Un replay à visionner si vous suspectez une résistance des strongles digestifs aux produits antiparasitaires dans un élevage. Comment la détecter ? Comment l’éviter ? Vous aurez les réponses à ces questions.
#Pause travail 8 Dubreuil femmes 9 avril 2024 (1).pdf
Replay Webinaire : InnOvin résistances aux antiparasitaires
1.
2. Jean-Marc Arranz
Trois parasites majeurs
« strongles digestifs »
Teladorsagia circumcincta
Trichostrongylus colubriformis
Haemonchus contortus
Des brebis à l’herbe… c’est inévitablement :
Les trois principales espèces de strongles digestifs
3. Ces trois espèces ont le même cycle biologique
Infestation par
ingestion des
larves au
pâturage Contamination de la
pâture via l’excrétion
d’œufs de parasites
Phase parasitaire
chez le mouton
Oeuf
Larve 3
infestante
Phase libre
sur la pâture
L1
L2
4. Benzimidazoles
Panacur, Oxfenil,
Hapadex, Valbazen…
Lactones macrocycliques
Ivomec, Oramec, Dectomax
Eprinex,
Cydectine…
Salicylanilides & co
Seponver,
Supaverm,
Dovenix
Imidazothiazoles
Lévamisole
AADs
Zolvix
Arsenal
thérapeutique
contre les
strongles digestifs
5. Détecter la résistance à un anthelminthique grâce au test de réduction d’excrétion fécale post-traitement
6. Deux conditions importantes à respecter :
1. Ce test doit être réalisé sur des animaux qui excrètent
suffisamment d’œufs dans leurs matières fécales
(> 200 Œufs par gramme)
2. Les animaux doivent être répartis aléatoirement entre
le(s) groupe(s) traité(s) et le groupe témoin
NB : On peut faire des coprologies de mélange par lot pour diminuer les coûts d’analyse
7. En France,
une situation bien compromise pour les benzimidazoles,
quel que soit le système d’élevage,
avec toutefois quelques (petites) nuances…
8. Pourcentages de réduction de l’excrétion d’œufs à la suite d’un traitement
au fenbendazole (famille des benzimidazoles) : enquêtes dans trois
départements français
-60
-40
-20
0
20
40
60
80
100
PA1 PA2 PA3 PA4 PA5 LIM1 LIM2 LIM3 LIM4 LIM5 LIM6 LIM7 ARD1 ARD2 ARD3 ARD4 ARD5
Pyrénées Atlantiques* Haute Vienne** Ardèche***
Sources : *Geurden et al., 2014; **Richelme et Greil, 2019; ***Jurrus et Cachard, 2021
95 %
Ovins laitiers Ovins allaitants Ovins allaitants
9. En France, la résistance aux lactones macrocycliques
après s’être fait attendre…
a été décrite pour la première fois en France
en 2014 (Paraud et al., 2016)
Elle s’étend actuellement …
… et la menace d’impasse thérapeutique
se précise a minima pour les élevages ovins laitiers
20. Elevage TL (Haute Vienne),
printemps 2020
500 brebis allaitantes
Utilisation régulière de la moxidectine,
y compris de la formulation Longue Action,
pour contrôler les SGI des brebis et des agneaux
Le responsable de l’exploitation constate une
« baisse » de l’efficacité de la moxidectine…
… et en parle à son vétérinaire…
20
22. La situation critique de certains éleveurs de Saône et Loire en 2023
(visioconférence du 26 octobre 2023 organisée par Laurent Solas,
pôle ovin de Charolles)
• Audrey S.
• 1 mois après traitement moxidectine orale, brebis maigres, affaiblies,
anémiées avec des coprologies élevées
• Albendazole, pas d’amélioration…
• Troisième traitement avec une moxidectine injectable, la dégradation de l’état
du troupeau se poursuit (mortalité 25 brebis, 3 béliers)
• Le closantel permet d’enrayer les mortalités
• Julien F.
• Mortalité : 15 brebis et 25 agneaux (signes de la bouteille, anémies, retards
de croissance)
• Ivermectine orale puis injectable : peu d’effets…
• Troupeau sauvé par le lévamisole et rentrée des brebis et agneaux
22
26. Un tsunami
de cas de résistances…
Voire de multirésistances
BZ, EPR et MOX
dans certains élevages
ovins laitiers
= impasse thérapeutique
(plus aucune molécule
disponible pour traiter
une brebis durant les 8
mois de lactation)
27. Comment expliquer l’apparition des résistances dans un
élevage : les deux hypothèses
• Une résistance endogène
• « fabriquée » sur place, par
• l’utilisation non raisonnée d’une famille de molécules AH (traitements
systématiques, répétés, sans rotation de familles dans l’année…)
• Une résistance exogène
• « Importée » de l’extérieur par
• Achats (béliers, agnelles, constitution de troupeaux…)
• Toutes les situations de mélange de troupeaux (estives, mises en
pension…)
• Faune sauvage (chevreuil ?)
30. Les bonnes pratiques de traitement
• Ne traiter que quand il faut (sur coprologies, sur état général des
brebis …)
• Traiter selon le poids de l’animal le plus lourd du lot (sauf lévamisole)
= éviter les sous dosages
• Dates de péremption, date d’utilisation après ouverture, stockage des
anthelminthiques…
• Vérification du matériel (pistolet drogueur)
31. 1. Alterner les molécules (encore efficaces) dans une année
2. Quarantaine
des nouveaux arrivants
et traitement
Molécule A
Molécule C Molécule B
3. Traitements ciblés sélectifs
Ne traiter que les brebis
qui en ont vraiment besoin
(notion de refuge)
Thèse d’université de Sophie Jouffroy
32. Traitement ciblé sélectif
On traite au bon moment
Coprologies de mélange régulières
On ne traite que les brebis
qui en ont vraiment besoin
Principe : Laisser une partie des brebis non traitées
afin de constituer un « refuge » pour les
parasites sensibles
Ainsi, à la génération suivante de parasites,
les parasites sensibles seront toujours présents,
et en grande proportion pour diluer les allèles
de résistance
33. La coproscopie de mélange comme outil de pilotage du parasitisme
gastro-intestinal chez les petits ruminants : savoir quand il faut traiter
• Principe :
• Collecter individuellement des matières fécales sur 10 ou
mieux 15 animaux d’un lot (agnelles, antenaises, brebis) et
envoi au laboratoire (+4°C par envoi express)
• Le mélange est réalisé au laboratoire puis deux analyses
sont faites par la méthode de Mac Master (flottation au
sel)
34. Traitement ciblé sélectif chez la brebis : principes
Variabilité individuelle de l’intensité d’excrétion d’œufs de SGI chez des brebis d’un même troupeau à un instant t
35. Traitement ciblé sélectif chez la brebis : méthode et critères de
sélection
Modulable par les éleveurs
36. Les brebis qu’on a choisi
de traiter, excrètent plus
que les brebis non traitées
Thèse Justine Solas et Lucille Anglade, 2023
41. 1. Utilisation raisonnée de molécules encore efficaces
dans l’élevage
• Dresser un état des lieux, élevage par élevage, de l’étendue de la
résistance aux anthelminthiques
• Nouveaux outils de dépistage ?
• Utiliser de façon raisonnée et parcimonieuse les molécules encore
efficaces, peut-être sous le régime du traitement ciblé sélectif
• Économiser les lactones macrocycliques en ayant recours à des
molécules « anciennes » qui peuvent être encore efficaces
• Lévamisole sur les petites agnelles laitières
42. 1. Alternatives aux traitements chimiques ?
Phytothérapie, aromathérapie …
Que faut-il en penser ?
43. 2. Résistance et résilience des hôtes
• Probablement des différences de résistance au parasitisme gastro-
intestinal entre races…. (races rustiques, plus net en bovins)
• Rôle majeur de l’alimentation (énergie, protéines mais aussi
vitamines et oligoéléments)
• De grandes variabilités individuelles au sein d’un même troupeau
avec une dimension génétique
44. Variabilité de l’intensité d’excrétion d’œufs dans les matières fécales
de 270 brebis laitières d’une même exploitation, prélevées le même jour.
270 brebis rangées de la plus faible à la plus forte excrétrice
45. Sélection génétique de béliers résistants aux strongles
digestifs : approche phénotypique et génomique
Indexation de béliers du centre ovin d’Ordiarp sur leur résistance
aux strongles digestifs : utilisation en élevage et à l’échelle de la race
Manech Tête Rousse Basco-Béarnaise
46. 3. Tarir les sources de contamination =
gestion du pâturage
• A favoriser…
• Des temps de séjour courts, des
temps de repos longs sur une
même parcelle
• Limiter le chargement
• Alterner pacage et fauche pour
une même parcelle
• Fil avant et fil arrière
• Pâturage mixte ovin – bovin,
concomitant ou successif
• A éviter au maximum…
• Surpâturage et pâturage ras
• Parcelles « parking » devant la
maison = bouillons de culture
• Réserver toujours la même
parcelle pour la mise à l’herbe
des jeunes
47. Le pâturage mixte bovin –ovin :
Principes et premiers résultats
(Joly et al., 2022)
48. Dans les systèmes mixtes, les intensités d’excrétion d’œufs chez les agnelles
sont moindres que dans le système ovin seul (Joly et al., 2022)
49. Rentrer les agneaux ou les brebis
à l’intérieur…
… pour les soustraire
temporairement
aux nouvelles infestations
par Haemonchus contortus…
Effets délétères des larves
en développement dans la
muqueuse ?
Une observation personnelle… que vaut-elle ?
50. Etre imaginatif, ne rien s’interdire…
Combiner ces mesures ou une partie d’entre elles…
(à adapter à chaque élevage, chaque situation…)
51. Particules d’oxyde de cuivre
efficaces contre Haemonchus contortus
Essais en France sur nos souches multirésistantes ?
Vaccin Barbervax
contre Haemonchus contortus
ATU ?
Essais en France ?
52. Va-t-on devoir se résoudre à utiliser des « combos »
ou des associations de différentes molécules
pour sauver des troupeaux ?
54. Mieux comprendre la biologie et l’écologie des vers multirésistants
Fitness comparée de populations R et S contemporaines et du même bassin
dans l’espoir (vain ?) de trouver des failles chez les R…
Mieux comprendre les mécanismes de résistance et de multirésistance
De la connaissance des mécanismes à la réversion de la résistance ?
Un besoin de recherches plus fondamentales :
55. Merci de votre attention
Philippe Jacquiet (philippe.jacquiet@envt.fr)
Professeur de parasitologie,
Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse