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Plus de Moiraud Jean-Paul (20)
Rédiger un rapport d’étonnement - Réflexions
- 1. Jean-‐Paul
Moiraud
©
2014
–
Université
Jean
Moulin
Lyon
3
Rédiger
un
rapport
d’étonnement
L’étudiant
de
l’enseignement
supérieur
ou
des
grandes
écoles
doit
dans
le
cadre
de
ses
études
s’immerger
dans
une
entreprise,
nous
parlons
de
stage.
Il
peut
être
selon
les
niveaux,
un
stage
ouvrier,
un
stage
intermédiaire
ou
un
stage
long
de
fin
d’études
de
six
mois
ou
plus.
Depuis
le
stage
de
découverte
en
classe
de
troisième,
les
étudiants
se
sont
pliés
à
l’obligation
de
rendu
du
rapport
de
stage.
Il
est
à
la
formation
académique
ce
que
le
patinage
artistique
est
au
sport,
un
exercice
relevant
de
la
figure
imposée.
Ce
rapport
s’inscrit
dans
une
logique
formative
que
je
ne
souhaite
pas
reprendre
et
développer
ici.
Notons
rapidement
qu’il
permet
de
vérifier
un
certain
nombre
des
capacités
des
étudiants
balisées
par
une
démarche
pédagogique.
On
peut
citer
:
• La
capacité
à
synthétiser
une
expérience
;
• La
capacité
rédactionnelle
pour
laquelle
sont
évaluées
la
syntaxe
et
la
capacité
à
intégrer
une
orthographe
satisfaisante1
;
• La
capacité
à
intégrer
dans
la
réflexion
le
respect
des
droits
d’auteurs,
le
respect
des
citations,
le
principe
de
la
courte
citation,
le
respect
du
droit
d’auteur
dans
l’
iconographie.
Les
écoles
seront
soucieuses
de
vérifier
que
les
étudiant
savent
inclure
leur
analyse
scientifique
disciplinaire
dans
une
réflexion
transversale
plus
large,
incluant
des
domaines
connexes
comme
l’économie,
les
ressources
humaines,
la
sociologie
d’entreprise,
le
droit
etc
…
Une
formation
consiste
à
savoir
s’insérer
dans
cadre
réglementaire
(le
rapport
de
stage)
mais
c’est
aussi
être
en
capacité
de
s’interroger
sur
sa
future
professionnalité.
Il
est
assez
logique
que
les
étudiants
entrent
dans
leur
formation
en
ayant
une
vision
idéalisée
du
métier,
faite
de
ressenti,
d’images
journalistiques,
de
considérations
pécuniaires
(«
bien
gagner
sa
vie
»).
Le
stage
doit
étonner
l’étudiant,
faire
basculer
les
axes
des
convictions,
les
représentations
stéréotypées.
Le
rapport
d’étonnement
peut
être
un
vecteur
de
réflexivité,
un
objet
de
positionnement
sur
les
enjeux
de
la
professionnalité,
un
outil
de
détection
pour
choisir
des
futurs
collaborateurs
capables
d’innovation
sociale,
de
créativité
et
de
rigueur
dans
le
positionnement
de
ses
objets
de
recherche.
1
Le
projet
Voltaire
à
l’ECAM
-‐
http://www.projet-‐voltaire.fr/blog/actualite/projet-‐
voltaire-‐retour-‐experience-‐ecam-‐lyon-‐ecole-‐ingenieurs
ESIEA
-‐
http://www.esiea.fr/expression-‐ecrite-‐un-‐accompagnement-‐des-‐etudiants-‐en-‐
orthographe-‐%283508%29.cml
La
certification
Voltaire
-‐
http://etudiant.lefigaro.fr/orientation/actus-‐et-‐
conseils/detail/article/des-‐grandes-‐ecoles-‐s-‐alarment-‐du-‐niveau-‐d-‐orthographe-‐1106/
LE
RAPPORT
D’ETONNEMENT
1
- 2. Jean-‐Paul
Moiraud
©
2014
–
Université
Jean
Moulin
Lyon
3
Je
propose
de
lister
quelques
points
pour
rédiger
le
rapport
d’étonnement
pour
le
soumettre
auprès
de
ses
stagiaires
?
1) Qu’est
ce
qu’un
rapport
d’étonnement
?
A. Le
principe
Par
expérience
professionnelle2,
je
sais
que
les
étudiants
nourrissent,
même
en
fin
d’études,
une
vision
largement
idéalisée
du
métier
qu’ils
vont
exercer.
Le
temps
de
stage
est
le
sas
intellectuel
qu’il
faut
mettre
à
profit
pour
établir
les
ponts
entre
la
nécessaire
construction
des
socles
académiques
et
la
pratique
professionnelle.
Le
temps
de
la
construction
professionnelle
est
aussi
la
période
de
la
découverte
et
de
l’observation.
Le
rapport
d’étonnement
peut
être
un
excellent
instrument
de
détection
des
idées
innovantes.
Il
est
assez
simple
d’outiller
les
étudiants
voire
de
vérifier
s’ils
ont
mené
une
démarche
réflexive.
Le
rapport
d’étonnement
est,
de
mon
point
de
vue,
l’instrument
intellectuel
que
les
entreprise
devraient
utiliser
pour
jauger
le
potentiel
de
leurs
futurs
salariés.
Je
me
permets
de
commencer
mon
argumentation
par
des
propos
provocateurs.
Je
vous
invite
à
laisser
de
côté
(momentanément)
le
rapport
de
stage
(les
pédagogues
se
chargent
de
l’évaluer
selon
des
critères
facilement
identifiables
dans
les
programmes).
Prenez
le
temps
de
rencontrer
le
stagiaire
ou
de
lui
demander
une
production
écrite
(pourquoi
ne
pas
l’institutionnaliser
?)
qui
sera
son
rapport
d’étonnement.
Demandez-‐
lui
de
vous
exposer
les
points
suivants
:
Comment
le
stage
a
t-‐il
été
mis
à
profit
?
quelle
est
sa
perception
de
l’entreprise
après
x
mois
de
présence
?
Le
service
a
t-‐il
contribué
à
le
former
opérationnellement
?
Comment
a
t-‐il
évolué
pendant
cette
période
formative
?
…
Je
ne
parle
pas
ici
de
connaissances
issues
des
sciences
dures
mais
bien
de
la
mosaïque
de
savoirs
et
compétences
qui
constituent
l’ADN
du
futur
collaborateur.
Le
stagiaire
à
l’issue
de
son
stage
est-‐il
en
capacité
de
formaliser
les
propositions
suivantes
:
• Comment
est
organisé
son
futur
métier
en
dehors
du
périmètre
de
son
champ
scientifique
de
formation
?
On
peut
attendre
de
lui
qu’il
ait
consulté
la
fiche
de
poste
du
métier
qu’il
exercera
et
qu’il
l’ait
comparé
avec
son
corpus
de
formation.
Quelles
sont
les
conclusions
qu’il
en
retire
?
;
• Comment
perçoit-‐il
les
compétences
qu’il
aura
à
mobiliser
dans
son
futur
métier
?
J’aime
à
parler
des
compétences
centrales
et
des
compétences
transversales.
• Comment
a
t-‐il
anticipé
les
compétences
qui
risquent
de
devenir
centrales
à
terme
dans
son
métier
?
(perception
des
signaux
faibles
du
métier)
• Comment
perçoit-‐il
les
enjeux
du
savoir,
du
savoir
faire
et
du
savoir
être
?
2
E.portfolio
http://jean-‐paul.moiraud.wataycan.com
2
- 3. Jean-‐Paul
Moiraud
©
2014
–
Université
Jean
Moulin
Lyon
3
•
•
Comment
a
t-‐il
vécu
les
modes
de
création
au
sein
des
équipes
qui
l’ont
accueilli
?
Comment
perçoit-‐il
la
façon
dont
sont
organisés
les
réseaux
sociaux
de
conception
(système
hiérarchique
centralisé
ou
coopération
ou
collaboration
ou
bien
encore
l’intelligence
collective3).
Comment
imagine
t-‐il
le
service
dans
une
perspective
d’amélioration
?
•
Le
stagiaire
construit
sa
professionnalité,
il
est
évident
que
nombre
de
concepts
peuvent
encore
lui
échapper
mais
il
a
cette
qualité
d’avoir
un
œil
neuf
et
souvent
très
aiguisé.
Le
rapport
d’étonnement
peut
orienter
pour
répondre
à
des
problématiques
que
la
routine
des
équipes
a
occulté
:
«
1.
Qu'est-‐ce
qui
vous
a
le
plus
étonné
dans
notre
entreprise4
?
2.
Quel
est
le
point
fort
qui
vous
a
le
plus
surpris
?
3.
Quel
a
été
pour
vous
le
point
faible
le
plus
inattendu
?
4.
Qu'est-‐ce
qui
devrait
être
amélioré,
modifié
ou
abandonné
prioritairement
selon
vous
?
5.
Si
vous
aviez
une
baguette
magique,
quelle
est
"la"
chose
que
vous
changeriez
dans
notre
entreprise
?
6.
Qu'est-‐ce
qui
vous
a
étonné
dans
la
manière
dont
nous
servons
nos
clients
?
7.
Quelle
est
la
force
de
nos
produits
et
nos
services
que
vous
ne
soupçonniez
pas
avant
de
travailler
dans
notre
entreprise
?
8.
Quel
est
la
faiblesse
ou
le
manquement
qui
vous
inquiète
le
plus
dans
nos
produits
et
nos
services
?
9.
Dans
les
relations
inter-‐personnelles,
qu'est-‐ce
qui
vous
a
étonné
?
10.
Quelles
sont
les
améliorations
concrètes
que
vous
suggéreriez
?
»
B. La
forme
Le
rapport
d’étonnement
est
un
outil
(
je
préfère
le
terme
d’objet
dans
la
mesure
où
il
est
peu
défini
et
le
concept
peu
stabilisé)
souple
permettant
d’estimer
un
ensemble
de
compétences
perceptives
chez
les
étudiants.
Il
est
un
outil
de
créativité,
il
convient
de
ne
pas
trop
en
baliser
la
forme.
Le
travail
rédactionnel
est
la
forme
native
mais
il
n’exclut
3
Guy
Théraulaz
-‐
Comment
les
insectes
sociaux
peuvent-‐ils
nous
aider
à
résoudre
des
problèmes
complexes
?
(2002)
-‐
http://www.sklunk.net/spip.php?article262
4
Source
-‐
http://www.yellowideas.com/index.php?option=com_content&view=article&id=92&Ite
mid=91
LE
RAPPORT
D’ETONNEMENT
3
- 4. Jean-‐Paul
Moiraud
©
2014
–
Université
Jean
Moulin
Lyon
3
pas
d’investir
d’autres
canaux
comme
moyens
d’expressions.
La
vidéo,
le
mindmapping,
la
scénarisation
par
dessin,
par
maquettage
peuvent
être
des
pistes
à
explorer.
Le
rapport
d’étonnement
est
un
exercice
de
déconstruction
puisqu’il
renvoie
aux
moyens
informels
pour
décrire
et
organiser
un
champ
des
possibles
formels.
2) Le
rapport
d’étonnement,
un
outil
de
détection
des
capacités
d’innovation
À
l’heure
des
réseaux
sociaux,
les
générations
de
«
petites
poucettes5
»
profitent
d’un
foisonnement
d’informations
en
ligne.
Il
est
toujours
intéressant
de
vérifier
la
façon
dont
ils
se
l’approprient
(ou
pas).
Les
étudiants
sont
et
seront,
ce
que
la
littérature
scientifique
nomme,
des
«
knowledge
workers6
»
(les
travailleurs
du
savoir).
Il
ne
paraît
pas
illogique
de
vérifier
leur
aptitude
à
approfondir
leur
champ
d’observation,
à
engager
une
démarche
réflexive.
Il
est
à
noter
que
ce
type
d’investigation
est
utile
à
l’étudiant
et
à
l’entreprise.
On
entre
ici
dans
un
champ
qui
valide
une
double
compétence,
celle
de
l’intelligence
opérationnelle
et
celle
de
la
maîtrise
de
l’intrumentation
de
fonctionnalités
d’outils
orientée
vers
la
catachrèse7
Si
la
réflexion
d’un
étudiant
est
pertinente
on
peut
imaginer,
sans
trop
se
tromper
que
les
propos
seront
féconds
pour
lui
ET
pour
l’entreprise.
Le
mode
du
rapport
d’étonnement
reposant
sur
un
mode
souple
et
agile
permettra
de
s’affranchir
des
scories
de
la
forme
pour
se
concentrer
sur
le
fond.
Quelque
soit
la
forme
de
présentation
choisie
il
sera
intéressant
d’analyser
la
perception
de
l’entreprise
par
une
personne
extérieure.
Des
solutions
peuvent
être
proposées
et
être
le
vecteur
d’innovation
sociale
et/ou
technologique.
Il
me
semble
nécessaire
que
l’étudiant
tienne
un
carnet
de
bord
en
partant
de
ses
représentations
personnelles
au
moment
de
l’entrée
et
qu’il
les
confronte
à
son
expérience.
To
be
continued
…
5
Michel
Serres
-‐
Petite
poucette
-‐
(2013)
6
Marie-‐Josée
Legault
et
Guy
Bellemare
-‐
De
nouveaux
acteurs
de
la
régulation
du
travail
dans
la
gestion
par
projets
-‐
(2009)
-‐
http://interventionseconomiques.revues.org/214
7
Yves
Clot,
Roland
Gori,
dirs,
-‐
Catachrèse
:
éloge
du
détournement
–
(2004)
4