2. Biographie
Maylis Besserie, née en 1982 à Bordeaux est une romancière et
productrice de radio française.
Diplômée en 2005, Maylis Besserie commence par enseigner le
documentaire à l'Institut de la communication et des médias de
Paris, puis rejoint France Culture en tant que productrice de radio.
En février 2020, elle publie son premier roman, Le Tiers Temps
un roman qui évoque les derniers jours de Samuel Beckett dans
une maison de retraite parisienne.
Le 11 mai 2020, elle remporte le prix Goncourt du premier
roman, face à Avant que j'oublie d'Anne Pauly et Une fille sans
histoire de Constance Rivière.
4. Les amours dispersées
« Elle, c’est Maud
Gonne, la muse de
l’écrivain William
Butler Yeats. Enterré
en France en 1939 dans
le cimetière de
Roquebrune-Cap-Martin
pour être rendu à
l’Irlande une décennie
plus tard, le voilà qui
revient sous les traits
d’un fantôme. Il sort de
sa tombe pour raconter
son amour contrarié
avec Maud, histoire qui
se confond avec celle
de l’indépendance de
l’Irlande, dont ils ont
été tous deux des
acteurs
emblématiques ».
5. Samuel Beckett
Écrivain et poète irlandais,
Samuel Beckett est aussi un
dramaturge de talent. Né
le 13 avril 1906 à Foxrock,
dans la banlieue de Dublin en
Irlande, Samuel Beckett
grandit dans une famille
bourgeoise protestante. Fils
d'un métreur et d'une
infirmière, le jeune Samuel
étudie très tôt le français. Une
voie qu'il poursuit quand il
entame des études de
langues, (français, italien et
anglais) au Trinity College de
Dublin, en 1923. Il a écrit en
anglais et en français. Il est
l'auteur de la pièce "En
attendant Godot", petit bijou
du théâtre absurde.
6. Pourquoi Beckett
écrit en français?
Choisissant d'écrire en une
langue étrangère, le
français, Beckett a opté
pour une forme
d'expression aussi
conventionnelle que
l'algèbre abstraite, et non
plus sensible.
Il présenterait un monde
mort en utilisant un
langage sans vie.
7. Oeuvres
Samuel Beckett fut
l'auteur, en anglais puis
en français, de romans et
de pièces de théâtre qui
expriment l'angoisse
devant l'absurdité de la
condition humaine.
Le temps qui passe
réduit les personnages à
l'immobilité ; on ne peut
que meubler le temps de
paroles dont l'écho ne
sert à rien.
Son œuvre fut couronnée
par le prix Nobel de
littérature en 1969.
8. Le tiers temps:Critiques
Ce livre a gagné le
Goncourt du premier
roman 2020. Pour
être franche, moi et le
Goncourt, premier
roman ou non nous
ne faisons pas bonne
compagnie, mais ce
livre je l'ai beaucoup
aimé, surtout que
j'aime énormément
Beckett, l'homme et
son oeuvre. Un très
bel hommage à un
des plus grands
écrivains du XX iéme
siècle !
9. LU / VU par Véronique Roland
THÈME
Samuel Beckett, génie de la littérature,
travailleur inlassable et épuisé, attend avec
dérision, lucidité et mélancolie sa propre « fin de
partie » dans une maison de retraite du XIVe
arrondissement parisien, Le tiers temps…
Maylis Besserie prend le pari d’entrer dans la
tête de Samuel Beckett et de lui faire tenir le
journal intime (fictif) de ses derniers mois. Une
entreprise hautement ambitieuse compte tenu
de la notoriété et de la complexité de cet
Irlandais, francophile, érudit, à l’itinéraire
personnel et littéraire singulier.
Construit en trois parties, l’ouvrage alterne le
journal de l’écrivain et les compte-rendus du
personnel soignant employé au Tiers temps puis
à l’hôpital Sainte-Anne où il mourra en décembre
1989. Entrent ainsi en collision d’un côté la riche
perception de l’homme par lui-même, nourrie de
l’observation de son environnement immédiat,
de toutes ses sensations, de ses souvenirs, de
son ironie et de son travail ; de l’autre,
l’évaluation médicale, factuelle, qui frappe par sa
capacité à ramener un génie au niveau de ses
constantes physiques et d’une vie matérielle où
les choix se réduisent à « compote ou yaourt,
aujourd’hui, monsieur Beckett ? »…
10. LU / VU par Véronique Roland
POINTS FORTS
● Dans ce journal fictif, l’auteure ne s’essaie pas à un « à la manière de », objectif
impossible qu’elle aurait forcément manqué. Elle choisit de brosser l’auto-portrait du grand
Sam qui regarde avec causticité et désolation son corps le lâcher progressivement, et
attend la fin en se rappelant les moments, les lieux et les êtres qui ont aiguillé sa vie : on
voit ainsi apparaître l’enfant qu’il fut, ses parents – sa mère, surtout --, l’Irlande, la
France, sa rencontre déterminante avec James Joyce, qu’il admirera pour toujours, son
idylle avec la fille de ce dernier. Et puis, Suzanne, amie de Normale sup qui deviendra sa
femme et son soutien, et lui trouvera un éditeur qu’on ne présente plus, Jérôme Lindon. La
maison d’Ussy-sur-Marne, son refuge...
● Quelques personnages et des œuvres de Beckett reviennent frapper à la porte. Godot
passe la tête, l’évocation confuse de photos (quand la mort est proche) rappelle les photos
de famille de Solo, et la longue réminiscence de Film – court métrage en noir et blanc où
Buster Keaton tient le rôle clé-- accompagne les dernières heures d’un Beckett plongé dans
le coma profond de la sédation. Ces dernières pages sont, selon moi, les plus réussies.
Comme une ultime mise en scène, sans le son, du texte théâtral La dernière bande.
Le livre de Maylis Besserie se termine sur un cri que Beckett, au seuil du néant sur son lit
d’hôpital, tente en vain de pousser pour avertir les vivants « des dangers de l’obscurité »,
pour « sonner l’alarme » de la mort prochaine. Superbe.
11. LU / VU par Véronique Roland
ENCORE UN MOT...
Un livre un peu long mais bien écrit,
qui mêle des éléments biographiques
à des faits imaginaires pour raconter
les derniers mois de Samuel Beckett
à la résidence où il a réellement fini
sa vie, avant de mourir à Sainte-
Anne. Si on connaît Beckett, on
n’apprendra rien mais on le
retrouvera sous un autre jour, peut-
être avec plaisir, et on appréciera
l’écriture de Maylis Besserie.
Si on ne le connaît pas, on se laissera
émouvoir par la figure tragique,
souvent drôle mais jamais ridicule ni
pitoyable, d’un vieux monsieur pas
comme les autres, désormais seul,
face à lui-même, miné par la maladie
et confronté à la générosité
infantilisante – et même humiliante
bien que nécessaire-- de
l’accompagnement médical.