, voir DE CARVALHO, 2005a, à paraître.
8
III. PROPOSITIONS
Car tel est bien le problème : comment rendre compte du fonctionnement discursif de l’opposition
grammaticale du singulier au pluriel, fonctionnement dont tout indique qu’il ne se ramène pas à
refléter la quantité des référents nominaux. À ce problème ni la grammaire cognitive ni la
psychomécanique issue de l’enseignement de Guillaume n’apportent, à mon avis, l’ombre d’une
solution satisfaisante, qui permettait d’affronter les données, toujours particulières, que présentent les
langues.
Certes, il ne serait ni exact ni juste de prétendre que toutes les études du nombre grammatical ont
toujours été dominées par une considération exclusive, et a priori, soit des propriétés matérielles des
référents, soit des capacités logiques des êtres parlants. Ainsi, en décrivant le fonctionnement dans
différentes langues de ce qu’il appelle, avec d’autres, le « nombre générique », CORBETT (2000, 14)
faisait état de conditions qui semblent favoriser, au contraire, la spécification du nombre comme non
singulier, notamment le fait que le nom soit employé comme « topique » (vs « non topique »), ou qu’il
apparaisse « défini » (vs « indéfini ») , ou qu’il s’agisse d’une « première mention » (vs « mention
subséquente »), etc. Mais ce sont là, semble-t-il, de conditions discursives au sens large, voire
« pragmatiques ». Ce que l’on entend montrer ici, au contraire, est que le fonctionnement du nombre
grammatical se joue en syntaxe proprement dite, c’est-à-dire dans le processus de structuration
syntaxique qui aboutit à des représentation d’événements sous forme de phrases.
Or il apparaît que, dans ce qui est proposé aussi bien en grammaire cognitive qu’en
psychomécanique du langage4
, il manque quelque chose, ou, pour être précis, il manque Quelqu’un.
En effet, on parle, d’un côté, d’unique, ou multiple, de comptable, ou non comptable, et de l’autre, de
particulier et de général, de pensée et de sa mobilité. Mais ces choses-là ne sont pas dans la nature : ce
sont des concepts — et pour qu’il y ait des concepts il faut bien qu’il y ait un être ayant la faculté de
les concevoir. En somme il y a … le locuteur, plus précisément la personne humaine, douée de
langage, et capable, par conséquent, de dire Moi et, ce faisant, de déterminer un lieu et un temps…
bref, Ego-hic-et-nunc, Moi-ici-maintenant.
On peut dès lors raisonnablement conjecturer que, partout où elle existe grammaticalement,
l’opposition du singulier au pluriel s’enracine nécessairement dans l’affrontement de la singularité
discontinue de “Moi-ici-maintenant” à la généralité et à la continuité de l’univers. Il est également
concevable que le critère opératoire ne soit pas forcément partout le même : en français, et sans doute
dans la plupart des langues indo-européennes occidentales modernes, il est donné par la définition du
mot nominal comme représentation a priori d’une “unité” notionnelle. Dans ces conditions, désigner
un référent c’est, d’abord, le ramener du monde dont on parle — l’univers délocuté, dans le schéma de
(18) ci-après — à la notion que l’on en a ; et dans ces langues, qui n’ont pas de « singulatif », ce
mouvement de singularisation est, en quelque sorte, “catégorique”, ”de droit”, pour toutes les notions
nominales. C’est ce que figure, dans le plan droit du schéma ci-dessous, en (18), la flèche pleine
orientée à gauche ; par contraste, la flèche en pointillés, de même orientation, symbolise une
singularisation “hypothétique”, autrement dit non acquise d’avance, soumise à discussion :
4
Comme d’ailleurs dans la vision panoramique du nombre à travers les langues du monde que propose CORBETT
2000.
9
RÉFÉRENT VISÉ
EGO
Instant locutif Univers délocuté
SG 1 = « numérique »
PL 2 = « externe »
SG 2 « notionnel »
singulatif
Pl 1 « interne »
Le singulatif, propre à certaines langues, mis à part, voici comment on peut se représenter le
fonctionnement de la grammaire du nombre dans les langues de notre horizon proche :
 I. Se déclare immédiatement SINGULIER, marqué comme tel (c’est-à-dire par une absence de
marque explicite), le nom de toute entité qui, rapportée à l’unité notionnelle, apparaît ne pas
excéder les limites de celle-ci, et reste, par conséquent, pour ainsi dire confinée sous la portée
immédiate du regard du locuteur. C’est ce que symbolise, dans le plan gauche, la position Sg1
,
correspondant à l’unité numérique.
 II. Mais sera également traitée comme n’excédant pas les dites limites toute entité qui, même
réellement multiple, est néanmoins conçue comme orientée vers l’unité notionnelle, donc
subordonnée au regard du locuteur, et abstraction faite de toute étendue réelle que pourrait
investir, de par sa continuité propre, ou de par sa multiplicité, la dite entité. C’est ce que
symbolise, dans le plan droit du schéma, la position SG2
.
 III. Sera, en revanche, caractérisé comme « excédant le singulier », et donc positivement marqué
comme “pluriel”, le nom de toute entité qui, du fait de l’étendue ou de la multiplicité qui la
constitue, ou bien de l’étendue d’espace qu’elle investit par réitération, ou expansion, apparaît se
déployer dans le monde au-delà de la stricte portée de la saisie locutive. Cette description
correspond, sur le schéma, aux positions PL
1
et PL
2
.
Sur ces bases, on peut, par-delà tous les effets de sens, tous les a priori logiques, ainsi que dans le
respect des signifiants grammaticaux, rendre compte à la lumière d’un principe unique du
fonctionnement de l’opposition de nombre dans une langue comme le français moderne. Lequel
principe se laisse énoncer à peu près dans les termes suivants : en présence d’un référent donné, sur
lequel il porte son regard (flèche interrompue orientée à droite), que voit le locuteur, qu’est-ce qu’il
en retient ? Est-ce la notion qu’il en a, et par quoi il distingue ce référent au sein de l’univers
10
pensable ? Ou bien a-t-il en vue, au contraire, le rapport de ce référent à la continuité du monde dans
lequel il lui apparaît être présent ?
Mais la place manque pour développer et illustrer le modèle représenté par le schéma. On s’en
tiendra donc à quelques observations conclusives :
1° Le singulier grammatical est donc, effectivement, au sens propre du terme, ambigu, dès lors qu’il
porte en lui, non point deux signifiés distincts mais un signifié unique, argumentable selon deux
visées ou orientations opposées, extroversive, position Sg1
, ou introversive, Sg2
. Dans le premier
cas, orientation extroversive, un locuteur signifie, par l’emploi du singulier grammatical, qu’il a
en vue une réalisation momentanée, et saisissable immédiatement, d’une unité notionnelle ; ce
faisant, il ouvre la perspective d’une réitérabilité, en fonction de laquelle l’entité désignée est
posée comme unique, alors qu’elle aurait pu être multiple : un chat, des chats. Dans le second cas,
au contraire, orientation introversive, départ est pris au plan de l’univers délocuté : c’est la
position SG2
, déjà décrite Or il importe de bien marquer que de ce point de vue, qui est celui,
subjectif, du rapport notionnel du référent au locuteur, tous les noms s’équivalent : eau, ou vin,
ou ciel, ou miel, ne portent pas moins que chat, livre, ou ordinateur, etc., la représentation, la
notion d’une entité discrète. Il n’y a donc pas lieu d’opposer, au fondement de la grammaire du
nombre, « noms comptables » (count nouns) et « noms massifs » (mass nouns) ; une telle
discrimination est de l’ordre de la réalité des choses, elle n’est pas, a priori, linguistique.
2° Un autre cas de nomination au nombre introversif, orienté vers la singularité de la notion, est
l’emploi du singulier désignant un référent dont, justement, le nombre n’intéresse pas le locuteur.
C’est l’hypothèse que j’avancerai pour rendre compte du singulier des énoncés du turc cités en
(13). Affaire de focalisation, en somme : en (a), par exemple, ce ne sont pas les “pommes de
terre” en elles-même que le locuteur vise, mais ce qu’elles pourraient lui coûter ; de même, dans
(b), c’est l’opération elle-même, l’achat, qui est focalisée. Ce type d’emploi a déjà été relevé, et
correctement interprété, dans d’autres langues, cf. (21)-(25) :
18. (a) Les enfants mangent une tartelette  au sens dit « distributif » : « chaque
enfant a mangé une tartelette » (exemple emprunté à MULLER, 2002, 69-70) 
focalisation de l’opération, et du sujet opérateu, les enfants.
19. (a) hongr. rózsát ültet « il plante des roses » (rózsá-t, accusatif singulier)
vs.
(b) rózsákat ültet “il plante plusieurs sortes ou variétés de roses” (rózsá-k-at
accusatif pluriel) (PERROT, 2002, 10, citant A. SAUVAGEOT, Esquisse de la
langue hongroise, Paris, Klincksieck, 1951).
20. (a) erku girk‘-ø gnec‘
« deux livre-ø il-a-acheté »
vs
b. arm. erku kirk‘-er-∂ gnec‘
deux livre-pl-art. il a acheté »
21. a. arm. namak grel
« lettre-ø écrire = faire du courrier »
vs
b. namak-ner grel
lettre-pl. écrire des lettres »
22. . ptg. Brés. Vou comprar laranja. (d’après FARRELL, 1998, 4)
« je vais acheter des oranges »
b. Perdi um pé daquele sapato.
« j’ai perdu un pied de cette paire de chaussures » (FARRELL, 11)
c. Este sapato está sujo
« ces chaussures sont sales »
d. não sei onde botei o meu óculo
« je ne sais pas où j’ai mis mes lunettes »
11
Dans [23]a, explique A. DONABÉDIAN (1993 186-187), à qui sont empruntés ces exemples, le
singulier du substantif représentant la notion “livre” signifie que « le nom n’a pas statut actanciel et
référentiel », et qu’ « il n’est donc pas discret et désigne une substance » ; au contraire, la marque du
pluriel nominal dans [23] b signifie que le nom est « référentiel, donc distinguable ». De même, dans
[24], la marque du pluriel en (b) exprime une référentialité que le même nom non pourvu de la marque
de pluriel, en (a), ne possède pas. On peut en dire autant des exemples brésiliens de (25), étudiés par le
chercheur californien Patrick FARRELL. La personne à qui l’on a souvent entendu prononcer l’énoncé
(d) não sei onde botei o meu óculo, au lieu de os meus óculos, ne visait pas, ne focalisait pas, en
l’énonçant, l’objet “lunettes”, mais à l’usage qu’elle en fait, tant et si bien qu’en la circonstance cet
objet n’est plus qu’une donnée interne, dépourvue de saillance particulière, d’un état de choses dont
l’intérêt, pour le locuteur, est ailleurs. FARREL n’était pas loin de le comprendre, lorsqu’il faisait valoir
le rôle, dans ce type d’emploi du singulier grammatical, de la perception d’une unité fonctionnelle, cf.
(26) :
23. « The relevant categorization of objects depends not so much on their physical
properties as their interactional properties : bunches of oranges and matches are
conceived of as a singularity because we deal with them in a bundling way; hands and
teeth are treated as a singularity because we experience them as functional units.
Third, the concepts “one” and “more than one” are not entirely given to us by
“objective” reality. Rather they are products of the human mind, projected onto reality
in different ways by different cultures and different languages. » (FARREL, 1998, 15-
16)
3° La troisième observation concernera ce qui est symbolisé, dans le schéma, par la position PL1
:
cela veut dire que le pluriel peut apparaître déjà, précocement, sous le mouvement introversif.
Certains référents, en effet, imposent, d’emblée, la vision d’un “plus” constitutif de leur unité
notionnelle ; confrontée à la présence d’une entité de cette sorte, la visée locutive se trouvait
immédiatement engagée dans un mouvement d’extension, l’introversion ne s’engageant
qu’ensuite, après cette amorce d’extension. On retrouve ici une partie — mais une partie
seulement — des « pluriels internes » de GUILLAUME, à savoir ceux qui donnent à voir une
complexité constitutive du référent. Et c’est à cette position qu’il y aurait lieu de rapporter les
figures particulières de pluralité interne que nous avons rencontrées au passage : duel, triel,
”paucal”, mais aussi les pluriels de forme “féminine” d’une langue comme l’italien, cf. les
exemples (20)
4° Le second cas de nomination, extroversif — puisque le nom alors mis en œuvre vise, au dehors
de l’instant locutif, le référent, dans le monde qui le contient et qu’il investit plus ou moins
—, comprend deux positions, notées respectivement SG1
et PL2
. La première, SG1
, a déjà été
décrite. La seconde position, PL2
, porte, elle, la représentation d’un référent qui engage une
portion plus ou moins grande de l’espace du monde, soit parce qu’il s’y réitère — il a des
chats — soit parce qu’il est ainsi fait qu’il se répand dans le monde, ou qu’il en occupe une
partie ; tel est, me semble-t-il, ce « pluriel d’amplitude » que GUILLAUME (cité par FURUKAWA,
1977, 79 et 155) n’a pas vraiment théorisé et que peuvent illustrer les les exemples (8) : la montée
des eaux, les eaux territoriales, les brouillards, etc.
5° Une ultime remarque, enfin, qui nous ramène à la position SG1
. Elle est accessible à deux sortes
de référents. Certains, de par leur finitude même, se laissent immédiatement appréhender, dans
le tout qu’ils forment, par la visée instantanée du locuteur ; d’autres, au contraire, s’y dérobent,
qui ne proposent pas la vue d’une telle finitude. Les premiers, finis, discontinus, apparaissent, du
coup, immédiatement réitérables. Les seconds, au contraire, dont le regard peine en quelque
sorte à faire le tour, n’apparaissent pas immédiatement réitérables ; mais ils peuvent le devenir,
au prix d’une formalisation seconde, associant à leur apport sémantique l’image d’une
discontinuité qui ne lui appartient pas en propre, que celle-ci renvoie à un processus matériel de
fabrication (un sucre) ou à un contenant (un café, un jus d’orange, une bière ∞ deux cafés, jus
d’orange, bières). Il s’ensuit qu’un nom substantif désignant une entité comptable comme chat
sera immédiatement admis, “à vue” pourrait-on dire, à la position SG1
. Mais il en va de même
d’un nom massif, ou continu. Car l’important ici est ce qui, du référent, est saisi par le regard
12
locutif, que ce soit le tout qu’il est, en lui-même, ou bien le tout qu’il apparaît, secondairement,
ou mentalement, constituer. Aussi bien des énoncés comme d’une part apporte-moi le livre, et
d’autre part apporte-moi le sucre sont-ils rigoureusement parallèles, et doivent, donc, être
considérés comme grammaticalement équivalents — si du moins on veut bien se garder de tout
confondre, en important dans la description linguistique ce qui ne concerne que la réalité des
choses.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Carvalho — Coulardeau — Le nom & le nombre

  • 1.
  • 2.
  • 3. Paulo de Carvalho, Le Nom et le Nombre Entre grammaire cognitive et psychomécanique du langage REMARQUES DE JACQUES COULARDEAU PREMIÈRE REMARQUE Les cognitivistes suppriment l’histoire de la langue et donc sa phylogénie et prennent la langue uniquement dans son utilisation immédiate, donc dans son existence discursive. Cela a pour résultat de réduire la langue elle-même au sens saussurien ou guillaumien du terme à une peau de chagrin absolument congrue. L’article de Paulo de Carvalho est disponible en libre accès à https://www.academia.edu/63637330/Le_Nom_et_le_Nombre DEUXIÈME REMARQUE Quand on parle d’histoire de la langue, aujourd’hui on parle de phylogénie. Mais il y a nécessairement deux phylogénies et la première se divise en deux. La phylogénie du langage de son émergence comme capacité d’Homo Sapiens à inventer et développer une langue articulée sur trois articulations. C’est la phylogénie d’émergence du langage articulé. Elle a commencé il y a au moins 300 000 ans et a atteint sa plénitude (troisième articulation, n’en déplaise à Martinet et à Chomsky) probablement vers il y a 70 000 quand la dernière migration hors d’Afrique Noire (la troisième) et hors d’Afrique (la deuxième, la route normale des deux migrations hors d’Afrique suit le couloir sud arabique de la corne de l’Afrique au détroit d’Hormuz) a eu lieu, emportant avec elle cette troisième articulation qui va donner les langues agglutinantes et les langues synthético-analytiques (indo-européennes et indo-aryennes) On voit alors le deuxième étage de cette phylogénie du langage: chaque groupe de langue et chaque langue dans ces groupes de langues évoluent en fonction de son niveau articulatoire et de son environnement existentiel, expérientiel, etc. On parle alors des langues indo-européennes, puis des langues germaniques, puis de l’Anglo-Saxon ou Vieil Anglais, puis de l’anglais qui intègre le fonds normand français des langues romanes, pour en rester à l’émergence de l’anglais qui a conservé des traces de toutes ces étapes de développement. Cette phylogénie diachronique est inséparable de toute tentative de comprendre l’apprentissage d’une langue, qu’elle soit première ou étrangère. La phylogénie produit la psychogenèse, ou la psychogenèse suit une voie similaire à celle de la phylogénie. Tout cela a été publié. ▪ Jacques Coulardeau, “Phylogeny Commands Psychogenesis” in Studia Universitatis Babes-Bolyai Philologia LXIV, 4, December 2019, p. 37-58, DOI:10.24193/subbphilo.2019.4.02, Cluj-Napoca, Romania, December 15, 2019 ▪ Jacques Coulardeau, “Phylogeny Commands Psychogenesis” in Repères- Dorif, n. 20 Modèles Linguistiques et cognitifs et didactique des langues, Do.Ri.F Università, ISSN 2281-3020, Centro di documentazione e di Ricerca per la didattica della lingua francese nell'Università italiana, Roma, Italia, January 2020 TROISIÈME REMARQUE C’est là qu’intervient Guillaume, mais aussi Vygotski et Piaget, mais certainement pas les cognitivistes même chomskyen, même Carol Chomsky. Il s’agit de la psychogenèse de l’acquisition et du développement de la capacité de parler une langue première (éventuellement deux langues premières pour les bilingues de naissance, en fait d’avant la naissance puisque le fétus a contact avec la ou les langues de son environnement maternel et familial dès la 24ème semaine de la
  • 4. grossesse de la mère, le 6ème mois de la grossesse). Cette psychogenèse reprend la phylogénie générale du langage et donc suit un chemin similaire à l’émergence du langage il y a au moins 300 000 ans (entre 300 000 et 70 000 BCE). Donc on part (Voir Vygotski and ses continuateurs, voir Piaget et ses continuateurs) de la saisie non-mise-en-nombre de la réalité, et même d’une saisie non-différenciée au moins linguistiquement. L’enfant doit d’abord saisir l’ « essence » des objets, artéfacts et êtres qu’il peut voir et donc de les identifier dans son cerveau dans sa conscience mentale au moins en langage machine cérébral avant de donner des noms qui sont alors des identifications en langage articulé mental. On part nécessairement d’amas d’objets mis en tas par l’enfant en fonction d’éléments qui n’ont rien à voir avec le langage pendant au moins seize mois, et qui ont pourtant tout à voir avec le langage que cet enfant particulier va développer. Si dans son environnement tout est soit rose, soit bleu, il aura une première tendance possible de regrouper an amas les items bleus ou les items roses. Il donnera à ces couleurs un nom plus tard mais il a construit là une fixation sur le bleu et le rose et il risque de développer une vision du monde absolument binaire. Mais il s’agit bien de partir d’un « pluriel » indifférencié d’items non abstraits, non réellement vus comme compact ou non-comptable ». Pour l’enfant ce sont les items qu’il différencie, qu’il discrimine dans le continuum qui l’entoure, qui sont identifiés, plus tard nommés et reconnus, et ce en amas non compté mais définitivement pluriel. L’enfant dès qu’il joue avec des objets, avant même de parler fait des tas, met ensemble, regroupe des objets. Il n’a aucun sens du MOI et donc encore moins du ICI et MAINTENANT avant le stade du miroir de Jacques Lacan, donc avant seize mois, et c’est ce stade du miroir qui va vraiment déclencher le langage, quand il se saisit comme un MOI différent des autres, et qu’il a besoin de donner des noms à ces autres et ce sera MAMA avec les mouvements des lèvres pour la succion du sein maternel ou plastique ou caoutchouc, puis PAPA avec les mouvements des lèvres du rejet du sein maternel ou de la tétine à la fin de sa prise de lait. QUATRIÈME REMARQUE On ne peut pas traiter du nombre et de l’article comme étant liés. D’innombrables langues n’ont pas d’articles, y compris le russe me dit-on, ou non pas d’obligation d’utiliser des articles, sans parler de l’article zéro qui n’existe pas, loin de là, dans toutes les langues, surtout qu’il ne peut exister qu’en contraste avec des articles non zéro. Il existe en anglais mais pas en allemand pour des noms autonomes. Il existe dans toutes les langues auxquelles je pense dans la cadre de la composition nominale. Mais on oublie ce fait le plus souvent. L’article n’a aucune obligation de respecter le nombre – ou le genre d’ailleurs – avec des montages qui varient d’une langue à l’autre. Il est donc indispensable de saisir le nombre dans sa propre phylogénie ou dans sa propre psychogenèse, surtout que l’article est tardif et en plus est dérivé dans les langues que nous pratiquons tous les jours d’un déictique. Le meilleur cas que je peux citer c’est le lingala de Kinshasa : « Mondele makasi ». Les deux éléments sont « nominaux ». Le premier est un nom qui désigne un Européen, donc un blanc. Le second est supposé être un adjectif, ce qui est peut-être douteux. Je penche plutôt
  • 5. vers un nom adjectivé qui veut dire « force-fort ». Les deux sont reliés par concaténation qui correspond à notre verbe d’état « être ». Mais selon le contexte, le ton et l’intonation, cela peut-être un générique donc « Tous les Européens sont forts ». Ou bien « l’Européen là devant moi est fort ». Cela peut-être une assertion objective ou une remarque ironique. Quand je voulais faire rire les jeunes de la paroisse où je travaillais à Kinshasa, il suffisait que je dise cette phrase, car c’est une phrase, avec une intonation montante. L’effet était immédiat. On peut se poser la question du singulier ou du pluriel. C’est une bonne question mais il existe une utilisation en pluriel interne qui peut avoir valeur générique ou pas, et en singulier circonstanciel ou non. CINQUIÈME REMARQUE Le premier mouvement phylogénétique, le premier tenseur de Guillaume est l’éloignement de ce pluriel collectif interne et l’extraction de groupes circonstanciellement déterminés pas les utilisations possibles. Le paucal est ancien mais me semble une reconstruction plus qu’une détermination numérique phylogénétique d’origine. Mais j’ai connu encore au début des années 60 la baguette du boulanger qui marquait d’une encoche chaque pain pris par telle ou telle ferme pour paiement à la fin du mois. Mais dans les régions de troupeaux on comptait les moutons par douzaine avec une encoche pour chaque douzaine sur une baguette de comptage à nouveau. Mais on ne peut faire cela que quand on est passé sur le deuxième tenseur. Par contre le quadriel est central : les deux mains et les deux pieds, les deux bras et les deux jambes. Ce sont aussi les quatre doigts, le pouce en opposition n’étant pas compté. Mais il a du exister un « pentiel » pour des groupes de cinq, pour les cinq doigts et pouce de la main et du pied vu que la base cinq est largement utilisée dans les numérations, y compris les plus anciennes et la latine, vu le symbole du pentacle et ses valeurs diaboliques ou protectrices, etc. Mais on parle bien ici d’extraction d’un pluriel interne ici comptable mais sans l’être encore. Un groupe de cinq serait une référence à la main par exemple. Un groupe de quatre est une référence aux quatre membres de la mobilité humaine ou animale. Un groupe de trois est plus complexe mais très clairement peut être identifié dans la triade de la naissance, père, mère, nouveau-né. Le duel est banal avec les paires de chaussures et de pieds, avec les paires de bœufs plus tard, mais aussi et bien avant, les paires d’yeux et autres éléments physiologiques qui vont par deux. Notons que dans les représentations de la femme jusqu’au magdalénien on lui attribue trois éléments, les deux seins et la vulve. La femme est ternaire par définition physiologique fonctionnelle (assurer la survie et l’expansion de la communauté et de l’espèce). La représentation sexuelle de l’homme par une triade est à ma connaissance au moins rare si même existante dans ces périodes anciennes. * ▪ Jacques Coulardeau, PALEOLITHIC WOMEN, FOR GENDERED LINGUISTIC ANALYSIS, Alexander Marshack – The Roots Of Civilization – Revised And Augmented Edition – 1991 – A Review (English Edition) Format Kindle, 80 pages, Éditions La Dondaine, Olliergues, France, 8 January 2020, vendeur Amazon Media, tous pays. C’est ainsi que l’on en vient à l’unité qui est extraite et qui clôt le premier tenseur. On a alors le seuil fondamental qui peut être large de l’unité qui va devenir la base de la multiplication et on me dit que certains mathématiciens considèrent que cette multiplication est mentalement antérieure à l’addition. Effectivement, comme je l’ai dit pour les moutons, l’unité peut-être large et contenir une douzaine d’éléments saisis comme un tout global. On comptait les clous par douzaine de douzaines en charpenterie jusqu’à une période récente. Mon père dans les années 1960 achetait ses clous par « grosse » ou douze douzaines, soit 144. Il me semble qu’aujourd’hui avec les empaquetage plastique on vend les clous même de charpenterie au poids. Mais je me trompe peut-être. Le deuxième tenseur n’invente pas le duel, le triel, le quadriel, le pentiel, etc. Il les utilise en éléments comptés pour la multiplication. Il y a les choses qui viennent toutes en paires, d’autres en triades. Mes didacticiels d’auto-apprentissage pour mes apprenants CEO de start-ups sont des triades ou bien des cycles de six activités. Les triades correspondent à un trimestre de travail, grosso modo. Les cycles de six activités correspondent à six taches ou séances en quinconces, signifiant que les première, troisième et cinquième sont fondées sur un document sélectionné par le formateur et les trois autres par l’apprenant. Notons que n’importe quel multiple de deux pourrait satisfaire cette organisation didacticielle en quinconces.
  • 6. On semble ignorer que dans d’innombrables domaines on achète par paire, triplette, groupe de quatre, groupes de cinq, groupes de six, voire plus. Par exemple dans les supermarchés, les croissants, et de nombreuses autres viennoiseries ou items de boulangerie sont vendus de cette façon, sous un tel conditionnement de groupe comptable et compté, mais indifférencié par un seul code barre et un seul prix collectif. On travaille bien ici dans la multiplication et non dans l’addition. De nombreux légumes et fruits sont vendus de la même façon. Les produits ménagers le sont souvent en paires, sans compter bien sûr les chaussettes. Mais on vend aussi en groupe de deux, trois ou quatre le linge de corps des hommes comme des flemmes et enfants. Cela nous amène au pluriel général, générique qui est le terminus de ce second tenseur avec en français des choses comme « La nuit tous les chats sont gris. » C’est qu’on rencontre dans nos langues indo-européennes le problème de l’article qui n’est que l’extériorisation formelle et syntaxique de la définitude et de l’indéfinitude qui sont saisissables dans de très nombreuses langues sans la moindre utilisation d’un article, mais avec l’utilisation de langage corporel, d’intonation, voire d’autres éléments dans la phrase ou le discours comme l’ordre des mots. SIXIÈME REMARQUE Dans les langues indo-européennes que nous connaissons le système de l’article peut croiser le système du nombre, totalement ou partiellement. ANGLAIS : En indéfinitude opposition entre un article singulier A/AN et un article pluriel zéro Ø. En définitude aucune distinction de nombre, ou de genre d’ailleurs, THE. ALLEMAND : En indéfinitude, même situation qu’en anglais avec cependant le croisement du genre et du cas grammatical sur l’article indéfini singulier. En définitude le croisement entre l’article défini, le nombre, le genre et le cas fonctionnel est total et donc très complexe. FRANÇAIS : En indéfinitude il y a croisement entre le singulier (pas de pluriel) et le genre. Les formes plurielles ne sont plus possibles seules : « les uns et les autres », « quelques uns et quelques unes », etc. Ces pluriels sont plutôt de pronoms indéfinis. En définitude il y a croisement avec le nombre et le genre. Les langues à classes, beaucoup de langues africaines de la grand famille synthético- analytique bantoue n’ont pas d’articles ou ont des systèmes d’articles importés d’Europe et ces systèmes sont donc des formes de créolisation. Mais si l’on en reste là on manque l’essentiel, ‘et c’est l’expression du générique qui se surimpose au nombre et à la définitude-indéfinitude. Sans entrer dans le détail le générique s’exprime en anglais par l’indéfini pluriel (cats are monsters), l’indéfini singulier (A cat is by genetic definition a predator), le défini singulier (The cat is a mammal) bien que ce soit un peu pédant ou scientifique, et le défini pluriel qui est un faux générique limité à un espace défini par le contexte (In this hotel the beds are too hard). Mais en Français on a une situation sensiblement différente d’où des contresens, voire des non-sens en traduction. Le générique s’exprime avec le singulier indéfini (Un chat est un chat), le défini singulier (Le chat sera toujours un chat) et le défini pluriel (Les chats sont des mangeurs d’oiseaux). l’indéfini pluriel est absolument impossible car l’article indéfini pluriel contient en contraction la préposition extractive « de » qui bloque la valeur générique. D’où l’erreur de traduction classique : « Cats are mammals » par « des chats sont des mammifères » au lieu de « les chats sont des mammifères ». Notons que la la traduction erronées en tant que traduction a cependant un sens en français et donc cette traduction erronée est un contre-sens car elle ne produit pas un générique. CONCLUSION Pour le nombre il nous faut prendre un schéma de tenseur dit binaire, en fait ternaire radical de Guillaume avec un seuil large pour les unités complexes. Voir schéma ci-dessous. Pour l’article il nous faut poser trois opérations, indéfinitude, définitude et générisation. Ces opérations existent dans tous les discours de toutes les langues (ou presque pour être prudent) mais ne sont que rarement extériorisée par des articles ou des marques spécifiques. Dans le discours oral ces marques et ces articles sont inutiles car le langage corporel, l’intonation et le contexte extérieur autant que le cotexte intérieur permettent une désambiguation expérientielle, existentielle, circonstancielle. Et qu’on ne me parle pas d’erreur de compréhension car même avec les articles rien n’est simple. Voir ici les ambiguïtés classiques de phrases comme :
  • 7. « François veut épouser une Chinoise. » « Pierre a épousé une Chinoise. » « La Chinoise n’est pas une personne facile à manier. » Et pour faire dans l’inclusif on pourrait ajouter : « Paul, qui a divorcée d’avec une Chinoise la semaine dernière, vient d’épouser un Chinois de presque dix ans son cadet. » Ces phrases selon les contextes ont des sens très variables, y compris la dernière. « Mais, tu connais ce’ Chinois ? – Pas le moins du monde ! Je ne sais qu’une chose c’est UN Chinois, ingénieur en informatique, qui travaille dans la santé et a publié à son âge, à peine 22 ans, une douzaine d’articles. je ne connais même pas son nom et je ne l’ai jamais rencontré. » Si cela n’est pas de l’indéfinitude, c’est que c’est tout autant de la définitude dans la plus totale absence d’identification existentielle directe et vécue. Il est évident dans ce que je viens de dire que le cognitif – et le guillaumisme – ne sont pas capables de rendre compte de ces forces phylogéniques profondes et indispensables pour comprendre l’acquisition d’une langue première ou l’apprentissage, raison de plus de l’auto- apprentissage, d’une langue étrangère. La psychomécanique, si on développe une dimension phylogénétique ou phylogénique en elle en même temps que la dimension psychogénétique d’ores et déjà présente mais à développer, peut devenir un des creuset s de l’évolution rapide qui va galoper dans le monde globalisé après la pandémie, ou une fois la pandémie devenue endémique.
  • 8. ENGLISH VERSION Paulo de Carvalho, The Name and the Number Between cognitive grammar and psychomechanics of language REMARKS BY JACQUES COULARDEAU FIRST REMARK Cognitivists suppress the history of language and thus its phylogeny and take language only in its immediate use, thus in its discursive existence. This results in reducing language itself in the Saussurian or Guillaumian sense of the term to an absolutely shrinking and choking if not even amputating straitjacket. Paulo de Carvalho’s article is available in free open access at https://www.academia.edu/63637330/Le_Nom_et_le_Nombre SECOND REMARK When we speak of the history of language, today we speak of phylogeny. But there are necessarily two phylogenies and the first one is divided into two. The phylogeny of language from its emergence as the capacity of Homo Sapiens to invent and develop a language articulated on three articulations. This is the phylogeny of the emergence of articulated language. It began at least 300,000 years ago and reached its fullness (third articulation, with all due respect to Martinet and Chomsky) probably around 70,000 years ago when the last migration out of Black Africa (the third) and out of Africa (the second, the normal route of the last two migrations out of Africa follows the South Arabian corridor from the Horn of Africa to the Strait of Hormuz) took place, taking with it this third articulation which will give the agglutinative languages (Turkic) and the synthetic-analytical languages (Indo-European and Indo-Aryan) We then see the second stage of this phylogeny of language: each language group and each language in these language groups evolve according to its articulatory level and its existential, experiential environment, etc. We speak then of Indo-European languages, then of Germanic languages, then of Anglo-Saxon or Old English, then of English which integrates the French Norman linguistic data of Romance languages, to keep to the emergence of English which preserved traces of all these anterior stages of development. This diachronic phylogeny is inseparable from any attempt to understand the learning of a language, whether it is a first or foreign language. Phylogeny produces psychogenesis, or psychogenesis follows a path similar to that of phylogeny. All this has been published. • Jacques Coulardeau, "Phylogeny Commands Psychogenesis" in Studia Universitatis Babes-Bolyai Philologia LXIV, 4, December 2019, pp. 37-58, DOI:10.24193/subbphilo.2019.4.02, Cluj-Napoca, Romania, December 15, 2019 • Jacques Coulardeau, "Phylogeny Commands Psychogenesis" in Repères- Dorif, n. 20 Modèles Linguistiques et cognitifs et didactique des langues, Do.Ri.F Università, ISSN 2281-3020, Centro di documentazione e di Ricerca per la didattica della lingua francese nell'Università italiana, Roma, Italia, January 2020 THIRD REMARK This is where Guillaume comes in, but also Vygotsky and Piaget, but certainly not the cognitivists, even the Chomskyan cognitivists and Carol Chomsky. It is about the psychogenesis of the acquisition and development of the capacity to speak a first language (possibly two first
  • 9. languages for bilinguals from birth, in fact from before birth since the fetus has contact with the language(s) of its maternal and family environment from the 24th week of the mother's pregnancy, the 6th month of pregnancy). This psychogenesis takes up the general phylogeny of language and thus follows a path similar to the emergence of language at least 300,000 years ago (between 300,000 and 70,000 BCE). So, we start (see Vygotsky and his continuators, see Piaget and his continuators) from the non-numerical capture of reality, and even from a non-differentiated capture at least linguistically. The child must first capture or discriminate the "essence" of the objects, artifacts and beings that he can see and thus to identify them in his brain in his cerebral consciousness at least in cerebral machine language before giving them names which are then identifications in mental articulated language. We necessarily start from heaps of objects put in piles by the child according to elements that have nothing to do with language during at least sixteen months, and which have however everything to do with the language that this particular child will develop. If in his environment everything is either pink or blue, he will have a first possible tendency to group together the blue items or the pink items. He will give these colors a name later on, but he will have built up a fixation on blue and pink and he will be at risk to develop an absolutely binary vision of the world. But it is indeed a question of starting from an undifferentiated inner "plural" of non-abstract items, not really seen as compact or non-countable. For the child it is the items that he differentiates, that he discriminates in the continuum that surrounds him, that are identified, later named and recognized, and this in uncounted but definitively plural heaps. The child, as soon as he plays with objects, even before speaking, makes piles, puts together, regroups objects. He has no sense of ME and therefore even less of HERE and NOW before the mirror stage of Jacques Lacan, therefore before sixteen months, and it is this mirror stage that will really trigger language, when he seizes himself as a ME different from the others, and when he needs to give names to these others and it will be MAMA with the movements of the lips for the sucking of the maternal breast or plastic or rubber bottle teat, then PAPA with the movements of the lips for the rejection of the maternal breast or the rubber teat at the end of his intake of breast or bottle milk FOURTH REMARK One cannot treat number and article as related. Countless languages do not have articles, including Russian I am told, or no obligation to use articles, not to mention the zero article which does not exist, far from it, in all languages, especially since it can exist only in contrast with non-zero articles. It exists in English but not in German for autonomous nouns. It exists in all the languages I can think of in the context of nominal composition. But this fact is mostly forgotten. The article has no obligation to respect number – or gender for that matter – with setups that vary from one language to another. It is therefore essential to grasp the number in its own phylogeny or in its own psychogenesis, especially since the article is late and moreover is derived in the languages that we
  • 10. practice every day from a deictic. The best case I can cite is the Lingala of Kinshasa: "Mondele makasi". Both elements are "nominal". The first is a noun that designates a European, thus a white person. The second is supposed to be an adjective, which is perhaps doubtful. I am leaning towards an adjectival noun meaning "strength-strong". The two are connected by concatenation which corresponds to our static verb "to be". But depending on the context, tone and intonation, it can be a generic, so "All Europeans are strong". Or with "the European in front of me is strong," it can be an objective statement or an ironic remark. When I wanted to make the young people in the parish where I worked in Kinshasa laugh, all I had to do was say this sentence, because it is a sentence, with an upward intonation. The effect was immediate. One can ask oneself the question of the singular or the plural. It's a good question, but there is an internal plural usage that can have generic value or not, and a circumstantial singular usage or not. FIFTH REMARK The first phylogenetic movement, the first tensor of Guillaume is the stepping out from this internal collective plural and the extraction of groups circumstantially determined by the possible uses. The paucal is old but seems to me a reconstruction more than a numerical phylogenetic determination originally. But I still remember in the early 60's the baker's stick that was marked with a notch for each bread loaf taken by such and such a farm for payment at the end of the month. But in the herding regions, sheep were counted by the dozen with a notch for each dozen on a counting stick again. But this can only be done when the second tensor is reached. On the other hand, the quadrial is central: the two hands and the two feet, the two arms and the two legs. There are also the four fingers, the thumb in opposition not counted. But there must have been a "pential" for groups of five, for the five fingers and thumb of the hand and foot, given that the base five is widely used in numerations, including the oldest and the Latin one, and considering the symbol of the pentacle and its diabolic or protective values, etc. But we are talking here about the extraction from an internal plural, not yet counting. A group of five would be a reference to the hand for example. A group of four is a reference to the four members of human or animal mobility. A group of three is more complex but very clearly can be identified in the birth triad, father, mother, newborn. The dual is commonplace with the pairs of shoes and feet, with the pairs of oxen later, but also and long before, the pairs of eyes and other physiological elements that go in pairs. Let us note that in the pld prehistorical representations of women until the Magdalenian she was endowed with three elements, her two breasts and her vulva. The woman is ternary by functional physiological definition (ensuring the survival and expansion of the community and the species). The sexual representation of man by a triad is to my knowledge at least rare if it even exists in these ancient periods. • Jacques Coulardeau, PALEOLITHIC WOMEN, FOR GENDERED LINGUISTIC ANALYSIS, Alexander Marshack - The Roots Of Civilization - Revised And Augmented Edition - 1991 - A Review (English Edition) Kindle Format, 80 pages, Éditions La Dondaine, Olliergues, France, January 8, 2020, seller Amazon Media, all countries. This is how we come to the unit which is extracted, and which closes the first tensor. We then have the fundamental threshold which can be wide with the unit being multiple and which will become the basis of multiplication and I am told that some mathematicians consider that this multiplication is mentally prior to the addition. Indeed, as I said for the sheep, the unit can be large and contain a dozen elements seized as a global whole. Nails were counted by the dozen in carpentry until recently. My father in the 1960s bought his nails in "grosses" or twelve dozens of nails, or 144 nails. It seems to me that today with plastic packaging, even carpentry nails are sold by the weight. But I may be wrong. The second tensor does not invent the dual, the trial, the quadrial, the pential, etc. It uses them in counted groups to save a lot of time. It uses them in counted groups or units for multiplication. There are things that come all in pairs, others in triads. My self-learning tutorials for my start-up CEO learners are triads or cycles of six activities. Triads correspond to one quarter of work, roughly speaking. The six-activity cycles correspond to six staggered tasks or sessions, meaning that the first, third and fifth are based on a document selected by the trainer and the other three by the learner. Note that any multiple of two could satisfy this staggered instructional organization. We seem to ignore the fact that in countless fields we buy in pairs, triples, groups of four, groups of five, groups of six, and even more. For example, in supermarkets, croissants, and many
  • 11. other pastries or bakery items are sold this way, under such a packaging of counted items in groups, but undifferentiated by a single bar code and a single collective price. We are working here with multiplications and not with additions. Many vegetables and fruits are sold the same way. Household products are often sold in pairs, not to mention socks of course. But underwear articles for men as well as for women and children are also sold in groups of two, three or four. This brings us to the general, generic plural which is the terminus of this second tensor with things like "At night all cats are grey." It is then we encounter, in our Indo-European languages, the problem of the article which is only the formal and syntactic externalization of definiteness and indefiniteness which are graspable in very many languages without the slightest use of articles, but with the use of body language, intonation, or even other elements in the sentence or discourse such as word order. SIXTH REMARK In the Indo-European languages that we know the article systems can cross the number system, totally or partially. ENGLISH: In indefiniteness, opposition between a singular article A/AN and a plural article zero Ø. In definiteness no distinction of number, or gender for that matter, THE. GERMAN : In indefiniteness, same situation as in English with however the crossing of gender and grammatical cases onto the indefinite singular article. In definiteness the crossing between the definite article, number, gender and functional cases is total and therefore very complex. FRENCH: In indefiniteness there is a crossing between the singular (no plural) and gender. The plural forms are no longer possible alone: "les uns et les autres", "quelques uns et quelques unes", etc. These plurals are rather of pronominal nature. These plurals are rather indefinite pronouns. In definiteness there is a cross-over with number and gender.
  • 12. Languages with classes, many African languages of the great Bantu synthetic-analytical family have no articles or have article systems imported from Europe and these systems are therefore forms of creolization. But if we leave it at that, we miss the essential point, and that is the expression of the generic which is superimposed onto number and definiteness-indefiniteness. Without going into detail, the generic is expressed in English by the indefinite plural (cats are monsters), the indefinite singular (A cat is by genetic definition a predator), the definite singular (The cat is a mammal), even though this is a bit pedantic or scientific, and the definite plural which is a false generic limited to a space defined by the context (In this hotel the beds are too hard). But in French the situation is quite different, which leads to misunderstandings and even nonsense in translation. The generic is expressed with the indefinite singular (Un chat est un chat), the definite singular (Le chat sera toujours un chat) and the definite plural (Les chats sont des mangeurs d'oiseaux). The indefinite plural is absolutely impossible because the indefinite plural article contains in contraction the extractive preposition "de" which blocks the generic value. Hence the classic translation error: "Cats are mammals" by "des chats sont des mammifères" instead of "les chats sont des mammifères". Note that the mistranslation we have just mentioned does however have a meaning in French and therefore this mistranslation is a false because it does not produce a generic meaning. CONCLUSION For number we have to take a so-called binary tensor figure or representation, in fact a ternary radical tensor a =s suggested by Guillaume with a large threshold for the complex units. See diagram below. For articles we have to pose three operations, indefiniteness, definiteness and genericization. These operations exist in all the discourses of all languages (or almost all to remain prudent) but are rarely externalized in articles or specific marks. In oral discourse these marks and articles are useless because body language, intonation, and the external context as well as the internal cotext allow an experiential, existential, circumstantial disambiguation. And don't talk to me about
  • 13. misunderstanding, because even with the articles nothing is simple. See here the classic ambiguities of sentences like : "Francis wants to marry a Chinese woman. "Peter married a Chinese woman." "The Chinese woman is not an easy person to handle." And to make it inclusive we could add: "Paul, who divorced a Chinese woman last week, has just married a Chinese man almost ten years his junior." These sentences, depending on the context, have very different meanings, including the last one. "Do you know this Chinese man? – Not in the least! I only know one thing: he is a Chinese man, a computer engineer, who works in the health sector and has published a dozen articles at his age, barely 22. I don't even know his name and I have never met him.” If this is not indefiniteness, it is just as much definiteness in the most total absence of direct and live existential identification. It is obvious in what I have just said that the cognitive and Guillaume’s approaches are not able to give an account of these deep and indispensable phylogenic forces to understand the acquisition of a first language or the learning, all the more the self-learning, of a foreign language. Psychomechanics, if we develop a phylogenetic or phylogenic dimension in it together with the psychogenetic dimension which is already present but has to be developed, can become one of the crucibles of the rapid evolution which will gallop in the globalized world after the pandemic, or once the pandemic becomes endemic.
  • 14. 1 P. DE CARVALHO Professeur Émérite UMR 5610 LE NOM ET LE NOMBRE ENTRE GRAMMAIRE COGNITIVE ET PSYCHOMÉCHANIQUE DU LANGAGE « Number is the most underestimated of the grammatical categories. It is deceptively simple, and is much more interesting and varied than most linguists realise. » Cette appréciation, tout à fait juste, que Greville Corbett avait placée, il n’y a guère, à l’ouverture de son ouvrage bien connu (CORBETT, 2000, 1), convient à merveille pour introduire les réflexions qu’on va lire. Celles-ci émanent d’un linguiste comparatiste, latiniste et romaniste, intervenant ici, il est bon de le préciser, en observateur extérieur à la problématique de la cognition en général, et à celle de la grammaire cognitive en particulier. Mais un observateur engagé tout de même, et, pourquoi le cacher, quelque peu intrigué par l’intérêt que manifestent certains tenants de la psychomécanique du langage, discipline à laquelle il se rattache lui- même, pour une démarche mentaliste où ils croient reconnaître certaines de leurs propres préoccupations. I. NOM ET NOMBRE EN GRAMMAIRE COGNITIVE Un des aspects de la grammaire cognitive qui la rend immédiatement, et éminemment, sympathique à un adepte de la psychomécanique guillaumienne est qu’elle valide, sans réserve, le noyau dur de l’antique théorie des « parties du discours », constitué par l’opposition du Nom au Verbe, qu’elle définit comme « profilant », respectivement, des « choses » et des « relations temporelles » (TAYLOR, 2002, 241). Sur cette base — et Guillaume ne voyait pas les choses autrement, c’est du reste l’attitude la plus communément répandue — le nombre est conçu comme une propriété des Noms et de ce à quoi ils font référence ; il ne se joue donc pas en syntaxe, à proprement parler — c’est-à-dire dans la construction d’une représentation discursive d’un certain état de choses — mais, en amont, au niveau de la reconnaissance et de la désignation des « choses » que l’être parlant est capable de « profiler ». Ainsi le fonctionnement de la catégorie du nombre nominal apparaît clairement fondé, en grammaire cognitive, et c’est bien la moindre des choses, sur une faculté cognitive, qui est celle de savoir quantifier et compter. Or tout dans ce qui, dans le monde, s’offre à l’expérience humaine ne se prête pas à l’exercice de cette faculté : tout n’apparaît pas, en tout cas immédiatement, comptable. D’où la primauté reconnue, en grammaire cognitive, au contraste, pré-grammatical apparemment, de deux sortes de choses, celles qui qui se laissent compter, et qu’appréhendent les « count nouns », et celles, désignées par les « mass nouns », qui ne sont pas faites pour être dénombrées. Cette opposition est, ici, considérée comme si fondamentale, si déterminante, qu’elle va, in fine, conditionner la grammaire cognitive du nombre : pour celle-ci, la pluralisation n’est, en principe, de droit que pour les « count nouns », et d’autre part, mettre un nom au pluriel c’est en faire un « mass noun », un nom de masse. Autrement dit, pluraliser, ce serait construire la représentation d’une masse constituée par une quantité indéterminée de « cas particuliers » (angl. instances) ou « répliques » du type fourni par le radical nominal. C’est ce que résument les passages de Foundations I et II cités en (1) : 1. « The proposed characterization of the count / mass distinction accounts for the fact that only count nouns pluralize. » (Langacker, 1987, 204) 2. « Because PL is the profile determinant, the composite structure (the plural noun) designates a mass (unbounded region) consisting of
  • 15. 2 indefinitely many instances ot the type (T) supplied by he noun stem. » (Langacker, 1991, 77) 3. « Though plurals can only be formed on count nouns, plural themselves fall under the mass-noun category. » (ibid.) Le problème est qu’en anglais, en français, en espagnol, en portugais, dans de nombreuses autres langues aussi, probablement, la forme de pluriel d’un nom est loin de produire toujours cet effet de « masse constituée par la « réplication » d’un nombre indéterminé d’éléments ». R. Langacker est d’ailleurs le premier à le reconnaître, qui mentionne, non sans trahir un certain embarras, cf. (4), un certain nombre de substantifs qui, en anglais, ne se conçoivent, en principe, qu’au pluriel — ce sont, d’après une terminologie classique, des pluralia tantum —, bien qu’ils désignent des objets individuels (donc, « one instance » d’un type nominal). Il aurait pu, d’ailleurs, en citer beaucoup d’autres, qui intriguent d’autant plus qu’ils contrastent avec d’autres noms renvoyant à peu près au même domaine sémantique, et qui, eux, sont des singularia tantum, cf. (5) : 4. « Many “plural” nouns have a referent that is not divisible into clearly discrete components each capable of being labeled individually by the corresponding singular stem (if, indeed, there is such a stem) : oats, guts, bowels, binoculars, pants, scissors, pliers, bleachers, catacombs, Pyrenees, Alps, woods, etc. In these expressions, the plural inflection assumes slightly different values that constitute semantic extension from its prototypical meaning. Roughly, it highlights the internal complexity of a unitary entity whose subparts are in some sense functionally equivalent but can either be delimited only arbitrarily or else do not occur (or serve any useful purpose) independently. » (ibid. : les gras sont de l’auteur de cet article) 5. • athletics, astrophysics, ceramics, classics, ethics (« science of morals », « moral soudness »), economics, gymnastics, linguistics, mathematics, optics, phonetics, physics vs • arithmetic, astronomy, biology, chemistry, ethic (« system of moral principles, rules of conduct », logic, music, philosophy, physic (« medicine », cf. take a good lot of physic) … (les gloses sont empruntées au Dictionary of current English de A. S. Hornby, Oxford Advanced, 7e tirage, 1977) D’autre part, l’observation du fonctionnement du nombre dans un très grand nombre de langues appartenant à divers horizons linguistiques ne va pas précisément dans le sens de Langacker : un peu partout, la tendance à “marquer” le nom comme pluriel semble aller de pair avec le degré de d’individualisation, et en particulier d’individualisation “animée”, que manifeste le référent (Corbett, 2000, 14-15). Dans ces conditions, il serait pour le moins paradoxal que le marquage du nombre eût précisément une fonction de “désindividualisation”. Un autre point fait problème dans la théorie du nombre grammatical exposée dans Foundations II : le comportement, par rapport au nombre grammatical, des mass nouns, dont la définition, donnée dans Foundations I, est toute négative, cf. (6) : 6. « A count noun designates a region that is specifically construed as being bounded within the scope of predication in a primary domain. By contrast, a mass noun designates a region that is not so construed. » (LANGACKER, 1987, 203) Il se trouve que, dans les langues de notre horizon proche, les « noms de masse » ne sont pas si rétifs que cela à la pluralisation. Pour l’anglais, on peut renvoyer, en (7), à la Philosophy of Grammar d’Otto JESPERSEN, où la difficulté est déjà signalée, ainsi qu’à la Cognitive Grammar de TAYLOR, pour les exemples et, surtout, pour la reformulation, irréfutable, et en fin de compte, assez subversive qu’il propose. En (8) sont rassemblés quelques exemples français, empruntés pour la plupart à FURUKAWA (1977, 164) : 7. (a) « As there is no separate grammatical “common-number”, languages must in the case of mass-words choose one of the two existing formal numbers : either the
  • 16. 3 singuler… or the plural, e. g. victuals, dregs, lees-proceeds, belongings, sweepings- measles, rickets, throes and such colloquial names of unpleasant states of mind as the blues, creeps « chair de poule », sulks « bouderie »,, etc. » (JESPERSEN, 1924, 198) (b) « The count-mass distinction is a prominent feature of English and many other languages (though by no means all). Perhaps the basic manifestation of the distinction concerns the possibility of a noun’s occurring in the singular and/or plural form : cat ~ cats, car ~ cars, symphony ~ symphonies. Mass nouns are generally thought of as nouns which occur exclusively in the singular : meat ~ *meats, traffic ~ *traffics, music ~ *musics. There exists, however, a smaller group of nouns which occur only in the plural : clothes ~ *clothe, oats ~ *oat, groceries ~ *grocery. These share some of the conceptual and syntactic properties of the singular mass nouns. The appropriate generalization with respect to mass nouns, however, is not so much that mass nouns fail to pluralize, but that they fail to exhibit the singular-plural contrast. » (TAYLOR, 2002, 367 : les gras sont de l’auteur cité, les soulignés, de l’auteur du présent article). (c) « In fact, it may not be too outrageous to suggest that just about any noun — some more readily than others, to be sure — can, under special circumstances, be used as either count or mass. » (TAYLOR, 2002, 378). 8. (a) les ténèbres, ptg. as trevas, esp. las tinieblas, lat. tenebrae. (b) Elle est à Bourges, là-haut, dans les brumes du Nord (Pagnol) (c) Les brouillards qui perturbaient le trafic ce matin ont maintenant disparu. (radio) (d) …les Parisiens qui emprunteront la voie des airs le feront surtout à destination du soleil et des rivages méditerranéens (radio) (e) Napoléon était alors empêtré dans les neiges de Russie. (Henriot) (f) les eaux territoriales d'un État (g) Dans la région de Dacca, les eaux baissent… Les eaux ont submergé une ville entière (radio) (h) Les temps sont durs. (i) Enfin, j’ai rêvé que j’étais bourreau : ma famille, l’étant de père en fils depuis des temps immémoriaux, m’y poussait (interview radiophonique, d’après Furukawa, 170). En latin, comme on l’a montré ailleurs (De Carvalho, 1970 ; 1993) la pluralisation des substantifs définissables comme des « mass nouns » est extrêmement banale : « boire du vin » se dit, en latin, avec le pluriel du nom de la substance, vina bibere. Décrivant l’activité des abeilles, Virgile dit, dans les Géorgiques (4,57) qu’elles recentis /excudunt ceras et mella tenacia fingunt « elles façonnent la cire fraîche et pétrissent le miel consistant » — et là encore les noms de la cire et du miel sont au pluriel. L’historien Tite-Live, de son côté, à la même époque, utilise souvent, comme d’autres auteurs, le pluriel aquae pour faire référence à des périodes pluvieuses. Enfin c’est pour exprimer son indignation à propos de son époque que Cicéron a prononcé, au pluriel, le célèbre O tempora, o mores ! « quelle époque, quelles pratiques », alors qu’Horace a employé le pluriel pour évoquer « la fuite du temps ». Cf. (9) : 9. (a) … arte recentis / excudunt ceras et mella tenacia fingunt (Verg. G. 4, 55-56) « avec art fraîche [pl.] / elles façonnent la cire [pl.] et le miel consistant elles pétrissent » (b) aquae magnae bis eo anno fuerunt (Liv. 24,9,6) « des eaux, en grande quantité, deux fois, cette année-là, il y eut » (c) O tempora, o mores ! (Cic. Cat. 1,2) « quelle époque, quelles pratiques ! » (d) annorum series et fuga temporum (Hor. Carm. 3, 1, 32) « des années l’enchaînement et la fuite des temps » On aura sans doute déjà compris que de tels emplois du pluriel ont quelque chose à voir avec le « pluriel interne » de Guillaume — notion qui n’a sans doute pas traversé l’Atlantique. On y viendra
  • 17. 4 dans un moment. Car il reste encore, à examiner, deux autres propositions de la grammaire cognitive. La première soutient que, dans un système opposant le singulier au pluriel, comme celui de l’anglais ou des langues de notre horizon proche, « il est naturel que le singulier soit le terme non marqué » (Foundations, 2, 74), dans la mesure où « la conception d’un cas unique est plus simple que celle qui renferme plusieurs cas », cf. (10) : 10. « It is natural that in the first kind of system it should be the singular that is left unmarked. This relationship between the singular and plural forms is iconic to their semantic relationship in two respects : first, the conception of a single instance is simpler than one encompassing multiple instances ; second, and more significantly, the conception of a single instance is the basis for constructing the more complex notion, which is obtained by replicating this instance conception an indefinite number of times. » (LANGACKER, 1991, 74). C’est l’évidence même —du moins du point de vue des grandes langues indo-européennes occidentales modernes : n’apprend-on pas, dans nos écoles, à « mettre un nom au pluriel » — plutôt que le contraire ? Et pourtant, dans des langues qui ne sont pas vraiment exotiques pour nous, certains faits donnent à penser que le singulier ne paraît pas toujours si « naturel » : en breton, et d’autres langues celtiques, en arabe aussi, pour m’en tenir à ces deux exemples1 , un certain nombre de notions nominales doivent faire l’objet d’un processus de singularisation, dûment signifié comme tel — par un morphème dit « singulatif » — , avant de pouvoir être véritablement « pluralisées ». Cf. les exemples bretons de (11), empruntés à DESBORDES, 1990, 27-28 et FAVEREAU, 1997, 50-53, et ceux, arabes, de (12), trouvés dans la Grammaire de l’arabe de Gérard Lecompte (« Que sais-je », 1980) : 11. • ed “céréale”  singulatif ed-enn “(un) grain de blé” • gwez “arbre en nombre, non individué”  singulatif gwez-enn “unité arbre, un arbre” (fém.)  pl. gwezennoù « <quelques> arbres » • gwer “verre (matière) werren win “un verre de vin” • greun “grain en nombre, non individué” singulatif greunenn “une graine” (fém.)  pl. greunennoù « quelques grains » • ster ~stered” ster-enn ∞ steredenn singulatifs, “(une) étoile” steredennoù « filles coquettes » (Favereau) • plant  singulatif plantenn « une plante »  plantennoù « plants (plantes) diverses » (Favereau, 53). • istr  istrenn « une huître »  istrennoù, « (quelques) huîtres ». 12. • namlun  namlatun, « fém. », « une fourmi » • dajajun « volailles »  dajajatun « une poule, dajajatu « des poules » Il n’est certes pas facile de caractériser l’état initial de ces noms. Les grammaires du breton parlent, à leur propos, de « collectif , généralement traité comme pluriel », en précisant qu’il s’agit, souvent, d’ « anciens pluriels » (FAVEREAU, 50). Ce dernier ajoute (p. 51) que « les vrais singulatifs (environ 4% des substantifs) désignent une unité extraite d’un tout ou d’un ensemble », et qu’ « ils se rapportent souvent à la nature, surtout la flore (arbres, plantes), mais aussi la faune (petits animaux, insectes, coquillages ». Il faut croire que, du point de vue du breton, l’individualité de ce qui est, pour nous, « une huître », ne va pas vraiment de soi… Mais important, pour mon propos, est aussi ce traitement morphologique individualisant, au moyen d’un suffixe, qui fait passer le nom au genre « féminin » . Voilà qui rappelle un phénomène bien connu de l’évolution du latin au roman, à savoir la réinterprétation d’anciens pluriels neutres latins en singuliers féminins folia-foliorum neutre pl. > folia-ae sing. féminin > fr. feuille, etc. Enfin, R. LANGACKER a dû affronter — comme tout le monde, pourrait-on dire — la question de l’ambiguïté du singulier grammatical, dont l’emploi, un peu partout, est loin de correspondre à la 1 Pour des exemples d’autres langues non-indo-européennes, cf. CORBETT, 2000, 17-18 ; 181.
  • 18. 5 perception d’une occurrence individuelle de l’entité représentée par le lexème nominal. C’est, d’ailleurs, ce qui a conduit plusieurs linguistes, depuis la fin du 19 siècle, à forger des concepts permettant d’appréhender la capacité du singulier grammatical de transcender l’opposition « unité » vs « multiplicité » : « omniel » (Michel BRÉAL, 1882), « nombre commun », « singulier générique » (JESPERSEN, 1924, 198), « non nombre, exprimé le plus souvent par le singulier » (B. POTTIER 1974, 214). Dans son livre sur le nombre, Greville CORBETT accueille la notion de « nombre général », exprimée par le singulier grammatical, et même il en fait le critère d’une « typologie partielle » (2000, 9). Et c’est aussi ce « nombre général » que Claire BLANCHE-BENVENISTE, étudiant le singulier et la pluriel en français contemporain (BSLP 99, 2004), illustre, au passage, par l’exemple du turc. Ce n’était pas tout à fait l’opinion d’une spécialiste (GÜNDÜZ (2000, 332), qui préférait parler, sans doute à juste titre, de « non pluriel », en expliquant que dans cette langue « le pluriel n’est marqué que lorsque le caractère discret des occurrences est saillant ». Cf. les exemples (13), interprétés d’après Gündüz — avec, dans (d), l’alternance, remarquable, dans la même phrase, entre absence et présence du pluriel : 13. (a) Patates kaç-a ? pomme de terre — Ø Pl — combien Dir « Les pommes de terre <sont à> combien ? » (b) Zarf al-dim enveloppe Ø Pl acheter-Pft1sg « une/des enveloppes j’ai acheté » (c) dolap-ta domates var placard Loc tomate Ø Pl existant « dans le placard des tomates il y a » (d) patates düs-ür-dü-m her taraf-a patates-ler saç-ı pomme de terre Ø Pl tomber Caus chaque côté-Dir pomme de terre +Pl se répandre « j’ai fait tomber des pommes de terre, il y avait des pommes de terre éparpillées partout » En réalité, comme on va le voir, il n’y a pas que le turc qui soit dans ce cas ; nous verrons aussi, par la même occasion, ce qu’il en est de cette « saillance ». Or quelle solution la grammaire cognitive propose-t-elle pour ce problème ? Franchement, ce n’est pas très clair. On pourrait être tenté, dans ce cadre, de demander la réponse à la notion de type, qui est, comme on sait, pour R. LANGACKER (1991, 75), l’un des deux contenus sémantiques qu’il faudrait distinguer sous le singulier grammatical, en dépit de leur identité formelle. Malheureusement, dans la conception développée par Langacker, « type » s’oppose à « instance » comme le virtuel à l’actuel : on n’est pas bien loin de l’opposition guillaumienne « nom en langue » vs « nom en discours. En tout cas on ne voit pas comment rendre compte en termes de « type » du singulier des exemples (13). II. LE NOMBRE EN PSYCHOMÉCANIQUE DU LANGAGE La réflexion sur le nombre grammatical est constamment, et même essentiellement, liée, dans la pensée de Guillaume — presque comme un sous-produit — à sa théorie de la prédétermination nominale, autrement dit au système des articles français. Cette association se fait très explicitement dès 1919, dans le Problème de l’article, où apparaissait, déjà, la notion de « pluriel interne ». Analysant la forme de pluriel, aujourd’hui disparue, du mot traditionnellement nommé « article indéfini », c’est-à-dire uns, en français médiéval, Guillaume écrivait ceci, cf. (14) : 14. « L’article uns — Cet article représente un procédé aujourd’hui disparu qu’on pourrait appeler le pluriel interne, et qui consiste à tenir pour unité mentale certains ensembles de choses dont l’esprit possède une image permanente, quitte à indiquer par le signe de pluriel s qu’à l’intérieur de cette unité mentale il y a plusieurs objets. C’est ainsi qu’on a dit unes cornes pour traduire que l’image qui s’élève du fond de l’esprit au prononcé du mot cornes est une image complexe où il y a deux cornes. » (GUILLAUME, 1919, 57).
  • 19. 6 Or la liaison entre le mécanisme du nombre et celui qui génère les articles n’a fait, par la suite, que s’affermir, et s’approfondir, dans la pensée de Guillaume, si bien que dans le dernier des trois grands textes consacrés, entre 1943 et 1945, à l’article français est clairement affirmée « la similitude psychomécanique » du système de l’article et de celui du nombre : « L’affinité profonde de la catégorie du nombre et de celle de l’article ressort avec évidence de leur similitude psychomécanique » (Guillaume, 1964, 168). Et cette similitude consiste en ce que, dans les deux cas, mais à des niveaux différents, se déploie la mobilité de l’esprit humain entre les deux pôles opposés que sont, dans le système du nombre, le singulier, ou particulier, et le pluriel, ou universel. C’est ce qui est figuré en (15), qui reproduit, en le simplifiant, la représentation schématique, d’ailleurs bien connue, de GUILLAUME, 1964, 169 : 15. Tension I : formation du singulier à partir du pluriel « pluriel interne » « pluriel externe » un ∞ une le, la, les S Tension II : formation du pluriel à partir du singulier S Tension I : anti-extensive et particularisante (mouvement d’approche du singulier) Tension II : extensive et généralisante (mouvement d’éloignement du singulier) Naturellement, cette présentation est confortée par l’identité du vocable afffecté à la position centrale : en français et dans les langues romanes en général, c’est le même mot qui assure l’expression de la position S aux deux niveaux : fr. un / une, signifiant, en tant que numéral, de l’unité matérielle et, en tant qu’article « indéfini », de l’unité mentale. Il apparaît donc — c’était le sens de ce rappel — que la théorisation du nombre ne résulte pas, chez Guillaume, de la prise en considération des propriétés matérielles des référents. En ce sens, elle n’est pas « réaliste » ; elle serait, mais à sa manière, plutôt « cognitiviste » avant la lettre, puisqu’il est d’emblée fait référence au fonctionnement de la pensée humaine, et en particulier à la faculté, non de savoir compter, mais de concevoir le contraste entre singulier et pluriel ainsi que sa propre capacité de se mouvoir de l’un à l’autre, et vice versa. C’est dans ce cadre que Guillaume va évoquer, au passage, certaines configurations particulières du « pluriel interne » telles, selon lui, que le duel existant dans certaines langues, voire, à l’occasion, le triel2. Il faut ici signaler une difficulté, sur laquelle Guillaume ne s’est jamais expliqué, et que l’orthodoxie guillaumienne n’a jamais, que l’on sache, su ou voulu relever : n’y a-t-il pas contradiction 2 Attesté dans certaines langues austronésiennes, exemples du mwtolap (Vanuatu) Ex. duel na-ha-yô “leurs noms (2 p.)” ; triel na-ha-ytêl "leurs noms (3 p.)" ; plur na-ha-y "leurs noms (> 3 personnes)". Cette distinction est obligatoire à toutes les personnes ; ex. sing na-he "ton nom" ; duel na-ha-môyô "vos noms (à vous 2)" ; triel na-ha-mêtêl "vos noms (à vous 3)" ; plur. na-ha-mi "vos noms (>3 p.)". Au passage, on y trouve les racines des chiffres yô "deux" et têl "trois". Sur le triel, cf. CORBETT, 2000, 21-22.
  • 20. 7 à définir, d’un côté, le « pluriel interne » comme produit par une réduction du nombre à l’unité, et, de l’autre, à y intégrer le duel et le triel, notions qui, sauf erreur, supposent acquise l’unité ? Voilà, c’est à peu près tout ce que l’on trouve, sous de multiples variations, sur le nombre grammatical dans les écrits et leçons de Guillaume. Une chose est claire, en tout cas : à ses yeux (cf. Leçons, 12, 96, de 1938), le « pluriel interne » n’est plus, dans nos langues, qu’un cas de « résistance à la définition du singulier », un « singulier imparfait » ; en tant que tel il constitue une catégorie résiduelle, dépassée, « dans l’évolution structurale des langues », par les progrès de la « faculté d’abstraire » (GUILLAUME 1964, 172 = texte de 1945). Au demeurant, on peut estimer que Guillaume est ici quelque peu réducteur : les exemples ne manquent pas, en français, et, à des degrés et sous des modalités diverses, dans les langues de notre proche horizon, d’un pluriel non multiplicatif correspondant parfaitement à sa « pluralité interne » et disposant, parfois, d’une morphologie spécifique. Cf., d’une part, les exemples donnés en (8), ainsi que ceux de (16) et (17) ci-après, qui illustrent des oppositions morphologiques bien connues, parfaitement interprétables selon le contraste « pluriel interne » vs « pluriel externe » : 16. (a) fr. aieux « l’ensemble indiscriminé des ancêtres » vs aieuls « le père ou mère de mon père ou de ma mère, au pluriel », p.ex. J’ai encore mes deux aïeuls, j’ai le bonheur d’avoir trois aïeuls » (cf. FURUKAWA, 1977, 87-89) (b) fr. cieux « l’espace “ciel” de l’expérience ordinaire déployé dans son étendue » vs ciels « l’objet artificiel, ou l’espace arbitrairement délimité, “ciel” pluralisé”, p. ex. le ciel de la Provence et celui de l’Italie sont bien différents des ciels de l’Angleterre et de l’Écosse (LITTRÉ), ce peintre réussit admirablement dans les ciels (LITTRÉ)  d’autres exemples et référrences dans FURUKAWA, 1977, 79-84) (c) fr. yeux « le couple d’organes assurant la fonction visuelle » vs œils « des objets individuels ayant la forme de l’organe, des personnes assurant une fonction visuelle », p. ex. œils (terme d’imprimerie, désignant la partie de la lettre qui fait relief sur le papier, ou terme de théâtre, désignant des orifices pratiqués dans le rideau de scène »), œils-de-bœuf, œils-de-perdrix ; je me suis aperçu que je n’avais dessiné que des œils gauches ; Rodriguez va être mon œil dans la salle Bouchut, je compte avoir des œils comme cela dans toutes les parties du service (exs. empruntés à FURUKAWA, 1977, 70-79). 17.(a) it. grido, masc. “cri”, pl. i gridi, masc. (« série de cris ») vs pl. le [=pl. fém.] grida [=fém. sg.] « cris, hurlements ayant un sens précis, émis avec une intention particulière » (cf. ROCHETTI, 1968) (b) il muro, masc., “mur”, pl. i muri, masc. (« série de murs ») vs pl. le mura, « l’ensemble des murs qui assurent la protectioin d’une forteresse » (ROCHETTI, 1968, 70) (c) il filo, masc. “fil”, pl. i fili, masc. (« série de fils ») vs pl. le fila « ensemble de fils formant une trame, un réseau », le fila di una congiura (ROCHETTI, 1968, 65)3 . Cela dit, Guillaume avait bien reconnu, explicitement (dès 1938, cf. Leçons, 12, 45), qu’ « en fait une langue comme le français n’a que deux nombres linguistiques, singulier et pluriel. — ce qui est, finalement, conforme à la donnée morphologique de base. Toujours est-il que cette attention quasiment exclusive portée à son « pluriel interne » — dans la perspective, comme je l’ai montré, de la théorie de la prédétermination nominale — l’a empêché de proposer une véritable théorie du nombre, capable, notamment, de rendre compte de son fonctionnement grammatical, dans la production des énoncés. 3 Sur ces faits, et d’autres du même ordre, voir DE CARVALHO, 2005a, à paraître.
  • 21. 8 III. PROPOSITIONS Car tel est bien le problème : comment rendre compte du fonctionnement discursif de l’opposition grammaticale du singulier au pluriel, fonctionnement dont tout indique qu’il ne se ramène pas à refléter la quantité des référents nominaux. À ce problème ni la grammaire cognitive ni la psychomécanique issue de l’enseignement de Guillaume n’apportent, à mon avis, l’ombre d’une solution satisfaisante, qui permettait d’affronter les données, toujours particulières, que présentent les langues. Certes, il ne serait ni exact ni juste de prétendre que toutes les études du nombre grammatical ont toujours été dominées par une considération exclusive, et a priori, soit des propriétés matérielles des référents, soit des capacités logiques des êtres parlants. Ainsi, en décrivant le fonctionnement dans différentes langues de ce qu’il appelle, avec d’autres, le « nombre générique », CORBETT (2000, 14) faisait état de conditions qui semblent favoriser, au contraire, la spécification du nombre comme non singulier, notamment le fait que le nom soit employé comme « topique » (vs « non topique »), ou qu’il apparaisse « défini » (vs « indéfini ») , ou qu’il s’agisse d’une « première mention » (vs « mention subséquente »), etc. Mais ce sont là, semble-t-il, de conditions discursives au sens large, voire « pragmatiques ». Ce que l’on entend montrer ici, au contraire, est que le fonctionnement du nombre grammatical se joue en syntaxe proprement dite, c’est-à-dire dans le processus de structuration syntaxique qui aboutit à des représentation d’événements sous forme de phrases. Or il apparaît que, dans ce qui est proposé aussi bien en grammaire cognitive qu’en psychomécanique du langage4 , il manque quelque chose, ou, pour être précis, il manque Quelqu’un. En effet, on parle, d’un côté, d’unique, ou multiple, de comptable, ou non comptable, et de l’autre, de particulier et de général, de pensée et de sa mobilité. Mais ces choses-là ne sont pas dans la nature : ce sont des concepts — et pour qu’il y ait des concepts il faut bien qu’il y ait un être ayant la faculté de les concevoir. En somme il y a … le locuteur, plus précisément la personne humaine, douée de langage, et capable, par conséquent, de dire Moi et, ce faisant, de déterminer un lieu et un temps… bref, Ego-hic-et-nunc, Moi-ici-maintenant. On peut dès lors raisonnablement conjecturer que, partout où elle existe grammaticalement, l’opposition du singulier au pluriel s’enracine nécessairement dans l’affrontement de la singularité discontinue de “Moi-ici-maintenant” à la généralité et à la continuité de l’univers. Il est également concevable que le critère opératoire ne soit pas forcément partout le même : en français, et sans doute dans la plupart des langues indo-européennes occidentales modernes, il est donné par la définition du mot nominal comme représentation a priori d’une “unité” notionnelle. Dans ces conditions, désigner un référent c’est, d’abord, le ramener du monde dont on parle — l’univers délocuté, dans le schéma de (18) ci-après — à la notion que l’on en a ; et dans ces langues, qui n’ont pas de « singulatif », ce mouvement de singularisation est, en quelque sorte, “catégorique”, ”de droit”, pour toutes les notions nominales. C’est ce que figure, dans le plan droit du schéma ci-dessous, en (18), la flèche pleine orientée à gauche ; par contraste, la flèche en pointillés, de même orientation, symbolise une singularisation “hypothétique”, autrement dit non acquise d’avance, soumise à discussion : 4 Comme d’ailleurs dans la vision panoramique du nombre à travers les langues du monde que propose CORBETT 2000.
  • 22. 9 RÉFÉRENT VISÉ EGO Instant locutif Univers délocuté SG 1 = « numérique » PL 2 = « externe » SG 2 « notionnel » singulatif Pl 1 « interne » Le singulatif, propre à certaines langues, mis à part, voici comment on peut se représenter le fonctionnement de la grammaire du nombre dans les langues de notre horizon proche :  I. Se déclare immédiatement SINGULIER, marqué comme tel (c’est-à-dire par une absence de marque explicite), le nom de toute entité qui, rapportée à l’unité notionnelle, apparaît ne pas excéder les limites de celle-ci, et reste, par conséquent, pour ainsi dire confinée sous la portée immédiate du regard du locuteur. C’est ce que symbolise, dans le plan gauche, la position Sg1 , correspondant à l’unité numérique.  II. Mais sera également traitée comme n’excédant pas les dites limites toute entité qui, même réellement multiple, est néanmoins conçue comme orientée vers l’unité notionnelle, donc subordonnée au regard du locuteur, et abstraction faite de toute étendue réelle que pourrait investir, de par sa continuité propre, ou de par sa multiplicité, la dite entité. C’est ce que symbolise, dans le plan droit du schéma, la position SG2 .  III. Sera, en revanche, caractérisé comme « excédant le singulier », et donc positivement marqué comme “pluriel”, le nom de toute entité qui, du fait de l’étendue ou de la multiplicité qui la constitue, ou bien de l’étendue d’espace qu’elle investit par réitération, ou expansion, apparaît se déployer dans le monde au-delà de la stricte portée de la saisie locutive. Cette description correspond, sur le schéma, aux positions PL 1 et PL 2 . Sur ces bases, on peut, par-delà tous les effets de sens, tous les a priori logiques, ainsi que dans le respect des signifiants grammaticaux, rendre compte à la lumière d’un principe unique du fonctionnement de l’opposition de nombre dans une langue comme le français moderne. Lequel principe se laisse énoncer à peu près dans les termes suivants : en présence d’un référent donné, sur lequel il porte son regard (flèche interrompue orientée à droite), que voit le locuteur, qu’est-ce qu’il en retient ? Est-ce la notion qu’il en a, et par quoi il distingue ce référent au sein de l’univers
  • 23. 10 pensable ? Ou bien a-t-il en vue, au contraire, le rapport de ce référent à la continuité du monde dans lequel il lui apparaît être présent ? Mais la place manque pour développer et illustrer le modèle représenté par le schéma. On s’en tiendra donc à quelques observations conclusives : 1° Le singulier grammatical est donc, effectivement, au sens propre du terme, ambigu, dès lors qu’il porte en lui, non point deux signifiés distincts mais un signifié unique, argumentable selon deux visées ou orientations opposées, extroversive, position Sg1 , ou introversive, Sg2 . Dans le premier cas, orientation extroversive, un locuteur signifie, par l’emploi du singulier grammatical, qu’il a en vue une réalisation momentanée, et saisissable immédiatement, d’une unité notionnelle ; ce faisant, il ouvre la perspective d’une réitérabilité, en fonction de laquelle l’entité désignée est posée comme unique, alors qu’elle aurait pu être multiple : un chat, des chats. Dans le second cas, au contraire, orientation introversive, départ est pris au plan de l’univers délocuté : c’est la position SG2 , déjà décrite Or il importe de bien marquer que de ce point de vue, qui est celui, subjectif, du rapport notionnel du référent au locuteur, tous les noms s’équivalent : eau, ou vin, ou ciel, ou miel, ne portent pas moins que chat, livre, ou ordinateur, etc., la représentation, la notion d’une entité discrète. Il n’y a donc pas lieu d’opposer, au fondement de la grammaire du nombre, « noms comptables » (count nouns) et « noms massifs » (mass nouns) ; une telle discrimination est de l’ordre de la réalité des choses, elle n’est pas, a priori, linguistique. 2° Un autre cas de nomination au nombre introversif, orienté vers la singularité de la notion, est l’emploi du singulier désignant un référent dont, justement, le nombre n’intéresse pas le locuteur. C’est l’hypothèse que j’avancerai pour rendre compte du singulier des énoncés du turc cités en (13). Affaire de focalisation, en somme : en (a), par exemple, ce ne sont pas les “pommes de terre” en elles-même que le locuteur vise, mais ce qu’elles pourraient lui coûter ; de même, dans (b), c’est l’opération elle-même, l’achat, qui est focalisée. Ce type d’emploi a déjà été relevé, et correctement interprété, dans d’autres langues, cf. (21)-(25) : 18. (a) Les enfants mangent une tartelette  au sens dit « distributif » : « chaque enfant a mangé une tartelette » (exemple emprunté à MULLER, 2002, 69-70)  focalisation de l’opération, et du sujet opérateu, les enfants. 19. (a) hongr. rózsát ültet « il plante des roses » (rózsá-t, accusatif singulier) vs. (b) rózsákat ültet “il plante plusieurs sortes ou variétés de roses” (rózsá-k-at accusatif pluriel) (PERROT, 2002, 10, citant A. SAUVAGEOT, Esquisse de la langue hongroise, Paris, Klincksieck, 1951). 20. (a) erku girk‘-ø gnec‘ « deux livre-ø il-a-acheté » vs b. arm. erku kirk‘-er-∂ gnec‘ deux livre-pl-art. il a acheté » 21. a. arm. namak grel « lettre-ø écrire = faire du courrier » vs b. namak-ner grel lettre-pl. écrire des lettres » 22. . ptg. Brés. Vou comprar laranja. (d’après FARRELL, 1998, 4) « je vais acheter des oranges » b. Perdi um pé daquele sapato. « j’ai perdu un pied de cette paire de chaussures » (FARRELL, 11) c. Este sapato está sujo « ces chaussures sont sales » d. não sei onde botei o meu óculo « je ne sais pas où j’ai mis mes lunettes »
  • 24. 11 Dans [23]a, explique A. DONABÉDIAN (1993 186-187), à qui sont empruntés ces exemples, le singulier du substantif représentant la notion “livre” signifie que « le nom n’a pas statut actanciel et référentiel », et qu’ « il n’est donc pas discret et désigne une substance » ; au contraire, la marque du pluriel nominal dans [23] b signifie que le nom est « référentiel, donc distinguable ». De même, dans [24], la marque du pluriel en (b) exprime une référentialité que le même nom non pourvu de la marque de pluriel, en (a), ne possède pas. On peut en dire autant des exemples brésiliens de (25), étudiés par le chercheur californien Patrick FARRELL. La personne à qui l’on a souvent entendu prononcer l’énoncé (d) não sei onde botei o meu óculo, au lieu de os meus óculos, ne visait pas, ne focalisait pas, en l’énonçant, l’objet “lunettes”, mais à l’usage qu’elle en fait, tant et si bien qu’en la circonstance cet objet n’est plus qu’une donnée interne, dépourvue de saillance particulière, d’un état de choses dont l’intérêt, pour le locuteur, est ailleurs. FARREL n’était pas loin de le comprendre, lorsqu’il faisait valoir le rôle, dans ce type d’emploi du singulier grammatical, de la perception d’une unité fonctionnelle, cf. (26) : 23. « The relevant categorization of objects depends not so much on their physical properties as their interactional properties : bunches of oranges and matches are conceived of as a singularity because we deal with them in a bundling way; hands and teeth are treated as a singularity because we experience them as functional units. Third, the concepts “one” and “more than one” are not entirely given to us by “objective” reality. Rather they are products of the human mind, projected onto reality in different ways by different cultures and different languages. » (FARREL, 1998, 15- 16) 3° La troisième observation concernera ce qui est symbolisé, dans le schéma, par la position PL1 : cela veut dire que le pluriel peut apparaître déjà, précocement, sous le mouvement introversif. Certains référents, en effet, imposent, d’emblée, la vision d’un “plus” constitutif de leur unité notionnelle ; confrontée à la présence d’une entité de cette sorte, la visée locutive se trouvait immédiatement engagée dans un mouvement d’extension, l’introversion ne s’engageant qu’ensuite, après cette amorce d’extension. On retrouve ici une partie — mais une partie seulement — des « pluriels internes » de GUILLAUME, à savoir ceux qui donnent à voir une complexité constitutive du référent. Et c’est à cette position qu’il y aurait lieu de rapporter les figures particulières de pluralité interne que nous avons rencontrées au passage : duel, triel, ”paucal”, mais aussi les pluriels de forme “féminine” d’une langue comme l’italien, cf. les exemples (20) 4° Le second cas de nomination, extroversif — puisque le nom alors mis en œuvre vise, au dehors de l’instant locutif, le référent, dans le monde qui le contient et qu’il investit plus ou moins —, comprend deux positions, notées respectivement SG1 et PL2 . La première, SG1 , a déjà été décrite. La seconde position, PL2 , porte, elle, la représentation d’un référent qui engage une portion plus ou moins grande de l’espace du monde, soit parce qu’il s’y réitère — il a des chats — soit parce qu’il est ainsi fait qu’il se répand dans le monde, ou qu’il en occupe une partie ; tel est, me semble-t-il, ce « pluriel d’amplitude » que GUILLAUME (cité par FURUKAWA, 1977, 79 et 155) n’a pas vraiment théorisé et que peuvent illustrer les les exemples (8) : la montée des eaux, les eaux territoriales, les brouillards, etc. 5° Une ultime remarque, enfin, qui nous ramène à la position SG1 . Elle est accessible à deux sortes de référents. Certains, de par leur finitude même, se laissent immédiatement appréhender, dans le tout qu’ils forment, par la visée instantanée du locuteur ; d’autres, au contraire, s’y dérobent, qui ne proposent pas la vue d’une telle finitude. Les premiers, finis, discontinus, apparaissent, du coup, immédiatement réitérables. Les seconds, au contraire, dont le regard peine en quelque sorte à faire le tour, n’apparaissent pas immédiatement réitérables ; mais ils peuvent le devenir, au prix d’une formalisation seconde, associant à leur apport sémantique l’image d’une discontinuité qui ne lui appartient pas en propre, que celle-ci renvoie à un processus matériel de fabrication (un sucre) ou à un contenant (un café, un jus d’orange, une bière ∞ deux cafés, jus d’orange, bières). Il s’ensuit qu’un nom substantif désignant une entité comptable comme chat sera immédiatement admis, “à vue” pourrait-on dire, à la position SG1 . Mais il en va de même d’un nom massif, ou continu. Car l’important ici est ce qui, du référent, est saisi par le regard
  • 25. 12 locutif, que ce soit le tout qu’il est, en lui-même, ou bien le tout qu’il apparaît, secondairement, ou mentalement, constituer. Aussi bien des énoncés comme d’une part apporte-moi le livre, et d’autre part apporte-moi le sucre sont-ils rigoureusement parallèles, et doivent, donc, être considérés comme grammaticalement équivalents — si du moins on veut bien se garder de tout confondre, en important dans la description linguistique ce qui ne concerne que la réalité des choses. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ALEXANDRU, A., Base de données Gustave Guillaume (site http: //nlip. pcu.ac.kr/ gustave/ search1.htm). ALLEN W. S., 1990 [=1965],Vox Latina. The Pronunciation of Classical Latin, Cambridge University Press. BENVENISTE É., 1966, Problèmes de linguistique générale, I, Paris Gallimard. BLANCHE-BENVENISTE, C. & CHERVEL, A. 1966, « Recherches sur le syntagme substantif », Cahiers de lexicologie, II, Paris-Didier Larousse, 3-37. BOONE A. & JOLY, A., 2004, Dictionnaire terminologique de la systématique du langage, Deuxième édition revue, corrigée et augmentée par André Joly, Paris, L'Harmattan. BOUZET, J., [1945], Grammaire espagnole, Paris, E. Belin. BURIDANT, C., 2000, Grammaire nouvelle de l’ancien français, Paris, SEDES. DAMOURETTE, J. & PICHON, É. [1968], Des mots à la pensée. Essai de grammaire de la langue française 1911- 1927, Tome Premier, Paris, Éditions d'Artrey. DE CARVALHO, P. & ESCRIVA, J.-P, 2005, « De la grammaire du nombre: la Française consolatrice et le silence des Anglaises », L'amitié, ce pur fleuve… Textes offerts en hommage à Bernard Cocula, Bordeaux, L’Esprit du Temps. DE CARVALHO, P., 1970, Recherches sur la catégorie du nombre en latin. Le prétendu « pluriel poétique », Thèse de 3e cycle, Bordeaux, Faculté des Lettres. — 1993a, « Sur la grammaire du genre en latin », EVPHROSYNE. Revista de Filologia Clássica, Lisboa, Instituto Nacional de Investigação Científica, 21, 69-104. — , 1998, « Subjonctif et morphogenèse en morphosyntaxe comparée », in N. QUAYLE, éd., Le subjonctif, Modèles linguistiques, XIX, 1, 39-62. — 2000 : « La déclinaison bicasuelle de l’ancien français : conservation ... ou innovation ? », Actes du XXIIe Congrès international de Linguistique et Philologie romanes (Bruxelles, 23-29 juillet 1998), vol. VI, De la grammaire des formes à la grammaire du sens, Tübingen, Max Niemeyer, 119-128. — , 2004, à paraître, « Nombre et déclinaison en ancien français », communication présentée au 24e Congrès International de Linguistique et Philologie Romanes, Aberystwyth, août 2004. —, 2005a, à paraître, « Signifiance du nombre en français et faits connexes », Cahiers de linguistique analogique, 30. — , 2005b, à paraître, « Parties du discours et personne », communication faite à la Société de Linguistique de Paris, le 18 juin 2005. DESBORDES, Y.,1990, Petite grammaire du breton moderne, 2e édition, Mouladourioù, Hor Yezh. DONABÉDIAN, A., 1993, « La valeur du pluriel en arménien moderne », Faits de langues, n° 2, Le nombre, P.U.F., 179-180. FAVEREAU, F., 1997, Grammaire du breton contemporain, Skol Vreizh. FURUKAWA, N., 1977, Le nombre grammatical en français contemporain, Tokyo, Librairie-Éditions France Tosho. GLFC, 1964, Grammaire Larousse du Français contemporain. GREVISSE, M., 1993, Le bon usage. Grammaire française, 13e édition par A. GOOSSE, Paris—Louvain-la-Neuve, De Boeck-Duculot. GUILLAUME, G., 1964, Langage et science du langage, Paris-Québe, Nizet—Presses de l'Université Laval. — , 1973 [= 1952], Principes de linguistique théorique, Québec-Paris, Presses de l'Université Laval—Klincksieck. — , Leçons de linguistique 4, 1949-1950, série A, Structure sémiologique et structure psychique de la langue française II, Presses de l'Université Laval, et Paris, Klincksieck, 1974. — , Leçons de linguistique 6, 1945-1946 C, Grammaire particulière du français et grammaire générale I, 1985. GÜNDÜZ, M.-P., 2000, « L’opposition singulier / pluriel en turc », BSLP 95, 1, 321-34 — , Leçons de linguistique 8, 1947-1948, Grammaire particulière du français et grammaire générale (III), 1988. — , Leçons de linguistique, 14, 1946-1947 et 1947-1948, série A, Esquisse d'une grammaire descriptive de la langue française (V) et (VI), 1997.
  • 26. 13 HINGANT, J., 1868, Éléments de grammaire bretonne, document électronique, numérisation par la BNF de l'édition A. Le Flem, Tréguier. MOIGNET, G., 1965, « Le nombre en français », Études linguistiques ; problème du nombre, Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 43, VI, 463-478. —, 1981, Systématique de la langue française, Paris, Klincksieck. PERROT, J., 1993, « Quelques faits concernant le nombre dans les langues ouraliennes », in Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, Nouvelle série, tome XII, La pluralité, Peeters. ROCHETTI, A., 1968, « Les pluriels doubles de l'italien: une interférence de la sémantique et de la morphologie du nom », Les Langues modernes, 62, 3, 63-71. TOUSSAINT, M., 2003, « Analogiques », Cahiers de linguistique analogique, Dijon, 1, 331-350 (2004 disponible en ligne). TRÉPOS, P., 1982, Le pluriel breton, 2e édition, Brest, Brude nevez, Engleo Breiz. WIERZBICKA, A., The Semantics of Grammar, Amsterdam, John Benjamin's Publishing Company.