2. Le socle de l’entreprise est constitué par les ressources humaines au centre
desquelles est placé l’individu sous l’angle des compétences, de la formation, de
la motivation, de la polyvalence, de la responsabilité, de l’aptitude à travailler
en groupe et à tisser son propre réseau de relations; ce sont en effet les
ressources humaines qui confèrent à l’entreprise son dynamisme et son
originalité dans le cadre d’une vision globale assimilée par tous et d’une
internationalisation délibérée et non simplement subie; le maillage intégrateur
de l’ensemble des établissements, filiales et partenaires constitue en lui-même
un facteur d’innovation dans les produits et procédés de fabrication, processus
administratifs et services; l’ensemble est supporté par une infrastructure
regroupant l’ensemble des moyens physiques dont l’entreprise dispose pour
exercer son activité et un réseau ou infostructure, à la fois réservoir de
connaissances et système de circulation de l’information; le coeur de
l’entreprise est ainsi constitué par son patrimoine immatériel .
Les connaissances en sont le cœur et se manifestent essentiellement dans les
trois grandes fonctions que sont
- la production
- le commerce
- la gestion
4. L’ e-production consiste à tirer parti des connaissances des différents acteurs
au service de la conception, du développement et de la fabrication en faisant
collaborer les intervenants habituels et même d’autres plus ou moins concernés
et en leur donnant une parfaite visibilité soit du produit ou du process en cours
de conception ou de développement, soit des opérations en cours.
En quoi l’e-production intervient-elle dans votre stratégie? En dehors des
avantages qu’elle ne manquera pas de vous apporter si elle est convenablement
conduite, elle répond à une réaction de défense vis-à-vis de la posture de vos
concurrents ou de vos clients.
Si vous êtes fabricant , donc fournisseur, vos clients vont pouvoir, grâce à
Internet, se regrouper sur une place de marché et vous mettre en concurrence
de manière transparente avec d’autres fournisseurs, sans possibilité d’esquive;
la conséquence ne peut être qu’une baisse de prix.
Comment pouvez-vous réagir? D’abord en tant que client, agir comme les
clients.
Mais, en tant que fournisseur, vous allez pouvoir mettre Internet à profit pour
contrecarrer la stratégie de vos clients en instituant le travail collaboratif au
niveau de la conception et du développement, accélérant de la sorte la mise sur
le marché de vos nouveaux produits pour être le first mover avec les avantages
que cela comporte; d’autre part, vous avez également la possibilité d’utiliser
Internet pour faire participer vos clients au développement de vos produits, la
concurrence n’existant pas pour des produits qui ne sont pas encore
commercialisés; cela accroîtra en outre votre potentiel d’innovation.
En tant que client, si vous participez au développement d’un produit mené par
l’un de vos fournisseurs ou sous-traitants, il vous sera probablement demandé
de signer un accord de secret (non diclosure agreement) mais vous serez en
droit d’exiger, en contrepartie de votre collaboration, une licence croisée ou
une exclusivité d’utilisation ou de distribution -éventuellement pour certains
secteurs géographiques, certains segments de clientèle ou certaines
applications-, limitée ou non dans le temps, ce qui peut vous assurer une avance
appréciable sur vos concurrents.
6. Pourquoi e-commerce? Parce que, après avoir conçu des produits, il faut non
seulement les fabriquer mais les vendre; aussi, avons-nous placé l’e-commerce
après l’e-production bien que, avec l’avènement d’Internet, l’on “vende” de
plus en plus de produits avant de les fabriquer: en effet, même s’il ne s’agit pas
d’une vente classique, le fait pour le client de concevoir son produit en ligne ou
pour le fabricant de configurer son produit en ligne suivant les options du client
constitue en lui-même une partie de l’acte de vente. Néanmoins, la vente à
proprement parler c’est-à-dire la livraison physique et, la plupart du temps, le
règlement ne peuvent intervenir qu’après la fabrication.
Nous placerons donc sous ce vocable d’e-commerce l’ensemble des fonctions en
ligne non administratives gravitant autour de la vente et contribuant à faire
vendre le produit ou le service en amont ou en aval de l’acte de vente stricto
sensu.
8. La finalité de l’ e-gestion est de réduire les coûts -essentiellement par réduction
des stocks- et de mieux satisfaire le client par le raccourcissement des délais, le
respect des engagements sur les dates de livraison, une meilleure qualité et des
possibilités accrues de personnalisation.
Cela suppose une visibilité de l’ensemble des acteurs sur la chaîne
d’approvisionnement ou Supply Chain. A cela, un préalable: chacun des acteurs
doit disposer d’un ERP susceptible de communiquer avec les autres par un
Extranet ou Interne, que ce soit à partir de son bureau, de son portable ou de
son mobile.
Ce qui caractérise l’e-gestion par rapport à la gestion tout court, c’est un
objectif d’optimisation que l’on s’efforce d’atteindre grâce au travail
collaboratif et à des systèmes de gestion de connaissances incluant la tenue à
jour d’indicateurs, la simulation et l’aide à la décision. Il est sûr que l’e-gestion
apportera à ceux qui en feront bon usage un avantage compétitif et des gains
substantiels (élimination de non-valeurs entraînées par une mauvaise
synchronisation des flux physiques, plus grande réactivité pour saisir dse
opportunités).
10. Le passage à l’économie de la connaissanceet à l’informatisation qu’elle
entraîne implique une double évolution organisationnelle et stratégiquequi
caractérise l’ e-Entreprise.
Le changement de cap dans l’organisation concerne les méthodes de travail, le
management, les structures et une politique de relations humaines entièrement
nouvelle.
L’aspect stratégique concerne essentiellement la conception du coeur de métier
et les relations avec les partenaires en rupture totale avec les pratiques
antérieures; les objectifs stratégiques (rentabilité, expansion, flexibilité,
autonomie, diminution du risque) restent sensiblement les mêmes mais ce qui
change, c’est surtout la manière de les atteindre: chacun est libre de pondérer
ces différents objectifs selon ses propres impératifs mais les nouvelles
technologies gravitant autour d’Internet changent considérablement la donne
dans la mesure où, par exemple, elle permettent aux entreprises qui prétendent
au leadership -toutes ne peuvent pas y parvenir par définition- de prendre le
contrôle d’une chaîne de valeur en prenant un minimum de risques, en
concentrant leurs investissements sur leur coeur de métier, en conservant le
maximum de degrés de liberté et de facilité d’adaptation et en étendant leur
activité grâce à des prestations de services de plus en plus nombreuses; les
stratégies collaboratives permettent par surcroît de mieux maîtriser les aléas et
de mieux anticiper l’évolution des marchés.
Les stratégies antérieures étaient axées sur la soumission à la loi du plus fort:
prix imposé au fournisseur, absence de choix laissé au client, mépris du
concurrent; aujourd’hui, l’on n’hésitera pas à traiter le fournisseur en
partenaire non seulement en rationalisant le processus d’approvisionnement
mais encore en le faisant participer au développement de certains produits, à
recueillir l’avis de ses clients et même à leur laisser consulter celles de ses
bases de données qui les concernent ou à travailler avec ses concurrents dans le
cadre d’actions se situant en amont ou en aval de la vente proprement dite.
Cette nouvelle manière de travailler offre beaucoup plus de souplesse mais
demande une plus grande réactivité et une responsabilisation accrue de la part
du personnel.