Située sur la Rive droite de la Garonne, face à Bordeaux, Cenon fut jusqu'à la fin du XIXe siècle un fleuron du vignoble Bordelais.
Les adhérents de la Cyber Base de Cenon explorent, en textes et en images, la traces de ce passé oublié.
2. Depuis les premiers ceps plantés par la peuplade gauloise des
Bituriges, Cenon fut une commune viticole. Malheureusement au
cours de la moitié du XX éme siècle, elle perdit toutes ses vignes, ce
placement en liquide n’étant plus rentable. Ses vignobles ont
toujours fournit un vin qui avait la « côte » et goûter aux joies de ce
nectar n’était pas un délit de boisson. Dans sa robe pourpre ou
argentée, les vins de la Tour Blanche du Château de Camparian
etc.… ont toujours respecté l’étiquette.
Le 13 Janvier 1908, le territoire de Cenon est inclus dans la
délimitation de la sous région « 1ére côte de Bordeaux ». Dès le
premier classement des vins en Gironde, le vin rouge et blanc de
Cenon fut rangé dans les « Premières côtes de Bordeaux ». Il
devait provenir des cépages suivants, à l’exclusion de tout autre:
pour les Rouges : les Cabernets, le Carmenet, le Merlot, le Malbec
et le petit Verdot et pour les Blancs : le Sémillon, le Sauvignon et la
Muscadelle.
3. Et nos ancêtres les gaulois dans tout ça ?
D’après PLINE l’Ancien (23-79), les gaulois sont bien
ceux qui commencèrent à planter de la vigne au début
de l’ère chrétienne. Un des premiers cépages cité,
originaire d’Albanie, est la « Biturica »; d’où la vieille
expression populaire « prendre une biture » lorsque
l’on s’enivre.
Les Gaulois sont plus avancés que les Romains en
viticulture. Ils créent de nouveaux plants et remplacent
la fragile amphore par le tonneau.
4. Un peu d’histoire….
A la fin du IIIe
siècle, l’empereur Probus autorise de nouveau les
Gaulois à posséder des vignes, à élaborer leur vin et à en tirer
profit. Cette liberté leur avait été enlevée par Domitien. Les
vignobles envahissent le territoire de Cenon, offrant un spectacle
magnifique et donnant l’image d’un théâtre naturel.
La viticulture à Cenon se partage entre les côteaux et le palus de
Queyries.
Après les Romains, les premiers à posséder et maintenir
l’exploitation des vignobles sont les communautés ecclésiastiques.
Les moines recevaient leur part de vendange au Cellier de
Cenon.
…Mais ce n’est que vers l’an 1200, suite à l’occupation Anglaise de
l’Aquitaine, que les vignobles Cenonnais vont connaître une
grande expansion.
5. C’est en 1307 que l’exportation des vins de Cenon et Bordeaux connaîtra un
tonnage culminant qui ne sera dépassé qu’en… 1893 et 1900.
Cenon devient dés le XVe siècle une commune viticole renommée
jusqu’au milieu du XX e siècle. L’aristocratie Bordelaise investira dans cette
commune florissante.
Ce vin Cenonnais permettait aux soldats de toute nationalité, de toute
confession, de supporter les affres de la guerre; comme l’écrit le chevalier de
Vivens au Cardinal Mazarin en Décembre 1649 :
« Le vin, que nos soldatz trouvent en abondance, leur fist oublier le danger ».
En 1787, l’ambassadeur américain Thomas Jefferson, futur président
des Etats- Unis, crée le premier classement des vins en Gironde, dans lequel
les vins de Cenon occupent une place honorable. En 1814, la commune est
couverte de 96 hectares de vigne.
6. … Les vins produits à Cenon étaient appelés Queyries, Palus et côtes.
En 1841 la surface des vignes couvrant les Queyries et le Palus est de
l’ordre de « 300 journaux » soit 96 hectares et la production dépasse
les 7900 hectolitres.
Les Queyries étaient des vins de première qualité avec
essentiellement un seul cépage : Le Verdot, ils étaient corsés, colorés,
de longue durée, fins, coulants.
Le tonneau de Queyries valait 500 à 600 Francs.
Les vins de Palus étaient tirés des nouvelles alluvions qui
longeaient la Garonne.
Connus depuis le début du XVIIIe
siècle, ils étaient de qualité
moyenne car ils faisaient ressortir une « essence aqueuse » due au
terrain alluvionnaire.
7. Les vins de côte étaient en général fermes et d’une belle couleur,
mais quelques fois un peu dur; ce défaut passant avec l’âge. Ils
servaient à corser et fortifier les vins faibles du Médoc.
Les cépages des vins de la côte de Cenon étaient
le Verdot, le Malbec, le Merlot et la Vidure.
8. Dans « Les nouvelles Annales des voyages et des sciences
géographiques » publiées en 1838, on peut lire :
« Les vins de côte ont une qualité supérieure; c’est de là que viennent les
vins fins , les saint Emilion, les Cenon, les Grenet… Ces vins valent de
200 à 300 francs le tonneau de 912 litres…Les vins réputés, vins
d’entremets ou de dessert provenant des premiers crus, tels que Saint
Emilion, Cenon, Pomerol ne sont mis en bouteilles qu’à 4, 5 ou 6 ans ; ils
acquièrent de la perfection et peuvent durer encore une douzaine
d’années.
Les vins fins de Saint Emilion, Cenon ayant dépassé les douze ans
peuvent se vendre 3 à 3,50 francs la bouteille »
9. Un rameau de cyprès pour acquit
UUn épisode historique de la ville de Cenon a été immortalisé sur
une peinture à l’huile.
Ce tableau du peintre Bordelais Edmond Louis Dupain (1847-
1933), réalisé en 1847, est intitulé « Paiement du tribut du Cypressat ».
Longtemps accroché au mur du tribunal de Commerce de Bordeaux, il est
actuellement entreposé dans la réserve du musée des Beaux Arts de
Bordeaux.
Depuis l’an 1280 et jusqu’à la révolution les navires ayant chargé
du vin provenant des coteaux de la rive droite ne pouvaient sortir du port
qu’après s’être acquittés d’une taxe (ancien tribut seigneuriale) en échange
d’une branche de Cyprès, frais coupé dans notre forêt du Cypressat. Ce
droit était réglé dans le palais de l’Ombrière.
Cette toile nous apprend que l’artiste a su admirablement capter
et figer à jamais cet instant désagréable du paiement du tribut.
11. En 1865, Cenon dépossédée de la Bastide, ne possède plus
que 328 hectares de vignes et en 1908 on dénombre encore deux
domaines et 29 châteaux dont 16 situés sur la colline. Cela malgré
l’épidémie de phylloxéra de 1870 qui mena à la ruine certain
vignerons.
Les premiers essais de traitement par des produits sulfurés
se sont avérés catastrophiques, entrainant la mort des ceps.
La meilleure année du vin de Cenon fut 1900
Puis les vins Cenonnais seront un peu délaissés au profit des vins
Médocains.
Notons que le 10 août 1973, un décret de contrôle des vins
A.O.C inclut les premières côtes de Cenon.
En 1981, disparaîtra la dernière vigne Cenonnaise, celle de Mme
Guilhem sur son terrain de 2700m² situé aux Cavailles.
12.
13. Dans la « Gironde Vinicole » on note au fur et à mesure des
années les ventes de vin Cenonnais:
1896 Château Palmer sous le nom de « Cru Palmer (M. Delbos),
1897 Château La Morlette (M. Dupuy)
1899 Château Palmer (Mme Vve Thomas)
1935 Château Lamothe (M.E. Dussaut
18. L’urbanisation croissante aura eu raison des vignobles Cenonnais
Sur la place du 10 Mai 1981, au bout de l’avenue René Cassagne,
quelques plants de vigne et deux piliers d’entrée d’une exploitation
Cenonnaise nous rappellent que Cenon fut
une Cité Viticole.
19. Les adhérents et l’équipe de la cyber base remercient
Monsieur Gilbert PERREZ auteur du livre
« A la découverte de Cenon, son histoire, son patrimoine ».
Ce document de qualité nous a permis de découvrir et
d’appréhender l’histoire
du patrimoine cenonnais et de son passé viticole.
L’ensemble des sources produites sont extraites de cet ouvrage
avec l’accord de Monsieur Gilbert Perrez.
L’auteur nous a accompagné tout au long de notre périple
photographique en nous proposant un regard historique sur
l’ensemble des clichés que nous vous proposons de découvrir.