JOCHEMS, Sylvie (14 sept 2013). "Parler de la diversité des pratiques d'engagement pour le changement social en enseignement du travail social", Conférence d'ouverture prononcée au colloque REECETTSQ.
Jochems s conference-colloque reecetsq-140913am-vfinale
1. 1
"Engagez-vous", qu'il disait !
Parler de la diversité
des pratiques d'engagement
pour le changement social
en enseignement du travail social
Conférence du 14 sept. 2013
Colloque REECETSQ
«Le printemps érable, et après; enseigner le
changement social en 2013 »
Cégep du Vieux Montréal
par S. Jochems
prof. à l'École de travail social (UQAM)
2. 2
1.Comment enseigner le changement social en
2013?
2.Quelle place donner aux nouveaux mouvements
sociaux dans notre enseignement?
3.Quelles sont nos responsabilités éthiques?
– Jusqu'où va le rôle des enseignantEs?
– Quels sont les liens entre enseignement du travail
social et militantisme?
– Devoir de réserve vs devoir d'engagement?
Les questions de départ
3. 3
Parler de la diversité
des pratiques
d'engagement
pour le changement
social
au moinsau moins
3 défis à relever3 défis à relever
Une proposition parmis d'autres ...
5. 5
Discours:Discours: INDIVIDUALISME ET DÉSAFFECTION POLITIQUEINDIVIDUALISME ET DÉSAFFECTION POLITIQUE
La pratique de l'organisation communautaire en CSSS
“La pratique de l’organisation communautaire, notamment en CSSS, est en
constante évolution et doit s’adapter aux changements continus de la
société québécoise tout en restant fidèle aux valeurs qui la caractérisent.
Or, comment assurer la continuité de cette forme d’intervention en fonction
des nouveaux contextes dans lesquels elle s’inscrit ? [...]
D’autre part, la désaffection politique et la perte de confiancela désaffection politique et la perte de confiance
dans l’appareil politique témoignent d’une certainedans l’appareil politique témoignent d’une certaine
transformation de la motivation à se mobiliser.transformation de la motivation à se mobiliser.
De plus, l’engagement citoyen se voit aussi influencé par lal’engagement citoyen se voit aussi influencé par la
montée de l’individualisme dans la société.montée de l’individualisme dans la société.
Ce sont alors les choix et les modes d’implication qui sechoix et les modes d’implication qui se
transformenttransforment : bénévolat ponctuel, utilisation des réseaux sociaux et
des moyens électroniques de communication, etc. Comment dès lors
assurer le rôle de mobilisateur, caractéristique de l’organisation
communautaire ? Comment renouveler les stratégies de mobilisation ?”
(extrait de l'appel à propositions d'ateliers pour le congrès 2012
"Pour une pratique ... durable", RQIIAC, 2011).
6. 6
La thèse du désengagement:La thèse du désengagement:
une pratique d'enseignement en travail social
“Nous sommes dans une
sociétésociété individualisteindividualiste et
où il y a moinsmoins
d’appartenanced’appartenance. Cela
pose des défis puisque
ce que nous avons à
former, ce sont des
intellectuels qui vont avoir
à prendre position
socialement”
OC/chargé de cours
cité par Lachapelle, 2011
7. 7
La thèse du désengagement:La thèse du désengagement:
Nous entrons dans l'ère de la modernité liquidemodernité liquide
Entrevue avec Zygmunt BaumanZygmunt Bauman, 2011 par De la Vega
11. 11
2e défi
Élargir le spectre de
connaissances sur
l'engagement:
penser aussi en-dehors
de l'OC en TS
12. 12
L'organisation communautaire ne couvre
pas l'ensemble des pratiques d'action
collective
– ie elle ne couvre pas les pratiques en action
communautaire et action citoyenne
– elle se concentre sur "l'intervention" ie l'acte mandaté
en travail social
– Donc, la formation en travail social ne devrait pas se
restreindre à l'organisation communautaire pour
aborder la méthodologie de l'action collective
ExempleExemple: pratiques autogestionnaires: pratiques autogestionnaires
– Fondements libertaires/anarchistes
13. 13
Le risque de la modélisationLe risque de la modélisation
(et déclinaison du "même")(et déclinaison du "même")
Déclinaison de l'organisation
communautaire en 4 modèles
d'approches:
• Modèle de l'action sociale dit
"sociopolitique"
• Modèle du développement
local des communautés dit
"socio-économique"
• Modèle socio-institutionnel
incluant l' "approche du
planning social"
• Modèle socio-communautaire
Bourque et Lachapelle, 2010
14. 14
Cadres théoriques (Jochems)
Paradigmes (Cefaï)
Acteurs collectifs Modes d'agrégation Types de cité Commentaires
Collective behavior
Interactionisme symbolique
Blumer, 1946
Structuro-fonctionnalistes
Parsons, 1964; Merton,1968; Smelser,
1968
Publics, foules, masses Alignement par imitation,
contagion ou suggestion
Croyances généralisées et griefs
partagés, voire déviance
Société civile,
démocratie des
publics, tyrannie des
foules
Pour dépasserr
l'irrationalité des
acteurs sociaux
Logique biologique
( Spencer)
Psychologie intermentale
(Tarde, 1901)
TMR Théorie de l'action rationnelle
McCarthy et Zald, 1977; Olson, 1983.
Entreprises OMS et
clientèles
Alliances fondées sur l'intérêt et
l'utilité Stratégies de mobilisation
de consensus
Marchés, secteurs et
industries
Limite : absence
des subjectivités
des acteurs sociaux
Approche de l' Analyse de réseaux Réseaux Cat-Net et
autres
Dynamiques de recrutement et de
mobilisation: sociabilité réticulaire
et liens entre organisations
Réseau de réseaux,
champ inter-
organisationnel
Approche de l' Analyse du processus
politique
Oberschall, 1973; Gamson, 1975;
Della Porta, 1990; 1996; Kriesi, 1989
Entreprises et réseaux Alliances d'intérêt et de pouvoir
guidées par un agir stratégique
Politie: structures de
contraintes et
d'opportunités
politiques
Sociologie des NMS (Nouveaux
Mouvements Sociaux)
Touraine
Mouvements sociaux Coopération fondée sur des
projets culturels et identitaires
Société de
communication post-
industrielle, post-
matérialiste
Marxisme
Marx
Partis et syndicats de
classe
Conscience, culture et identité de
classe Libération de l'aliénation et
du fétichisme
Société d'exploitation
et de domination
capitalistes
Economie généralisée des pratiques
Bourdieu
Forces sociales
organisées par des
professionnels de
l'action publique
Orchestration des habitus et luttes
autour d'un pouvoir symbolique
Marché ou champ
politique et sous-
champs spécifiques
Frame analysis
Goffman
Entreprise OMS et
clientèles
Alignement stratégique des
cadres produits par des leaders
Marché
organisationnel et
marché symbolique
Démocratie délibérative et
participative
Anarchistes et libertaires, ...
Assemblées de
citoyens, dispositifs de
référendum, d'initiative
populaire ou d'action
directe
Débats, disputes et controverses,
processus de communication, de
coopération ou de compétition
Démocratie forte ou
civique
POURQUOI SE MOBILISE-T-ON?
Adaptation libre de S. Jochems à partir du tableau de Cefaï, 2007: p.22
Benston et Snow
Melucci
16. 16
• à certaines nouvelles
formes d'engagement
social et politique
d'individu.e.s/citoyen.ne.s
• notamment aux usages
des Technologies de
l'information et de
communication (TIC)
dont les médias sociaux
Points aveugles actuels de l'OC
17. 17
Transformations de l'engagement difficiles à penser
Transformations “difficiles àTransformations “difficiles à
penser tant elles bousculentpenser tant elles bousculent
des représentations collectivesdes représentations collectives
forgées au cours du XIXe siècle,forgées au cours du XIXe siècle,
partagées aussi bien par le
personnel politique que par les
chercheurs. Ainsi la croyancecroyance en
la nécessité, pour tout mouvement
social, de disposer d’une
organisation centralisée et
hiérarchisée, quand l’essentiell’essentiel
des mobilisations actuelles
semblent en être privées (et
vouloir s’en priver). Ou encore du
primatprimat accordé à la participation
politique déployée dans le cadre
national, pourtant concurrencéepourtant concurrencée
aujourd’huiaujourd’hui par l’activisme
transnational”
Sommier, 2003 : 19
18. 18
Les TIC ça nous tiquent !
Contre-Discours qui persiste sur les usages des TIC en travail social
• "La Technologie n'a rien à avoir avec le travail social“
• "Les TIC, ça n'aide pas les gens les plus pauvres
• et vulnérables de la société.
• "Militer avec Facebook, c'est du militantisme virtuel
• qui n'est pas réel"
• "Utiliser les TIC, ça encourage l'invidualisme“
• "Développer des praTIC, ça nuit aux réels liens sociaux“
• "Les usages des TIC sont du loisir et ne servent qu’à
s’amuser“
• "L’usage des TIC incite les gens à s’isoler."
20. 2020
De la normalisationnormalisation des pratiques sociales ...
à de nouveauxnouveaux répertoires
Hiérarchisée
Forte allégeance
Décentralisée
Multiple allégeances
21. 21
Conclusion
À ces 3 questions:
1.Comment enseigner le changement social en
2013?
2.Quelle place donner aux nouveaux mouvements
sociaux dans notre enseignement?
3.Quelles sont nos responsabilités éthiques?
Je propose de s'engager à :
Parler de la diversité des pratiques
d'engagement pour le changement social
en enseignement du travail social au
Québec.
22. 22
Parler de la diversité
des pratiques d'engagement
S'engager à :
-S'exposer à diverses pratiques d'engagement
pour mieux les exposer
-Explorer des connaissances sur les pratiques
de et hors "Organisation communautaire" du
cursus actuel en travail social
-Discuter des tensions, des désaccords entre
acteurs et actrices de ces différentes
pratiques d'engagement *
25. 25
BOBINEAU, Olivier (2010). “Introduction” et “Les postures de l’engagement contemporain”,
dans Les formes élémentaires de l’engagement. Une anthropologie du sens, Collection
Racines et Ruptures, éditions Temps Présent, pp. 9-13; 77-94 / 166 pages.
BENASAYAG, Miguel et Angélique DEL REY (2011). De l’engagement dans un époque
obscure, éditions du Passager clandestin, 156 pages.
CEFAÏ, Daniel (2007). Pourquoi se mobilise-t-on ? Les théories de l’action collective, Paris, Ed.
La Découverte-Mauss, 730 p.
DUMONT, F., Langlois, S. et Martin, Y. (dir.) (1994). Traité des problèmes sociaux, Québec,
Institut québécois de recherche sur la culture, 1140 p.
ION, Jacques (1997). La fin des militants?Paris: Éditions ouvrières, Enjeux de société, 124
pages
KUHN, Thomas (1972) La Structure des Révolutions Scientifiques, Trad. Française, Paris :
Flammarion.
LAMOUREUX, H., Lavoie, J., Mayer R. et J. Panet-Raymond (2008). Chap. 3 "Les étapes du
processus d'intervention communautaire", dans La pratique de l’action communautaire,
Presses de l’Université du Québec: pp. 150-187.
NEVEU, Erik (2011 ; 2002 ; 1996). Sociologie des mouvements sociaux, Éditions La
Découverte, 125 pages.
SOMMIER, Isabelle (2003). Le renouveau des mouvements contestataires à l'heure de la
mondialisation, collection Champs, éditions Flammarion, 343 pages.
THÉVENOT, Laurent (2006). L’action au pluriel. Sociologie des régimes d’engagement.
Éditions la découverte, 310 pages.
Références
26. 26
Sylvie Jochems est organisatrice communautaire. Elle a notamment travaillé et
milité en défense des droits sociaux, dans le mouvement des femmes et en
solidarité internationale.
Elle enseigne en milieu universitaire (UQAC, ULaval et UQAM) depuis 2000.
Depuis 2005, elle est professeure à l'École de travail social de l'UQAM où elle
enseigne principalement les théories et méthodologies de l'action collective des
mouvements sociaux et en travail social. Elle contribue également à
l'enseignement des discours et pratiques féministes en travail social ainsi que le
travail social international notamment à travers ses collaborations avec des
travailleurs sociaux boliviens et avec des écoleaders communautaires en
éducation relative à l'environnement (Projet interuniversitaire
http://www.ecominga.uqam.ca/ ).
À l'ère des médias sociaux, sa contribution scientifique particulière en travail social se
situe davantage dans l'analyse des usages des TIC (Technologies de
l'information et de communication) qui révèle la transformation des pratiques
d'engagement social et politique dans les mouvements sociaux (co-directrice 2012-
2013 du LabCMO ie laboratoire de communication médiatisée par ordinateur
http://cmo.uqam.ca/ ). Elle collabore d'ailleurs actuellement avec des
regroupements nationaux féministes en donnant une formation "Soigner ses TIC
communautaires: mythes, enjeux et défis pour les groupes de femmes du Québec"
(http://www.pratic.uqam.ca/ ) mais aussi avec des OC de CSSS, des tables de
concertation jeunesse et des groupes écologistes à travers le Centr'ERE.
Notes de l'éditeur
En fait, quand j'ai commencé à enseigner en milieu universitaire, en 2000 à Chicoutimi et à l'université Laval, je me suis basée sur mon militantisme... et j'ai repris ce que je faisais dans les formations à la conscientisation freiriste et les façons méthodes d'organisation communautaire que j'appliquais dans mon travail. Mais j'ai enseigné à différentes universités où les contextes d'enseignement sont bien différents. Puis de surcroît, plus les années avançaient, plus le contexte de militantisme changeait aussi. C'est en commençant à enseigner le cours "Analyse des mouvements sociaux" que je me suis mise à lire en dehors des ouvrages habituels en travail social et que j'ai davantage été exposée à la diversité des cadres théoriques sur l'action collective et les mouvements sociaux ( voir prochaine diapo ). Je réalisais davantage que toute un paysage théorique était à découvrir et à quel point j'avais été exposée à une unique idéologie et théorisation alors qu'évidemment, j'ai fait une maîtrise en "Mouvements populaires" à l'Université Laval (2002-2004). Bref, j'en suis maintenant à identifier au moins 3 défis à relever pour l'enseignement sur l'engagement pour le changement social en travail social.
En Amérique du Nord, notamment au Québec, des affirmations nostalgiques telles que « les jeunes ne s’engagent plus » ou du moins « les jeunes ne s’engagent plus comme avant », de même que des plaintes envers l’individualisme (Putnam, 2000) et la rupture avec le répertoire militant et associatif (Ion, 1997) en contexte de modernité liquide (Bauman, 2007) dominaient jusqu’à récemment le paysage discursif. Ce discours exerçant du même coup une certaine pression à se conformer aux répertoires antérieurs déjà institutionnalisés. Or, un discours contraire circule également sur le terrain, mettant en doute le postulat de la démobilisation, voire de la dépolitisation des jeunes. Tout comme Bobineau (2010), Jacques Ion (1997) garde une distance avec cette supposée crise de l’engagement qu’il qualifie d’« incertaine » puisqu’il faut porter attention à d’autres modèles d’engagement en émergence. Ion fait l’hypothèse que « le militantisme tel qu'il s'est exercé depuis un siècle n'est peut-être qu'une modalité parmi d'autres de l'engagement et que de nouvelles formes de participation sociale sont en gestation, correspondant à l'évolution des rapports entre la société et l'individu » (Ion, 1997 :12). Il postule même l’inadéquation du modèle privilégié par le discours nostalgique puisque « le modèle associatif militant [classique] ne permet plus de cerner l'ensemble du paysage observé » (Ibid : 79). Les propos d’Ion correspondent à la vague importante de jeunes adultes qui se mobilisent à travers le monde (Indign@dos, révolutions au Moyen-Orient, M15 au Mexique, grève étudiante au Chili, Occupy et enfin, le mouvement des carrés rouges au Québec). Ainsi, différentes formes et signification de l’engagement coexistent actuellement : « l'évolution n'est pas rectiligne et il n'y a pas de substitution d'un modèle à un autre » (Ion, 1997: p. 91), d’où le choc des discours entre les milieux militants plus « classiques » et institués, et les nouvelles mobilisations, notamment portée par les jeunes adultes.
Nous entrons dans la seconde modernité, la modernité liquide : "contrairement aux corps solides, les liquides ne peuvent pas conserver leur forme lorsqu'ils sont pressés ou poussés par une force extérieure". Les individus y sont libres de se définir. Il y a des dégâts : une extrême précarisation des liens, intimes ou sociaux. Se projeter, s'engager à long terme est un exercice difficile et s'avère périlleux : "Contrairement aux structures de naguère, dont la raison d'être était d'attacher par des noeuds difficiles à dénouer, les réseaux servent autant à déconnecter qu'à connecter ..."
Et de surcroît ... Les jeunes qui s'engagent nuisent Rodríguez, P. y Ruíz, R., de 9 Mayo de 2012. La Razón , Los malos estudiantes agitan la Educación . http://www.larazon.es/noticia/3769-los-malos-estudiantes-agitan-la-educacion vínculos con "las protestas violentas” y con la izquierda más radical.” El periódico La Razón La Vanguardia, 20 de febrero de 2012. El Jefe de la Policía de Valencia califica de ''enemigos'' a los estudiantes. http://www.lavanguardia.com/local/valencia/20120220/54256584828/policia-valencia-califica-enemigos-estudiantes.html Carrés rouges = La rue... violence et intimidation
Se questionne : « le militantisme tel qu'il s'est exercé depuis un siècle n'est peut-être qu'une modalité parmi d'autres de l'engagement et que de nouvelles formes de participation sociale sont en gestation, correspondant à l'évolution des rapports entre la société et l'individu» Ion, 1997 :12 Affirme que : « le modèle associatif militant ne permet plus de cerner l'ensemble du paysage observé » Ibid : 79
Les étudiant.e.s sont plus que jamais exposés à une diversité des discours et façons d'analyser, ici la variété des discours théoriques sur la mobilisation, l'action collective des mouvements sociaux. Les milieux se sont tellement hétérogènes: l'oppression et de la lutte des classes, de l'économie sociale et de l'exclusion des chômeurs, des anarchistes, des libertaires, des néomarxiens, des anarchos-syndicalistes, des anarchos-communistes, ... // Les uns pour une démarche par étapes avec un plan stratégique des rapports, les autres refusant toute action pouvant s'apparenter à de l'institutionnalisation ou de la professionalisation. // Tantôt une volonté de s'incorporer, de se regrouper, se rationnaliser, s'agglomérer... ou au contraire éviter à tout prix de devenir un groupe formel, avec permanence pour laisser toute la place aux militant.e.s. // Il n'y a qu'à repenser aux différences entre étudiant.e.s impliqués dans le mouvement des carrés rouges, les différences entre la FECQ, la FEUQ et la CLASSE voir même à l'intérieur de la CLASSE.
Nous avons tendance à enseigner, ce qui se produit en organisation communautaire au Québec donc à reproduire. Or, aujourd'hui, l'OC, tel que l'on en parle dans les principaux manuels que l'on utilise comme ouvrages principaux, ne couvre pas l'ensemble des pratiques d'engagement, des pratiques d'action collective. Un effet un peu "incestueux". Cette modélisation tend à s'institutionnaliser en CSSS via le RQIIAC Elle est de moins en moins influencée par des pratiques exercées dans d'autres contextes Puisque les manuels sont vendus hors Québec, fait-elle l'objet d'un usage colonisateur des savoirs ? À l'inverse, comment les pratiques d'action collectives au Québec, dont l'organisation communautaire, peuvent-elles s'enrichir davantage de pratiques hors Québec ?
Une modélisation représente une vision (subjective) d'un domaine pratique. C'est un paradigme qui se décline sous différentes formes ie modèles. C'est une formalisation de notre conception des pratiques par typologie d'un ensemble d'approches Par exemple, la structuration de la profession de l'organisation communautaire a modélisé, notamment via le RQIIAC, les pratiques sous 4 modèles
Afin de contribuer à préparer ces étudiant.e.s à affronter ces multiples écosystèmes, j'ai alors choisi de m'engager à enseigner une diversité de pratiques d'engagement (engagement que je poursuis encore puisque je ne les connais pas toutes alors qu'elles se développent, se multiplient, ... ici même au Québec mais aussi à découvrir ailleurs dans le monde). J'essaie donc d'enseigner cette variété parce que sinon la plupart des étudiant.e.s vont, comme des éponges, adopter un seul modèle, une seule méthodologie, une seule théorie qui leur serait rendu visible dans leur formation.
Les étudiant.e.s sont plus que jamais exposés à une diversité des discours et façons d'analyser, ici la variété des discours théoriques sur la mobilisation, l'action collective des mouvements sociaux. Les milieux se sont tellement hétérogènes: l'oppression et de la lutte des classes, de l'économie sociale et de l'exclusion des chômeurs, des anarchistes, des libertaires, des néomarxiens, des anarchos-syndicalistes, des anarchos-communistes, ... // Les uns pour une démarche par étapes avec un plan stratégique des rapports, les autres refusant toute action pouvant s'apparenter à de l'institutionnalisation ou de la professionalisation. // Tantôt une volonté de s'incorporer, de se regrouper, se rationnaliser, s'agglomérer... ou au contraire éviter à tout prix de devenir un groupe formel, avec permanence pour laisser toute la place aux militant.e.s. // Il n'y a qu'à repenser aux différences entre étudiant.e.s impliqués dans le mouvement des carrés rouges, les différences entre la FECQ, la FEUQ et la CLASSE voir même à l'intérieur de la CLASSE.
SJ Mais voilà qu e l'émergence de nouveaux répertoires , qui plus est de génération, n’est pas sans provoquer des réactions. Chaque génération qui innove et se distingue de la génération précédente, même sans rupture complète, donne souvent lieu à des tensions. 09/16/13
Evidemment, cette proposition n'est pas nouvelle en soi. Elle peut déjà exister, être pratiquée au sein des différents CÉGEPS.
* Éviter d'imposer une seule vision, une seule méthode, une seule pratique ou discours. Ce que les étudiant.e.s en disent et Ce qui se dit (ce qui est rendu visible)
Puis c'est en lisant Thomas Kuhn sur les révolutions paradigmatiques que je suis devenue convaincue de notre responsabilité, comme enseignant, comme chercheure, de notre pouvoir à produire et à reproduire des savoirs. En l'occurence, produire et reproduire des savoirs en organisation communautaire en travail social au Québec. De rencontre en rencontre avec de nouveaux collègues notamment des collègues qui ont étudié en communication, j'ai mieux saisi l'importance de cerner les tensions entre les différents discours véhiculés en travail social, en l'occurence en enseignement et en recherche. Parler, communiquer des connaissances, des techniques, ... c'est essentiellement ce que l'on fait lorsqu'on enseigne. C'est essentiellement l' acte que posent d'ailleurs les travailleurs sociaux puisqu'à mon sens, le lien social n'est autre que la communication . Par conséquent, travailler le social c'est communiquer. Parler c'est un acte politique. Témoigner, dénoncer, influencer, former, discourir, ... S'il y a de la communication (qu'elle soit bonne ou mauvaise, il y a un message et une façon de recevoir ce message), il y a alors un rapport politique, un rapport de pouvoir. Parler, a des conséquences. Malgré toutes nos bonnes intentions lorsqu'on parle, qu'on exprime une idée, nos intentions ne sont pas garantes. Aussi, la question éthique que le comité organisateur a posée est très juste: enseigner a des conséquences, c'est un acte de pouvoir envers des étudiant.e.s mais qui est une responsabilité, une fonction légitimée par l'institution, un appareil de l'Etat. Pour moi, il n'y a pas de séparation entre parler et agir: parler c'est agir. C'est une action en soi. Bref, enseigner, c'est exprimer, communiquer, rapport un savoir, des connaissances, des points de vue parmis d'autres. On choisit les méthodes, les techniques, les théories et les textes, les médiums par lesquels on veut les transmettre.