En 2015, Gerhard, Johann et Sébastien Piront ont fait le choix du bio. Un choix mûrement réfléchi vu les contraintes technico-économiques que cela entraîne.
Wallonie Elevage - Une exploitation laitière bio avec robots de traite
1. WALLONIE ELEVAGES • AVRIL 2018 • 29
TÉMOIGNAGE
UNE EXPLOITATION LAITIÈRE BIO AVEC ROBOTS DE TRAITE
En 2015, Gerhard, Johann et Sébastien Piront ont fait le choix du bio. Un choix mûrement réfléchi vu les
contraintes technico-économiques que cela entraîne.
En 1990, Gerhard Piront a rejoint la ferme familiale sur
laquelle travaillait déjà son frère Johann. Durant 10 années,
il avait occupé la fonction de conseiller technico-économique
de l’APEDB de Liège. Depuis 2007, son fils Sébastien est
également revenu sur l’exploitation.
En 2015, cette ferme localisée à Amblève comptait 190 ha et
170 vaches. Elle produisait annuellement 1,4 millions de litres
de lait. Plusieurs éléments ont incité les éleveurs à s’intéresser
à la filière bio.
Certaines pratiques liées à la destruction totale des prairies
lors de l’implantation du maïs ou d’autres céréales et
l’utilisation de pesticides en général les interpellaient. Le souci
de transmettre un outil gérable en termes de volume de travail
à la génération montante était une autre préoccupation.
L’étable ne comptant pas suffisamment de logettes, des
investissements étaient nécessaires. Vu la superficie
fourragère disponible, la ferme était déjà gérée d’une
manière relativement extensive. Au niveau économique, la
prudence était de mise. Les simulations réalisées ont indiqué
que la baisse du chiffre d’affaires suite au recul du volume de
lait produit (500.000 litres) serait compensée par la marge
bénéficiaire plus importante. Le prix plus stable du lait a été
perçu comme sécurisant. La présence de 60 ha de prairie
autour de la ferme était favorable à une valorisation plus
importante de l’herbe.
La transition vers le bio qui s’étale sur 2 ans a débuté en 2015.
La moyenne d’étable a chuté de 1.500 litres pour se stabiliser
Une porte ouverte sera organisée le 26 août prochain dans cette exploitation.
à 7.000 litres. La consommation de concentrés est passée de
2.000 kg à 800 kg par vache et par an. Les vaches en reçoivent
maximum 6 kg par jour lors du pic de lactation et pratiquement
aucun en fin de lactation. La culture du maïs et céréales a été
arrêtée et la ration a été totalement réorientée vers l’herbe
(pâturage, ensilage, foin). A terme, les éleveurs comptent
produire des concentrés fermiers à partir de céréales bio
produites sur la superficie libérée suite au moindre nombre
de jeunes bêtes.
Lepassageaubiodemandeuneremiseenquestionimportante
au niveau de la gestion des prairies (pas de traitements
phytos, nécessité de disposer en permanence d’une jeune
herbe appétante), insiste Gerhard. Il est essentiel de toujours
proposer de l’herbe de qualité et en quantité. Les vaches
pâturent jour et nuit une herbe jeune et riche en trèfles. Il n’y
a plus de complémentation à l’étable hormis les concentrés.
Cethiver,lesvachesontrejointunenouvelleétableéquipéede
2 robots de traite. L’année 2018 sera celle de la mise au point
de la combinaison pâturage et robot. La surface pâturable a
été divisée en une quarantaine de parcelles séparées par des
clôtures mobiles et disposées le long de chemins d’accès. Une
barrière de sélection permettra d’envoyer les vaches dans au
minimum deux nouvelles parcelles par jour après passage au
robot. L’objectif est de maintenir au moins 2 traites par jour et
une production laitière de l’ordre de 25 litres par jour.
Vu les contraintes du bio en termes de traitements
vétérinaires, l’approche préventive est de mise. La traite
AGRICULTURE BIOLOGIQUE