S'interroger sur les méthodes à mettre en place pour favoriser ces apprentissages revient à s'interroger sur les facteurs activables et sur les environnements favorables à cet apprentissage. Existe-t-il un apprentissage spécifique à l'ère numérique ou alors l'apprentissage est-il un mécanisme temporellement transcendant ? La théorie du recyclage de nos cartes corticales (Dehaene, 2006) montre que c’est la plasticité cérébrale qui permet à l'humain de s'adapter en fonction de l'exercice auquel l'environnement le soumet : la notion de dispositif pédagogique prend alors tout son sens. Nous proposerons un "modèle pragmatique d'apprentissage" à la fois résistant aux bousculements induits par la technologie et suffisamment malléable pour en tenir compte. Il est basé sur cinq clés, cinq facteurs qu’il est utile d’activer dans toute formation, surtout si celle-ci se déroule entièrement ou partiellement à distance : informer, motiver, activer, (faire) interagir et produire. Nous présenterons aussi, sur la base de ces cinq facteurs, les dispositifs d'entraînement ou d’exercisation que l'enseignant peut mettre en place afin de favoriser le développement des compétences énoncées ci-dessus et nécessaires pour la survie à l'ère numérique (Lebrun, 2005). Des accents seront particulièrement placés sur les facteurs de motivation sur lesquels l'enseignant peut "jouer", sur l’apprentissage actif en remarquant le caractère tautologique de cette expression (l’apprentissage pourrait-il être passif ?), sur les valeurs ajoutées par les technologies de l'information et de la communication, et sur les conditions d'émergence de ces valeurs ajoutées … Qu'il s'agisse des approches par compétences, des méthodes actives, des outils d'accès, de création et de diffusion … qu’il s’agisse des "nouvelles" théories de l'apprentissage ou encore des neurosciences, toutes ces portes d'entrée convergent vers une mutation paradigmatique du maître qui sait (à l'heure de la construction de la connaissance sur les réseaux sociaux) à l'élève qui apprend, qui continue à apprendre. Ces propos sont soutenus par des références aux littératures théoriques et empiriques, classiques comme le constructivisme ou prospectives comme le connectivisme (Siemens, 2005) et également par des exemples concrets issus de nos pratiques.