2. 2
Introduction :
Ce questionnaire a été envoyé aux communes pour étudier les pratiques documentaires du réseau de
bibliothèques du département du Gard. L’objectif était de réunir des éléments pour élaborer la nouvelle politique
documentaire de la DLL, et à plus long terme, effectuer une carte documentaire du département.
87 bibliothèques ont répondu au questionnaire, avec un taux de réponse variable suivant les questions
Pour rappel, le questionnaire abordait dans un premier temps l’environnement propre à chaque commune, à
savoir, nombre de prêts, population desservie, public spécifique etc. Dans un deuxième temps, les questions
s’intéressaient plus particulièrement aux collections (état et répartition du fonds, ressources disponibles, les
publics visés, l’attente vis-à-vis certaines pratiques etc.).Dans un troisième temps, le questionnaire interrogeait
les pratiques d’acquisition (moyens, outils, etc.). Enfin, les dernières questions étaient consacrées à la DLL et ses
services (satisfaction, attentes).
1- Données générales
Sur 87 bibliothèques, 71 ont été en mesure de donner le nombre de leurs lecteurs. Au total, ces bibliothèques
représentent 13% du lectorat du département, soit 22487 lecteurs répertoriés sur 648 310 habitants desservis.
Peut-être est-ce toujours difficile pour certaines bibliothèques d’évaluer leur nombre de prêts, car on remarque
que seules 61 des bibliothèques qui ont répondu à la question précédente, ont été en capacité de le fournir.
Dans l’ensemble, nos correspondants sur le réseau n’ont pas une connaissance très étendue de leur territoire.
Seules 20 ont pu citer les communes voisines qui n'ont pas de bibliothèque, et parmi ces réponses, il y a eu
quelques erreurs.
Sur les 87 bibliothèques, 27 ont identifié des publics prioritaires privilégiant la petite enfance et les personnes
âgées. Cependant elles méconnaissent les publics prioritaires de leur collectivité.
3. 3
Publics prioritaires du réseau de bibliothèques du Gard (27 réponses)
19
4
13
4
3
1
3
priorité petite enfance
adolescents
personnes âgées
personnes handicapées
scolaires
adultes
jeunes
4. 4
2- Sur les collections
Concernant les collections, seules 53 bibliothèques ont été en mesure de fournir des chiffres. Il semblerait que
certaines communes aient des difficultés à donner des données précises et plus spécifiquement à faire la
distinction entre les romans et les documentaires dans une même section (adulte ou jeunesse). Une grosse
majorité ne dispose pas des outils nécessaires à cette évaluation.
Cependant, on remarque une disproportion entre les fonds adultes et jeunesses et fictions et documentaires ;
notamment une surreprésentation des romans adultes au détriment des documentaires et de la jeunesse.
Certaines bibliothèques, si elles fournissent des éléments, ne font pas forcément la distinction entre les
documentaires jeunesses et ceux adultes, ou encore entre la fiction et les documentaires (que ce soit adultes ou
jeunesses). Là aussi sans doute faute d’outils appropriés.
5. 5
Répartition par genre des collections des bibliothèques et de celles de la DLL
140327
54490
42352
22278
26816 28240
21754
15161 15139
3768
68567 69701
33611
8532
48171
40399
13924 11595
31075
10840
6235
0
20000
40000
60000
80000
100000
120000
140000
160000
R
om
ans
Docum
entaires
adultes
Album
s
Rom
ans
jeunes
(JR
)
Rom
ans
enfants
D
ocum
entaires
jeunesse
BD
Jeunes
BD
Adultes
C
D
DVD
périodiques
fonds propres des bibliothèques du réseau
collection DLL
Concernant l’état général des collections, les bibliothèques ont été en mesure d’y répondre. Il en ressort qu’elles
semblent avoir des difficultés pour les qualifier et rendre compte de leur état. La question comportait des
réponses à choix multiples et sans doute a-t-elle été en partie mal comprise car les résultats ne sont pas
cohérents lorsque l’on croise les données. De manière générale, si les bibliothécaires sont plutôt d’accord avec
le fait que les livres soient en bon état, en revanche, ils avouent à la fois avoir trop de livres anciens, et
suffisamment de livres neufs ce qui est en soi une contradiction. Peut-être est-ce lié à une certaine frilosité des
réponses données ?
Adulte
153974
Jeunesse
94146
50449
24478
89230
41567
13409
3527
Répartition de la collection des bibliothèques par genre, en nombre de documents
Adulte
Jeunesse
1- Fiction jeunesse
2- Documentaire jeunesse
3- Fiction adulte
4- Documentaire adulte
5- Musique (CD)
6- Cinéma (DVD)
6. 6
Les prêts
Nous avons utilisé les chiffres du SIGB pour les prêts effectués par la DLL, car les chiffres fournis par ailleurs ne
sont pas assez parlants. Les bibliothèques du réseau ne sont pas en mesure actuellement de différencier ces
prêts de livres de ceux de leurs fonds propres : c’est un axe d’amélioration à travailler.
Première constatation : les documentaires adultes sont peu utilisés par le réseau.
Pour quelles raisons ?
Il ne s’agit pas de réduire l’usage des documentaires, ni à une lecture loisir, ni à une lecture informative.
La diversité des documents proposés, et leur attractivité, leur actualité sont-elles en cause ?
Le manque de place dans les bibliobus ne facilite pas la sortie de ces documents, qui sont trop souvent en
attente sur les étagères du grand magasin à livres de la DLL.
Des grands livres d’arts, des livres de photographies, des atlas, des beaux livres dans tous les genres
(décoration, bijouterie, paysages, architecture…)
Deuxième constatation : manque d’adéquation de la proposition documentaire de la DLL en livres jeunesse par
rapport aux collections détenues par le réseau.
S’agit-il de manque de prise en compte des besoins de la population ? De la difficulté d’amener le public jeune en
dehors des heures scolaires à la bibliothèque ? Les locaux sont-ils adaptés à tous les publics ?
(bacs et coussins, possibilité d’écoute sur place…)
Troisième constatation : disproportion entre la collection de CD de la DLL et celles du réseau. Le développement
attendu des médiathèques, qui se sont construites dans les années 90 autour du support livre uniquement
montre-t-elle un retard du département en matière de musique. Dans le Gard où la pratique musicale est intense,
où les écoles de musique – soutenues par le Département, parfois – sont légion, ces chiffres sont paradoxaux.
Sachant que les prêts en CD ne cessent d’augmenter, on peut poser des questions sur l’offre musicale qui est
effectuée par le réseau et sur les fonds propres dont il dispose.
Comparaison entre fonds des bibliothèques et DLL et les prêts effectués par la DLL en 2014
140327
54490
42352
22278
26816 28240
21754
15161 15139
3768
88746
22704
29081
3868
21031 22349
12454
6893
18465 20146
936
68567 69701
33611
8532
48171
40399
13924
11595
31075
10840
6235
0
20000
40000
60000
80000
100000
120000
140000
160000
R
om
ans
D
ocum
entaires
adultes
Album
sR
om
ans
jeunesR
om
ans
enfants
D
ocum
entaires
jeunesse
BD
Jeunes
BD
Adultes
C
D
D
VD
périodiques
fonds propres des
bibliothèques du réseau
prêts DLL 2014
collection DLL
7. 7
En revanche, les classes les plus empruntées rejoignent les observations statistiques d’emprunts de la DLL.
Ainsi, 48 bibliothèques ont pu fournir un classement des plus empruntés au moins empruntés.
1
4
3
5
2
5
8
9
7
10
0
2
4
6
8
10
12
Dewey 000 Dewey 100 Dewey 200 Dewey 300 Dewey 400 Dewey 500 Dewey 600 Dewey 700 Dewey 800 Dewey 900
Série1
On constate que les documentaires d’histoire et de géographie sont les plus empruntés, suivis par l’artisanat d’art
et les arts décoratifs puis les sciences et techniques (dont la cuisine). A l’inverse, les généralités sont la classe la
moins empruntée. Mais cette donnée est à temporiser puisque les collections en elles-mêmes sont de moindre
importance.
3- Les services numériques
L’objectif était de dresser un état des lieux des pratiques des bibliothèques et leur rapport au numérique : les
services déjà mis en place, ceux envisagés etc.
On constate que 33% y réfléchissent, et 22% en proposent déjà. Dans ces 22%, l’offre se décline du cybercafé
dans la médiathèque au catalogue en ligne. Ils sont en général gratuits (4 payants). L’introduction de nouveaux
usages comme l’utilisation de tablettes, liseuses ou encore Smartphones s’avère encore quasiment inexistante
dans les pratiques. L’ordinateur reste un outil privilégié pour la mise à disposition des ressources ou autres.
Les réponses révèlent aussi un manque de cohérence entre la mise à disposition de certains outils et les
pratiques réelles des lecteurs. En effet, les choix n’ont pas été faits en concertation avec le public (seulement
dans 8 cas), alors qu’il y a clairement une cible spécifique et demandeuse (le plus souvent ado). De fait, les
usages n’ont pas été anticipés.
Les publics cibles eux-mêmes ne sont pas clairement définis : les ados, personnes âgées, petite enfance,
handicapés, sont souvent cités et dans certains cas, figurent tous ensemble comme « public cible ». Néanmoins,
deux bibliothèques spécifient leurs services pour les malvoyants pour l’une et pour les handicapés moteurs pour
l’autre.
8. 8
Ces services numériques regroupent en grande majorité des usages traditionnels comme la recherche
documentaire ou de loisirs, l’accès aux services publics en ligne, la recherche d'emploi ou encore la consultation
de messagerie.
En ce qui concerne les attentes vis-à-vis de la DLL et de ses futures propositions de services numériques,
l’autoformation et la presse se détachent et arrivent en tête, juste devant les films et les livres numériques qui
eux, sont à égalité.
Les thèmes les plus plébiscités concernant les périodiques en ligne, sont en premier lieu l’actualité, suivis par les
périodiques pour enfants. Enfin, la science et la vie pratique devancent largement les arts et spectacles. Ce
service semble être envisagé comme la consolidation d’une offre sans doute déjà existante dans les
bibliothèques et non comme la possibilité d’une offre à de nouvelles thématiques.
Les attentes des usagers vis à vis des films en ligne reflètent globalement la demande lors des choix de DVD en
magasin. Les nouveautés sont très largement plébiscitées, suivies de près par les films pour enfants. Puis, on
retrouve en bonne place les documentaires suivis à égalité des grands classiques de la fiction et le cinéma
indépendant. Les films musicaux et la musique figurent en derniers choix.
Pour les formations en ligne mises à disposition du public, les réponses montrent une large préférence pour la
formation à des outils de bureautique. L’aide aux devoirs est en deuxième position suivie de près par les savoirs
communs en ligne et l’apprentissage des langues. Enfin le Code de la route figure en dernière position.
Les services numériques sont en devenir, mais l’offre commerciale actuelle est encore insuffisante et sa
représentation sur le réseau également. A l’heure actuelle, la DLL mène une réflexion sur ce sujet.
4- Pratiques d’acquisition
Les pratiques d’acquisition des bibliothécaires peuvent encore être développées. 60% des bibliothèques
partagent a minima leur budget entre les collections adultes et jeunesses. Certaines vont plus loin en
répartissant selon le type de documents ou encore selon les supports. Mais 23% ne procèdent à aucune
répartition. Il serait intéressant d’en connaître la raison : est-ce par manque de budget et/ou parce qu'elles
favorisent les demandes de lecteurs? Seules trois bibliothèques enrichissent un fonds spécialisé et leur alloue un
budget spécifique (gros caractères, petite enfance). De manière générale, la fiction et les livres adultes sont
prédominants.
9. 9
Pratiques d’acquisition : les outils utilisés par les bibliothèques du réseau, par ordre de préférence
59
53
50 49
46
41
36
21
18
0
10
20
30
40
50
60
70
écoutez les
chroniques
radio et TV, les
interviews
d’auteurs
consultez des
sites spécialisés
sur internet
(librairies,
critiques de
livres, extraits
de livres…)
feuilletez les
livres en
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consultez les
rubriques Livres
dans les
magazines et la
presse
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lecteur
prenez conseil
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prenez conseil
en discutant
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familles,
collègues
achetez ce que
vous-mêmes
avez envie de
lire pour mieux
conseiller vos
lecteurs
consultez les
bibliographies
offertes par la
DLL (jeunesse,
musique, BD,
fonds local)
Force est de constater que les bibliothèques s’entourent de plus en plus de conseils et c’est à plusieurs que 75%
d’entre elles acquièrent des documents. Seule une petite minorité fait encore sa sélection sans avis extérieur.
Néanmoins, les acquisitions partagées ne sont pas vraiment structurées, chacun choisit dans tous les domaines.
Les bibliothécaires ne ressentent pas le besoin de formation dans le domaine des acquisitions, 68% ayant
bénéficié d’une formation initiale de la DLL. Elles sont néanmoins intéressées par les outils que pourrait
développer la DLL (coups de cœur, sélections de sites professionnels et les sélections bibliographiques
thématiques ou d’actualité). 21% des bibliothécaires ont suivi une formation en politique documentaire et 18%
une formation à la connaissance des fonds et des collections.
Notre questionnement sur les besoins en accompagnements de la part de la DLL a reçu peu d’échos. On note la
pertinence de continuer les formations de base sur la gestion des collections et des bibliothèques (connaissance
des fonds, désherbage, méthodologie des commandes, informatisation, agencement) car ce sont les demandes
qui reviennent le plus fréquemment. Il existe toujours un besoin de formation dans l’animation (art de conter,
accueil des classes, accompagnement et gestion des animations avec intervenants etc.) et autour du multimédia
(ressources numériques, Internet et Wifi en bibliothèque, communication, portail etc.).
Pour faire le point sur les pratiques d’acquisition, on remarque qu’il ne semble pas y avoir de structuration ni de
procédures soigneusement établies. Quelques professionnel(le)s ont des objectifs (sur les publics) et très peu
enrichissent des collections d’un fonds spécialisé. Concernant la répartition du budget, c’est une notion dont les
contours restent encore assez flous. Paradoxe, même quand les acquisitions sont réparties entre plusieurs
sélectionneurs, souvent il n’y a pas de domaine de compétence repéré pour chacun (tout le monde achète de
tout).
10. 10
5- La DLL : évaluation
Il est difficile d’avoir une réponse objective sur l’évaluation des services de la DLL, car on peut penser que les
bibliothèques ont répondu en ayant peur de se voir ôter des prestations.
Si l’on veut avoir des outils d’évaluation pour la DLL et le réseau, il semble important de proposer au réseau des
grilles de relevés, des outils de collecte, sans compter l’impulsion qui doit être donnée pour convaincre les
bibliothèques de s’équiper en SIGB, afin de recueillir les données de façon automatisée.
Conclusion
Un premier questionnaire avait été envoyé en 2013 sur la base d’un échantillonnage de 71 bibliothèques du
réseau. Seules 23 d’entre elles avaient répondu. Au vu de la faiblesse des réponses, la DLL a mené une
campagne d’information confiée aux coordinatrices d’UTLP et au service politique documentaire. Elle a fait
apparaître une incompréhension sur la finalité du questionnaire et des difficultés à y répondre. Ces difficultés
tiennent d’une part au manque de temps des responsables et à l’absence d’outils d’évaluation. Des demandes
ont été formulées pour un accompagnement personnalisé par la DLL. D’autre part, cette campagne a également
révélé des réels besoins de formation en politique documentaire des bibliothécaires du réseau.
En conséquence, un nouveau questionnaire a été élaboré en juin 2015 avec l’introduction de nouvelles données
comme celles sur les pratiques des ressources numériques, une interrogation partagée par la DLL et le réseau. Il
a été envoyé aux 238 bibliothèques du département. Ce deuxième envoi a permis de recueillir 87 réponses soit
36% de taux de participation et la DLL remercie les bibliothèques qui ont pris le temps de répondre. C’est une
bonne base pour l’analyse documentaire du territoire, qui devra faire l’objet de développements. Néanmoins, ces
résultats donnent une visibilité partielle du réseau et dans les années à venir, la DLL souhaiterait continuer
d’approfondir la connaissance de son public afin de cibler au mieux ses besoins.
Il est dans l’intérêt des bibliothèques de persévérer dans l’évaluation de leur service. En effet, les multiples
prestations accomplies ne sont pas suffisamment connues du public et des tutelles des bibliothèques, au
détriment de leur reconnaissance comme service public et des moyens auxquels elles pourraient prétendre. La
production de rapports et de données statistiques est un élément indispensable de la valorisation du travail des
bibliothèques auprès des élus. L’exploitation d’outils d’évaluation, notamment en matière de politique
documentaire (acquisitions, collections, prêts, publics cibles), permettent d’améliorer le service auprès des
publics.
En tenant compte de ces résultats et de ces objectifs, la DLL propose l’accompagnement du réseau pour la mise
en place d’outils statistiques, des recommandations en matière de pratiques d’évaluation et l’intensification des
formations de base.
Enfin, l’objectif est la refonte de la charte documentaire pour refléter au plus près les besoins des publics des
bibliothèques. Feuille de route du prochain schéma départemental de lecture publique, elle est à élaborer en
collaboration avec le réseau. Elle est un outil aux multiples usages :
- Un outil politique : déclaration de stratégie du développement de la bibliothèque, destiné à être validé par la
tutelle, il est aussi instrument de travail des bibliothécaires. Il légitime la place de chacun, celle des élus, des
professionnels de la lecture publique et des bénévoles.
- Cadre de travail, elle comporte plusieurs documents : la charte en tant que telle – une déclaration politique sur
plusieurs années -, le plan de développement de la collection, et les documents techniques affinant les critères de
sélection et désélection des documents (désherbage).
Elle prévoit des bilans et des évaluations, de manière à faciliter le travail de rendre-compte aux tutelles, et à la
Direction du Livre et de la Lecture.
Et c’est ensemble que nous allons concourir à l’établissement de cette charte afin de poursuivre la mise en valeur
et la légitimité de notre travail.