1. JFK 2009 23-24 janvier
La Reconstruction Posturale est un ensemble de techniques de
kinésithérapie qui se sert de l’induction normalisatrice comme
outil thérapeutique spécifique.
Cette rééducation est indiquée pour traiter certaines algies,
dysfonctions et/ou déformations de l’appareil locomoteur.
La restauration morphologique est le moyen principal
d’évaluation de l’efficacité du traitement.
Cela pourrait apparaître paradoxal : corriger la morphologie
constitue un objectif thérapeutique systématique, même si cela
n’est pas attendu du patient.
Les déformations ciblées sont les déformations acquises et non
traumatiques. On les appelle des dysmorphies.
Des photographies, faites dans des conditions de
reproductibilité suffisantes, permettent l’évaluation
qualitative de l’efficacité des manœuvres quant à la
restauration morphologique.
Un fond quadrillé, une mire au sol, la date, des conditions de
lumière identiques, un appareil photographique placé à la même
distance, à la même hauteur sont les principaux paramètres de
reproductibilité.
La clinique démontre que la démarche thérapeutique
s’accompagne de manière immédiate (pendant la réalisation de
la manœuvre) ou différée (à la fin de la séance, ou dans les
jours qui suivent la séance) de la résolution des algies et
d’une fonction locomotrice améliorée (objectifs fonctionnels)
et que ces améliorations sont pérennes.
L’intensité des algies est évaluée par l’Échelle Visuelle
Analogique.
2. JFK 2009 23-24 janvier
Un autre paradoxe de la Reconstruction Posturale : pour
corriger une dysmorphie, il faut, dans un premier temps,
l’aggraver.
Pour atteindre cet objectif, il n’est fait appel ni à des techniques
de renforcement ou d’étirement musculaire, ni à la répétition
d’exercices d’autocorrection.
Il est fait appel à des techniques qui mettent en jeu un outil
thérapeutique spécifique : l’induction normalisatrice. C’est le
principe actif.
Deux phases se succèdent chronologiquement :
- une phase d’ aggravation transitoire
- une phase de réduction extemporanée
L’aggravation transitoire d’une dysmorphie est une réaction
involontaire appelée réponse évoquée, provoquée à distance
par un mouvement volontaire appelé induction.
Ce mouvement volontaire, qui est réalisé suivant des modalités
spécifiques et propres à chaque individu, n’est efficace que s’il
déclenche l’aggravation transitoire à distance. On dit qu’il est
asservi.
On observe, sur le maintien de l’induction dans une amplitude
nécessaire et suffisante pour induire la réponse évoquée, que la
déformation aggravée se réduit progressivement en
extemporanée (pendant la réalisation de la manœuvre).
On constate aussi que la correction obtenue perdure et
s’améliore au fil du traitement.
On appelle manœuvres, les techniques qui mettent en jeu le
processus de l’induction.
Le lieu de manifestation de la réponse évoquée est appelé cible
de la manœuvre.
On appelle bras de levier, la distance comprise entre l’induction
et la réponse évoquée.
On constate que plus la distance entre la cible et l’induction est
grande, plus la réduction de la déformation induite est rapide.
Deux exemples pour illustrer ces concepts :
Chez cette patiente, la rotation céphalique gauche spécifique
provoque l’enroulement de l’épaule droite, la saillie de
l’articulation sterno-claviculaire droite, le soulèvement de
l’hémithorax droit, une courbure thoraco-lombale à convexité
gauche, une asymétrie du bassin, et une rotation médiale du
membre inférieur droit.
3. JFK 2009 23-24 janvier
La cible thérapeutique choisie est l’aggravation transitoire
induite de la rotation médiale du membre inférieur droit.
L’induction est la rotation céphalique gauche spécifique.
Le bras de levier, distance comprise entre le pied gauche et
l’extrémité céphalique, est d’une longueur suffisante.
L’objectif thérapeutique fonctionnel est, en l’occurrence, la
résolution d’algies lombales. Cet objectif se situe sur le trajet de
l’aggravation induite, entre la cible et l’induction.
Sur le maintien de la rotation céphalique dans les modalités
d’asservissement optimales, la rotation médiale du membre
inférieur droit se réduit progressivement.
La clinique démontre que cette démarche thérapeutique permet
la réduction des algies en extemporanée.
Chez cette autre patiente, la rotation-inclinaison céphalique
droite (la cible) est involontaire et est induite par la dorsiflexion
active de la cheville gauche (l’induction). L’objectif thérapeutique
fonctionnel est ici, la résolution d’algies cervicales.
La distance importante entre la cible et l’induction (bras de
levier) facilite la réduction de la malposition céphalique induite.
Un autre paradoxe de la Reconstruction Posturale : à de très
rares exceptions près, le praticien est amené à solliciter un effort
dans une zone corporelle souvent très éloignée de l’objectif
thérapeutique.
Une respiration de travail spécifique est systématiquement
réalisée pour optimiser l’outil thérapeutique. Elle a un rôle de
catalyseur de l’induction normalisatrice.
Après l’expiration passive du volume courant, sans transition, le
patient expire tout le volume de réserve expiratoire (recrutement
des muscles expirateurs accessoires), sans retenue ni freins.
La cadence respiratoire doit être régulière, du début à la fin de
la séance.
Quelles manœuvres ? et pourquoi ?
La stratégie thérapeutique qui consiste à sélectionner les
manœuvres susceptibles d’être les plus efficaces est élaborée à
partir des éléments du bilan initial.
Ce bilan comprend :
- un bilan anamnéstique
- un bilan des algies
- un bilan des dysfonctions
- un bilan des dysmorphies
4. JFK 2009 23-24 janvier
Le bilan morphologique est l’examen spécifique.
Il est développé de manière méthodique, afin de donner une
compréhension intégrale et tridimensionnelle aux déformations
corporelles identifiées.
Il est normatif : les lignes observées sur les patients (à gauche)
sont comparées à celles d’un référentiel morphologique,
modèle virtuel indemne de toute altération (à droite).
Les lignes de ce modèle sont rectilignes, symétriques et
obliques.
Le bilan morphologique est intégral des pieds à la tête même si
la plainte du patient est extrêmement localisée.
Il comprend un bilan :
- statique : en position debout, en appui quadrupédique, en
décubitus ;
- dynamique : sollicitations actives par des manœuvres
spécifiques ;
- palpatoire : du rachis cervico-thoracique dans le plan
sagittal et coronal en position de décubitus.
La synthèse des données éparses colligées lors du bilan est
réalisée grâce à une modélisation spécifique : la modélisation
1
des flèches virtuelles transfixiantes .
Son utilisation permet de relier entre elles et en trois
dimensions, les déformations du rachis et des membres.
1. Modélisation de type vectoriel qui reflète les différents paramètres de la
résultante des forces qui déterminent une dépression lordotique (point
d’application, direction, sens, module).
Le bilan morphologique ne sert pas qu’à mesurer des états ou à
les comparer pour évaluer les résultats thérapeutiques.
Il est indispensable pour élaborer une stratégie de traitement
individualisée et évolutive (les principaux items sont repris
brièvement au début et à la fin de chaque séance).
Les dysmorphies identifiées y sont exploitées comme objectif,
cible, et induction.
5. JFK 2009 23-24 janvier
Les observations, mises en évidence par la pratique
quotidienne, conduisent à postuler que les inductions (activité
musculaire contractile), du fait des réactions involontaires et non
contrôlables qu’elles engendrent à distance, mettent en action
un processus d’ordre neurologique.
- L’aggravation transitoire d’une dysmorphie traduirait une
exacerbation du tonus musculaire
- Sa réduction traduirait la résolution de l’hypertonie induite
Les techniques qui mettent en jeu l’induction normalisatrice
auraient pour effet de réajuster l’activité tonique. Ce
réajustement se traduirait cliniquement par la résolution des
algies, des dysfonctions, des déformations.
L’hypothèse pathogénique est la suivante :
Des messages erronés en provenance des centres régulateurs
du tonus (centres sous-corticaux) seraient à l’origine de
désordres toniques qui se traduiraient par certaines algies,
dysfonctions et/ou déformations de l’appareil locomoteur.
Les désordres toniques se traduisent par des hypertonies dans
des ensembles de muscles polyarticulaires, de même direction
qui se recouvrent comme les tuiles sur un toit. Lorsque ces
hypertonies intéressent des muscles antagonistes tels les anté-
fléchisseurs et les postéro-fléchisseurs de l’extrémité
céphalique, des conflits d’influences contraires se créent (en
l’occurrence : antéprojection/rétroprojection de la tête).
Lorsque ces conflits, qui s’exercent dans le plan sagittal, ne
peuvent être évités par l’exploitation des autres plans (coronal
et/ou rotatoire), ils génèrent des douleurs d’origine musculo-
squelettique, avec ou sans dysfonctions.
Les déformations engendrées par les désordres toniques créent
des rapports articulaires anormaux.
À court terme, ils sont le plus souvent asymptomatiques
(illustration de gauche).
À long terme (illustration de droite), ces rapports anormaux
prolongés génèrent à bas bruits des lésions tissulaires à
l’origine de douleurs tardives le plus souvent de type
inflammatoire.
6. JFK 2009 23-24 janvier
Un essai pré-clinique a été réalisé au CHU de Strasbourg en
neuroimagerie par tomoscintigraphie cérébrale sur trois
volontaires sains :
- un sujet naïf (n’ayant jamais été traité en Reconstruction
Posturale) ;
- un sujet en cours de traitement ;
- un sujet ayant interrompu son traitement il y a 6 ans.
Des différences substantielles quant aux zones sous corticales
activées apparaissent entre les trois sujets sur un mouvement
volontaire non spécifique.
Les différences entre les trois volontaires sains sont encore plus
flagrantes, lors d’une manœuvre de Reconstruction Posturale.
Les zones bleues dans les couches profondes du cerveau du
sujet naïf correspondent à des hypo débits. Elles contrastent
singulièrement avec les zones d’hyper activation observées
chez les deux autres sujets, dans les mêmes conditions
d’expérimentation.
Ces images, qui montrent l’implication des centres sous
corticaux lors de la réalisation de manœuvres, confirment que la
Reconstruction Posturale est une rééducation d’ordre
neuromusculaire.
7. JFK 2009 23-24 janvier
Quelques images de l’atelier :
« Le travail à distance de la lésion, un principe fondateur de la Reconstruction Posturale »