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GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert 
Finalement, c’est quoi 
26 Bertrand GUÉLY ©ff ang-dreamstime.com 
• vegetable.fr • no 317 / décembre 2014 par le service en FL ? 
Et si, après 
tout, PFT, qui veut 
habituellement 
dire Produits Frais 
Traditionnels, 
signifiait aussi 
Professionnalisation 
des Forces 
Terrain ? ” examinons les reproches les plus fré-quents 
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vendus en GMS, pour suggérer une 
ébauche de solution. Quelles sont, 
d’après Madame Michu, nos 5 grosses 
défaillances en termes de service ? 
1. Les fruits ne sont pas murs ! 
On pourrait penser que le seul grand fautif est 
ici la phobie de la casse et la mauvaise solution 
apportée par la mise en rayon de fruits imma-tures 
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coefficient de remplissage des camions quitte à 
imposer des temps de stockage tampon en pla-teforme 
et en réserve magasin avant d’être mis 
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la cueille précoce et de la présentation au client 
de ces fruits pas murs. Plutôt que de s’acheter 
une conscience avec de ridicules gammes de 
« mur-à-point », en pensant que le client est 
trop ignare pour choisir, il serait plus naturel 
de regarder ce qu’il est possible de faire pour 
combattre le « dur-à-poing ». 
• Il existe des dates officielles conseillées de 
début de commercialisation : appliquons-les 
et interdisons l’achat en direct à des grossistes 
avant le « go maturité » de la Centrale. 
• Combattons l’autisme actuel des « J+… » qui 
consiste à faire retirer des produits des stocks 
plateforme/magasin (retour arbitraire de la 
marchandise « qui ne tient pas » au fournis-seur)... 
sans s’intéresser au nombre de jours 
de vie avant depuis sa récolte. 
• Réfléchissons aux méthodes d’affinage natu-rel, 
quitte à travailler la commande avec un 
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artificiellement forcé, venir naturellement à 
maturité. Ce compotier géant ne serait jamais 
que la déclinaison en FL de l’affinage vertueux 
pour certains autres PFT (viande, fromage...). 
• Expliquons clairement ce qu’est une DLUO, 
souvent mal aimée et assimilée à une DR 
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LE SYNDROME DE LA PASTÈQUE 
Ou la difficulté légale d’apporter 
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La pastèque, de par sa taille et son poids, est un fruit qui doit 
être portionné pour pouvoir intéresser tous les types d’acheteurs 
et surfer sur la vague du snacking diététique. À ce titre, la 
découpe en magasin est idéale mais se heurte à des exigences 
sanitaires qui en découragent plus d’un ou en encouragent 
d’autres, ceux qui ne sont manifestement pas sur les listes 
de contrôle de la DGCCRF, à se la jouer à l’arrache via une 
hypothétique découpe au labo boucherie. Ceci est aussi vrai 
pour les grilloirs à châtaignes, la découpe d’ananas... 
Plutôt que d’ennuyer les magasins avec des mentions qui 
feront bientôt passer les étiquettes pour le 1er volume de 
Guerre et Paix, ne vaudrait-il pas mieux se pencher sur toutes 
ces tracasseries règlementaires qui, finalement, nuisent au 
services attendus par le client : épluchage et portionnabilite sur 
site, vente des déclassés, vente au doigt ou a la pièce plutôt 
qu’au kg... Messieurs les faiseurs de loi, laissez donc le client 
faire la sienne. 
en bref 
Le mois 
prochain : 
Ce qui se 
fait de mieux 
ailleurs 
en f&l 
2. Les produits ne sont pas de saison, 
barbarisme chauvin pour ne pas dire 
« pas de chez nous ! » 
Pourquoi le rayon FL cristallise-t-il une telle pas-sion 
sur un sujet finalement banal... Alors qu’il 
existe au sein des mêmes hypermarchés des 
rayons entiers invitant à découvrir les « saveurs 
d’ailleurs » et ce dans un pays mondialement 
reconnu pour sa fantastique gastronomie ? Dans 
tous les cas, il convient d’offrir au client ce service 
qu’il réclame, à force de se l’être fait suggérer... 
• Évitons les provocations sur les quelques 
espèces symboles. Proposer des pêches espa-gnoles 
ou des tomates italiennes en saison 
n’est pas vendeur et ne risque de réjouir que 
les vendeurs de pneus ou de bonnets rouges... 
• Identifions avec un drapeau français ou, à 
minima UE, les produits non importés. 
• Limitons l’importation au strict complément 
de gamme. S’il est a priori vertueux de vendre 
d’abord la production française, il est par 
contre réducteur de ne pas proposer ce qui se 
produit ailleurs. 
3. Les légumes, on ne sait pas comment 
les préparer ! 
• Ici, la télévision et sa profusion de pro-grammes 
célébrant à grands coups de chefs 
le retour en grâce de la cuisine, travaille pour 
nous et rend récurrents les apports qu’il fallait 
avant financer via de couteux cooking shows. 
• Commençons par la base ! Avant de faire 
distribuer des fiches sur le « Gratin de chou-chou 
a la Réunionnaise », indiquons d’abord 
à Madame Michu que la chayotte/cristophine 
est un légume qui ne se consomme pas cru... 
• N’oublions pas non plus que, contrairement 
aux primeurs spécialisés, la GMS fait elle-même 
le lit de sa concurrence. Il est logique 
que certaines espèces pâtissent en 1re gamme 
de la montée qualitative des conserves et des 
surgelées, toujours plus pratiques, toujours 
plus restitutives des qualités organiques et 
toujours moins chères. 
• Exposons dans leur intégralité les rares seg-mentations 
qui ont fait leurs preuves (pomme 
de terre, tomate, condiments...). 
4. Il y a plus de choix chez mon Primeur ! 
Sans expliquer à nouveau la différence entre 
choix réel et choix perçu, tout est ici ques-tion 
de merchandising impactant et d’étalage 
aguicheur. Le client vous concédera le titre 
de spécialiste de l’ananas si vous regroupez 
Le client 
exichiant... 
qui rend 
finalement 
service ! 
Il compare les 
origines/variétés 
inscrites sur les 
colis avec celles des 
balisages, vérifie les 
équivalences prix au 
kg, pèse les UVC 
en cherchant les 
quelques grammes 
manquant, 
stigmatise les 
mélanges de 
variétés où 
les défauts de 
maintenance et, 
basiquement, sent 
l’excitation monter 
à chaque fois qu’il 
peut identifier la 
plus minime des 
défaillances. Que 
vous le vouliez ou 
pas, il fréquente 
le rayon. Mais 
ce type de client 
existant partout, 
autant s’en servir 
comme référent 
d’exigence et axer 
votre recherche du 
service sur ce qu’il 
ne manquera pas 
d’inscrire dans le 
cahier des doléances 
que met l’accueil 
à disposition et 
dont la lecture 
et à ce titre riche 
d’enseignements. 
MD2 bateau, Cayenne lisse par avion, pain de 
sucre (éthrélé ou pas), Queen Victoria et Bio/ 
Fair Trade sur la même table en expliquant les 
spécificités de chacun. Il ne s’en souviendra 
que rarement si chaque référence est perdue 
au sein d’univers (haut de gamme, exotiques, 
bio...) aussi artificiels qu’élitistes. 
5. Je travaille, moi, et quand je passe 
en fin de journée, c’est Beyrouth ! 
« Il n’y a jamais personne pour me conseiller, pour 
me servir, pour mettre dans les sachets quand il y en 
a, les produits ne sont pas frais, il y a des ruptures... » 
Finalement, le leitmotiv d’un des référents de la 
GMS, ayant érigé simplicité et pragmatisme au 
rang de valeurs fondatrices, le fameux « plein, 
propre, balisé » reste toujours furieusement 
d’actualité, tant le client cherche avant tout à 
trouver tout ce qu’il veut quand il vient, tant il 
reste attaché à la propreté dans l’univers des 
produits frais et tant il a besoin d’être informé, 
rassuré sur ce qu’il achète. L’enseigne qui veut 
éviter cette 5e critique de son service doit : 
• Maîtriser la réouverture de 17 h. 
• Garder sa vente assistée, qui veut aussi dire 
moins de casse (servir les fruits murs revient 
à un FIFO naturel) et plus de vente associée 
(on propose le basilic frais avec la tomate) : les 
salaires se payent d’eux mêmes.

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  • 1. GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert Finalement, c’est quoi 26 Bertrand GUÉLY ©ff ang-dreamstime.com • vegetable.fr • no 317 / décembre 2014 par le service en FL ? Et si, après tout, PFT, qui veut habituellement dire Produits Frais Traditionnels, signifiait aussi Professionnalisation des Forces Terrain ? ” examinons les reproches les plus fré-quents que font les clients aux FL vendus en GMS, pour suggérer une ébauche de solution. Quelles sont, d’après Madame Michu, nos 5 grosses défaillances en termes de service ? 1. Les fruits ne sont pas murs ! On pourrait penser que le seul grand fautif est ici la phobie de la casse et la mauvaise solution apportée par la mise en rayon de fruits imma-tures et moins fragiles. Or, les raisons sont bien plus complexes. Du producteur impa-tient qui cueille des fruits immatures pour « prendre la ligne » en Centrale et chasser l’import en début de campagne ou réduire ses frais de personnel en réduisant le nombre de passes, du diktat de la toute-puissante logis-tique mixant les produits pour optimiser le coefficient de remplissage des camions quitte à imposer des temps de stockage tampon en pla-teforme et en réserve magasin avant d’être mis sur l’étal... Nous sommes tous responsables de la cueille précoce et de la présentation au client de ces fruits pas murs. Plutôt que de s’acheter une conscience avec de ridicules gammes de « mur-à-point », en pensant que le client est trop ignare pour choisir, il serait plus naturel de regarder ce qu’il est possible de faire pour combattre le « dur-à-poing ». • Il existe des dates officielles conseillées de début de commercialisation : appliquons-les et interdisons l’achat en direct à des grossistes avant le « go maturité » de la Centrale. • Combattons l’autisme actuel des « J+… » qui consiste à faire retirer des produits des stocks plateforme/magasin (retour arbitraire de la marchandise « qui ne tient pas » au fournis-seur)... sans s’intéresser au nombre de jours de vie avant depuis sa récolte. • Réfléchissons aux méthodes d’affinage natu-rel, quitte à travailler la commande avec un stock tampon. Laissons le produit, sans être artificiellement forcé, venir naturellement à maturité. Ce compotier géant ne serait jamais que la déclinaison en FL de l’affinage vertueux pour certains autres PFT (viande, fromage...). • Expliquons clairement ce qu’est une DLUO, souvent mal aimée et assimilée à une DR (date de retrait) source de casse. LA NOTION DE SERVICE AU CLIENT, AU CENTRE DE TOUTES LES POLITIQUES COMMERCIALES DE LA GMS, N’EN RESTE SOUVENT PAS MOINS AU STADE D’INACCESSIBLE GRAAL. CELA VIENT AUTANT D’UN MANQUE DE CONNAISSANCE MÉTIER DES ÉQUIPES TERRAIN QUE D’UNE PERCEPTION TRONQUÉE DES ATTENTES RÉELLES DES CLIENTS, DÉSESPÉRÉMENT SIMPLES ET EMPREINTES DE BON SENS.
  • 2. Le service Écrivons une nouvelle page avec le label PACFL FAIRE LE CHOIX D’UN EMBALLAGE DURABLE www.cartononduledefrance.org Retrouvez Bertrand Guély et son regard d'expert sur : vegetable.fr LE SYNDROME DE LA PASTÈQUE Ou la difficulté légale d’apporter un service pourtant attendu La pastèque, de par sa taille et son poids, est un fruit qui doit être portionné pour pouvoir intéresser tous les types d’acheteurs et surfer sur la vague du snacking diététique. À ce titre, la découpe en magasin est idéale mais se heurte à des exigences sanitaires qui en découragent plus d’un ou en encouragent d’autres, ceux qui ne sont manifestement pas sur les listes de contrôle de la DGCCRF, à se la jouer à l’arrache via une hypothétique découpe au labo boucherie. Ceci est aussi vrai pour les grilloirs à châtaignes, la découpe d’ananas... Plutôt que d’ennuyer les magasins avec des mentions qui feront bientôt passer les étiquettes pour le 1er volume de Guerre et Paix, ne vaudrait-il pas mieux se pencher sur toutes ces tracasseries règlementaires qui, finalement, nuisent au services attendus par le client : épluchage et portionnabilite sur site, vente des déclassés, vente au doigt ou a la pièce plutôt qu’au kg... Messieurs les faiseurs de loi, laissez donc le client faire la sienne. en bref Le mois prochain : Ce qui se fait de mieux ailleurs en f&l 2. Les produits ne sont pas de saison, barbarisme chauvin pour ne pas dire « pas de chez nous ! » Pourquoi le rayon FL cristallise-t-il une telle pas-sion sur un sujet finalement banal... Alors qu’il existe au sein des mêmes hypermarchés des rayons entiers invitant à découvrir les « saveurs d’ailleurs » et ce dans un pays mondialement reconnu pour sa fantastique gastronomie ? Dans tous les cas, il convient d’offrir au client ce service qu’il réclame, à force de se l’être fait suggérer... • Évitons les provocations sur les quelques espèces symboles. Proposer des pêches espa-gnoles ou des tomates italiennes en saison n’est pas vendeur et ne risque de réjouir que les vendeurs de pneus ou de bonnets rouges... • Identifions avec un drapeau français ou, à minima UE, les produits non importés. • Limitons l’importation au strict complément de gamme. S’il est a priori vertueux de vendre d’abord la production française, il est par contre réducteur de ne pas proposer ce qui se produit ailleurs. 3. Les légumes, on ne sait pas comment les préparer ! • Ici, la télévision et sa profusion de pro-grammes célébrant à grands coups de chefs le retour en grâce de la cuisine, travaille pour nous et rend récurrents les apports qu’il fallait avant financer via de couteux cooking shows. • Commençons par la base ! Avant de faire distribuer des fiches sur le « Gratin de chou-chou a la Réunionnaise », indiquons d’abord à Madame Michu que la chayotte/cristophine est un légume qui ne se consomme pas cru... • N’oublions pas non plus que, contrairement aux primeurs spécialisés, la GMS fait elle-même le lit de sa concurrence. Il est logique que certaines espèces pâtissent en 1re gamme de la montée qualitative des conserves et des surgelées, toujours plus pratiques, toujours plus restitutives des qualités organiques et toujours moins chères. • Exposons dans leur intégralité les rares seg-mentations qui ont fait leurs preuves (pomme de terre, tomate, condiments...). 4. Il y a plus de choix chez mon Primeur ! Sans expliquer à nouveau la différence entre choix réel et choix perçu, tout est ici ques-tion de merchandising impactant et d’étalage aguicheur. Le client vous concédera le titre de spécialiste de l’ananas si vous regroupez Le client exichiant... qui rend finalement service ! Il compare les origines/variétés inscrites sur les colis avec celles des balisages, vérifie les équivalences prix au kg, pèse les UVC en cherchant les quelques grammes manquant, stigmatise les mélanges de variétés où les défauts de maintenance et, basiquement, sent l’excitation monter à chaque fois qu’il peut identifier la plus minime des défaillances. Que vous le vouliez ou pas, il fréquente le rayon. Mais ce type de client existant partout, autant s’en servir comme référent d’exigence et axer votre recherche du service sur ce qu’il ne manquera pas d’inscrire dans le cahier des doléances que met l’accueil à disposition et dont la lecture et à ce titre riche d’enseignements. MD2 bateau, Cayenne lisse par avion, pain de sucre (éthrélé ou pas), Queen Victoria et Bio/ Fair Trade sur la même table en expliquant les spécificités de chacun. Il ne s’en souviendra que rarement si chaque référence est perdue au sein d’univers (haut de gamme, exotiques, bio...) aussi artificiels qu’élitistes. 5. Je travaille, moi, et quand je passe en fin de journée, c’est Beyrouth ! « Il n’y a jamais personne pour me conseiller, pour me servir, pour mettre dans les sachets quand il y en a, les produits ne sont pas frais, il y a des ruptures... » Finalement, le leitmotiv d’un des référents de la GMS, ayant érigé simplicité et pragmatisme au rang de valeurs fondatrices, le fameux « plein, propre, balisé » reste toujours furieusement d’actualité, tant le client cherche avant tout à trouver tout ce qu’il veut quand il vient, tant il reste attaché à la propreté dans l’univers des produits frais et tant il a besoin d’être informé, rassuré sur ce qu’il achète. L’enseigne qui veut éviter cette 5e critique de son service doit : • Maîtriser la réouverture de 17 h. • Garder sa vente assistée, qui veut aussi dire moins de casse (servir les fruits murs revient à un FIFO naturel) et plus de vente associée (on propose le basilic frais avec la tomate) : les salaires se payent d’eux mêmes.