Le Hays Journal est un magazine biannuel qui regroupe les sujets d’actualité et les tendances du monde des ressources humaines.
Il est pour nous un moyen de partager nos points de vue sur un grand nombre de secteurs et de pays.
Comme les exigences qui pèsent sur les entreprises évoluent, il doit en être de même pour le profil de votre candidat idéal.
2. CONNAISSANCES vs COMPETENCES
PRIVILEGIER L’APTITUDE A APPRENDRE
Comme les exigences qui pèsent sur les entreprises
évoluent, il doit en être de même pour le profil de votre
candidat idéal. L’aptitude à l’apprentissage sera-t-elle le
prochain champ de bataille de la guerre incessante que
se livrent les entreprises pour débusquer les talents les
plus prometteurs ?
LE MONDE change à grande vitesse. La
mondialisation, la transition vers une économie
du savoir et le rythme effréné des changements
technologiques figurent parmi les facteurs qui
participent au changement radical de la manière
dont fonctionnent les entreprises. De ce fait, la
capacité d’un employé à apprendre et à répondre
aux exigences en constante évolution de son
employeur et du marché devient très précieuse.
En soi, on pourrait soutenir que l’embauche basée
sur des critères d’« aptitude à l’apprentissage »,
à savoir la capacité à acquérir de nouvelles
compétences, revêt une plus grande importance
pour les entreprises que l’embauche sur la base
d’expertises et d’expériences déjà existantes.
Dans cette optique, une approche traditionnelle
et rigide basée sur les compétences de
l’évaluation et du recrutement est dépassée.
Et pour ce qui est des candidats, le cursus de
formation et les expériences professionnelles
resteront des facteurs pertinents, mais ils ne
seront plus, de loin, les seuls facteurs que les
employeurs utiliseront pour mesurer l’adéquation
d’un candidat à un poste.
« L’ensemble des compétences aujourd’hui
nécessaires à la réalisation des tâches devient
de plus en plus obsolète », déclare Sebastian
Reiche, professeur agrégé à l’IESE Business
School (Université de Navarre), en Espagne. « Les
entreprises ont besoin de trouver des candidats
qui aient la capacité, ainsi que la volonté, de
développer et d’actualiser continuellement leurs
compétences. »
« Les tests d’aptitude à l’entrée sont une étape
importante pour garantir la souplesse dont devra
faire preuve une entreprise dans la gestion des
changements », ajoute M. Reiche.
Les tests d’aptitude sont bien sûr utilisés depuis
longtemps dans les Ressources Humaines et
pour le recrutement, mais bien que ces tests
aient un rôle à jouer dans nombre des process de
recrutement existants, les recruteurs vont devoir
adapter leur utilisation en ciblant une aptitude à
l’apprentissage.
Extrait du Hays Journal N°6 - Octobre 2013
Les tests d’aptitudes professionnelles évaluent
généralement la propension des candidats à
s’adapter aux fonctions et aux compétences
exigées existantes, mais pas à celles qui seront
nécessaires à l’avenir. Ils qualifient l’aptitude
comme étant le fait de convenir à une ou plusieurs
de ces fonctions à travers un éventail de tests,
parmi lesquels les capacités de raisonnement
verbal, abstrait et numérique, la précision ainsi que
le raisonnement logique non verbal.
Cette approche s’est révélée payante pour de
nombreuses organisations. Violetta Abramova,
Directrice adjointe des Ressources Humaines de
la société de sécurité Kaspersky Lab, explique :
« Des postes vacants différents nécessitent des
aptitudes différentes : l’attention aux détails
peut être obligatoire pour un poste, tandis que
la capacité à réagir rapidement aux demandes et
à prendre des décisions rapides sera primordiale
pour un autre. Le fait de poser des questions
spécifiques pendant un recrutement peut nous
aider à évaluer ces compétences. »
SUIVRE LE RYTHME DE L’EVOLUTION
Rares sont les secteurs qui évoluent aussi
rapidement que la Sécurité des Systèmes
d’Information (SSI), où les entreprises doivent
non seulement affronter l’évolution des
technologies, mais aussi lutter contre le nombre
sans cesse grandissant de menaces. Selon Mme
Abramova, la société Kaspersky est confrontée
à une compétition rude pour les talents, et les
candidats sont rarement arrachés aux concurrents.
La société a donc dû revoir son processus de
recrutement des candidats et mettre la priorité sur
les compétences plutôt que sur l’expérience.
« Actuellement, nos concurrents pour les
candidats sont les sociétés d’édition de logiciels
» explique-t-elle. Une expérience dans le
développement de logiciels est bien plus précieuse
qu’une vaste expérience à un poste informatique.
« C’est un type de travail, voire un type de
comportement, similaire, du fait que vous avez un
rôle créatif, et pas seulement d’assistance. »
Depuis 2012, Kaspersky constate un manque
d’experts en logiciels sur le marché, et l’entreprise
y a fait face en ciblant les Développeurs juniors,
les Ingénieurs logiciels et les Chercheurs
créatifs, jeunes et ambitieux par le biais de ses
programmes universitaires. Elle a également incité
ses recruteurs à faire déboucher les stages et le
tutorat des candidats ayant fait leurs preuves sur
des postes à temps plein. L’approche se concentre
particulièrement sur les recrues les plus jeunes
de Kaspersky. Mme Abramova ajoute : « Nous
embauchons des stagiaires sur la base de leur
attitude et de leur potentiel. Ils développeront
ensuite leurs compétences. »
Kaspersky n’est pas la seule société à s’intéresser
de près à la capacité et au désir d’apprendre
des candidats potentiels. « Vous devez associer
l’aptitude et la motivation afin de prédire si une
personne a ou non le potentiel pour se développer
», déclare Scott Erker, premier Vice-Président de la
société mondiale de gestion des talents Selection
Solutions DDI.
« Ils doivent avoir le courage d’appliquer ce qu’ils
ont appris, même s’il s’agit d’une situation risquée
qu’ils n’ont jamais rencontrée auparavant. Cette
aptitude est aussi importante que l’apprentissage
en lui-même. »
Tout processus d’évaluation cherchera à découvrir
de quelle manière une personne s’est comportée
et quels sont les objectifs qu’elle a atteint dans le
passé, car ces données sont les indicateurs les plus
significatifs de ses résultats potentiels à l’avenir.
Mais dans un monde d’affaires où de nouvelles
fonctions et exigences en matière de compétences
émergent régulièrement, les expériences passées
ne peuvent garantir le succès futur. M. Erker
constate : « La vie n’est pas un questionnaire à
choix multiples. Elle vous demande d’interpréter
des informations complexes, de les rendre
intelligibles et de trouver votre propre réponse. »
3. EVOLUTION DES APPROCHES DE L’APTITUDE
Les tests d’aptitude et les questionnaires de
personnalité actuels évoluent car les sociétés
recherchent des données plus précises. Les
entreprises ont de plus en plus souvent recours
à l’embauche de Psychologues professionnels
pour les aider à développer leurs capacités à
tester l’aptitude, et M. Erker a constaté que
certaines sociétés américaines employaient déjà
plusieurs Psychologues professionnels pour les
aider à acquérir de nouveaux talents, à gérer les
performances et à planifier la relève.
PREDIRE L’AVENIR
Bien entendu, l’embauche basée sur les aptitudes
d’apprentissage n’est pas la panacée pour relever
le défi en termes de compétences auquel les
sociétés du monde entier doivent faire face.
Les tests de mise en situation, bien qu’utiles
pour évaluer les réactions des candidats à des
scénarios non familiers, se présentent presque
toujours sous la forme de questionnaires à choix
multiples et demeurent ancrés dans les situations
et les fonctions de l’entreprise d’aujourd’hui,
et non de demain.
« De la même manière qu’ils pourraient investir
dans des spécialistes en maçonnerie pour édifier
les murs de l’entreprise, ils investissent dans des
spécialistes de l’humain », déclare-t-il.
Et même si une nouvelle génération de tests
d’aptitude permet d’identifier de manière claire
et fiable l’aptitude à l’apprentissage, recruter
dans ce sens demande un engagement dans
l’apprentissage et le développement géré de
manière efficace, et offrant des opportunités
systématiques d’évolution aux employés. C’est une
exigence à laquelle il est difficile de répondre dans
des entreprises unidimensionnelles, et qui pose
le défi de l’usure, car les employés embauchés
pour leur désir d’évoluer et de s’adapter attendent
continuellement de nouvelles opportunités
d’évolution et finissent par attirer de plus en plus
la convoitise des concurrents.
Par conséquent, le recours à un type d’évaluation
relativement récent, les tests « de mise en
situation » qui mesurent l’aptitude à travers des
simulations liées au travail, est aussi de plus
en plus courant. Cette approche concrète est
privilégiée par Sakechai Choomuenwai, Directeur
des systèmes d’informations chez GE Global
Operations. Il met en exergue le fait que la
capacité à regarder au-delà des situations prend
davantage d’importance car les ensembles de
compétences dont la société a besoin ne cessent
d’évoluer. « Commencer par identifier le problème,
puis voir comment l’aborder », affirme-t-il. «
C’est comme cela que j’essaie de déterminer
leur aptitude, en regardant de quelle manière ils
parviennent à se débrouiller tout seuls. »
Il est essentiel d’ancrer ces tests dans le monde
réel pour une entreprise mondiale telle que GE,
au sein de laquelle les candidats sont facilement
susceptibles de se retrouver dans des postes à
l’étranger, dans des environnements non familiers
et avec de nouvelles technologies.
D’après Sakechai Choomuenwai, un candidat
idéal combine une compatibilité culturelle avec
l’organisation, un désir d’apprendre et la capacité
à le faire. « Nous examinons leur curriculum vitae,
leur niveau de flexibilité et leurs attentes en
termes de carrière », ajoute-il.
« Une personne peut souhaiter nous rejoindre
pour acquérir une expérience multinationale et
avoir une volonté d’apprendre et d’expérimenter
quelque chose de nouveau. »
Extrait du Hays Journal N°6 - Octobre 2013
Par conséquent, les stratégies de recrutement
ciblant les aptitudes d’apprentissage devront
évoluer progressivement pour la plupart des
sociétés et commenceront probablement avec
des fonctions existantes. M. Reiche déclare :
« Pour les entreprises, la clé consiste à déterminer
les profils de poste qui requièrent des employés
ayant des niveaux d’aptitude plus élevés et
à se concentrer sur l’embauche basée sur
l’aptitude pour cette cohorte. »
À mesure que les sociétés s’adaptent aux
exigences changeantes du marché, les services
de l’entreprise qui nécessiteront davantage
l’acquisition de nouvelles compétences et ceux
qui resteront constants apparaîtront de plus en
plus clairement. Tout au long de ce processus
fascinant, les Ressources Humaines seront là pour
guider la stratégie de recrutement.
POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS
veuillez contacter : haysjournal@hays.com
CASE STUDY
APPRENDRE A VOLER
L’INDUSTRIE DU VOYAGE a connu
une vaste croissance et de nombreux
changements au cours de la dernière
décennie. Avec l’ère d’internet, le secteur
est devenu plus concurrentiel et ses marges
plus étroites qu’on aurait pu l’imaginer
20 ans auparavant.
« La différence de notre société doit résider
dans notre personnel », explique Will
Leonelli, le Directeur de Peopleworks pour
Flight Centre, une agence de voyages sur
High Street et un site en ligne.
Flight Centre impose à ses candidats à
des postes commerciaux de répondre au
minimum à deux critères clés sur trois :
avoir voyagé dans deux continents ou plus
en dehors de l’Europe, être titulaire d’un
diplôme universitaire et avoir une expérience
commerciale.
La majorité d’entre eux a déjà fait des
voyages, déclare Will Leonelli, et ils sont
plus de 70% à avoir un diplôme universitaire,
mais les compétences commerciales sont
plus difficiles à mesurer.
Même si les candidats justifient d’une
expérience dans la vente, rien ne garantit
qu’ils aient les compétences dont Flight
Centre a besoin. C’est là où l’aptitude à
l’apprentissage entre en jeu, c’est-à-dire
dans la capacité des candidats à acquérir
l’art de la vente. « Nous recrutons sur la base
d’un potentiel commercial », affirme Will
Leonelli, « nous avons donc mis en place une
série d’éléments permettant de tester ce
potentiel au cours du processus de
recrutement. »