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GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert
par Bertrand GUÉLY
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310/avril 2014
A
u delà de quelques réussites exem-
plaires, la segmentation n ’apparait
pas comme mécaniquement repro-
ductible à toutes les espèces. L ’exa-
men de quelques ratages retentis-
sants est instructif et des règles semblent se
dégager pour, si ce n’est assurer le succès d’une
démarche de segmentation, se donner au
moins toutes les chances que cela fonctionne.
1 L’espèce concernée doit être un poids
lourd du rayon, de préférence présent toute l’an-
née (même via le contre-saison). En plus de légi-
timer l’investissement créatif nécessaire à sa
mise en place, on connaît par ailleurs l’inertie du
terrain pour implanter dumatériel et une gamme
complète. Si cela est déjà difficile pour un perma-
nent, cela deviendra quasiment impossible pour
une saisonnalité passagère. La saison risque
d’être finie avant que le chef de rayon ait pointé la
gamme ou que le Service Déco ait pu officier...
2 La démarche doit autantque possible être
interprofessionnelle ou tout du moins dépasser
le stade du seul fournisseur patron du projet.
Sinon, elle prendra fin dès lors qu’une des réfé-
rences concernées ne sera pas achetée au dit
fournisseur. L’exemple de la tomate est ici fla-
grant. Pour segmenter la tomate de serre répu-
tée standardisée et peu gustative, les producteurs
ont pu jouer sur la forme, la couleur, le calibre, la
variété, la texture, la saveur et le conditionne-
ment (barquettes, shakers, sachets, caissettes...).
Autant dire qu’il y avait tout pour réussir . Pour-
tant, la visibilité de la démarche en rayon reste
moyenne en raison de luttes fratricides des mar-
keteux des princes bretons, luttant chacun pour
leurssegmentation parfaite, affiliéeà la marque...
3 La segmentation doit séparer entre des
usages simples, réellement et naturellement liés
à des caractéristiques produits visibles de tous.
Ainsi l’orange « à jus » a une taille adaptée aux
presse-agrumes et... est juteuse, la pomme de
terre ‹spéciale frites’ résiste à la friture et ne s’im-
prègne pas d’huile à la cuisson. À l ’opposé, les
génériques « à croquer » ou « dessert » me
semblent soit trop vagues soit au contraire cas-
trateurs. De même, les usages désuets ou non
tendance ne peuvent être des piliers. Enf in,
attention aux usages gadgets pour ne pas donner
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fait braiser...
STRUCTURANTE DANS LE PROCESSUS
D’ACHAT DU CLIENT, GÉNÉRATRICE DE
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LES CALIBRES NON-STANDARDS, LA
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Les limites
de la segmentation
par l’usage
 La démarche
doit dépasser
le seul stade
du fournisseur
et être inter-
professionnelle.”
VG310_Assemblage3_Interieur.indd 26 28/03/14 09:37
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Écrivons
une nouvelle page avec
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PLATEAU EN CARTON ONDULÉ :
GAGNER EN SOUPLESSE ET RÉACTIVITÉ
PLATEAU EN CARTON ONDULÉ :
GAGNER EN SOUPLESSE ET RÉACTIVITÉ
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La segmentation
en bref
Retrouvez
Bertrand Guély
et son regard
d'expert sur :
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Championne de la segmentation, la pomme de terre
est un légume « à préparer » et c’est sur cette nécessaire
préparation qu’est fondée la segmentation par l’usage culinaire.
Il existe de vrais typicités terroirs, de très nombreuses variétés
(pour une bonne part connues des clients), des calibres
extrêmes (de grenaille a à farcir), des couleurs (blondes, rouges,
bleues...), des formes différentes.
A contrario, la banane est un fruit snacking qui ne nécessite a
priori pas de préparation. Les terroirs ne sont pas suffisamment
pertinents en termes de gustativite (le savoir-faire du murisseur
est beaucoup plus important), il y a une variété quasi unique
agronomiquement inconnue des clients, une seule couleur (plus
quelques petites cousines « exotiques »), une seule forme, et, à
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Ceci explique certainement que les quelques aspérités
potentielles utilisées dans le passé par les bananiers pour
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satisfaction en France : banane gustative des Canaries,
banane Filière Antilles françaises, banane enfants, 2 couleurs
« eat and keep »... Si tout le discours au client était vrai, la
différenciation par l’usage n’existait que peu...
L’intérêt collatéral de ces développements était d’occuper une
part linéaire plus en phase avec le poids du produit dans le
CA rayon (achat d’impulsion encourage et effet anti rupture),
de créer de la valeur pour le distributeur en évitant à tout prix
la présence d’une seule banane vrac en magasin, souvent
bradée car sur-promotionnée. Par contre, les critères de banane
« propre » (Bio, Agriculture Raisonnée, bilan carbone variant
en fonction des origines) ou sociale (Max Havelaar, issues de
plantations certifiées RSE), même s’il n’est a priori pas simple
de les combiner avec un positionnement de produit d’appel prix,
sont des bases solides pour construire car indiscutables aux
yeux d’un client de plus en plus attentif au « comment » de
la production. Il y a là sans aucun doute matière à segmenter
différemment.
LA BANANE
Serpent de mer
de la segmentation
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chaque étape avant de passer à la suivante.
5 Rappel : la communication doit se faire au
maximum on pack voire in-pack mais le moins
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tion que le consommateur emporte avec lui (stic-
ker, leaflet...) jusqu’au compotier/bac à légumes
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6 Prévoyez un relais terrain (les commer -
ciaux voire une équipe merchandising supplé-
tive) qui, beaucoup plus utile qu ’une animation
one shot, permettra de contrôler que les basiques
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– détention de toute la gamme et rien que la
gamme : vous savez, les fameux doublons
en pomme de terre imposés par le Direc-
teur qui exige un fournisseur local... dont les
bandes girsac génériques n’ont rien a voir avec
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pleines de bon sens et se faisant l ’écho des
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pas choisir entre la pomme de terre « Spéciale
frites » et la « F rites, purée, potages », pour -
quoi la variété est la même entre orange a jus
et dessert ?
7 N’abandonnez pas la démarche au seul
Département Marketing. Elle est l’affaire de tous
et a d’autant plus de chance d’aboutir si elle sent
le terrain et le vécu que la moquette et le Power-
Point...
8 Enfin, quand la segmentation par l’usage
n’est manifestement pas possible, commencez
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PLATEAU EN CARTON ONDULÉ :
DYNAMISER SES VENTES
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  • 1. GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert par Bertrand GUÉLY ©FFAnG-DrEAmstimE.Com 26 • vegetable.fr • no 310/avril 2014 A u delà de quelques réussites exem- plaires, la segmentation n ’apparait pas comme mécaniquement repro- ductible à toutes les espèces. L ’exa- men de quelques ratages retentis- sants est instructif et des règles semblent se dégager pour, si ce n’est assurer le succès d’une démarche de segmentation, se donner au moins toutes les chances que cela fonctionne. 1 L’espèce concernée doit être un poids lourd du rayon, de préférence présent toute l’an- née (même via le contre-saison). En plus de légi- timer l’investissement créatif nécessaire à sa mise en place, on connaît par ailleurs l’inertie du terrain pour implanter dumatériel et une gamme complète. Si cela est déjà difficile pour un perma- nent, cela deviendra quasiment impossible pour une saisonnalité passagère. La saison risque d’être finie avant que le chef de rayon ait pointé la gamme ou que le Service Déco ait pu officier... 2 La démarche doit autantque possible être interprofessionnelle ou tout du moins dépasser le stade du seul fournisseur patron du projet. Sinon, elle prendra fin dès lors qu’une des réfé- rences concernées ne sera pas achetée au dit fournisseur. L’exemple de la tomate est ici fla- grant. Pour segmenter la tomate de serre répu- tée standardisée et peu gustative, les producteurs ont pu jouer sur la forme, la couleur, le calibre, la variété, la texture, la saveur et le conditionne- ment (barquettes, shakers, sachets, caissettes...). Autant dire qu’il y avait tout pour réussir . Pour- tant, la visibilité de la démarche en rayon reste moyenne en raison de luttes fratricides des mar- keteux des princes bretons, luttant chacun pour leurssegmentation parfaite, affiliéeà la marque... 3 La segmentation doit séparer entre des usages simples, réellement et naturellement liés à des caractéristiques produits visibles de tous. Ainsi l’orange « à jus » a une taille adaptée aux presse-agrumes et... est juteuse, la pomme de terre ‹spéciale frites’ résiste à la friture et ne s’im- prègne pas d’huile à la cuisson. À l ’opposé, les génériques « à croquer » ou « dessert » me semblent soit trop vagues soit au contraire cas- trateurs. De même, les usages désuets ou non tendance ne peuvent être des piliers. Enf in, attention aux usages gadgets pour ne pas donner au client amateur d’endive l’impression qu’il se fait braiser... STRUCTURANTE DANS LE PROCESSUS D’ACHAT DU CLIENT, GÉNÉRATRICE DE VALEUR, UTILE POUR COMMERCIALISER LES CALIBRES NON-STANDARDS, LA SEGMENTATION PAR L’USAGE PRÉSENTE DE NOMBREUX INTÉRÊTS EN F&L. Les limites de la segmentation par l’usage  La démarche doit dépasser le seul stade du fournisseur et être inter- professionnelle.” VG310_Assemblage3_Interieur.indd 26 28/03/14 09:37
  • 2. ©FFAnG-DrEAmstimE.Com Écrivons une nouvelle page avec le label PACFL PLATEAU EN CARTON ONDULÉ : GAGNER EN SOUPLESSE ET RÉACTIVITÉ PLATEAU EN CARTON ONDULÉ : GAGNER EN SOUPLESSE ET RÉACTIVITÉ www.cartononduledefrance.org La segmentation en bref Retrouvez Bertrand Guély et son regard d'expert sur : vegetable.fr Championne de la segmentation, la pomme de terre est un légume « à préparer » et c’est sur cette nécessaire préparation qu’est fondée la segmentation par l’usage culinaire. Il existe de vrais typicités terroirs, de très nombreuses variétés (pour une bonne part connues des clients), des calibres extrêmes (de grenaille a à farcir), des couleurs (blondes, rouges, bleues...), des formes différentes. A contrario, la banane est un fruit snacking qui ne nécessite a priori pas de préparation. 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L’intérêt collatéral de ces développements était d’occuper une part linéaire plus en phase avec le poids du produit dans le CA rayon (achat d’impulsion encourage et effet anti rupture), de créer de la valeur pour le distributeur en évitant à tout prix la présence d’une seule banane vrac en magasin, souvent bradée car sur-promotionnée. Par contre, les critères de banane « propre » (Bio, Agriculture Raisonnée, bilan carbone variant en fonction des origines) ou sociale (Max Havelaar, issues de plantations certifiées RSE), même s’il n’est a priori pas simple de les combiner avec un positionnement de produit d’appel prix, sont des bases solides pour construire car indiscutables aux yeux d’un client de plus en plus attentif au « comment » de la production. Il y a là sans aucun doute matière à segmenter différemment. 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Elle est l’affaire de tous et a d’autant plus de chance d’aboutir si elle sent le terrain et le vécu que la moquette et le Power- Point... 8 Enfin, quand la segmentation par l’usage n’est manifestement pas possible, commencez par éduquer le client sur des concepts plus simples : couleur de chair pourles pêches/necta- rines, consommation cru/cuit pour les oignons, champignons cultivés ou sauvages collectés... Au delà de quelques réussites exemplaires (orange, pomme de terre...) et d’autres déjà beaucoup moins flagrantes (condiments, endive, prune, champignons...), la démarche de segmentation n’apparait plus comme mécaniquement reproductible à toutes les espèces. 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