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pensent mieux s’en
sortir en direct avant
de se rendre compte
qu’il y a plus de
coups à prendre que
de coûts à réduire.”
NOUVEAU !
www.vegetable.fr/
blogs/guely
Retrouvez l’humeur
de Bertrand Guely
sur son végéblog :
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354/avril 2018
GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert
par Bertrand GUÉLY
L
’import est en profonde mutation.
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totalement débarrassée, et ne le sera
probablement jamais, compte tenu
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si ce dicton est foncièrement négationniste, il
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n’est pourtant qu’une question de temps puisque
la GMS importe déjà maintenant directement sa
patate douce, son gingembre… quitte à panacher.
La qualité aujourd’hui incontestable des
gammes périphériques (4e
et 5e
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et sans fluctuation de PVC, conserves haut de
gamme…) réduit d’autant le gâteau pour la 1re
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Alors, faut-il hurler, avec le hérissé Johnny Rotten,
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en fait un levier à actionner pour avancer. Les
statiques disparaissent, tant pis. Les évolution-
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faire squeezer. En revanche, sans autre valeur
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« fils du père » à Rungis en sont réduits à vendre,
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arrêter à temps une espèce/origine quand elle
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fices (petits), comme dans tout partenariat
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Harbor. Il a laissé plus d’ardoises que ce qui sortait des mines d’Angers et a un contrat sur sa tête
dans pas mal de pays lointains. À chaque mercato, il a serré dans son carton son « précieux »,
son fameux carnet d’adresses production : en fait quelques producteurs de second rang sur des
origines challengers, qui lui font encore à peu près confiance. Le masque tombe quand, après une
longue période d’acclimatation et avoir abusé de coûteux déplacements en production – la moitié
du temps à l’hôtel, l’autre au Macumba –, on se rend enfin compte qu’il n’est capable d’obtenir
de rares conteneurs qu’aux conditions de n’importe quel débutant (avances, minimums garantis,
contrôle qualité par un courtier…) et encore, sur des variétés et des calibres que le producteur
choisit lui-même quand il a servi les marchés qui payent ! Question de génération : comme les
requins, qui ont perdu 80 % de leur population en quinze ans (toujours les Asiatiques), il n’y
aura bientôt plus grand monde pour user les comptoirs des bistrots des Min... Quand on sait la
difficulté à attirer des jeunes de talent en F&L, c’est pour le moins inquiétant.
GROSSISTES HABILES
Intégration est mère d’import direct
Fondamentalement, il y a, pour une enseigne qui importe directement, deux façons de faire
pour que les choses se passent bien. Soit l’enseigne est intégrée et il suffit alors d’éclater
les volumes à l’arrivage, les pousser sur plateforme puis dans les magasins. Que le rapport
qualité/prix soit pertinent ou pas, les magasins ne peuvent acheter hors dépannage qu’à leur
centrale et ils font avec. Soit les magasins sont indépendants et le rapport qualité/prix du
produit importé doit alors remporter l’adhésion d’une population plutôt adepte du « je fais
ce que je veux dans mon bouclard ! ». C’est évidemment bien plus risqué car, compte tenu
du faible niveau de connaissance produits des personnels en magasin, il y a toujours un
grossiste habile (quasiment tous aujourd’hui, puisque ceux qui ne l’étaient pas ont déposé
depuis longtemps) pour proposer moins cher en jouant sur les origines (Guatemalahu Akbar !),
les variétés, les calibres (73-78 calibré en nombre de fruits, on ne voit pas la différence !),
en renforçant l’attractivité de l’offre avec un peu de manutention déguisée (« je te mets une
animation fin de semaine ») ou, pour les plus confédérés, en glissant quelques chèques
essence avec le bon de livraison...
De façon assez amusante, les grossistes qui servent les magasins sont une des barrières
protégeant encore les importateurs face à la volonté de la GMS massifiée d’agir en direct
puisqu’elle est gênée par cette insécurité des volumes à pousser.
commercial équilibré. Ceux qui voudraient
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  • 1.  Beaucoup pensent mieux s’en sortir en direct avant de se rendre compte qu’il y a plus de coups à prendre que de coûts à réduire.” NOUVEAU ! www.vegetable.fr/ blogs/guely Retrouvez l’humeur de Bertrand Guely sur son végéblog : annonce_blog_colonne.indd 1 27/04/15 15:3326 • vegetable.fr • no 354/avril 2018 GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert par Bertrand GUÉLY L ’import est en profonde mutation. Pourquoi ? • La profession n’est pas encore totalement débarrassée, et ne le sera probablement jamais, compte tenu du caractère viscéralement opportuniste que revêtent les achats de cours du jour, de certains opérateurs qui prennent leur commission sur le dos du producteur phagocyté, quelle que soit la santé du marché. Le producteur A est mort ? Vive le producteur B ! •« Toujours moins cher » rime parfois avec « toujours moins d’intermédiaires ». Même si ce dicton est foncièrement négationniste, il est l’apanage de beaucoup qui pensent mieux s’en sortir « en y allant en direct »… avant de se rendre compte qu’il y a plus de coups à prendre que de coûts à réduire. •La concentration des enseignes et la massi- fication encore inachevées cantonnent beau- coup d’espèces mineures au groupe « on n’a pas encore le volume pour faire un conteneur ». Ça n’est pourtant qu’une question de temps puisque la GMS importe déjà maintenant directement sa patate douce, son gingembre… quitte à panacher. La qualité aujourd’hui incontestable des gammes périphériques (4e et 5e , notamment en légumes, surgelés, toujours bons, vitaminiques et sans fluctuation de PVC, conserves haut de gamme…) réduit d’autant le gâteau pour la 1re . Alors, faut-il hurler, avec le hérissé Johnny Rotten, « no future » ? Bien sûr que non. La sélection naturelle qui frappe le métier de l’import est en fait un levier à actionner pour avancer. Les statiques disparaissent, tant pis. Les évolution- nistes progressent, tant mieux. Voilà quelques pistes pour faire partie du deuxième groupe : • Si l’importateur sait se rendre utile autre- ment que via la seule prise de risque financier, il restera nécessaire pour la GMS, qui est glo- balement revenue des aventures à l’anglaise genre « on veut tout faire nous-mêmes ». Sourcing sécurisé pour une espèce en pénurie, affinage/mûrissage, tri, emballage MDD, mar- keting, sont de bons moyens pour ne pas se faire squeezer. En revanche, sans autre valeur ajoutée, il risque de faire vilain temps pour les importateurs de pommes, poires, raisins… vu qu’il n’est pas très compliqué pour la GMS de Balance ton vieil import ! ANCIENNES GLOIRES NOSTALGIQUES DE LEUR LUSTRE D’ANTAN, CASES MORIBONDESÀ REPRENDRE, GT POUSSIÉREUSES QUI RESTENTAU GARAGE... SONT LESTRACES LAISSÉES PAR CERTAINS IMPORTATEURS, MAIS ILYAAUSSI CEUX QUI INVESTISSENT, SE SPÉCIALISENT, CRÉENT DE LAVALEUR POUR SE RENDRE INCONTOURNABLES, ET S’ASSUMENT FIÈREMENT COMME UNE ESPÈCE DE LICORNES DES F&L ENVISAGEANTAVEC LA PRODUCTION DE NOUVEAUX RAPPORTS. ©UNIVEG
  • 2. L’évolution du métier d’importateur Le mois prochain : Accompagner la GMS pour combler ses carences www.cartononduledefrance.org Étonnament fort Incroyablement résistant malgré sa légèreté, le carton ondulé est le matériau idéal pour les emballages de transport des fruits et légumes avec le soutien de Carton Ondulé de France faire venir, à elle seule, ces produits volumé- triques, solides, en acceptant sans sourciller frigo et à-coups de consommation. •Il faut être prêt à accepter de travailler un por- tefeuille de produits tournants. Bon nombre de « fils du père » à Rungis en sont réduits à vendre, voire à cachetonner comme consultant quel- conque, simplement pour ne pas avoir réussi à se renouveler. D’autres, au contraire, ont su arrêter à temps une espèce/origine quand elle tombait dans l’escarcelle de la GMS et se spécia- liser sur une autre à l’apport de valeur majeur. •Le rôle de défricheur est aussi une voie. Une espèce qui monte ? 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Ceux qui voudraient s’immiscer dans cette structuration de l’amont, plutôt habitués à leur rôle d’intermédiaire qui gagne à tous les coups, sont-ils prêts à accepter cette absence de garantie, nouvelle pour eux ? ES On peut se faire une idée de la réponse en regardant les espèces/origines partiellement sourcées directement (les solides, les peu chères) et celles pour lesquelles on a encore besoin du parachute de l’importateur tant il s’agit vraiment d’un métier différent. Faut y aller maintenant, Monsieur, on va fermer ! Vous en connaissez tous au moins un ou une. Il vivote dans l’import depuis de trop longues années et s’y accroche comme une Japonaise à son Vuitton en visitant Barbès. Il a déjà écumé à peu près toutes les boîtes sérieuses, où son génie n’a pas été apprécié à sa juste valeur alors qu’il affrétait des flottes plus imposantes qu’à Pearl Harbor. Il a laissé plus d’ardoises que ce qui sortait des mines d’Angers et a un contrat sur sa tête dans pas mal de pays lointains. À chaque mercato, il a serré dans son carton son « précieux », son fameux carnet d’adresses production : en fait quelques producteurs de second rang sur des origines challengers, qui lui font encore à peu près confiance. Le masque tombe quand, après une longue période d’acclimatation et avoir abusé de coûteux déplacements en production – la moitié du temps à l’hôtel, l’autre au Macumba –, on se rend enfin compte qu’il n’est capable d’obtenir de rares conteneurs qu’aux conditions de n’importe quel débutant (avances, minimums garantis, contrôle qualité par un courtier…) et encore, sur des variétés et des calibres que le producteur choisit lui-même quand il a servi les marchés qui payent ! Question de génération : comme les requins, qui ont perdu 80 % de leur population en quinze ans (toujours les Asiatiques), il n’y aura bientôt plus grand monde pour user les comptoirs des bistrots des Min... Quand on sait la difficulté à attirer des jeunes de talent en F&L, c’est pour le moins inquiétant. GROSSISTES HABILES Intégration est mère d’import direct Fondamentalement, il y a, pour une enseigne qui importe directement, deux façons de faire pour que les choses se passent bien. Soit l’enseigne est intégrée et il suffit alors d’éclater les volumes à l’arrivage, les pousser sur plateforme puis dans les magasins. Que le rapport qualité/prix soit pertinent ou pas, les magasins ne peuvent acheter hors dépannage qu’à leur centrale et ils font avec. Soit les magasins sont indépendants et le rapport qualité/prix du produit importé doit alors remporter l’adhésion d’une population plutôt adepte du « je fais ce que je veux dans mon bouclard ! ». C’est évidemment bien plus risqué car, compte tenu du faible niveau de connaissance produits des personnels en magasin, il y a toujours un grossiste habile (quasiment tous aujourd’hui, puisque ceux qui ne l’étaient pas ont déposé depuis longtemps) pour proposer moins cher en jouant sur les origines (Guatemalahu Akbar !), les variétés, les calibres (73-78 calibré en nombre de fruits, on ne voit pas la différence !), en renforçant l’attractivité de l’offre avec un peu de manutention déguisée (« je te mets une animation fin de semaine ») ou, pour les plus confédérés, en glissant quelques chèques essence avec le bon de livraison... De façon assez amusante, les grossistes qui servent les magasins sont une des barrières protégeant encore les importateurs face à la volonté de la GMS massifiée d’agir en direct puisqu’elle est gênée par cette insécurité des volumes à pousser. commercial équilibré. Ceux qui voudraient s’immiscer dans cette structuration de l’amont, plutôt habitués à leur rôle d’intermédiaire qui gagne à tous les coups, sont-ils prêts à accepter cette absence de garantie, nouvelle pour eux ©UNIVEG ©UNIVEG