Selon Dokic (2000) « les processus artistiques mettent en place un dispositif expérientiel déstabilisant la relation cognitive habituelle entre le sujet et son environnement », favorisant le développement de l’esprit critique des apprenants. L’art serait ainsi « un terrain d’expérimentation propice à étudier la cognition » (Ibid.). L’état de la recherche révèle que la pratique musicale offre aux apprenants des dispositions cognitives et métacognitives faisant l’objet d’un transfert de compétences entre différents apprentissages (Winner & al., 2013) et améliorant la plasticité cérébrale (Fauvel & al., 2012). Les habiletés métacognitives (processus de contrôle cognitif) (Flavell, 1979), sont essentielles à l’apprentissage de la musique (Bialystok & DePape, 2009). L’élève est engagé dans un processus réflexif, participant à structurer et améliorer ses capacités de raisonnement et d’esprit critique. Cognition, métacognition et esprit critique sont étroitement liés. Cette capacité de pensée critique est perçue comme une activité de l’esprit, par la mise en œuvre d’un processus cognitif complexe et réflexif, dont seuls les objets d’étude se différencient (Monvoisin, 2007). Ainsi, l’esprit critique dépendrait d’une interdisciplinarité et transdisciplinarité des savoirs. Si l’état de la recherche permet d’établir un lien entre pratique musicale et transfert cognitif, peu d’études s’intéressent toutefois aux stratégies d’apprentissage efficientes que la musique permettrait de développer et de mettre en œuvre au sein même du processus de raisonnement des élèves (Winner & al., 2013). Au regard des apports théoriques en sciences de l’éducation, sciences cognitives et neurosciences (Terrien, 2017 ; Varela, 1996 ; Schön, 2017), la question de recherche interroge la manière dont l’activité de pratique musicale développe l’habileté métacognitive d’autorégulation, nécessaire à l’acquisition de l’esprit critique des élèves de primaire. Cette communication propose d’établir la possible influence de la pratique musicale sur le raisonnement des élèves, conduisant à une agilité mentale d’apprentissage efficiente. Une attention particulière sera portée au protocole expérimental, fondé sur une tâche d’autorégulation et d’esprit critique (Focant & Grégoire, 2008), mise en œuvre parmi un groupe expérimental et un groupe contrôle. Des premiers résultats seront présentés. Cette réflexion, aux frontières des sciences de l’éducation, sciences cognitives et neurosciences des systèmes, s’inscrit dans une recherche sur l’influence des enseignements artistiques sur le développement des savoirs fondamentaux à l’école, afin de renseigner la communauté éducative sur les connaissances actuelles dans l’articulation entre enseignement et apprentissage.