4. De l’ontologie extractiviste à l’ontologie relationnelle
« Philippe Descola décrit l’ontologie comme le système des propriétés que les
êtres humains attribuent aux êtres et qui intervient dans la détermination des
relations qui peuvent exister entre identités humaines et identités non-
humaines.
(…) l’ontologie c’est l’ensemble des choses que l’on fait exister,
le monde (…) que l’on fait exister. »
Claude Bourguignon Rougier, à paraître
Post-dualisme => la relation à nous-mêmes, et aux autres
Lien aux dispositifs, aux agencements, aux mondes désirables
« manière dont les organismes et esprits humains s'organisent
eux-mêmes en interaction avec l'environnement »
5. Ontologie ? Troubles épistémologiques
"le monde social est produit et reproduit par des relations, non par des individus
autosuffisants et indépendants les uns des autres."
Laurence Kaufmann (2016)
https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2016-1-page-105.htm
Que signifie être en relation lorsque l’on ne se rend pas attentif
à ce qui importe à l’autre, au monde avec lequel l’autre vient ?
Implication sur le terrain de recherche, épistémologiques
Implication dans les pratiques de médiation scientifique
De l’ontologie extractiviste à l’ontologie relationnelle
De la perception à distance et détachée (mode relationnel non neutre)
à la relation non innocente (Haraway, Stengers, Despret)
7. Penser l’enseignement d’une ontologie à l’autre
A partir des écrits de Barbara Stiegler
Légende : Modèle du code ou dit de « Shannon et Weaver »
Source : Wikipédia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Communication#Mod.C3.A8le_de_Shanno
n_et_Weaver
8. Entrée en matière
Le dedans dehors de David Abram
De l’univers clos aux mondes infinis
Le cri de Gaïa
Penser avec Donna Haraway
Penser avec Karen Barad
Penser avec Isabelle Stengers
9. Le dedans-dehors de David Abram
Entrée en matière
David Abram, Comment la terre s’est tue – Pour une écologie des sens, Editions La
découverte, Paris, 2013 (1996). Traduit par Didier Demorcy et Isabelle Stengers.
« Les sciences, pense-t-on souvent, ont pour but la connaissance claire
d’un monde objectif absolument indépendant de la conscience ou de la
subjectivité. Pourtant, lorsque l’on s’en tient au point de vue de
l’expérience, ce que la méthode scientifique permet de réaliser est plutôt
un surcroît d’intersubjectivité, une connaissance plus étendue de ce dont
une pluralité de soi ou de sujets différents font, ou peuvent faire,
l’expérience. Phénoménologiquement, la recherche de l’objectivité est
donc interprétée comme recherche d’une extension du consensus, de
l’accord ou de la consonance entre une pluralité de sujets, et non pas
comme une tentative d’évacuer entièrement la subjectivité. Pour Husserl,
la « réalité objective » pure dont la science moderne fait en général
l’hypothèse, loin d’être la base concrète dont découle toute expérience, est
une construction théorique, une idéalisation injustifiée de l’expérience
intersubjective. »
10. Le dedans-dehors de David Abram
Entrée en matière
David Abram, Comment la terre s’est tue – Pour une écologie des sens, Editions La
découverte, Paris, 2013 (1996). Traduit par Didier Demorcy et Isabelle Stengers.
« Le « monde réel » dans lequel nous nous trouvons -ce monde
que nos sciences s’efforcent de pénétrer – n’est donc pas alors
un pur « objet », une « donnée » fixe, close sur elle-même,
dont tous les sujets, toutes les qualités subjectives pourraient
être éliminés. Il s’agit bien plutôt d’une matrice intriquant
sensations et perceptions, un champ d’expérience collectif vécu
sous de nombreux angles différents. L’inscription mutuelle
d’autres sujets dans mon expérience et (comme je dois le
supposer) de moi-même dans leurs expériences entrelace nos
champs phénoménaux individuels en un seul tissu sans cesse
changeant, un seul monde phénoménal – une seule
« réalité ». »
11. Le dedans-dehors de David Abram
Entrée en matière
David Abram, Comment la terre s’est tue – Pour une écologie des sens, Editions La
découverte, Paris, 2013 (1996). Traduit par Didier Demorcy et Isabelle Stengers.
« Nous avons oublié l’assurance, l’équilibre que donne une vie
en relation et en réciprocité, nourries d’histoires et de chants,
avec la myriade des choses, la myriade d’êtres qui nous
entourent et participent à nos perceptions.
C’est seulement si nous pouvons renouveler cette réciprocité –
enraciner notre toute récente capacité d’abstraction lettrée
dans les formes plus anciennes, orales d’expérience -, c’est
seulement alors que l’intellect abstrait trouvera sa vraie valeur.
» ((Coda - Mettre le dedans dehors chez David Abram op. cit.))
12. Le dedans-dehors de David Abram
Entrée en matière
David Abram, Comment la terre s’est tue – Pour une écologie des sens, Editions La
découverte, Paris, 2013 (1996). Traduit par Didier Demorcy et Isabelle Stengers.
« La question n’est certainement pas de « retourner en
arrière », mais bien plutôt de parcourir tout le cercle, d’unir
notre capacité de raisonnement détaché à des manières de
connaître plus sensorielles et mimétiques, de permettre à la
vision d’un monde commun de plonger ses racines dans notre
engagement direct et participatif avec le local et le particulier. »
Coda - Mettre le dedans dehors chez David Abram, p. 343-344
13. De l’univers clos aux mondes infinis
Entrée en matière
Lecture extrait « Introduction – Retour sur Terre »
Emilie Hache
14. Penser avec Donna Haraway
Entrée en matière
https://www.arte.tv/fr/videos/100953-010-A/square-idee-esperer-une-autre-mondialisation/
-> 4:50
15.
16. Le cri de Gaïa
Entrée en matière
Lecture extrait « Gaïa, la vie en scène »
Frédérique Aït-Touati et Emanuele Coccia
17. Penser avec Karen Barad
Entrée en matière
« Selon la théorie du réalisme agentiel de Barad, le monde est
composé de phénomènes qui sont « l'inséparable ontologie
d'agencements intra-actifs ». L'intra-action (en opposition à
interaction), un néologisme introduit par Barad, représente un
profond tournant conceptuel dans les métaphysiques
individualistes. Pour Barad, les choses et les objets ne
précèdent pas leur interaction, mais plutôt, les « objets
émergent à travers des intra-actions particulières ». »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Karen_Barad#R%C3%A9alisme_agentiel
Marc Jahjah
18. Penser avec Isabelle Stengers
Entrée en matière
Les sujets abordés dans Résister au désastre sont divers mais
articulés par une situation dans le monde comme face aux
autres ou aux savoirs, une etho-écologie : sont rappelés
l’importance du « ralentir », de la « tranversalisation », de la
« déshabituation » comme le refus du surplomb scientifique
auquel fait écho ce texte extrêmement abordable. Les lecteurs
liront ici des réflexions stimulantes sur Anna Tsing, Deleuze,
Guattari, James C. Scott, Starhawk, Vinciane Desprets, Baptiste
Morizot, mais aussi Donna Haraway et sa notion de sympoïese,
cette co-création permanente du vivant qui permet de « faire
avec, ou faire grâce aux autres et au risque des autres ». C’est
« ensemble » que l’on « fait des mondes », le « avec désigne
(…) un rapport à créer ».
19. Ce que nous cherchons à laisser – « décapture »
L’extractivisme de la recherche
https://www.editionscienceetbiencommun.org/?p=1649
Sortie le 18 oct. 2021
20. La connaissance occidentale a imposé un programme dans le
monde entier basé sur l’impossibilité de penser un autre
monde différent du modèle capitaliste. Boaventura de Sousa
parle d’« épistémicide » pour définir la façon dont ce
programme a assujetti la connaissance et les savoirs d’autres
cultures et d’autres peuples.
Extractivisme et épistémicides
Boaventura de Sousa
2014
https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/colonialite/chapter/extractivi
sme-2/
« En général, on définit l’extractivisme comme
l’exploitation massive des ressources de la nature ou
de la biosphère sans retour vers ces dernières, un
processus qui participe donc massivement à la crise
énergétique et au changement climatique. Pour
l’Uruguayen Eduardo Gudynas qui a inventé le
néologisme, l’extractivisme représente les activités
minières mais aussi l’exploitation pétrolière, les
monocultures d’exportation, la pêche intensive, une
exploitation industrielle de la nature liée à la
globalisation économique. Toutes ces formes
d’extractivisme sont présentes en « Amérique latine
», la plus développée restant l’activité minière, avec
exploitation à ciel ouvert, que l’on trouve
absolument dans tous les pays. »
Claude Bourguignon Rougier
21. https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/colonialite/chapter/plurivers/
Nous voulons un monde qui en contienne plusieurs.
Quatrième déclaration de la Forêt Lacandonne.
Plurivers
« Le Plurivers est une remise en question de l’Univers, ce
singulier plein de menaces. Il constitue la critique radicale d’un
des fondements de la pensée occidentale moderne,
l’universalisme et d’une réalité actuelle, la globalisation. Sa
réalisation passe donc à la fois par la critique des cadres de
pensée de l’universalisme et par la création d’un projet
alternatif à la globalisation néolibérale. »
Claude Bourguignon Rougier
https://www.terrestres.org/2018/11/15/le-pluriversel-a-
lombre-de-luniversel/
22. Par-delà nature et culture, une vaste analyse des sociétés humaines du point de
vue de la pluralité des relations entre humains et non-humains. Dans ce livre il
propose de comprendre ces rapports à l’aune de quatre ontologies : l’animisme,
le totémisme, l’analogisme et le naturalisme (Descola, 2005).
Selon le contexte, ces catégories se rencontrent et parfois se mêlent. Elles ne sont
pas « pures » et comportent chacune différentes gradations et particularités. Les
sociétés occidentales sont ainsi dites « naturalistes » en ce qu’elles opèrent une
séparation - généralement ignorée par d’autres sociétés - entre nature et culture.
Les animistes considèrent que tous les êtres, humains, animaux ou inanimés, sont
des sujets, doués d’intériorité. Les groupes totémistes quant à eux estiment
partager un ensemble de qualités avec un animal autour duquel ils s’individuent.
Dans les sociétés analogistes, les êtres sont organisés en « collectifs mondes »,
ensembles englobants et harmonieux.
La confrontation de ces ontologies engendre des incompréhensions au niveau
culturel, politique et théorique, et rappelle le caractère relatif de la cosmologie
occidentale
Ontologies
25. Pistes suivies au au fil du cours
Entrer dans les laboratoires de biologistes – dissonances épistémologiques
Sortir du laboratoire – « faire partie du monde »
Entrer autrement en relation avec le vivant – enchevêtrements
Nouvelle approche de l’enquête en STS
La tentation de l’innocence – la réflexivité ne suffit pas
Se relier autrement
Ce à quoi nous nous rendons sensibles – une autre histoire avec le vivant
Nous ne sommes pas seul.es au monde
Nouvelles manières de faire récit – fabuler
Entrer autrement en relation avec le non-vivant – enchevêtrements
Revenir dans les laboratoires de biologistes – s’y relier et raconter autrement
26. Se mettre sur la piste
Ressources complémentaires : Pister les créatures fabuleuses de Baptiste Morizot, Bayard, 2019
"Pister", au sens mis en valeur par Baptiste Morizot, quand un humain "postule qu'il y a
des choses à traduire, et [...] essaie d'apprendre. Dans ce style d'attention, l'on est tout le
temps en train d'engranger des signes, tout le temps en train de faire des liens, en train
de noter des éclats de l'étrange, et d'imaginer des histoires pour les rendre
compréhensibles [...]" Voir Baptiste Morizot, "Manières d'être vivant", Actes Sud, Arles,
2020, p.139
Dans le livre de Pignarre "Latour-Stengers un double vol enchevêtré" (oct. 2021) - Note
n°24
Ouvrages de Baptiste Morizot