Les conséquences de l’accident vasculaire cérébral (AVC) sont une atteinte soudaine d’une ou
plusieurs fonctions cérébrales. L’AVC est une cause importante d’invalidité, de morbidité et de
mortalité. La spasticité est un symptôme fréquent chez les personnes ayant subi un AVC. C’est une urgence médicale nécessitant une prise en charge rapide. La question posée dans cette étude est : quels sont les bénéfices de la cure thermale pour les patients en post-AVC, notamment ceux souffrant de spasticité musculaire ? Les auteurs présentent les résultats d’une étude menée au
sein de trois stations thermales, l’objectif étant d’investir le rôle et les missions de l’agent thermal dans le cadre de la prise en charge des personnes post-AVC. Les traitements s’intègrent dans les cures à orientations Rhumatologie et Neurologie pour traiter les patients atteints de séquelles d’AVC. Il est préconisé une prise en charge rapide pour des effets bénéfiques sur la qualité de vie qui perdurent à long terme, ainsi qu’une intégration des curistes dans des ateliers
d’éducation thérapeutique. Il est recommandé de commencer la rééducation dès que possible. C’est tout l’enjeu de la récupération grâce à la cure thermale du patient en post-AVC.
Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
PRISE EN CHARGE DES CURISTES EN POST-AVC /PLACE ET MISSION DE L’AGENT THERMAL
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La Presse thermale et climatique 2023;160:140-160
PRISE EN CHARGE DES CURISTES EN POST-AVC
PLACE ET MISSION DE L’AGENT THERMAL
MARIA PLANCY1, CÉDRIC MOUATS2, LARA NOËMIE DANAN3, JANE-
LAURE DANAN4
Résumé
Les conséquences de l’accident vasculaire cérébral (AVC) sont une atteinte soudaine d’une ou
plusieurs fonctions cérébrales. L’AVC est une cause importante d’invalidité, de morbidité et de
mortalité. La spasticité est un symptôme fréquent chez les personnes ayant subi un AVC. C’est
une urgence médicale nécessitant une prise en charge rapide. La question posée dans cette étude
est : quels sont les bénéfices de la cure thermale pour les patients en post-AVC, notamment ceux
souffrant de spasticité musculaire ? Les auteurs présentent les résultats d’une étude menée au
sein de trois stations thermales, l’objectif étant d’investir le rôle et les missions de l’agent
thermal dans le cadre de la prise en charge des personnes post-AVC. Les traitements s’intègrent
dans les cures à orientations Rhumatologie et Neurologie pour traiter les patients atteints de
séquelles d’AVC. Il est préconisé une prise en charge rapide pour des effets bénéfiques sur la
qualité de vie qui perdurent à long terme, ainsi qu’une intégration des curistes dans des ateliers
d’éducation thérapeutique. Il est recommandé de commencer la rééducation dès que possible.
C’est tout l’enjeu de la récupération grâce à la cure thermale du patient en post-AVC.
Mots Clés : accident vasculaire cérébral, spasticité, cure thermale, agent thermal
Abstract
Spa treatment for post-stroke patients, role and missions of the thermal agent
The consequences of Cerebral Vascular Accident (CVA) are a sudden impairment of one or more
cerebral functions. Stroke is an important cause of disability, morbidity and mortality. Spasticity
is a common symptom of people who have had a stroke. It is a medical emergency requiring
1. Hydrothérapeute, courriel : mplancy@yahoo.com
2. Hydrothérapeute
3. Interne de spécialité DES de Psychiatrie, en cours de DIU Pratiques médicales en station
thermale, Faculté de médecine, 9 avenue de la forêt de Haye F-54500 Vandœuvre-lès-Nancy
4. Docteur en sciences de la vie et de la santé Université de Lorraine, Chercheure associée EA
4432 Université de Lorraine, Directrice de l’Institut européen du thermalisme, Faculté de
médecine, 9 avenue de la forêt de Haye F-54500 Vandœuvre-lès-Nancy
Doi:10.35112/Plancy/sfmth-2023
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Quels sont les bénéfices de la cure thermale post-AVC sur le long terme ? Pour répondre
à cette question, une enquête a été réalisée et envoyée aux centres thermaux concernés
c’est-à-dire les centres dont les orientations thérapeutiques sont Rhumatologie (RH) et
Neurologie (NEU).
La prise en charge des curistes souffrant de spasticité en cure thermale fait partie de l’en-
quête de terrain.
Comment l’agent thermal va-t-il pouvoir prendre en charge au mieux les curistes souf-
frant de cette pathologie et quels sont ses missions ? Sur les bases de l’enquête réalisée,
l’étude des résultats et leur analyse permettront d’envisager ces perspectives.
L’enquête de terrain aborde les bénéfices attendus de la cure thermale pour les curistes
dans les suites de l’AVC.
L’intérêt de ce travail réside aussi dans la formation à l’initiation à la recherche des
agents thermaux. Un meilleur accueil et des améliorations significatives dans la prise en
charge notamment pour les patients souffrant de spasticité sont attendus dès lors que les
agents thermaux sont formés. Dans la perspective d’une évolution dans ces domaines de
recherches, l’agent thermal a pour mission d’affiner son expertise.
Matériel
Très peu de personnes ayant été hospitalisé pour un AVC vont suivre une cure thermale.
Par an environ 6 % de ces personnes vont suivre un parcours de soins thermal [9-10].
Pourtant les chiffres montrent des améliorations significatives chez les personnes ayant
suivi une cure thermale. On note des améliorations de la qualité de vie, de l’amélioration
de la mobilité et de l’autonomie (capacité à effectuer seul les tâches de la vie quotidienne).
Les curistes souffrant de séquelles post-AVC, choisissent fréquemment de renouveler
leur cure. 75 % des curistes post-AVC ont bénéficié de plusieurs cures.
On constate qu’environ la moitié des curistes choisit la cure thermale pour soigner la
spasticité musculaire [17].
Tableau 1 : Effets dominants de la cure thermale
Selon la littérature, l’effet antalgique de la cure est immédiat. Il se prolonge dans le
temps. Les effets bénéfiques sur les douleurs neuropathiques sont durables elles aussi.
Le tableau ci-dessus met en évidence les effets dominants de la cure thermale à un mois
et trois mois après la cure thermale. On constate que les améliorations sont significatives
et que les bénéfices obtenus se maintiennent largement à 3 mois [9-10,17].
Effet dominant
de la Cure
Spasticité Force ++ Équilibre ++ Sommeil ++
À 1 mois 32 14 11 23
À 3 mois 29 14 10 17
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l’AVC, tels que la perte de capacités physiques ou la nécessité d’une aide quotidienne.
Cela peut entraîner des sentiments d’impuissance, de frustration et de colère.
L'AVC peut impacter les cycles de sommeil, entraînant insomnie ou sommeil fragmenté.
Les troubles du sommeil peuvent aggraver d’autres symptômes psychiatriques et affecter
la qualité de vie globale du patient.
Certains patients peuvent développer des problèmes cognitifs, tels que des difficultés de
mémoire, de concentration et de raisonnement.
L'apathie est une autre complication psychiatrique possible, entrainant perte de motiva-
tion et d’intérêt pour les activités quotidiennes, ce qui peut entraver leur participation à
la réadaptation et à la récupération.
Il est important de noter que chaque patient est unique, et les complications psychia-
triques peuvent varier en fonction de la localisation de l’AVC, de la gravité des lésions
cérébrales et des facteurs individuels. Une évaluation et une prise en charge appropriées
par des professionnels de la santé mentale sont essentielles pour aider les patients à faire face
à ces défis et à maximiser leur rétablissement psychologique après un AVC.
Dans ce contexte, le thermalisme se présente comme une approche thérapeutique
prometteuse. Les cures thermales offrent un environnement propice à la détente et à la
réhabilitation, jouant un rôle bénéfique pour les patients après un AVC. Les eaux ther-
males riches en minéraux, administrées sous forme de bains thermaux ou de douches,
peuvent contribuer à la relaxation musculaire et à la réduction des douleurs post-AVC.
En outre, les stations thermales offrent un cadre serein, propice à la diminution du stress
et de l’anxiété, favorisant ainsi une amélioration du bien-être psychologique chez les
patients. En intégrant ces trois aspects, à savoir les soins médicaux spécialisés pour
l’AVC, la prise en charge psychiatrique et les cures thermales, il est possible de créer un
traitement holistique et complémentaire qui maximise les chances de rétablissement
complet des patients après un AVC.
L’efficacité de la cure thermale est d’autant plus grande qu’elle a été réalisée tôt. On
constate généralement une récupération motrice chez les curistes dès le début du séjour.
La station thermale de Lamalou-les-Bains (Hérault) possède un programme spécifique
post-AVC. Les soins d’hydrothérapie, kinésithérapie et de balnéothérapie combinés à un
programme ciblé pour permettre au patient de récupérer physiquement : motricité, mobi-
lité, sensibilité. L’APA (Activité physique adaptée) va permettre au patient de faire de
l’exercice physique régulièrement. Sachant que le risque de récidive se situe entre 30 % et
40 %, tout l’enjeu de la prévention secondaire prend son sens.
L’objectif des séances d’APA est de prévenir et diminuer des risques de chutes, de dimi-
nuer les pathologies secondaires (hypertension artérielle, surpoids, infarctus du
myocarde), d’améliorer la commande motrice, de stimuler l’éveil sensitif et la discrimi-
nation (sensibilité profonde), de diminuer et de soulager les douleurs et rétractions
musculo-tendineuses. En cure thermale les patients sont fréquemment inscrits dans les
ateliers d’éducation thérapeutique qui complètent les prises en charges [5,9,13].
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Quels sont les champs d’action du traitement en cure thermale ?
Pour la spasticité des muscles suite à un AVC, les soins qui sont préconisés sont des soins
en rhumatologie en cure thermale. La cure en rhumatologie et neurologie a pour objectif
de diminuer les douleurs et améliorer la mobilité. Ce sont là les deux champs d’actions
primordiaux pour les soins des patients post-AVC [6-7].
Comment se passe la cure thermale à double orientation thérapeutique ?
Souvent les patients atteints de troubles post-AVC sont orientés en cure avec une double
orientation, Rhumatologie RH et Neurologie NEU [10].
Le curiste reçoit tout au long de la cure 4 soins par jour pendant 18 jours consécutifs en
rhumatologie. Les soins effectués par les agents thermaux sont de nature très différente,
qu’ils soient collectifs (piscine, bain de boue général, vaporarium) ou individuels
(baignoires, étuves), ces soins pouvant être accompagnés de massages effectués par un
kinésithérapeute. L’eau thermale est utilisée directement dans les bains (eau thermale et/
ou boue) qui imprègne totalement le corps, décontracture les articulations douloureuses
et les muscles périphériques (ceux qui soutiennent les articulations défaillantes).
Pendant le séjour thermal l’accompagnement du curiste est optimal. Gymnastique
adaptée en piscine thermale, sophrologie, ergothérapie ou rééducation orthopédique
alternent parfois avec les soins en crénothérapie.
Les soins en rhumatologie sont classés en soins sédatifs (bains, boue, vapeurs), soins
stimulants (douche, massage, mobilisation) et soins rééducatifs.
On peut aussi les classer en soins à base d’eau (piscine, bains, douches), soins avec
produits thermaux (boue, gaz, vapeur), et soins avec intervenant (massages, rééducation,
mobilisation en piscine, …).
Les principales indications sont les arthroses vertébrales douloureuses, les arthroses des
membres, les tendinopathies, les séquelles de traumatismes et algodystrophies, la fibro-
myalgie et autres états douloureux chroniques, les rhumatismes inflammatoires chro-
niques.
La cure apparaît particulièrement indiquée dans tous les cas où une intolérance digestive
ou cutanée limite les recours aux médicaments usuels.
L’état général du patient déterminera à la vue du médecin thermal les protocoles de soins
à suivre pendant la cure thermale. L’action précoce du traitement se fait sur la douleur et
est généré par l’application de la chaleur à travers la peau. La rééducation en piscine
permet de mobiliser les articulations. L’effet durable est obtenu par le passage à travers
la peau des composants actifs de l’eau thermale. La cure en rhumatologie a une action
sur la douleur et la mobilité [12,14].
Propriétés des eaux thermales utilisées en rhumatologie et en
neurologie
Les eaux sulfatées peuvent être utilisées en orientation Neurologie, Rhumatologie,
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en cure thermale, la rhumatologie étant la plus ancienne.
Les AVC engendrent une perte soudaine d’une ou plusieurs fonctions du cerveau. Ils sont
provoqués par un arrêt de la circulation sanguine intra-cérébrale. Les signes avant-
coureurs sont une faiblesse d’un côté du corps, un fourmillement ou un engourdissement
au niveau du visage, dans les bras ou dans les jambes, une difficulté à parler ou à
comprendre ce que disent les autres personnes [12].
La spasticité est la rigidité musculaire provoquée par l’intensification du tonus
musculaire dû aux séquelles neurologiques inhérentes à l’AVC.
L’exagération des réflexes tendineux, les spasmes musculaires, la démarche anormale et
l’incapacité de plier les membres font partie de la pathologie spastique.
L’AVC est une urgence médicale à ne pas négliger, car la personne concernée par
l’accident vasculaire cérébral risque des séquelles graves si elle n’est pas prise en charge
rapidement. Il est nécessaire de faire appel au service d’urgence : le Samu, le 15 ou le
numéro d’urgence européen (112) pour une prise en charge immédiate [16].
Il existe deux types d’AVC, l’AVC Ischémique et l’AVC Hémorragique.
L’AVC Ischémique est dû à la présence d’un caillot dans le sang qui va bloquer une
artère dans le cerveau.
L'AVC Hémorragique est dû à la rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau.
Les symptômes d’un AVC peuvent être une faiblesse d’un côté du corps qui va se
traduire par des traits figés et un affaissement d’un côté du visage. Un membre pend le
long du corps et reste figé. La personne a des difficultés à s’exprimer.
L’intérêt de traiter ce sujet pour une étude sur le thermalisme réside dans le fait que
l’AVC est une des principales causes de handicap et est une cause importante de
mortalité, la spasticité étant un des symptômes fréquents post-AVC. Dans le traitement
des AVC et pour la cure post-AVC, les orientations rhumatologie et neurologie sont
préconisées. C’est une cure à double orientation : cure NEU (Neurologie) et RH
(Rhumatologie). La double orientation permet de traiter deux grandes familles de
pathologies.
Une eau thermale est une eau minérale naturelle qui possède des propriétés
thérapeutiques reconnues par l’Académie nationale de médecine. Ces eaux doivent leurs
bienfaits au fait qu’elles sont fortement minéralisées. D’origine souterraine, les eaux
minérales naturelles se distinguent des autres eaux par leur pureté et leur composition
physique stable. La classification scientifique des eaux minérales naturelles tient compte
de 3 paramètres : origine géologique, température d’émergence, teneur en minéraux et
oligo- éléments.
Les eaux chlorurées ou salines possèdent des propriétés proches de l’eau de mer.
Chargées en chlorure de sodium, elles stimulent la croissance et sont indiquées dans le
traitement des troubles du développement chez l’enfant. Elles sont également utilisées
en rhumatologie et en neurologie. Les stations thermales aux eaux chlorurées se situent
principalement dans le Jura et les Pyrénées.
Les eaux sulfatées peuvent être utilisées en neurologie. On les trouve dans le nord des
Pyrénées, dans les Alpes et les Vosges [18].
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La prise en charge en cure thermale post-AVC d’un patient
souffrant de spasticité
La spasticité est un symptôme fréquent chez les personnes ayant subi un AVC. Plusieurs
groupes musculaires peuvent être atteints. Elle se caractérise par des raideurs, des
contractures musculaires et une incapacité partielle ou totale à mobiliser certains
membres. Elle peut provoquer raideurs, douleurs et contractures musculaires [11,19].
La spasticité est invalidante pour les personnes concernées car il en découle des diffi-
cultés à réaliser certaines tâches de la vie quotidienne (marcher, se laver, s’habiller...),
mais aussi des difficultés à manger ou à communiquer.
La prise en charge au quotidien est faite par des professionnels de santé. Une réadapta-
tion physique est réalisée. Le traitement médicamenteux va surtout cibler la relaxation
musculaire, le but étant de réduire les contractions musculaires. La rééducation est aussi
faite par des séances de kinésithérapie. L’APA (activité physique adaptée) fait aussi
partie du traitement de l’AVC et des troubles spastiques.
Ces séances ont pour objectif de prévenir et diminuer les risques de chutes, diminuer les
pathologies secondaires (hypertension artérielle, surpoids, infarctus du myocarde),
améliorer la commande motrice, stimuler l’éveil sensitif, diminuer et soulager les
douleurs et les rétractions musculo-tendineuses. La qualité de vie des personnes post-
AVC peut être affectée.
C’est l’agent thermal qui va dispenser les soins pendant la cure thermale à l’exception
de la prise en charge kinésithérapique. C’est l’état général du patient qui va déterminer
au regard du médecin thermal les soins à prescrire. Le médecin thermal va mettre en
place un plan d’action thérapeutique adapté. Le curiste recevra 72 soins sur une durée de
3 semaines (à raison de 4 soins par jour).
Dans cette pathologie les séances de prise en charge kinésithérapique sont importantes
et nécessaires pour l’amélioration de la motricité, la récupération de certaines fonctions
endommagées et le ralentissement de l’installation des symptômes. Les séances d’hydro-
thérapie permettent aussi d’améliorer l’état musculaire du curiste et de regagner en
motricité.
Dans le cas où le curiste souffre de spasticité, il faut travailler sur des soins qui permet-
tent une meilleure mobilité musculaire, d’atténuer les troubles sensitifs, d’améliorer la
sensibilité, d’améliorer la motricité, de soulager les douleurs articulaires et musculaires
[17,21,20].
La cure thermale permet aux patients de récupérer plus vite après un AVC, de récupérer
une meilleure autonomie au quotidien, mais également de profiter d’un soutien psycho-
logique adapté, encadré par des professionnels spécialement formés [6,23].
La cure thermale “neurologie” est un complément naturel reposant sur la prise en charge
totale du patient et de la pathologie. Elle permet grâce aux vertus des eaux utilisées de
ralentir l’installation des symptômes (troubles de la motricité, troubles de la communi-
cation, troubles de la perception spatiale, troubles cognitifs, troubles émotionnels, trou-
bles de la déglutition), de récupérer plus rapidement certaines fonctions endommagées,
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attendus de l’éthique de la recherche. Pour mesurer l’effet de la cure thermale chez les
personnes hémiplégiques et tenter de quantifier leur progression, nous avons défini 5
profils de réactions musculaires (Tableau 3).
Les questionnaires ont été envoyés de manière électronique aux professionnels de santé
chargés d’auditionner les patients volontaires. La durée de recueil des données était de
quatre semaines et correspondait au stage de la formation conduisant au certificat de
compétences d’agent thermal, sans que les auteurs ne soient physiquement sur les sites.
Tableau 3 : Profils de réactions musculaires
Le tableau ci-dessus est un outil de mesure de la réaction musculaire à l’effort. Il est
numéroté de 0 à 5.
• 0 étant le niveau où le patient ne présente aucune réaction musculaire
• 5 étant le niveau où le patient n’a aucune contrainte musculaire (force normale).
Cet outil peut permettre d’évaluer le profil des réactions musculaires du patient pendant
la cure au niveau des entraînements kinésithérapiques et d’en mesurer l’évolution.
Résultats et analyse
On remarque qu’environ la moitié des curistes en post-AVC a choisi la cure pour soigner
la spasticité et atténuer les douleurs. Un quart des curistes en post-AVC souffre de
problèmes de chutes et de perte d’équilibre qui sont les conséquences directes de la spas-
ticité. L’autre quart espère regagner en force et récupérer en mobilité pendant la cure
thermale. 90 % des curistes en post-AVC avaient déjà fait au moins 2 cures par le passé
au moment de l’enquête ; ceci pouvant se traduire par une satisfaction de ces curistes vis-
à-vis des effets d’une cure qui répond certainement, partiellement ou complètement, à
leurs attentes : atténuation de la douleur et de la spasticité, gain en force et en mobilité.
Un mois après la cure, 100 % des curistes ont vu leurs douleurs spastiques atténuées et
la qualité de leur sommeil améliorée. Trois mois après la cure, on n’a constaté aucune
perte de force ni de l’équilibre auprès des curistes post-AVC, mais l’effet antalgique de
la cure commence à s’estomper au niveau de la qualité de sommeil et de la spasticité ce
qui va motiver l’inscription à une nouvelle cure thermale [11]. Nous avons eu en retour
32 réponses (9 hommes et 23 femmes) sur les 107 inscriptions de l’année 2019.
0 Aucune contraction visible
1 Contraction visible mais aucun mouvement
2 Mouvement visible mais incomplet
3 Mouvement dans toute l’amplitude mais sans résistance
4 Résistance
5 Force normale
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On remarque que la moitié des curistes en post-AVC choisit la cure pour soigner la spas-
ticité et atténuer la douleur qu’elle engendre.
Un quart des curistes en post-AVC souffre de problèmes de chute et de perte d’équilibre
qui sont liés principalement au problème de spasticité. L’autre quart espère regagner en
force et récupérer en équilibre.
Figure 3 : Répartition des curistes selon le nombre de cures déjà faites
92 % des curistes en post-AVC avaient déjà fait au moins 2 cures par le passé. Ceci
traduit une satisfaction de ces curistes vis-à-vis des effets d’une cure qui répond certai-
nement, partiellement ou complètement, à leurs attentes : atténuation de la douleur et de
la spasticité, gain en force et en mobilité [17].
Tableau 4 : Effets dominants et bénéfices de la cure à 1 mois et à 3 mois
Un mois après la cure, 100 % des curistes ont vu leurs douleurs spastiques atténuées et
la qualité de leur sommeil améliorée [17].
Trois mois après la cure, on n’a constaté aucune perte de force ni de l’équilibre auprès
des curistes post-AVC, mais l’effet antalgique de la cure commence à s’estomper au
niveau de la qualité de sommeil et de la spasticité ce qui va certainement inciter nos
curistes à se préparer pour la cure suivante [14,11,20].
Effet dominant
de la cure
Spasticité Force ++ Equilibre ++ Sommeil ++
À 1 mois 32 14 11 32
À 3 mois 29 14 10 17
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pas été efficaces, le médecin peut recommander une cure thermale anti-spasticité. La
cure thermale anti-spasticité peut comprendre différents traitements tels que des bains,
des douches, des massages, des exercices de relaxation, des séances de kinésithérapie et
de physiothérapie. Les traitements peuvent varier en fonction des besoins individuels de
la personne.
Il est important de souligner que la cure thermale anti-spasticité ne doit pas être consi-
dérée comme un traitement principal pour la spasticité, mais plutôt comme un complé-
ment à d’autres traitements tels que la kinésithérapie à sec, la rééducation et les médica-
tions antispastiques. Une surveillance médicale régulière est nécessaire pour adapter les
traitements et s’assurer de l’efficacité de la cure thermale [2,7].
Les personnes en post-AVC qui envisagent de suivre une cure thermale doivent prendre
certaines précautions pour s’assurer que la cure est adaptée à leurs besoins individuels et
ne présente pas de risques pour leur santé.
Pour se faire il convient de :
• consulter un médecin spécialisé dans la prise en charge de l’AVC avant de planifier une
cure thermale,
• informer l’établissement thermal de ses besoins spécifiques, notamment en termes
d’accessibilité et d’assistance,
• vérifier que l’établissement thermal dispose de personnel qualifié pour travailler avec des
personnes atteintes de déficits post-AVC et notamment concernant les agents thermaux,
• prendre en compte les éventuelles contre-indications médicales, telles que la présence
d’infections cutanées, de plaies ouvertes ou de fièvre et les signaler lors des différentes
consultations médicales,
• suivre les recommandations médicales en termes de durée et de fréquence de la cure.
Il convient de noter que les objectifs à atteindre lors d’une cure thermale pour une
personne post-AVC, peuvent varier en fonction des besoins individuels de la personne.
• Soulager la douleur et la spasticité.
• Améliorer la circulation sanguine et lymphatique.
• Améliorer la mobilité et la fonction musculaire.
• Favoriser la récupération des fonctions sensorielles et motrices.
• Réduire les troubles de l’humeur, tels que l’anxiété et la dépression.
• Renforcer la confiance en soi et l’estime de soi.
Nous pouvons résumer le rôle de l’agent selon la technique des 3 AAA : Accueil,
Accompagnement et Adaptation. L’accueil, l’accompagnement et l’adaptation sont des
éléments clés dans la prise en charge d’une personne post-AVC lors d’une cure thermale.
Pour l’agent thermal voici les opérations importantes à considérer.
Concernant l’accueil l’agent se doit d’offrir un accueil chaleureux et empathique à la
personne atteinte d’AVC et à sa famille. Il est important d’informer des services offerts,
des soins et des activités disponibles à la cure thermale. L’établissement doit également
être accessible aux personnes à mobilité réduite et disposer d’accès PMR confortable et
sécurisé.
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fonctions endommagées [9-10]. Le travail de prévention dans cette pathologie est très
important. France AVC s’avère être une ressource essentielle pour l’encadrement des
personnes qui sont concernés par cette maladie.
L’autre enjeu de cette étude est de définir les missions de l’agent thermal dans la décou-
verte du périmètre de son futur exercice et en cours de formation, dans le cadre de l’unité
d’enseignement, d’initiation à la recherche par l’expérimentation.
Enfin, concernant la médecine thermale notons que les recherches en crénothérapie
montent en puissance y compris dans les pathologies type AVC ces dernières années.
Des méta-analyses ont été publiées sur ce sujet [23], la conclusion de la plupart de ces
travaux est en faveur d’un bénéfice thérapeutique de l’hydrothérapie et crénothérapie
précoce. Le rôle de l’agent thermal, cheville ouvrière des soins thermaux, reste majeur
et c’est de la qualité de sa formation que va dépendre en partie la qualité du service
thermal rendu.
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9. Rosillette K V, Ermancia II - thèse Épidémiologie des accidents vasculaires cérébraux
en Martinique - Étude prospective de population sur 1 an (2011/2012)
https://urml.m.org/wp-content/upload/2016/05/thesesavc.pdf
10. La prise en charge précoce des personnes victimes d’un accident vasculaire céré-
bral, réalisée par le Réseau d’Evaluation en Economie de la Santé Rees-France /
RAP 67058 -2022 https:// rees-France.com
11. La prévention et la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux en France –
Rapport à Madame la ministre de la santé et des sports présenté par la docteure
Elisabeth Fery-Lemonnier, Conseillère générale des établissements de santé - Juin
2009
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4. Quels sont vos objectifs pour cette cure thermale ?
5. Quels sont les symptômes de votre hémiplégie qui vous dérangent le plus au quotidien ?
6. Comment qualifieriez-vous votre profil musculaire ?
7. Avez-vous besoin d’une assistance pour vos activités quotidiennes (se nourrir, se
laver, se vêtir, etc.) ?
8. Avez-vous déjà suivi une rééducation en kinésithérapie ?
9. Avez-vous des attentes spécifiques pour votre cure thermale (douleur, équilibre,
spasticité, troubles de l’humeur, troubles du sommeil …) ?
10. Que penseriez-vous des résultats de la précédente cure ?
11. 1 mois et 3 mois après la cure ?
Merci de prendre le temps de répondre à ces questions. Ces informations nous
permettront de mieux vous accompagner pendant votre séjour en cure thermale.
Note aux lecteurs
Cette étude a été réalisée dans le cadre de la formation d’agent thermal de la promotion
2023 de l’Ifas du Chru de Nancy et de l’Institut européen du thermalisme et ce, dans le
cadre de l’Unité de Compétence UE 2, Initiation à la recherche et transdisciplinarité en
thermalisme. Les stagiaires doivent produire un écrit sous forme d’article soutenu à
l’oral. Les apports théoriques sur la recherche ponctuent la formation, la sélection du
sujet est laissée au libre choix des personnes en formation ; l’étude doit prendre appui
sur les périodes de stages de 2 et 3 semaines. Ce travail d’initiation à la recherche s’ef-
fectue en binôme ou en trinôme.
Contribution des auteurs
Maria PLANCY: Study Design, Data Collection Writing, Re-Editing
Cédric MOUATS: Study Design, Data Collection Writing
Lara-Noemie DANAN: Study Design, Re Editing
Jane-Laure DANAN: Study Design, Writing and Re Editing.
La Presse thermale et climatique 2023;160:140-160