GROUPE MEUNIER - Fidéliser et évaluer les ressources clés pour réussir le tra...
Cldem fiche saramac_final
1. Les rHn
responsable des ressources humaines
actio
en
JULIE MALOUIN
régionautravail.com
Une approche axée sur les gens
Saramac jouit d’une réputation nord-américaine pour
son savoir-faire. Ces années d’excellence reposent sur
plusieurs facteurs, dont un savoir-être érigé en culture
au sein de l’organisation.
2. Autrefois, les principes de bonne gestion UN GESTIONNAIRE NON SOUCIEUX
s’appuyaient sur des règles simples. Le patron DU BIEN-ÊTRE DE SES EMPLOYÉS :
disait aux employés quoi faire et les employés
obéissaient. Personne ne prenait en considération 1. n’est pas doué pour les communications
les sentiments des travailleurs. On se soumettait interpersonnelles :
à l’autorité. La peur régnait en maître dans l’environ- — il s’adresse aux employés seulement quand
nement de travail. Puis, les choses ont changé. ces derniers font une erreur et il leur parle de
Désormais, les travailleurs s’attendent à être traités ce qu’ils n’ont pas fait plutôt que de ce qu’ils
avec respect et honnêteté. Les entreprises doivent ont accompli;
grandement améliorer leur gestion des ressources
2. ne témoigne aucun respect envers les employés :
humaines, sans quoi elles ne parviendront pas à
— il les traite comme si leur poste était un emploi
recruter de nouveaux employés ou à garder ceux
de second ordre; il a une attitude différente
déjà en poste.
envers les cadres et les non-cadres; il passe sa
frustration sur les employés en période de crise,
UN GESTIONNAIRE SOUCIEUX DU BIEN-ÊTRE il interrompt et critique les employés devant
DE SES EMPLOYÉS : des collègues;
1. établit un dialogue avec ses subalternes : 3. ne laisse aucune autonomie aux employés :
saramac
— il communique les informations, demande — il vérifie constamment leur travail;
aux employés leur opinion, donne fréquemment
une rétroaction, organise régulièrement des 4. met l’accent sur les heures de travail plutôt
rencontres en tête à tête; que sur les résultats :
— il a des attentes irréalistes quant au travail
2. fait des commentaires positifs : qui peut être accompli en une journée;
— il reconnaît le travail bien fait et montre qu’il
croit que les employés ont les habiletés nécessaires 5. a un comportement inégal :
pour bien exécuter des tâches difficiles; — il fait preuve de favoritisme lorsque vient le
temps d’assigner les tâches ou de faire des
3. encadre ses employés : recommandations pour des promotions; il offre
— il met à profit leurs habiletés, il les appuie son soutien à l’employé dans le privé puis le
devant les supérieurs hiérarchiques, il encourage désavoue en public; il dit à l’employé ce qu’il
leur autonomie au travail et les aide à tirer des veut entendre puis agit de manière différente.
leçons de leurs erreurs;
Le savoir (connaissances) et le savoir-faire
4. respecte l’autonomie de ses employés : (compétences) sont acquis bien souvent grâce
— il les encourage à prendre leurs propres à une formation générale propre à un secteur
décisions et à mener un dossier du début à la fin; d’activité. Le concept de savoir-être est plus ambigu.
Il fait référence au comportement, aux attitudes et
5. est conscient que les employés ont une vie aux habiletés personnelles et interpersonnelles du
à l’extérieur du travail : travailleur. Pour développer son savoir-être, il faut
— il leur permet d’aménager leur horaire et de être à l’écoute de soi et des autres, faire preuve
tirer avantage des formules du travail flexible. d’ouverture, d’initiative et d’autocritique.
3. identification de L’entreprise L’importance de La faÇon d’Être
cHeZ saramac
Située sur un terrain de 1,5 millions de pieds carrés
à Lachenaie, Saramac Inc. est un spécialiste dans Pour M. Brais, le savoir-être est fondamental.
la fabrication d’éléments de béton préfabriqués Les bases de son système de valeur sont : l’écoute,
architectural et structural non-précontraint. Cette l’empathie et l’entraide. Chez Saramac, les gens
entreprise familiale est au service de l’industrie de sont considérés. Le fait de contribuer au bien-être
la construction depuis plusieurs décennies ; de la des autres concourt, dans une certaine mesure, à
maçonnerie en 1942 avec Monsieur Armand Croteau sa propre satisfaction. Faire sentir à l’autre que l’on
et de la préfabrication en 1977 avec Monsieur Marcel compte sur lui et que l’on tient à lui semble répondre
Croteau, représentant de ce fait près de soixante à un besoin fondamental. Celui qui témoigne
ans au service de l’industrie de la construction. de l’empathie donne le goût d’être empathique.
Et cela fait toute la différence entre l’engagement
Les nombreuses réalisations de Saramac se retrouvent et l’entente.
au Québec en Ontario au Nouveau-Brunswick et aux
États-Unis dans les états de la Nouvelle-Angleterre Pour illustrer cette considération voici
et du moyen Atlantique. quelques exemples concrets recensés auprès
de M. Gilles Brais, vice-président principal :
• Le savoir-être valorise ouvertement
la diversité culturelle.
+ Plusieurs employés proviennent
d’Amérique du Sud et de l’Europe.
défi de L’entreprise + M. Brais a reconnu les compétences d’ingé-
nieur d’un travailleur étranger. Avant de
L’une des principales difficultés liées à la gestion travailler pour Saramac, l’employé occupait
de ressources humaines chez Saramac concerne un poste de journalier chez le compétiteur.
le mince bassin de main-d’œuvre disponible pour
répondre à ses besoins. Chez Saramac, plusieurs • L’entreprise offre plusieurs petites attentions
des métiers s’apparentent à ceux de la construction aux employés :
mais en ayant comme désavantage d’offrir un + plusieurs items avec le logo de la compagnie
salaire moindre. Il est alors plus avantageux finan- sont offerts aux employés : T-shirt, veste,
cièrement pour les jeunes qui terminent leurs foulard, etc;
études dans les différents centres de formation + plusieurs activités dont un party à Noël
de se diriger directement chez des entrepreneurs et un à la St-Jean, équipe de hockey, etc.;
de la construction. + plusieurs fois pas année, l’employeur paye
aux employés le déjeuner ou le dîner.
• Depuis l’été 2007, une kinésiologue travaille
à plein temps pour l’entreprise afin de faire de
la prévention en matière de santé et sécurité
au travail.
• L’entreprise adopte une approche proactive
pour se faire connaître auprès des finissants
(par exemple en architecture).
+ Des visites industrielles et des stages
sont offerts.
• M. Brais opte pour une gestion participative dans
le sens qu’il prend en considération les idées des
gens, qu’il va consulter et impliquer les personnes
ressources touchées par un projet.
4. Bénéfices À prescrire
L’investissement dans le savoir-être, chez Saramac, • Le savoir-être, qui repose sur les habiletés
a des répercussions notables notamment au plan du interpersonnelles, représente le matériau
sentiment d’appartenance. Des témoignages expri- qui permettra à un individu de bâtir une
més par des employés exposent bien l’impact positif fondation solide pour son épanouissement
de ce type de culture. En voici quelques extraits : en milieu de travail et une clé qui lui ouvrira
des portes.
• « C’est une compagnie qui m’a permis d’évoluer
et qui m’a donné ma chance de grandir. La com- • Les organisations qui pratiquent une
pagnie apporte beaucoup aux gens parce que philosophie de gestion d’ouverture face
dès que tu as un pépin ils sont les premiers à à la diversité culturelle expérimentent des
venir t’aider, Je suis bien content de faire partie nouvelles façons de faire, des nouveaux
de la compagnie Saramac ». modes d’organisation du travail et sont
plus innovatrices dans la fréquence, la
• « Ça fait maintenant une vingtaine d’années
nature et les formes de communication.
que je travaille pour Saramac et j’ai remarqué
que c’est une compagnie toujours ouverte à
tout, tu peux demander presque n’importe quoi. À proscrire
Je n’ai jamais vu M. Croteau de mauvaise
humeur, il est toujours souriant ». • Ne pas aborder le savoir-être comme un
concept à part entière et donc croire que
• « Malgré nos diversités ethniques, Saramac a su le savoir et le savoir-faire constituent, à
donner une chance à beaucoup de gens et de ce eux seuls, un gage de réussite en contexte
fait, elle est devenue une grosse famille qui ne organisationnel.
cesse de croître et de s’améliorer. Ce qui est un
gage de continuité pour un avenir prometteur
et je suis fier d’en faire partie ».
• « Bien que cela ne fasse que quelques mois
que je suis à l’emploi de Saramac, j’ai pu voir
comment cette entreprise est impliquée dans
tout ce qui entoure leurs employés, que ce soit Le mot de la fin
triste ou heureux. Je suis bien contente de
travailler pour cette entreprise et de faire Saramac, qui est reconnue pour la qualité de ses
partie de cette grande équipe ». produits et de son service, a su construire des
relations durables avec ses clients et avec ses
• « Saramac m’a toujours soutenu pendant mes employés. Elle est un exemple d’entreprise qui a à
études et maintenant qu’elles sont terminées, cœur l’intérêt de ceux qui y travaillent, peu importe
j’ai été témoin d’une des plus grandes marques la nationalité ou le groupe d’âge auquel appartient
de confiance ; ils m‘ont ouvert un nouveau poste. l’employé. N’est-il pas vrai de croire que le savoir-
Malgré les horaires très chargés des patrons, faire, aussi important qu’il soit, peut être anéanti
on prend le temps de nous écouter et on se sent par un mauvais savoir-être ! Saramac semble
épaulé à travers nos cheminements ». l’avoir compris.
Cette fiche s’inscrit dans une série produite à l’initiative du CLDEM et d’Emploi Québec dans le cadre des actions
visant à favoriser l’adoption et la diffusion des meilleures pratiques de gestion en ressources humaines.
Nous remercions chaleureusement la direction de l’entreprise pour sa participation. Entrevue et rédaction :
Daniel Beaupré, Ph. D, professeur à l’École des sciences de la gestion (UQAM) et Nathalie Jomphe, CRCA,
conseillère en ressources humaines. Juin 2008