1. Les Découvertes dans le champ de
la Schizophrénie
Paris - Journées Unafam 14.12. 2006
2. Qu ’est-ce qu ’une psychose ?
Terme générique caractérisant l ’altération :
1- des capacités mentales et des fonctions cérébrales
supérieures
2- des réponses affectives (sentiments et émotions)
3- de la capacité à reconnaître la réalité
4- de la capacité à communiquer et à établir des
relations avec autrui
Elément central dans : Elément annexe dans :
- les schizophrénies
- les états maniaques
- les bouffées délirantes aiguës
- les états dépressifs
- les paranoïas mélancoliques
3. La schizophrénie est-elle
une psychose ?
OUI, car :
elle altère les fonctions cérébrales supérieures comme la pensée, la
perception, la mémoire, la concentration, le jugement, la motivation, les
habiletés sociales et relationnelles, les capacités de planification et de
contrôle de l ’action
elle perturbe l ’expression des sentiments et des émotions, sous forme
d ’hostilité voire d ’agressivité ou sous forme d ’un vide émotionnel
elle provoque une déformation de la réalité et un vécu totalement décalé de
celle-ci, du fait des perceptions étranges, des idées délirantes, des voix, des
hallucinations
elle entraîne un appauvrissement des relations familiales, sociales,
amicales
4. Comment caractériser les
schizophrénies ?
Un groupe de maladies affectant le fonctionnement du
cerveau, mais ne touchant pas l ’intelligence proprement dite
L ’addition complexe d ’un terrain vulnérable sur le plan
neuro-psychologique et d ’un ensemble de stress liés à
l ’environnement
Des pathologies débutant à la fin de l ’adolescence ou au
début de l ’âge adulte, de diagnostic parfois difficile,
récidivantes, entraînant souvent une incapacité fonctionnelle
5. Modèle Vulnérabilité-Stress-Adaptation
de la schizophrénie
Stresseurs socio-environnementaux
Vulnérabilité neuro-bio- • Pour la mère
psychologique - Facteurs infectieux : virus de la grippe ?
- Erreurs génétiques - Facteurs nutritionnels : carence vitaminique ?
- Anomalies de la connectique - Complications obstétricales
cérébrale • Pour le sujet
- neurotransmission défectueuse - Pressions de performance
(dopamine +++) - Evénements de la vie quotidienne
- Niveau d ’Emotion Exprimée intra-familiale
- Alcool et drogues
SCHIZOPHRENIE
Traitements = Facteurs
de protection
Symptômes résiduels - Médication antipsychotique
- Soins psycho-éducatifs pour le
- Symptômes négatifs ou patient et sa famille
déficitaires - Entraînement aux habiletés sociales
- Troubles cognitifs - Programme de réadaptation
- Handicap, invalidité individualisé
- Soutien social continu
6. Epidémiologie de la schizophrénie
Incidence sur la vie entière : 1 % de la population générale
en France : ≈ 600 000 personnes ; à Rennes et sa métropole : ≈
4 000 personnes
sclérose en plaques : 1 / 2 000 personnes ; mucoviscidose : 1 / 3
000 naissances
Incidence annuelle : 3 à 4 nouveaux cas pour 10 000 habitants
à Rennes et sa métropole : ≈ 150 nouveaux cas par an
Age d ’apparition : hommes - 15 à 25 ans ; femmes - 25 à 35 ans
Sex ratio : 1 homme pour 1 femme ; même risque de survenue
8. Schizophrénies : études génétiques
Risque de développer une schizophrénie
. Population générale 1%
. Frère ou sœur non jumeau d ’un sujet schizophrène 8%
. Frère ou sœur jumeau dizygote d ’un sujet schizophrène 12 %
. Frère ou sœur jumeau monozygote d ’un sujet schizophrène 58 %
. Oncle / tante ; neveu / nièce d ’un sujet schizophrène 2%
. Cousin germain d ’un sujet schizophrène 3%
. Fils ou fille avec un parent schizophrène 12 %
. Fils ou fille avec ses deux parents schizophrènes 37 %
9. Schizophrénies : études génétiques
A l ’heure actuelle :
Maladies à déterminisme complexe, c ’est-à-dire déterminées par un ou des
ensembles de gènes, dont aucun n ’est suffisant pour entraîner l ’apparition
de la maladie, et qui interagissent avec des facteurs environnementaux
De nombreux chromosomes semblent impliqués, sans pour autant
connaître la part d ’influence qui revient à chacun
(3p ; 5q ; 6p ; 8p ; 10 p ; 13 p ; 22q)
L ’influence génétique semble porter sur la programmation du processus de
maturation du cerveau
13. Processus normal de maturation du
cerveau
Les synapses sont formées à un rythme frénétique entre la naissance et
l ’âge de 6 ans. Puis il se produit une élimination compétitive et une
restructuration des synapses. Ce phénomène, dont le maximum se situe au
cours de la puberté et de l ’adolescence, laisse survivre environ 50 à 60 %
des synapses présentes.
14. Sélection et migration neuronale
A l ’image d ’une voiture, les neurones et leurs synapses
doivent se construire et être entretenus correctement pour éviter
la panne, c ’est-à-dire des troubles du fonctionnement cérébral.
Le cerveau fonctionnera normalement si les neurones
appropriés :
- sont sélectionnés correctement
- puis s ’ils parviennent à migrer jusqu ’à l ’emplacement
qui leur a été préalablement désigné.
15. Anomalie de la sélection neuronale
dans les schizophrénies ?
• Avant la naissance, les neurones
sont produits en excès. Certains
sont sains, et d ’autres ont une
anomalie. Le développement
neuronal normal choisit les bons
neurones, tandis que dans la
schizophrénie, certains
neurones anormaux seraient
sélectionnés, ce qui créerait la
condition d ’apparition de celle-ci
lorsque ces neurones seront
ultérieurement sollicités pour
accomplir leur tâche.
16. Anomalies de la migration neuronale
dans les schizophrénies ?
Les neurones, une fois formés,
migrent progressivement. En
l ’absence de problème, ils sont
correctement alignés et peuvent
croître, établir leurs connections et
fonctionner normalement. En
revanche, si la migration est
anormale, les neurones ne se
retrouvent pas à la bonne place, ne
reçoivent pas les bonnes
connections et par conséquent ne
fonctionnent pas correctement. Ce
dysfonctionnement serait présent
dans les schizophrénies.
17. Anomalies de la connectique neuronale
dans les schizophrénies ?
Un autre mécanisme possiblement à l ’œuvre dans les schizophrénies est
un mauvais établissement de connexions entre les neurones, ce qui
provoque un mauvais câblage. Il peut dès lors se produire un transfert
anormal d ’informations entre les neurones et les différentes zones du
cerveau, qui n ’arrivent pas à communiquer de manière harmonieuse.
18. La schizophrénie : une maladie
neurodéveloppementale ?
La schizophrénie pourrait trouver son origine dans un développement
anormal du cerveau du fœtus lors des premiers stades de la sélection et de
la migration neuronales, du fait de l ’influence d ’un programme génétique
néfaste.
Les symptômes, toutefois, n ’apparaîtraient pas jusqu ’à ce que le cerveau
se mette à « reprogrammer » ses synapses, processus de restructuration
normal, mais qui en l ’occurrence mettrait à jour les anomalies de sélection et
de migration neuronales jusqu ’alors masquées, comme s ’il s ’agissait d ’une
bombe à retardement placée au cours de la vie fœtale.
Il est possible que ce processus continue d ’agir à l ’âge adulte, lors de la
phase où existent les symptômes.
19. Ou une maladie neurodégénérative
???
La démence précoce « dementia praecox » de Kraepelin (1919).
Les neurones se développeraient normalement jusqu ’au début de l ’âge
adulte, mais perdraient ce bénéfice, avec une perte progressive des fonctions
neuronales au cours de la maladie.
Cette dégénérescence pourrait être sous l ’influence d ’un excès de la
fonction glutamate. Selon cette hypothèse, les neurones dégénèreraient du
fait d ’une neurotransmission glutamatergique excitatrice excessive
(mécanisme possiblement commun à la schizophrénie, la maladie
d ’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotyrophique…)
20. Sans doute les deux combinées !
Maladie Développement normal
neurodéveloppementale
SCHIZOPHRENIE
Maladie neurodégénérative
21. Région frontale et région temporo-
limbique
Deux régions cérébrales interreliées sont particulièrement affectées par ces
processus de maturation dans la schizophrénie
Région frontale
- symptômes négatifs
- désorganisation des comportements
et de la pensée
Région temporo-limbique
cortex temporal
- délires et hallucinations
système limbique
- perturbations des réponses affectives,
- troubles de la mémoire à moyen terme
22. Schizophrénie : l ’hypofrontalité
entraîne des déficiences dans
l ’organisation de la pensée
la facilité d ’expression verbale
les liens affectifs
le jugement social
l ’attention
la motivation et l ’initiation des actions
l ’établissement et la planification de buts
l ’agencement de séquences de comportement pour
parvenir à un but
23. Une Piste ? Anomalie de la
régulation de la Dopamine
Voie mésocorticale
Hypoactivité
Symptômes négatifs
Baisse des fonctions
cognitives
Voie
mésolimbique
Hyperactivité :
Symptômes positifs
24. Traitement Pharmacologique Actuel
Les Antipsychotiques
• Efficacité sur les
symptômes positifs
• Efficacité sur les
symptômes négatifs ?
• Préservation des
fonctions cognitives
Problème majeur: interruption du traitement
25. L’antagonisme DA :
les symptômes positifs et effets
indésirables
Augmentation
EPS
Inhibition Hyperprolacti
DA némie
Amélioration des
symptômes positifs
Adapté de Burris et al. J Pharmacol Exp Ther. 2002;302:381, Kane et al. J Clin Psychiatry. 2002;63:763
26. L’antagonisme DA :
les symptômes négatifs
Inhibiti
on Amélioration minime des
DA symptômes négatifs
Adapté de Burris et al. J Pharmacol Exp Ther. 2002;302:381, Kane et al. J Clin Psychiatry. 2002;63:763
27. Modèle Vulnérabilité-Stress-Adaptation
de la schizophrénie
médication
vulnérabilité
neuro-bio- réseau de
psychologique soutien social
compétences
stresseurs adaptatives :
socio
environnementaux habiletés sociales
symptômes et incapacités fonctionnelles
28. Traitements Psychoéducatifs
Entraînement aux compétences
sociales
Restructuration Cognitive
Prise en Charge au Long Cours:
lieux de vie
Hébergements thérapeutiques, lutte contre l ’exclusion,
le rejet...
29. Un Enjeu Majeur pour La Recherche
Médicale
Identification de
marqueurs génétiques,
biologiques
et des réseaux
neuronaux en cause dans
la maladie
Développement des
Identification de facteurs traitements
précipitants ( rôle du pharmacologiques
cannabis, de et
l ’adolescence) d ’électrostimulation
30. Soins extra-hospitaliers
Connections Intra-Extra
C.A.T.T.P.
C.M.P
Centre de Jour Centre de Jour
Sainte-Odile Beaulieu
31. Soins extra-hospitaliers
Bilan fonctionnel
Conscience
des troubles
Formation et expériences Habiletés de vie
professionnelles autonome
Bilan pré-admission
Bilan des compétences
acquises
Disponibilité à la
Habiletés sociales
réhabilitation
Qualité de vie