1. Journaldunet.com / Management / 23 septembre 2015
Chronique de Ariane Pradal
DIRIGEANT EN TRANSITION PROFESSIONNELLE : CE QUI FAIT LA DIFFERENCE
Si la transition professionnelle du dirigeant n’est pas tout à fait celle d’un cadre, cela n’est affaire ni
de statut professionnel, ni de positionnement hiérarchique en tant que tels.
Qu’est-ce qu’un dirigeant ? Le dirigeant est bien plus que l’expert d’un savoir-faire, d’une filière
métier qu’il a suivie avant d’arriver au niveau de responsabilité qui est désormais le sien. Plus que
tout, le dirigeant est celui qui incarne le projet d’entreprise, montre l’étoile et donne du sens. Celui
qui rassemble les forces vives et ajuste les moyens. D’où cette posture bien particulière d’une vision
haute qui couvre la situation dans sa globalité et se projette loin, et s’impose aux équipes. Sa
principale compétence est stratégique et managériale.
De ce fait, ce qui définit le dirigeant se résume en quatre points essentiels : savoir-voir-en-grand,
savoir-décider, savoir-dire et savoir-être.
Autant dire que la transition de carrière le confronte à une difficulté inédite : exprimer son
positionnement de dirigeant de façon implicite dans sa façon de parler de son parcours comme de
son projet professionnel, alors qu’il lui manque momentanément l’ancrage d’une position dans une
structure.
C’est pourquoi le centre de gravité du travail qu’il doit mener pour retrouver une activité
professionnelle est sa posture de dirigeant. C’est sur elle qu’il va asseoir sa crédibilité et sa légitimité.
Cette posture s’ancre sur 6 points essentiellement :
1. Avoir de la « présence », y compris dans le non-verbal
2. Aborder les sujets avec hauteur de vue
3. Voir loin et exprimer sa vision de façon convaincante
4. Communiquer avec aisance
5. S’adapter très vite au changement
6. Aller à l’essentiel
Vision haute et projetée
Cette posture est la clé de la réussite tout au long du repositionnement.
Elle permet de revisiter le parcours professionnel par « le haut », non pas en détaillant toutes les
réalisations et tous les objectifs atteints, mais en mettant chaque poste en perspective dans un
contexte et un enjeu stratégique d’entreprise donné. C’est aussi sous cet angle que le dirigeant
visualise son « méta-résultat » pour chacun des postes dont il a eu la responsabilité, autrement dit le
résultat global de toutes ses actions et décisions au moment où il le quitte. Seule cette indication
donne du sens au parcours, jusqu’à en tracer un fil rouge.
C’est à cette capacité de faire comprendre de façon simple, rapide et convaincante son identité
professionnelle, et de contextualiser sa valeur ajoutée dans des enjeux stratégiques bien identifiés
que l’on repère le dirigeant recherché. C’est pourquoi la mise en forme du CV du dirigeant comme
celle de son « pitch » de présentation, et plus généralement de tout support de communication est
un exercice encore plus exigeant pour dire l’essentiel en peu de mots. La qualité de cette
communication est déterminante pour la réussite de tous les entretiens et les contacts réseau.
2. Ce que l’on attend aussi du dirigeant, c’est d’avoir une vision de professionnel du futur dans son
domaine, adossée tout autant à sa réflexion et sa curiosité personnelles qu’à son expérience.
En imposer sans s’imposer
Cela peut surprendre en première lecture, pourtant les compétences techniques qui sont le point de
passage obligé pour entrer dans un process de recrutement ne pèsent que 10% de la décision de
choisir un candidat à un poste de dirigeant. De façon schématique, ce qui compte pour emporter la
préférence du décideur, c’est la qualité de la motivation exprimée pour 20%, la capacité perçue à
s’intégrer dans la nouvelle organisation pour 30% et enfin le fit avec son futur patron pour 40%.
Autant dire que la capacité de rebond, le savoir-être et le savoir-dire sont décisifs.
Or, l’aisance relationnelle et le verbe facile ne suffisent pas toujours en situation d’enjeu personnel.
Parler de soi avec le juste ton qui équilibre affirmation et humilité, résister et répondre aux
objections sans émotion négative, faire entendre son leadership dans la façon de faire résonner et
de poser sa voix, convaincre implicitement de sa résistance au stress au travers d’un rythme de
parole régulier et apaisé, faire preuve d’ écoute grâce à une réelle disponibilité à l’autre, tels sont les
apprentissages et les indispensables perfectionnements du dirigeant soucieux d’en imposer sans
s’imposer. Parce que son repositionnement professionnel passe par l’affirmation de sa posture.
C’est en cela que la transition professionnelle du dirigeant exige une préparation spécifique car rien
ne s’improvise à ce niveau, une préparation personnalisée car elle doit agir au plus près de la zone
de progrès de chacun.