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Similaire à Marzo 2015 (20)
Marzo 2015
- 1. GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert
par Bertrand GUÉLY
©FFaNG-dreamstime.Com
26 • vegetable.fr • no
321/avril 2015
Allo maman
bobo...
Maman comment
tu m’as fait
j’suis pas bio !”
d
u barbu de 3 jours qui pense atténuer
les effets de la pollution urbaine
et de Bénabar en s’agrippant à ses
carottes tordues de l’Amap, du beauf
qui se targue de « manger français »
sans savoir lire les étiquettes, à la candide qui
s’insurge contre le bilan carbone de la cerise du
Chili mais croque toute l’année des pommes
ULO... Les f&l frais sont certainement un des
produits pour lesquels les clients en savent le
moins mais en pensent le plus !
Que ce soit dans les champs ou dans les têtes,
la culture a horreur du vide. Pourtant, quand on
inventorie tous les efforts louables pour essayer
d’expliquer au client le « comment » de la pro-
duction et la piètre façon de les récompenser
de quelques « journalistes » ignares unique-
ment là pour remuer la..., tourner et clouer
au pilori les rares producteurs, inconscients
du danger, qui veulent encore partager leur
passion (cf reportage récent sur la pomme),on se
dit que la pédagogie déployée n’est forcément
pas la bonne. Examinons d’abord les 3 princi-
pales idées reçues auxquelles il faudrait une
fois pour toutes arriver à tordre le coup :
1 Bio ne veut pas dire sans produit de
traitement et Bio ne veut pas dire gustatif
2 La grande distribution étrangle les PPP
(Pov’ Petits Producteurs). Si c’était vraiment le
cas, existerait-il chez eux le syndrome du chien
qui revient vers son maître même quand celui-
ci lui balance des coups de pied ? La Grande
Distribution écoule des volumes considérables
(en activant des promotions de dégagement
presque à la demande), privilégie les produits
français (est-ce toujours le cas des autres cir-
cuits ? Qu’en pensent les producteurs de
pêches/nectarines ?), paye « rubinette » sur
l’ongle... Reconnaissons qu’il y a pire comme
client et arrêtons de la stigmatiser.
3 Le commerce équitable est surtout impor-
tant en produits frais. Il est amusant de consta-
ter que les mêmes qui consomment Fair Trade
achètent des jouets de Noël made in China...
Empilement de concepts bidons
Pour tenter d’aiguiller nos clients, essayons
d’abord de limiter ces logos inintelligibles :
QUAND ON INVENTORIETOUS
LES EFFORTS POUR EXPLIQUER
LE « COMMENT » DE LA PRODUCTION
AU CLIENT,AUVU DU RETOUR
MÉDIATIQUE, ON SE DIT QUE
LA PÉDAGOGIE DÉPLOYÉE N’EST
FORCÉMENT PAS LA BONNE.TOUT
LE MONDEA UNAVIS SUR LES F&L...
Arrêtons de faire semblant de
savoir consommer !
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- 2. ©FFaNG-dreamstime.Com
Retrouvez
Bertrand Guély
et son regard
d'expert sur :
vegetable.fr
en bref
vegetable.fr
Écrivons
une nouvelle page avec
le label PACFL
www.cartononduledefrance.org
PLATEAU EN CARTON ONDULÉ :
S’ASSURER LA PERFORMANCE
PLATEAU EN CARTON ONDULÉ :
S’ASSURER LA PERFORMANCE
PLATEAU EN CARTON ONDULÉ :
S’ASSURER LA PERFORMANCE
LE MARCHÉ DE BORD DE ROUTE EN ÉTÉ
La vengeance des PPP
(Pov’ Petits Paysans)
sur l’ignorance des clients
Oh... j’ai acheté des pêches sur le bord de la route en vacances...
mais alors des pêches !
En septembre, après s’être fait servir les incontournables
« 2 semaines, c’est pas assez pour déconnecter » et autres « ah
bon... tu trouves que je suis beaucoup bronzée ? » (dit avec la
voie roucoulante de satisfaction contenue), il est difficile, pour les
professionnels de la filière, d’échapper au couplet sur la qualité
gustative et les prix abordables des fruits achetés directement au
producteur sur le bord de la route.
Au-delà de la frustration, on peut légitimement s’interroger sur
l’attrait toujours croissant (on voit maintenant sur certaines aires
de véritables supermarchés éphémères de plusieurs centaines
de m2
, manifestement pas sur les cartes de la DGCCRF...) de ces
cahutes bricolées avec du bois de palettes, immanquablement
baptisées « Aux saveurs de Provence », et où on trouve à peu
près tout ce qui serait jeté dans un supermarché traditionnel
en fin de journée. Variété « de pays », calibres tout-venant
mélangés, pas de catégorie (ça vaut peut-être mieux), balisage
trop petit pour parler traitements, présentation en vrac dans des
pallox de production pas lavés ou des colis bois réutilisés à vie,
quelques pourris... Alors, pourquoi ça marche ?
Simplement parce que le client peut acheter des fruits qu’il croit
naïvement de pays (Viva Espana !), mûrs, moins chers et presque
sans sortir de sa voiture (à creuser pour le drive).
Cela devrait faire réfléchir nos agréeurs qui, plutôt que de
dégainer prestement calibreurs et échelles colorimétriques au
premier camion mis à quai, devraient plutôt militer pour que
la chaîne logistique froid et la tenue du stock en plateforme/
magasin assure cette sacro-sainte maturité reprochée à la
GMS dans toutes les enquêtes conso. Quand on vend quelques
barquettes « 4 fruits mûrs » hors de prix, cela ne scelle-t-il pas
simplement le fait que le reste de l’offre ne l’est pas, elle, mûre ?
Le mois prochain : Le grossiste, partenaire de la centrale
Les fausses croyances des consommateurs
• Sans traitement après récolte : et avant la
récolte, on s’est lâché sur la sulfateuse ?
• Produit issu des campagnes européennes : et
le reste, ça pousse dans l’incubateur de Tcher-
nobyl ? L’actuel embargo russe a par ailleurs
mis en évidence les limites du contrôle des
origines avec tous ces camions qui partent
vers les anciens pays satellites frontaliers de
l’URSS avec les stickers de normalisation
dans un colis à part...
• Agriculture raisonnée : et sinon, pour l’autre
agriculture, c’est la minute blonde ?
• Bilan carbone : même les frères Bogdanoff en
ont le menton qui tombe en essayant d’y com-
prendre quelque chose...
À quand les labels « Producteur non stressé
pendant le référencement » ou « Aucun légume
n’a été maltraité durant la fabrication de cette
ratatouille » ? Tous ces concepts fumeux ont en
commun de jeter à tort l’opprobre sur la gamme
conventionnelle. Proposer des produits Bio et
Fair Trade dans une gamme a évidemment tout
son sens mais ne veut en aucun cas dire que le
reste des produits est chimiquement nocif ou
acheté à des paysans exploités. À l’âge que nous
avons, il serait grand temps d’arrêter de jouer
aux logos...
Par contre, ne nous y trompons pas. Si les
réponses apportées sont aujourd’hui partielle-
ment inadaptées, les interrogations du client
sur l’origine, les traitements, la rémunération
du producteur et plus généralement sur la
façon de produire sont réelles et il existe tout
de même de belles réponses. À ce titre, la cam-
pagne des Fruits Moches d’Intermarché est à
mon sens un modèle d’intelligence et utile
pour la filière si elle n’engendre pas finalement
de destruction de valeur.
Pour consommer intelligent
• Acheter des fruits et légumes frais plutôt que
transformés/marketés. Au-delà de l’intérêt
gustatif, il n’encouragera pas les producteurs
à dégager à l’industrie à vil prix plus que de
besoin.
• Limiter certaines origines à risque : Iran,
Chine... ne sont pas les champions de la
culture propre et une partie du bio italien est
plus souvent le résultat du travail de Dédé
l’imprimeur que de production réellement bio.
• Prendre le temps de lire les étiquettes : la légis-
lation imposant de plus en plus des étiquettes
aussi épaisse que le dossier d’instruction du
procès du Carlton de Lille, que le client en
profite au moins pour prendre connaissance
de ce qu’on lui dit.
Savoir
répondre au
consommateur
Si les réponses
apportées sont
aujourd’hui
partiellement
inadaptées, les
interrogations du
client sur l’origine,
les traitements, la
rémunération du
producteur et plus
généralement sur la
façon de produire
sont réelles et il
existe tout de même
de belles réponses.
Le paradoxe
de la boîte
de petit pois
À tous ceux qui
dénoncent la
culture du tout
visuel en fruits et
légumes, soi-disant
fossoyeuse de la
gustativité perdue,
je pose la question :
achèteriez-vous
une boîte de petit
pois cabossée
ou à l’étiquette
déchirée ? Dans
l’immense majorité,
à moins qu’il ne
reste que celle-ci
sur l’étal, non. Et
pourtant, les petits
pois sont les mêmes
et vous jetez la boîte
une fois ouverte...
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