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Trombinoscope historique de la non-violence
Penseurs et acteurs de la non-violence et
de la résolution non-violente des conflits
5 - de 1930 à 1938
Étienne Godinot -09.10.2022
Sergueï Kovalev
Né en 1930. Biologiste russe, spécialiste du système nerveux.
Conteste les théories génétiques de Lyssenko, maître à
penser de la science officielle.
Dès 1967, s’engage pour la défense des droits de l’homme.
Exclu de l’université, participe à la section moscovite d’Amnesty
International.
Condamné en 1974 à 7 ans de camp à régime sévère et 3
ans d’exil intérieur.
Élu député en 1994 après la chute du communisme.
S’oppose à la guerre en Tchétchénie et la dénonce partout
dans le monde.
Prix Sakharov du Parlement européen.
« En aucun cas, on ne doit combattre un peuple par les armes.
Même si celui-ci se trompe, même s’il donne préférence à des chefs
qui nous déplaisent et choisit des idéaux politiques erronés. »
Dolores Huerta
Née en 1930, dirigeante syndicale états-unienne et militante pour les
droits civiques. Descendante d'immigrés mexicains, élevée par une mère célibataire
pendant la Grande Dépression. Études de pédagogie à l’Université du Pacifique, quitte
son poste de professeure de grammaire pour se consacrer à la militance.
Cofondatrice avec Cesar Chavez de ‘l'Association nationale des paysans’, qui
rejoint plus tard ’l'Union générale des paysans’ (United Farm Workers). Lutte pour les
droits fondamentaux des travailleurs agricoles : de l'eau, une assurance-chômage, des
toilettes, des pauses, un salaire minimal. Oratrice, organise des grèves, des marches
spectaculaires, des boycotts. Arrêtée plus de 20 fois.
Lance le slogan devenu emblématique est né : "Si se puede !" ("Oui, nous le
pouvons !"), emprunté par Barack Obama pour le slogan de sa campagne de 2008 :
"Yes We Can !").
Féministe, écologiste, active contre les armes à feu, fervente
défenseuse des travailleurs agricoles et représentante de la
communauté latino aux États-Unis. Reçoit de nombreux prix pour
ses services à la communauté et la protection des travailleurs, des
immigrants ainsi que pour les droits des femmes.
Photo du bas : Barack Obama lui remet la médaille présidentielle de la liberté en 2012.
Johann Galtung
Né en 1930, Norvégien. Études de mathématiques et de
sociologie. Service civil de 18 mois à la place du service militaire.
Politologue connu comme le fondateur de l'irénologie, science de
la paix. Auteur de plus de 70 ouvrages.
Développe une définition positive de la paix incluant la recherche
d’une justice sociale et la lutte contre toute "violence structurelle"
politique ou socio-économique.
Fonde en 1959 l’’Institut international de recherche sur la paix’
d’Oslo. Cofondateur en 1933 directeur de Transcend, réseau pour la
transformation des conflits par des moyens pacifiques.
En tant que polémologue et artisan de paix, a été personnel-
lement impliqué dans 25 situations de conflit.
Précurseur de l’idée d’éducation à la paix. ../..
Johann Galtung
« Je crois fermement au pluralisme, pas seulement
d’idées, mais aussi de systèmes sociaux, dès lors qu’ils sont
non-violents. L’essentiel est de ne rien faire qu’on ne puisse
défaire. Toutes action doit être réversible. Nous avons droit à
l’erreur, mais se tromper en agissant de façon irréversible, c’est
léguer la violence à nos successeurs.
Le critère de réversibilité est beaucoup plus fiable que
celui d’universalité, et c’est un des arguments de la non-violence
: on ne peut pas redonner vie à ce qui est mort. »
Hildegard Goss-Mayr
Née en 1930, Autrichienne.
À l’âge de 12 ans, refuse de lever le bras au passage d’Hitler
à Vienne.
Docteur en philosophie, épouse en 1958 l’ouvrier Jean Goss,
avec qui elle parcourt le monde.
Anime des sessions de formation, collabore avec Helder
Camara, Adolfo Perez Esquivel, Antonio Fragoso, Oscar Romero, le
mouvement Akkapka aux Philippines.
« J’ai vu la fascination exercée par Hitler. Je ne me sentais pas le
droit de lever la main ou de me joindre à la clameur. J’ai pensé :
“Même s’ils me tuent, je ne lèverai pas la main". Cette lutte contre la
violence, avec la justice et la vérité, ce fut pour moi un moment
fondateur. »
Photo de H. G.-M. par Mirjam Mahler ©
Desmond Tutu
(1931-2021), instituteur sud-africain, prêtre anglican en 1961
puis évêque en 1976.
Refusant l’autorisation de résider en "zone blanche", choisit de
vivre dans la ville noire de Soweto.
Son titre de secrétaire général du South African Council of
Churches (SACC -Conseil Sud-Africain des Églises) donne du poids à
ses déclaration et à sa participation à toutes les manifestations contre
l’apartheid.
Prêche aux obsèques après l’assassinat de Steve Biko.
Prix Nobel de la paix en 1984.
Après l’élection de Nelson Mandala, préside en 1995 la
‘Commission Nationale de la vérité et de la réconciliation’, chargée de
faire la lumière sur les crimes commis durant la période de l’apartheid
tant par le gouvernement que par les mouvements de libération.
Très grande figure de la lutte contre l’apartheid, conscience de
l’Afrique du Sud, mais aussi voyageur infatigable au rire espiègle et
puissant. Dénonce l’arme nucléaire, compare souvent le traitement
réservé par Israël aux Palestiniens à l’apartheid qui régnait dans son
pays.
Adolfo Perez Esquivel
Né en 1931, Argentin. Professeur d’architecture, de peinture et
de sculpture.
Publie en 1973 la revue Paz y Justicia, fondateur et coordina-
teur en 1975 du Servicio Paz y Justicia (Serpaj)*.
Incarcéré sans procès et torturé pendant 14 mois en 1976
sous la dictature des généraux, puis maintenu en liberté surveillée
pendant 14 autres mois.
Prix Nobel de la paix en 1980.
Travaille à la mise en place de solidarités internationales pour
lutter contre les oppressions : Bateau pour le Nicaragua, la Pologne,
actions en Afrique du Sud, au Moyen-Orient, au Tibet.
../..
* mouvement non-violent qui a aujourd’hui des secrétariats permanents
dans 11 pays latino-américains.
Adolfo Perez Esquivel
En 1995, prend la tête d’une mission de paix entre le Pérou
et l’Équateur.
Membre du ‘Tribunal Permanent des Peuples’ (TPP) qui
dénonce les méfaits des entreprises multinationales.
Signataire du Manifeste de Porto Alegre en 2005.
« Nous devons avoir les mains ouvertes, fraternelles, sans haine, sans rancoeur,
pour parvenir à la réconciliation et à la paix, mais avec fermeté, sans hésitation aucune
dans la défense de la vérité et de la justice. Car on ne peut semer avec les poings
fermés. Pour semer, il faut avoir les mains ouvertes. »
« C'est vrai que l'éléphant est plus fort, mais nous, les fourmis nous sommes les
plus nombreuses…»
Ronald Dworkin
(1931-2013), philosophe états-unien spécialiste de la philosophie
du droit, professeur à Londres et New-York. Un des théoriciens
modernes de la désobéissance civile. En pleine guerre du Viêtnam,
prend la défense des objecteurs de conscience qui refusent cette
guerre.
Préconise l’enracinement du droit dans une philosophie politique
qui fait primer l’exigence morale. Pour lui, l’homme possède des droits
moraux qui sont opposables à l’État. Défend un « égalitarisme de la
chance » qui repose sur l'idée que les individus doivent assumer les
conséquences des risques qu'ils prennent ou des choix qu'ils posent,
mais que l'État doit redistribuer les profits et compenser les inégalités
liées à la chance pure.
« Un homme doit honorer ses devoirs envers son Dieu et envers
sa conscience et si ceux-ci sont en conflit avec son devoir à l'égard de
l'État, alors il a le droit, en dernier ressort, de faire ce qu'il juge être bien.
Si l’individu enfreint la loi, il doit se soumettre à la sanction
imposée par l’État en reconnaissance du fait que son devoir envers ses
concitoyens a été supplanté mais non abrogé par son obligation morale
ou religieuse. »
Willy Romelus
Né en 1931, Haïtien, évêque catholique de Jérémie de 1977 à
2009.
S’engage dans le combat non-violent contre la dictature jusqu’à la
chute du régime Duvalier en 1985.
Quand le Président Jean-Bernard Aristide, élu démocratiquement
en 1990, est renversé en septembre 1991 par l’armée dirigée par Raoul
Cedras, s’engage pour la démocratie en s’opposant au silence complice
du Vatican.
Échappe à 10 tentatives d’assassinat. Prix Européen des Droits de
l'Homme en 1994 .
« Certains disent qu’ils faut prendre les armes parce que la
communauté internationale se joue de nous. Mais ce n’est pas la solution
: les putschistes ont les armes et l’argent, pas nous ! Moi, je suis
naturellement non-violent. La violence amène la violence. Le dialogue et
la négociation permettent mieux de construire en profondeur (…) Une
guerre civile serait catastrophique. »
Ahangamage Tudor Ariyaratne
Né en 1931, Sri-Lankais, disciple bouddhiste de Gandhi,
fondateur du Sarvodaya Sharamadana Movement (SSM), actif dans
15 000 villages au Sri Lanka sur 38 000.
Développe des programmes de développement et d’éveil de la
personnalité humaine, des familles, des communautés rurales et
urbaines, d’auto-gouvernance des villages, et un programme d’éveil
national.
L’action commence par des chantiers collectifs visant à
satisfaire des besoins de base (alimentation, eau, vêtements, habitat,
énergie, etc.) et se prolonge dans les domaines de l’éducation, de la
santé, du microcrédit, de l’animation culturelle, du dialogue
interreligieux.
../..
Ahangamage Tudor Ariyaratne
« Les membres du Conseil national Deshodaya ont
pour objectif de promouvoir la non-violence, la protection de
l’environnement, de mobiliser les gens et les institutions
judiciaires pour prendre assurer la protection des droits
humains de base et les pratiques anti-sociales telles que la
corruption, la fraude et la violence, garantir à chaque citoyen
un traitement juste et équitable par la loi. En d’autres
termes, le programme Deshodaya peut faire prévaloir un
bon gouvernement dans la société à tous les niveaux. »
Jawdat* Saïd
(1931-2022), Syrien, enseignant démis de ses fonctions. Dès ses
études à l’université al-Azhar, au Caire, déplore que ses professeurs
enseignent la doctrine de manière dogmatique et se montrent incapa-
bles de faire le lien avec la justice sociale. Une école se crée autour de
ses idées à Derayya, dans la banlieue de Damas, fréquentée par des
centaines de jeunes. Convoqué par les services secrets syriens et
contraint à une « mouraja’a(révision) de ses points de vue », qu’il
refuse, gagne la Turquie avec sa famille.
Un des premiers penseurs musulmans à introduire la notion de
non-violence dans le monde islamique. Auteur d’une réflexion fonda-
trice sur la non-violence, à l’intérieur de l’islam et à partir de ses
sources. Médite sur l’invention de la bombe atomique comme sur la
solidarité née de la construction européenne.
Dans son livre La doctrine du premier fils d’Adam, Le problème
de la violence dans le monde islamique (1964), la réponse d’Abel à son
frère aîné Caïn qui menace de le tuer « Si tu portes la main sur moi
pour me tuer, je ne porterai pas la main sur toi pour te tuer » (V, 28)
exprime clairement l’attitude que le croyant musulman doit adopter pour
faire face à l’homme violent.
* Prononcer Jaodat Photo du bas : Caïn et Abel par Le Titien
../..
Jawdat Saïd
Ainsi, selon la mythologie adamique rapportée par le Coran, l’histoire
n’a pas commencé par un meurtre, mais par un acte de non-
violence.
Selon lui, les opprimés sont pour une large part responsables de
l’oppression qu’ils subissent. Pour affirmer cela, se réfère à la sourate III, 165 :
« Lorsqu’un malheur vous a atteints, (…) n’avez-vous pas dit : « D’où vient cela ? »
Réponds : « Cela vient de vous ». « Ainsi, commente-t-il, le Coran est le seul livre qui
réprimande la victime davantage que le persécuteur ».
Voit dans l’injonction du Coran « Pas de contrainte en religion » (II, 256) un
commandement divin qui doit régenter non seulement la vie religieuse des individus,
mais aussi la vie sociale et politique des peuples.
Prend clairement position dans le débat sur la question "Quels versets du
Coran doivent abroger quels autres ? ". Ne retient pas la doctrine orthodoxe (les
versets les plus récents abrogent les versets les plus anciens), mais plaide pour que
les versets qui correspondent le mieux aux exigences de la justice abrogent ceux qui
y correspondent le moins.
Pour lui, ce sont les intellectuels qui ont la plus grande responsabilité dans le
fait que les sociétés sont gangrenées par l’injustice et la violence, car ils façonnent la
culture des sociétés.
Lluís Maria Xirinacs
(1932-2007), prêtre de 1954 à 1990, économiste, homme politique
et écrivain catalan.
Mène une grève de la faim en 1969 pour demander la séparation
de l’Église et de l’État, une autre de 42 jours en 1973 pour la libération
de 113 prisonniers politiques, et une autre de 21 jours en 1974 pour
l’indépendance de la Catalogne.
Emprisonné par le régime franquiste en 1972 et en 1974-75. Se
tient debout devant la porte de la prison modèle de Barcelone 12 heures
chaque jour pendant 21 mois jusqu‘à la loi d'amnistie de 1977 pour
demander la libération des prisonniers politiques.
Élu sénateur en 1977 lors de la transition démocratique espagnole.
En 1984, à la demande de Agustí Chalaux i de Subirà (1911-
2006), crée le Centre d’Estudis Joan Bardina (J. Bardina, 1877-1950)
pour élaborer un nouveau modèle politique, économique et social.
Docteur en philosophie à 65 ans.
Sa mort à 75 ans a été présentée à tort comme un suicide.
Louis Vitale
Né en 1932, États-unien, fils d’émigrés siciliens. Navigateur
en 1958 dans les avions de chasse, docteur en sociologie, prêtre
franciscain.
Fonde en 1989 le mouvement de formation et d’action non-
violente Pace e Bene, d’inspiration franciscaine. Curé de paroisses
pauvres à Los Angeles et à San Francisco.
Engagé depuis 40 ans dans des combats pour la justice et
la paix utilisant la désobéissance civile, arrêté plus de 200 fois,
emprisonné plusieurs fois plus de 6 mois.
1979-1988 : actions contre les essais nucléaires dans le
désert du Névada.
Novembre 2006 : avec le jésuite Steve Kelly, s’agenouille et
prie devant le fort Huachuca (Arizona), centre de renseignements
de l’armée états-unienne qui forme les soldats à "l’interrogatoire
renforcé" (la torture), condamné en 2007 pour cette raison à 5
mois de détention. ../..
Louis Vitale et Steve Kelly
2009 : action dans la base aérienne de Creech contre les
attaques de drones au Pakistan. 2009 : marche sur Gaza 2009.
2010 : actions contre le Western Hemisphere Institute for
Security Cooperation, centre d’entraînement politico-militaire à
Fort Benning, etc.
« Ces journées (en prison) sont un voyage vers une
nouvelle liberté et une lente transformation de l'être et de
l'identité : une invitation à entrer dans le plus authentique de soi-
même, à suivre le chemin de la prière et le témoignage de la
non-violence, où que cela puisse mener. »
Citons aussi, parmi tant d’autres qui payent de leur
personne pour défendre la dignité de l’homme aux États-Unis,
Roy Bourgeois et Jerry Zawada, franciscains, John Coleman,
William Bichsel et John Dear, jésuites (voir diapo), Betsy Lamb,
Mary Burton Riseley.
Photo du haut : Stephen (Steve) Kelly sj
Bernard Quelquejeu
Né en 1932, Français, polytechnicien, dominicain, docteur en
philosophie.
Directeur de la Revue des Sciences philosophiques et théologiques
de 1968 à 2001, professeur d’anthropologie et d’éthique philosophique à
la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris de 1970 à 1997.
Membre du Comité d’orientation de la revue Alternatives non-
violentes et d’un groupe de travail sur le "dialogue interconvictionnel" au
Conseil de l’Europe.
« La non-violence, comme logique de luttes contre l’injustice et la
domination, a essaimé au XX° siècle un peu partout dans le monde.
Pourquoi demeure-t-elle si peu connue et si peu pratiquée en
France, alors qu’elle est la seule forme de luttes qui cherche à conjoindre
l’aspiration morale avec l’efficacité à long terme ?
Sans doute n’a-t-on pas assez éclairé les liens intimes unissant la
non-violence avec les grands thèmes de notre tradition occidentale : le
langage, le travail, la famille, le lien social, le pouvoir, la dignité humaine,
la reconnaissance mutuelle. »
Guy et Marizette Tarlier
G.T. : (1932-1992), Français, lieutenant, planteur de café en
Afrique, puis paysan sur le Larzac après 1965.
Appelé parfois « le préfet du Larzac », considéré comme le
leader des 103 paysans pendant la lutte contre l’extension du camp
militaire de 1970 à 1981.
Écrit en 1970 une brochure montrant la vitalité de l’agriculture
sur le plateau, emmène des brebis sur le Champ de Mars en 1972,
renvoie son livret militaire en 1973, protège F. Mitterrand contre les
gauchistes en 1974.
Son épouse Marizette (1933-2020) passe 15 jours en prison
après leur participation à l’enlèvement de documents dans l’antenne
Génie-Domaine en juin 1976.
Marche sur Paris en novembre 1978.
../..
Guy et Marizette Tarlier
et les paysans du Larzac
« Nous avons développé des "retours de solidarité"
avec la Nouvelle-Calédonie, La Polynésie, la Palestine, les
paysans sans terre d’Amérique latine. Nous n’avons jamais
cessé de nous intéresser au monde qui nous entoure. (…)
En tant qu’altermondialiste, je lutte contre les OGM,
l’OMC, la malbouffe. Il est très important que nous restions en
phase avec le mouvement social et les peuples du Sud »
Marizette Tarlier, 08.08.2003
Il faudrait présenter aussi Jean-Marie et Jeannine Burguière,
Pierre et Christiane Burguière, Léon Maillé, Robert et Odile
Gastal, Auguste Giraud, Christian Roqueirol, et tous les
autres…
Photos : Christiane et Pierre Burguière,
Léon Maillé, Christian Roqueirol
Michael Randle
Né en 1933. Militant et chercheur britannique.
Objecteur de conscience en 1951, docteur en Peace Studies
(Bradford, 1994)
Engagé dans les combats non-violents contre l’arme nucléaire en
Grande-Bretagne et à l’étranger. Secrétaire du ‘Comité des Cent’,
fondé en 1960 en vue du désarmement nucléaire, membre du Conseil
de War Résisters International, coordinateur de 1980 à 1987 de
l’Alternative Defence Commission (ADC).
Chercheur honoraire invité au département de Peace Studies de
l’Université de Bradford.
« Pour être efficace moralement et psychologiquement, une résistance
civile nécessite une distinction claire entre combattants armés et
combattants non-violents. C’est pour cette raison que le rapport de
l’ADC n’a pas retenu l’idée de combiner la défense civile et la guérilla.»
The politics
of alternative
defence
Michael Randle
Paladin - 1987
Bill Moyer
(1933-2002), ingénieur puis travailleur social, militant états-
unien engagé pendant 40 ans dans les mouvements non-violents
pour les droits civiques, la paix et l'environnement.
Développe dans les années 1970 un modèle stratégique, le
Movement Action Plan (MAP), qui utilise des études de cas de
mouvements sociaux réussis pour illustrer huit étapes distinctes de la
progression. Le MAP aide les militants à choisir les tactiques et
stratégies le plus efficaces au fur et à mesure de la progression de
l’action.
1) Identification du problème. 2) Analyse de l’échec des
voies d’action habituelles. 3) Maturation de la situation.
4) Démarrage de l’action. 5) Analyse des succès et des
échecs. 6) Conquête du soutien de l’opinion publique.
7) Atteinte des objectifs. 8) Analyse du résultat et choix
des objectifs futurs.
Françoise Héritier
(1933-2017), anthropologue et ethnologue française,
professeure au ‘Collège de France’.
Une des personnalités à l’origine de la chaîne de télévision
Arte, soutient les mouvements d’action et de recherche sur la non-
violence.
« Personne n'est obligé d'aimer tout le monde. C'est vrai pour
les individus que l'on côtoie, ce peut être vrai pour des cultures dans
leur ensemble où l'on se sent plus ou moins à l'aise, par manque de
familiarité et d'observation. Encore faut-il ne pas user de ces
émotions pour justifier la mise à l'écart, le mépris et la
disqualification des autres (…).
« Le goût des autres ne m'a jamais quitté. Pour le
transmettre, je crois qu'une éducation à la différence à l'école, au
collège et au lycée s'avère nécessaire ». ../..
Françoise Héritier
« N’est-il pas remarquable que l’Encyclopœdia Universalis
n’avait pas encore d’entrée au mot "violence" dans son édition de
1966 ? »
« La violence n'est pas innée chez l'homme. Elle s'acquiert
par l'éducation et la pratique sociale. »
« La réussite de Non-Violence XXI viendra de sa capacité à
dissocier auprès du public, les notions de violence et de force. La
force, notamment celle du droit, peut s’exercer par la contrainte :
elle n’est pas pour autant une violence. La non-violence est un
concept qui reste souvent associé au pacifisme. C’est bien sûr un
contre-sens.
L’exemple de Gandhi a pu instaurer dans les esprits l’idée que la
non-violence est le propre d’une culture qui ne serait pas
occidentale. Il faut donc faire entrer la non-violence dans notre
culture. »
Marlène Tuininga
Née en 1933 aux Pays Bas, journaliste jusqu’en 1998 à
Malesherbes publications (Informations catholiques internationales et
La Vie).
Ex-présidente de la section française de la Woomen
Interna-tional League for Peace and Freedom, membre du
Mouvement International de la Réconciliation (IFOR).
Après sa retraite, parcourt pour la ‘Fondation Charles
Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme’ (FPH) une trentaine de
pays à la rencontre d’autres femmes qui dans différents pays du
monde cherchent à prévenir, détourner et résister à toute sorte de
violence, qu’elle soit sexuelle, sociale, économique, politique ou
armée.
Correspondante de paix" au Cambodge, au Rwanda, en
Afghanistan, en Israël, en Russie et en Amérique latine.
« Il est incroyable de voir comment ces femmes désireuses
de paix et de justice ne restent pas enfermées dans la douleur des
souffrances vécues, mais comment elles relèvent la tête et s’engagent
en première ligne pour leurs sœurs, leurs enfants et en faveur d’un
avenir meilleur pour leur pays. »
Marshall Rosenberg
(1934-2015). Docteur en psychologie clinique états-unien, né
dans une famille juive.
Développe à partir des années 1980 un processus de « com-
munication non-violente ».
Enseigne cette méthode à travers le monde.
Dirige le Center for NonViolent Communication.
La méthode aide les personnes à résoudre les conflits dans la
non-violence. Elle apprend à chacun à dire :
1) à quoi je réagis dans le comportement de l’autre,
2) ce que je ressens,
3) mes besoins non satisfaits,
4) ce que j’aimerais que l’autre fasse.
« Manifester de l’empathie et de la générosité est sans doute
la plus gratifiante des activités humaines .»
Pierre Dufour
Né en 1934, Français, ingénieur mécanicien de l'École de
l'Air.
Après 16 années dans l'armée, la quitte car opposé à la
dissuasion nucléaire. 5 ans professeur à Ouagadougou, 19 ans
dans l'industrie et la recherche.
Membre du MAN, un des 3 fondateurs de ‘Balkan Peace
Team France’ (organisation de missions d'intervention civile de
paix).
Accomplit, entre 1992 et 2003, 15 missions dans les Balkans,
en particulier au Kosovo.
Vérificateur du cessez le feu d'octobre 1998 avec
l‘’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe’
(OSCE).
En 2012, membre du groupe de pilotage de la campagne du
MAN pour un désarmement nucléaire unilatéral de la France.
Indu Tikekar
(1934-2006), universitaire et militante indienne gandhienne.
Docteure en philosophie, passionnée de langues, poursuit une carrière
universitaire jusqu'à la fin des années 1960. Après sa rencontre avec
Vinoba Bhave, s’engage activement dans l’action GramDaan-GramSwaraj
(don de terres et autonomie des villages).
En 1968, fonde l’ashram sarvodayien* Ujelii sur les rives de la rivière
Bhagirathi à Uttarkashi. Avec l'activiste Sunderlal Bahuguna et sa femme
Vimla et le mouvement Chipko, s'implique dans le mouvement anti-alcool,
les mouvements écologistes et de défense des femmes. Grande
connaisseuse de la pensée de Gandhi, fervente critique du consumérisme.
Plus tard, dans le cadre de la Mahila Shanti Sena ("Armée de paix
des femmes"), fait campagne dans de nombreux États.
« La crise actuelle de la civilisation n'est pas seulement écologique
ou économique, elle a aussi des aspects moraux et spirituels. Pour que les
valeurs de l'esprit prennent racine, un mouvement demandant de limiter
nos exigences doit être lancé. (…) Ce n'est que si la science et le
développement se détournent de la technologie morbide que nous pouvons
espérer maintenir l'harmonie entre la nature et les êtres humains. »
* Sarvodaya (sarva : tous, udaya : élever) signifie "croissance universelle" ou "prospérité pour
tous". Le terme a été créé et choisi par Gandhi comme titre de la traduction de l'ouvrage de John
Ruskin sur l'économie Unto this last. Le Mahatma utilisait le terme pour définir sa propre philosophie
politique.
Arun Gandhi
Né en 1934, militant sociopolitique indo-étatsunien. 5ème petit-fils
de M. K. Gandhi par l'intermédiaire de son 2ème fils Manilal. Grandit avec
ses parents et sa sœur dans l’ashram de Phoenix (Durban) en Afrique du
Sud, que son grand-père avait créé en 1904. Ne rencontre le Mahatma
qu'à l'âge de 12 ans quand il va vivre avec lui pendant 2 ans (1946-1948)
à l'ashram de Sevagram à Wardha (Inde).
En 1987, déménage aux États-Unis avec sa femme Sunanda,
pour travailler à l'Université du Mississippi à une étude comparative des
formes de discrimination en Inde, en Afrique du Sud et aux États-Unis.
Fonde à Memphis (Tennessee), le MK Gandhi Institute for Nonviolence,
hébergé par la Christian Brothers University, institution universitaire
catholique, puis le Gandhi Worldwide Education Institute qui éduque les
enfants des régions les plus pauvres
Parcourt le monde afin de parler de l’action non-violente pour les
droits humains. Au cours de sa tournée en Israël, exhorte les Palesti-
niens à résister pacifiquement à l'occupation militaire israélienne.
Suit les traces de son grand-père comme militant, mais sans le
mode de vie ascétique du Mahatma. En 2017, publie The Gift of Anger,
And Other Lessons From My Grandfather Mahatma Gandhi.
Solange Fernex
(1934-2006), militante écologiste et non-violente française et
alsacienne.
Fonde, avec Antoine Waechter, le premier parti écologiste
d'Europe, ‘Écologie et Survie’, en 1979. Tête de liste ‘Europe Écologie’
aux premières élections européennes en 1979.
Jeûne 38 jours à Taverny pour le désarmement nucléaire mondial
en 1983.
Cofondatrice en 2001 de l'association ‘Enfants de Tchernobyl
Bélarus’.
Députée européenne de 1989 à 1995. Présidente de la section
française de la ‘Ligue internationale des femmes pour la paix et la
liberté’ (WILPF).
« Cela va trop lentement, mais cela avance. Comme mon compatriote
Albert Schweitzer, je suis pessimiste dans le diagnostic, optimiste dans
le pronostic. Ce qui compte, c’est l’action, l’engagement. »
Rajmohan Gandhi
Né en 1935, Indien, petit-fils, disciple et biographe du Mahatma
Gandhi, enseignant aux États-Unis.
Artisan en Inde du développement du ‘Mouvement du Réarme-
ment moral’ *.
Crée à Panchgani un centre de rencontres et y fait témoigner les
artisans français et allemands de la réconcilation devant des Indiens et
Pakistanais. Jeûne à plusieurs reprises contre haines entre Hindous et
Musulmans.
Emprisonné pour avoir refusé les méthodes autoritaires de
gouvernement de Mme Indira Gandhi, fille de Nehru. Se présente aux
élections contre Rajiv Gandhi, fils d’Indira, sillonne le pays à pied,
rencontre les Intouchables.
Refait en 1988 avec 92 compagnons le trajet de la marche du sel
pour répondre par la non-violence aux conflits du Pundjab et du
Bengale.
* Ce mouvement créé en 1946 à Caux, en Suisse, par le théologien protestant
Franck Buchman, est un réseau de rencontres au service du rapprochement des
peuples. Ayant profondément évolué, il s’appelle aujourd’hui ‘Initiatives et
changement’
Jacques Gaillot
Né en 1935, Français, prêtre de l’Église catholique romaine.
Confronté à la violence de la guerre pendant son service
militaire en Algérie, commence à s'intéresser à la non- violence.
Évêque du diocèse d'Évreux en 1982, en est déchargé
en janvier 1995 par Jean-Paul II en raison de l'expression de ses
positions politiques, notamment contre l'arme nucléaire et pour la
défense des minorités, considérée par ses pairs comme allant au-
delà de la réserve demandée aux membres du clergé.
Nommé évêque du diocèse virtuel de Partenia, reste engagé
dans maintes luttes sociales, morales ou politiques, notamment au
moyen de son site Internet.
« La voie de l’espérance passe par la non-violence. La non-
violence n’est pas la non-résistance. La non-violence, c’est ne pas se
résigner, c’est se battre ».
Tenzin Gyatso, 14ème Dalaï Lama
Né en 1935, Tibétain, chef spirituel bouddhiste du Tibet.
Pour fuir les persécutions et massacres perpétrés par les
Chinoise, est réfugié depuis 1959 en Inde, à Dharamsala, avec 100 000
compatriotes.
Entretient la culture tibétaine et la volonté de résistance par l’écrit,
les voyages, les conférences à travers le monde, en faisant appel à la
conscience des Chinois et à l’opinion internationale.
En 1987, propose un plan de paix en 5 points établissant le Tibet
comme zone de paix entre l’Inde et la Chine. Prix Nobel de la paix en
1989.
« Je crois fermement à la valeur de la non-violence. La dictature
de Marcos aux Philippines, de Pinochet au Chili, à Moscou, toutes sont
tombées par la non-violence. L’escalade de la violence ne résout rien,
elle provoque des contre-violences. »
« L’esprit est comme un parachute : il fonctionne mieux quand il
est ouvert ! »
Tenzin Gyatso, 14ème Dalaï Lama
« Nos armes sont le courage, la justice et la vérité .»
« Le Tibet sera libre seulement si son peuple devient fort. Or
la haine n’est pas une force. (…) Comment haïr des gens qui ne
savent pas ce qu’ils font ? Comment haïr les millions de Chinois
endoctrinés par leurs dirigeants ? Et comment haïr ces dirigeants,
eux-mêmes persécutés autrefois ? (…) Les bourreaux sont aussi
des êtes humains. On doit condamner leurs actes, mais accueillir
leurs souffrances et les regarder comme de frères et sœurs. »
« Les problèmes auxquels nous sommes confrontés
aujourd’hui sont créés par l’homme, qu’il s’agisse de conflits armés,
de la destruction de l’environnement, de la pauvreté ou de la faim.
Nous devons cultiver les uns envers les autres une responsabilité
universelle et l’étendre à la planète que nous avons reçue en
partage. »
Jean-Baptiste Libouban
(1935-2021), Français d’origine bretonne. Pendant ses études à
‘l’École Supérieure de Commerce de Strasbourg’, rencontre Lanza del
Vasto. Passe 6 semaines en prison en Algérie pour avoir refusé son
affectation dans un commando de parachutistes accusé de torture.
Responsable des Communautés de l'Arche de 1990 à 2004.
Participe à plusieurs actions non-violentes, contre la fabrication
de la première bombe atomique française sur le site de Marcoule,
contre l'extension du camp militaire du Larzac, aux côtés des Kanaks
en Nouvelle-Calédonie, contre les deux guerres du Golfe, contre la
guerre en ex-Yougoslavie et en Irak, pour la défense de l’environne-
ment et la justice sociale.
Initiateur en 2003 du mouvement des "faucheurs volontaires" de
plants OGM en plein champ pour susciter un vrai débat public.
« La fin de cette longue marche en nous-même arrive quand, de
cette gangue de questions, sort la certitude de la vérité de l’action à
engager. Quand s’affirme en nous la détermi-
nation à mener la lutte non-violente. Cette force de
l’indignation se transforme en action
citoyenne constructive.»
Walter Wink
(1935 - 2012), théologien et militant non-violent états-unien.
Pasteur de la First United Methodist Church à Hitchcock (Texas), de
1962 à 1967. Figure importante du christianisme progressiste.
Passe une grande partie de sa carrière à enseigner au Auburn
Theological Seminary à New-York, notamment sur le Jésus historique.
Anime des ateliers sur sa méthode d'étude de la Bible : The Bible in
Human Transformation. Membre des Christian Peacemaker Teams.
Plaide en faveur de la résistance non-violente, mène des
travaux sur les structures du pouvoir : "The Powers", Naming the
Powers (1984), Unmasking the Powers (1986), Engaging the Powers
(1992), When the Powers Fall ( 1998) et The Powers That Be (Les
pouvoirs en place -1999).
Creuse et dénonce "le mythe de la violence rédemptrice ".
« Le mythe de la violence rédemptrice est le véritable mythe du
monde moderne. Il est aujourd’hui la religion dominante dans notre
société. Aucun autre système religieux n’a su rivaliser, et de loin, avec
le mythe de la violence rédemptrice dans sa capacité à imprimer aussi
profondément son catéchisme aux jeunes. Dès le plus jeune âge, les
enfants sont abreuvés de descriptions de violence comme la solution
ultime aux conflits humains. »
Lillian Rosengarten
Née en 1935 à Frankfurt, États-unienne. Ses parents, Juifs
allemands, fuient le nazisme et émigrent aux États-Unis.
Psychothérapeute dans la vallée de l’Hudson, écrivain, poète,
pratiquante bouddhiste.
Militante pour les droits des Palestiniens, dénonce
l’occupation des terres et le nettoyage ethnique, menés par l’État
d’Israël qui se déclare propriétaire des terres en invoquant des
versets de l’Ancien Testament.
En septembre 2010, membre de l’équipage du catamaran
Irene (sous pavillon britannique) qui proteste contre le blocus
maritime de la bande de Gaza, capturé dans les eaux
internationales par la marine israélienne.
« Israël est maintenant de plus en plus isolé et ne peut
survivre s’il continue dans cette voie de la paranoïa et du racisme. »
Bob Moses
Robert Parris Moses (né en 1935), enseignant états-unien et
militant des droits civiques. Diplômé du Hamilton College, maîtrise en
philosophie à Harvard.
Dirigeant du Student Nonviolent Coordinating Committee
(SNCC) qui promeut l’éducation des électeurs et leur inscription sur les
listes électorales au Mississippi pendant le mouvement des droits
civiques. En 1964, codirecteur du Council of Federated Organizations
(COFO), collectif des principaux groupes de défense des droits
civiques travaillant dans le Mississippi.
Figure de proue du Freedom Summer (‘été de la liberté’),
campagne menée au cours de l'été 1964 à l'initiative du SNCC et du
COFO dans l'État du Mississippi pour faire inscrire le maximum de
Noirs sur les listes électorales (photo du bas). Cofonde en avril 1964 le
Mississippi Freedom Democratic Party (MFDP)
Enseigne ensuite en Tanzanie, reprend en 1976 des études
supérieures en philosophie des mathématiques. Après 1982,
développe aux États-Unis l’Algebra Project consacré à l'amélioration
de l'éducation des minorités en mathématiques sur la base d'une large
organisation communautaire et d'une collaboration avec les parents,
les enseignants et les élèves.
Hilke Tromp
Né en 1935, universitaire et chercheur néerlandais. Directeur
à partir de 1980 de l’Institut de Polémologie de l’université de
Groningen, créé en 1962 et aujourd’hui fermé.
Professeur de Peace research et de relations internationales.
Membre de la commission gouvernementale hollandaise
pour l’étude de la défense civile qui a mené des travaux de 1976 à
1980.
« La défense non-violente a déjà fonctionné. En bien des
occasions, des gens qui n’avaient ni armes, ni organisation militaire
et ne connaissaient pas la moindre notion de stratégie ont imaginé
et mis en œuvre des moyens efficaces pour empêcher la force
militaire occupant leur pays d’atteindre ses objectifs.
Dans le cas des Pays-Bas, la résistance non-violente entre
1940 et 1945 fut, en fin de compte, plus efficace que la résistance
violente qui entraînait des représailles. »
Vaclav Havel
(1936-2011). Auteur dramatique et homme politique tchèque.
Opposant au régime communiste, principal théoricien et
animateur du mouvement non-violent de la ‘Charte 77’, membre du
VONS, ‘Comité de défense des personnes injustement emprisonnées’.
Condamné à plusieurs reprises pour délit d’opinion, passe 4
années en prison entre 1977 et 1989.
En 1989, placé par la foule à la tête du ‘Forum civique’, devient
leader de la ‘Révolution de velours’, sort de prison pour être élu à la
présidence de la République tchécoslovaque.
Démissionne de ses fonctions en 1992.
Se rallie à la guerre d’Irak et soutient en 2008 le projet le
bouclier antimissiles américain en Tchéquie.
../..
Vaclav Havel
« Ce qui est décisif n’est pas qu’il y ait une personne qui parle
ou mille. Ce qui est important, c’est si nous avons raison. Cette force
particulière de la vérité, nous en témoignons individuellement face au
pouvoir anonyme. (…)Cette force échappe à la manipulation politique
et à la technologie du pouvoir. »
« La création de cette civilisation multiculturelle, la mise en place
de rapports fondés sur le respect mutuel et la tolérance envers des
cultures différentes, la création enfin d’une nouvelle responsabilité
humaine qui seule pourra sauver notre monde menacé trouveront
toujours dans l’œuvre de Gandhi une des sources nourricières de leur
élan vital. »
« Avoir l’espoir, ce n’est pas croire que les choses vont se
passer bien, c’est penser qu’elles auront un sens. »
Vaclav Havel
« Il me semble que nous avons tous une tâche fondamentale
à remplir, une tâche dont tout le reste découlerait.
Cette tâche consiste à faire front à l'automatisme irrationnel du
pouvoir anonyme, impersonnel et inhumain des idéologies, des
systèmes, des appareils, des bureaucraties, des langues artificielles
et des slogans politiques, à résister à chaque pas et partout, avec
vigilance, prudence et attention, mais aussi avec un engagement
total ;
à nous défendre des pressions complexes et aliénantes
qu'exerce ce pouvoir, qu'elles prennent la forme de la
consommation, de la publicité, de la répression, de la technique ou
d'un langage vidé de son sens ; (…)
à ne pas avoir honte d'être capable d'amour, d'amitié, de
solidarité, de compassion et de tolérance, mais au contraire à
rappeler de leur exil dans le domaine privé ces dimensions
fondamentales de notre humanité et à les accueillir comme les seuls
vrais points de départ d'une communauté humaine qui aurait un
sens. »
Natalya Gorbarnevskaïa
Russe née en 1936, diplômée de l'Université de Leningrad,
bibliothécaire, bibliographe, traductrice technique et scientifique et de
littérature polonaise, poète.
Édite en avril 1968 avec Liudmila Alexeïeva un samizdat contre
la dictature, la Chronique des évènements actuels.
Le 25 août 1968, avec 7 autres personnes, Konstantin Babitsky,
Tatiana Baeva, Larissa Bogoraz, Vadim Delauney, Vladimir Dremlyuga,
Viktor Fainberg et Pavel Litvinov, manifeste avec son bébé sur la Place
Rouge à Moscou contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’armée
soviétique.
Le sit-in débute à midi et ne dure que 4 minutes, juste le temps
pour les participants de brandir le drapeau tchèque et plusieurs
banderoles. Le retentissement de l’action est immense.
../..
Natalya Gorbanevskaïa
et les manifestants de la Place Rouge le 25 août 1968
6 manifestants sont condamnés à des peines d’emprisonne-
ment et d’exil allant de 2 ans et ½ à 5 ans.
Viktor Fainberg est envoyé en hôpital psychiatrique à Leningrad.
N. Gorbanevskaïa échappe au jugement à cause de ses deux
enfants en bas âge.
Elle est finalement accusée un an plus tard ; cette période lui
permet de témoigner et de poursuivre le combat de ses amis,
notamment en écrivant le dossier de la manifestation, diffusé
clandestinement en URSS et édité en Occident dès 1969.
Internée de décembre 1969 à février 1972 dans une prison
psychiatrique à Kazan.
Vit à Paris à partir de 1976, acquiert la nationalité polonaise en
2005.
Jean-Marie Tjibaou
et Yeiwéné Yeiwéné
J.-M. T. (1936-1989), homme politique néo-calédonien kanak,
fondateur en septembre 1984 du parti indépendantiste FNLKS (‘Front
National de Libération Kanak et Socialiste’).
Fait le choix de la non-violence et fait appel aux paysans et
formateurs du Larzac.
Appelle à l’apaisement en décembre 1984, lors que ses 2 frères
et 8 autres membres de sa tribu sont tués par des Caldoches*, et en
1988 après le massacre d’Ouvéa.
Signe en juin 1988, avec Jacques Lafleur et le Premier ministre
Michel Rocard, les accords de Matignon, qui prévoient un référendum
sur l'auto-détermination après dix ans et ramènent la paix après quatre
années de quasi-guerre civile.
Assassiné en mai 1989, comme son bras droit Yeiwéné Yeiwéné
(“YéYé", né en 1945, photo du bas), par un kanak indépendantiste
partisan de la lutte armée.
* Néo-Calédoniens d’origine européenne
Alexander Ginzburg
et Youri Galanskov
A.G., (1936-2002), journaliste, poète, militant des droits humains et
dissident russe.
Éditeur de l'almanach poétique Syntaxis, édité sous forme de
samizdat*. À la fin de 1959, publie avec Youri Galanskov (1939-1972, photo
du bas) le premier magazine littéraire de samizdat Phoenix.
En 1965, documente le procès des écrivains Youri Daniel et Andreï
Siniavski. Entre 1960 et 1979, condamné à 3 reprises aux camps de
travail, dont la dernière fois en 1978, à 8 ans de Goulag. Lance avec Alex-
ander Soljenitsyne le ‘Fonds d'aide aux prisonniers politiques’, distribue
des fonds et un soutien matériel aux prisonniers politiques et religieux de
l'Union soviétique.
En 1976, membre fondateur du ‘Groupe Helsinki de Moscou’, qui
surveille les violations des garanties des droits de l'homme auxquelles le
gouvernement soviétique avait souscrit dans les accords d'Helsinki de
1975. Libéré en 1979 et expulsé vers les États-Unis, en compagnie
d'autres dissidents politiques et de leurs familles dans le cadre d’un
échange avec des espions. Tout au long de sa vie, prône la résistance
non-violente.
Après presque un an et demi aux USA, s'installe à Paris avec sa
famille.
Samizdat : système clandestin de circulation d'écrits durant l'époque soviétique,
le mot signifiant littéralement en russe ‘auto-édition’).
Gabriel Maire
(1936-1989). Français, ordonné prêtre en 1963, exerce son
ministère dans le Jura.
Part en mission au Brésil, en 1980, dans une paroisse de la
banlieue de Vitoria.
Combat les inégalités sociales et la corruption, la torture et
l'impunité, réclame le droit à l'emploi et à l'éducation. Pousse des
sans-terre à occuper un terrain convoité par un requin de l'immo-
bilier.
Défie la mafia du crime à la télévision locale le 21 décembre
1989. Le surlendemain, est tué d’une balle en plein cœur dans sa
voiture.
« Ce qui est important, ce n’est pas le nombre de personnes,
c’est la conscience de ces personnes qui peuvent transformer leur
milieu de vie (…).
La Bible, c’est vraiment de la dynamite si on veut y être
fidèle. Une Église qui ne connaît pas la persécution n’est plus
prophétique. (…) Je préfère une mort qui conduit à la vie, à une
vie qui conduit à la mort. »
Jean Marichez
Français né en 1936, ingénieur ICAM, retraité ex-cadre dans une
entreprise de construction électrique, membre du CA de ‘l’École de la
Paix’ de Grenoble.
Auteur d’études, articles et conférences concernant les stratégies
civiles de lutte contre l'oppression, traducteur de 5 livres de Gene
Sharp.
Traite aussi des croyances religieuses comme causes de guerre.
Suivant le fil de La guerre civilisée de Gene Sharp, J. Marichez
et Xavier Olagne, dans La Guerre par action civile, démontent les
barrières qui rendent difficile la communication sur le sujet et montrent
sous quelles conditions elle est possible.
Ils font des propositions concrètes aux responsables de notre
défense française et européenne. Le livre s'adresse aussi à tous ceux
qui s'intéressent à l'évolution concrète des processus de défense et au
développement de la citoyenneté.
Jean Van Lierde
(1937-2006). Militant et journaliste belge d’inspiration socialiste et
chrétienne. Dirigeant de la ‘Jeunesse Ouvrière Chrétienne’.
Objecteur de conscience en 1949 : 18 mois en prison, puis 6
mois dans les mines.
Après 4 séjours en prison, obtient un statut des objecteurs de
conscience en Belgique en 1964.
Ami de Mehdi Ben Barka et de Patrice Lumumba, soutient les
luttes anticoloniales au Maghreb et au Zaïre.
Président de la branche belge du ‘Mouvement International de la
Réconciliation’ (MIR), secrétaire général des centres de recherche
CRISP et CEDAF, auteur de livres et articles sur l’action et la défense
non-violentes.
« La non-violence peut gérer les sociétés. Cela implique que
cette manière de gérer les conflits soit au programme des centres
d’enseignement et de recherche. »
Lucien Converset
Prêtre catholique français né en 1937, appelé familièrement Lulu. En
1959, appelé à faire la guerre en Algérie. “Le seul chemin d’ouverture et de
libération, écrira-t-il, est l’engagement non-violent. C’est en Algérie que je
l’aurai découvert de manière fondamentale”. Plus tard, renvoie son livret
militaire.
Le 25 mars 2012, âgé de 75 ans, part à pied de sa ville natale de
Dampierre (Jura), accompagné de son âne Isidore, afin de demander la
paix pour le monde. Atteint Bethléem (Palestine) le 17 juin 2013.
Dans la nuit suivante, fait un rêve dont il fait part aux évêques de
France :
« J’ai fait un rêve. (…) Tous les évêques de France, vous vous étiez
donné le mot de vous réunir devant l’Élysée au moment du conseil des
ministres. Vous manifestiez pour demander l’arrêt de l’armement nucléaire
de la France de manière unilatérale.(…) Un autre disait : « Si nous
continuons à nous taire, ce sont les pierres qui se mettront à crier. »
Cofondateur du groupe ‘Agir pour le Désarmement nucléaire (ADN
Jura), s’investit pour l’adhésion de la France au ‘Traité sur l’interdiction des
armes nucléaires’ (TIAN) et le reconversion des sites du CEA-DAM
travaillant sur les armes nucléaires.
Theodor Ebert
Né en 1937, Allemand, professeur à l’Otto Suhr Institut de
l’Université libre de Berlin.
Fonde la revue Gewalfreie Aktion (Action non-violente) et
la ‘Fédération pour la défense sociale’.
Auteur de plusieurs ouvrages sur la résistance civile, la
« défense sociale non-violente », la désobéissance civile.
Expert des Grünen (Les Verts) en matière de défense
alternative.
« L’effet d’avertissement d’une défense civile repose sur la
crédibilité de la non-coopération à tous les niveaux du processus
démocratique. Il importe de s’assurer qu’une non-coopération
totale dure assez longtemps pour permettre aux pressions
étrangères sur l’envahisseur de se développer »
George Lakey
Quaker états-unien né en 1937. Professeur d’université et auteur
de livres sur l’action non-violente.
Militant des droits civiques et de la paix au Vietnam, membre de
missions PBI de protection de militants des droits humain au Sri Lanka.
Cofondateur avec Barbara Smith et directeur pendant 15 ans du
groupe Training for Change (‘Formation pour le changement’), dirige
1500 ateliers sur les 5 continents. Missions en Birmanie, au Cambodge,
en Afrique du Sud, en Thaïlande, à Taïwan, campagnes contre les
mines de charbon, etc.
Cofondateur du Movement for a new society très actif dans les
années 1970-1980.
Propose un processus de révolution non-violente en 5 étapes :
éducation politique, création d'organisations de résistance et de lutte,
affrontement pacifique des pouvoirs en place, non-coopération de
masse, ancrage de la nouvelle société. ../..
George Lakey
Propose un plan d’action contre le terrorisme en 8 points :
- Développement économique et social harmonieux,
- Lutte contre la marginalisation,
- Campagnes non-violentes en vue du développement de la
démocratie et de la paix civile,
- Éducation et formation à la résolution non-violente des conflits,
- Travail en vue de la guérison des traumatismes individuels et
collectifs causés par le terrorisme,
- Formation des policiers pour réduire la distance sociale dans
les zones rurales ou les quartiers urbains déshérités,
- Contrôle citoyen de l’action gouvernementale,
- Quand c’est devenu possible, négociation avec les groupes
rebelles (comme en Colombie).
Créateur en 2011, au Swarthmore College*, du Global
Nonviolent Action Data Base (GNAD), base de données sur
Internet qui étudie 1 200 cas d’action non-violente sur plus de 200
pays depuis 1170 avant notre ère. Chaque étude de cas comprend
des détails sur les objectifs de la campagne, ses participants, ses
opposants et son succès.
* Université fondée par des Quakers en 1864, près de Philadelphie.
Naïm Ateek
Né en 1937, Palestinien, pasteur de l’Église anglicane,
fondateur du Sabeel Ecumenical Liberation Theology Center à
Jérusalem. (Sabeel : "sentier, chemin", mais aussi "ruisseau").
Articule la théologie de la libération avec la situation de la
Palestine occupée, dénonce l’occupation, la violence, la
discrimination, les violations des droits humains : mur de séparation,
colonies illégales, checkpoints, confiscation et démolition de
maisons, camps de réfugiés, dégradation de l’environnement. Lutte
pour la justice dans une visée de réconciliation.
Sabeel organise des formations pour les jeunes, les femmes,
des voyages sur les lieux saints, une vague de prière chaque
semaine le jeudi, édite la revue Cornerstone ("Pierre d’angle"), a des
relais dans le monde entier (Europe, Scandinavie, États- Unis,
Canada, Australie)
André Bernard
Né en 1937, militant anarchiste non-violent français. Très jeune,
rencontre à Bordeaux le mouvement libertaire par l’intermédiaire du
milieu anticlérical. Électricien puis correcteur de presse. En octobre
1956, refuse la conscription et la participation à la guerre en Algérie, se
déclare insoumis, s'exile en Suisse.
Cofondateur du ‘Centre International de Recherches sur
l'Anarchisme’ (Lausanne), contribue à la publication Ravachol. Participe
au groupe ‘Jeune Résistance’ (JR), lié au ‘Réseau Jeanson’ d’aide aux
indépendantistes algériens, qu’il quitte pour désaccords : il est à la fois
antimilitariste, anticolonialiste et non-violent.
Avec sa compagne Anita Ljungqvist, s’engage en 1961 en France
dans l’’Action civique non-violente’ (ACNV) contre la guerre d’Algérie,
s’enchaîne avec 6 autres militants "solidaires" qui ont adopté son
identité. Libéré après 21 mois d’incarcération, rencontre Louis Lecoin
qui lui manifeste sa solidarité, devient correcteur d’imprimerie.
En avril 1965, avec notamment Marianne Enckell, lance la revue
Anarchisme et Non-Violence (33 n°s sur presque 10 ans) qui adhère,
en tant que publication, à l’’Internationale des résistants à la guerre’
(IRG) en 1968.
« S’il y avait un crime à ne pas commettre, c’était bien celui
d’obéir. »
Richard Friedli
Né en 1937, universitaire et militant suisse. Ex-dominicain,
professeur au Zaïre et au Rwanda, professeur en science des religions
à l’université de Fribourg.
Conseiller académique à l’Institute for Conflict Transformation and
Peacebuilding et membre du conseil scientifique de la World Peace
Academy à Bâle. S’inspire notamment des travaux de Johan Galtung,
professeur au Stockholm International Peace Research Institute
(SIPRI).
Auteur de nombreux ouvrages : théologie, dialogue interreligieux,
interculturel et interconvictionnel, réconciliation, médiation et paix.
Investi dans la lutte des "sans-papiers", alliant convictions personnelles
et connaissances académiques.
Consultant dans les processus de réconciliation post-génocidaire
Gacaca (tribunaux communautaires villageois) au Rwanda après 1994.
« En 1979, lors de la World Conference of Religions for Peace à
Princeton, Hildegard Goss-Mayr et moi étions tous les deux dans un
groupe de travail qui a défini la spiritualité au niveau transculturel
comme "la conscience de porter une responsabilité qui s’enracine dans
un attention radicale et entraîne des changements socio-politiques". »
Olivier Maurel
Né en 1937, enseignant, essayiste et militant français de la non-
violence. Agrégé de Lettres, professeur à Toulon. Coordonne en 1975 la
rédaction de l’opuscule Armée ou défense civile non-violente.
Auteur de plusieurs livres sur la non-violence, le commerce des
armes, la maltraitance des enfants et particulièrement la violence
éducative, comme la fessée.
Fonde l‘’Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire’ (OVEO)
qui dénonce et décrit toutes les formes de violences contenues dans
l'éducation encore couramment utilisées dans le monde, comme dans
les comptines pour enfants.
« Toutes les populations s'étant livrées à des génocides ont reçu
une éducation basée sur la discipline, la punition, l'obéissance aveugle.
D'autre part, les individus ayant refusé de collaborer au déploiement du
mal extrême, ayant préservé leur compassion (les "Justes" par
exemple), ont vécu, petits, dans la tendresse et le respect de leur
entourage ». ../..
Olivier Maurel
« C’est probablement à partir du néolithique que l’humanité s’est
mise à corriger ses enfants en les frappant. Elle a ainsi rompu avec le
comportement propre aux chasseurs-cueilleurs qui, aujourd’hui encore
partout dans le monde, en Amazonie comme dans l’Arctique, en Afrique
comme en Océanie, ne frappent jamais les enfants. Cette éducation
sans violence remonte même probablement plus loin dans le temps
puisque nos cousins primates, les grands singes dont nous sommes
biologiquement très proches, élèvent aussi leurs petits sans les frapper.
Le passage de l’éducation sans violence à l’éducation violente a
été un terrible accident dans notre évolution. D’autant plus que dès les
premiers témoignages écrits que l’on a de ce deuxième type d’éducation,
il y a 4 000 ans, on voit que les enfants ont été soumis à des punitions
d’une grande violence : bastonnades, flagellations et autres punitions
cruelles qui sont devenues leur quotidien. La violence éducative a faussé
notre regard sur l’humanité. Elle nous a fait penser que l’humanité était
mauvaise et qu’il fallait lui serrer la vis, ce qui justifiait tous les régimes
autoritaires (…)
Cette méthode d’éducation a contribué à rendre l’humanité
violente et destructrice, portée à la fois à la domination et à la soumission,
et continue à le faire dans tous les pays où elle n’a pas encore été
interdite, c’est-à-dire 127 pays sur 190.»
Christian de Chergé
(1937-1996). Religieux français. Pendant la guerre d’Algérie, est
protégé de la mort par un garde champêtre algérien père de 10 enfants,
Mohamed, retrouvé assassiné le lendemain.
Religieux cistercien trappiste, arrive en 1971 au monastère Notre-
Dame de l’Atlas à Tibhirine, dont il devient prieur en 1984.
Parle arabe, a une connaissance approfondie et une grande
estime pour l’islam et la culture arabe.
En 1979, fonde avec Claude Rault, Père Blanc devenu évêque du
Sahara, le groupe Ribât-el-Salâm ("Le lien de la paix"), qui échange sur la
tradition et la spiritualité musulmanes. A un dialogue intense en 1982 avec
Jacques et Simone de Bollardière en visite à Tibhirine.
Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, une vingtaine d’hommes
armés enlèvent sept moines du monastère.
Photo du bas : Claude Rault, évêque de Laghouat ../..
Christian de Chergé
et les moines de Tibhirine
Un message du Groupement Islamique Armé (GIA) annonce
qu’ils ont été égorgés le 21 mai 1996. Leurs têtes sont
retrouvées le 30 mai.
« Dans la Passion de Jésus, il nous faut bien reconnaître le
témoignage, le "martyre" de la non-violence. »
« S’il m’arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd’hui - d’être victime
du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les
étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon
Église, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à
ce pays. (...)
Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu
faisais, oui, pour toi aussi je le veux, ce Merci, et cet A-Dieu envisagé
pour toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux,
en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. »
Michael Nagler
Né en 1937, universitaire américain et militant de la paix états-
unien, ex-professeur de littérature, ex-président du Peace And Conflict
Studies Program à l’Université de Californie (Berkeley). Président du
Blue Montain Center of Meditation.
Membre du conseil consultatif de la Faculty for Israeli-Palestinian
Peace-USA, réseau de professeurs et d’étudiants palestiniens,
israéliens et internationaux, travaillant pour la fin de l'occupation des
territoires palestiniens par Israël et pour une paix dans la justice.
Fondateur et président du Metta Center for Nonviolence, dont la
mission est de "promouvoir la tradition de la non-violence que Gandhi a
donnée au monde, à travers des projets innovants, l'éducation et la mise
en pratique de ses principes".
Antonino Drago
Italien né en 1938, chercheur et militant non-violent à Naples dans
les quartiers déshérités.
Enseigne l'histoire de la physique à l'Université Federico II de
Naples, puis professeur adjoint en stratégies populaires et non-violentes
de défense à Pise et en histoire et techniques de la non-violence à
Florence.
Premier président (2004-2005) du Comitato di consulenza per la
difesa civile non armata e nonviolenta (Comité consultatif pour la défense
civile non-violente), établi au Bureau national de la fonction publique.
Fondateur de l’’Institut italien de recherche sur la paix’.
« En 1985, la Cour constitutionnelle a considéré que la défense de
la patrie pouvait être accomplie avec les armes ou de manière non-
violente.(…)
En 1992 a été ouverte une école régionale en Campanie et une
formation nationale spécifique sur la défense civile non-violente à
Florence. La dernière formation a été financée par la campagne des
objecteurs fiscaux, mais aussi par la région Toscane et d’autres
organismes ».
Anatoli Martchenko
(1938-1986), écrivain dissident russe. Foreur pétrolier puis écrivain.
Les révélations qu'il fait, dans son livre Mon témoignage (1969, image du
bas), sur les camps de travail et les prisons soviétiques lui valent une
condamnation pour agitation et propagande anti-soviétique. Condamné à
4 ans d'exil interne après en 1968 pour avoir protesté publiquement
contre l'invasion de la Tchécoslovaquie.
Fait partie du groupe créé en 1975 qui prône le respect de l'acte final
de la ‘Conférence pour la sécurité et la Coopération en Europe’ (CSCE),
notamment des dispositions relatives aux droits humains.
Après 11 ans d'emprisonnement, entreprend une grève de la faim en
1986, destinée à réclamer la libération de tous les prisonniers d’opinion
soviétiques. Meurt après 3 mois de grève de la faim dans l’hôpital
pénitentiaire de Tchistopol. Le tollé international suscité par sa mort est
un facteur majeur qui pousse le secrétaire général du P.C., Mikhaïl
Gorbatchev, à autoriser en 1987 l’amnistie à grande échelle des
prisonniers politiques. Prix Sakharov à titre posthume en 1988.
« La seule possibilité de lutter contre le mal et l'illégalité qui
prédominent consiste à mon avis à chercher et à faire connaître la
vérité. »
Diane Nash
Née en 1938, militante non-violente états-unienne. Études à
l'université Howard (Washington) puis à l'université Fisk (Nashville), y est
confrontée à la violence des ‘lois Jim Crow’*.
Une des leaders et stratèges des mouvements étudiants pour les
droits civiques des Noirs aux États-Unis. Parmi ses réussites, les premiers
sit-in de Nashville, le mouvement des Freedom Riders, qui permettra la
déségrégation des bus inter-États ou encore la cocréation du Student
Nonviolent Coordinating Committee (SNCC).
Est aussi à l'initiative du Alabama Voting Rights Project. Participe
aux marches de Selma à Montgomery qui permettent aux Afro-Américains
d'obtenir le droit de vote et un véritable pouvoir politique dans les États du
Sud. Arrêtée une douzaine de reprises pour son rôle dans la lutte civique.
Passe 30 jours dans une prison de Caroline du Sud, après avoir protesté
contre la ségrégation à Rock Hill, en février 1961. En 1962, bien
qu'enceinte de 4 mois de sa fille Sherri, est condamnée à 2 ans de prison
pour avoir entrainé des mineurs dans la ‘délinquance’, en les encourageant
à participer aux Freedom Rides.
Le Président John Kennedy la nomme à la tête d'un comité national
en vue d'adopter le Civil Rights Act de 1964.
* lois nationales et locales issues des Black Codes, promulguées par les législatures des
États du Sud à partir de 1877 jusqu'en 1964 pour entraver l'effectivité des droits constitutionnels des
Afro-Américains, acquis au lendemain de la guerre de Sécession.
Andreï Amalrik
(1938-1980), écrivain et dissident russe. Historien, soutient sa thèse
sur les origines de l’État russe, défendant que les Varègues et Byzance y
ont eu plus d'importance que les Slaves. Exclu de l’Université, espionné et
interrogé par deux fois par le KGB. Catalogué comme « citoyen indigne de
la confiance du peuple soviétique », exerce plusieurs métiers modestes
(gardien de nuit, standardiste, nettoyeur, livreur, chauffagiste) entrecoupés
de périodes sans emploi que l’on n’appelle pas "chômage" et qui ne sont
pas rémunérées, mais « vie antisociale et parasitaire », écrit des pièces de
théâtre contraires à l'art officiel communiste. Puni de 2 ans et demi de
déportation au Goulag en Sibérie. Correspondant indépendant pour
l’agence de presse Novosti à Moscou, renvoyé de son poste de journaliste
pour avoir manifesté en faveur du Biafra.
Conteste la dictature et la bureaucratie du régime soviétique, est un
des fondateurs du mouvement démocratique. Son livre L’Union soviétique
survivra-t-elle en 1984 ? (1970) lui vaut 3 ans de Goulag. Mène une grève
de la faim suite à une nouvelle condamnation à 3 ans.
Soutenu par Amnesty International, expulsé en 1976 vers les Pays-
Bas. Décédé en Espagne des suites d’un accident de voiture suspect alors
qu'il se rend de Marseille à Madrid, afin d'assister à une conférence pour
exiger l'application des accords d'Helsinki.
Pierre Claverie
(1938-1996), Français né en Algérie, prêtre dominicain, évêque
catholique d'Oran après 1981. Parle l'arabe, excellent connaisseur de
l'Islam.
Pendant la guerre civile à partir de 1992, se considère comme un
Algérien et refuse d'abandonner un peuple auquel son destin est indisso-
lublement lié.
En janvier 1992, échange longuement avec Jean-Marie Muller et veut
l’inviter en Algérie pour parler de non-violence.
Le 1er août 1996, est assassiné par une bombe, ainsi que son
chauffeur Mohamed. J.-M. Muller apprendra par la suite que Pierre Claverie
avait effectivement programmé sa visite.
« La coexistence implique une connaissance vraie, objective et
exigeante. Mais elle est aussi un rapport de force qu’il faut sans cesse
négocier sous peine de le voir dégénérer en oppression, en exclusion et en
violence.(…) On ne possède pas la vérité, et j’ai besoin de la vérité des
autres. » ■

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Histoire et figures de la non-violence. — 05. De 1930 à 1938

  • 1. Trombinoscope historique de la non-violence Penseurs et acteurs de la non-violence et de la résolution non-violente des conflits 5 - de 1930 à 1938 Étienne Godinot -09.10.2022
  • 2. Sergueï Kovalev Né en 1930. Biologiste russe, spécialiste du système nerveux. Conteste les théories génétiques de Lyssenko, maître à penser de la science officielle. Dès 1967, s’engage pour la défense des droits de l’homme. Exclu de l’université, participe à la section moscovite d’Amnesty International. Condamné en 1974 à 7 ans de camp à régime sévère et 3 ans d’exil intérieur. Élu député en 1994 après la chute du communisme. S’oppose à la guerre en Tchétchénie et la dénonce partout dans le monde. Prix Sakharov du Parlement européen. « En aucun cas, on ne doit combattre un peuple par les armes. Même si celui-ci se trompe, même s’il donne préférence à des chefs qui nous déplaisent et choisit des idéaux politiques erronés. »
  • 3. Dolores Huerta Née en 1930, dirigeante syndicale états-unienne et militante pour les droits civiques. Descendante d'immigrés mexicains, élevée par une mère célibataire pendant la Grande Dépression. Études de pédagogie à l’Université du Pacifique, quitte son poste de professeure de grammaire pour se consacrer à la militance. Cofondatrice avec Cesar Chavez de ‘l'Association nationale des paysans’, qui rejoint plus tard ’l'Union générale des paysans’ (United Farm Workers). Lutte pour les droits fondamentaux des travailleurs agricoles : de l'eau, une assurance-chômage, des toilettes, des pauses, un salaire minimal. Oratrice, organise des grèves, des marches spectaculaires, des boycotts. Arrêtée plus de 20 fois. Lance le slogan devenu emblématique est né : "Si se puede !" ("Oui, nous le pouvons !"), emprunté par Barack Obama pour le slogan de sa campagne de 2008 : "Yes We Can !"). Féministe, écologiste, active contre les armes à feu, fervente défenseuse des travailleurs agricoles et représentante de la communauté latino aux États-Unis. Reçoit de nombreux prix pour ses services à la communauté et la protection des travailleurs, des immigrants ainsi que pour les droits des femmes. Photo du bas : Barack Obama lui remet la médaille présidentielle de la liberté en 2012.
  • 4. Johann Galtung Né en 1930, Norvégien. Études de mathématiques et de sociologie. Service civil de 18 mois à la place du service militaire. Politologue connu comme le fondateur de l'irénologie, science de la paix. Auteur de plus de 70 ouvrages. Développe une définition positive de la paix incluant la recherche d’une justice sociale et la lutte contre toute "violence structurelle" politique ou socio-économique. Fonde en 1959 l’’Institut international de recherche sur la paix’ d’Oslo. Cofondateur en 1933 directeur de Transcend, réseau pour la transformation des conflits par des moyens pacifiques. En tant que polémologue et artisan de paix, a été personnel- lement impliqué dans 25 situations de conflit. Précurseur de l’idée d’éducation à la paix. ../..
  • 5. Johann Galtung « Je crois fermement au pluralisme, pas seulement d’idées, mais aussi de systèmes sociaux, dès lors qu’ils sont non-violents. L’essentiel est de ne rien faire qu’on ne puisse défaire. Toutes action doit être réversible. Nous avons droit à l’erreur, mais se tromper en agissant de façon irréversible, c’est léguer la violence à nos successeurs. Le critère de réversibilité est beaucoup plus fiable que celui d’universalité, et c’est un des arguments de la non-violence : on ne peut pas redonner vie à ce qui est mort. »
  • 6. Hildegard Goss-Mayr Née en 1930, Autrichienne. À l’âge de 12 ans, refuse de lever le bras au passage d’Hitler à Vienne. Docteur en philosophie, épouse en 1958 l’ouvrier Jean Goss, avec qui elle parcourt le monde. Anime des sessions de formation, collabore avec Helder Camara, Adolfo Perez Esquivel, Antonio Fragoso, Oscar Romero, le mouvement Akkapka aux Philippines. « J’ai vu la fascination exercée par Hitler. Je ne me sentais pas le droit de lever la main ou de me joindre à la clameur. J’ai pensé : “Même s’ils me tuent, je ne lèverai pas la main". Cette lutte contre la violence, avec la justice et la vérité, ce fut pour moi un moment fondateur. » Photo de H. G.-M. par Mirjam Mahler ©
  • 7. Desmond Tutu (1931-2021), instituteur sud-africain, prêtre anglican en 1961 puis évêque en 1976. Refusant l’autorisation de résider en "zone blanche", choisit de vivre dans la ville noire de Soweto. Son titre de secrétaire général du South African Council of Churches (SACC -Conseil Sud-Africain des Églises) donne du poids à ses déclaration et à sa participation à toutes les manifestations contre l’apartheid. Prêche aux obsèques après l’assassinat de Steve Biko. Prix Nobel de la paix en 1984. Après l’élection de Nelson Mandala, préside en 1995 la ‘Commission Nationale de la vérité et de la réconciliation’, chargée de faire la lumière sur les crimes commis durant la période de l’apartheid tant par le gouvernement que par les mouvements de libération. Très grande figure de la lutte contre l’apartheid, conscience de l’Afrique du Sud, mais aussi voyageur infatigable au rire espiègle et puissant. Dénonce l’arme nucléaire, compare souvent le traitement réservé par Israël aux Palestiniens à l’apartheid qui régnait dans son pays.
  • 8. Adolfo Perez Esquivel Né en 1931, Argentin. Professeur d’architecture, de peinture et de sculpture. Publie en 1973 la revue Paz y Justicia, fondateur et coordina- teur en 1975 du Servicio Paz y Justicia (Serpaj)*. Incarcéré sans procès et torturé pendant 14 mois en 1976 sous la dictature des généraux, puis maintenu en liberté surveillée pendant 14 autres mois. Prix Nobel de la paix en 1980. Travaille à la mise en place de solidarités internationales pour lutter contre les oppressions : Bateau pour le Nicaragua, la Pologne, actions en Afrique du Sud, au Moyen-Orient, au Tibet. ../.. * mouvement non-violent qui a aujourd’hui des secrétariats permanents dans 11 pays latino-américains.
  • 9. Adolfo Perez Esquivel En 1995, prend la tête d’une mission de paix entre le Pérou et l’Équateur. Membre du ‘Tribunal Permanent des Peuples’ (TPP) qui dénonce les méfaits des entreprises multinationales. Signataire du Manifeste de Porto Alegre en 2005. « Nous devons avoir les mains ouvertes, fraternelles, sans haine, sans rancoeur, pour parvenir à la réconciliation et à la paix, mais avec fermeté, sans hésitation aucune dans la défense de la vérité et de la justice. Car on ne peut semer avec les poings fermés. Pour semer, il faut avoir les mains ouvertes. » « C'est vrai que l'éléphant est plus fort, mais nous, les fourmis nous sommes les plus nombreuses…»
  • 10. Ronald Dworkin (1931-2013), philosophe états-unien spécialiste de la philosophie du droit, professeur à Londres et New-York. Un des théoriciens modernes de la désobéissance civile. En pleine guerre du Viêtnam, prend la défense des objecteurs de conscience qui refusent cette guerre. Préconise l’enracinement du droit dans une philosophie politique qui fait primer l’exigence morale. Pour lui, l’homme possède des droits moraux qui sont opposables à l’État. Défend un « égalitarisme de la chance » qui repose sur l'idée que les individus doivent assumer les conséquences des risques qu'ils prennent ou des choix qu'ils posent, mais que l'État doit redistribuer les profits et compenser les inégalités liées à la chance pure. « Un homme doit honorer ses devoirs envers son Dieu et envers sa conscience et si ceux-ci sont en conflit avec son devoir à l'égard de l'État, alors il a le droit, en dernier ressort, de faire ce qu'il juge être bien. Si l’individu enfreint la loi, il doit se soumettre à la sanction imposée par l’État en reconnaissance du fait que son devoir envers ses concitoyens a été supplanté mais non abrogé par son obligation morale ou religieuse. »
  • 11. Willy Romelus Né en 1931, Haïtien, évêque catholique de Jérémie de 1977 à 2009. S’engage dans le combat non-violent contre la dictature jusqu’à la chute du régime Duvalier en 1985. Quand le Président Jean-Bernard Aristide, élu démocratiquement en 1990, est renversé en septembre 1991 par l’armée dirigée par Raoul Cedras, s’engage pour la démocratie en s’opposant au silence complice du Vatican. Échappe à 10 tentatives d’assassinat. Prix Européen des Droits de l'Homme en 1994 . « Certains disent qu’ils faut prendre les armes parce que la communauté internationale se joue de nous. Mais ce n’est pas la solution : les putschistes ont les armes et l’argent, pas nous ! Moi, je suis naturellement non-violent. La violence amène la violence. Le dialogue et la négociation permettent mieux de construire en profondeur (…) Une guerre civile serait catastrophique. »
  • 12. Ahangamage Tudor Ariyaratne Né en 1931, Sri-Lankais, disciple bouddhiste de Gandhi, fondateur du Sarvodaya Sharamadana Movement (SSM), actif dans 15 000 villages au Sri Lanka sur 38 000. Développe des programmes de développement et d’éveil de la personnalité humaine, des familles, des communautés rurales et urbaines, d’auto-gouvernance des villages, et un programme d’éveil national. L’action commence par des chantiers collectifs visant à satisfaire des besoins de base (alimentation, eau, vêtements, habitat, énergie, etc.) et se prolonge dans les domaines de l’éducation, de la santé, du microcrédit, de l’animation culturelle, du dialogue interreligieux. ../..
  • 13. Ahangamage Tudor Ariyaratne « Les membres du Conseil national Deshodaya ont pour objectif de promouvoir la non-violence, la protection de l’environnement, de mobiliser les gens et les institutions judiciaires pour prendre assurer la protection des droits humains de base et les pratiques anti-sociales telles que la corruption, la fraude et la violence, garantir à chaque citoyen un traitement juste et équitable par la loi. En d’autres termes, le programme Deshodaya peut faire prévaloir un bon gouvernement dans la société à tous les niveaux. »
  • 14. Jawdat* Saïd (1931-2022), Syrien, enseignant démis de ses fonctions. Dès ses études à l’université al-Azhar, au Caire, déplore que ses professeurs enseignent la doctrine de manière dogmatique et se montrent incapa- bles de faire le lien avec la justice sociale. Une école se crée autour de ses idées à Derayya, dans la banlieue de Damas, fréquentée par des centaines de jeunes. Convoqué par les services secrets syriens et contraint à une « mouraja’a(révision) de ses points de vue », qu’il refuse, gagne la Turquie avec sa famille. Un des premiers penseurs musulmans à introduire la notion de non-violence dans le monde islamique. Auteur d’une réflexion fonda- trice sur la non-violence, à l’intérieur de l’islam et à partir de ses sources. Médite sur l’invention de la bombe atomique comme sur la solidarité née de la construction européenne. Dans son livre La doctrine du premier fils d’Adam, Le problème de la violence dans le monde islamique (1964), la réponse d’Abel à son frère aîné Caïn qui menace de le tuer « Si tu portes la main sur moi pour me tuer, je ne porterai pas la main sur toi pour te tuer » (V, 28) exprime clairement l’attitude que le croyant musulman doit adopter pour faire face à l’homme violent. * Prononcer Jaodat Photo du bas : Caïn et Abel par Le Titien ../..
  • 15. Jawdat Saïd Ainsi, selon la mythologie adamique rapportée par le Coran, l’histoire n’a pas commencé par un meurtre, mais par un acte de non- violence. Selon lui, les opprimés sont pour une large part responsables de l’oppression qu’ils subissent. Pour affirmer cela, se réfère à la sourate III, 165 : « Lorsqu’un malheur vous a atteints, (…) n’avez-vous pas dit : « D’où vient cela ? » Réponds : « Cela vient de vous ». « Ainsi, commente-t-il, le Coran est le seul livre qui réprimande la victime davantage que le persécuteur ». Voit dans l’injonction du Coran « Pas de contrainte en religion » (II, 256) un commandement divin qui doit régenter non seulement la vie religieuse des individus, mais aussi la vie sociale et politique des peuples. Prend clairement position dans le débat sur la question "Quels versets du Coran doivent abroger quels autres ? ". Ne retient pas la doctrine orthodoxe (les versets les plus récents abrogent les versets les plus anciens), mais plaide pour que les versets qui correspondent le mieux aux exigences de la justice abrogent ceux qui y correspondent le moins. Pour lui, ce sont les intellectuels qui ont la plus grande responsabilité dans le fait que les sociétés sont gangrenées par l’injustice et la violence, car ils façonnent la culture des sociétés.
  • 16. Lluís Maria Xirinacs (1932-2007), prêtre de 1954 à 1990, économiste, homme politique et écrivain catalan. Mène une grève de la faim en 1969 pour demander la séparation de l’Église et de l’État, une autre de 42 jours en 1973 pour la libération de 113 prisonniers politiques, et une autre de 21 jours en 1974 pour l’indépendance de la Catalogne. Emprisonné par le régime franquiste en 1972 et en 1974-75. Se tient debout devant la porte de la prison modèle de Barcelone 12 heures chaque jour pendant 21 mois jusqu‘à la loi d'amnistie de 1977 pour demander la libération des prisonniers politiques. Élu sénateur en 1977 lors de la transition démocratique espagnole. En 1984, à la demande de Agustí Chalaux i de Subirà (1911- 2006), crée le Centre d’Estudis Joan Bardina (J. Bardina, 1877-1950) pour élaborer un nouveau modèle politique, économique et social. Docteur en philosophie à 65 ans. Sa mort à 75 ans a été présentée à tort comme un suicide.
  • 17. Louis Vitale Né en 1932, États-unien, fils d’émigrés siciliens. Navigateur en 1958 dans les avions de chasse, docteur en sociologie, prêtre franciscain. Fonde en 1989 le mouvement de formation et d’action non- violente Pace e Bene, d’inspiration franciscaine. Curé de paroisses pauvres à Los Angeles et à San Francisco. Engagé depuis 40 ans dans des combats pour la justice et la paix utilisant la désobéissance civile, arrêté plus de 200 fois, emprisonné plusieurs fois plus de 6 mois. 1979-1988 : actions contre les essais nucléaires dans le désert du Névada. Novembre 2006 : avec le jésuite Steve Kelly, s’agenouille et prie devant le fort Huachuca (Arizona), centre de renseignements de l’armée états-unienne qui forme les soldats à "l’interrogatoire renforcé" (la torture), condamné en 2007 pour cette raison à 5 mois de détention. ../..
  • 18. Louis Vitale et Steve Kelly 2009 : action dans la base aérienne de Creech contre les attaques de drones au Pakistan. 2009 : marche sur Gaza 2009. 2010 : actions contre le Western Hemisphere Institute for Security Cooperation, centre d’entraînement politico-militaire à Fort Benning, etc. « Ces journées (en prison) sont un voyage vers une nouvelle liberté et une lente transformation de l'être et de l'identité : une invitation à entrer dans le plus authentique de soi- même, à suivre le chemin de la prière et le témoignage de la non-violence, où que cela puisse mener. » Citons aussi, parmi tant d’autres qui payent de leur personne pour défendre la dignité de l’homme aux États-Unis, Roy Bourgeois et Jerry Zawada, franciscains, John Coleman, William Bichsel et John Dear, jésuites (voir diapo), Betsy Lamb, Mary Burton Riseley. Photo du haut : Stephen (Steve) Kelly sj
  • 19. Bernard Quelquejeu Né en 1932, Français, polytechnicien, dominicain, docteur en philosophie. Directeur de la Revue des Sciences philosophiques et théologiques de 1968 à 2001, professeur d’anthropologie et d’éthique philosophique à la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris de 1970 à 1997. Membre du Comité d’orientation de la revue Alternatives non- violentes et d’un groupe de travail sur le "dialogue interconvictionnel" au Conseil de l’Europe. « La non-violence, comme logique de luttes contre l’injustice et la domination, a essaimé au XX° siècle un peu partout dans le monde. Pourquoi demeure-t-elle si peu connue et si peu pratiquée en France, alors qu’elle est la seule forme de luttes qui cherche à conjoindre l’aspiration morale avec l’efficacité à long terme ? Sans doute n’a-t-on pas assez éclairé les liens intimes unissant la non-violence avec les grands thèmes de notre tradition occidentale : le langage, le travail, la famille, le lien social, le pouvoir, la dignité humaine, la reconnaissance mutuelle. »
  • 20. Guy et Marizette Tarlier G.T. : (1932-1992), Français, lieutenant, planteur de café en Afrique, puis paysan sur le Larzac après 1965. Appelé parfois « le préfet du Larzac », considéré comme le leader des 103 paysans pendant la lutte contre l’extension du camp militaire de 1970 à 1981. Écrit en 1970 une brochure montrant la vitalité de l’agriculture sur le plateau, emmène des brebis sur le Champ de Mars en 1972, renvoie son livret militaire en 1973, protège F. Mitterrand contre les gauchistes en 1974. Son épouse Marizette (1933-2020) passe 15 jours en prison après leur participation à l’enlèvement de documents dans l’antenne Génie-Domaine en juin 1976. Marche sur Paris en novembre 1978. ../..
  • 21. Guy et Marizette Tarlier et les paysans du Larzac « Nous avons développé des "retours de solidarité" avec la Nouvelle-Calédonie, La Polynésie, la Palestine, les paysans sans terre d’Amérique latine. Nous n’avons jamais cessé de nous intéresser au monde qui nous entoure. (…) En tant qu’altermondialiste, je lutte contre les OGM, l’OMC, la malbouffe. Il est très important que nous restions en phase avec le mouvement social et les peuples du Sud » Marizette Tarlier, 08.08.2003 Il faudrait présenter aussi Jean-Marie et Jeannine Burguière, Pierre et Christiane Burguière, Léon Maillé, Robert et Odile Gastal, Auguste Giraud, Christian Roqueirol, et tous les autres… Photos : Christiane et Pierre Burguière, Léon Maillé, Christian Roqueirol
  • 22. Michael Randle Né en 1933. Militant et chercheur britannique. Objecteur de conscience en 1951, docteur en Peace Studies (Bradford, 1994) Engagé dans les combats non-violents contre l’arme nucléaire en Grande-Bretagne et à l’étranger. Secrétaire du ‘Comité des Cent’, fondé en 1960 en vue du désarmement nucléaire, membre du Conseil de War Résisters International, coordinateur de 1980 à 1987 de l’Alternative Defence Commission (ADC). Chercheur honoraire invité au département de Peace Studies de l’Université de Bradford. « Pour être efficace moralement et psychologiquement, une résistance civile nécessite une distinction claire entre combattants armés et combattants non-violents. C’est pour cette raison que le rapport de l’ADC n’a pas retenu l’idée de combiner la défense civile et la guérilla.» The politics of alternative defence Michael Randle Paladin - 1987
  • 23. Bill Moyer (1933-2002), ingénieur puis travailleur social, militant états- unien engagé pendant 40 ans dans les mouvements non-violents pour les droits civiques, la paix et l'environnement. Développe dans les années 1970 un modèle stratégique, le Movement Action Plan (MAP), qui utilise des études de cas de mouvements sociaux réussis pour illustrer huit étapes distinctes de la progression. Le MAP aide les militants à choisir les tactiques et stratégies le plus efficaces au fur et à mesure de la progression de l’action. 1) Identification du problème. 2) Analyse de l’échec des voies d’action habituelles. 3) Maturation de la situation. 4) Démarrage de l’action. 5) Analyse des succès et des échecs. 6) Conquête du soutien de l’opinion publique. 7) Atteinte des objectifs. 8) Analyse du résultat et choix des objectifs futurs.
  • 24. Françoise Héritier (1933-2017), anthropologue et ethnologue française, professeure au ‘Collège de France’. Une des personnalités à l’origine de la chaîne de télévision Arte, soutient les mouvements d’action et de recherche sur la non- violence. « Personne n'est obligé d'aimer tout le monde. C'est vrai pour les individus que l'on côtoie, ce peut être vrai pour des cultures dans leur ensemble où l'on se sent plus ou moins à l'aise, par manque de familiarité et d'observation. Encore faut-il ne pas user de ces émotions pour justifier la mise à l'écart, le mépris et la disqualification des autres (…). « Le goût des autres ne m'a jamais quitté. Pour le transmettre, je crois qu'une éducation à la différence à l'école, au collège et au lycée s'avère nécessaire ». ../..
  • 25. Françoise Héritier « N’est-il pas remarquable que l’Encyclopœdia Universalis n’avait pas encore d’entrée au mot "violence" dans son édition de 1966 ? » « La violence n'est pas innée chez l'homme. Elle s'acquiert par l'éducation et la pratique sociale. » « La réussite de Non-Violence XXI viendra de sa capacité à dissocier auprès du public, les notions de violence et de force. La force, notamment celle du droit, peut s’exercer par la contrainte : elle n’est pas pour autant une violence. La non-violence est un concept qui reste souvent associé au pacifisme. C’est bien sûr un contre-sens. L’exemple de Gandhi a pu instaurer dans les esprits l’idée que la non-violence est le propre d’une culture qui ne serait pas occidentale. Il faut donc faire entrer la non-violence dans notre culture. »
  • 26. Marlène Tuininga Née en 1933 aux Pays Bas, journaliste jusqu’en 1998 à Malesherbes publications (Informations catholiques internationales et La Vie). Ex-présidente de la section française de la Woomen Interna-tional League for Peace and Freedom, membre du Mouvement International de la Réconciliation (IFOR). Après sa retraite, parcourt pour la ‘Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme’ (FPH) une trentaine de pays à la rencontre d’autres femmes qui dans différents pays du monde cherchent à prévenir, détourner et résister à toute sorte de violence, qu’elle soit sexuelle, sociale, économique, politique ou armée. Correspondante de paix" au Cambodge, au Rwanda, en Afghanistan, en Israël, en Russie et en Amérique latine. « Il est incroyable de voir comment ces femmes désireuses de paix et de justice ne restent pas enfermées dans la douleur des souffrances vécues, mais comment elles relèvent la tête et s’engagent en première ligne pour leurs sœurs, leurs enfants et en faveur d’un avenir meilleur pour leur pays. »
  • 27. Marshall Rosenberg (1934-2015). Docteur en psychologie clinique états-unien, né dans une famille juive. Développe à partir des années 1980 un processus de « com- munication non-violente ». Enseigne cette méthode à travers le monde. Dirige le Center for NonViolent Communication. La méthode aide les personnes à résoudre les conflits dans la non-violence. Elle apprend à chacun à dire : 1) à quoi je réagis dans le comportement de l’autre, 2) ce que je ressens, 3) mes besoins non satisfaits, 4) ce que j’aimerais que l’autre fasse. « Manifester de l’empathie et de la générosité est sans doute la plus gratifiante des activités humaines .»
  • 28. Pierre Dufour Né en 1934, Français, ingénieur mécanicien de l'École de l'Air. Après 16 années dans l'armée, la quitte car opposé à la dissuasion nucléaire. 5 ans professeur à Ouagadougou, 19 ans dans l'industrie et la recherche. Membre du MAN, un des 3 fondateurs de ‘Balkan Peace Team France’ (organisation de missions d'intervention civile de paix). Accomplit, entre 1992 et 2003, 15 missions dans les Balkans, en particulier au Kosovo. Vérificateur du cessez le feu d'octobre 1998 avec l‘’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe’ (OSCE). En 2012, membre du groupe de pilotage de la campagne du MAN pour un désarmement nucléaire unilatéral de la France.
  • 29. Indu Tikekar (1934-2006), universitaire et militante indienne gandhienne. Docteure en philosophie, passionnée de langues, poursuit une carrière universitaire jusqu'à la fin des années 1960. Après sa rencontre avec Vinoba Bhave, s’engage activement dans l’action GramDaan-GramSwaraj (don de terres et autonomie des villages). En 1968, fonde l’ashram sarvodayien* Ujelii sur les rives de la rivière Bhagirathi à Uttarkashi. Avec l'activiste Sunderlal Bahuguna et sa femme Vimla et le mouvement Chipko, s'implique dans le mouvement anti-alcool, les mouvements écologistes et de défense des femmes. Grande connaisseuse de la pensée de Gandhi, fervente critique du consumérisme. Plus tard, dans le cadre de la Mahila Shanti Sena ("Armée de paix des femmes"), fait campagne dans de nombreux États. « La crise actuelle de la civilisation n'est pas seulement écologique ou économique, elle a aussi des aspects moraux et spirituels. Pour que les valeurs de l'esprit prennent racine, un mouvement demandant de limiter nos exigences doit être lancé. (…) Ce n'est que si la science et le développement se détournent de la technologie morbide que nous pouvons espérer maintenir l'harmonie entre la nature et les êtres humains. » * Sarvodaya (sarva : tous, udaya : élever) signifie "croissance universelle" ou "prospérité pour tous". Le terme a été créé et choisi par Gandhi comme titre de la traduction de l'ouvrage de John Ruskin sur l'économie Unto this last. Le Mahatma utilisait le terme pour définir sa propre philosophie politique.
  • 30. Arun Gandhi Né en 1934, militant sociopolitique indo-étatsunien. 5ème petit-fils de M. K. Gandhi par l'intermédiaire de son 2ème fils Manilal. Grandit avec ses parents et sa sœur dans l’ashram de Phoenix (Durban) en Afrique du Sud, que son grand-père avait créé en 1904. Ne rencontre le Mahatma qu'à l'âge de 12 ans quand il va vivre avec lui pendant 2 ans (1946-1948) à l'ashram de Sevagram à Wardha (Inde). En 1987, déménage aux États-Unis avec sa femme Sunanda, pour travailler à l'Université du Mississippi à une étude comparative des formes de discrimination en Inde, en Afrique du Sud et aux États-Unis. Fonde à Memphis (Tennessee), le MK Gandhi Institute for Nonviolence, hébergé par la Christian Brothers University, institution universitaire catholique, puis le Gandhi Worldwide Education Institute qui éduque les enfants des régions les plus pauvres Parcourt le monde afin de parler de l’action non-violente pour les droits humains. Au cours de sa tournée en Israël, exhorte les Palesti- niens à résister pacifiquement à l'occupation militaire israélienne. Suit les traces de son grand-père comme militant, mais sans le mode de vie ascétique du Mahatma. En 2017, publie The Gift of Anger, And Other Lessons From My Grandfather Mahatma Gandhi.
  • 31. Solange Fernex (1934-2006), militante écologiste et non-violente française et alsacienne. Fonde, avec Antoine Waechter, le premier parti écologiste d'Europe, ‘Écologie et Survie’, en 1979. Tête de liste ‘Europe Écologie’ aux premières élections européennes en 1979. Jeûne 38 jours à Taverny pour le désarmement nucléaire mondial en 1983. Cofondatrice en 2001 de l'association ‘Enfants de Tchernobyl Bélarus’. Députée européenne de 1989 à 1995. Présidente de la section française de la ‘Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté’ (WILPF). « Cela va trop lentement, mais cela avance. Comme mon compatriote Albert Schweitzer, je suis pessimiste dans le diagnostic, optimiste dans le pronostic. Ce qui compte, c’est l’action, l’engagement. »
  • 32. Rajmohan Gandhi Né en 1935, Indien, petit-fils, disciple et biographe du Mahatma Gandhi, enseignant aux États-Unis. Artisan en Inde du développement du ‘Mouvement du Réarme- ment moral’ *. Crée à Panchgani un centre de rencontres et y fait témoigner les artisans français et allemands de la réconcilation devant des Indiens et Pakistanais. Jeûne à plusieurs reprises contre haines entre Hindous et Musulmans. Emprisonné pour avoir refusé les méthodes autoritaires de gouvernement de Mme Indira Gandhi, fille de Nehru. Se présente aux élections contre Rajiv Gandhi, fils d’Indira, sillonne le pays à pied, rencontre les Intouchables. Refait en 1988 avec 92 compagnons le trajet de la marche du sel pour répondre par la non-violence aux conflits du Pundjab et du Bengale. * Ce mouvement créé en 1946 à Caux, en Suisse, par le théologien protestant Franck Buchman, est un réseau de rencontres au service du rapprochement des peuples. Ayant profondément évolué, il s’appelle aujourd’hui ‘Initiatives et changement’
  • 33. Jacques Gaillot Né en 1935, Français, prêtre de l’Église catholique romaine. Confronté à la violence de la guerre pendant son service militaire en Algérie, commence à s'intéresser à la non- violence. Évêque du diocèse d'Évreux en 1982, en est déchargé en janvier 1995 par Jean-Paul II en raison de l'expression de ses positions politiques, notamment contre l'arme nucléaire et pour la défense des minorités, considérée par ses pairs comme allant au- delà de la réserve demandée aux membres du clergé. Nommé évêque du diocèse virtuel de Partenia, reste engagé dans maintes luttes sociales, morales ou politiques, notamment au moyen de son site Internet. « La voie de l’espérance passe par la non-violence. La non- violence n’est pas la non-résistance. La non-violence, c’est ne pas se résigner, c’est se battre ».
  • 34. Tenzin Gyatso, 14ème Dalaï Lama Né en 1935, Tibétain, chef spirituel bouddhiste du Tibet. Pour fuir les persécutions et massacres perpétrés par les Chinoise, est réfugié depuis 1959 en Inde, à Dharamsala, avec 100 000 compatriotes. Entretient la culture tibétaine et la volonté de résistance par l’écrit, les voyages, les conférences à travers le monde, en faisant appel à la conscience des Chinois et à l’opinion internationale. En 1987, propose un plan de paix en 5 points établissant le Tibet comme zone de paix entre l’Inde et la Chine. Prix Nobel de la paix en 1989. « Je crois fermement à la valeur de la non-violence. La dictature de Marcos aux Philippines, de Pinochet au Chili, à Moscou, toutes sont tombées par la non-violence. L’escalade de la violence ne résout rien, elle provoque des contre-violences. » « L’esprit est comme un parachute : il fonctionne mieux quand il est ouvert ! »
  • 35. Tenzin Gyatso, 14ème Dalaï Lama « Nos armes sont le courage, la justice et la vérité .» « Le Tibet sera libre seulement si son peuple devient fort. Or la haine n’est pas une force. (…) Comment haïr des gens qui ne savent pas ce qu’ils font ? Comment haïr les millions de Chinois endoctrinés par leurs dirigeants ? Et comment haïr ces dirigeants, eux-mêmes persécutés autrefois ? (…) Les bourreaux sont aussi des êtes humains. On doit condamner leurs actes, mais accueillir leurs souffrances et les regarder comme de frères et sœurs. » « Les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont créés par l’homme, qu’il s’agisse de conflits armés, de la destruction de l’environnement, de la pauvreté ou de la faim. Nous devons cultiver les uns envers les autres une responsabilité universelle et l’étendre à la planète que nous avons reçue en partage. »
  • 36. Jean-Baptiste Libouban (1935-2021), Français d’origine bretonne. Pendant ses études à ‘l’École Supérieure de Commerce de Strasbourg’, rencontre Lanza del Vasto. Passe 6 semaines en prison en Algérie pour avoir refusé son affectation dans un commando de parachutistes accusé de torture. Responsable des Communautés de l'Arche de 1990 à 2004. Participe à plusieurs actions non-violentes, contre la fabrication de la première bombe atomique française sur le site de Marcoule, contre l'extension du camp militaire du Larzac, aux côtés des Kanaks en Nouvelle-Calédonie, contre les deux guerres du Golfe, contre la guerre en ex-Yougoslavie et en Irak, pour la défense de l’environne- ment et la justice sociale. Initiateur en 2003 du mouvement des "faucheurs volontaires" de plants OGM en plein champ pour susciter un vrai débat public. « La fin de cette longue marche en nous-même arrive quand, de cette gangue de questions, sort la certitude de la vérité de l’action à engager. Quand s’affirme en nous la détermi- nation à mener la lutte non-violente. Cette force de l’indignation se transforme en action citoyenne constructive.»
  • 37. Walter Wink (1935 - 2012), théologien et militant non-violent états-unien. Pasteur de la First United Methodist Church à Hitchcock (Texas), de 1962 à 1967. Figure importante du christianisme progressiste. Passe une grande partie de sa carrière à enseigner au Auburn Theological Seminary à New-York, notamment sur le Jésus historique. Anime des ateliers sur sa méthode d'étude de la Bible : The Bible in Human Transformation. Membre des Christian Peacemaker Teams. Plaide en faveur de la résistance non-violente, mène des travaux sur les structures du pouvoir : "The Powers", Naming the Powers (1984), Unmasking the Powers (1986), Engaging the Powers (1992), When the Powers Fall ( 1998) et The Powers That Be (Les pouvoirs en place -1999). Creuse et dénonce "le mythe de la violence rédemptrice ". « Le mythe de la violence rédemptrice est le véritable mythe du monde moderne. Il est aujourd’hui la religion dominante dans notre société. Aucun autre système religieux n’a su rivaliser, et de loin, avec le mythe de la violence rédemptrice dans sa capacité à imprimer aussi profondément son catéchisme aux jeunes. Dès le plus jeune âge, les enfants sont abreuvés de descriptions de violence comme la solution ultime aux conflits humains. »
  • 38. Lillian Rosengarten Née en 1935 à Frankfurt, États-unienne. Ses parents, Juifs allemands, fuient le nazisme et émigrent aux États-Unis. Psychothérapeute dans la vallée de l’Hudson, écrivain, poète, pratiquante bouddhiste. Militante pour les droits des Palestiniens, dénonce l’occupation des terres et le nettoyage ethnique, menés par l’État d’Israël qui se déclare propriétaire des terres en invoquant des versets de l’Ancien Testament. En septembre 2010, membre de l’équipage du catamaran Irene (sous pavillon britannique) qui proteste contre le blocus maritime de la bande de Gaza, capturé dans les eaux internationales par la marine israélienne. « Israël est maintenant de plus en plus isolé et ne peut survivre s’il continue dans cette voie de la paranoïa et du racisme. »
  • 39. Bob Moses Robert Parris Moses (né en 1935), enseignant états-unien et militant des droits civiques. Diplômé du Hamilton College, maîtrise en philosophie à Harvard. Dirigeant du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) qui promeut l’éducation des électeurs et leur inscription sur les listes électorales au Mississippi pendant le mouvement des droits civiques. En 1964, codirecteur du Council of Federated Organizations (COFO), collectif des principaux groupes de défense des droits civiques travaillant dans le Mississippi. Figure de proue du Freedom Summer (‘été de la liberté’), campagne menée au cours de l'été 1964 à l'initiative du SNCC et du COFO dans l'État du Mississippi pour faire inscrire le maximum de Noirs sur les listes électorales (photo du bas). Cofonde en avril 1964 le Mississippi Freedom Democratic Party (MFDP) Enseigne ensuite en Tanzanie, reprend en 1976 des études supérieures en philosophie des mathématiques. Après 1982, développe aux États-Unis l’Algebra Project consacré à l'amélioration de l'éducation des minorités en mathématiques sur la base d'une large organisation communautaire et d'une collaboration avec les parents, les enseignants et les élèves.
  • 40. Hilke Tromp Né en 1935, universitaire et chercheur néerlandais. Directeur à partir de 1980 de l’Institut de Polémologie de l’université de Groningen, créé en 1962 et aujourd’hui fermé. Professeur de Peace research et de relations internationales. Membre de la commission gouvernementale hollandaise pour l’étude de la défense civile qui a mené des travaux de 1976 à 1980. « La défense non-violente a déjà fonctionné. En bien des occasions, des gens qui n’avaient ni armes, ni organisation militaire et ne connaissaient pas la moindre notion de stratégie ont imaginé et mis en œuvre des moyens efficaces pour empêcher la force militaire occupant leur pays d’atteindre ses objectifs. Dans le cas des Pays-Bas, la résistance non-violente entre 1940 et 1945 fut, en fin de compte, plus efficace que la résistance violente qui entraînait des représailles. »
  • 41. Vaclav Havel (1936-2011). Auteur dramatique et homme politique tchèque. Opposant au régime communiste, principal théoricien et animateur du mouvement non-violent de la ‘Charte 77’, membre du VONS, ‘Comité de défense des personnes injustement emprisonnées’. Condamné à plusieurs reprises pour délit d’opinion, passe 4 années en prison entre 1977 et 1989. En 1989, placé par la foule à la tête du ‘Forum civique’, devient leader de la ‘Révolution de velours’, sort de prison pour être élu à la présidence de la République tchécoslovaque. Démissionne de ses fonctions en 1992. Se rallie à la guerre d’Irak et soutient en 2008 le projet le bouclier antimissiles américain en Tchéquie. ../..
  • 42. Vaclav Havel « Ce qui est décisif n’est pas qu’il y ait une personne qui parle ou mille. Ce qui est important, c’est si nous avons raison. Cette force particulière de la vérité, nous en témoignons individuellement face au pouvoir anonyme. (…)Cette force échappe à la manipulation politique et à la technologie du pouvoir. » « La création de cette civilisation multiculturelle, la mise en place de rapports fondés sur le respect mutuel et la tolérance envers des cultures différentes, la création enfin d’une nouvelle responsabilité humaine qui seule pourra sauver notre monde menacé trouveront toujours dans l’œuvre de Gandhi une des sources nourricières de leur élan vital. » « Avoir l’espoir, ce n’est pas croire que les choses vont se passer bien, c’est penser qu’elles auront un sens. »
  • 43. Vaclav Havel « Il me semble que nous avons tous une tâche fondamentale à remplir, une tâche dont tout le reste découlerait. Cette tâche consiste à faire front à l'automatisme irrationnel du pouvoir anonyme, impersonnel et inhumain des idéologies, des systèmes, des appareils, des bureaucraties, des langues artificielles et des slogans politiques, à résister à chaque pas et partout, avec vigilance, prudence et attention, mais aussi avec un engagement total ; à nous défendre des pressions complexes et aliénantes qu'exerce ce pouvoir, qu'elles prennent la forme de la consommation, de la publicité, de la répression, de la technique ou d'un langage vidé de son sens ; (…) à ne pas avoir honte d'être capable d'amour, d'amitié, de solidarité, de compassion et de tolérance, mais au contraire à rappeler de leur exil dans le domaine privé ces dimensions fondamentales de notre humanité et à les accueillir comme les seuls vrais points de départ d'une communauté humaine qui aurait un sens. »
  • 44. Natalya Gorbarnevskaïa Russe née en 1936, diplômée de l'Université de Leningrad, bibliothécaire, bibliographe, traductrice technique et scientifique et de littérature polonaise, poète. Édite en avril 1968 avec Liudmila Alexeïeva un samizdat contre la dictature, la Chronique des évènements actuels. Le 25 août 1968, avec 7 autres personnes, Konstantin Babitsky, Tatiana Baeva, Larissa Bogoraz, Vadim Delauney, Vladimir Dremlyuga, Viktor Fainberg et Pavel Litvinov, manifeste avec son bébé sur la Place Rouge à Moscou contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’armée soviétique. Le sit-in débute à midi et ne dure que 4 minutes, juste le temps pour les participants de brandir le drapeau tchèque et plusieurs banderoles. Le retentissement de l’action est immense. ../..
  • 45. Natalya Gorbanevskaïa et les manifestants de la Place Rouge le 25 août 1968 6 manifestants sont condamnés à des peines d’emprisonne- ment et d’exil allant de 2 ans et ½ à 5 ans. Viktor Fainberg est envoyé en hôpital psychiatrique à Leningrad. N. Gorbanevskaïa échappe au jugement à cause de ses deux enfants en bas âge. Elle est finalement accusée un an plus tard ; cette période lui permet de témoigner et de poursuivre le combat de ses amis, notamment en écrivant le dossier de la manifestation, diffusé clandestinement en URSS et édité en Occident dès 1969. Internée de décembre 1969 à février 1972 dans une prison psychiatrique à Kazan. Vit à Paris à partir de 1976, acquiert la nationalité polonaise en 2005.
  • 46. Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné J.-M. T. (1936-1989), homme politique néo-calédonien kanak, fondateur en septembre 1984 du parti indépendantiste FNLKS (‘Front National de Libération Kanak et Socialiste’). Fait le choix de la non-violence et fait appel aux paysans et formateurs du Larzac. Appelle à l’apaisement en décembre 1984, lors que ses 2 frères et 8 autres membres de sa tribu sont tués par des Caldoches*, et en 1988 après le massacre d’Ouvéa. Signe en juin 1988, avec Jacques Lafleur et le Premier ministre Michel Rocard, les accords de Matignon, qui prévoient un référendum sur l'auto-détermination après dix ans et ramènent la paix après quatre années de quasi-guerre civile. Assassiné en mai 1989, comme son bras droit Yeiwéné Yeiwéné (“YéYé", né en 1945, photo du bas), par un kanak indépendantiste partisan de la lutte armée. * Néo-Calédoniens d’origine européenne
  • 47. Alexander Ginzburg et Youri Galanskov A.G., (1936-2002), journaliste, poète, militant des droits humains et dissident russe. Éditeur de l'almanach poétique Syntaxis, édité sous forme de samizdat*. À la fin de 1959, publie avec Youri Galanskov (1939-1972, photo du bas) le premier magazine littéraire de samizdat Phoenix. En 1965, documente le procès des écrivains Youri Daniel et Andreï Siniavski. Entre 1960 et 1979, condamné à 3 reprises aux camps de travail, dont la dernière fois en 1978, à 8 ans de Goulag. Lance avec Alex- ander Soljenitsyne le ‘Fonds d'aide aux prisonniers politiques’, distribue des fonds et un soutien matériel aux prisonniers politiques et religieux de l'Union soviétique. En 1976, membre fondateur du ‘Groupe Helsinki de Moscou’, qui surveille les violations des garanties des droits de l'homme auxquelles le gouvernement soviétique avait souscrit dans les accords d'Helsinki de 1975. Libéré en 1979 et expulsé vers les États-Unis, en compagnie d'autres dissidents politiques et de leurs familles dans le cadre d’un échange avec des espions. Tout au long de sa vie, prône la résistance non-violente. Après presque un an et demi aux USA, s'installe à Paris avec sa famille. Samizdat : système clandestin de circulation d'écrits durant l'époque soviétique, le mot signifiant littéralement en russe ‘auto-édition’).
  • 48. Gabriel Maire (1936-1989). Français, ordonné prêtre en 1963, exerce son ministère dans le Jura. Part en mission au Brésil, en 1980, dans une paroisse de la banlieue de Vitoria. Combat les inégalités sociales et la corruption, la torture et l'impunité, réclame le droit à l'emploi et à l'éducation. Pousse des sans-terre à occuper un terrain convoité par un requin de l'immo- bilier. Défie la mafia du crime à la télévision locale le 21 décembre 1989. Le surlendemain, est tué d’une balle en plein cœur dans sa voiture. « Ce qui est important, ce n’est pas le nombre de personnes, c’est la conscience de ces personnes qui peuvent transformer leur milieu de vie (…). La Bible, c’est vraiment de la dynamite si on veut y être fidèle. Une Église qui ne connaît pas la persécution n’est plus prophétique. (…) Je préfère une mort qui conduit à la vie, à une vie qui conduit à la mort. »
  • 49. Jean Marichez Français né en 1936, ingénieur ICAM, retraité ex-cadre dans une entreprise de construction électrique, membre du CA de ‘l’École de la Paix’ de Grenoble. Auteur d’études, articles et conférences concernant les stratégies civiles de lutte contre l'oppression, traducteur de 5 livres de Gene Sharp. Traite aussi des croyances religieuses comme causes de guerre. Suivant le fil de La guerre civilisée de Gene Sharp, J. Marichez et Xavier Olagne, dans La Guerre par action civile, démontent les barrières qui rendent difficile la communication sur le sujet et montrent sous quelles conditions elle est possible. Ils font des propositions concrètes aux responsables de notre défense française et européenne. Le livre s'adresse aussi à tous ceux qui s'intéressent à l'évolution concrète des processus de défense et au développement de la citoyenneté.
  • 50. Jean Van Lierde (1937-2006). Militant et journaliste belge d’inspiration socialiste et chrétienne. Dirigeant de la ‘Jeunesse Ouvrière Chrétienne’. Objecteur de conscience en 1949 : 18 mois en prison, puis 6 mois dans les mines. Après 4 séjours en prison, obtient un statut des objecteurs de conscience en Belgique en 1964. Ami de Mehdi Ben Barka et de Patrice Lumumba, soutient les luttes anticoloniales au Maghreb et au Zaïre. Président de la branche belge du ‘Mouvement International de la Réconciliation’ (MIR), secrétaire général des centres de recherche CRISP et CEDAF, auteur de livres et articles sur l’action et la défense non-violentes. « La non-violence peut gérer les sociétés. Cela implique que cette manière de gérer les conflits soit au programme des centres d’enseignement et de recherche. »
  • 51. Lucien Converset Prêtre catholique français né en 1937, appelé familièrement Lulu. En 1959, appelé à faire la guerre en Algérie. “Le seul chemin d’ouverture et de libération, écrira-t-il, est l’engagement non-violent. C’est en Algérie que je l’aurai découvert de manière fondamentale”. Plus tard, renvoie son livret militaire. Le 25 mars 2012, âgé de 75 ans, part à pied de sa ville natale de Dampierre (Jura), accompagné de son âne Isidore, afin de demander la paix pour le monde. Atteint Bethléem (Palestine) le 17 juin 2013. Dans la nuit suivante, fait un rêve dont il fait part aux évêques de France : « J’ai fait un rêve. (…) Tous les évêques de France, vous vous étiez donné le mot de vous réunir devant l’Élysée au moment du conseil des ministres. Vous manifestiez pour demander l’arrêt de l’armement nucléaire de la France de manière unilatérale.(…) Un autre disait : « Si nous continuons à nous taire, ce sont les pierres qui se mettront à crier. » Cofondateur du groupe ‘Agir pour le Désarmement nucléaire (ADN Jura), s’investit pour l’adhésion de la France au ‘Traité sur l’interdiction des armes nucléaires’ (TIAN) et le reconversion des sites du CEA-DAM travaillant sur les armes nucléaires.
  • 52. Theodor Ebert Né en 1937, Allemand, professeur à l’Otto Suhr Institut de l’Université libre de Berlin. Fonde la revue Gewalfreie Aktion (Action non-violente) et la ‘Fédération pour la défense sociale’. Auteur de plusieurs ouvrages sur la résistance civile, la « défense sociale non-violente », la désobéissance civile. Expert des Grünen (Les Verts) en matière de défense alternative. « L’effet d’avertissement d’une défense civile repose sur la crédibilité de la non-coopération à tous les niveaux du processus démocratique. Il importe de s’assurer qu’une non-coopération totale dure assez longtemps pour permettre aux pressions étrangères sur l’envahisseur de se développer »
  • 53. George Lakey Quaker états-unien né en 1937. Professeur d’université et auteur de livres sur l’action non-violente. Militant des droits civiques et de la paix au Vietnam, membre de missions PBI de protection de militants des droits humain au Sri Lanka. Cofondateur avec Barbara Smith et directeur pendant 15 ans du groupe Training for Change (‘Formation pour le changement’), dirige 1500 ateliers sur les 5 continents. Missions en Birmanie, au Cambodge, en Afrique du Sud, en Thaïlande, à Taïwan, campagnes contre les mines de charbon, etc. Cofondateur du Movement for a new society très actif dans les années 1970-1980. Propose un processus de révolution non-violente en 5 étapes : éducation politique, création d'organisations de résistance et de lutte, affrontement pacifique des pouvoirs en place, non-coopération de masse, ancrage de la nouvelle société. ../..
  • 54. George Lakey Propose un plan d’action contre le terrorisme en 8 points : - Développement économique et social harmonieux, - Lutte contre la marginalisation, - Campagnes non-violentes en vue du développement de la démocratie et de la paix civile, - Éducation et formation à la résolution non-violente des conflits, - Travail en vue de la guérison des traumatismes individuels et collectifs causés par le terrorisme, - Formation des policiers pour réduire la distance sociale dans les zones rurales ou les quartiers urbains déshérités, - Contrôle citoyen de l’action gouvernementale, - Quand c’est devenu possible, négociation avec les groupes rebelles (comme en Colombie). Créateur en 2011, au Swarthmore College*, du Global Nonviolent Action Data Base (GNAD), base de données sur Internet qui étudie 1 200 cas d’action non-violente sur plus de 200 pays depuis 1170 avant notre ère. Chaque étude de cas comprend des détails sur les objectifs de la campagne, ses participants, ses opposants et son succès. * Université fondée par des Quakers en 1864, près de Philadelphie.
  • 55. Naïm Ateek Né en 1937, Palestinien, pasteur de l’Église anglicane, fondateur du Sabeel Ecumenical Liberation Theology Center à Jérusalem. (Sabeel : "sentier, chemin", mais aussi "ruisseau"). Articule la théologie de la libération avec la situation de la Palestine occupée, dénonce l’occupation, la violence, la discrimination, les violations des droits humains : mur de séparation, colonies illégales, checkpoints, confiscation et démolition de maisons, camps de réfugiés, dégradation de l’environnement. Lutte pour la justice dans une visée de réconciliation. Sabeel organise des formations pour les jeunes, les femmes, des voyages sur les lieux saints, une vague de prière chaque semaine le jeudi, édite la revue Cornerstone ("Pierre d’angle"), a des relais dans le monde entier (Europe, Scandinavie, États- Unis, Canada, Australie)
  • 56. André Bernard Né en 1937, militant anarchiste non-violent français. Très jeune, rencontre à Bordeaux le mouvement libertaire par l’intermédiaire du milieu anticlérical. Électricien puis correcteur de presse. En octobre 1956, refuse la conscription et la participation à la guerre en Algérie, se déclare insoumis, s'exile en Suisse. Cofondateur du ‘Centre International de Recherches sur l'Anarchisme’ (Lausanne), contribue à la publication Ravachol. Participe au groupe ‘Jeune Résistance’ (JR), lié au ‘Réseau Jeanson’ d’aide aux indépendantistes algériens, qu’il quitte pour désaccords : il est à la fois antimilitariste, anticolonialiste et non-violent. Avec sa compagne Anita Ljungqvist, s’engage en 1961 en France dans l’’Action civique non-violente’ (ACNV) contre la guerre d’Algérie, s’enchaîne avec 6 autres militants "solidaires" qui ont adopté son identité. Libéré après 21 mois d’incarcération, rencontre Louis Lecoin qui lui manifeste sa solidarité, devient correcteur d’imprimerie. En avril 1965, avec notamment Marianne Enckell, lance la revue Anarchisme et Non-Violence (33 n°s sur presque 10 ans) qui adhère, en tant que publication, à l’’Internationale des résistants à la guerre’ (IRG) en 1968. « S’il y avait un crime à ne pas commettre, c’était bien celui d’obéir. »
  • 57. Richard Friedli Né en 1937, universitaire et militant suisse. Ex-dominicain, professeur au Zaïre et au Rwanda, professeur en science des religions à l’université de Fribourg. Conseiller académique à l’Institute for Conflict Transformation and Peacebuilding et membre du conseil scientifique de la World Peace Academy à Bâle. S’inspire notamment des travaux de Johan Galtung, professeur au Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Auteur de nombreux ouvrages : théologie, dialogue interreligieux, interculturel et interconvictionnel, réconciliation, médiation et paix. Investi dans la lutte des "sans-papiers", alliant convictions personnelles et connaissances académiques. Consultant dans les processus de réconciliation post-génocidaire Gacaca (tribunaux communautaires villageois) au Rwanda après 1994. « En 1979, lors de la World Conference of Religions for Peace à Princeton, Hildegard Goss-Mayr et moi étions tous les deux dans un groupe de travail qui a défini la spiritualité au niveau transculturel comme "la conscience de porter une responsabilité qui s’enracine dans un attention radicale et entraîne des changements socio-politiques". »
  • 58. Olivier Maurel Né en 1937, enseignant, essayiste et militant français de la non- violence. Agrégé de Lettres, professeur à Toulon. Coordonne en 1975 la rédaction de l’opuscule Armée ou défense civile non-violente. Auteur de plusieurs livres sur la non-violence, le commerce des armes, la maltraitance des enfants et particulièrement la violence éducative, comme la fessée. Fonde l‘’Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire’ (OVEO) qui dénonce et décrit toutes les formes de violences contenues dans l'éducation encore couramment utilisées dans le monde, comme dans les comptines pour enfants. « Toutes les populations s'étant livrées à des génocides ont reçu une éducation basée sur la discipline, la punition, l'obéissance aveugle. D'autre part, les individus ayant refusé de collaborer au déploiement du mal extrême, ayant préservé leur compassion (les "Justes" par exemple), ont vécu, petits, dans la tendresse et le respect de leur entourage ». ../..
  • 59. Olivier Maurel « C’est probablement à partir du néolithique que l’humanité s’est mise à corriger ses enfants en les frappant. Elle a ainsi rompu avec le comportement propre aux chasseurs-cueilleurs qui, aujourd’hui encore partout dans le monde, en Amazonie comme dans l’Arctique, en Afrique comme en Océanie, ne frappent jamais les enfants. Cette éducation sans violence remonte même probablement plus loin dans le temps puisque nos cousins primates, les grands singes dont nous sommes biologiquement très proches, élèvent aussi leurs petits sans les frapper. Le passage de l’éducation sans violence à l’éducation violente a été un terrible accident dans notre évolution. D’autant plus que dès les premiers témoignages écrits que l’on a de ce deuxième type d’éducation, il y a 4 000 ans, on voit que les enfants ont été soumis à des punitions d’une grande violence : bastonnades, flagellations et autres punitions cruelles qui sont devenues leur quotidien. La violence éducative a faussé notre regard sur l’humanité. Elle nous a fait penser que l’humanité était mauvaise et qu’il fallait lui serrer la vis, ce qui justifiait tous les régimes autoritaires (…) Cette méthode d’éducation a contribué à rendre l’humanité violente et destructrice, portée à la fois à la domination et à la soumission, et continue à le faire dans tous les pays où elle n’a pas encore été interdite, c’est-à-dire 127 pays sur 190.»
  • 60. Christian de Chergé (1937-1996). Religieux français. Pendant la guerre d’Algérie, est protégé de la mort par un garde champêtre algérien père de 10 enfants, Mohamed, retrouvé assassiné le lendemain. Religieux cistercien trappiste, arrive en 1971 au monastère Notre- Dame de l’Atlas à Tibhirine, dont il devient prieur en 1984. Parle arabe, a une connaissance approfondie et une grande estime pour l’islam et la culture arabe. En 1979, fonde avec Claude Rault, Père Blanc devenu évêque du Sahara, le groupe Ribât-el-Salâm ("Le lien de la paix"), qui échange sur la tradition et la spiritualité musulmanes. A un dialogue intense en 1982 avec Jacques et Simone de Bollardière en visite à Tibhirine. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, une vingtaine d’hommes armés enlèvent sept moines du monastère. Photo du bas : Claude Rault, évêque de Laghouat ../..
  • 61. Christian de Chergé et les moines de Tibhirine Un message du Groupement Islamique Armé (GIA) annonce qu’ils ont été égorgés le 21 mai 1996. Leurs têtes sont retrouvées le 30 mai. « Dans la Passion de Jésus, il nous faut bien reconnaître le témoignage, le "martyre" de la non-violence. » « S’il m’arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd’hui - d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. (...) Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais, oui, pour toi aussi je le veux, ce Merci, et cet A-Dieu envisagé pour toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. »
  • 62. Michael Nagler Né en 1937, universitaire américain et militant de la paix états- unien, ex-professeur de littérature, ex-président du Peace And Conflict Studies Program à l’Université de Californie (Berkeley). Président du Blue Montain Center of Meditation. Membre du conseil consultatif de la Faculty for Israeli-Palestinian Peace-USA, réseau de professeurs et d’étudiants palestiniens, israéliens et internationaux, travaillant pour la fin de l'occupation des territoires palestiniens par Israël et pour une paix dans la justice. Fondateur et président du Metta Center for Nonviolence, dont la mission est de "promouvoir la tradition de la non-violence que Gandhi a donnée au monde, à travers des projets innovants, l'éducation et la mise en pratique de ses principes".
  • 63. Antonino Drago Italien né en 1938, chercheur et militant non-violent à Naples dans les quartiers déshérités. Enseigne l'histoire de la physique à l'Université Federico II de Naples, puis professeur adjoint en stratégies populaires et non-violentes de défense à Pise et en histoire et techniques de la non-violence à Florence. Premier président (2004-2005) du Comitato di consulenza per la difesa civile non armata e nonviolenta (Comité consultatif pour la défense civile non-violente), établi au Bureau national de la fonction publique. Fondateur de l’’Institut italien de recherche sur la paix’. « En 1985, la Cour constitutionnelle a considéré que la défense de la patrie pouvait être accomplie avec les armes ou de manière non- violente.(…) En 1992 a été ouverte une école régionale en Campanie et une formation nationale spécifique sur la défense civile non-violente à Florence. La dernière formation a été financée par la campagne des objecteurs fiscaux, mais aussi par la région Toscane et d’autres organismes ».
  • 64. Anatoli Martchenko (1938-1986), écrivain dissident russe. Foreur pétrolier puis écrivain. Les révélations qu'il fait, dans son livre Mon témoignage (1969, image du bas), sur les camps de travail et les prisons soviétiques lui valent une condamnation pour agitation et propagande anti-soviétique. Condamné à 4 ans d'exil interne après en 1968 pour avoir protesté publiquement contre l'invasion de la Tchécoslovaquie. Fait partie du groupe créé en 1975 qui prône le respect de l'acte final de la ‘Conférence pour la sécurité et la Coopération en Europe’ (CSCE), notamment des dispositions relatives aux droits humains. Après 11 ans d'emprisonnement, entreprend une grève de la faim en 1986, destinée à réclamer la libération de tous les prisonniers d’opinion soviétiques. Meurt après 3 mois de grève de la faim dans l’hôpital pénitentiaire de Tchistopol. Le tollé international suscité par sa mort est un facteur majeur qui pousse le secrétaire général du P.C., Mikhaïl Gorbatchev, à autoriser en 1987 l’amnistie à grande échelle des prisonniers politiques. Prix Sakharov à titre posthume en 1988. « La seule possibilité de lutter contre le mal et l'illégalité qui prédominent consiste à mon avis à chercher et à faire connaître la vérité. »
  • 65. Diane Nash Née en 1938, militante non-violente états-unienne. Études à l'université Howard (Washington) puis à l'université Fisk (Nashville), y est confrontée à la violence des ‘lois Jim Crow’*. Une des leaders et stratèges des mouvements étudiants pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. Parmi ses réussites, les premiers sit-in de Nashville, le mouvement des Freedom Riders, qui permettra la déségrégation des bus inter-États ou encore la cocréation du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC). Est aussi à l'initiative du Alabama Voting Rights Project. Participe aux marches de Selma à Montgomery qui permettent aux Afro-Américains d'obtenir le droit de vote et un véritable pouvoir politique dans les États du Sud. Arrêtée une douzaine de reprises pour son rôle dans la lutte civique. Passe 30 jours dans une prison de Caroline du Sud, après avoir protesté contre la ségrégation à Rock Hill, en février 1961. En 1962, bien qu'enceinte de 4 mois de sa fille Sherri, est condamnée à 2 ans de prison pour avoir entrainé des mineurs dans la ‘délinquance’, en les encourageant à participer aux Freedom Rides. Le Président John Kennedy la nomme à la tête d'un comité national en vue d'adopter le Civil Rights Act de 1964. * lois nationales et locales issues des Black Codes, promulguées par les législatures des États du Sud à partir de 1877 jusqu'en 1964 pour entraver l'effectivité des droits constitutionnels des Afro-Américains, acquis au lendemain de la guerre de Sécession.
  • 66. Andreï Amalrik (1938-1980), écrivain et dissident russe. Historien, soutient sa thèse sur les origines de l’État russe, défendant que les Varègues et Byzance y ont eu plus d'importance que les Slaves. Exclu de l’Université, espionné et interrogé par deux fois par le KGB. Catalogué comme « citoyen indigne de la confiance du peuple soviétique », exerce plusieurs métiers modestes (gardien de nuit, standardiste, nettoyeur, livreur, chauffagiste) entrecoupés de périodes sans emploi que l’on n’appelle pas "chômage" et qui ne sont pas rémunérées, mais « vie antisociale et parasitaire », écrit des pièces de théâtre contraires à l'art officiel communiste. Puni de 2 ans et demi de déportation au Goulag en Sibérie. Correspondant indépendant pour l’agence de presse Novosti à Moscou, renvoyé de son poste de journaliste pour avoir manifesté en faveur du Biafra. Conteste la dictature et la bureaucratie du régime soviétique, est un des fondateurs du mouvement démocratique. Son livre L’Union soviétique survivra-t-elle en 1984 ? (1970) lui vaut 3 ans de Goulag. Mène une grève de la faim suite à une nouvelle condamnation à 3 ans. Soutenu par Amnesty International, expulsé en 1976 vers les Pays- Bas. Décédé en Espagne des suites d’un accident de voiture suspect alors qu'il se rend de Marseille à Madrid, afin d'assister à une conférence pour exiger l'application des accords d'Helsinki.
  • 67. Pierre Claverie (1938-1996), Français né en Algérie, prêtre dominicain, évêque catholique d'Oran après 1981. Parle l'arabe, excellent connaisseur de l'Islam. Pendant la guerre civile à partir de 1992, se considère comme un Algérien et refuse d'abandonner un peuple auquel son destin est indisso- lublement lié. En janvier 1992, échange longuement avec Jean-Marie Muller et veut l’inviter en Algérie pour parler de non-violence. Le 1er août 1996, est assassiné par une bombe, ainsi que son chauffeur Mohamed. J.-M. Muller apprendra par la suite que Pierre Claverie avait effectivement programmé sa visite. « La coexistence implique une connaissance vraie, objective et exigeante. Mais elle est aussi un rapport de force qu’il faut sans cesse négocier sous peine de le voir dégénérer en oppression, en exclusion et en violence.(…) On ne possède pas la vérité, et j’ai besoin de la vérité des autres. » ■