2. Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel,
vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour,
Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une
enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt
inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus
tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable
dissection du couple.
3. Née en 1978, Justine Triet fait ses études
aux Beaux-arts et réalise son premier court
métrage en 2006 : Sur place, qui revient sur
les scènes de violences survenues à Paris
en mars de la même année. Elle poursuit
dans la voie documentaire avec Solférino
(sur l’entre-deux tours de la présidentielle
de 2007) et Des ombres dans la maison,
centré sur un jeune de l’assistance, sa mère
et la pasteur évangéliste qui va s’occuper
d’eux.
La reconnaissance commence avec Vilaine
fille, mauvais garçon, un court métrage de
fiction racontant la nuit particulière vécue
par un jeune peintre et une comédienne
qui obtient le prix du Meilleur film
européen à la Berlinale et le Grand prix du
Festival Premiers plans d’Angers en 2012.
L’année suivante, elle se lance dans le
format long avec La Bataille de Solférino,
basé sur Solférino et retenu à l’ACID du
Festival de Cannes 2013.
4. Elle revient sur la Croisette en 2016
avec Victoria, sélectionné à la
Semaine de la critique, comédie
loufoque sur une avocate (Virginie
Efira) totalement dépassée par sa vie
professionnelle et privée. Triet
retrouve l’actrice deux ans plus tard
pour Sibyl, un drame sur une
psychanalyste fascinée par une de ses
patientes, une actrice en détresse,
qu'elle va suivre sur le tournage
chaotique de son dernier film.
Si ce film repart bredouille du Festival
de Cannes, où il était présenté en
compétition officielle, ce n'est pas le
cas d'Anatomie d'une chute en 2023.
Ce film de procès, qui dissèque la vie
d'un couple d'artistes et les rapports
de force qui s'y jouent, repart avec la
Palme d'Or. Justine Triet devient alors
la troisième femme à obtenir cette
prestigieuse distinction.
5.
6. Sandra Hüller Swann Arlaud Milo Machado-Graner
Antoine
Reinartz
Samuel Theis Arthur Harari Sophie Fillières Camille Rutherford Jehnnie Beth
7.
8. Née (Allemagne 1978)de parents
éducateurs, Sandra Hüller grandit
dans la ville de Suhl, alors située en
RDA. Passionnée de théâtre, elle se
dirige vers un cursus d'art
dramatique à Berlin. Puis, elle
intègre différentes troupes théâtrales
en Allemagne et en Suisse. Jouant
dans de nombreuses pièces, elle
passe aussi des castings pour le
cinéma.
Sandra trouve son premier rôle sur
grand écran en 2006 dans le drame
Requiem. Elle y incarne le
personnage principal, une jeune
femme de 21 ans atteinte d'épilepsie
qui reprend ses études. Le film
connaît un succès critique important
et l'Allemande est auréolée de
plusieurs prix, comme l'Ours d'argent
de la meilleure actrice.
Sandra Hüller apparaît ensuite dans
plusieurs films, comme Madonnen,
Anonyma - une femme à Berlin,
Brownian Movement, L'Amour et rien
d'autre, Pinocchio, Finsterworld,
Lena (Lose Myself) et Amour Fou
9. En 2016, elle joue la fille de
l'encombrant Toni Erdmann dans une
comédie dramatique qui décroche le
Prix de la Critique à Cannes.
En 2019, Sandra est choisie par la
Française Justine Triet pour
interpréter Mikaela "Mika" Sanders,
la réalisatrice, dans le drame Sibyl.
Pour l'occasion, elle donne la
réplique aux deux actrices très
demandées : Virginie Efira et Adèle
Exarchopoulos. Puis, on la retrouve
dans Proxima, Exil, L'Étau de Munich
et Anatomie d'une chute.
Dans ce dernier, l'actrice refait équipe
avec Justine Triet et campe une mère
accusée d'avoir tué son mari. La
réalisatrice confie : "J’ai écrit pour
elle, elle le savait, c’est une des choses
qui m’ont stimulée dès le départ.
Cette femme libre qui est finalement
jugée aussi pour la façon qu’elle a de
vivre sa sexualité, son travail, sa
maternité."
10. Swann Arlaud (France 1981) débute sa carrière
très tôt en enchainant les tournages de
publicités et en obtenant des petits rôles à la
télévision et au cinéma durant les années
1990. Il interprète notamment le jeune Lucien
dans La Révolte des enfants. En parallèle, il
étudie les Arts Décoratifs de Strasbourg
durant quatre ans et en sort diplômé.
C’est dans les années 2000 que son air juvénile
lui fait accéder à des rôles d’adolescent un peu
fragile et rebelle comme dans Le Temps des
porte-plumes où il joue aux côtés d’un autre
acteur à l’air enfantin, Lorànt Deutsch. Il fait
également une apparition dans Les Aristos,
puis tourne dans plusieurs séries à succès
comme P.J., Engrenages et Les Bleus.
Le temps passant, Swann Arlaud monte en
jouant des petits rôles aux côtés des plus
grands : Sandrine Bonnaire, Marina Foïs, Julie
Depardieu, Charlotte Rampling, Marion
Cotillard, Guillaume Canet et Michel Piccoli
pour ne citer qu’eux. En 2010, le comédien
intègre le casting de La Rafle qui évoque
l’année 1942 en France. Il tient enfin un rôle
principal dans Extase avec Astrid Berges-
Frisbey comme dans Ne nous soumets pas à la
tentation.
11. Il donne ensuite la réplique à Emmanuelle
Seigner et Gérard Depardieu en 2012 dans
L’Homme qui rit. C’est seulement un an après
qu’il obtient de nouveau un premier rôle en
incarnant Martin, un jeune homme qui part à
la dérive dans le drame Crawl. La même année,
il prête ses traits à un baron du XVIème siècle
aux côtés de l’acteur international Mads
Mikkelsen dans Michael Kohlhass.
En 2014, Swann Arlaud joue face à Gérard
Lanvin, Jean-Pierre Darroussin et Claudia
Tagbo dans la comédie Bon rétablissement !.
Solide second rôle dans Les Anarchistes, Ni le
ciel ni la terre et The End, la carrière du
comédien prend un tournant important
lorsqu'il décroche le rôle principal de Petit
Paysan. Ce brillant mélange entre le thriller et
le drame rural obtient trois César en 2018 :
meilleur premier film, meilleur acteur et
meilleure actrice dans un second rôle (Sara
Giraudeau).
Ses rôles gagnent alors en importance, comme
en témoignent ses prestations dans la comédie
policière Un beau voyou, le thriller Exfiltrés et
la comédie Perdrix. Swann Arlaud livre
également une prestation bouleversante en
victime de pédophilie dans le drame de
François Ozon Grâce à Dieu.
12. Antoine Reinartz, né en 1985 à Essey-
lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), est
un acteur français.
En 2018, il a reçu le César du meilleur
acteur dans un second rôle pour son
interprétation dans le film 120
Battements par minute.
Il quitte le domicile familial à 15 ans
pour intégrer le conservatoire de
Nancy. Il poursuit pendant 5 ans des
études en management de la
solidarité, à Nice, New York et Nagoya
et travaille pour la réinsertion des
personnes détenues . Parallèlement,
il suit une formation de comédien au
Conservatoire national supérieur
d'art dramatique de Paris, dans la
même promotion que Zita Hanrot1.
Diplômé en 2014, il enchaine les rôles
au théâtre en Italie, en Suède puis en
France, où il interprète le tueur
ultranationaliste Anders Breivik, seul
sur scène face à Romane Bohringer
13. En 2017 il incarne au cinéma Thibault,
président de l'association Act Up,
dans le film 120 Battements par
minute de Robin Campillo. Le film
est récompensé par le Grand Prix du
Festival de Cannes et Antoine
Reinartz obtient le césar du meilleur
acteur dans un second rôle.
Deux ans plus tard, en 2019, il est à
l'affiche de six films. La Vie scolaire
est un succès populaire. Deux le
mènent de nouveau à Cannes : Alice
et le maire à La Quinzaine des
Réalisateurs, et Roubaix, une lumière
en Compétition officielle, dans
lequel il joue un jeune lieutenant
fraichement débarqué à Roubaix.
On l'a vu en 2021 au cinéma (Samuel
Theis, Laurent Cantet), sur scène
dans La Ménagerie de verre de
Tennessee Williams, mise en scène
par Ivo van Hove, aux côtés d'Isabelle
Huppert à l'Odéon (reprise en 2022),
et à la télévision, dans la série de
Valérie Donzelli, Nona et ses filles.
14. Sophie Fillières, née le 20 novembre
1964 à Paris et morte le 31 juillet
2023 dans la même ville , est une
réalisatrice et scénariste française.
Sophie Fillières est la fille d'un chef
d'escale à Air France, Alain Fillières,
et de Dominique Kunetz,
professeure de mathématiques,
reconvertie à l'archéologie puis à la
peinture.
Elle est la sœur aînée de l'actrice
Hélène Fillières. Elle a deux enfants,
dont l'actrice Agathe Bonitzer, nés
de son union avec le scénariste et
réalisateur Pascal Bonitzer.
Sophie Fillières est issue de la
première promotion de la Femis et
obtient son diplôme en 1990
(section « Réalisation »).
15. À sa sortie de la Femis, Sophie
Fillières s'oriente vers la comédie , «
le meilleur moyen d’évacuer la
psychologie des personnages ! La
comédie permet de s’aventurer sur
des terrains dangereux sans avoir à
s’en justifier. »
Outre ses propres réalisations, elle
travaille, comme scénariste, avec
Xavier Beauvois, Benoît Jacquot ou
encore Noémie Lvovsky. Elle figure
également au casting d’Anatomie
d'une chute, de Justine Triet, Palme
d’or à Cannes en 2023.
Sophie Fillières meurt le 31 juillet
2023 à l'âge de 58 ans, des suites
d'une longue maladie. Ses obsèques
se tiennent dans l'après-midi du 11
août au crématorium du cimetière
du Père-Lachaise, où elle est
incinérée.
16. Samuel Theis, né le 12 novembre 1978 à Creutzwald,
est un acteur et réalisateur1 français2.
Samuel Theis grandit à Forbach, ville Lorraine
frontalière avec l'Allemagne, avant de se tourner
vers le théâtre. Il entre à l'École nationale
supérieure des arts et techniques du théâtre en
2003 où il travaille notamment avec Christian
Schiaretti (pour une adaptation du Coriolan de
Shakespeare au TNP Villeurbanne en 2006), et
Christophe Perton.
En 2008, Samuel Theis écrit et collabore à la mise
en scène de Forbach, avec Marie Amachoukeli et
Claire Burger. Le film est à la frontière entre
documentaire et fiction, il s'inspire de l'histoire de
la famille Theis dont les membres jouent leurs
propres rôles . Le film obtient le grand prix
national au festival de Clermont-Ferrand 2009,
ainsi que le 2e prix au festival de Cannes 2008.
Samuel Theis joue le critique Paulin dans Musée
haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes. Il est La
Valette dans La Princesse de Montpensier un film
de Bertrand Tavernier, avec Mélanie Thierry et
Gaspard Ulliel dans les rôles principaux.
17. Dans la série Un village français de Frédéric
Krivine et Philippe Triboit, Samuel Theis
interprète le rôle de Kurt, un officier de la
Wehrmacht.
En 2011, il met en scène au théâtre la pièce Juste
la fin du monde de Jean-Luc Lagarce. Le
spectacle remporte les prix SACD et Théâtre 13
Jeunes metteurs en scènes.
En 2012, il intègre l'atelier scénario de la Fémis à
Paris.
Entre juin et septembre 2013, Samuel Theis
tourne son premier long métrage, Party Girl
dans l'est de la Moselle. Le film est co-réalisé
avec Marie Amachoukeli et Claire Burger.
L'ensemble des acteurs sont des non-
professionnels habitant la Moselle et la Sarre. Le
film s'inspire librement du personnage de sa
mère . Party Girl fait l'ouverture de la sélection
Un certain regard au festival de Cannes 2014. Il y
remporte le prix d'ensemble à Un certain regard
et la Caméra d'or10.
Son deuxième long-métrage, Petite Nature, est
présenté en séance spéciale à la 60e semaine de
la Critique à Cannes en 2021.
18.
19. Tournage
Le tournage a lieu en
mars et avril 2022 en
Savoie dans la Vallée
de la Maurienne, (à
Villarembert, à
Fontcouverte-la-
Toussuire, Saint-
Jean-de-Maurienne
et Saint-Léger), en
Isère (à Montbonnot-
Saint-Martin et
Grenoble) et en
Charente-Maritime
notamment au palais
de justice de Saintes.
20.
21. Critiques
Le film a totalement captivé, ébloui et
bouleversé Ariane Allard
La journaliste ciné pour le magazine Causette est même allé
le voir deux fois tellement elle l'a trouvé incroyable, sinon
vertigineux. Elle confie avoir rarement vu un film dont le
récit et le dispositif prêtaient autant d'attention à un enfant :
"C'est un film riche et complexe dans lequel j'ai vraiment
réussi à trouver autre chose en le revoyant la deuxième fois.
La première fois, j'étais très saisie par l'écriture qui est assez
différente de ses films précédents. C'est une écriture plus
resserrée, qui joue certes sur les ressorts du film de procès,
mais aussi de l'enquête policière. J'ai également été fascinée
par le personnage de Sandra, l'héroïne qui est une femme
complètement atypique qu'on voit très rarement dans les
films aujourd'hui. C'est une femme de tête, libre, ambitieuse
qui ne s'excuse de rien et surtout pas d'être elle-même. On
comprend petit à petit que c'est précisément pour ces
raisons-là qu'elle va être suspectée de la mort de son mari.
L'actrice est extraordinaire d'opacité tout en étant très
souriante, ce qui est un paradoxe génial. Quant à la seconde
fois, là, j'ai vraiment été captivée par la place centrale qui est
jouée par l'enfant, Daniel, qui plus est malvoyant, cela m'a
éblouie et bouleversée"
22. Dans l'ensemble, Michel Ciment trouve que
"c'est un film tout à fait réussi"
Le critique pour la revue Positif est stupéfait par le
magnifique chemin parcouru par Justine Triet, dont il
n'aurait jamais imaginé qu'elle pourrait maîtriser à ce
point un tel récit. S'il pointe du doigt une petite
imperfection, il salut une très grande réussite : "C'est
incontestablement un des meilleurs films de Cannes
2023. J'ai trouvé très fort le mélange entre l'enquête
d'abord et le procès ensuite ; deux éléments qu'elle
maîtrise totalement. S'il y a quelque chose qui me gêne
un petit peu, c'est que ça reste une licence peu éthique.
Quand bien même la scène de ménage figure parmi les
plus grandes scènes de ménage du cinéma (comme
Bergman avait pu en faire), on voit alors qu'il n'y a
aucun témoin. C'est-à-dire que c'est inséré dans le film
alors que, peut-être, l'audace esthétique aurait été
d'avoir seulement la bande son comme élément du
procès… Les jurés ne sont pas montrés dans leur
personnalité et, nous, le spectateur, les remplaçons".
23. Pour Nicolas Schaller, Justine Triet franchit
une ampleur de cinéma hallucinante
Chez L'Obs aussi, Nicolas applaudit un très
grand film qui marie la liberté du cinéma
d'auteur français que représente selon lui
Justine Triet jusqu'ici, avec une forme
d'assurance qui relève d'un classique
hollywoodien tel Otto Preminger : "Il y a
une liberté qui fait que le film est
passionnant et vivant tout le temps. Il nous
renvoie notre propre regard, en particulier,
celui qu'on renvoie à ses enfants en tant que
parent. De plus, elle compose avec tous ses
thèmes de prédilection, la théâtralité de la
justice, l'intimité livrée en place publique,
l'autofiction, le réel. Elle a franchi un cap et
prend une ampleur de cinéma assez
hallucinante."
24. Chez Les Inrocks aussi, on
est allé voir le film deux
fois, et durant les deux
fois, Jean-Marc Lalanne a
eu l'impression qu'il y
avait quelque chose de
non-perfectible dans le
film : "C'est vraiment une
merveille d'écriture
scénaristique. Le film est
constamment réinventé
par la mise en scène qui
réinjecte de la surprise et
de l'énergie dans un
scénario extrêmement
précis et cadenassé. C'est
une succession de coups
de cinéma incroyables
avec en plus une caméra
extrêmement mobile.
C'est vraiment un chef-
d'œuvre".