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Série ‘Vers une politique de sécurité et de paix au XXIème siècle’
1 – Sous-série ‘Les armes nucléaires’
Diaporama n° 4
Dates et figures
de la résistance à l’arme nucléaire
4 - De 1969 à 1999
Étienne Godinot - 19.10.2022
Abolir l’arme nucléaire : une série de sept diaporamas
1 - La dissuasion nucléaire : inefficacité et dangers
2 - Pour un désarmement nucléaire de la France dans le cadre du TIAN
3 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire – 1942-1968
4 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - de 1969 à 1999
5 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - depuis 2000
6 - Quelques personnalités qui ont remis ou remettent en cause la
dissuasion nucléaire ou se posent des questions à son sujet
7 - La position de l’Église catholique et des Églises chrétiennes sur
l’arme nucléaire : évolution depuis 1963
Rappel : ce diaporama fait partie de la sous-série
1 - ‘Abolir l’arme nucléaire’ qui fait elle-même
partie de la série ‘Vers une politique de sécurité et
de paix au XXIème siècle’ sur irnc.org
1970 : Jean-Pierre Lanvin
(1924-1997). Français, Résistant, rejoint les troupes de ‘La
France Libre’.
L’expérience de la guerre le fait basculer dans la non-violence.
Jeûne contre la torture en Algérie en 1957.
Se contente d’un poste de représentant de commerce dans la
maison familiale de chocolat, pour pouvoir circuler et prendre des
contacts militants. Membre de ‘l’Arche’ de Lanza del Vasto, cofondateur
du ‘Groupe d’Action et de Résistance à la Militarisation’ (GARM) à Lyon
en 1970, président du MAN-Lyon.
En janvier 1971 et 1972, occupe par surprise à deux
reprises, avec quelques autres militants, le PC
atomique du Mont Verdun en construction près de
Lyon.
Coorganise une marche contre le PC atomique
(5000 participants) de Lyon au Mont Verdun,
menée en juin 1971 par Théodore Monod.
1970 : Franco Fornari
(1921-1985), neuropsychiatre et psychanalyste italien. Son
intérêt pour "la dimension d'origine psychotique" se reflète dans l'étude
de l'agression entre les groupes, tels que La guerre en psychanalyse
(1970), et Psychanalyse de la situation atomique (1970).
Estime que la "situation cataclysmique" provoque un véritable
"délire de négation" qui fait que personne ne veut voir le problème en
face. Pose la question de la responsabilité de l’individu vis-à-vis de la
violence collective.
« L’essence du nazisme réside moins dans sa criminalité que
dans le fait de ressentir cette criminalité comme juste parce qu’elle a
été ordonnée par l’État. »
« Il est nécessaire pour tout homme, en tant qu’homme normal,
de se sentir en quelque sorte coupable et responsable de la destruction
possible de toute l’humanité. Cela revient à dire que ne pas ressentir
cette culpabilité et cette responsabilité signifie du point de vue de la
psychanalyse (…) vivre les problèmes de l’ère atomique sur un mode
pathologique. » ../..
Franco Fornari
« Avec l’ère atomique, le caractère purement criminel des
prérogatives de l’État souverain s’est démasqué une fois pour
toutes, en révélant en même temps notre propre responsabilité en
tant que sujets ayant aliéné dans l’État leur exigence personnelle de
violence. (…)
Mais aujourd’hui, même si nous essayons de le nier, nous
commençons tous à être convaincus que l’existence de l’État
souverain, capitalisateur et monopolisateur de la violence, est un
attentat définitif contre l’existence et l’intégrité de l’espèce. (…)
L’ État-père (…) essayera ainsi d’exploiter nos angoisses
d’enfants sans défense, privés de mère et abandonnés devant le
loup. (…) Et nous-mêmes devrons lutter contre la vague sensation
intérieure de commettre un sacrilège en lui déniant la divinité que
nous lui avions offerte. »
Années 1970-2000 : François Cavanna
(1923-2014), écrivain, journaliste et dessinateur humoristique
français, de père italien. Déporté du travail. Après plusieurs petits métiers,
entreprend à partir de 1945 une carrière de journaliste, puis de dessinateur
humoristique. Cofondateur en 1960 avec Georges Bernier de Hara-Kiri,
devenu ensuite Charlie-Hebdo. Après 1985, son activité de journaliste cède
le pas à une production littéraire abondante et variée (autobiographies,
essais, romans historiques, chroniques, livres d'humour).
Grand défenseur des valeurs républicaines et de la langue française.
Dénonce avec véhémence la publicité, l'injustice, la souffrance des
animaux offerts en spectacle, la religion, la violence, la guerre.
« Les hommes ont inventé le feu, la roue, le klaxon à 4 notes, l’âme
et le désodorisant pour les cabinets. Ils ont construit des civilisations
tellement immortelles qu’ils ont bien failli désespérer de pouvoir inventer
des bombes capables de les anéantir. »
« Il est difficile de dire si la science a été une bonne ou une mauvaise
chose pour l’humanité tant que la bombe H n’aura pas fait sauter la
planète. Revenez me voir à ce moment-là, je vous répondrai ! »
1971 : Jean Toulat
(1915-1994). Prêtre catholique français. Alors âgé de 24 ans et sergent
au 78ème Régiment d'Infanterie à Châteauroux, rédige une petite publication,
Le Paraboche, qui n'aura que deux numéros. Le 15 juin 1940, rédige le tract
intitulé Espoir quand même ! lequel, comme l'appel lancé trois jours plus tard
par le général de Gaulle à Londres, met l'accent sur les ressources des
empires français et britannique et croit en la victoire finale des Alliés sur « le
colosse nazi aux pieds d'argile ». Participe alors à diverses missions de
Résistance pendant l'Occupation
Journaliste à partir de 1950 pour des hebdomadaires catholiques.
Auteur en 1971 du livre La bombe ou la vie, destiné au président
Pompidou, interdit dans les bibliothèques militaires.
Participe en 1973 avec Jean-Marie Muller, Jacques de Bollardière et
Brice Lalonde à l’action de protestation contre les essais nucléaires à
Mururoa, dans l’océan Pacifique.
« Les tribunaux, avant de condamner le plus affreux des criminels,
passent des mois à étudier son dossier (…). Et voilà qu’en un instant, vous
seul, sans procès, sans jugement, vous vous attribueriez le droit de vie et de
mort sur des centaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants vivant
actuellement ou à naître, non pas seulement dans le pays adverse, mais, par
contrecoup probable, dans notre propre patrie ».
Septembre 1971 : Bob Hunter
(1941-2005), journaliste canadien.
Avec Paul Watson et David Mac Taggart, cofondateur en
1971, à Vancouver, de l'organisation écologique Greenpeace, suite
à l’explosion souterraine d’une bombe d’une mégatonne dans l’ile
aléoutienne d’Amchitka (golfe d’Alaska) le 2 octobre 1969.
La première expédition de Greenpeace a lieu dans cette zone
à bord d'un vieux chalutier de pêche au flétan, le Phyllis Cormack,
de septembre à novembre 1971, avec 13 membres d’équipage, pour
protester contre l’essai d’une autre bombe de 5 mégatonnes (250
fois Hiroshima) qui explose le 6 novembre 1971.
« C’est Marie Bohlen qui conçut l’idée de cette expédition,
mais la première mission de Greenpeace avec 13 hommes
s’avérait tout aussi machiste que le système militaire auquel
elle s’attaquait… (…)
C’était David défiant Goliath. (…)
Les essais nucléaires à Amchatka ont cessé dès l’année
suivante.»
1971 : Jean-Henry Bouffard
Jean-Henry Bouffard de Madiane, né en 1946, ex-militaire
français irradié du temps des essais nucléaires. Entre dans la Marine
nationale comme matelot en 1963. Détaché au Commissariat à l’Énergie
Atomique (CEA) comme radio-biologiste au Service Mixte de Contrôle
Biologique (SMCB) de Tahiti, et responsable de la station de Hao. Assiste
à 14 essais nucléaires entre 1966 et 1971 au gré des navigations au large
de différents atolls.
En 1971, souffre de premières pathologies, des thromboses, quitte
la Polynésie française. En 1985, quitte la Marine nationale pour raisons de
santé. Travaille dans le transport de viande puis dans l’Éducation nationale
comme secrétaire administratif dans un lycée.
Mène depuis 25 ans un combat contre l’État, pour lui et pour que la
France reconnaisse ses vétérans victimes d’essais nucléaires.
« J’ai laissé ma santé et ma vie au service de la France. Je n’ai
aucune reconnaissance de mon pays, ni carte d’ancien combattant, ni
médaille militaire, ni suivi médical. Pourtant, plusieurs médecins civils,
hospitaliers et militaires ont tous conclu à mon irradiation. »
« On est 150 000 personnes à avoir été sacrifiées sur les sites
d’essais nucléaires. Personne n’en parle ! Le secret défense couvre des
actes criminels. »
1972 : Robin Clarke
Né en 1937, journaliste scientifique anglais, rédacteur en chef
de la revue états-unienne Science Journal.
Au cours de ses recherches, est saisi par un sentiment de
désillusion à I’égard des États-Unis, remet en question nombre des
acquis technologiques vénérés par ses contemporains.
Fait partie des journalistes qui montrent alors que les États-
Unis ne défendent nullement la liberté au Vietnam, mais les intérêts
d'un énorme complexe militaro-industriel soutenu par les ambitions
personnelles d'une minorité.
Dans son livre The Science of War and Peace (‘La course à la
mort’, 1972), procède à une description détaillée du fantastique
arsenal de moyens de destruction mis au point depuis le début de la
guerre froide sur terre, dans l’espace et dans les profondeurs des
océans.
A été soupçonné d'être "à la solde de Moscou" ou romancier
de science fiction.
1973 : Paul Stehlin
(1907-1975), général français. Combat en Norvège et en Tunisie.
De 1960 à 1963, chef d'état-major de l'Armée de l'Air.
Carrière ensuite dans le privé.
Député centriste de Paris de 1968 à 1975.
En 1973, publie La force d’illusion : s’élève avec force contre le
mythe officiel français de la dissuasion et dénonce les méfaits d’une
politique militaire qui ne vise qu’à entretenir l’illusion de l’indépendance
nationale.
« La dissuasion est le produit de deux facteurs : la puissance des
armes et la volonté de s’en servir. Notre puissance atomique est dérisoire.
Les Mirage doivent être ravitaillés en vol, les sous-marins
atomiques sont insuffisants. La crédibilité est tout aussi faible.
La France userait-elle l’arme atomique pour riposter en cas
d’agression nucléaire ? Ce serait l’anéantissement total de la France.
Quel chef d’État serait assez fou pour déclencher un dispositif qui serait,
pour notre pays, une véritable opération-suicide ? (…)
Notre indépendance est très relative (radars, avions ravitailleurs,
etc.). Je souhaite l’organisation d’une défense européenne, et donc une
unité politique. »
1973 : Fanny Deschamps
née Chapel (1920-2000), écrivaine française, journaliste, grand
reporter à L’Express, au Nouvel Observateur, à France-Soir, à Elle, et enfin
au Point. En 1973, fait "le tour de France des pollués", interroge paysans,
maires, citadins, médecins, écologistes, scientifiques et publie Vous n’allez
pas avaler ça !, "un livre passionné et documenté, un livre de colère et de
raison".
Au chapitre 12, aborde la question de la course aux armements :
arme et dissuasion nucléaires, extension des camps militaires, exportations
d’armements, accidents maritimes et aériens avec des armes nucléaires,
erreurs susceptibles de déclencher une guerre atomique, abris antiatomi-
ques et plans de survie après une guerre nucléaire, armes chimiques et
bactériologiques.
« Et qu’on ne vienne plus nous déclarer qu’une erreur déclenchant la
guerre atomique n’est pas possible. »*
« Des gens frivoles pensent sérieusement à survivre après
l’apocalypse atomique. Ils étudient des plans pour ça. »**
* F. D. cite l’erreur survenue le 20 février 1971 aux USA : un télétypiste du central national
d’alerte a branché par erreur la bande d’alerte nucléaire, déclenchant une alerte de 40 minutes.
** F. D. résume ensuite le mémorandum hallucinant Post-attack population, research RM-
5115-TAB/1966, for the US Atomic Energy Commission
Juillet 1973 : Jean-Marie Muller
(1939-2021), philosophe et écrivain français, conférencier, formateur,
théoricien et praticien de la non-violence. Professeur de philosophie en
lycée durant quelques années, officier pendant la guerre d’Algérie,
commence alors une réflexion sur la philosophie et la stratégie de la non-
violence.
En 1967, demande à bénéficier du statut des objecteurs de cons-
cience. Après le refus de la Commission juridictionnelle de le lui accorder,
renvoie son livret militaire au ministre de la Défense. Manifeste ainsi sa
volonté d'assumer désormais ses responsabilités civiques dans le cadre
d'une défense civile non-violente*.
En juillet 1973, participe à l'action du ‘Bataillon de la paix’ menée
dans le Pacifique pour protester contre les essais nucléaires français. Est
en compagnie du général Jacques de Bollardière, de Jean Toulat et de
Brice Lalonde, à bord du Fri, le bateau contestataire de l'organisation
"Peace Media", lorsque celui-ci est arraisonné par la marine nationale à
l'intérieur de la zone interdite**.
../..
* En janvier 1969, comparaît devant le Tribunal correctionnel d'Orléans qui le condamne à trois mois
de prison avec sursis, 1000 francs d'amende et 5 ans de privation de ses droits civiques.
** Lorsque la bombe explose, est détenu dans la prison militaire de la base de Hao. Ce sera la
dernière fois que le gouvernement français procédera à des essais nucléaires en atmosphère.
Jean-Marie Muller
Initie en 1974 le ‘Mouvement pour une Alternative non-violente’
(MAN). En 1983, le ministre de la Défense Charles Hernu lui demande
à de conduire une étude sur la défense civile non-violente*. Est après
1985 Directeur de recherche à ‘l’Institut de recherche sur la Résolution
Non-violente des Conflits’ (IRNC).
Interpelle durant toute sa vie les politiques, les intellectuels, les
militaires, les Églises sur l’immoralité absolue des armes nucléaires et
la nécessité d’inventer d’autres formes de défense..
Rédige en 2012 l’Appel en faveur du désarmement nucléaire
unilatéral de la France’ signé par 46 personnalités.
« L’arme nucléaire pose la question de la poursuite de l’aven-
ture humaine. La menace de l’arme nucléaire, qui implique par elle-
même le consentement au meurtre de millions d’innocents, est le
reniement de toutes les valeurs qui constituent la civilisation.
« Certes, par elle-même, la dissuasion n’est pas l’emploi, mais
elle est l’emploi de la menace, et l’emploi de la menace comporte
directement la menace de l’emploi. Dès lors que l’emploi de l’arme
nucléaire serait un crime contre l’humanité, la menace de l’emploi est
déjà criminelle. » ../..
* Jean-Marie Muller, Christian Mellon et Jacques Sémelin, La dissuasion civile, Fondation pour les
Études de Défense Nationale, 1985
Jean-Marie Muller
« Au cœur de ce paradoxe, il y a l’immoralité absolue de la
possibilité et de l’intention de pouvoir commettre le crime absolu. Seuls
l’aveuglement, l’irresponsabilité et l’inconscience peuvent expliquer
l’accommodement qui unit les décideurs et les citoyens. Les idéologues
ont construit une représentation irénique de la dissuasion nucléaire
totalement éloignée de la réalité guerrière de la menace des bombes
nucléaires et de leur emploi potentiel. (…)
Il est facile d’élaborer en chambre et de proclamer sur une
estrade une rhétorique vantant les mérites de la dissuasion nucléaire.
Mais lorsque survient le moment du passage à l’acte, il apparaît claire-
ment que la rhétorique n’a aucune prise sur la réalité. »
« Le mur de Berlin et le communisme n’ont pas été vaincus par
les armes de l’Occident. Pour l’essentiel, ils se sont effondrés sous la
pression de la résistance non-violente des femmes et des hommes des
sociétés civiles de l’Est qui ont eu le courage de prendre les plus
grands risques pour conquérir leur liberté. »
../..
Jean-Marie Muller
« Par sa structure même, la dissuasion nucléaire implique la
démission des citoyen(ne)s qui abandonnent leur destin à la seule
décision du Président de la République. »
« Le plus grave, et donc le plus inquiétant, c’est le triomphe de la
mentalité nucléaire qui inhibe la conscience des citoyens. Ceux-ci ont
perdu toute faculté d’indignation devant le fait que l’ingéniosité de
l’homme se pervertit dans la fabrication d’armes de destruction
massive. » (…)
« L’existence même de l’arme nucléaire consacre l’échec de
toutes les morales, de toutes les philosophies, de toutes les spiritualités,
de toutes les sagesses, de toutes les religions. La dissuasion nucléaire
est la défaite de la raison, la défaite de la pensée, la défaite de
l’intelligence. (…) En réalité, la croyance dans l’arme nucléaire se fonde
irrationnellement dans la confiance qui nous a été inculquée par la
civilisation moderne dans la Technique et dans l’État. Pour renoncer à
la bombe, il faudrait que l’homme d’aujourd’hui ait le courage d’oser se
libérer de cette double emprise qui le rend inconscient et irrespon-
sable. » ../..
Jean-Marie Muller
« L’homme ne s’est jamais grandi qu’en
luttant pour faire reculer les limites du possible. »
« Le sens de l’histoire, ce n’est pas le
sens que l’histoire imposerait à l’humanité, c’est le
sens que l’humanité doit donner à l’histoire. »
« Il faudrait attendre que toutes les puissances nucléaires se
mettent d’accord pour une telle abolition générale. C’est
oublier notre propre responsabilité de citoyens d’un pays
nucléaire : nous ne sommes pas directement responsables
du désarmement mondial, mais nous le sommes entièrement
du désarmement nucléaire de notre pays. Il nous appartient
de construire la paix et la sécurité dans une France sans
armes nucléaires. »
Juillet 1973 : Jacques de Bollardière
(1907-1986). Général français, héros de la 2ème guerre
mondiale, ‘Compagnon de la Libération’.
En Indochine, prend conscience qu’il participe à une guerre
coloniale. Condamné à 60 jours de forteresse pour avoir confirmé les
récits de Jean-Jacques Servan-Schreiber sur la torture en Algérie.
Manifeste à Mururoa son opposition aux essais nucléaires
français en 1973, renvoie sa plaque de Grand Officier de la Légion
d’Honneur. Participe à la création du ‘Mouvement pour une Alternative
Non-violente’ (MAN).
Défend au tribunal en 1985 Jean-Louis Cahu, officier de tir de
missiles nucléaires déserteur du plateau d’Albion.
« Les forces armées chargées de mettre en œuvre un armement
nucléaire se voient fixer des objectifs démographiques, c’est-à-dire
d’immense agglomérations urbaines (…). Je considère cette concep-
tion comme inhumaine et dangereuse (…) »
« Notre bombe nucléaire est inutile, immorale, dangereuse, je dis
même criminelle (…) Une chape de plomb étouffe toute tentative de
réaction. »
Photo : Bollardière à la barre du Fri, voilier de Greenpeace protestant contre les essais
nucléaires français dans le Pacifique en juillet 1973
Juillet 1973 : Jean-Jacques Servan-Schreiber
(1924-2006), journaliste, essayiste et homme politique français,
Résistant.
Crée l’hebdomadaire L’Express à l’âge de 29 ans.
Rappelé comme lieutenant en Algérie, refuse la torture avec
Roger Barberot et le général de Bollardière.
En tant que député, participe à Mururoa en juillet 1973 à la
protestation contre les essais nucléaires français.
Ministre des Réformes du 27 mai au 9 juin 1974, imposé par le
président Valéry Giscard d’Estaing dans le gouvernement conduit par
Jacques Chirac, démissionne de son poste après 13 jours par opposi-
tion à la reprise des essais nucléaires.
« Au nom de la France, des bombes vont exploser de nouveau
dans le ciel du Pacifique et contaminer les habitants de la Polynésie
française. C’est une chose contre laquelle je me suis élevé l’année
dernière de toutes mes forces, lorsque j’étais à Tahiti avec le Bataillon
de la Paix… »
Août 1973 : Guy-Marie Riobé
(1911-1979), Français, évêque catholique d’Orléans (1963-1979).
En 1969, témoigne au procès de 3 Orléanais, dont Jean-Marie
Muller, qui revendiquent un statut d’objecteurs de conscience et préconi-
sent une défense civile non-violente.
Proteste avec Don Helder Camara contre les ventes d’armes
françaises au Brésil.
Prend position en 1973 contre les essais nucléaires français dans
le Pacifique. Lors d’une polémique célèbre, est renvoyé "à ses oignons"
par l’amiral Marc de Joybert (1912-1989, auteur de La paix nucléaire).
« Aucun intérêt politique ni économique d’aucun peuple ne saurait
justifier l’emploi de la bombe atomique. (…)
La France serait grande si elle affirmait à la face du monde : “J’ai
le pouvoir de faire des essais nucléaires et de posséder la bombe
atomique : j’y renonce pour le bien de la paix”. (…)
Tout Français soucieux d’un avenir pacifique se doit de manifester
de manière efficace sa désapprobation la plus énergique en regard de
toute politique d’escalade atomique.»
1974 : Setsuko Nakamura-Thurlow
Née en 1932, Canadienne d'origine japonaise. Survivante du
premier bombardement atomique de l'histoire à Hiroshima, y perd 8
membres de sa famille. Études universitaires en travail social à
Hiroshima puis en sociologie en Virginie, épouse le Canadien Jim
Thurlow. Enseignante à Toronto, se consacre à la mise en place de
structures d'accueil pour les immigrants japonais.
En 1974, fonde l'organisation militante Hiroshima Nagasaki
Revived, devient conférencière, participe à plusieurs voyages internatio-
naux de Peace Boat, paquebot japonais qui promeut le désarmement
nucléaire.
Joue un rôle majeur en été 2017 dans les négociations qui
amènent l'ONU à adopter un traité posant pour la première fois l'interdic-
tion de l'arme atomique. Reçoit en déc. 2017 à Oslo le prix Nobel de la
paix au nom de la ‘Campagne internationale pour l'abolition des armes
nucléaires’ (ICAN), organisation lauréate dont elle est ambassadrice.
« Je rappelle continuellement ces souvenirs douloureux, pour que
les gens qui n'ont jamais vécu une telle dévastation puissent comprendre
(...), pour qu'ensemble, nous puissions empêcher que cela se reproduise
un jour. »
Photo du haut : S. Nakamura, enfant, avec sa mère à Hiroshima
1975 : Erich Fromm
(1900-1980), psychanalyste humaniste états-unien d’origine juive
allemande. Fuit en 1934 les persécutions nazies et émigre aux États-Unis.
Travaille sur la nature et l’origine des tendances destructrices de
l’homme, et notamment sur l’agressivité maligne, ensemble des
perversions qui tiennent aux conditionnements de l’éducation et au
système socio-économique et culturel (1975 : La passion de détruire)
« La 2ème Guerre mondiale et la bombe atomique montrent aux
hommes combien ils sont vulnérables. C’est par un choix conscient et une
politique délibérée que l’humanité pourra survivre »
« Qui sont ces réalistes, qui jouent avec des armes pouvant
conduire à la destruction de toute la Terre ? Si un individu isolé faisait
quelque chose de tel, on l’enfermerait tout de suite, et s’il était encore fier
de son réalisme, les psychiatres reconnaîtraient là un symptôme sérieux
de démence avancée. »
1976 : Raymond Aron
(1905-1983), philosophe, sociologue, politologue, historien et
journaliste français. Résistant, rédacteur à la revue Combat, puis au
quotidien Le Figaro, et, durant ses dernières années, à L'Express.
Ses convictions libérales et atlantistes lui attirent de nombreuses
critiques, venant des partisans gauche comme de droite. Étudie le
totalitarisme, les relations internationales, la guerre. Favorable à
l’indépendance de l’Algérie dès 1957. Dénonce l'aveuglement et la
bienveillance des intellectuels à l'égard des régimes communistes,
mais garde toujours un ton modéré.
« Toutes les spéculations sur les armes nucléaires se donnent, par
hypothèse, le consentement à l’emploi des armes nucléaires contre les
populations civiles, voire en certaines circonstances, la résolution d’un tel
emploi, en lui-même monstrueux. La raison des stratèges nucléaires est,
par essence, immorale, puisqu’elle accepte ou décide conditionnellement
un acte pervers : l’extermination de milliers d’êtres humains….
Je reconnais la force de cette objection ; en une certaine mesure, je
la tiens pour irrécusable. »
1977 : Edmond Maire
(1931-2017), syndicaliste français, Secrétaire général de la
‘Confédération Française Démocratique du Travail’ (CFDT) de 1971 à
1988.
Président de ‘Villages Vacances Familles’ (VVF), puis directeur de
la société d’investissement solidaire ‘France Active’ (association
d’insertion et d’aide à la création d’entreprises).
« Nous considérons que le glissement progressif de la gauche
française, qui est passée du refus de la force de frappe à sa
"maintenance", comporte l’acceptation du risque d’un affrontement
nucléaire. Nous ne nous y résignons pas. (…)
À quoi sert-il de parler des désarmement atomique si c’est pour en
renvoyer la réalisation à un lointain "plus tard" ? La grandeur d’un pays ne
se mesure pas au nombre de ses bombes atomiques, mais à son apport
au progrès de l’humanité. »
(Le Monde, 17.08.1977)
1979 : Gregory Berglund
Né en 1940 ?, États-unien, lieutenant de l’US Army.
Affecté sur une base de l’OTAN en Angleterre, avec une vue
d’ensemble du système de déclenchement des missiles nucléaires,
détecte des failles dans le système de contrôle dont il a la
responsabilité et fait un rapport sur la possibilité du lancement
accidentel d’une bombe. Confie à un chef son angoisse et ses
questions sur l’arme nucléaire et sur la guerre du Vietnam.
Envoyé à un psychiatre militaire. Ses collègues officiers
témoignent que durant trois ans, « jamais, à notre connaissance,
son comportement en service ou hors service n’a laissé croire qu’il
n’avait pas le contrôle absolu de ses facultés mentales. »
Subit 6 mois d’internement psychiatrique, puis est déclaré
inapte à la vie militaire.
« J’ai vu le meurtrier en moi. Je me suis lancé sur sa piste et
je l’ai traqué. C’est ça, mon histoire. Et j’espère bien vous entraîner
sur la piste des meurtriers qui vivent en vous. »
1980 : L’IPPNW
‘L'Association internationale des médecins pour la pré-
vention de la guerre nucléaire’ (International Physicians for
the Prevention of Nuclear War - IPPNW) est créée en 1980 par le
médecin russe Evgueni Chazov (1929-2021) cardiologue à Moscou, et
le médecin lituanien naturalisé états-unien Bernard Lown (1921-2021),
cardiologue à Boston, premier président de Physicians for Social
Responsibility (PSR, fondé en 1961). La création de l'IPPNW est une
initiative courageuse pour mettre de côté les différends géopolitiques de
leurs deux pays, afin de parler d'une seule voix sur l'objectif nécessaire
d'abolir les armes nucléaires.
L’IPPNW obtient le ‘prix Unesco de l'éducation pour la paix’ en
1984 et le prix Nobel de la paix en 1985 pour "un service considérable à
l'humanité en diffusant des informations faisant autorité et en créant une
prise de conscience des conséquences catastrophiques de la guerre
atomique".
En septembre 2006, 26 ans après la date de sa création, l’IPPNW
adopte une proposition lors de son congrès biennal à Helsinki (Finlande),
pour lancer à l'échelle mondiale l’International Campaign to Abolish
Nuclear Weapons (ICAN)
1980 : Pierre Sudreau
(1919-2012), homme politique centriste français.
Résistant, membre du ‘réseau Brutus’, déporté à Buchenwald.
Haut fonctionnaire dans le renseignement et de la Sécurité, puis
dans l'urbanisme et les grands travaux, ministre jusqu'à sa rupture avec
le général de Gaulle en 1962, en raison principalement de son refus de
l’arme nucléaire. Maire de Blois, Européen convaincu.
Manifeste son hostilité à la stratégie française de dissuasion
nucléaire dans son livre La stratégie de l’absurde (1980)*
« L’emploi des armes nucléaires relèguerait les camps de
concentration et les chambres à gaz au rang des procédés artisanaux et
relèverait en outre du suicide national.»
« En cas de guerre nucléaire, le peuple survivrait en la personne
de ses chefs… »
« Futures victimes nucléaires de tous les pays, unissez-vous ! »
« La France s’est trompée de combat; »
* "Futures victimes nucléaires de tous les pays, unissez-vous !..." C'est l'appel que lance
Pierre Sudreau, face à l'immense péril qui menace le monde. Le constat est effrayant : presque
toutes les ressources de la Terre au service de la guerre ; le potentiel de destruction des
arsenaux mondiaux multiplié plusieurs millions de fois en 25 ans ; quatre tonnes d'explosifs pour
chaque être humain... Le suicide de l'hémisphère nord est inévitable si les dirigeants continuent
à appréhender l'avenir avec les recettes du passé.
Septembre 1980 : Daniel Berrigan
(1921-2016), jésuite, poète et militant non-violent états-unien.
Constate au Vietnam les effets des bombardements états-
uniens.
Son frère Philip, également jésuite, avait aspergé de sang en
1967 à Baltimore les registres des appelés à cette guerre.
En mai 1968, avec 7 autres personnes, les 2 frères brûlent au
napalm 378 fichiers dans le bureau d’incorporation de Catonsville.
En septembre 1980, au sein d’un groupe de 8 protestataires, ils
endommagent avec des marteaux (Isaïe, 2, 4) des enveloppes de
têtes nucléaires destinées à des missiles dans l’usine King of Prussia
de ‘General Electric’.
« Nos excuses pour la transgression de l’ordre, la combustion
de papiers au lieu d’enfants …»
Avril 1980 :
European Nuclear Disarmament Appeal (END)
Le mouvement European Nuclear Disarmament - END (Appel pour le
désarmement nucléaire en Europe’) est à l'origine un mouvement britan-
nique créé en avril 1980 et mené, entre autres, par l’historien Edward
Palmer Thompson (1924-1993), l’universitaire Mary Kaldor (née en 1946),
l’écrivain et homme politique Ken Coates (1930-2010). Il est une réponse à
la décision de l'OTAN, en déc. 1979, de riposter au changement par l'URSS
de ses missiles moyenne portée en Europe avec son propre programme de
modernisation nucléaire : missiles de croisière et Pershing, déployés en
Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Italie : c’est la « crise
des euromissiles ».
Il se transforme en mouvement impliquant toute l'Europe pour une
"Europe sans nucléaire, de la Pologne au Portugal", organisant une
convention annuelle sur le désarmement nucléaire, de 1982 à 1991 :
Bruxelles (1982), Berlin (1983), Pérouse (Italie, 1984), Amsterdam (1985),
Évry (France, 1986), Coventry (Grande-Bretagne, 1987), Lund (Suède,
1988), Vitoria-Gasteiz (Espagne, 1989), Helsinki et Tallinn (Finlande et
Estonie, 1990) et Moscou (1991). ../..
Photos : Edward P. Thompson, Mary Kaldor, Ken Coates
Novembre1980 : L’appel de Krefeld
Pendant la « crise des euromissiles », l'appel de Krefeld est un
appel lancé par le mouvement de paix ouest-allemand au gouvernement
fédéral de l'époque pour qu'il retire son approbation au stationnement de
nouveaux missiles nucléaires à moyenne portée en Europe et qu'il fasse
pression pour mettre fin à la course aux armements nucléaires au sein de
l'OTAN. Soutenu par des membres de la Deutsche FriedensUnion (DFU)
et les Grünen, il est présenté au public à Krefeld le 16 novembre 1980 et
sera signé par plus de 4 millions d'Allemands en 1983.
Le projet émane de Josef Weber (1908-1985, ancien colonel dans la
Wehrmacht, membre de la Deutsche Friedens-Union), de l'ancien général de
division de la Wehrmacht Gert Bastian (1923-1992), de sa compagne Petra
Lehmann-Kelly (1947-1992, cofondatrice des Grünen) et de Christoph Strässer
(avocat, né en 1940). Il est soutenu par des représentants du mouvement Kampf
dem Atomtod (‘Combat contre la mort nucléaire’) de 1957/58, Martin Niemöller
(théologien et pasteur, 1892-1984), Helmut Ridder (professeur de droit, 1919-2007),
Karl Bechert (physicien théoricien,1901-1981) et Gösta von Uexküll (journaliste et
écrivain, 1909-1993).
L’appel est rejeté par les partis représentés au Bundestag et par le
Deutscher Gewerkschaftsbund (DGB), confédération des syndicats allemands, en
partie car il ne proteste pas contre l'arrestation de pacifistes en RDA et ne combine
l'exigence du désarmement nucléaire avec l'exigence des droits humains dans le
bloc de l'Est.
Photos : Martin Niemöller, Karl Bechert
1982-1991 : END, IKV, CODENE
Pendant les conventions annuelles sur le désarmement nucléaire,
surtout à Pérouse et Amsterdam, s’instaure une intense coopération entre
END et le Dutch Interchurch Peace Council (ou InterKerkelijk Vredes-
beraad, IKV), et ses secrétaires généraux Mient Jan Faer et Wim Bartels.
W. Bartels est aussi le président de l’International Peace Coordination and
Cooperation Network (IPCC), fédération de mouvements animés par le
même esprit, qui unissent leurs efforts contre les armes nucléaires et pour
le soutien des initiatives indépendantes et dissidentes pour la paix en
Europe de l'Est.
En France, les positions du mouvement END sont défendues surtout
par le CODENE (‘Comité pour le désarmement nucléaire en Europe’) dont
font partie notamment Bernard Dréano, Claude Bourdet (Résistant), Jean
Chesneaux (sinologue), Jean-Marie Muller et le général de Bollardière
(MAN), Étienne Balibar (philosophe).
Les Conventions END et le groupe britannique déclinent, à la fin des années
1980, à la suite du ‘Traité sur l'élimination des forces nucléaires à portée intermédiaire’
de 1987, qui supprimait la raison d'être de ces mouvements européens. Toutefois, les
conventions ont continué jusqu'en 1991 (à Moscou) et la branche END de Grande-
Bretagne s'est transformée, en 1989, en European Dialogue, groupe de pression pour
encourager le développement de la démocratie et de la société civile, encore actif à
l'heure actuelle.
Photo du milieu : Wim Bartels, né en 1937, théologien néerlandais, politologue, Secrétaire
international d’IKV et Président d’IPCC
1982 : Hyman Rickover
(1900−1986), amiral états-unien d’origine polonaise. En service
dans la marine de 1918 à 1982, promoteur de l'utilisation de l'énergie
nucléaire pour la propulsion des navires de la flotte américaine
(notamment en participant au programme de l'USS Nautilus (SSN-
571) en tant que membre de la commission de l'énergie atomique des
États-Unis.
Lorsque qu’il prend sa retraite à l’âge de 82 ans, regrette le
rôle qu'il a joué dans la prolifération nucléaire et a appelle à un accord
international pour interdire les armes et les réacteurs nucléaires en
raison des dangers de radiation qu'ils posent.
« Je serais prêt à renoncer à tous les avantages de l'énergie
nucléaire pour la propulsion des navires, la recherche médicale et
tous les autres fins de production d'énergie électrique, si nous avions
pu éviter les armes nucléaires ».
« À présent, lorsque nous avons recours aux armes nucléaires
ou à l’électricité nucléaire, nous créons quelque chose que la nature a
éliminé. (…) Je pense que la race humaine est en train de se ruiner,
(…). Je ne pense pas que la puissance nucléaire vaille la peine dans
la mesure où elle crée des radiations. »
1982 : Manifestation à New-York
Au début des années 1980, la reprise de la course aux
armements nucléaires déclenche de grandes protestations contre les
armes atomiques. En octobre 1981, 500 000 personnes descendent
dans la rue dans plusieurs villes d'Italie, plus de 250 000 personnes
manifestent à Bonn, 250 000 à Londres et 100 000 à Bruxelles.
« L'heure est venue pour l'humanité de mettre un terme à la
folie et à l'immoralité de la course aux armements. L'Apocalypse n'est
plus aujourd'hui une simple description biblique. Elle est devenue une
possibilité tout à fait réelle. Jamais auparavant, dans l'expérience
humaine, nous n'avons été placés sur l'arête étroite qui sépare la
catastrophe de la survie" déclare, le 7 juin 1982, Javier Perez de
Cuellar, secrétaire général des Nations unies, en ouvrant la session
extraordinaire de l'assemblée générale sur le désarmement.
Le 12 juin 1982, la plus grande manifestation politique de
l'histoire du pays a lieu au Central Park de New York (photo du haut). Près
d'un million de personnes y participent pour protester contre la course
aux armements de la ‘guerre froide’.
1982 : Richard Falk et David Krieger
R.F. : Né en 1930, professeur émérite en "International Law and
practice" à l’Université de Princeton, vice-président de la Nuclear Age Peace
Foundation.
D.K. : avocat, docteur en sciences politiques, auteur, éditeur.
Fondateur et président depuis 1982 de la Nuclear Age Peace Foundation. A
donné des conférences à travers les États-Unis, l'Europe et l'Asie sur les
questions de la paix, la sécurité, le droit international et l'abolition des armes
nucléaires.
Président du International Network of Engineers and
Scientists for Global Responsibility (Réseau international des
ingénieurs et scientifiques pour la responsabilité globale) ,
président du ‘Comité exécutif de l'Initiative’ des puissances
moyennes, et l'un des fondateurs et membre du Conseil
mondial de ‘Abolition 2000’.
« Sensibiliser et plaider en faveur de la paix et d’un
monde exempt d'armes nucléaires, encourager les acteurs de
paix. »
1982 : Rebecca Johnson
Britannique née en 1954, docteure en relations internationales et
négociations de traités à la London School of Economics en 2004.
Commence sa carrière militante en 1982, vit pendant cinq ans
(1982-1987) au Greenham Common Women's Peace Camp, proteste
contre la décision du gouvernement britannique de stocker des missiles de
croisière à la base de la Royal Air Force de Greenham Common. Pendant
ce temps, fonde le Aldermaston Women's Peace Camp. Dans les années
80, siége au Conseil de la CND (Campaign for Nuclear Disarmament) en
tant que vice-présidente, en est vice-présidente.
Organise la campagne de Greenpeace pour l’interdiction des
essais nucléaires de jusqu'en 1992.
Fondatrice en 1995 et directrice de l’Acronym Institute for
Disarmament Policy, destiné à promouvoir des approches efficaces en
matière de sécurité internationale, de désarmement et de maîtrise des
armements. Vice-présidente du conseil d'administration du Bulletin of the
Atomic Scientists de 2001 à 2007. Conseillère principale pour la Commis-
sion internationale sur les armes de destruction massive (Commission Blix,
2004-2006). ../..
Rebecca Johnson
Participe à la campagne Faslane 365 en Ecosse en 2006-
2007 et fait partie du groupe de travail du gouvernement écossais
sur les armes nucléaires.
Cofondatrice et coprésidente de la ‘Campagne internatio-
nale pour l'abolition des armes nucléaires’ (ICAN), membre du
‘Groupe international d'experts sur les matières fissiles’ (IPFM).
Consultante pour l’ONU et le Parlement européen.
Membre de l‘’International Institute for Strategic Studies
(IISS).
« Les 124 gouvernements qui ont soutenu cette importante
déclaration sur les conséquences humanitaires des armes
nucléaires (présentée à Oslo en mars 2013 par la Nouvelle-
Zélande) mettent la sécurité de leur peuple au-dessus des
justifications militaristes que mettent en avant certains États pour
justifier la possession des armes nucléaires.
Agir pour l'interdiction des armes nucléaires est la meilleure
façon de prévenir une catastrophe nucléaire dans l'avenir. »
1982 : Raymond Hunthausen
Né en 1921, ingénieur chimiste états-unien, pilote de chasse de l’US
Air Force.
Ordonné prêtre en 1946, évêque de Helena puis archevêque de
Seattle de 1975 à 1991. Connu et contesté en raison de ses prises de
position sur la justice et la paix et de son engagement auprès des plus
pauvres et démunis.
En 1982, retient la moitié de ses impôts pour protester contre la
construction de la base sous-marine de Kitsap-Bangor sur le Puget Sound,
destinée à abriter des sous-marins lanceurs de missiles nucléaires Trident.
« Quand des crimes se préparent en notre nom, nous nous devons
de parler haut et fort. J’affirme, en pleine conscience des mots que j’utilise :
Trident est l’Auschwitz de notre temps. (…)
Je pense que l’enseignement de Jésus nous demande
de rendre à un César bardé d’armes nucléaires ce qu’il mérite :
le refus de l’impôt. (…)
Certains appelleraient désobéissance civile ce que je vous
presse de faire. Je préfère l’appeler obéissance à Dieu. »
Photo : La base sous-marine de Kitsap-Bangor et un SNLE Trident
1982 : Louis Vitale
Né en 1932, docteur en sociologie, pilote de l'US Air Force
pendant la guerre de Corée.
Prêtre franciscain, cofondateur en 1989 et porte-parole du
mouvement de formation et d’action non-violente Pace e Bene.
Également cofondateur en 1982 de Nevada Desert
Experience, organisation qui pendant plus de 25 ans a organisé
des manifestations devant l’entrée du camp d'essais nucléaires du
Nevada.
Engagé depuis 40 ans dans des combats pour la justice et la
paix utilisant la désobéissance civile, arrêté plus de 200 fois,
emprisonné plusieurs fois plus de 6 mois.
« Il est maintenant grand temps d’écouter avec toute notre
attention les survivants d’Hiroshima et Nagasaki, de l'atoll de Bikini,
de Tchernobyl, de Three Mile Island, et les victimes atteintes du
cancer en proximité du site d'essais du Nevada dans l'Utah et de
nombreux autres endroits. »
1982 : Paul Crutzen et John Birks
La théorie de l’hiver nucléaire est développée dans une étude
réalisée par Paul J. Crutzen (Néerlandais né en 1933, chimiste,
climatologue et créateur du terme ‘anthropocène ) et John W. Birks (né
en 1946, chimiste états-unien) en 1982. Le résultat d’une guerre
nucléaire serait la production d’une masse de fumée dans les couches
basses de l’atmosphère entraînant des conséquences importantes
pour le climat.
La combinaison de l’obscurité et du froid provoquerait d’énormes
dommages à la vie végétale dans les régions touchées, avec rupture
des chaînes alimentaires (raréfaction des plantes, puis des herbivores,
puis des carnivores faute de nourriture). Les radiations seraient
meurtrières pour les êtres vivants dans les zones de retombées. Les
oxydes d’azote dégraderaient la couche d’ozone.
Owen B. Toon et Richard P. Turco ont également décrit les
conséquences de la fumée dans la stratosphère tandis que les
Soviétiques Georgiy Aleksandrov et Vladimir Stenchikov ont réalisé
des simulations sur des modèles plus sophistiqués en 1983.
Novembre 1983 : Jacques Gaillot
Né en 1935, Français, évêque du diocèse d'Évreux en 1982.
Ne vote pas en 1983 le texte Gagner la paix des évêques français qui
légitime (avec des bémols) la dissuasion nucléaire. Est déchargé par
Jean-Paul II de sa charge d’évêque d'Évreux en janvier 1995 en raison
de l'expression de ses positions politiques, notamment contre l'arme
nucléaire et pour la défense des minorités, considérée par ses pairs
comme allant au-delà de la réserve demandée aux membres du clergé.
Nommé évêque du diocèse virtuel de Partenia, reste engagé dans
maintes luttes sociales, morales ou politiques, notamment au moyen de
son site Internet.
« J’ai salué avec joie la lettre pastorale des évêques américains Le
défi de la paix. Une parole claire et courageuse condamne sans
équivoque les armements nucléaires. (…)
La commission française Justice et paix vient de publier des
éléments de réflexion sur la dissuasion nucléaire française. Elle dénonce
avec vigueur "les paradoxes logiques, stratégiques, éthiques de la
dissuasion".(…)
L’Église de France ouvrira-t-elle de nouveaux horizons à l’homme
du XXème siècle finissant ? »
1983 : Solange Fernex
Solange de Türckheim ép. Fernex (1934-2006), militante
écologiste et non-violente française et alsacienne.
Fonde, avec Antoine Waechter, le premier parti écologiste
d'Europe, ‘Écologie et Survie’, en 1979. Tête de liste ‘Europe
Écologie’ aux premières élections européennes en 1979.
Jeûne 38 jours en 1983 à Taverny pour le désarmement
nucléaire mondial, jeûne organisé aussi à Bonn et à San Francisco.
Cofondatrice en 2001 de l'association ‘Enfants de Tchernobyl
Bélarus’.
Députée européenne de 1989 à 1995. Présidente de la section
française de la ‘Ligue internationale des femmes pour la paix et la
liberté’ (WILPF).
« Cela va trop lentement, mais cela avance. Comme mon
compatriote Albert Schweitzer, je suis pessimiste dans le diagnostic,
optimiste dans le pronostic. Ce qui compte, c’est l’action,
l’engagement. »
1984 : Jean-Louis Cahu
Français né en 1959. École des officiers de réserve de l’armée de
l’air d’Evreux. Pendant 5 ans officier dans les Forces aériennes
stratégiques, coordonne des missions de bombardement par des avions
Mirage IV en exercice au Q.G. de Taverny.
Officier de tir des missiles S-3 du plateau d’Albion près d’Apt
(Vaucluse) en 1984. Le 6 novembre, en pleine crise des euromissiles,
déserte de son poste pour ne pas rester complice d’un système de
dissuasion qui prend en otage des populations civiles. Envoie une lettre
ouverte à la presse, se rend spontanément aux gendarmes de Dourdan
(Essonne) le 2 décembre, est tout de suite incarcéré.
Au terme d’un procès où témoignent le général Jacques de
Bollardière et l’écrivain Bernard Clavel, est condamné en octobre 1985
par la Cour d'Appel de Nîmes à 37 jours de prison (en plus des 10 mois
de détention provisoire) pour « désertion en temps de paix ».
« Seule la désertion satisfait ma conscience d’homme. »
« La course aux armements nucléaires représente un danger
mortel, un gouffre financier, et un scandale face à tant de besoins non
satisfaits. Il est urgent que nous entamions un processus de
désengagement, que nos réfléchissions à des alternatives de défense. »
Photo : Un missile de la base du plateau d’Albion
1984 : Patrice Bouveret
Né en 1955, cofondateur à Lyon en 1984, avec Bruno Barrillot et
Jean-Luc Thierry, et Président du ‘Centre de Documentation et de
Recherche sur la Paix et les Conflits’ (CDRPC), devenu en 2008
l’’Observatoire des Armements’.
Cette association a pour objectif d’étayer les travaux de la société
civile sur les questions de défense et de sécurité, dans la perspective
d’une démilitarisation progressive.
Elle s’intéresse à la course aux armements, aux ventes d’armes,
aux conséquences des essais nucléaires.
« Les exportations d’armes devraient être rendues publiques pour
qu'il puisse y avoir un débat. Et surtout, il faudrait un instrument de
vérification indépendant chargé d'accorder ou pas le droit à un État
d'exporter vers tel ou tel pays.
L'idéal serait que ce soit l'ONU, à travers une commission, qui soit
chargée de donner ce droit ».
1985 : Abraham Béhar
Né en 1932, biophysicien français et médecin nucléaire, ex-
professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6).
Ex-président de l’association International Physicians for the
prévention of nuclear war (IPPNW, créée en 1980, Prix Nobel de la Paix
1985), président de l’ ‘Association des médecins français pour la prévention
de la guerre nucléaire’ fondée en 1985 (AMFPGN).
« La procédure d’alerte nucléaire toujours en vigueur entraîne par
simple transmission (purement informatique) d’une arrivée éventuelle d’un
missile "hostile", une décision en vingt minutes et une réponse globale en
deux minutes seulement.
Nous avons échappé, parfois par miracle comme en 1995 (avec
déclenchement imminent du feu atomique par les Russes à cause d’une
fusée norvégienne non identifiée), à l’allumage de cette mèche
apocalyptique, toujours prête à être actionnée aujourd’hui. »
Juillet 1985 : Fernando Pereira
(1950-1985), photographe néerlandais d’origine portugaise,
membre de l’organisation écologiste Greenpeace.
Décédé le 10 juillet 1985 lors de l’explosion qui a coulé le Rainbow
Warrior ("Guerrier Arc-en-ciel"), bateau de Greenpeace, amarré à
Auckland en Nouvelle-Zélande.
Cet homicide involontaire résulte d’un attentat commis par les
services secrets français (DGSE), avec l’accord des plus hautes
autorités de l’État, pour empêcher le bateau de protester
contre les essais nucléaires français à Mururoa.
La France versera 7 millions de dollars de dommages-
intérêts à la Nouvelle-Zélande et 8,16 millions de dollars
d’indemnités à Greenpeace.
1985 : Christian Mellon
Né en 1943, jésuite français.
Maîtrise en Peace Studies à l’université de Bradford (GB).
Cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alternatives non
violentes (1973-89).
Corédacteur du livre La dissuasion civile (1985) à la demande du
ministre de la défense Charles Hernu.
Secrétaire de la ‘Commission Justice et Paix’ de l’épiscopat français
(1997-2004).
Membre du ‘Centre de recherche et d’action sociale’ (CERAS).
« La France devrait se débarrasser du fardeau nucléaire, tout
simplement parce qu’il lui pèse (financièrement, politiquement) et ne lui
sert à rien pour la protéger de quelque menace que ce soit.
Je conçois fort bien que l’on puisse être en désaccord avec cette
affirmation, mais alors qu’on présente des arguments pour la réfuter : À
quoi servent nos armes nucléaires ? De quoi nous protègent-elles ? Quels
moyens nous donnent-elles pour intervenir là où nous jugeons légitime
d’intervenir ? »
1986 : Hubert Reeves
Né en 1932, astrophysicien, communicateur scientifique et
écologiste québécois naturalisé français. Directeur de recherche au
CNRS, consultant scientifique au ‘Commissariat à l’énergie atomique’ à
Saclay. Coauteur en 1971 avec deux de ses étudiants d’un article
fondamental concernant la nucléosynthèse stellaire.
Certains lecteurs critiquant ce qu'ils considèrent comme son
optimisme excessif, décide, en 1984, d'écrire sur la plus grande menace
planétaire perceptible à l'époque, celle engendrée par la guerre froide.
Publie ainsi L'Heure de s'enivrer en 1986, où il dresse, entre autres, un
portrait inquiétant des arsenaux nucléaires des deux grandes puissances
américaine et soviétique.
« Ainsi, toutes ces combinaisons fertiles de la matière, cette
activité nucléaire des étoiles, ce bourdonnement électromagnétique des
nébuleuses, cette exubérance biochimique de l’océan primitif, tout cela
n’aurait d’autres sens que de préparer l’holocauste nucléaire ? La
conscience n’émergerait-elle – en quinze milliards d’années – que pour
s’éliminer en quelques minutes ? Nous sommes les témoins et les acteurs
de cette période de l’histoire où ces questions deviennent décisives. Si
nous avons un rôle à jouer dans l’Univers, c’est d’ aider la nature à
accoucher d’elle-même. (…) L’intelligence n’est pas nécessairement un
cadeau empoisonné. L’absurde est encore évitable. L’éveil de la jubilation
est, peut-être, l’antidote le plus efficace ».
1986 : Mordechai Vanunu
Mordechai Vanunu, né en1954, technicien nucléaire israélien
dans le site de Dimona (désert du Néguev, photo du haut), rejoint les
mouvements de gauche en réaction à l'invasion israélienne au Liban en
1982. Il se lie à des militants au sein de l'université de Beer-Sheva où il
étudie la philosophie pendant son temps libre. Il participe à de
nombreuses manifestations de solidarité avec les peuples arabes.
En 1986, il révèle au journal anglais The Sunday Times des détails
sur le programme nucléaire militaire israélien dont notamment des
photographies prises à l'intérieur du site nucléaire de Dimona. Converti
au christianisme, il proclame qu’il agit « pour la paix afin de contribuer à
la dénucléarisation du Moyen-Orient ».
Après son enlèvement à Rome par les services secrets israéliens,
il est jugé et condamné pour "trahison de secret d'État". Il passe18 ans
en prison dont 11 en isolement total. À sa libération en 2004, il lui est
interdit de prendre contact avec tout journaliste étranger.
Récipiendaire du prix Nobel alternatif en 1987, « pour son coura-
ge et son abnégation en révélant l'étendue du programme d'armement
nucléaire d'Israël ». Jugé coupable en avril 2007 d'avoir parlé à des
étrangers, en infraction avec les interdictions imposées par l'armée.
1987 : Sean Mac Bride
(1904-1988), avocat et homme politique irlandais, fondateur
d’Amnesty International, prix Nobel de la paix (1974).
Crée en 1960 l’association ‘Justice’, devenue plus tard ‘Amnesty
International’, pour défendre deux étudiants portugais condamnés à 7
ans de prison sous le régime de Salazar car ils demandaient la liberté
d’expression.
En 1987, rédige avec le professeur Hans Köchler l’ "Appel des
juristes contre les armes nucléaires" puis, grâce à un rapport d’expertise,
contribue à ce que la ‘Cour Internationale de Justice’ constate le
caractère contraire au droit international du recours à l’arme nucléaire.
Présent à maintes reprises le 6 août à Hiroshima pour la
commémoration du bombardement et l’alerte sur les risques de la course
aux armements nucléaires.
« S’il est vrai qu’une opinion publique mondiale informée constitue
la principale assurance contre la guerre nucléaire, il est évident que la
presse et les médias doivent y jouer un rôle essentiel. Malheureusement,
ils sont soumis à des terribles pressions politiques et économiques ».
1987 : Hans Köchler
Né en 1948, Autrichien, professeur de philosophie à
l’Université d'Innsbrück.
Président de l'International Progress Organization, ONG
dotée du statut consultatif auprès de l' ONU.
Coprésident de l’‘Académie internationale de philosophie’.
Ses recherches en philosophie politique et juridique et son
engagement avec l'ONU l’amènent à une critique fondamentale du
système international centré sur l'État et à des propositions
concrètes pour la démocratisation de l'ONU et d'un système viable
de justice pénale internationale.
En 1987, avec le prix Nobel Sean MacBride, rédige l’Appel
des juristes contre les armes nucléaires puis, grâce à un rapport
d’expertise, contribue à ce que la ‘Cour Internationale de Justice’
constate le caractère contraire au droit international du recours à
l’arme nucléaire.
1988 : William Bunge
William Bunge (1928-2013), géographe et chercheur états-unien,
professeur adjoint à l'université de Wayne State de Détroit, une des
figures-clés de la révolution quantitative en géographie dans les années
1960, est surtout célèbre pour ses travaux sur la ville de Détroit. Mais il est
également un militant anti-guerre et l’auteur d’un grand nombre de textes et
de cartes sur la question de l’arme nucléaire.
Son ouvrage Nuclear War Atlas, paru en 1982 sous forme de 28
affiches, puis édité en 1988, présente une analyse bousculant complète-
ment le discours dominant, battant en brèche par exemple le scénario usé
« une ville/une bombe », tout en donnant à saisir concrètement à quoi une
guerre nucléaire pourrait réellement ressembler. Pour illustrer la puissance
d’une seule bombe H de 20 mégatonnes, il se sert de l’image d’un convoi
de trains chargé de TNT s’étirant sur toute la largeur des États-Unis, reliant
les côtes pacifique et atlantique du pays.
Grâce à lui la guerre nucléaire apparaît sans fard : chose gigantes-
que par ses proportions, abyssale par ses conséquences. La guerre
nucléaire en effet n’est pas à l’échelle du monde.
« La planète est bien assez grande pour la paix, mais trop petite
pour la guerre. »
1989 : Georges Moustaki
Né Giuseppe Mustacchi (1934-2013), auteur-compositeur-
interprète. Né à Alexandrie de parents juifs grecs de langue italienne,
se prend de passion pour le français dans les livres de la librairie
paternelle, parle arabe dans la rue, apprend l’anglais, entend toutes les
langues avec gourmandise. Naturalisé français en 1985. Également
artiste-peintre, écrivain et acteur.
Écrit Milord pour Édith Piaf, Sarah pour Serge Reggiani, La
dame brune pour Barbara. Chantre de l’amour, du plaisir, du partage et
de la tolérance. Auteur de chansons à succès : Ma solitude, Joseph,
Ma liberté, Le métèque, Le temps de vivre, etc.
Dans la chanson Hiroshima (1989), célèbre les victimes de la
guerre. Chante en soutien aux paysans du Larzac menacés d’expro-
priation par un projet d’extension du camp militaire.
« Par tous ceux qui sont déjà morts
par tous ceux qui vivent encore
par ceux qui voudraient vivre enfin
peut-être viendra-t-elle demain.
Par tous les rêves piétinés
par l'espérance abandonnée
à Hiroshima, ou plus loin
peut-être viendra-t-elle demain, la paix ! »
Août 1989 :
Manifestation au Kazakhstan
De 1949 à 1989, l'URSS a mené 456 essais nucléaires au-dessus et
sous terre sur le site d'essais nucléaires de Semipalatinsk, ou polygone de
Semey, dans la partie orientale du Kazakhstan. L'impact total des explo-
sions nucléaires au Kazakhstan dépasse de 45 000 fois la puissance de la
bombe d'Hiroshima.
Né en 1936, diplômé en géologie, journaliste et écrivain kazakh
russophone, Olzhas Suleimenov acquiert une notoriété mondiale en 1989,
lorsqu'il crée mouvement environnemental international Nevada-Semipala-
tinsk*. Cette association fait campagne pour fermer à la fois les sites
d’essais nucléaires du Nevada aux États-Unis et de Semipalatinsk au
Kazakhstan. La plus grande manifestation a lieu le 6 août 1989, lors du
44ème anniversaire du bombardement nucléaire d’Hiroshima. Environ
50 000 personnes y participent (photo du haut). En 1989, le mouvement fait
annuler 11 explosions sur les 18 prévues sur le site d'essai de Semipala-
tinsk.
« Notre conscience est empoisonnée par la peur de l'avenir. Nous
avons peur de boire de l'eau, de manger, de donner naissance à des
enfants ».
Olzhas Suleimenov est ambassadeur du Kazakhstan auprès de
l'UNESCO à Paris.
1990 : Alain Connan
Après l’attentat des services secrets français contre le
Rainbow Warrior le 10 juillet 1985, devient fondateur et Président de
‘Greenpeace France’, puis commandant du Rainbow Warrior II. En
décembre 1990, se trouve debout, sur un Zodiac, au milieu d'un lagon
du Pacifique, impassible, les bras croisés sur le torse face à la marine
de guerre française, à la suite de quoi le président Mitterrand met fin
aux essais nucléaires dans le Pacifique.
Dans le livre Bras de fer à Moruroa, deux marins, deux hommes de convictions
opposées, Alain Connan, ex-commandant du ‘Rainbow Warrior II’ et le capitaine de corvette
Olivier Lajous*, ex-commandant de l’aviso‘ LV Lavallée’, livrent une joute chevaleresque sur les
essais nucléaires à Mururoa et donnent leur opinion sur la décision du démantèlement des
armes nucléaires. « Te souviens-tu des navires de guerre qui furent tes chiens de garde dans le
Pacifique ? De l'aviso qui t'intercepta dans les eaux territoriales de l'atoll de Moruroa ? Le
commandant... c'était moi ! »
Les récits d’Alain Connan et d’Olivier Lajous sont encadrés par les interventions de Jean
Rouaud, écrivain prix Goncourt 1990, Jean Moulin, commandant le Centre d’Expérimentations
du Pacifique, Brice Lalonde, ministre de l’Environnement, Hubert de Gevigney commandant le
bâtiment soutien au démantèlement des sites.
* devenu ensuite amiral, puis DRH de la Marie nationale, puis consultant en RH
Né en 1933, marin et militant écologiste français. Commandant de bord de la Marine
marchande, adhère à ‘Greenpeace’ en 1979 pour défendre la mer (armes chimiques et
fûts radioactifs largués au fond, massacre des baleines, pollution plastique, etc.). Quitte
la Marine marchande en janvier 1983 et devient commandant de bord du Sirius pour
‘Greenpeace’.
1990 : Dominique Lalanne
(1943-2022), retraité du CNRS où il a travaillé de 1966 à 2008
et où il était en fin de carrière directeur de recherches en physique
nucléaire.
Animateur du collectif ‘Armes nucléaires Stop’ créé en 1990
sous le nom de « STOP essais » pour s’opposer aux essais
nucléaires en Polynésie. Président du collectif ‘Abolition des armes
nucléaires- Maison de Vigilance’ créé en 2016 qui regroupe une
vingtaine d'associations impliquées dans le désarmement nucléaire.
Assiste à l'ONU aux assemblées du Traité de non-prolifération
Travaille comme expert à l‘’Observatoire des Armements’ de
Lyon.
« L’arme nucléaire, c’est l’insécurité maximum. Il y a sur la
Terre 2 000 bombes en état d’alerte, qui représentent chacune en
moyenne 30 fois la bombe d’Hiroshima, c’est-à-dire un potentiel de
destruction de 60 000 fois Hiroshima.
Il ne s’est rien passé depuis 50 ans en matière de désarme-
ment nucléaire parce que la société civile a démissionné face aux
États. »
Dominique Lalanne
Pour expliquer 70 ans sans attaque contre l’Europe, la
croyance simple est d’en attribuer la cause aux arme nucléaires
occidentales.
Une analyse plus fine conduit à conclure différemment : en
cas d’échec (peu probable) d’une défense militaire conventionnelle
des pays européens, la résistance civile qui aurait été exercée par
les peuples d’Europe de l’Ouest aurait empêché l’URSS de
dominer l’Europe, et la contagion démocratique envers les troupes
d’invasion aurait au contraire menacé la dictature soviétique.
Et finalement, c’est bien la résistance civile des peuples d’Europe
de l’Est qui a mis fin au totalitarisme communiste.
« La dissuasion "civile" qui exprime clairement qu'un pays
envahisseur ne pourra pas tenir "le jour d'après" est une dissuasion
réelle, alors que la dissuasion nucléaire qui exprime qu'il n'y aura
pas de "jour d'après" est une aberration logique.
Malgré la dissuasion nucléaire qui nous a fait passer très
près d’une 3ème guerre mondiale, la dissuasion civile a permis de
sauver la mise. »
Dominique Lalanne
« Une réflexion doit être menée sur le type de menace que
peut exercer un pays comme la Russie à l’égard de l’Union
européenne. Envahir pour dominer les richesses et se les
approprier ? Dans ce cas, une frappe nucléaire est stupide, on
détruit le pays que l’on veut exploiter ! Et il faut une armée
puissante pour maintenir des pays sous une domination.
Quelles sont les autres menaces possibles ? Faire plier
un pays pour avoir des avantages économiques ? Dans ce
cas, c’est une guerre commerciale, l’arme nucléaire n’a
aucune utilité. Dans une guerre économique, financière,
technologique… ou autre, l’arme nucléaire n’a aucun rôle pour
faire plier un adversaire.»
Dominique Lalanne
Un ancien ambassadeur de France à la conférence du
désarmement, Éric Danon, a pu dire que l’arme nucléaire
garantit la sécurité de la France « comme une porte blindée
garantit la sécurité d’un logement. »
« En réalité, lui a répondu Dominique Lalanne, la
dissuasion nucléaire n’est pas une porte blindée, c’est une porte
grande ouverte avec, au-dessus, un panneau indiquant «
Défense d’entrée, danger de mort ! ». Mais si un voleur ne croit
pas à la menace de mort, il entre dans la maison… »
Il y a tout lieu de croire qu’aucun agresseur potentiel de la
France ou de l’Europe ne peut croire à la menace d’utilisation
de l’arme nucléaire, compte tenu des conséquences d’une telle
utilisation sur le pays destinataire et en retour sur le pays
émetteur.
Une arme inutilisable n’a aucun effet dissuasif.
Déc. 1990 : Christian Bataille
En décembre 1990, Christian Bataille, député PS du Nord,
remet au Parlement le rapport sur la gestion des déchets nucléaires
à haute activité, réalisé par ‘l’Office parlementaire d’évaluation des
choix scientifiques et technologiques’ (OPECST)
« Le nucléaire militaire produit des déchets pour lesquels des
problèmes de gestion se posent. [...] Il faudra certainement un jour
que les responsables s’expliquent sur ce qu’ils ont fait et sur ce
qu’ils vont faire des déchets qui résultent du programme militaire
nucléaire français, et le Parlement ne devra pas, à notre avis, rester
inactif dans ce domaine ».
La loi du 30 déc. 1991 sur les recherches relatives à la
gestion des déchets radioactifs, usuellement nommée ‘loi Bataille’,
dispose : « La gestion des déchets radioactifs à haute activité et à
vie longue doit être assurée dans le respect de la protection de la
nature, de l'environnement et de la santé, en prenant en considé-
ration les droits des générations futures. »
Le cadre législatif introduit par la ‘loi Bataille’ a été profon-
dément rénové en juin 2006, à l'issue de la période de 15 ans
maximum prévue par cette loi pour rendre compte de l'évaluation
des recherches sur la gestion des déchets radioactifs.
1991 : Afrique du Sud
L'Afrique du Sud est le seul pays à avoir construit des armes
nucléaires puis à les avoir démantelées volontairement, et cela en même
temps qu’il mettait fin à l'apartheid.
Le 24 mars 1993, Frederik de Klerk, dans un discours au Parle-
ment, déclare que l'Afrique du Sud avait construit 6 bombes atomiques
prêtes à l’usage. Il affirme qu'elles ont été démantelées, ainsi que
l'ensemble de l'armement nucléaire, avant que l'Afrique du Sud ne
rejoigne le Traité de non-prolifération nucléaire des Nations unies (TNP)
en juillet 1991. Il donne à l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA) un accès total au pays pour inspecter directement les sites du
programme nucléaire et vérifier ses affirmations. En septembre 1992,
l’Afrique du Sud entreprend de diluer une partie de son uranium
hautement enrichi, et vend une partie de ses réserves aux États-Unis et
au Royaume-Uni.
Par ailleurs, en 1996, l’Afrique du Sud signe le Traité d’interdiction
complète des essais nucléaires (TICE). L’Afrique du Sud a été le 7ème
État africain à ratifier en mars 1998 le traité de Pelindaba qui fait du
continent africain une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) et elle
joue un rôle important dans sa mise en œuvre.
1991 : Jean Ferrat
Jean Tenenbaum (1930-2010), fils d’un Juif russe naturalisé
français et mort à Auschwitz, auteur-compositeur-interprète français,
alterne chansons sentimentales, poétiques et engagées et a souvent
maille à partir avec la censure.
Fidèle à ses idéaux communistes, il fustige les guerres coloniales
et les purge staliniennes. Il conserve sa liberté de penser et se démarque
du Parti Communiste Français, notamment quand Georges Marchais
évoque le « bilan globalement positif » du communisme.
En 1991, dans son chant ‘La paix sur Terre’ , il s’insurge contre
l’armement nucléaire :
« Nous ne voulons plus de guerre, nous ne voulons plus de
sang. Halte aux armes nucléaires, halte à la course au néant. Devant tous
les peuples frères qui s'en porteront garants, déclarons la paix sur Terre,
unilatéralement.
La force de la France, c'est l'esprit des Lumières, cette petite
flamme au cœur du monde entier, qui éclaire toujours les peuples en
colère, en quête de justice et de la liberté.
Parce qu'ils ont un jour atteint l'Universel dans ce qu'ils ont écrit,
cherché, sculpté ou peint, la force de la France, c'est Cézanne et Ravel,
c'est Voltaire et Pasteur, c'est Verlaine et Rodin. »
1991 : Bruno Barrillot
(1940-2017), ex-prêtre aumônier du MRJC, DEA de Sécurité et
défense, cofondateur en 1984 à Lyon du ‘Centre de recherche et de
documentation sur la paix et les conflits’, devenu en 2008 ‘l’Observa-
toire des Armements’.
Contribue à la mise en place en 1991 du collectif ‘Stop essais !’
En 2001, cofondateur, avec Michel Verger, vétéran des essais nucléai-
res au Sahara, de l'Association des Vétérans des Essais Nucléaires
Français et leurs familles (AVEN)
Délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires
français auprès du gouvernement de Polynésie. Démis par Gaston
Flosse en juin 2013.
« Les problèmes de santé et environnementaux des populations
proches des anciens sites d’essais nucléaires sont loin d’être résolus
par les régimes de compensation en vigueur. C’est le cas aux îles
Marshall, après les essais nucléaires américains, c’est le cas entre les
populations aborigènes d’Australie et le gouvernement britannique.
Sans parler du silence qui entoure les victimes Ouigours des essais
chinois, mais aussi de la mauvaise tournure que prend le face à face
franco-algérien pour négocier des réparations dues aux essais français
dans le Sahara. »
Bruno Barillot
Les victimes de la préparation de la guerre nucléaire
Leny Paris, né en 1970, militaire affecté dans les années 1990
à la base 200 de la force de frappe militaire atomique du plateau
d'Albion (Vaucluse), base en service de 1970 à 1996.
Gravement malade, atteint d'une nécrose osseuse et d'une
fibromyalgie depuis son séjour en 1991 a passé près de 6 000 heures
auprès des ogives de mort à l'intérieur des silos souterrains, sans
protection aucune contre les radiations destructrices.
Les gradés et la ‘Direction des Applications Militaires’ (DAM)
du ‘Commissariat à l'Energie Atomique’ (CEA) avaient décidé que
seuls des membres du SPRA (‘Service de Protection Radiologique’)
serait équipés d'appareils de quantification de la radioactivité et que
seuls des personnels du ‘Dépôt d'Armement et de Munitions
Spéciales’ (DAMS) porteraient des combinaisons NBC (nucléaire,
bactériologique, chimique).
Après 18 années de confrontation avec les autorités et institutions,
d'échanges incessants de courriers et de documents avec le ministère de la
Défense, L. Paris dépose en fév. 2019, une plainte contre l'État auprès du
Procureur de la République de Mont-de-Marsan. Une trentaine d'irradiés s'est
constituée en association et d'autres plaintes des victimes sont à l'étude.
1993 : Bruno Chareyron
Né en 19??, ingénieur français en physique nucléaire, depuis 1993
chef du laboratoire de la CRIIRAD, ‘Commission de recherche et
d’information indépendantes sur la radioactivité’.
Étudie notamment la radioactivité du Polygone d’expérimentation de
Pontfaverger-Moronvilliers, site du CEA-DAM d’environ 500 ha à 22 km de
Reims, au cœur d’un terrain militaire. À partir de 1958, le CEA y a effectué
des essais de détonateurs des bombes nucléaires, dans une centaine de
puits et à l’air libre, et ou se trouvent encore 2,7 t d’uranium. Le CEA a mis
en œuvre en œuvre du béryllium, de l’uranium appauvri et du tritium,
éléments très nocifs. Damien Girard, maire de Pontfaverger, est très inquiet
des conséquences sanitaires de la contamination des sols, de la nappe
phréatique, etc.
S’intéresse aussi à la pollution radioactive du fort de Vaujours, site
de 50 ha situé sur les communes de Courtry et Vaujours (Ile-de-France),
centre de recherches du CEA de 1955 à 1997 où ont été expérimentés
aussi les détonateurs. Malgré les mise en garde de l’IRSN (‘Institut de
Radioprotection et de Sureté Nucléaire’), la société BP Placo (ex-
Placoplatre), filiale du groupe Saint-Gobain, désire détruire la colline pour y
exploiter les sols riches en gypse.
Décembre 1993 : John Dear
Né en 1959, jésuite états-unien. Milite longtemps contre la politique
américaine en Amérique latine, le développement des armes nucléaires et la
coopération d’institutions d’éducation jésuites avec les programmes
américains de recrutement militaire, comme le ROTC (Reserve Officer
Training Corps)
Auteur de 28 livres sur la paix et la non-violence, conférencier. A
travaillé dans des camps de réfugiés.Arrêté plus de 75 fois et emprisonné
plusieurs mois après des actes de désobéissance civile contre l'injustice, la
guerre (en Irak, en Afghanistan), et les armes nucléaires (martelage de
bombardiers F 15). En décembre 1993, arrêté avec trois autres personnes à
la base aérienne Seymour Johnson de Goldsboro, en Caroline du Nord ,
pour avoir martelé un chasseur bombardier nucléaire F-15.
Directeur exécutif du MIR-IFOR (International Fellowship of
Reconciliation) aux États-Unis de 1998 à 2001.
Mission de paix en Afghanistan en 2012-2013 avec Afghan Peace
Volunteers.
« Si, pour revenir à nos racines, nous voulons proclamer l'Évangile de
la paix et suivre Jésus le non-violent, nous aurons des ennuis pas seulement
avec le Pentagone, mais avec les autorités ecclésiastiques… »
1994 : Jean-Luc Porquet
Né en 1954, journaliste français. Étudiant à l’ICAM-Lille, lance
un périodique étudiant, Le Clampin libéré, puis entre à l'École
Supérieure de Journalisme de Lille. Après une collaboration avec
Ouest-France et Actuel, écrit un livre-reportage pour lequel il vit durant
trois mois comme sans domicile fixe. En 1994, intègre la rédaction du
Canard enchaîné. Y tient une chronique intitulée "Plouf ! " qui traite de
la technologie, de la mondialisation marchande et de l'écologie, et
dénonce notamment la course aux armements nucléaires.
« Chaque année, la France jette par la fenêtre environ 3,6
milliards (le montant exact est tenu secret) pour sa dissuasion
nucléaire, et ce depuis plus de 70 ans. À partir de 2020, la dissuasion
coûtera encore plus cher, environ 5 ou 6 milliards par an. Fervent
partisans du petit jeu atomique du « Je te tiens, tu me tiens… »,
Macron vient de promettre aux armées de redoubler d’efforts pour que
notre bombe qui ne sert à rien soit la plus moderne possible. (…)
Puisqu’on vous dit qu’en rendant la menace plus crédible, ces bombes
renforcent la paix ! »
1995 : Oscar Temaru
Né en 1944, homme politique français de Polynésie française.
Engagé dans la Marine nationale française pendant la guerre
d’Algérie, indigné par le comportement de certains civils et militaires
français envers les indigènes algériens. Retraité des douanes, chef de
file du camp indépendantiste Tavini huiraʻatira et plus généralement de
la gauche dans cet archipel.
Opposant en 1ère ligne quand, en 1995, Jacques Chirac décide
de reprendre les essais nucléaires à Mururoa. Élu président de la
Polynésie française à 5 reprises de 2004 à 2011. Maire de Faʻaʻā, la
plus peuplée des communes polynésiennes, voisine de Papeete,
depuis 1983.
En oct. 2018, dépose une plainte devant la ‘Cour Pénale
Internationale’ pour crime contre l'humanité visant la France en raison
des 193 essais nucléaires (46 aériens, puis 147 dans les sous-sols et
sous les lagons - photo du bas) menés de 1960 à 1996 dans le Pacifique.
« Pour nous, les essais nucléaires français ne sont que le
résultat direct d'une colonisation. Contrairement au discours français,
nous n'avons pas accepté d'accueillir ces essais, ils nous ont été
imposés avec la menace directe de l'établissement d'une gouvernance
militaire si nous refusions.»
1995 : Howard Zinn
(1922-2010), historien et politologue états-unien. Professeur
au département de science politique de l'université de Boston durant 24
ans (1964-1988).
Acteur de premier plan du mouvement des droits civiques et
du mouvement de paix aux États-Unis.
Pendant la 2ème guerre mondiale, engagé et lieutenant dans
l’armée de l’air (photo), effectue des bombardements sur Berlin, la
Tchécoslovaquie, la Hongrie, et sur Royan.
Dans ses livres The politics of history et The Zinn reader,
décrira comment le bombardement de Royan les 14 et 15 avril 1945
(au napalm, pour la première fois en Europe) fut décidé par la
hiérarchie militaire pour des raisons qui tenaient plus à des considé-
rations carriéristes qu'à des objectifs militaires légitimes.
../..
Howard Zinn
En 1995, dans un petit texte de 21 pages, analyse et
dénonce les bombardements de Hiroshima et Nagasaki.
« Les Japonais étaient sur le point de se rendre, et les
chefs militaires américains le savaient. (…) La bombe a été
considérée comme une arme diplomatique contre l'Union
soviétique. »
Par la suite, sa réflexion politique élève la désobéis-
sance civile au rang de devoir.
Édité un mois avant sa mort, son livre La bombe
dénonce en parallèle le bombardement de Royan et celui
d’Hiroshima.
« Si le mot ‟terrorisme” a un sens (et je crois qu'il en a,
parce qu'il qualifie un acte intolérable, l'utilisation aveugle de la
violence contre les êtres humains dans un but politique), il
s’applique exactement aux attentats d'Hiroshima et de
Nagasaki. »
1995 : Alice Slater et Jackie Cabasso
A.S., avocate états-unienne née en 1938, présidente du
Global Resource Action Center for the Environment (GRACE),
représentante à New York de la Nuclear Age Peace Foundation.
Avec Jackie Cabasso, également membre de la Women's
International League for Peace and Freedom (WILPF), initie en
1995 ‘Abolition 2000’, réseau mondial pour le désarmement
nucléaire.
Fait un travail remarquable à l'Organisation des Nations Unies pour
obtenir un traité d’abolition des armes nucléaires et pour la promotion des
énergies renouvelables.
« Le monde a interdit le gaz moutarde, les armes chimiques et
biologiques, les mines terrestres et des bombes à sous-munitions.
Il n'y a aucune bonne raison de s'accrocher à notre dissuasion nucléaire
qui est incapable de nous protéger contre les menaces réelles auxquelles
nous sommes confrontés. »
1995 : La Commission de Canberra
Créée en novembre 1995 par le Premier ministre australien Paul Keating
en novembre 1995 en réaction à la reprise des essais nucléaires menés par la
France, la commission de Canberra regroupe des experts stratégiques, scien-
tifiques et politiques du monde entier* pour identifier les mesures permettant de
progresser vers un monde dénucléarisé.
Un ouvrage est publié en août 1996 à partir des 4 réunions de cette
Commission (dont une à Vienne et une à New-York), ainsi qu’une déclaration,
qui conclut qu’« un monde libéré des armes nucléaires peut être assuré et
maintenu par un engagement politique, et pérennisé grâce à une structure
juridique permanente et contraignante ». Le rapport est présenté par Alexander
Downer, ministre australien des Affaires étrangères, aux Nations Unies le 30
septembre 1996 et à la Conférence sur le désarmement le 30 janvier 1997.
* parmi lesquels le professeur Joseph Rotblat, récipiendaire du 1995 prix Nobel de la paix; Michel
Rocard, ancien Premier ministre de la France; Robert McNamara, ancien Secrétaire à la défense des
États-Unis et Président de la Banque mondiale; Général George Butler, ancien chef du Commandement
aérien stratégique des États-Unis; Britt Theorin, président de la Bureau international de la paix; maréchal
Michael Carver, ancien Chef d'état-major de la Défense britannique; Robert O'Neill, professeur d'histoire
de la guerre à l'université d'Oxford et ancien directeur de l’Institut international d'études stratégiques;
Jacques-Yves Cousteau, océanographe et environnementaliste.
Photos : Paul Keating, Premier ministre d’Australie
Alexander Downer, ministre australien des Affaires étrangères,
1996 : Le rapport de la commission de Canberra
Voici les 4 premières des 10 conclusions de la commission :
1 - Les armes nucléaires sont extrêmement destructrices et toute utilisation
serait catastrophique.
2 - Si les peuples du monde comprenaient pleinement les dangers des armes
nucléaires et les conséquences de leur utilisation, ils les rejetteraient et ne
permettraient pas leur possession continue ou leur acquisition par des États,
même pour un prétendu besoin de légitime défense.
3 - Les armes nucléaires appartiennent à une poignée d'États qui s’en réservent
le droit de détention. Ceci est totalement discriminatoire et incite constamment
les États non dotés à les acquérir, créant une situation très instable.
4 - Les armes nucléaires ne sont pas pertinentes sur le plan militaire. Malgré
la possession d'armes nucléaires, les États ont connu des défaites (États-Unis
au Vietnam, URSS en Afghanistan, France en Algérie, etc.).
La commission préconise l’application par les puissances
nucléaire de l’article 6 du TNP : « Chacune des Parties au Traité s'en-
gage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures
efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nuclé-
aires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, etc. »
Images :
- Le rapport de la commission de Canberra, Éliminer les armes nucléaires, préfacé par Michel
Rocard (1997)
- le document du TNP
1996 : amiral Antoine Sanguinetti
Antoine Sanguinetti (1917-2004), "amiral rebelle" et militant politique
français. Résistant, participe au débarquement en Provence, Grand officier
de la Légion d’honneur. En 1961, prend publiquement position contre le
putsch des généraux à Alger. D’octobre 1967 à septembre 1968, commande
le porte-avions Clemenceau lors de la deuxième campagne d’essais
nucléaires français dans le Pacifique. Major général de la marine en 1972,
vice-amiral d’escadre en 1974, membre du ‘Conseil supérieur de la marine’,
président de la ‘Commission permanente des essais des bâtiments de la
flotte’. En 1976, mis à la retraite anticipée en raison de ses critiques aux
choix de Valéry Giscard d’Estaing.
Soutient les paysans du Larzac menacés d’expulsion. Enquête en
1978 sur les dictatures militaires en Argentine et en Uruguay. Milite à la
‘Ligue des droits de l'homme’ et au ‘Mouvement de la paix’.
Manifeste pour le démantèlement des missiles Pershing américains et
SS-20 soviétiques en Europe. Signe des pétitions, dont un appel de 60
généraux européens, russes et étatsuniens pour l’abandon des armes
nucléaires (1996). En 2001, soutient et milite auprès de l'AVEN (Association
des vétérans des essais nucléaires).
Dans Le vertige de la force (1984) critique la dissuasion nucléaire
gérée par un petit nombre de responsables, propose des alternatives de
défense beaucoup plus efficaces et moins suicidaires et appelle à une
véritable défense européenne.
1996 : Jean-Marie Matagne
Français né en 1944, docteur en philosophie.
En 1991, conclut sa thèse sur "Le pouvoir et la puissance" en
affirmant que le seul moyen d'éviter l'autodestruction de l'humanité est
d'abolir les armes nucléaires.
En 1996, créé l’association ‘Action des citoyens pour le
désarmement nucléaire’ (ACDN – logo à droite).
Fait une grève de la faim du 15 mai au 26 juin 2012 pour
demander au nouveau président de la République François Hollande un
"référendum sur la participation de la France à l'abolition des armes
nucléaires".
« Écrire à son député, son sénateur, ou demander à les
rencontrer.
Proposer au maire et au Conseil municipal d'adhérer à Abolition
2 000 et aux Maires pour la paix.
Diffuser des informations et des analyses sur ses réseaux
sociaux…
On a le choix, il faut juste le vouloir. »
1998 :
La New Agenda Coalition (NAC)
Alors que des essais nucléaires ont été menés par l'Inde et le
Pakistan, la ‘Coalition pour un nouvel ordre du jour’, New Agenda Coalition ou
NAC), composée à l’origine de huit pays (Afrique du Sud, Brésil, Égypte,
Irlande, Mexique, Nouvelle-Zélande, Slovénie et Suède), se forme à Dublin en
juin 1998 autour de l’objectif ultime d’éliminer les armes nucléaires.
Par une déclaration du 9 juin 1998, les ministres des Affaires étrangères
de ces États appellent les 5 États dotés d'armes nucléaires et les 3 États à
capacité nucléaire à s'engager sans équivoque en faveur du désarmement
nucléaire et à entamer des négociations multilatérales qui conduiraient à
l'élimination des armes nucléaires par le biais d'une convention internationale.
Ils proposent une méthode pour parvenir à cet objectif, à savoir la
définition d’un calendrier de désarmement. Toutefois, la NAC ne propose pas, à
ce stade, d’agenda précis, en dehors d’une première étape constituée par un
engagement immédiat à l’élimination totale et rapide des armes nucléaires.
La NAC fait une déclaration lors de la réunion du Comité préparatoire du TNP en
1999. En septembre 2000, la NAC joue un rôle déterminant dans l'élaboration d'une percée
lors de la Conférence d'examen du TNP. Alors que les perspectives au début de la
conférence semblaient initialement sombres, la NAC propose 13 étapes, par lesquelles les
États dotés d'armes nucléaires peuvent, conformément à l'article VI du TNP, avancer vers
un désarmement nucléaire.
Image du bas : David Andrews, ministre des Affaires étrangères d’Irlande (oct. 1997 à janv. 200)
1998 : Angie Zelter
Née en 1951, militante britannique. Fondatrice de plusieurs
groupes internationaux d’information et d’action, notamment Trident
Ploughshares et International Woman's Peace Service.
Cofondatrice de la campagne non-violente Snowball, et, en
1998, de Trident Ploughshares ("Les socs de charrue contre les
Trident") , groupe militant contre l’armement nucléaire, ayant pour
but de « transformer des épées en socs de charrue » (Isaïe, 2, 4 ).
Le groupe attire l'attention des médias à la fois pour ses
actions directes non-violentes et pour sa désobéissance civile
massive aux portes des établissements de la Royal Navy liés aux
systèmes d'armes Trident du Royaume-Uni. Il est lauréat du Right
Livelihood Award en 2001 "pour avoir fourni un modèle pratique
d'action directe fondée sur des principes de transparence et de non-
violence en vue de débarras-ser le monde des armes nucléaires".
../..
1998 : Angie Zelter
Mène de nombreuses campagnes d’action directe non-violentes,
est arrêtée plus de 100 fois en Belgique, au Canada, en Angleterre,
en Malaisie, en Norvège, en Pologne et en Écosse, subit 16 peines
de prison. Se déclare "citoyenne du monde".
Fonde en 2007 l'association Faslane-365 pour bloquer la base
de sous-marins nucléaires de Faslane. En mars 2012, la police sud-
coréenne l’arrête pour avoir fait obstruction à la construction de la
base navale controversée de Jeju-do.
« En 1999, trois d'entre nous ont pénétré dans une barge
d'assistance technique au sous-marin Trident, nous avons jeté à la
mer les ordinateurs et les matériels électroniques, nous avons
détruit les boîtiers de commandes et coupé les câbles électriques.
Cela nous a valu 5 mois de détention provisoire et un procès. Nous
avons plaidé que nous appliquions le droit international pour prévenir
des crimes de guerre.
Le juge nous a donné raison et nous avons été acquittées ! »
1999 : George Lee Butler
Pilote d’avion puis général états-unien né en 1939, dernier
commandant du Strategic Air Command chargé de l’entretien et de la
mise en oeuvre des missiles balistiques intercontinentaux.
Après sa retraite de l'armée, appelle à l'abolition pure et simple
des armes nucléaires.
Avec sa femme, fonde en 1999 la Second Chance Foundation
(Fondation de la Deuxième Chance), à Omaha (Nebraska), qui vise à
réduire de manière responsable le nombre d'armes nucléaires dans le
monde.
« Je suis persuadé que la présence de ces dispositifs hideux ont
inutilement prolongé et intensifié la guerre froide. (…)
Les armes nucléaires jouent sur ​​nos peurs les plus profondes et
se plient à nos instincts les plus sombres. »
« Fondamentalement dangereuses, extraordinairement
coûteuses, militairement inefficaces et moralement indéfendables. »
1999 : Marie-Hélène Aubert
Née en 1955, professeure-documentaliste et titulaire d'un master II
‘développement agricole et politiques économiques’, députée des Verts à
l’Assemblée nationale entre 1997 et 2002.
Permet la tenue du premier colloque « Essais nucléaires français en
Polynésie : exigences de vérité et propositions pour l’avenir », le 20
février 1999 dans le cadre des locaux de l’Assemblée Nationale. Pour la
première fois dans ce haut lieu de la République, des représentants
polynésiens de Hiti Tau, de l’Eglise Protestante, de l’Assemblée territo-
riale peuvent exprimer leur position sur les essais nucléaires.
Est aussi en octobre 2000 à l’initiative de la première proposition de
loi sur le suivi sanitaire et environnemental des victimes des essais
nucléaires français.
Pour l'élection présidentielle de 2012, rejoint l'équipe de campagne
de François Hollande dont elle anime le pôle « environnement, dévelop-
pement durable, énergie ». En mai 2012, rejoint son cabinet à l’Élysée et
la cellule diplomatique, en tant que conseillère du président de la Répu-
blique pour les négociations internationales climat et environnement.
Photo du bas : Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête
sur les conséquences économiques, sociales et environnementales et sanitaires des essais
nucléaires français présentée le 4 octobre 2000 par 11 députés, dont M.-H Aubert, Y. Cochet, M.
Rivasi, N. Mamère. ■

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Armes nucléaires. — 04. Date et figures de la résistance à l’arme nucléaire de 1969 à 1999

  • 1. Série ‘Vers une politique de sécurité et de paix au XXIème siècle’ 1 – Sous-série ‘Les armes nucléaires’ Diaporama n° 4 Dates et figures de la résistance à l’arme nucléaire 4 - De 1969 à 1999 Étienne Godinot - 19.10.2022
  • 2. Abolir l’arme nucléaire : une série de sept diaporamas 1 - La dissuasion nucléaire : inefficacité et dangers 2 - Pour un désarmement nucléaire de la France dans le cadre du TIAN 3 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire – 1942-1968 4 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - de 1969 à 1999 5 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire - depuis 2000 6 - Quelques personnalités qui ont remis ou remettent en cause la dissuasion nucléaire ou se posent des questions à son sujet 7 - La position de l’Église catholique et des Églises chrétiennes sur l’arme nucléaire : évolution depuis 1963 Rappel : ce diaporama fait partie de la sous-série 1 - ‘Abolir l’arme nucléaire’ qui fait elle-même partie de la série ‘Vers une politique de sécurité et de paix au XXIème siècle’ sur irnc.org
  • 3. 1970 : Jean-Pierre Lanvin (1924-1997). Français, Résistant, rejoint les troupes de ‘La France Libre’. L’expérience de la guerre le fait basculer dans la non-violence. Jeûne contre la torture en Algérie en 1957. Se contente d’un poste de représentant de commerce dans la maison familiale de chocolat, pour pouvoir circuler et prendre des contacts militants. Membre de ‘l’Arche’ de Lanza del Vasto, cofondateur du ‘Groupe d’Action et de Résistance à la Militarisation’ (GARM) à Lyon en 1970, président du MAN-Lyon. En janvier 1971 et 1972, occupe par surprise à deux reprises, avec quelques autres militants, le PC atomique du Mont Verdun en construction près de Lyon. Coorganise une marche contre le PC atomique (5000 participants) de Lyon au Mont Verdun, menée en juin 1971 par Théodore Monod.
  • 4. 1970 : Franco Fornari (1921-1985), neuropsychiatre et psychanalyste italien. Son intérêt pour "la dimension d'origine psychotique" se reflète dans l'étude de l'agression entre les groupes, tels que La guerre en psychanalyse (1970), et Psychanalyse de la situation atomique (1970). Estime que la "situation cataclysmique" provoque un véritable "délire de négation" qui fait que personne ne veut voir le problème en face. Pose la question de la responsabilité de l’individu vis-à-vis de la violence collective. « L’essence du nazisme réside moins dans sa criminalité que dans le fait de ressentir cette criminalité comme juste parce qu’elle a été ordonnée par l’État. » « Il est nécessaire pour tout homme, en tant qu’homme normal, de se sentir en quelque sorte coupable et responsable de la destruction possible de toute l’humanité. Cela revient à dire que ne pas ressentir cette culpabilité et cette responsabilité signifie du point de vue de la psychanalyse (…) vivre les problèmes de l’ère atomique sur un mode pathologique. » ../..
  • 5. Franco Fornari « Avec l’ère atomique, le caractère purement criminel des prérogatives de l’État souverain s’est démasqué une fois pour toutes, en révélant en même temps notre propre responsabilité en tant que sujets ayant aliéné dans l’État leur exigence personnelle de violence. (…) Mais aujourd’hui, même si nous essayons de le nier, nous commençons tous à être convaincus que l’existence de l’État souverain, capitalisateur et monopolisateur de la violence, est un attentat définitif contre l’existence et l’intégrité de l’espèce. (…) L’ État-père (…) essayera ainsi d’exploiter nos angoisses d’enfants sans défense, privés de mère et abandonnés devant le loup. (…) Et nous-mêmes devrons lutter contre la vague sensation intérieure de commettre un sacrilège en lui déniant la divinité que nous lui avions offerte. »
  • 6. Années 1970-2000 : François Cavanna (1923-2014), écrivain, journaliste et dessinateur humoristique français, de père italien. Déporté du travail. Après plusieurs petits métiers, entreprend à partir de 1945 une carrière de journaliste, puis de dessinateur humoristique. Cofondateur en 1960 avec Georges Bernier de Hara-Kiri, devenu ensuite Charlie-Hebdo. Après 1985, son activité de journaliste cède le pas à une production littéraire abondante et variée (autobiographies, essais, romans historiques, chroniques, livres d'humour). Grand défenseur des valeurs républicaines et de la langue française. Dénonce avec véhémence la publicité, l'injustice, la souffrance des animaux offerts en spectacle, la religion, la violence, la guerre. « Les hommes ont inventé le feu, la roue, le klaxon à 4 notes, l’âme et le désodorisant pour les cabinets. Ils ont construit des civilisations tellement immortelles qu’ils ont bien failli désespérer de pouvoir inventer des bombes capables de les anéantir. » « Il est difficile de dire si la science a été une bonne ou une mauvaise chose pour l’humanité tant que la bombe H n’aura pas fait sauter la planète. Revenez me voir à ce moment-là, je vous répondrai ! »
  • 7. 1971 : Jean Toulat (1915-1994). Prêtre catholique français. Alors âgé de 24 ans et sergent au 78ème Régiment d'Infanterie à Châteauroux, rédige une petite publication, Le Paraboche, qui n'aura que deux numéros. Le 15 juin 1940, rédige le tract intitulé Espoir quand même ! lequel, comme l'appel lancé trois jours plus tard par le général de Gaulle à Londres, met l'accent sur les ressources des empires français et britannique et croit en la victoire finale des Alliés sur « le colosse nazi aux pieds d'argile ». Participe alors à diverses missions de Résistance pendant l'Occupation Journaliste à partir de 1950 pour des hebdomadaires catholiques. Auteur en 1971 du livre La bombe ou la vie, destiné au président Pompidou, interdit dans les bibliothèques militaires. Participe en 1973 avec Jean-Marie Muller, Jacques de Bollardière et Brice Lalonde à l’action de protestation contre les essais nucléaires à Mururoa, dans l’océan Pacifique. « Les tribunaux, avant de condamner le plus affreux des criminels, passent des mois à étudier son dossier (…). Et voilà qu’en un instant, vous seul, sans procès, sans jugement, vous vous attribueriez le droit de vie et de mort sur des centaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants vivant actuellement ou à naître, non pas seulement dans le pays adverse, mais, par contrecoup probable, dans notre propre patrie ».
  • 8. Septembre 1971 : Bob Hunter (1941-2005), journaliste canadien. Avec Paul Watson et David Mac Taggart, cofondateur en 1971, à Vancouver, de l'organisation écologique Greenpeace, suite à l’explosion souterraine d’une bombe d’une mégatonne dans l’ile aléoutienne d’Amchitka (golfe d’Alaska) le 2 octobre 1969. La première expédition de Greenpeace a lieu dans cette zone à bord d'un vieux chalutier de pêche au flétan, le Phyllis Cormack, de septembre à novembre 1971, avec 13 membres d’équipage, pour protester contre l’essai d’une autre bombe de 5 mégatonnes (250 fois Hiroshima) qui explose le 6 novembre 1971. « C’est Marie Bohlen qui conçut l’idée de cette expédition, mais la première mission de Greenpeace avec 13 hommes s’avérait tout aussi machiste que le système militaire auquel elle s’attaquait… (…) C’était David défiant Goliath. (…) Les essais nucléaires à Amchatka ont cessé dès l’année suivante.»
  • 9. 1971 : Jean-Henry Bouffard Jean-Henry Bouffard de Madiane, né en 1946, ex-militaire français irradié du temps des essais nucléaires. Entre dans la Marine nationale comme matelot en 1963. Détaché au Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) comme radio-biologiste au Service Mixte de Contrôle Biologique (SMCB) de Tahiti, et responsable de la station de Hao. Assiste à 14 essais nucléaires entre 1966 et 1971 au gré des navigations au large de différents atolls. En 1971, souffre de premières pathologies, des thromboses, quitte la Polynésie française. En 1985, quitte la Marine nationale pour raisons de santé. Travaille dans le transport de viande puis dans l’Éducation nationale comme secrétaire administratif dans un lycée. Mène depuis 25 ans un combat contre l’État, pour lui et pour que la France reconnaisse ses vétérans victimes d’essais nucléaires. « J’ai laissé ma santé et ma vie au service de la France. Je n’ai aucune reconnaissance de mon pays, ni carte d’ancien combattant, ni médaille militaire, ni suivi médical. Pourtant, plusieurs médecins civils, hospitaliers et militaires ont tous conclu à mon irradiation. » « On est 150 000 personnes à avoir été sacrifiées sur les sites d’essais nucléaires. Personne n’en parle ! Le secret défense couvre des actes criminels. »
  • 10. 1972 : Robin Clarke Né en 1937, journaliste scientifique anglais, rédacteur en chef de la revue états-unienne Science Journal. Au cours de ses recherches, est saisi par un sentiment de désillusion à I’égard des États-Unis, remet en question nombre des acquis technologiques vénérés par ses contemporains. Fait partie des journalistes qui montrent alors que les États- Unis ne défendent nullement la liberté au Vietnam, mais les intérêts d'un énorme complexe militaro-industriel soutenu par les ambitions personnelles d'une minorité. Dans son livre The Science of War and Peace (‘La course à la mort’, 1972), procède à une description détaillée du fantastique arsenal de moyens de destruction mis au point depuis le début de la guerre froide sur terre, dans l’espace et dans les profondeurs des océans. A été soupçonné d'être "à la solde de Moscou" ou romancier de science fiction.
  • 11. 1973 : Paul Stehlin (1907-1975), général français. Combat en Norvège et en Tunisie. De 1960 à 1963, chef d'état-major de l'Armée de l'Air. Carrière ensuite dans le privé. Député centriste de Paris de 1968 à 1975. En 1973, publie La force d’illusion : s’élève avec force contre le mythe officiel français de la dissuasion et dénonce les méfaits d’une politique militaire qui ne vise qu’à entretenir l’illusion de l’indépendance nationale. « La dissuasion est le produit de deux facteurs : la puissance des armes et la volonté de s’en servir. Notre puissance atomique est dérisoire. Les Mirage doivent être ravitaillés en vol, les sous-marins atomiques sont insuffisants. La crédibilité est tout aussi faible. La France userait-elle l’arme atomique pour riposter en cas d’agression nucléaire ? Ce serait l’anéantissement total de la France. Quel chef d’État serait assez fou pour déclencher un dispositif qui serait, pour notre pays, une véritable opération-suicide ? (…) Notre indépendance est très relative (radars, avions ravitailleurs, etc.). Je souhaite l’organisation d’une défense européenne, et donc une unité politique. »
  • 12. 1973 : Fanny Deschamps née Chapel (1920-2000), écrivaine française, journaliste, grand reporter à L’Express, au Nouvel Observateur, à France-Soir, à Elle, et enfin au Point. En 1973, fait "le tour de France des pollués", interroge paysans, maires, citadins, médecins, écologistes, scientifiques et publie Vous n’allez pas avaler ça !, "un livre passionné et documenté, un livre de colère et de raison". Au chapitre 12, aborde la question de la course aux armements : arme et dissuasion nucléaires, extension des camps militaires, exportations d’armements, accidents maritimes et aériens avec des armes nucléaires, erreurs susceptibles de déclencher une guerre atomique, abris antiatomi- ques et plans de survie après une guerre nucléaire, armes chimiques et bactériologiques. « Et qu’on ne vienne plus nous déclarer qu’une erreur déclenchant la guerre atomique n’est pas possible. »* « Des gens frivoles pensent sérieusement à survivre après l’apocalypse atomique. Ils étudient des plans pour ça. »** * F. D. cite l’erreur survenue le 20 février 1971 aux USA : un télétypiste du central national d’alerte a branché par erreur la bande d’alerte nucléaire, déclenchant une alerte de 40 minutes. ** F. D. résume ensuite le mémorandum hallucinant Post-attack population, research RM- 5115-TAB/1966, for the US Atomic Energy Commission
  • 13. Juillet 1973 : Jean-Marie Muller (1939-2021), philosophe et écrivain français, conférencier, formateur, théoricien et praticien de la non-violence. Professeur de philosophie en lycée durant quelques années, officier pendant la guerre d’Algérie, commence alors une réflexion sur la philosophie et la stratégie de la non- violence. En 1967, demande à bénéficier du statut des objecteurs de cons- cience. Après le refus de la Commission juridictionnelle de le lui accorder, renvoie son livret militaire au ministre de la Défense. Manifeste ainsi sa volonté d'assumer désormais ses responsabilités civiques dans le cadre d'une défense civile non-violente*. En juillet 1973, participe à l'action du ‘Bataillon de la paix’ menée dans le Pacifique pour protester contre les essais nucléaires français. Est en compagnie du général Jacques de Bollardière, de Jean Toulat et de Brice Lalonde, à bord du Fri, le bateau contestataire de l'organisation "Peace Media", lorsque celui-ci est arraisonné par la marine nationale à l'intérieur de la zone interdite**. ../.. * En janvier 1969, comparaît devant le Tribunal correctionnel d'Orléans qui le condamne à trois mois de prison avec sursis, 1000 francs d'amende et 5 ans de privation de ses droits civiques. ** Lorsque la bombe explose, est détenu dans la prison militaire de la base de Hao. Ce sera la dernière fois que le gouvernement français procédera à des essais nucléaires en atmosphère.
  • 14. Jean-Marie Muller Initie en 1974 le ‘Mouvement pour une Alternative non-violente’ (MAN). En 1983, le ministre de la Défense Charles Hernu lui demande à de conduire une étude sur la défense civile non-violente*. Est après 1985 Directeur de recherche à ‘l’Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits’ (IRNC). Interpelle durant toute sa vie les politiques, les intellectuels, les militaires, les Églises sur l’immoralité absolue des armes nucléaires et la nécessité d’inventer d’autres formes de défense.. Rédige en 2012 l’Appel en faveur du désarmement nucléaire unilatéral de la France’ signé par 46 personnalités. « L’arme nucléaire pose la question de la poursuite de l’aven- ture humaine. La menace de l’arme nucléaire, qui implique par elle- même le consentement au meurtre de millions d’innocents, est le reniement de toutes les valeurs qui constituent la civilisation. « Certes, par elle-même, la dissuasion n’est pas l’emploi, mais elle est l’emploi de la menace, et l’emploi de la menace comporte directement la menace de l’emploi. Dès lors que l’emploi de l’arme nucléaire serait un crime contre l’humanité, la menace de l’emploi est déjà criminelle. » ../.. * Jean-Marie Muller, Christian Mellon et Jacques Sémelin, La dissuasion civile, Fondation pour les Études de Défense Nationale, 1985
  • 15. Jean-Marie Muller « Au cœur de ce paradoxe, il y a l’immoralité absolue de la possibilité et de l’intention de pouvoir commettre le crime absolu. Seuls l’aveuglement, l’irresponsabilité et l’inconscience peuvent expliquer l’accommodement qui unit les décideurs et les citoyens. Les idéologues ont construit une représentation irénique de la dissuasion nucléaire totalement éloignée de la réalité guerrière de la menace des bombes nucléaires et de leur emploi potentiel. (…) Il est facile d’élaborer en chambre et de proclamer sur une estrade une rhétorique vantant les mérites de la dissuasion nucléaire. Mais lorsque survient le moment du passage à l’acte, il apparaît claire- ment que la rhétorique n’a aucune prise sur la réalité. » « Le mur de Berlin et le communisme n’ont pas été vaincus par les armes de l’Occident. Pour l’essentiel, ils se sont effondrés sous la pression de la résistance non-violente des femmes et des hommes des sociétés civiles de l’Est qui ont eu le courage de prendre les plus grands risques pour conquérir leur liberté. » ../..
  • 16. Jean-Marie Muller « Par sa structure même, la dissuasion nucléaire implique la démission des citoyen(ne)s qui abandonnent leur destin à la seule décision du Président de la République. » « Le plus grave, et donc le plus inquiétant, c’est le triomphe de la mentalité nucléaire qui inhibe la conscience des citoyens. Ceux-ci ont perdu toute faculté d’indignation devant le fait que l’ingéniosité de l’homme se pervertit dans la fabrication d’armes de destruction massive. » (…) « L’existence même de l’arme nucléaire consacre l’échec de toutes les morales, de toutes les philosophies, de toutes les spiritualités, de toutes les sagesses, de toutes les religions. La dissuasion nucléaire est la défaite de la raison, la défaite de la pensée, la défaite de l’intelligence. (…) En réalité, la croyance dans l’arme nucléaire se fonde irrationnellement dans la confiance qui nous a été inculquée par la civilisation moderne dans la Technique et dans l’État. Pour renoncer à la bombe, il faudrait que l’homme d’aujourd’hui ait le courage d’oser se libérer de cette double emprise qui le rend inconscient et irrespon- sable. » ../..
  • 17. Jean-Marie Muller « L’homme ne s’est jamais grandi qu’en luttant pour faire reculer les limites du possible. » « Le sens de l’histoire, ce n’est pas le sens que l’histoire imposerait à l’humanité, c’est le sens que l’humanité doit donner à l’histoire. » « Il faudrait attendre que toutes les puissances nucléaires se mettent d’accord pour une telle abolition générale. C’est oublier notre propre responsabilité de citoyens d’un pays nucléaire : nous ne sommes pas directement responsables du désarmement mondial, mais nous le sommes entièrement du désarmement nucléaire de notre pays. Il nous appartient de construire la paix et la sécurité dans une France sans armes nucléaires. »
  • 18. Juillet 1973 : Jacques de Bollardière (1907-1986). Général français, héros de la 2ème guerre mondiale, ‘Compagnon de la Libération’. En Indochine, prend conscience qu’il participe à une guerre coloniale. Condamné à 60 jours de forteresse pour avoir confirmé les récits de Jean-Jacques Servan-Schreiber sur la torture en Algérie. Manifeste à Mururoa son opposition aux essais nucléaires français en 1973, renvoie sa plaque de Grand Officier de la Légion d’Honneur. Participe à la création du ‘Mouvement pour une Alternative Non-violente’ (MAN). Défend au tribunal en 1985 Jean-Louis Cahu, officier de tir de missiles nucléaires déserteur du plateau d’Albion. « Les forces armées chargées de mettre en œuvre un armement nucléaire se voient fixer des objectifs démographiques, c’est-à-dire d’immense agglomérations urbaines (…). Je considère cette concep- tion comme inhumaine et dangereuse (…) » « Notre bombe nucléaire est inutile, immorale, dangereuse, je dis même criminelle (…) Une chape de plomb étouffe toute tentative de réaction. » Photo : Bollardière à la barre du Fri, voilier de Greenpeace protestant contre les essais nucléaires français dans le Pacifique en juillet 1973
  • 19. Juillet 1973 : Jean-Jacques Servan-Schreiber (1924-2006), journaliste, essayiste et homme politique français, Résistant. Crée l’hebdomadaire L’Express à l’âge de 29 ans. Rappelé comme lieutenant en Algérie, refuse la torture avec Roger Barberot et le général de Bollardière. En tant que député, participe à Mururoa en juillet 1973 à la protestation contre les essais nucléaires français. Ministre des Réformes du 27 mai au 9 juin 1974, imposé par le président Valéry Giscard d’Estaing dans le gouvernement conduit par Jacques Chirac, démissionne de son poste après 13 jours par opposi- tion à la reprise des essais nucléaires. « Au nom de la France, des bombes vont exploser de nouveau dans le ciel du Pacifique et contaminer les habitants de la Polynésie française. C’est une chose contre laquelle je me suis élevé l’année dernière de toutes mes forces, lorsque j’étais à Tahiti avec le Bataillon de la Paix… »
  • 20. Août 1973 : Guy-Marie Riobé (1911-1979), Français, évêque catholique d’Orléans (1963-1979). En 1969, témoigne au procès de 3 Orléanais, dont Jean-Marie Muller, qui revendiquent un statut d’objecteurs de conscience et préconi- sent une défense civile non-violente. Proteste avec Don Helder Camara contre les ventes d’armes françaises au Brésil. Prend position en 1973 contre les essais nucléaires français dans le Pacifique. Lors d’une polémique célèbre, est renvoyé "à ses oignons" par l’amiral Marc de Joybert (1912-1989, auteur de La paix nucléaire). « Aucun intérêt politique ni économique d’aucun peuple ne saurait justifier l’emploi de la bombe atomique. (…) La France serait grande si elle affirmait à la face du monde : “J’ai le pouvoir de faire des essais nucléaires et de posséder la bombe atomique : j’y renonce pour le bien de la paix”. (…) Tout Français soucieux d’un avenir pacifique se doit de manifester de manière efficace sa désapprobation la plus énergique en regard de toute politique d’escalade atomique.»
  • 21. 1974 : Setsuko Nakamura-Thurlow Née en 1932, Canadienne d'origine japonaise. Survivante du premier bombardement atomique de l'histoire à Hiroshima, y perd 8 membres de sa famille. Études universitaires en travail social à Hiroshima puis en sociologie en Virginie, épouse le Canadien Jim Thurlow. Enseignante à Toronto, se consacre à la mise en place de structures d'accueil pour les immigrants japonais. En 1974, fonde l'organisation militante Hiroshima Nagasaki Revived, devient conférencière, participe à plusieurs voyages internatio- naux de Peace Boat, paquebot japonais qui promeut le désarmement nucléaire. Joue un rôle majeur en été 2017 dans les négociations qui amènent l'ONU à adopter un traité posant pour la première fois l'interdic- tion de l'arme atomique. Reçoit en déc. 2017 à Oslo le prix Nobel de la paix au nom de la ‘Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires’ (ICAN), organisation lauréate dont elle est ambassadrice. « Je rappelle continuellement ces souvenirs douloureux, pour que les gens qui n'ont jamais vécu une telle dévastation puissent comprendre (...), pour qu'ensemble, nous puissions empêcher que cela se reproduise un jour. » Photo du haut : S. Nakamura, enfant, avec sa mère à Hiroshima
  • 22. 1975 : Erich Fromm (1900-1980), psychanalyste humaniste états-unien d’origine juive allemande. Fuit en 1934 les persécutions nazies et émigre aux États-Unis. Travaille sur la nature et l’origine des tendances destructrices de l’homme, et notamment sur l’agressivité maligne, ensemble des perversions qui tiennent aux conditionnements de l’éducation et au système socio-économique et culturel (1975 : La passion de détruire) « La 2ème Guerre mondiale et la bombe atomique montrent aux hommes combien ils sont vulnérables. C’est par un choix conscient et une politique délibérée que l’humanité pourra survivre » « Qui sont ces réalistes, qui jouent avec des armes pouvant conduire à la destruction de toute la Terre ? Si un individu isolé faisait quelque chose de tel, on l’enfermerait tout de suite, et s’il était encore fier de son réalisme, les psychiatres reconnaîtraient là un symptôme sérieux de démence avancée. »
  • 23. 1976 : Raymond Aron (1905-1983), philosophe, sociologue, politologue, historien et journaliste français. Résistant, rédacteur à la revue Combat, puis au quotidien Le Figaro, et, durant ses dernières années, à L'Express. Ses convictions libérales et atlantistes lui attirent de nombreuses critiques, venant des partisans gauche comme de droite. Étudie le totalitarisme, les relations internationales, la guerre. Favorable à l’indépendance de l’Algérie dès 1957. Dénonce l'aveuglement et la bienveillance des intellectuels à l'égard des régimes communistes, mais garde toujours un ton modéré. « Toutes les spéculations sur les armes nucléaires se donnent, par hypothèse, le consentement à l’emploi des armes nucléaires contre les populations civiles, voire en certaines circonstances, la résolution d’un tel emploi, en lui-même monstrueux. La raison des stratèges nucléaires est, par essence, immorale, puisqu’elle accepte ou décide conditionnellement un acte pervers : l’extermination de milliers d’êtres humains…. Je reconnais la force de cette objection ; en une certaine mesure, je la tiens pour irrécusable. »
  • 24. 1977 : Edmond Maire (1931-2017), syndicaliste français, Secrétaire général de la ‘Confédération Française Démocratique du Travail’ (CFDT) de 1971 à 1988. Président de ‘Villages Vacances Familles’ (VVF), puis directeur de la société d’investissement solidaire ‘France Active’ (association d’insertion et d’aide à la création d’entreprises). « Nous considérons que le glissement progressif de la gauche française, qui est passée du refus de la force de frappe à sa "maintenance", comporte l’acceptation du risque d’un affrontement nucléaire. Nous ne nous y résignons pas. (…) À quoi sert-il de parler des désarmement atomique si c’est pour en renvoyer la réalisation à un lointain "plus tard" ? La grandeur d’un pays ne se mesure pas au nombre de ses bombes atomiques, mais à son apport au progrès de l’humanité. » (Le Monde, 17.08.1977)
  • 25. 1979 : Gregory Berglund Né en 1940 ?, États-unien, lieutenant de l’US Army. Affecté sur une base de l’OTAN en Angleterre, avec une vue d’ensemble du système de déclenchement des missiles nucléaires, détecte des failles dans le système de contrôle dont il a la responsabilité et fait un rapport sur la possibilité du lancement accidentel d’une bombe. Confie à un chef son angoisse et ses questions sur l’arme nucléaire et sur la guerre du Vietnam. Envoyé à un psychiatre militaire. Ses collègues officiers témoignent que durant trois ans, « jamais, à notre connaissance, son comportement en service ou hors service n’a laissé croire qu’il n’avait pas le contrôle absolu de ses facultés mentales. » Subit 6 mois d’internement psychiatrique, puis est déclaré inapte à la vie militaire. « J’ai vu le meurtrier en moi. Je me suis lancé sur sa piste et je l’ai traqué. C’est ça, mon histoire. Et j’espère bien vous entraîner sur la piste des meurtriers qui vivent en vous. »
  • 26. 1980 : L’IPPNW ‘L'Association internationale des médecins pour la pré- vention de la guerre nucléaire’ (International Physicians for the Prevention of Nuclear War - IPPNW) est créée en 1980 par le médecin russe Evgueni Chazov (1929-2021) cardiologue à Moscou, et le médecin lituanien naturalisé états-unien Bernard Lown (1921-2021), cardiologue à Boston, premier président de Physicians for Social Responsibility (PSR, fondé en 1961). La création de l'IPPNW est une initiative courageuse pour mettre de côté les différends géopolitiques de leurs deux pays, afin de parler d'une seule voix sur l'objectif nécessaire d'abolir les armes nucléaires. L’IPPNW obtient le ‘prix Unesco de l'éducation pour la paix’ en 1984 et le prix Nobel de la paix en 1985 pour "un service considérable à l'humanité en diffusant des informations faisant autorité et en créant une prise de conscience des conséquences catastrophiques de la guerre atomique". En septembre 2006, 26 ans après la date de sa création, l’IPPNW adopte une proposition lors de son congrès biennal à Helsinki (Finlande), pour lancer à l'échelle mondiale l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN)
  • 27. 1980 : Pierre Sudreau (1919-2012), homme politique centriste français. Résistant, membre du ‘réseau Brutus’, déporté à Buchenwald. Haut fonctionnaire dans le renseignement et de la Sécurité, puis dans l'urbanisme et les grands travaux, ministre jusqu'à sa rupture avec le général de Gaulle en 1962, en raison principalement de son refus de l’arme nucléaire. Maire de Blois, Européen convaincu. Manifeste son hostilité à la stratégie française de dissuasion nucléaire dans son livre La stratégie de l’absurde (1980)* « L’emploi des armes nucléaires relèguerait les camps de concentration et les chambres à gaz au rang des procédés artisanaux et relèverait en outre du suicide national.» « En cas de guerre nucléaire, le peuple survivrait en la personne de ses chefs… » « Futures victimes nucléaires de tous les pays, unissez-vous ! » « La France s’est trompée de combat; » * "Futures victimes nucléaires de tous les pays, unissez-vous !..." C'est l'appel que lance Pierre Sudreau, face à l'immense péril qui menace le monde. Le constat est effrayant : presque toutes les ressources de la Terre au service de la guerre ; le potentiel de destruction des arsenaux mondiaux multiplié plusieurs millions de fois en 25 ans ; quatre tonnes d'explosifs pour chaque être humain... Le suicide de l'hémisphère nord est inévitable si les dirigeants continuent à appréhender l'avenir avec les recettes du passé.
  • 28. Septembre 1980 : Daniel Berrigan (1921-2016), jésuite, poète et militant non-violent états-unien. Constate au Vietnam les effets des bombardements états- uniens. Son frère Philip, également jésuite, avait aspergé de sang en 1967 à Baltimore les registres des appelés à cette guerre. En mai 1968, avec 7 autres personnes, les 2 frères brûlent au napalm 378 fichiers dans le bureau d’incorporation de Catonsville. En septembre 1980, au sein d’un groupe de 8 protestataires, ils endommagent avec des marteaux (Isaïe, 2, 4) des enveloppes de têtes nucléaires destinées à des missiles dans l’usine King of Prussia de ‘General Electric’. « Nos excuses pour la transgression de l’ordre, la combustion de papiers au lieu d’enfants …»
  • 29. Avril 1980 : European Nuclear Disarmament Appeal (END) Le mouvement European Nuclear Disarmament - END (Appel pour le désarmement nucléaire en Europe’) est à l'origine un mouvement britan- nique créé en avril 1980 et mené, entre autres, par l’historien Edward Palmer Thompson (1924-1993), l’universitaire Mary Kaldor (née en 1946), l’écrivain et homme politique Ken Coates (1930-2010). Il est une réponse à la décision de l'OTAN, en déc. 1979, de riposter au changement par l'URSS de ses missiles moyenne portée en Europe avec son propre programme de modernisation nucléaire : missiles de croisière et Pershing, déployés en Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Italie : c’est la « crise des euromissiles ». Il se transforme en mouvement impliquant toute l'Europe pour une "Europe sans nucléaire, de la Pologne au Portugal", organisant une convention annuelle sur le désarmement nucléaire, de 1982 à 1991 : Bruxelles (1982), Berlin (1983), Pérouse (Italie, 1984), Amsterdam (1985), Évry (France, 1986), Coventry (Grande-Bretagne, 1987), Lund (Suède, 1988), Vitoria-Gasteiz (Espagne, 1989), Helsinki et Tallinn (Finlande et Estonie, 1990) et Moscou (1991). ../.. Photos : Edward P. Thompson, Mary Kaldor, Ken Coates
  • 30. Novembre1980 : L’appel de Krefeld Pendant la « crise des euromissiles », l'appel de Krefeld est un appel lancé par le mouvement de paix ouest-allemand au gouvernement fédéral de l'époque pour qu'il retire son approbation au stationnement de nouveaux missiles nucléaires à moyenne portée en Europe et qu'il fasse pression pour mettre fin à la course aux armements nucléaires au sein de l'OTAN. Soutenu par des membres de la Deutsche FriedensUnion (DFU) et les Grünen, il est présenté au public à Krefeld le 16 novembre 1980 et sera signé par plus de 4 millions d'Allemands en 1983. Le projet émane de Josef Weber (1908-1985, ancien colonel dans la Wehrmacht, membre de la Deutsche Friedens-Union), de l'ancien général de division de la Wehrmacht Gert Bastian (1923-1992), de sa compagne Petra Lehmann-Kelly (1947-1992, cofondatrice des Grünen) et de Christoph Strässer (avocat, né en 1940). Il est soutenu par des représentants du mouvement Kampf dem Atomtod (‘Combat contre la mort nucléaire’) de 1957/58, Martin Niemöller (théologien et pasteur, 1892-1984), Helmut Ridder (professeur de droit, 1919-2007), Karl Bechert (physicien théoricien,1901-1981) et Gösta von Uexküll (journaliste et écrivain, 1909-1993). L’appel est rejeté par les partis représentés au Bundestag et par le Deutscher Gewerkschaftsbund (DGB), confédération des syndicats allemands, en partie car il ne proteste pas contre l'arrestation de pacifistes en RDA et ne combine l'exigence du désarmement nucléaire avec l'exigence des droits humains dans le bloc de l'Est. Photos : Martin Niemöller, Karl Bechert
  • 31. 1982-1991 : END, IKV, CODENE Pendant les conventions annuelles sur le désarmement nucléaire, surtout à Pérouse et Amsterdam, s’instaure une intense coopération entre END et le Dutch Interchurch Peace Council (ou InterKerkelijk Vredes- beraad, IKV), et ses secrétaires généraux Mient Jan Faer et Wim Bartels. W. Bartels est aussi le président de l’International Peace Coordination and Cooperation Network (IPCC), fédération de mouvements animés par le même esprit, qui unissent leurs efforts contre les armes nucléaires et pour le soutien des initiatives indépendantes et dissidentes pour la paix en Europe de l'Est. En France, les positions du mouvement END sont défendues surtout par le CODENE (‘Comité pour le désarmement nucléaire en Europe’) dont font partie notamment Bernard Dréano, Claude Bourdet (Résistant), Jean Chesneaux (sinologue), Jean-Marie Muller et le général de Bollardière (MAN), Étienne Balibar (philosophe). Les Conventions END et le groupe britannique déclinent, à la fin des années 1980, à la suite du ‘Traité sur l'élimination des forces nucléaires à portée intermédiaire’ de 1987, qui supprimait la raison d'être de ces mouvements européens. Toutefois, les conventions ont continué jusqu'en 1991 (à Moscou) et la branche END de Grande- Bretagne s'est transformée, en 1989, en European Dialogue, groupe de pression pour encourager le développement de la démocratie et de la société civile, encore actif à l'heure actuelle. Photo du milieu : Wim Bartels, né en 1937, théologien néerlandais, politologue, Secrétaire international d’IKV et Président d’IPCC
  • 32. 1982 : Hyman Rickover (1900−1986), amiral états-unien d’origine polonaise. En service dans la marine de 1918 à 1982, promoteur de l'utilisation de l'énergie nucléaire pour la propulsion des navires de la flotte américaine (notamment en participant au programme de l'USS Nautilus (SSN- 571) en tant que membre de la commission de l'énergie atomique des États-Unis. Lorsque qu’il prend sa retraite à l’âge de 82 ans, regrette le rôle qu'il a joué dans la prolifération nucléaire et a appelle à un accord international pour interdire les armes et les réacteurs nucléaires en raison des dangers de radiation qu'ils posent. « Je serais prêt à renoncer à tous les avantages de l'énergie nucléaire pour la propulsion des navires, la recherche médicale et tous les autres fins de production d'énergie électrique, si nous avions pu éviter les armes nucléaires ». « À présent, lorsque nous avons recours aux armes nucléaires ou à l’électricité nucléaire, nous créons quelque chose que la nature a éliminé. (…) Je pense que la race humaine est en train de se ruiner, (…). Je ne pense pas que la puissance nucléaire vaille la peine dans la mesure où elle crée des radiations. »
  • 33. 1982 : Manifestation à New-York Au début des années 1980, la reprise de la course aux armements nucléaires déclenche de grandes protestations contre les armes atomiques. En octobre 1981, 500 000 personnes descendent dans la rue dans plusieurs villes d'Italie, plus de 250 000 personnes manifestent à Bonn, 250 000 à Londres et 100 000 à Bruxelles. « L'heure est venue pour l'humanité de mettre un terme à la folie et à l'immoralité de la course aux armements. L'Apocalypse n'est plus aujourd'hui une simple description biblique. Elle est devenue une possibilité tout à fait réelle. Jamais auparavant, dans l'expérience humaine, nous n'avons été placés sur l'arête étroite qui sépare la catastrophe de la survie" déclare, le 7 juin 1982, Javier Perez de Cuellar, secrétaire général des Nations unies, en ouvrant la session extraordinaire de l'assemblée générale sur le désarmement. Le 12 juin 1982, la plus grande manifestation politique de l'histoire du pays a lieu au Central Park de New York (photo du haut). Près d'un million de personnes y participent pour protester contre la course aux armements de la ‘guerre froide’.
  • 34. 1982 : Richard Falk et David Krieger R.F. : Né en 1930, professeur émérite en "International Law and practice" à l’Université de Princeton, vice-président de la Nuclear Age Peace Foundation. D.K. : avocat, docteur en sciences politiques, auteur, éditeur. Fondateur et président depuis 1982 de la Nuclear Age Peace Foundation. A donné des conférences à travers les États-Unis, l'Europe et l'Asie sur les questions de la paix, la sécurité, le droit international et l'abolition des armes nucléaires. Président du International Network of Engineers and Scientists for Global Responsibility (Réseau international des ingénieurs et scientifiques pour la responsabilité globale) , président du ‘Comité exécutif de l'Initiative’ des puissances moyennes, et l'un des fondateurs et membre du Conseil mondial de ‘Abolition 2000’. « Sensibiliser et plaider en faveur de la paix et d’un monde exempt d'armes nucléaires, encourager les acteurs de paix. »
  • 35. 1982 : Rebecca Johnson Britannique née en 1954, docteure en relations internationales et négociations de traités à la London School of Economics en 2004. Commence sa carrière militante en 1982, vit pendant cinq ans (1982-1987) au Greenham Common Women's Peace Camp, proteste contre la décision du gouvernement britannique de stocker des missiles de croisière à la base de la Royal Air Force de Greenham Common. Pendant ce temps, fonde le Aldermaston Women's Peace Camp. Dans les années 80, siége au Conseil de la CND (Campaign for Nuclear Disarmament) en tant que vice-présidente, en est vice-présidente. Organise la campagne de Greenpeace pour l’interdiction des essais nucléaires de jusqu'en 1992. Fondatrice en 1995 et directrice de l’Acronym Institute for Disarmament Policy, destiné à promouvoir des approches efficaces en matière de sécurité internationale, de désarmement et de maîtrise des armements. Vice-présidente du conseil d'administration du Bulletin of the Atomic Scientists de 2001 à 2007. Conseillère principale pour la Commis- sion internationale sur les armes de destruction massive (Commission Blix, 2004-2006). ../..
  • 36. Rebecca Johnson Participe à la campagne Faslane 365 en Ecosse en 2006- 2007 et fait partie du groupe de travail du gouvernement écossais sur les armes nucléaires. Cofondatrice et coprésidente de la ‘Campagne internatio- nale pour l'abolition des armes nucléaires’ (ICAN), membre du ‘Groupe international d'experts sur les matières fissiles’ (IPFM). Consultante pour l’ONU et le Parlement européen. Membre de l‘’International Institute for Strategic Studies (IISS). « Les 124 gouvernements qui ont soutenu cette importante déclaration sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires (présentée à Oslo en mars 2013 par la Nouvelle- Zélande) mettent la sécurité de leur peuple au-dessus des justifications militaristes que mettent en avant certains États pour justifier la possession des armes nucléaires. Agir pour l'interdiction des armes nucléaires est la meilleure façon de prévenir une catastrophe nucléaire dans l'avenir. »
  • 37. 1982 : Raymond Hunthausen Né en 1921, ingénieur chimiste états-unien, pilote de chasse de l’US Air Force. Ordonné prêtre en 1946, évêque de Helena puis archevêque de Seattle de 1975 à 1991. Connu et contesté en raison de ses prises de position sur la justice et la paix et de son engagement auprès des plus pauvres et démunis. En 1982, retient la moitié de ses impôts pour protester contre la construction de la base sous-marine de Kitsap-Bangor sur le Puget Sound, destinée à abriter des sous-marins lanceurs de missiles nucléaires Trident. « Quand des crimes se préparent en notre nom, nous nous devons de parler haut et fort. J’affirme, en pleine conscience des mots que j’utilise : Trident est l’Auschwitz de notre temps. (…) Je pense que l’enseignement de Jésus nous demande de rendre à un César bardé d’armes nucléaires ce qu’il mérite : le refus de l’impôt. (…) Certains appelleraient désobéissance civile ce que je vous presse de faire. Je préfère l’appeler obéissance à Dieu. » Photo : La base sous-marine de Kitsap-Bangor et un SNLE Trident
  • 38. 1982 : Louis Vitale Né en 1932, docteur en sociologie, pilote de l'US Air Force pendant la guerre de Corée. Prêtre franciscain, cofondateur en 1989 et porte-parole du mouvement de formation et d’action non-violente Pace e Bene. Également cofondateur en 1982 de Nevada Desert Experience, organisation qui pendant plus de 25 ans a organisé des manifestations devant l’entrée du camp d'essais nucléaires du Nevada. Engagé depuis 40 ans dans des combats pour la justice et la paix utilisant la désobéissance civile, arrêté plus de 200 fois, emprisonné plusieurs fois plus de 6 mois. « Il est maintenant grand temps d’écouter avec toute notre attention les survivants d’Hiroshima et Nagasaki, de l'atoll de Bikini, de Tchernobyl, de Three Mile Island, et les victimes atteintes du cancer en proximité du site d'essais du Nevada dans l'Utah et de nombreux autres endroits. »
  • 39. 1982 : Paul Crutzen et John Birks La théorie de l’hiver nucléaire est développée dans une étude réalisée par Paul J. Crutzen (Néerlandais né en 1933, chimiste, climatologue et créateur du terme ‘anthropocène ) et John W. Birks (né en 1946, chimiste états-unien) en 1982. Le résultat d’une guerre nucléaire serait la production d’une masse de fumée dans les couches basses de l’atmosphère entraînant des conséquences importantes pour le climat. La combinaison de l’obscurité et du froid provoquerait d’énormes dommages à la vie végétale dans les régions touchées, avec rupture des chaînes alimentaires (raréfaction des plantes, puis des herbivores, puis des carnivores faute de nourriture). Les radiations seraient meurtrières pour les êtres vivants dans les zones de retombées. Les oxydes d’azote dégraderaient la couche d’ozone. Owen B. Toon et Richard P. Turco ont également décrit les conséquences de la fumée dans la stratosphère tandis que les Soviétiques Georgiy Aleksandrov et Vladimir Stenchikov ont réalisé des simulations sur des modèles plus sophistiqués en 1983.
  • 40. Novembre 1983 : Jacques Gaillot Né en 1935, Français, évêque du diocèse d'Évreux en 1982. Ne vote pas en 1983 le texte Gagner la paix des évêques français qui légitime (avec des bémols) la dissuasion nucléaire. Est déchargé par Jean-Paul II de sa charge d’évêque d'Évreux en janvier 1995 en raison de l'expression de ses positions politiques, notamment contre l'arme nucléaire et pour la défense des minorités, considérée par ses pairs comme allant au-delà de la réserve demandée aux membres du clergé. Nommé évêque du diocèse virtuel de Partenia, reste engagé dans maintes luttes sociales, morales ou politiques, notamment au moyen de son site Internet. « J’ai salué avec joie la lettre pastorale des évêques américains Le défi de la paix. Une parole claire et courageuse condamne sans équivoque les armements nucléaires. (…) La commission française Justice et paix vient de publier des éléments de réflexion sur la dissuasion nucléaire française. Elle dénonce avec vigueur "les paradoxes logiques, stratégiques, éthiques de la dissuasion".(…) L’Église de France ouvrira-t-elle de nouveaux horizons à l’homme du XXème siècle finissant ? »
  • 41. 1983 : Solange Fernex Solange de Türckheim ép. Fernex (1934-2006), militante écologiste et non-violente française et alsacienne. Fonde, avec Antoine Waechter, le premier parti écologiste d'Europe, ‘Écologie et Survie’, en 1979. Tête de liste ‘Europe Écologie’ aux premières élections européennes en 1979. Jeûne 38 jours en 1983 à Taverny pour le désarmement nucléaire mondial, jeûne organisé aussi à Bonn et à San Francisco. Cofondatrice en 2001 de l'association ‘Enfants de Tchernobyl Bélarus’. Députée européenne de 1989 à 1995. Présidente de la section française de la ‘Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté’ (WILPF). « Cela va trop lentement, mais cela avance. Comme mon compatriote Albert Schweitzer, je suis pessimiste dans le diagnostic, optimiste dans le pronostic. Ce qui compte, c’est l’action, l’engagement. »
  • 42. 1984 : Jean-Louis Cahu Français né en 1959. École des officiers de réserve de l’armée de l’air d’Evreux. Pendant 5 ans officier dans les Forces aériennes stratégiques, coordonne des missions de bombardement par des avions Mirage IV en exercice au Q.G. de Taverny. Officier de tir des missiles S-3 du plateau d’Albion près d’Apt (Vaucluse) en 1984. Le 6 novembre, en pleine crise des euromissiles, déserte de son poste pour ne pas rester complice d’un système de dissuasion qui prend en otage des populations civiles. Envoie une lettre ouverte à la presse, se rend spontanément aux gendarmes de Dourdan (Essonne) le 2 décembre, est tout de suite incarcéré. Au terme d’un procès où témoignent le général Jacques de Bollardière et l’écrivain Bernard Clavel, est condamné en octobre 1985 par la Cour d'Appel de Nîmes à 37 jours de prison (en plus des 10 mois de détention provisoire) pour « désertion en temps de paix ». « Seule la désertion satisfait ma conscience d’homme. » « La course aux armements nucléaires représente un danger mortel, un gouffre financier, et un scandale face à tant de besoins non satisfaits. Il est urgent que nous entamions un processus de désengagement, que nos réfléchissions à des alternatives de défense. » Photo : Un missile de la base du plateau d’Albion
  • 43. 1984 : Patrice Bouveret Né en 1955, cofondateur à Lyon en 1984, avec Bruno Barrillot et Jean-Luc Thierry, et Président du ‘Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits’ (CDRPC), devenu en 2008 l’’Observatoire des Armements’. Cette association a pour objectif d’étayer les travaux de la société civile sur les questions de défense et de sécurité, dans la perspective d’une démilitarisation progressive. Elle s’intéresse à la course aux armements, aux ventes d’armes, aux conséquences des essais nucléaires. « Les exportations d’armes devraient être rendues publiques pour qu'il puisse y avoir un débat. Et surtout, il faudrait un instrument de vérification indépendant chargé d'accorder ou pas le droit à un État d'exporter vers tel ou tel pays. L'idéal serait que ce soit l'ONU, à travers une commission, qui soit chargée de donner ce droit ».
  • 44. 1985 : Abraham Béhar Né en 1932, biophysicien français et médecin nucléaire, ex- professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6). Ex-président de l’association International Physicians for the prévention of nuclear war (IPPNW, créée en 1980, Prix Nobel de la Paix 1985), président de l’ ‘Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire’ fondée en 1985 (AMFPGN). « La procédure d’alerte nucléaire toujours en vigueur entraîne par simple transmission (purement informatique) d’une arrivée éventuelle d’un missile "hostile", une décision en vingt minutes et une réponse globale en deux minutes seulement. Nous avons échappé, parfois par miracle comme en 1995 (avec déclenchement imminent du feu atomique par les Russes à cause d’une fusée norvégienne non identifiée), à l’allumage de cette mèche apocalyptique, toujours prête à être actionnée aujourd’hui. »
  • 45. Juillet 1985 : Fernando Pereira (1950-1985), photographe néerlandais d’origine portugaise, membre de l’organisation écologiste Greenpeace. Décédé le 10 juillet 1985 lors de l’explosion qui a coulé le Rainbow Warrior ("Guerrier Arc-en-ciel"), bateau de Greenpeace, amarré à Auckland en Nouvelle-Zélande. Cet homicide involontaire résulte d’un attentat commis par les services secrets français (DGSE), avec l’accord des plus hautes autorités de l’État, pour empêcher le bateau de protester contre les essais nucléaires français à Mururoa. La France versera 7 millions de dollars de dommages- intérêts à la Nouvelle-Zélande et 8,16 millions de dollars d’indemnités à Greenpeace.
  • 46. 1985 : Christian Mellon Né en 1943, jésuite français. Maîtrise en Peace Studies à l’université de Bradford (GB). Cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alternatives non violentes (1973-89). Corédacteur du livre La dissuasion civile (1985) à la demande du ministre de la défense Charles Hernu. Secrétaire de la ‘Commission Justice et Paix’ de l’épiscopat français (1997-2004). Membre du ‘Centre de recherche et d’action sociale’ (CERAS). « La France devrait se débarrasser du fardeau nucléaire, tout simplement parce qu’il lui pèse (financièrement, politiquement) et ne lui sert à rien pour la protéger de quelque menace que ce soit. Je conçois fort bien que l’on puisse être en désaccord avec cette affirmation, mais alors qu’on présente des arguments pour la réfuter : À quoi servent nos armes nucléaires ? De quoi nous protègent-elles ? Quels moyens nous donnent-elles pour intervenir là où nous jugeons légitime d’intervenir ? »
  • 47. 1986 : Hubert Reeves Né en 1932, astrophysicien, communicateur scientifique et écologiste québécois naturalisé français. Directeur de recherche au CNRS, consultant scientifique au ‘Commissariat à l’énergie atomique’ à Saclay. Coauteur en 1971 avec deux de ses étudiants d’un article fondamental concernant la nucléosynthèse stellaire. Certains lecteurs critiquant ce qu'ils considèrent comme son optimisme excessif, décide, en 1984, d'écrire sur la plus grande menace planétaire perceptible à l'époque, celle engendrée par la guerre froide. Publie ainsi L'Heure de s'enivrer en 1986, où il dresse, entre autres, un portrait inquiétant des arsenaux nucléaires des deux grandes puissances américaine et soviétique. « Ainsi, toutes ces combinaisons fertiles de la matière, cette activité nucléaire des étoiles, ce bourdonnement électromagnétique des nébuleuses, cette exubérance biochimique de l’océan primitif, tout cela n’aurait d’autres sens que de préparer l’holocauste nucléaire ? La conscience n’émergerait-elle – en quinze milliards d’années – que pour s’éliminer en quelques minutes ? Nous sommes les témoins et les acteurs de cette période de l’histoire où ces questions deviennent décisives. Si nous avons un rôle à jouer dans l’Univers, c’est d’ aider la nature à accoucher d’elle-même. (…) L’intelligence n’est pas nécessairement un cadeau empoisonné. L’absurde est encore évitable. L’éveil de la jubilation est, peut-être, l’antidote le plus efficace ».
  • 48. 1986 : Mordechai Vanunu Mordechai Vanunu, né en1954, technicien nucléaire israélien dans le site de Dimona (désert du Néguev, photo du haut), rejoint les mouvements de gauche en réaction à l'invasion israélienne au Liban en 1982. Il se lie à des militants au sein de l'université de Beer-Sheva où il étudie la philosophie pendant son temps libre. Il participe à de nombreuses manifestations de solidarité avec les peuples arabes. En 1986, il révèle au journal anglais The Sunday Times des détails sur le programme nucléaire militaire israélien dont notamment des photographies prises à l'intérieur du site nucléaire de Dimona. Converti au christianisme, il proclame qu’il agit « pour la paix afin de contribuer à la dénucléarisation du Moyen-Orient ». Après son enlèvement à Rome par les services secrets israéliens, il est jugé et condamné pour "trahison de secret d'État". Il passe18 ans en prison dont 11 en isolement total. À sa libération en 2004, il lui est interdit de prendre contact avec tout journaliste étranger. Récipiendaire du prix Nobel alternatif en 1987, « pour son coura- ge et son abnégation en révélant l'étendue du programme d'armement nucléaire d'Israël ». Jugé coupable en avril 2007 d'avoir parlé à des étrangers, en infraction avec les interdictions imposées par l'armée.
  • 49. 1987 : Sean Mac Bride (1904-1988), avocat et homme politique irlandais, fondateur d’Amnesty International, prix Nobel de la paix (1974). Crée en 1960 l’association ‘Justice’, devenue plus tard ‘Amnesty International’, pour défendre deux étudiants portugais condamnés à 7 ans de prison sous le régime de Salazar car ils demandaient la liberté d’expression. En 1987, rédige avec le professeur Hans Köchler l’ "Appel des juristes contre les armes nucléaires" puis, grâce à un rapport d’expertise, contribue à ce que la ‘Cour Internationale de Justice’ constate le caractère contraire au droit international du recours à l’arme nucléaire. Présent à maintes reprises le 6 août à Hiroshima pour la commémoration du bombardement et l’alerte sur les risques de la course aux armements nucléaires. « S’il est vrai qu’une opinion publique mondiale informée constitue la principale assurance contre la guerre nucléaire, il est évident que la presse et les médias doivent y jouer un rôle essentiel. Malheureusement, ils sont soumis à des terribles pressions politiques et économiques ».
  • 50. 1987 : Hans Köchler Né en 1948, Autrichien, professeur de philosophie à l’Université d'Innsbrück. Président de l'International Progress Organization, ONG dotée du statut consultatif auprès de l' ONU. Coprésident de l’‘Académie internationale de philosophie’. Ses recherches en philosophie politique et juridique et son engagement avec l'ONU l’amènent à une critique fondamentale du système international centré sur l'État et à des propositions concrètes pour la démocratisation de l'ONU et d'un système viable de justice pénale internationale. En 1987, avec le prix Nobel Sean MacBride, rédige l’Appel des juristes contre les armes nucléaires puis, grâce à un rapport d’expertise, contribue à ce que la ‘Cour Internationale de Justice’ constate le caractère contraire au droit international du recours à l’arme nucléaire.
  • 51. 1988 : William Bunge William Bunge (1928-2013), géographe et chercheur états-unien, professeur adjoint à l'université de Wayne State de Détroit, une des figures-clés de la révolution quantitative en géographie dans les années 1960, est surtout célèbre pour ses travaux sur la ville de Détroit. Mais il est également un militant anti-guerre et l’auteur d’un grand nombre de textes et de cartes sur la question de l’arme nucléaire. Son ouvrage Nuclear War Atlas, paru en 1982 sous forme de 28 affiches, puis édité en 1988, présente une analyse bousculant complète- ment le discours dominant, battant en brèche par exemple le scénario usé « une ville/une bombe », tout en donnant à saisir concrètement à quoi une guerre nucléaire pourrait réellement ressembler. Pour illustrer la puissance d’une seule bombe H de 20 mégatonnes, il se sert de l’image d’un convoi de trains chargé de TNT s’étirant sur toute la largeur des États-Unis, reliant les côtes pacifique et atlantique du pays. Grâce à lui la guerre nucléaire apparaît sans fard : chose gigantes- que par ses proportions, abyssale par ses conséquences. La guerre nucléaire en effet n’est pas à l’échelle du monde. « La planète est bien assez grande pour la paix, mais trop petite pour la guerre. »
  • 52. 1989 : Georges Moustaki Né Giuseppe Mustacchi (1934-2013), auteur-compositeur- interprète. Né à Alexandrie de parents juifs grecs de langue italienne, se prend de passion pour le français dans les livres de la librairie paternelle, parle arabe dans la rue, apprend l’anglais, entend toutes les langues avec gourmandise. Naturalisé français en 1985. Également artiste-peintre, écrivain et acteur. Écrit Milord pour Édith Piaf, Sarah pour Serge Reggiani, La dame brune pour Barbara. Chantre de l’amour, du plaisir, du partage et de la tolérance. Auteur de chansons à succès : Ma solitude, Joseph, Ma liberté, Le métèque, Le temps de vivre, etc. Dans la chanson Hiroshima (1989), célèbre les victimes de la guerre. Chante en soutien aux paysans du Larzac menacés d’expro- priation par un projet d’extension du camp militaire. « Par tous ceux qui sont déjà morts par tous ceux qui vivent encore par ceux qui voudraient vivre enfin peut-être viendra-t-elle demain. Par tous les rêves piétinés par l'espérance abandonnée à Hiroshima, ou plus loin peut-être viendra-t-elle demain, la paix ! »
  • 53. Août 1989 : Manifestation au Kazakhstan De 1949 à 1989, l'URSS a mené 456 essais nucléaires au-dessus et sous terre sur le site d'essais nucléaires de Semipalatinsk, ou polygone de Semey, dans la partie orientale du Kazakhstan. L'impact total des explo- sions nucléaires au Kazakhstan dépasse de 45 000 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima. Né en 1936, diplômé en géologie, journaliste et écrivain kazakh russophone, Olzhas Suleimenov acquiert une notoriété mondiale en 1989, lorsqu'il crée mouvement environnemental international Nevada-Semipala- tinsk*. Cette association fait campagne pour fermer à la fois les sites d’essais nucléaires du Nevada aux États-Unis et de Semipalatinsk au Kazakhstan. La plus grande manifestation a lieu le 6 août 1989, lors du 44ème anniversaire du bombardement nucléaire d’Hiroshima. Environ 50 000 personnes y participent (photo du haut). En 1989, le mouvement fait annuler 11 explosions sur les 18 prévues sur le site d'essai de Semipala- tinsk. « Notre conscience est empoisonnée par la peur de l'avenir. Nous avons peur de boire de l'eau, de manger, de donner naissance à des enfants ». Olzhas Suleimenov est ambassadeur du Kazakhstan auprès de l'UNESCO à Paris.
  • 54. 1990 : Alain Connan Après l’attentat des services secrets français contre le Rainbow Warrior le 10 juillet 1985, devient fondateur et Président de ‘Greenpeace France’, puis commandant du Rainbow Warrior II. En décembre 1990, se trouve debout, sur un Zodiac, au milieu d'un lagon du Pacifique, impassible, les bras croisés sur le torse face à la marine de guerre française, à la suite de quoi le président Mitterrand met fin aux essais nucléaires dans le Pacifique. Dans le livre Bras de fer à Moruroa, deux marins, deux hommes de convictions opposées, Alain Connan, ex-commandant du ‘Rainbow Warrior II’ et le capitaine de corvette Olivier Lajous*, ex-commandant de l’aviso‘ LV Lavallée’, livrent une joute chevaleresque sur les essais nucléaires à Mururoa et donnent leur opinion sur la décision du démantèlement des armes nucléaires. « Te souviens-tu des navires de guerre qui furent tes chiens de garde dans le Pacifique ? De l'aviso qui t'intercepta dans les eaux territoriales de l'atoll de Moruroa ? Le commandant... c'était moi ! » Les récits d’Alain Connan et d’Olivier Lajous sont encadrés par les interventions de Jean Rouaud, écrivain prix Goncourt 1990, Jean Moulin, commandant le Centre d’Expérimentations du Pacifique, Brice Lalonde, ministre de l’Environnement, Hubert de Gevigney commandant le bâtiment soutien au démantèlement des sites. * devenu ensuite amiral, puis DRH de la Marie nationale, puis consultant en RH Né en 1933, marin et militant écologiste français. Commandant de bord de la Marine marchande, adhère à ‘Greenpeace’ en 1979 pour défendre la mer (armes chimiques et fûts radioactifs largués au fond, massacre des baleines, pollution plastique, etc.). Quitte la Marine marchande en janvier 1983 et devient commandant de bord du Sirius pour ‘Greenpeace’.
  • 55. 1990 : Dominique Lalanne (1943-2022), retraité du CNRS où il a travaillé de 1966 à 2008 et où il était en fin de carrière directeur de recherches en physique nucléaire. Animateur du collectif ‘Armes nucléaires Stop’ créé en 1990 sous le nom de « STOP essais » pour s’opposer aux essais nucléaires en Polynésie. Président du collectif ‘Abolition des armes nucléaires- Maison de Vigilance’ créé en 2016 qui regroupe une vingtaine d'associations impliquées dans le désarmement nucléaire. Assiste à l'ONU aux assemblées du Traité de non-prolifération Travaille comme expert à l‘’Observatoire des Armements’ de Lyon. « L’arme nucléaire, c’est l’insécurité maximum. Il y a sur la Terre 2 000 bombes en état d’alerte, qui représentent chacune en moyenne 30 fois la bombe d’Hiroshima, c’est-à-dire un potentiel de destruction de 60 000 fois Hiroshima. Il ne s’est rien passé depuis 50 ans en matière de désarme- ment nucléaire parce que la société civile a démissionné face aux États. »
  • 56. Dominique Lalanne Pour expliquer 70 ans sans attaque contre l’Europe, la croyance simple est d’en attribuer la cause aux arme nucléaires occidentales. Une analyse plus fine conduit à conclure différemment : en cas d’échec (peu probable) d’une défense militaire conventionnelle des pays européens, la résistance civile qui aurait été exercée par les peuples d’Europe de l’Ouest aurait empêché l’URSS de dominer l’Europe, et la contagion démocratique envers les troupes d’invasion aurait au contraire menacé la dictature soviétique. Et finalement, c’est bien la résistance civile des peuples d’Europe de l’Est qui a mis fin au totalitarisme communiste. « La dissuasion "civile" qui exprime clairement qu'un pays envahisseur ne pourra pas tenir "le jour d'après" est une dissuasion réelle, alors que la dissuasion nucléaire qui exprime qu'il n'y aura pas de "jour d'après" est une aberration logique. Malgré la dissuasion nucléaire qui nous a fait passer très près d’une 3ème guerre mondiale, la dissuasion civile a permis de sauver la mise. »
  • 57. Dominique Lalanne « Une réflexion doit être menée sur le type de menace que peut exercer un pays comme la Russie à l’égard de l’Union européenne. Envahir pour dominer les richesses et se les approprier ? Dans ce cas, une frappe nucléaire est stupide, on détruit le pays que l’on veut exploiter ! Et il faut une armée puissante pour maintenir des pays sous une domination. Quelles sont les autres menaces possibles ? Faire plier un pays pour avoir des avantages économiques ? Dans ce cas, c’est une guerre commerciale, l’arme nucléaire n’a aucune utilité. Dans une guerre économique, financière, technologique… ou autre, l’arme nucléaire n’a aucun rôle pour faire plier un adversaire.»
  • 58. Dominique Lalanne Un ancien ambassadeur de France à la conférence du désarmement, Éric Danon, a pu dire que l’arme nucléaire garantit la sécurité de la France « comme une porte blindée garantit la sécurité d’un logement. » « En réalité, lui a répondu Dominique Lalanne, la dissuasion nucléaire n’est pas une porte blindée, c’est une porte grande ouverte avec, au-dessus, un panneau indiquant « Défense d’entrée, danger de mort ! ». Mais si un voleur ne croit pas à la menace de mort, il entre dans la maison… » Il y a tout lieu de croire qu’aucun agresseur potentiel de la France ou de l’Europe ne peut croire à la menace d’utilisation de l’arme nucléaire, compte tenu des conséquences d’une telle utilisation sur le pays destinataire et en retour sur le pays émetteur. Une arme inutilisable n’a aucun effet dissuasif.
  • 59. Déc. 1990 : Christian Bataille En décembre 1990, Christian Bataille, député PS du Nord, remet au Parlement le rapport sur la gestion des déchets nucléaires à haute activité, réalisé par ‘l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques’ (OPECST) « Le nucléaire militaire produit des déchets pour lesquels des problèmes de gestion se posent. [...] Il faudra certainement un jour que les responsables s’expliquent sur ce qu’ils ont fait et sur ce qu’ils vont faire des déchets qui résultent du programme militaire nucléaire français, et le Parlement ne devra pas, à notre avis, rester inactif dans ce domaine ». La loi du 30 déc. 1991 sur les recherches relatives à la gestion des déchets radioactifs, usuellement nommée ‘loi Bataille’, dispose : « La gestion des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue doit être assurée dans le respect de la protection de la nature, de l'environnement et de la santé, en prenant en considé- ration les droits des générations futures. » Le cadre législatif introduit par la ‘loi Bataille’ a été profon- dément rénové en juin 2006, à l'issue de la période de 15 ans maximum prévue par cette loi pour rendre compte de l'évaluation des recherches sur la gestion des déchets radioactifs.
  • 60. 1991 : Afrique du Sud L'Afrique du Sud est le seul pays à avoir construit des armes nucléaires puis à les avoir démantelées volontairement, et cela en même temps qu’il mettait fin à l'apartheid. Le 24 mars 1993, Frederik de Klerk, dans un discours au Parle- ment, déclare que l'Afrique du Sud avait construit 6 bombes atomiques prêtes à l’usage. Il affirme qu'elles ont été démantelées, ainsi que l'ensemble de l'armement nucléaire, avant que l'Afrique du Sud ne rejoigne le Traité de non-prolifération nucléaire des Nations unies (TNP) en juillet 1991. Il donne à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) un accès total au pays pour inspecter directement les sites du programme nucléaire et vérifier ses affirmations. En septembre 1992, l’Afrique du Sud entreprend de diluer une partie de son uranium hautement enrichi, et vend une partie de ses réserves aux États-Unis et au Royaume-Uni. Par ailleurs, en 1996, l’Afrique du Sud signe le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). L’Afrique du Sud a été le 7ème État africain à ratifier en mars 1998 le traité de Pelindaba qui fait du continent africain une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) et elle joue un rôle important dans sa mise en œuvre.
  • 61. 1991 : Jean Ferrat Jean Tenenbaum (1930-2010), fils d’un Juif russe naturalisé français et mort à Auschwitz, auteur-compositeur-interprète français, alterne chansons sentimentales, poétiques et engagées et a souvent maille à partir avec la censure. Fidèle à ses idéaux communistes, il fustige les guerres coloniales et les purge staliniennes. Il conserve sa liberté de penser et se démarque du Parti Communiste Français, notamment quand Georges Marchais évoque le « bilan globalement positif » du communisme. En 1991, dans son chant ‘La paix sur Terre’ , il s’insurge contre l’armement nucléaire : « Nous ne voulons plus de guerre, nous ne voulons plus de sang. Halte aux armes nucléaires, halte à la course au néant. Devant tous les peuples frères qui s'en porteront garants, déclarons la paix sur Terre, unilatéralement. La force de la France, c'est l'esprit des Lumières, cette petite flamme au cœur du monde entier, qui éclaire toujours les peuples en colère, en quête de justice et de la liberté. Parce qu'ils ont un jour atteint l'Universel dans ce qu'ils ont écrit, cherché, sculpté ou peint, la force de la France, c'est Cézanne et Ravel, c'est Voltaire et Pasteur, c'est Verlaine et Rodin. »
  • 62. 1991 : Bruno Barrillot (1940-2017), ex-prêtre aumônier du MRJC, DEA de Sécurité et défense, cofondateur en 1984 à Lyon du ‘Centre de recherche et de documentation sur la paix et les conflits’, devenu en 2008 ‘l’Observa- toire des Armements’. Contribue à la mise en place en 1991 du collectif ‘Stop essais !’ En 2001, cofondateur, avec Michel Verger, vétéran des essais nucléai- res au Sahara, de l'Association des Vétérans des Essais Nucléaires Français et leurs familles (AVEN) Délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires français auprès du gouvernement de Polynésie. Démis par Gaston Flosse en juin 2013. « Les problèmes de santé et environnementaux des populations proches des anciens sites d’essais nucléaires sont loin d’être résolus par les régimes de compensation en vigueur. C’est le cas aux îles Marshall, après les essais nucléaires américains, c’est le cas entre les populations aborigènes d’Australie et le gouvernement britannique. Sans parler du silence qui entoure les victimes Ouigours des essais chinois, mais aussi de la mauvaise tournure que prend le face à face franco-algérien pour négocier des réparations dues aux essais français dans le Sahara. »
  • 63. Bruno Barillot Les victimes de la préparation de la guerre nucléaire Leny Paris, né en 1970, militaire affecté dans les années 1990 à la base 200 de la force de frappe militaire atomique du plateau d'Albion (Vaucluse), base en service de 1970 à 1996. Gravement malade, atteint d'une nécrose osseuse et d'une fibromyalgie depuis son séjour en 1991 a passé près de 6 000 heures auprès des ogives de mort à l'intérieur des silos souterrains, sans protection aucune contre les radiations destructrices. Les gradés et la ‘Direction des Applications Militaires’ (DAM) du ‘Commissariat à l'Energie Atomique’ (CEA) avaient décidé que seuls des membres du SPRA (‘Service de Protection Radiologique’) serait équipés d'appareils de quantification de la radioactivité et que seuls des personnels du ‘Dépôt d'Armement et de Munitions Spéciales’ (DAMS) porteraient des combinaisons NBC (nucléaire, bactériologique, chimique). Après 18 années de confrontation avec les autorités et institutions, d'échanges incessants de courriers et de documents avec le ministère de la Défense, L. Paris dépose en fév. 2019, une plainte contre l'État auprès du Procureur de la République de Mont-de-Marsan. Une trentaine d'irradiés s'est constituée en association et d'autres plaintes des victimes sont à l'étude.
  • 64. 1993 : Bruno Chareyron Né en 19??, ingénieur français en physique nucléaire, depuis 1993 chef du laboratoire de la CRIIRAD, ‘Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité’. Étudie notamment la radioactivité du Polygone d’expérimentation de Pontfaverger-Moronvilliers, site du CEA-DAM d’environ 500 ha à 22 km de Reims, au cœur d’un terrain militaire. À partir de 1958, le CEA y a effectué des essais de détonateurs des bombes nucléaires, dans une centaine de puits et à l’air libre, et ou se trouvent encore 2,7 t d’uranium. Le CEA a mis en œuvre en œuvre du béryllium, de l’uranium appauvri et du tritium, éléments très nocifs. Damien Girard, maire de Pontfaverger, est très inquiet des conséquences sanitaires de la contamination des sols, de la nappe phréatique, etc. S’intéresse aussi à la pollution radioactive du fort de Vaujours, site de 50 ha situé sur les communes de Courtry et Vaujours (Ile-de-France), centre de recherches du CEA de 1955 à 1997 où ont été expérimentés aussi les détonateurs. Malgré les mise en garde de l’IRSN (‘Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire’), la société BP Placo (ex- Placoplatre), filiale du groupe Saint-Gobain, désire détruire la colline pour y exploiter les sols riches en gypse.
  • 65. Décembre 1993 : John Dear Né en 1959, jésuite états-unien. Milite longtemps contre la politique américaine en Amérique latine, le développement des armes nucléaires et la coopération d’institutions d’éducation jésuites avec les programmes américains de recrutement militaire, comme le ROTC (Reserve Officer Training Corps) Auteur de 28 livres sur la paix et la non-violence, conférencier. A travaillé dans des camps de réfugiés.Arrêté plus de 75 fois et emprisonné plusieurs mois après des actes de désobéissance civile contre l'injustice, la guerre (en Irak, en Afghanistan), et les armes nucléaires (martelage de bombardiers F 15). En décembre 1993, arrêté avec trois autres personnes à la base aérienne Seymour Johnson de Goldsboro, en Caroline du Nord , pour avoir martelé un chasseur bombardier nucléaire F-15. Directeur exécutif du MIR-IFOR (International Fellowship of Reconciliation) aux États-Unis de 1998 à 2001. Mission de paix en Afghanistan en 2012-2013 avec Afghan Peace Volunteers. « Si, pour revenir à nos racines, nous voulons proclamer l'Évangile de la paix et suivre Jésus le non-violent, nous aurons des ennuis pas seulement avec le Pentagone, mais avec les autorités ecclésiastiques… »
  • 66. 1994 : Jean-Luc Porquet Né en 1954, journaliste français. Étudiant à l’ICAM-Lille, lance un périodique étudiant, Le Clampin libéré, puis entre à l'École Supérieure de Journalisme de Lille. Après une collaboration avec Ouest-France et Actuel, écrit un livre-reportage pour lequel il vit durant trois mois comme sans domicile fixe. En 1994, intègre la rédaction du Canard enchaîné. Y tient une chronique intitulée "Plouf ! " qui traite de la technologie, de la mondialisation marchande et de l'écologie, et dénonce notamment la course aux armements nucléaires. « Chaque année, la France jette par la fenêtre environ 3,6 milliards (le montant exact est tenu secret) pour sa dissuasion nucléaire, et ce depuis plus de 70 ans. À partir de 2020, la dissuasion coûtera encore plus cher, environ 5 ou 6 milliards par an. Fervent partisans du petit jeu atomique du « Je te tiens, tu me tiens… », Macron vient de promettre aux armées de redoubler d’efforts pour que notre bombe qui ne sert à rien soit la plus moderne possible. (…) Puisqu’on vous dit qu’en rendant la menace plus crédible, ces bombes renforcent la paix ! »
  • 67. 1995 : Oscar Temaru Né en 1944, homme politique français de Polynésie française. Engagé dans la Marine nationale française pendant la guerre d’Algérie, indigné par le comportement de certains civils et militaires français envers les indigènes algériens. Retraité des douanes, chef de file du camp indépendantiste Tavini huiraʻatira et plus généralement de la gauche dans cet archipel. Opposant en 1ère ligne quand, en 1995, Jacques Chirac décide de reprendre les essais nucléaires à Mururoa. Élu président de la Polynésie française à 5 reprises de 2004 à 2011. Maire de Faʻaʻā, la plus peuplée des communes polynésiennes, voisine de Papeete, depuis 1983. En oct. 2018, dépose une plainte devant la ‘Cour Pénale Internationale’ pour crime contre l'humanité visant la France en raison des 193 essais nucléaires (46 aériens, puis 147 dans les sous-sols et sous les lagons - photo du bas) menés de 1960 à 1996 dans le Pacifique. « Pour nous, les essais nucléaires français ne sont que le résultat direct d'une colonisation. Contrairement au discours français, nous n'avons pas accepté d'accueillir ces essais, ils nous ont été imposés avec la menace directe de l'établissement d'une gouvernance militaire si nous refusions.»
  • 68. 1995 : Howard Zinn (1922-2010), historien et politologue états-unien. Professeur au département de science politique de l'université de Boston durant 24 ans (1964-1988). Acteur de premier plan du mouvement des droits civiques et du mouvement de paix aux États-Unis. Pendant la 2ème guerre mondiale, engagé et lieutenant dans l’armée de l’air (photo), effectue des bombardements sur Berlin, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, et sur Royan. Dans ses livres The politics of history et The Zinn reader, décrira comment le bombardement de Royan les 14 et 15 avril 1945 (au napalm, pour la première fois en Europe) fut décidé par la hiérarchie militaire pour des raisons qui tenaient plus à des considé- rations carriéristes qu'à des objectifs militaires légitimes. ../..
  • 69. Howard Zinn En 1995, dans un petit texte de 21 pages, analyse et dénonce les bombardements de Hiroshima et Nagasaki. « Les Japonais étaient sur le point de se rendre, et les chefs militaires américains le savaient. (…) La bombe a été considérée comme une arme diplomatique contre l'Union soviétique. » Par la suite, sa réflexion politique élève la désobéis- sance civile au rang de devoir. Édité un mois avant sa mort, son livre La bombe dénonce en parallèle le bombardement de Royan et celui d’Hiroshima. « Si le mot ‟terrorisme” a un sens (et je crois qu'il en a, parce qu'il qualifie un acte intolérable, l'utilisation aveugle de la violence contre les êtres humains dans un but politique), il s’applique exactement aux attentats d'Hiroshima et de Nagasaki. »
  • 70. 1995 : Alice Slater et Jackie Cabasso A.S., avocate états-unienne née en 1938, présidente du Global Resource Action Center for the Environment (GRACE), représentante à New York de la Nuclear Age Peace Foundation. Avec Jackie Cabasso, également membre de la Women's International League for Peace and Freedom (WILPF), initie en 1995 ‘Abolition 2000’, réseau mondial pour le désarmement nucléaire. Fait un travail remarquable à l'Organisation des Nations Unies pour obtenir un traité d’abolition des armes nucléaires et pour la promotion des énergies renouvelables. « Le monde a interdit le gaz moutarde, les armes chimiques et biologiques, les mines terrestres et des bombes à sous-munitions. Il n'y a aucune bonne raison de s'accrocher à notre dissuasion nucléaire qui est incapable de nous protéger contre les menaces réelles auxquelles nous sommes confrontés. »
  • 71. 1995 : La Commission de Canberra Créée en novembre 1995 par le Premier ministre australien Paul Keating en novembre 1995 en réaction à la reprise des essais nucléaires menés par la France, la commission de Canberra regroupe des experts stratégiques, scien- tifiques et politiques du monde entier* pour identifier les mesures permettant de progresser vers un monde dénucléarisé. Un ouvrage est publié en août 1996 à partir des 4 réunions de cette Commission (dont une à Vienne et une à New-York), ainsi qu’une déclaration, qui conclut qu’« un monde libéré des armes nucléaires peut être assuré et maintenu par un engagement politique, et pérennisé grâce à une structure juridique permanente et contraignante ». Le rapport est présenté par Alexander Downer, ministre australien des Affaires étrangères, aux Nations Unies le 30 septembre 1996 et à la Conférence sur le désarmement le 30 janvier 1997. * parmi lesquels le professeur Joseph Rotblat, récipiendaire du 1995 prix Nobel de la paix; Michel Rocard, ancien Premier ministre de la France; Robert McNamara, ancien Secrétaire à la défense des États-Unis et Président de la Banque mondiale; Général George Butler, ancien chef du Commandement aérien stratégique des États-Unis; Britt Theorin, président de la Bureau international de la paix; maréchal Michael Carver, ancien Chef d'état-major de la Défense britannique; Robert O'Neill, professeur d'histoire de la guerre à l'université d'Oxford et ancien directeur de l’Institut international d'études stratégiques; Jacques-Yves Cousteau, océanographe et environnementaliste. Photos : Paul Keating, Premier ministre d’Australie Alexander Downer, ministre australien des Affaires étrangères,
  • 72. 1996 : Le rapport de la commission de Canberra Voici les 4 premières des 10 conclusions de la commission : 1 - Les armes nucléaires sont extrêmement destructrices et toute utilisation serait catastrophique. 2 - Si les peuples du monde comprenaient pleinement les dangers des armes nucléaires et les conséquences de leur utilisation, ils les rejetteraient et ne permettraient pas leur possession continue ou leur acquisition par des États, même pour un prétendu besoin de légitime défense. 3 - Les armes nucléaires appartiennent à une poignée d'États qui s’en réservent le droit de détention. Ceci est totalement discriminatoire et incite constamment les États non dotés à les acquérir, créant une situation très instable. 4 - Les armes nucléaires ne sont pas pertinentes sur le plan militaire. Malgré la possession d'armes nucléaires, les États ont connu des défaites (États-Unis au Vietnam, URSS en Afghanistan, France en Algérie, etc.). La commission préconise l’application par les puissances nucléaire de l’article 6 du TNP : « Chacune des Parties au Traité s'en- gage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nuclé- aires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, etc. » Images : - Le rapport de la commission de Canberra, Éliminer les armes nucléaires, préfacé par Michel Rocard (1997) - le document du TNP
  • 73. 1996 : amiral Antoine Sanguinetti Antoine Sanguinetti (1917-2004), "amiral rebelle" et militant politique français. Résistant, participe au débarquement en Provence, Grand officier de la Légion d’honneur. En 1961, prend publiquement position contre le putsch des généraux à Alger. D’octobre 1967 à septembre 1968, commande le porte-avions Clemenceau lors de la deuxième campagne d’essais nucléaires français dans le Pacifique. Major général de la marine en 1972, vice-amiral d’escadre en 1974, membre du ‘Conseil supérieur de la marine’, président de la ‘Commission permanente des essais des bâtiments de la flotte’. En 1976, mis à la retraite anticipée en raison de ses critiques aux choix de Valéry Giscard d’Estaing. Soutient les paysans du Larzac menacés d’expulsion. Enquête en 1978 sur les dictatures militaires en Argentine et en Uruguay. Milite à la ‘Ligue des droits de l'homme’ et au ‘Mouvement de la paix’. Manifeste pour le démantèlement des missiles Pershing américains et SS-20 soviétiques en Europe. Signe des pétitions, dont un appel de 60 généraux européens, russes et étatsuniens pour l’abandon des armes nucléaires (1996). En 2001, soutient et milite auprès de l'AVEN (Association des vétérans des essais nucléaires). Dans Le vertige de la force (1984) critique la dissuasion nucléaire gérée par un petit nombre de responsables, propose des alternatives de défense beaucoup plus efficaces et moins suicidaires et appelle à une véritable défense européenne.
  • 74. 1996 : Jean-Marie Matagne Français né en 1944, docteur en philosophie. En 1991, conclut sa thèse sur "Le pouvoir et la puissance" en affirmant que le seul moyen d'éviter l'autodestruction de l'humanité est d'abolir les armes nucléaires. En 1996, créé l’association ‘Action des citoyens pour le désarmement nucléaire’ (ACDN – logo à droite). Fait une grève de la faim du 15 mai au 26 juin 2012 pour demander au nouveau président de la République François Hollande un "référendum sur la participation de la France à l'abolition des armes nucléaires". « Écrire à son député, son sénateur, ou demander à les rencontrer. Proposer au maire et au Conseil municipal d'adhérer à Abolition 2 000 et aux Maires pour la paix. Diffuser des informations et des analyses sur ses réseaux sociaux… On a le choix, il faut juste le vouloir. »
  • 75. 1998 : La New Agenda Coalition (NAC) Alors que des essais nucléaires ont été menés par l'Inde et le Pakistan, la ‘Coalition pour un nouvel ordre du jour’, New Agenda Coalition ou NAC), composée à l’origine de huit pays (Afrique du Sud, Brésil, Égypte, Irlande, Mexique, Nouvelle-Zélande, Slovénie et Suède), se forme à Dublin en juin 1998 autour de l’objectif ultime d’éliminer les armes nucléaires. Par une déclaration du 9 juin 1998, les ministres des Affaires étrangères de ces États appellent les 5 États dotés d'armes nucléaires et les 3 États à capacité nucléaire à s'engager sans équivoque en faveur du désarmement nucléaire et à entamer des négociations multilatérales qui conduiraient à l'élimination des armes nucléaires par le biais d'une convention internationale. Ils proposent une méthode pour parvenir à cet objectif, à savoir la définition d’un calendrier de désarmement. Toutefois, la NAC ne propose pas, à ce stade, d’agenda précis, en dehors d’une première étape constituée par un engagement immédiat à l’élimination totale et rapide des armes nucléaires. La NAC fait une déclaration lors de la réunion du Comité préparatoire du TNP en 1999. En septembre 2000, la NAC joue un rôle déterminant dans l'élaboration d'une percée lors de la Conférence d'examen du TNP. Alors que les perspectives au début de la conférence semblaient initialement sombres, la NAC propose 13 étapes, par lesquelles les États dotés d'armes nucléaires peuvent, conformément à l'article VI du TNP, avancer vers un désarmement nucléaire. Image du bas : David Andrews, ministre des Affaires étrangères d’Irlande (oct. 1997 à janv. 200)
  • 76. 1998 : Angie Zelter Née en 1951, militante britannique. Fondatrice de plusieurs groupes internationaux d’information et d’action, notamment Trident Ploughshares et International Woman's Peace Service. Cofondatrice de la campagne non-violente Snowball, et, en 1998, de Trident Ploughshares ("Les socs de charrue contre les Trident") , groupe militant contre l’armement nucléaire, ayant pour but de « transformer des épées en socs de charrue » (Isaïe, 2, 4 ). Le groupe attire l'attention des médias à la fois pour ses actions directes non-violentes et pour sa désobéissance civile massive aux portes des établissements de la Royal Navy liés aux systèmes d'armes Trident du Royaume-Uni. Il est lauréat du Right Livelihood Award en 2001 "pour avoir fourni un modèle pratique d'action directe fondée sur des principes de transparence et de non- violence en vue de débarras-ser le monde des armes nucléaires". ../..
  • 77. 1998 : Angie Zelter Mène de nombreuses campagnes d’action directe non-violentes, est arrêtée plus de 100 fois en Belgique, au Canada, en Angleterre, en Malaisie, en Norvège, en Pologne et en Écosse, subit 16 peines de prison. Se déclare "citoyenne du monde". Fonde en 2007 l'association Faslane-365 pour bloquer la base de sous-marins nucléaires de Faslane. En mars 2012, la police sud- coréenne l’arrête pour avoir fait obstruction à la construction de la base navale controversée de Jeju-do. « En 1999, trois d'entre nous ont pénétré dans une barge d'assistance technique au sous-marin Trident, nous avons jeté à la mer les ordinateurs et les matériels électroniques, nous avons détruit les boîtiers de commandes et coupé les câbles électriques. Cela nous a valu 5 mois de détention provisoire et un procès. Nous avons plaidé que nous appliquions le droit international pour prévenir des crimes de guerre. Le juge nous a donné raison et nous avons été acquittées ! »
  • 78. 1999 : George Lee Butler Pilote d’avion puis général états-unien né en 1939, dernier commandant du Strategic Air Command chargé de l’entretien et de la mise en oeuvre des missiles balistiques intercontinentaux. Après sa retraite de l'armée, appelle à l'abolition pure et simple des armes nucléaires. Avec sa femme, fonde en 1999 la Second Chance Foundation (Fondation de la Deuxième Chance), à Omaha (Nebraska), qui vise à réduire de manière responsable le nombre d'armes nucléaires dans le monde. « Je suis persuadé que la présence de ces dispositifs hideux ont inutilement prolongé et intensifié la guerre froide. (…) Les armes nucléaires jouent sur ​​nos peurs les plus profondes et se plient à nos instincts les plus sombres. » « Fondamentalement dangereuses, extraordinairement coûteuses, militairement inefficaces et moralement indéfendables. »
  • 79. 1999 : Marie-Hélène Aubert Née en 1955, professeure-documentaliste et titulaire d'un master II ‘développement agricole et politiques économiques’, députée des Verts à l’Assemblée nationale entre 1997 et 2002. Permet la tenue du premier colloque « Essais nucléaires français en Polynésie : exigences de vérité et propositions pour l’avenir », le 20 février 1999 dans le cadre des locaux de l’Assemblée Nationale. Pour la première fois dans ce haut lieu de la République, des représentants polynésiens de Hiti Tau, de l’Eglise Protestante, de l’Assemblée territo- riale peuvent exprimer leur position sur les essais nucléaires. Est aussi en octobre 2000 à l’initiative de la première proposition de loi sur le suivi sanitaire et environnemental des victimes des essais nucléaires français. Pour l'élection présidentielle de 2012, rejoint l'équipe de campagne de François Hollande dont elle anime le pôle « environnement, dévelop- pement durable, énergie ». En mai 2012, rejoint son cabinet à l’Élysée et la cellule diplomatique, en tant que conseillère du président de la Répu- blique pour les négociations internationales climat et environnement. Photo du bas : Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur les conséquences économiques, sociales et environnementales et sanitaires des essais nucléaires français présentée le 4 octobre 2000 par 11 députés, dont M.-H Aubert, Y. Cochet, M. Rivasi, N. Mamère. ■