La publication savante : pourquoi publier, le libre accès, les revues prédatrices, les indicateurs bibliométriques, où publier, les profiles de chercheur.
Nouveaux chercheurs - les enjeux de la publication
1. Nouveaux chercheurs –
Les enjeux de la publication
Mathieu Ayoub, M.S.I.
Bibliothécaire
Service de la bibliothèque
1
2. Objectifs
• Se familiariser avec les enjeux de la publication savante.
• Évaluer la pertinence d’une revue savante d’un point de vue
d’auteur.
• Maximiser la diffusion de ses travaux et la reconnaissance
reçue.
2
3. Au programme
La publication savante
• Pourquoi publier?
• L’histoire en dix minutes
• L’évaluation par les pairs
• Le libre accès
• Les revues prédatrices
• Les indicateurs bibliométriques
• Où publier?
• Les profils de chercheur
3
4. Quelques questions préliminaires
Le facteur d’impact 2018 de la revue Pain est de 5.559. Qu’est-
ce que ça signifie?
Qu’est-ce qu’un ORCiD?
Qu’est-ce qu’une revue prédatrice?
4
6. Pourquoi publier?
6
• Faire avancer la connaissance.
• S’en attribuer le mérite (et la responsabilité).
• Présenter la méthode (reproductibilité).
• Être récompensé (reconnaissance, prix, prestige, etc.).
7. Pourquoi publier? - L’histoire en dix minutes
Source : http://www.smbc-comics.com
7
Fin des années 1970 => crise économique
• Début des plans stratégiques.
• On veut orienter la recherche selon les
besoins de la société.
• Organismes subventionnaires
évaluent les retombées.
• Financement plus rare, compétition plus
grande, multiplication des publications
pour se démarquer.
• Effet Matthieu sur le financement, les
publications, les citations (Merton, 1968)
8. Pourquoi publier? - L’histoire en dix minutes
In short, there are many people (the oversupply factor) competing
for prestigious, desirable and scarce rewards and resources (the
funding factor), in a struggle that bestows those rewards
disproportionately on those of marginally greater achievement (the
tournament factor).
(Anderson, Ronning, De Vries, & Martinson, 2007, p. 441)
The emphasis on publishing has decreased the value of the resulting
scholarship as scholar must spend time scrambling to publish
whatever they can manage, rather than spend time developing
significant research agenda.
(Rawat & Meena, 2014).
8
9. L’évaluation par les pairs
9
Le chercheur soumet
son manuscrit à
l’éditeur d’une revue.
L’éditeur évalue la
qualité et la pertinence
de l’article.
Si l’article est
accepté, il est
envoyé à un
comité de
lecture.
Chaque membre du
comité fait part de
ses commentaires à
l’éditeur, qui prend
sa décision.
Si l’article est
refusé, c’est la
fin.
Si l’article est
accepté sans
modification, il est
publié tel quel.
Si l’article est accepté avec
modification, il est retourné à
l’auteur, qui doit retravailler
son manuscrit avant de le
soumettre une fois de plus.
Si l’article est
refusé, c’est la fin.
Objectif : évaluer la pertinence et
la validité d’une découverte.
10. L’évaluation par les pairs
Différents modes :
• Semi-aveugle : réviseurs anonymes, possibilités de conflits
d’intérêts.
• Double aveugle : réviseurs et auteurs anonymes, limite les
conflits, mais…
• Ouvert : stade expérimental, résultats mitigés.
10
11. L’évaluation par les pairs
Réponse de la communauté : mouvement vers la révision
ouverte. Ex. F1000.
• Plus d’articles acceptés.
• Publication plus rapide (évaluation postpublication).
• Publication plus fréquente de résultats négatifs ou de
répliques d’études.
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12. L’évaluation par les pairs
Qu’est ce qu’on évalue? (Anderson, 2018)
• Originalité de la recherche.
• Pertinence du sujet pour la revue.
• Pertinence de la question de recherche.
• Qualité de la méthodologie employée.
• Cohérence de la conclusion avec les données présentées.
• Style d’écriture.
• Entre autres.
12
13. L’évaluation par les pairs
Critiques :
• Difficile de trouver des évaluateurs.
• Favorise certains types de résultats.
• Évaluateurs font confiance au chercheur.
• Processus lourd (délais, multiples soumissions).
• Effet Matthieu
• Plusieurs failles (fraude, conflits d’intérêts, etc.).
• Un exemple parmi d’autres : le cas de Moon Hyung-In.
• N’empêche pas la publication de mauvais articles (articles refusés
s’en vont ailleurs… ou passent parfois l’évaluation des pairs).
13
15. Pourquoi publier? – Rappel
Un rappel:
• Faire avancer la connaissance.
• S’en attribuer le mérite (et la responsabilité).
• Présenter la méthode (reproductibilité).
• Être récompensé (reconnaissance, prix, prestige, etc.).
=> Des objectifs dont l’atteinte est facilitée par le libre accès.
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16. Le libre accès
Système traditionnel : au Québec, l’État finance la plupart des recherches, la
bibliothèque paie l’abonnement et le chercheur paie parfois des frais pour la
publication et effectue la révision par les pairs bénévolement...
16
Pendant ce temps, du côté des
grands éditeurs :
« Au cours des 25 dernières
années, leurs tarifs
d’abonnement ont ainsi
augmenté de près de 400 % et
leurs marges de profit avoisinent
les 40 %. »
(Source : Larivière, 2015)
17. Le libre accès
Voie verte : l’autoarchivage dans un dépôt institutionnel ou
disciplinaire. À l’UQTR : Cognitio.
• Permis par la plupart des éditeurs (penser à inclure l’addenda
SPARC).
• Gratuit.
• Préserve les résultats de la recherche et favorise leur diffusion.
• La version n’est pas toujours la même que celle publiée par
l’éditeur (distinctions entre version en prépublication, manuscrit
final et version de l’éditeur).
17
18. Le libre accès
Voie or :
• Articles en libre accès.
• Revues financées par des fonds publics.
• Frais de traitement imposés aux auteurs ou un accès réservé
payant aux publications récentes (embargo).
Les modèles hybrides :
• Revues traditionnelles permettant aux chercheurs de payer
pour rendre leurs articles disponibles en libre accès.
Le côté obscur :
• Piratage des articles.
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20. Le libre accès - Les avantages
Encouragé par les organismes subventionnaires :
« Les titulaires d’une subvention doivent s’assurer que les
articles découlant de la recherche financée par les organismes
qu’ils publient dans une revue avec comité de lecture sont
accessibles gratuitement dans les 12 mois qui suivent leur
publication. » (Gouvernement du Canada, 2016)
« Le libre accès devra se faire dans les meilleurs délais,
idéalement dans une période n’excédant pas six mois à partir
de la date de publication de l’article ou de diffusion en
congrès. » (Fonds de recherche Santé Québec, 2012)
20
21. Libre accès – Exercice (10 minutes)
Trouvez sur SHERPA/RoMEO la politique de partage de la
revue Nature et répondez aux questions suivantes :
• Si vous publiez dans Nature, pouvez-vous :
• Déposer votre article dans le dépôt institutionnel de
l’UQTR? Si oui, quelle version peut y être déposée?
• Partager le PDF de l’article (version de l’éditeur) sur votre
page personnelle?
21
22. Libre accès – Les désavantages
• Il faut prendre le temps de :
• Connaître ses droits (et prendre des mesures pour les
conserver).
• Déposer la bonne version de l’article sur la bonne plateforme.
• Surtout liés à la voie or :
• Frais de traitement.
• Prestige des revues parfois faible (mesuré entre autres par les
indicateurs bibliométriques).
• Attention aux revues prédatrices!
22
24. Les revues prédatrices
Au départ, ennuyantes (pourriels), mais comiques :
• Mazière, D., & Kohler, E. (2005). Get me off Your Fucking Mailing
List. International Journal of Advanced Computer Technology.
• « […] they automatically accepted the paper — with an
anonymous reviewer rating it as "excellent" — and requested
a fee of $150. » Source : vox.com
• Test de Bohannon (2013)
24
26. Les revues prédatrices
26
Croissance des éditeurs prédateurs par rapport à l'ensemble des éditeurs de revues en libre accès (2010-2016).
[Données tirées du DOAJ et de la liste de Beall]
27. Les revues prédatrices
Le Canada n’y échappe pas : Junk science under spotlight after
controversial firm buys Canadian journals
• Selon le PDG d’OMICS, cette entreprise prédatrice publie 700
revues, soit 50 000 articles par an, et offre 3 000 conférences
en 2018. (Indian Express, 2018)
Le Québec non plus : Fraudes : fausses revues scientifiques,
faux congrès
27
30. Les revues prédatrices – Les outils
Recherche Google
• Cherchez le nom de la revue + le terme predatory, et analysez les
résultats obtenus.
Directory of Open Access Journals
• Comprend uniquement des revues en libre accès.
• Toutes les revues qui s’y trouvent ne sont pas nécessairement
légitimes, malgré les efforts du DOAJ.
• Mais si une revue ne s’y trouve pas, méfiez-vous.
30
31. Les revues prédatrices – Les outils
Master Journal List de WoS
• Si une revue se vante d’avoir un facteur d’impact, elle se
trouvera nécessairement dans cette liste.
Scopus
• Si une revue se vante d’avoir un CiteScore, elle se trouvera
nécessairement dans cette base de données.
La liste des revues prédatrices de Beall
• Faisait office de référence jusqu’en 2017. Mise à jour depuis
par des sources anonymes.
31
32. Les revues prédatrices – Exercice
Est-ce une revue prédatrice? Pourquoi? (5 minutes)
http://austinpublishinggroup.com/austin-psychiatry/index.php
32
33. Les revues prédatrices – Exercice
Le cas du Journal of Engineering Technology
• Deux titres identiques. Laquelle de ces revues est légitime?
Laquelle est une revue prédatrice?
(5 minutes)
• https://www.engtech.org/jet/
• http://www.joetsite.com/
33
34. Les revues prédatrices
Et si on publie par erreur dans une revue prédatrice?
Si on a payé les frais et cédé nos droits, il n’y a plus rien à faire.
Sinon,
• Faites une demande de retrait de l’article à la revue
prédatrice.
• Payez les frais de retrait, si nécessaire.
• Soumettez à nouveau dans une revue légitime, en précisant
la situation.
• Une fois l’article accepté, ajoutez une mention que cette
version est la seule légitime.
34
36. Les indicateurs bibliométriques
• On parle souvent du facteur d’impact. Qu’est-ce?
• Exemple : Pain. Facteur d’impact 2018 : 5.559.
36
Facteur d’impact 2018 =
Nombre de citations reçues en 2018 pour des documents publiés en 2016 et 2017
Nombre d’articles publiés en 2016-2017
• But : mesurer l’impact de la revue sur la science.
• Problèmes?
• Inadéquation entre le numérateur et le dénominateur.
• Fenêtre de citations courte (deux options : 2 ans ou 5 ans).
• Comparaison entre disciplines hasardeuse.
• Utilisation du facteur parfois inadéquate.
37. Les indicateurs bibliométriques
• Plusieurs indicateurs sont utilisés aujourd’hui.
• Donne un chiffre, mais est-il toujours adapté?
• CiteScore (Scopus) : Principe similaire au Facteur d’impact,
mais :
• Corrige l’inadéquation entre numérateur et dénominateur.
• Inclut les citations des articles publiés sur 3 ans.
• Ex. Indice H => nombre h d’articles cités au moins un
nombre h de fois.
• Peter W. Higgs (Edinburgh) V.S. Alexandre Blais
(USherbrooke).
Consultez notre page web pour plus d’information. 37
39. Où publier?
Comment communiquer?
• Articles.
• Livres.
• Conférences.
• Dépôt de manuscrits (ArXiv).
• Blogues.
• Réseaux sociaux.
• Etc.
39
40. Où publier? - Suggestion de méthodes
1. Listez les revues pertinentes
• Faites le tour de votre revue de littérature pour identifier
les revues ayant publié les articles que vous citez.
• Repérez les revues dans lesquelles publient les auteurs
influents dans votre domaine de recherche.
• Demandez conseil à votre directeur et à vos collègues
chercheurs.
40
41. Où publier? - Suggestion de méthodes
2. Parmi ces revues, identifiez celles qui :
• Traitent de sujets similaires au vôtre.
• Visent l’auditoire que vous souhaitez atteindre (ex.
professionnels du Québec, chercheurs internationaux).
• Procèdent à une révision par les pairs.
• Sont ouvertes au type de recherche que vous avez
effectuée (appliquée vs théorique, multidisciplinaire vs
spécialisée).
• Autorisent le dépôt de votre manuscrit dans un dépôt
numérique.
• Publient dans la langue dans laquelle vous souhaitez
rédiger votre manuscrit.
• Sont indexées dans les principales bases de données.
• Attribuent un DOI aux articles publiés. 41
42. Où publier? - Suggestion de méthodes
3. Classez les revues restantes selon leur CiteScore ou
leur Facteur d’impact, le cas échéant.
• Si votre étude possède les caractéristiques d’une étude de
grande ampleur dans votre discipline (ex. longitudinal,
échantillon très large, résultat très novateur), rédigez votre
article selon les normes de la revue ayant le score le plus
élevé.
• Sinon, rédigez votre article selon les normes de la revue la
plus susceptible de publier votre résultat.
42
43. Où publier? - Suggestion de méthodes
D’autres méthodes:
• Consultez votre bibliothécaire disciplinaire.
• Utilisez l’onglet « Sources » de Scopus.
• Identifiez dans une base de données disciplinaires des articles
semblables au vôtre. Dans quelles revues ont-ils été publié?
• Utilisez des outils comme le Journal Finder d’Elsevier.
(Attention!)
43
44. Où publier?
Dans tous les cas, vérifier les politiques de droits d’auteurs et
d’archivage de la revue.
• SHERPA/RoMEO : http://www.sherpa.ac.uk/romeo/index.php
Et conservez vos droits d’auteurs : https://sparcopen.org/our-
work/author-rights/
44
45. Où publier? - Exercice
Quelle revue est la plus prestigieuse selon les indicateurs
bibliométriques? Cela vous aide-t-il à choisir dans quelle revue
publier? Les deux revues sont-elles susceptibles de publier des
articles semblables?
(10 minutes)
• Small Business Economics
• Journal of Economics and Business
45
46. LES PROFILS DE CHERCHEUR
Pour que tout le crédit vous revienne
46
47. Pourquoi se créer un profil?
• Désambiguïse votre nom.
• Permet à d’autres de trouver facilement vos publications.
• Vous fait connaître auprès de collaborateurs potentiels.
• Permet d’évaluer l’impact de vos publications.
• Mise à jour du profil souvent automatique.
47
48. ORCiD – Exercice (5 minutes)
Identifiant unique de chercheur.
• Facilite l’attribution du travail lors des demandes de
subventions, soumissions d’articles, etc.
• Peut se lier aux profils de chercheurs d’autres bases de
données (Scopus, Scholar, ResearchGate, Academia, LinkedIn,
etc.).
Création d’un ORCiD : https://orcid.org/
48
49. Votre devoir
Assurez-vous que vos profils soient à jour dans Google Scholar
et Scopus et qu’ils comprennent toutes vos publications.
Google Scholar
• Pour mettre à jour son profil
Scopus
• Pour mettre à jour son profil
49
50. À retenir
• Restez attentif aux enjeux de la publication savante.
• Publiez dans des revues de qualité.
• Pensez à maximiser la diffusion de vos découvertes grâce à
Cognitio.
• Facilitez votre identification grâce à l’identifiant ORCiD.
• Consultez votre bibliothécaire disciplinaire pour plus
d’informations sur la communication savante dans votre
domaine.
50
52. Quelques références
Anderson, M. S., Ronning, E. A., De Vries, R., & Martinson, B. C. (2007). The Perverse
Effects of Competition on Scientists’ Work and Relationships. Science and Engineering Ethics, 13(4), 437-
461. doi: 10.1007/s11948-007-9042-5
Anderson, R. (2018). Scholarly Communication : What Everyone Needs to Know. New York, NY : Oxford
University Press.
Bibliothèque de l’Université Laval. (2018). Bibliométrie et impact de la recherche. Repéré à
https://www.bibl.ulaval.ca/services/bibliometrie#contenu
Bibliothèque de l’UQTR. (2018). Communication savante. Repéré à
https://www.uqtr.ca/biblio/renseignementsgeneraux/communication01.shtml
Cossette, P. (2016). Publier dans une revue savante (2e éd.). Québec, QC: Presses de l’Université du
Québec.
Merton, R.K. (1968). The Matthew effect in science. Science, 159(3810), 56-63.
Sugimoto, C. R., Larivière, V., Ni, C., & Cronin, B. (2013). Journal acceptance rates: A cross-disciplinary
analysis of variability and relationships with journal measures. Journal of Informetrics, 7(4), 897-906. doi:
10.1016/j.joi.2013.08.007
Sugimoto, C. R., & Larivière, V. (2018). Measuring Research : What Everyone Needs to Know. New York,
NY: Oxford University Press.
Van Noorden, R. (2014). Online collaboration: Scientists and the social network. Nature, 512(7513), 126-
129. doi: 10.1038/512126a
52