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C’est mon métier ... : regard d’expert

Pas

Bertrand
Guély
partage ici son
expérience des
hommes et du
terrain et surtout
s’efforcera
d’apporter des
propositions
réalistes pour
que la situation
puisse s’améliorer
concrètement au
quotidien.

« Ils se gavent
les mûrisseurs
de banane ! On a
qu'à importer
nous-mêmes et faire
mûrir en prestation.
La banane, y'en
a partout dans
le monde, ça doit
pas être sorcier
de mûrir et, sans
intermédiaire,
on se fera plus de
marge ! » B
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quelques
années, la tentation
de l'import direct est
toujours plus forte
pour la GD tant elle
est convaincue que
les
importateurs
prélèvent une marge indécente
(un rapide coup d'œil au top 100
des entreprises les plus rentables
montre qu'ils se trompent) ou plutôt que cette marge complémentaire leur serait fort utile pour
améliorer la rentabilité jugée insuffisante du rayon FL. Pourtant, estce aussi simple d'importer directement ? Quelles sont les erreurs
les plus classiques à ne pas commettre ? Les 4 péchés capitaux ?

Orgueil

Retrouvez
Bertrand Guély
et son regard
d'expert sur :
www.vegetable.fr

Qu'on l'accepte ou pas, on ne s'improvise pas importateur de FL du
jour au lendemain. Importer est un
vrai métier pour lequel des compétences professionnelles lourdes et
spécifiques sont nécessaires : langues étrangères (le basique anglaisespagnol... mais la pratique du russe
ou même du chinois est appréciée),

© Aleph Studio

d’improvisation

connaissance de la logistique au long
cours (frêt maritime et aérien, incoterms, procédures douanières et
phytosanitaires spécifiques à chaque
pays, coutumes locales...), capacité
du personnel à travailler en autonomie ici et à l'étranger.

Avarice
Le jour ou on décide d'importer
directement, il faut, pour un certain
nombre d'espèces, être prêt à faire
des avances de trésorerie en production, ou payer tout ou partie de
la facture contre remise du Bon de
Livraison, ce qui est viscéralement
contraire aux habitudes de règlement de la GD à ses fournisseurs...
L'import direct nécessite des capitaux qu'il peut paraitre plus rentable
a court terme d'investir dans des projets plus en relation avec le core-business : ouvrir ou rénover des points
de vente, compléter le maillage plateformes, acheter des camions...
Généralement, la GD veut « y aller »
mais... ne veut y mettre qu'un budget minimum. Beaucoup de tentatives ont avorté car le Bureau Import,
dote d'un budget insuffisant,

Importer des f&l est
un vrai métier pour lequel
des compétences professionnelles
lourdes et spécifiques
sont nécessaires.

était en fait réduit à quelques pistoleros injoignables, peu ou pas suivis des équipes nationales et plus
occupés à collectionner les Miles,
se forger de beaux souvenirs, voir à
monter quelques business personnels... Dans ce cas, le Bureau Import
durera le temps que le contrôleur de
gestion de la Centrale s'aperçoive
son existence et pose des questions
sur sa réelle valeur ajoutée...
De plus, malgré tous les moyens de
communication modernes, l'import
oblige à se déplacer un minimum en
production (sourcing, audit qualité
préalable, contrôle au chargement,
préparation et bilan de campagne,
relationnel pur...), au port (contrôle
à l'arrivée, dédouanement...), en plateforme de réception si litige... Tout
cela a un coût et, comme au poker, il
faut d'abord payer pour voir.
Si l'aventure de l'import direct
est généralement décidée par le
top management, le grand projet
accouche finalement souvent de
quelques bureaux de sourcing dans
les pays les plus simples à gérer
(Espagne, Italie,...) ou quelques
acheteurs plus aventuriers que la

28 • vegetable.fr • no 305 / novembre 2013

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La tentation de l’import direct
...
moyenne, secondés d'assistantes
locales, tentent de convaincre au
quotidien les jaloux restés en France
qu'à défaut d’être obligatoire, il est
financièrement plus intéressant de
passer par eux.

Envie
Certains ont en leur temps pensé
qu'il suffisait de racheter des chalutiers à des pêcheurs étranglés par
les crédits et en dépendance économique pour prendre une bordée
d'avance ou d'acheter des usines de
fleurs pour résoudre le problème de
la composition de bouquets frais à
la demande. L'intégration verticale
totale a toujours fait envie au distributeur, surtout sur un marché ou le
juteux développement de la MDD
est compliqué voire impossible
hors produits conditionnés non 1e
gamme. Elle est considérée alors
comme l’arme absolue pour supprimer les intermédiaires censés
s’enrichir aux différents niveaux de
la filière. Cette intégration verticale
commence par l’import direct mais
n’a finalement que peu d’intérêt si
elle s'arrête là.

Paresse
L'import direct induit par essence
une prise de risque à laquelle la GD
n'est habituée que pour quelques
rares rayons (textile, jouets,...) et
qu'elle a coutume de reporter en
grande partie sur ses fournisseurs
à grand renfort de pénalités en tous
genres (défaut de service, retard, non
conformité totale ou partielle, couverture du risque de change...).
En FL, il est beaucoup plus simple
d'attendre tranquillement que le produit soit à Rotterdam ou à Rungis
pour demander régulièrement des
cotations et mettre en compétition
les différents importateurs d'une
espèce pour lesquels le temps est
un mauvais allié. En complément,
l'acheteur peut décider de faire appel
aux fossoyeurs hollandais et de vivre
des à-coups du marché en croyant
faire des économies. Mais fait-il vraiment son métier ? Assurément, le
métier n'est pas de livrer aux magasins et aux clients ce qu'il trouve
mais de planifier à l'avance pour
livrer aux magasins et aux clients ce
qu'ils veulent.

Se lancer dans l'import direct est
donc assez légitime pour la GD mais
doit être fait en prenant des précautions. Voila 10 conseils pour bien
l’appréhender :
1 Faire de la Direction Générale
l'initiateur et 1er porteur du projet.
2 Faire les choses avec de vrais
moyens ou ne rien faire du tout.
3 Au moment de rassembler une
équipe, embaucher plutôt en externe
de vrais spécialistes plutôt que de
tenter de recycler en interne des
novices.
4 Plutôt que de faire se déplacer
des « voltigeurs », implanter un vrai
bureau sur place, capable d'agréer au
départ, de s'assurer du chargement à
l'heure et en respectant la chaine du
froid, de mettre un peu d'huile en
cas de grève...
5 Si l'enseigne n'est pas intégrée,
l'éclatement des lots à l'arrivage doit
être acté avant, sans possibilité de
refus interne car il s'agit de toute
façon de marchandise qui appartient
à l'enseigne.
6 Ne pas accepter, ou pire, imposer d'exclusivité débouchés client
au Bureau Import, pour réduire
le risque du client unique. Nous
sommes dans l'univers des produits
frais et, si les magasins de l'enseigne
ont moins de besoins que les quantités importées, il faut pouvoir les
vendre à d'autres clients, et éviter
à tout prix les flux poussés générateurs de casse magasin pouvant tuer
la démarche dans l'œuf.
7 Démarrer avec des espèces
« solides », volumétriques, d'origines sures et pouvant être commercialisées en l'état (sans murissage
ou reconditionnement) : agrumes,
pommes, poires... plutôt que banane
ou avocat !
8 Démarrer avec une partie seulement des volumes de l'enseigne.
Ils seront pré-vendus et l'enseigne
pourra comparer avec ses achats
traditionnels.
9 Attention aux structures trop
lourdes qui, finalement, couteraient plus cher qu'un importateur,
qui l'amortit lui sur de nombreux
clients.
10 Mesurer régulièrement les gains
réels, financiers mais aussi commerciaux : démarrage des campagnes,

Première et dernière fois

« J’en veux pas de tes cerises,
mon grossiste me les fait
moins cher ! »

J

e me souviens du début de ma carrière et d'un jeune
collègue acheteur qui, plein d'enthousiasme un peu candide,
avait importé en direct de la cerise du Chili pour les fêtes
de fin d'année. Logistique avion capricieuse, produit cher au
kilo et extrêmement fragile, risque élevé de litige qualité au
déchargement ou de tenue entrepôt si l'éclatement plateformes
puis magasins n'est pas immédiat... En d'autres termes, il avait
décidé crânement de démarrer son concours de saut à la perche
avec une première barre à 5,80 m ! C'était un bon acheteur
et pas simplement une machine à répéter « trop cher ! ».
Volumes prévus finement sur la base des sorties caisses n-1,
avance d'une partie du règlement, camions attendant à l'arrivée
de l'avion, produit de qualité impeccable... tout s'est passe à
merveille jusqu'a la livraison en plateformes. Après, une bonne
partie du lot a tout simplement pourri sur place, nouvelle
victime de la sacro-sainte liberté des magasins d'acheter à la
Centrale ou ailleurs. Il avait beau s'épuiser à expliquer que
« Chili par avion », que « variété noble et gustative Bing », que
« calibre vendeur 26/28+ », que « produit sous poche et donc
frais et croquant »... il se voyait rétorquer le bon vieux « une
cherise, ch'est une cherise min garchon ! Et min grossiste l'est
moins cher ! ».
Il n'a jamais plus essayé l'import direct. Importer directement
dans une enseigne non intégrée est souvent suicidaire car le
débouché produit n'est pas garanti et tributaire du bon vouloir
de chaque magasin.

sécurisation de l'approvisionnement, linéarité du prix, capacité de
ne pas compter les coûts et de communiquer sur un prix très agressif
déconnecté du marche dont certains
mousquetaires se sont fait une spécialité à la rentrée des classes...

Bonus
Découvrez un autre
encadré sur le thème
de l’import sur
www.vegetable.fr
Rubrique distribution/
regard d’expert

Côté fournisseurs, il est vain de lutter
frontalement contre cette tendance
mais astucieux de se positionner en
complément pour le murissage, l'affinage, le conditionnement, la prise
de risque pour les produits fragiles
et/ou chers....et les volumes complémentaires que ne manqueront pas de
vous commander humblement les
importateurs en herbe au premier
contre temps...

Le mois prochain
La relation
avec le fournisseur

no 305 / novembre 2013 • vegetable.fr • 29

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  • 1. Grande distribution C’est mon métier ... : regard d’expert Pas Bertrand Guély partage ici son expérience des hommes et du terrain et surtout s’efforcera d’apporter des propositions réalistes pour que la situation puisse s’améliorer concrètement au quotidien. « Ils se gavent les mûrisseurs de banane ! On a qu'à importer nous-mêmes et faire mûrir en prestation. La banane, y'en a partout dans le monde, ça doit pas être sorcier de mûrir et, sans intermédiaire, on se fera plus de marge ! » B G D ertrand uély epuis quelques années, la tentation de l'import direct est toujours plus forte pour la GD tant elle est convaincue que les importateurs prélèvent une marge indécente (un rapide coup d'œil au top 100 des entreprises les plus rentables montre qu'ils se trompent) ou plutôt que cette marge complémentaire leur serait fort utile pour améliorer la rentabilité jugée insuffisante du rayon FL. Pourtant, estce aussi simple d'importer directement ? Quelles sont les erreurs les plus classiques à ne pas commettre ? Les 4 péchés capitaux ? Orgueil Retrouvez Bertrand Guély et son regard d'expert sur : www.vegetable.fr Qu'on l'accepte ou pas, on ne s'improvise pas importateur de FL du jour au lendemain. Importer est un vrai métier pour lequel des compétences professionnelles lourdes et spécifiques sont nécessaires : langues étrangères (le basique anglaisespagnol... mais la pratique du russe ou même du chinois est appréciée), © Aleph Studio d’improvisation connaissance de la logistique au long cours (frêt maritime et aérien, incoterms, procédures douanières et phytosanitaires spécifiques à chaque pays, coutumes locales...), capacité du personnel à travailler en autonomie ici et à l'étranger. Avarice Le jour ou on décide d'importer directement, il faut, pour un certain nombre d'espèces, être prêt à faire des avances de trésorerie en production, ou payer tout ou partie de la facture contre remise du Bon de Livraison, ce qui est viscéralement contraire aux habitudes de règlement de la GD à ses fournisseurs... L'import direct nécessite des capitaux qu'il peut paraitre plus rentable a court terme d'investir dans des projets plus en relation avec le core-business : ouvrir ou rénover des points de vente, compléter le maillage plateformes, acheter des camions... Généralement, la GD veut « y aller » mais... ne veut y mettre qu'un budget minimum. Beaucoup de tentatives ont avorté car le Bureau Import, dote d'un budget insuffisant, Importer des f&l est un vrai métier pour lequel des compétences professionnelles lourdes et spécifiques sont nécessaires. était en fait réduit à quelques pistoleros injoignables, peu ou pas suivis des équipes nationales et plus occupés à collectionner les Miles, se forger de beaux souvenirs, voir à monter quelques business personnels... Dans ce cas, le Bureau Import durera le temps que le contrôleur de gestion de la Centrale s'aperçoive son existence et pose des questions sur sa réelle valeur ajoutée... De plus, malgré tous les moyens de communication modernes, l'import oblige à se déplacer un minimum en production (sourcing, audit qualité préalable, contrôle au chargement, préparation et bilan de campagne, relationnel pur...), au port (contrôle à l'arrivée, dédouanement...), en plateforme de réception si litige... Tout cela a un coût et, comme au poker, il faut d'abord payer pour voir. Si l'aventure de l'import direct est généralement décidée par le top management, le grand projet accouche finalement souvent de quelques bureaux de sourcing dans les pays les plus simples à gérer (Espagne, Italie,...) ou quelques acheteurs plus aventuriers que la 28 • vegetable.fr • no 305 / novembre 2013 VG305_Assemblage_Interieur.indd 28 28/10/13 17:48
  • 2. La tentation de l’import direct ... moyenne, secondés d'assistantes locales, tentent de convaincre au quotidien les jaloux restés en France qu'à défaut d’être obligatoire, il est financièrement plus intéressant de passer par eux. Envie Certains ont en leur temps pensé qu'il suffisait de racheter des chalutiers à des pêcheurs étranglés par les crédits et en dépendance économique pour prendre une bordée d'avance ou d'acheter des usines de fleurs pour résoudre le problème de la composition de bouquets frais à la demande. L'intégration verticale totale a toujours fait envie au distributeur, surtout sur un marché ou le juteux développement de la MDD est compliqué voire impossible hors produits conditionnés non 1e gamme. Elle est considérée alors comme l’arme absolue pour supprimer les intermédiaires censés s’enrichir aux différents niveaux de la filière. Cette intégration verticale commence par l’import direct mais n’a finalement que peu d’intérêt si elle s'arrête là. Paresse L'import direct induit par essence une prise de risque à laquelle la GD n'est habituée que pour quelques rares rayons (textile, jouets,...) et qu'elle a coutume de reporter en grande partie sur ses fournisseurs à grand renfort de pénalités en tous genres (défaut de service, retard, non conformité totale ou partielle, couverture du risque de change...). En FL, il est beaucoup plus simple d'attendre tranquillement que le produit soit à Rotterdam ou à Rungis pour demander régulièrement des cotations et mettre en compétition les différents importateurs d'une espèce pour lesquels le temps est un mauvais allié. En complément, l'acheteur peut décider de faire appel aux fossoyeurs hollandais et de vivre des à-coups du marché en croyant faire des économies. Mais fait-il vraiment son métier ? Assurément, le métier n'est pas de livrer aux magasins et aux clients ce qu'il trouve mais de planifier à l'avance pour livrer aux magasins et aux clients ce qu'ils veulent. Se lancer dans l'import direct est donc assez légitime pour la GD mais doit être fait en prenant des précautions. Voila 10 conseils pour bien l’appréhender : 1 Faire de la Direction Générale l'initiateur et 1er porteur du projet. 2 Faire les choses avec de vrais moyens ou ne rien faire du tout. 3 Au moment de rassembler une équipe, embaucher plutôt en externe de vrais spécialistes plutôt que de tenter de recycler en interne des novices. 4 Plutôt que de faire se déplacer des « voltigeurs », implanter un vrai bureau sur place, capable d'agréer au départ, de s'assurer du chargement à l'heure et en respectant la chaine du froid, de mettre un peu d'huile en cas de grève... 5 Si l'enseigne n'est pas intégrée, l'éclatement des lots à l'arrivage doit être acté avant, sans possibilité de refus interne car il s'agit de toute façon de marchandise qui appartient à l'enseigne. 6 Ne pas accepter, ou pire, imposer d'exclusivité débouchés client au Bureau Import, pour réduire le risque du client unique. Nous sommes dans l'univers des produits frais et, si les magasins de l'enseigne ont moins de besoins que les quantités importées, il faut pouvoir les vendre à d'autres clients, et éviter à tout prix les flux poussés générateurs de casse magasin pouvant tuer la démarche dans l'œuf. 7 Démarrer avec des espèces « solides », volumétriques, d'origines sures et pouvant être commercialisées en l'état (sans murissage ou reconditionnement) : agrumes, pommes, poires... plutôt que banane ou avocat ! 8 Démarrer avec une partie seulement des volumes de l'enseigne. Ils seront pré-vendus et l'enseigne pourra comparer avec ses achats traditionnels. 9 Attention aux structures trop lourdes qui, finalement, couteraient plus cher qu'un importateur, qui l'amortit lui sur de nombreux clients. 10 Mesurer régulièrement les gains réels, financiers mais aussi commerciaux : démarrage des campagnes, Première et dernière fois « J’en veux pas de tes cerises, mon grossiste me les fait moins cher ! » J e me souviens du début de ma carrière et d'un jeune collègue acheteur qui, plein d'enthousiasme un peu candide, avait importé en direct de la cerise du Chili pour les fêtes de fin d'année. Logistique avion capricieuse, produit cher au kilo et extrêmement fragile, risque élevé de litige qualité au déchargement ou de tenue entrepôt si l'éclatement plateformes puis magasins n'est pas immédiat... En d'autres termes, il avait décidé crânement de démarrer son concours de saut à la perche avec une première barre à 5,80 m ! C'était un bon acheteur et pas simplement une machine à répéter « trop cher ! ». Volumes prévus finement sur la base des sorties caisses n-1, avance d'une partie du règlement, camions attendant à l'arrivée de l'avion, produit de qualité impeccable... tout s'est passe à merveille jusqu'a la livraison en plateformes. Après, une bonne partie du lot a tout simplement pourri sur place, nouvelle victime de la sacro-sainte liberté des magasins d'acheter à la Centrale ou ailleurs. Il avait beau s'épuiser à expliquer que « Chili par avion », que « variété noble et gustative Bing », que « calibre vendeur 26/28+ », que « produit sous poche et donc frais et croquant »... il se voyait rétorquer le bon vieux « une cherise, ch'est une cherise min garchon ! Et min grossiste l'est moins cher ! ». Il n'a jamais plus essayé l'import direct. Importer directement dans une enseigne non intégrée est souvent suicidaire car le débouché produit n'est pas garanti et tributaire du bon vouloir de chaque magasin. sécurisation de l'approvisionnement, linéarité du prix, capacité de ne pas compter les coûts et de communiquer sur un prix très agressif déconnecté du marche dont certains mousquetaires se sont fait une spécialité à la rentrée des classes... Bonus Découvrez un autre encadré sur le thème de l’import sur www.vegetable.fr Rubrique distribution/ regard d’expert Côté fournisseurs, il est vain de lutter frontalement contre cette tendance mais astucieux de se positionner en complément pour le murissage, l'affinage, le conditionnement, la prise de risque pour les produits fragiles et/ou chers....et les volumes complémentaires que ne manqueront pas de vous commander humblement les importateurs en herbe au premier contre temps... Le mois prochain La relation avec le fournisseur no 305 / novembre 2013 • vegetable.fr • 29 VG305_Assemblage_Interieur.indd 29 28/10/13 17:49