Histologie de la Cavité Buccale (Chapitre 1/3 de l'Histologie du l'appareil d...
4. phenomenes de croissance COURS ODF
1. Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
C.H.U Beni Messous
Service d’orthopédie dentofaciale
Pr.BENKHERFALLAH . N
Phénomènes de
croissance
Cours de 2éme année 2020-2021
Module d’ODF
Dr L.CHELLALI
2. Plan :
Introduction
1- Définitions
2- Aperçu sur l’ostéogénèse
3-Modalités de croissance
4-Les théories de croissance crânio- faciale
5-Les facteurs influençant la croissance
Bibliographie
3. Introduction :
L'orthopédie dento-faciale est une discipline pédiatrique : le traitement en ODF
n'est pas qu'une intense et courte période d'appareillage multi-attaches, mais
un véritable suivi médical, qui s'étend sur toute la période de croissance de
l'enfant ;
1 Définitions
- La croissance ׃
La croissance est une série de changements anatomiques et physiologiques de
la vie prénatale à l’âge adulte, elle repose sur la multiplication cellulaire depuis
la fécondation, cette multiplication entraine l’augmentation en volume, en
poids, en longueur, des différentes parties du corps, c’est un processus
biologique quantitatif.
- La maturation
C’est le processus de différenciation des tissus, grâce auquel un organe devient
pleinement apte à remplir sa fonction, donc la croissance est l’ensemble des
phénomènes biologiques conduisant à la maturation.
-Il est généralement admis que la croissance est sous la dépendance de
facteurs génétiques sur lesquels l'orthodontiste a peu d'influence, alors que la
maturation semble plus sensible aux facteurs mécaniques, environnementaux
et qu'elle est susceptible d'être orientée par les thérapeutiques
2- Aperçu sur l’ostéogénèse
Le tissu osseux dérive du mésenchyme qui est un tissu embryonnaire
provenant de la différenciation du mésoblaste.
- Au sein du mésenchyme, il y a augmentation quantitative des fibres de
collagène et multiplication cellulaire aboutissant à la formation d’un blastème
mésenchymateux squelettogène.
- A partir de celui-ci l’os peut se former de 2 façons :
Ossification membraneuse / ossification enchondrale.
4. 2.1 Ossification membraneuse :
- L’os se forme directement à partir du blastème. Cette ossification donne
naissance aux os de membrane, c’est le cas des os de la voûte du crâne et de la
face et non ceux de la base du crane .
- L’ossification débute pour chaque future pièce osseuse dans une zone
limitée, appelée centre primaire d’ossification. Ce dernier se distingue du
reste du blastème mésenchymateux par l’accroissement du nombre de
cellules, de grosses fibres de collagène et une vascularisation intense.
- Les cellules se différencient en ostéoblastes qui déposent sur les fibres
de collagène une substance pré osseuse qui se minéralise rapidement.
L’ossification progresse de proche en proche à partir de ce centre
d’ossification, les points d’ossification s’étendent en taches d’huile
rapprochant ainsi de plus en plus les pièces squelettiques ainsi formées.
- Lorsque la forme de l’os est suffisamment ébauchée, celui-ci s’entoure d’une
condensation conjonctive de sorte que les pièces membraneuses demeurent
séparées par des bandes conjonctives étroites appelée sutures membraneuses
ou syndesmoses.
2.2 Ossification enchondrale :
-L’os se forme à partir d’une maquette cartilagineuse (provenant elle même
du blastème mésenchymateux) par substitution. Cette ossification donne
naissance aux os de substitution (os du squelette axial, des membres et des os
de la base du crâne)
- Après une phase de multiplication, les cellules mésenchymateuses du
blastème squelettogène élaborent une substance fondamentale
cartilagineuse.
- Le blastème mésenchymateux se transforme en cartilage hyalin.
- Cette pièce cartilagineuse a grossièrement la forme du futur os. Puis il y a
modification des cellules cartilagineuses par hypertrophie suivie d’une
5. dégénérescence des chondrocytes ce qui crée des cavités séparées par des
cloisons cartilagineuses calcifiées.
- Bientôt ces cavités seront envahies par des chondroblastes et des cellules
mésenchymateuses indifférenciées qui se transformeront en ostéoblastes.
- Les chondroblastes détruisent partiellement les cloisons et les
ostéoblastes déposent la substance préosseuse sur les vestiges des
cloisons.
- Le tissu osseux fibreux obtenu va se transformer en tissu osseux
lamellaire compact par ossification secondaire.
- Les pièces osseuses obtenues gardent la même morphologie que la
maquette cartilagineuse initiale. Elles s’unissent entre elles mais il
persiste des bandes conjonctives dites sutures cartilagineuses ou
synchondroses qui peuvent accroître leur épaisseur de façon
interstitielle.
Ces deux modes d’ossification peuvent être retrouvés dans un même os. Ainsi
la clavicule et la mandibule sont des os mixtes, de membrane et il y a
apparition ultérieure de cartilage secondaire.
3-Les modalités de croissance
Une fois l’os formé , la pièce osseuse peut augmenter ses dimensions de deux
manières.On distingue deux modalités de croissance :
Suturale / remodelante
3.1Croissance suturale :
-Elle s’éffectue par apposition osseuse au niveau des sutures, ce qui permet
aux pièces osseuses de s’éloigner les unes des autres.
-Ces sutures sont d’une part le siège de croissance active et d’autre part
assurent l’union entre les os voisins.
6. -Selon l’origine des pièces osseuses, il existe deux types de sutures :
Les syndesmoses : sutures séparant les os de membrane.
Les synchondroses : sutures séparant les os d’origine cartilagineuse
(enchondrale)
Le terme ultime de leur évolution est la synostose qui traduit une croissance
suturale terminée ,il ne subsiste qu’un trait d’union.
- Les syndesmoses : sont des reliquats de la lame conjonctive primaire qui
sépare les os directement différenciés à partir des tissus conjonctifs , ces
syndesmoses jouent un rôle physiologique important dans la croissance,
ce sont des sites de croissance secondaires adaptatives.
- Les synchondroses : entre les os d’origine enchondrale persiste une
ébauche de cartilage, ces zones constituent les synchondroses, leur
croissance est différente car elle se produit des deux côtés, ce sont des
épiphyses à double action.
3.2 Croissance remodelante :
- Elle se fait de manière constante et sert à maintenir la forme et les
proportions de chaque pièce osseuse. Ce phénomène se fait par
apposition d’os nouveau et résorption d’os ancien de la lame opposée.Ce
processus produit deux types de résultats :croissance et déplacement de
la pièce osseuse.
-Le phénomène de remodelage est en rapport avec :
- L’intensité de la force
- La direction de la force : les travées osseuses s’orientent suivant les
lignes de la force.
-Le mode d’action de la force : la traction stimule la croissance osseuse
et la pression provoque la prolifération du tissu conjonctif
7. 4.Les théories de croissance crânio- faciale
Courant génétique :
Théorie de BRODIE et BROADBENT :
BRODBENT (1937), puis BRODIE (1942,1946), dans leurs études descriptives de
la croissance de la face, reconnaissent une grande stabilité à la direction de la
croissance et BRODIE en 1946, écrit :
« la croissance de la face est proportionnée. Ceci veut dire que la dysharmonie
lorsqu’elle existe, est présente avant la naissance ; elle ne devient ni meilleure
ni pire. Elle ne peut être changée par le traitement. Les dents et les procès
alvéolaires constituent la seule zone de la face où on peut espérer induire des
modifications. »
Théorie de WEINMANN et SICHER :
Théorie de SCOTT :
Courant fonctionnel
Théorie de la matrice fonctionnelle de MOSS :
- La théorie de MOSS donne la première place dans les facteurs
responsables de la croissance à l’environnement non squelettique.
-La matrice fonctionnelle est constituée de tous les tissus, organes, cellules non
squelettiques et espaces fonctionnels (nasal, buccal, pharyngé) nécessaires à
l’accomplissement d’une fonction.
« la matrice grandit et le squelette répond » MOSS (1971).
Théorie de ROUX et de WOLF (1982) :
- Cette théorie est basée sur l’excitation mécanique fonctionnelle qui donne
à l’os sa forme, toute modification dans l’intensité ou la direction des forces
tend à modifier à la fois la forme extérieure de l’os et son architecture interne.
8. - Ce courant a été évoqué grâce aux recherches de VAN LIMBORGH qui a livré
une classification claire et précise des facteurs responsables de la croissance
crânio-faciale.
Courant synthétique
Théorie de VAN LIMBORGH (1970, 1983) :
Les facteurs de contrôles pour cet auteur sont répartis en trois familles :
- Facteurs génétiques : Ils vont s’exprimer à l’intérieur de la cellule ou être
véhiculés avec les cellules lors de leurs migrations , leur donnant ainsi
leur spécificité et déterminant leurs potentialités. (cellules de la crête
neurale céphalique par exemple).
- Facteurs épigénétiques également déterminés génétiquement, mais ils
trouvent leur expression à l’extérieur de la cellule dans laquelle ils sont
produits. Leur spécificité dépend directement du caractère de la cellule
apte à les synthétiser et de celle qui est susceptible d’y réagir.
- Facteurs environnementaux :
Sont ceux qui trouvent leur origine dans l’environnement externe.
Ils peuvent avoir une influence locale (facteurs environnementaux locaux)
comme les ligaments, les tendons, les muscles, les tissus mous, le système
dentaire ou les espaces fonctionnels, à la fois du fait de leur présence, de leur
croissance et de leurs fonctions.
-Ils peuvent aussi agir par voie générale (facteurs environnementaux généraux).
La vascularisation en est un exemple très révélateur car elle permet à la fois
d’apporter des métabolites et d’oxygéner les tissus à distance en participant à
l’économie de l’environnement des tissus squelettiques. L’innervation agit
aussi à distance par l’intermédiaire de facteurs de croissance.
Théorie de DELAIRE (1975 , 1990, 1993) :
- DELAIRE rejette la notion du schéma facial « facial pattern » fixé
génétiquement devant l’évidence des succès orthopédiques de son
maître LEBOURG. Il reconnaît une dépendance plus étroite des structures
cartilagineuses primaires vis-à-vis des facteurs génétiques et des
9. structures membraneuses vis-à-vis des facteurs environnementaux
locaux ; Mais au niveau de la face, il estime que les pièces squelettiques
- dépendent directement pour leur croissance des déplacements et des
influences qu’elles subissent.
Théorie de PETROVIC (1975, 1993) :
- PETROVIC a synthétisé ses idées dans une théorie cybernétique des
processus de contrôle de la croissance. Plusieurs facteurs influencent la
croissance :
- Les facteurs génétiques intrinsèques : interviennent d’une manière
différenciée dans ce modèle cybernétique sur la croissance des
cartilages. Leur action est forte sur les cartilages primaires de la base du
crâne et sur l’expansion faciale du septum nasal cartilagineux. Elle est
faible sur le cartilage secondaire condylien.
- Les facteurs épigénétiques généraux : (STH) interviennent aussi d’une
manière différente sur ses constituants cartilagineux.
- Les facteurs environnementaux : locaux (actions mécaniques de la
confrontation occluso-articulaire, de la langue, du frein méniscal et du
ptérygoïdien latéral ….) ou généraux (vascularisation du frein méniscal
postérieur)sont impliqués dans les mécanismes de ce modèle
cybernétique.
5.Facteurs influençant la croissance
Facteurs généraux :
5.1.1 Facteurs intrinsèques :
- Facteurs génétiques : Le message héréditaire est plus ou moins
unanimement reconnu comme le déterminant essentiel dans la
formation et la croissance des os.
-Les dimensions, les formes des os sont génétiquement prédéterminées.
10. -Facteurs endocriniens : L’action hormonale endocrinienne est considérée
comme prédéterminée et rentre dans le cadre génétique. L’hypophyse, la
thyroïde et les glandes sexuelles secrètent des hormones qui agissent
directement ou indirectement sur la croissance.
- La STH secrétée par l’hypophyse agit par voie indirecte en activant la
croissance.
- Les hormones tyroïdiennes associées à la STH augmentent l’action de
celle-ci.
-Les hormones sexuelles jouent un rôle modérateur décélérateur sur la
croissance en hâtant la soudure des épiphyses et en activant la maturation.
5.1.2 Facteurs extrinsèques :
-Facteurs nutritionnels : la notion d’équilibre alimentaire est essentielle. Une
sous-alimentation peut retarder la croissance sur le plan qualitatif, les
métabolites essentiels (protéine, glucides, vitamines A1 B2 et D) jouent un
rôle essentiel.
-Facteurs socio-économiques : l’habitat et le mode de vie sont des conditions
plus ou moins stimulantes, les enfants de classe sociale favorisée présentent
un développement plus harmonieux et plus régulier que les autres.
-Facteurs affectifs : une carence maternelle peut provoquer un
ralentissement voire arrêt de la croissance par changement de la conduite
alimentaire, par diminution du taux de sécrétion des hormones somatotropes
somatomédines.
-Il existe donc un véritable mécanisme psycho-neuro-endocrinien dont la
perturbation provoque un trouble de croissance.
11. 5.2 Facteurs locaux:
- Facteurs fonctionnels : les os se développent en réagissant contre les
influences mécaniques qui s’exercent sur eux.L’activité musculaire intervient de
façon prépondérante sur la morphogenèse des os.
-Les forces physiques : des pressions développées sur le squelette en
formation, à l’aide d’une force assez puissante peuvent provoquer
d’importants changements dans la direction de croissance de nombreuses
parties du corps.
Par exemple l’action des bandages sur les pieds des chinoises.
- Les maladies : chroniques peuvent retarder la croissance:
- Rougeole, diphtérie, peuvent provoquer une ankylose des ATM et par la
suite des déformations faciales.
- Les affections respiratoires sont également des facteurs étiologiques
decertaines dysmorphoses.
12. Bibliographie :
Croissance générale de l’enfant. (j-j-Aknin)2008emc 23-455-C-10
CHÂTEAU. M: orthopédie dento faciale tome 1 « Bases fondamentales » Edition Cdp 1980
CHÂTEAU. M: Orthopédie dento faciale tome 2 « clinique : diagnostic, traitement » Edition
Cdp 1980
LARABA. S: Croissance et développement dentaire « Notions de base » OPU 1996
BASSIGNY: Manuel d’orthopédiedento facial Edition MASSON 1991
LEJOYEUX. E FLAGEUL. F: orthopédie dento faciale « une approche bioprogressive »
Quintessence 1999
LANGLADE. M: Thérapeutique orthodontique Maloine édition, Paris 1976
AKNIN. JJ: croissance cranio faciale 23-455-C-10 EMC 2008