L’utilité des instruments de couverture contre le risque de change a indéniablement augmenté avec l’élargissement, en début d’année, de la bande de fluctuation du dirham de 0,3% à 2,5% dans les deux sens.
[PME] Ce qu’on peut gagner grâce aux couvertures de change
1. 19 La Vie éco – Vendredi 16 février 201819 La Vie éco – Vendredi 16 février 2018Suivez-nous sur acebook.com/lavieeco L’info continue sur lavieeco.com
La viedes PME En partenariat avec
L
’utilité des instruments de cou-
verture contre le risque de
change a indéniablement aug-
menté avec l’élargissement,
en début d’année, de la bande de
fluctuation du dirham de 0,3% à 2,5%
dans les deux sens. Dans un contexte
où les PME importatrices et exporta-
trices recourent peu à ces produits,
les banques se sont mobilisées pour
accompagner, sensibiliser et conseil-
ler leurs entreprises clientes dans la
mise en place d’une stratégie de cou-
verture. Plusieurs instruments sont
proposés mais le plus privilégié reste
le contrat de change à terme. Il s’agit
d’un accord conclu avec la banque
pour vendre ou acheter des devises à
une date et à un prix fixés à l’avance.
Il permet ainsi de connaître le cours de
change de la transaction commerciale
dès la souscription à la couverture. Le
gain ou l’économie peuvent être inté-
ressants, même si la bande de fluc-
tuation demeure relativement étroite.
Ils devraient l’être encore plus avec
l’élargissement progressif de la bande
sur les mois et les années à venir.
Prenons des exemples concrets.
Le premier est celui d’une société
dont l’activité nécessite l’impor-
tation de machines de l’étranger.
Le 1er août 2017, elle a acheté du
matériel pour une valeur de 9 mil-
lions d’euros, montant qu’elle devait
régler 6 mois plus tard, soit le 1er
février. Elle a par la suite contracté
un produit de change à terme auprès
de sa banque, avec un cours de l’euro
de 11,342 dirhams. A la commande,
la devise valait 11,182 dirhams, mais
au bout de 6 mois, elle est montée à
11,423 DH. Soit 0,7% de plus que le
cours fixé dans le contrat. La société a
donc payé sa marchandise à 102 078
000 DH, sur la base d’une cotation de
l’euro de 11,342 DH, au lieu de 102
807 000 DH. Le gain ainsi réalisé res-
sort à 729 000 DH.
Le même jour, une autre société
qui, elle, est exportatrice de compo-
sants automobiles, a vendu sa mar-
chandise à 9 millions de dollars. Le
contrat, conclu avec le client le 1er août
2017, jour où le cours du dollar était
de 9,44 DH, prévoyait un encaisse-
ment le 1er février suivant. Ayant opté
pour une couverture à terme avec sa
banque, qui fixait le cours du dollar à
9,4685 DH, la société a ainsi encaissé
85 216 500 DH. Sans couverture, elle
n’aurait reçu que 81 882 000 DH pour
un cours spot du dollar de 9,098 DH le
1er février. Le gain réalisé est donc de
3 334 500 DH n
I.B.
Ce qu’on peut gagner grâce
aux couvertures de change
• Même si la bande de fluctuation demeure étroite, l’impact sur
la rentabilité d’une opération commerciale peut être important.
• Deux exemples concrets pour mesurer l’apport
des instruments de couverture.
n La flexibilité du dirham peut-elle
entraîner un risque de change accru
pour les entreprises ?
n Oui, tout à fait. Bien que la valeur
du dirham face aux autres devises
reste déterminée principalement
par l’évolution de la parité euro/
dollar, la part liée à la liquidité du
marché local en devise prend plus
d’importance. Cela est bien sûr dû
à l’élargissement de la bande de
cotation à l’intérieur de laquelle le
dirham peut évoluer librement en
fonction de l’offre et de la demande,
qui passe de 0,6% à 5%.
Dans ce contexte de volatilité du
taux de change potentiellement
plus importante, les entreprises
marocaines devront faire face au risque de change généré par leurs flux
à l’international. Il devient indispensable pour elles de se doter d’outils de
mesure des risques, de maîtriser et sélectionner les produits de couverture
et mettre en place une gouvernance adaptée. Plus globalement, il s’agit de
définir et mettre en œuvre une politique de gestion du risque de change
dynamique.
n Quels instruments de couverture du risque de change les banques
proposent-elles aux PME ?
n Plusieurs produits existent pour couvrir le risque de change. Pour une
PME, le change à terme reste la manière la plus certaine et la plus simple
de se prémunir contre le risque de change car il permet de figer le cours
de change à une échéance donnée. D’autres instruments, tels que les
options, permettent aux entreprises de se couvrir contre un mouvement
adverse en gardant la possibilité de bénéficier d’un mouvement favorable.
Une combinaison d’options permet, elle, de couvrir un mouvement
adverse en limitant le bénéfice d’un mouvement favorable. Les coûts de
ces couvertures sont différents, d’où la nécessité de définir et budgétiser
une politique de gestion du risque de change.
n Quels sont les paramètres qui déterminent le coût d’un produit comme le
change à terme ?
n Le prix d’un produit qu’achète une entreprise pour couvrir son risque
correspond lui-même au prix auquel la banque couvre ce produit. Prenons
l’exemple d’une entreprise qui achète l’euro contre le dirham à 3 mois.
Pour se couvrir, la banque emprunte le dirham à 3 mois et le vend contre
l’euro au comptant. Les euros ainsi obtenus sont placés sur 3 mois, de
manière à ce qu’au terme de cette période la banque soit certaine de
disposer des euros pour les livrer au client et qu’elle ne reste pas en
position de risque sur le dirham. Nous voyons donc que le prix du change
à terme dépend de deux paramètres : le cours de change au comptant
mais aussi le taux d’emprunt du dirham et le taux de placement de l’euro.
Ce différentiel de taux implique que plus l’échéance est lointaine, plus le
prix du change à terme à l’import sera élevé (dans la structure actuelle
des taux, cela nous coûte plus cher d’emprunter le dirham que de placer
l’euro).
Avis d’expert
«Il faut mettre en œuvre
une politique de gestion du risque
de change dynamique»
Khalid Aabid
Responsable de la Vente Corporate à la
Direction Marchés des Capitaux, Société
Générale Maroc