2. 1990. Arthur a vingt
ans et il est étudiant
à Rennes. Sa vie
bascule le jour où il
rencontre Jacques,
un écrivain qui habite
à Paris avec son
jeune fils.
Le temps d’un été,
Arthur et Jacques
vont se plaire et
s’aimer. Mais cet
amour, Jacques sait
qu’il faut le vivre vite.
3. Réalisateur: Christophe Honoré
Adolescent cinéphile, Christophe Honoré
suit des études de Lettres Modernes et
de cinéma en Bretagne. Il monte à Paris
en 1995, année de la publication de Tout
contre Leo, son premier livre pour
enfants, un genre dans lequel il se fait un
nom, en abordant des thèmes jusqu'alors
tabous (le sida, l'homoparentalité).
A la fin des années 90, Christophe
Honoré signe dans les Cahiers du
Cinéma des textes polémiques dont le
héros est un dénommé Roland Cassard,
clin d'oeil à un personnage-clé de
l'oeuvre de Demy. On retrouve cette
référence au réalisateur de Lola dans le
titre de son premier long métrage, Dix-
sept fois Cécile Cassard, sorti en 2002.
Portrait éclaté d'une femme en deuil, ce
premier opus éclairé par la présence
de Béatrice Dalle est projeté au Festival
de Cannes dans le cadre de la section Un
Certain regard.
4. Après deux adaptations littéraires, Ovide et la Comtesse de
Ségur, Christophe Honoré souhaitait revenir à une sorte de
réalisme et une histoire à la première personne. Le metteur en
scène voulait écrire une histoire entièrement originale et parler
des années 1990, autrement dit se servir de la fiction pour faire
revivre l'étudiant qu'il était à cette époque ainsi que cette figure
de l’écrivain qu'il aurait rêvé de rencontrer. Il explique : "Je me
suis mis presque naturellement à relire Hervé Guibert, Bernard-
Marie Koltès, Pier Vittorio Tondelli, Jean-Luc Lagarce... Toutes
sortes de récits évoquant le Sida ou lui faisant face.
Hervé Guibert
5. L’idée générale de la direction artistique était de recréer un temps sans le
reconstituer. Dans ce cadre, les références culturelles ont été très utiles
à Christophe Honoré et son équipe. Le cinéaste précise : "Les citations, les
films évoqués dans Plaire, aimer et courir vite, et même les piles de livres
que l’on voit dans les chambres sont vraiment puisées en ligne directe de
ma jeunesse. Je crois beaucoup que nous sommes formés, influencés,
dans nos manières de ressentir et de penser, par les livres lus, les musiques
et chansons entendues, par les films qui ont compté dans nos vies."
Bernard-Marie Koltès
7. Christophe Deladochamps
Après un bac littéraire, il envisage
d'abord d'intégrer une école de
commerce. Il s'inscrit ensuite aux
cours de Sandrine Gironde à la
MJC Haut-du-Lièvre à Nancy, puis
intègre Form'action, une école de
théâtre dirigée par le metteur en scène
Hervé Breuil. Il intègre ensuite
le Cours Florent en 2001 et s'installe
à Paris. Il obtient quelques rôles dans
des séries télévisées mais choisit de
rentrer en Lorraine en 2010 au
moment de la naissance de sa fille.
En 2014, il remporte le César du
meilleur espoir masculin pour son rôle
de Franck dans L'Inconnu du
lac d'Alain Guiraudie. En 2017, il est
nommé au César du meilleur acteur
pour son rôle de Mathieu dans Le Fils
de Jean de Philippe Lioret.
8. Vincent Lacoste
Né en 1993 à Paris, Vincent Lacoste débute au cinéma en
jouant le personnage principal du film "Les Beaux gosses", du
réalisateur Riad Sattouf. L'année suivante, il joue dans "Au
bistro du coin", de Charles Nemes, aux côtés de Fred Testot
et de Bruno Solo, puis dans "Low Cost", une comédie avec
Jean-Paul Rouve et Judith Godrèche. Après avoir joué dans
"De l'huile sur le feu", on le retrouve en 2012 à l'affiche de
"JC comme Jésus Christ", de Jonathan Zaccaï.
En 2014, il tient le rôle-titre du film "Hippocrate", de Vincent
Lilti, avec Reda Kateb, Félix Moati et Jacques Gamblin. Il y
incarne Benjamin, un jeune interne en médecine qui
découvre la dure réalité de la vie à l'hôpital.
9. Daniel Podalydès
Denis Podalydès, né à Versailles, est
un acteur, metteur en scène, scénariste et
écrivain français, et sociétaire de
la Comédie-Française.
Ancien élève du conservatoire national de
théâtre, il devient pensionnaire de la
Comédie-française en 1997 puis sociétaire
en 2000.
Au cinéma, il interprète le rôle principal
dans les films de son frère Bruno
Podalydès et participe à l'écriture de ses
films..
Dans son premier ouvrage, Scènes de la
vie d'acteur, publié en 2006, il décrit le
quotidien de son métier de comédien.
Deux ans plus tard, il publie Voix off, un
livre intime sur son rapport aux voix, les
voix de ses proches, les voix des grands
acteurs qui l'ont influencé et sa propre voix.
Dans La Peur, matamore (2010), il raconte
sa passion pour la tauromachie et sa
fascination pour certains toréadors
comme José Tomás.
Il a reçu le Molière de la révélation
théâtrale en 1999 pour son rôle dans Le
Revizor et le Molière du metteur en
scène en 2007 pour sa mise en scène
de Cyrano de Bergerac.
10. Adèle Wismes
Adèle Wismes commence à suivre
les cours de Joel Bui à l’Actors
Studio à Paris à 18 ans, puis à Los
Angeles avec Lorrie et Dianne Hull.
De retour en France, elle intègre les
Cours Florent, et complète sa
formation théâtrale aux côtés de
Jack Waltzer.
En 2015, elle est choisie par le
réalisateur Vianney Lebasque pour
interpréter MJ, un des rôles féminins
principaux de la série Les Grands
qui lui vaut le Prix du Jeune espoir
Féminin au festival de la fiction de la
Rochelle.
Le réalisateur Christophe Honoré la
choisit pour interpréter le rôle
féminin de Plaire, aimer, et courir
vite présenté en compétition au
Festival de Cannes 2018. Elle y
présente également le court-
métrage Âmes sœurs de Pierre
Deladonchamps pour les Talents
Adami Cannes 2018.
11. Critiques
On comparera probablement Plaire, aimer et courir vite à 120
Battements par minute. Rien à voir, pourtant. Le film de Robin
Campillo, même s’il détaillait une relation amoureuse, était
une œuvre de combat : un plaidoyer pour les actions d’Act
Up et une dénonciation de l’indifférence de l’Etat français
devant les victimes d’un virus mortel qui les emportait sans
rémission. Même si l’on sent la même détresse chez
Christophe Honoré (« Ils font tout pour qu’on crève en
cachette, alors il n’y a pas de raison que ça change si l’on
survit », dit l’un des personnages), son film est une chronique
romanesque. Romantique, aussi, au sens noble du terme,
c’est-à-dire fatale. S’y profilent les restes éparpillés
des Chansons d’amour — le film qui l’a révélé — mais
débarrassés de toute préciosité. Ce qu’il filme, aujourd’hui,
est enrobé d’une gravité nouvelle : comme si le temps avait
fait son œuvre, en lui apportant, en cadeau, un afflux de
sensibilité et de mélancolie.
Télérama
12.
13. Christophe Honoré filme un
touchant mélodrame mettant
en scène l’amour entre un
trentenaire atteint du sida et
un jeune étudiant dans les
années 1990. Une réussite.
C’est ce qu’a pourtant fait
Christophe Honoré qui a
l’élégance de remporter haut
la main son pari avec ce
nouveau
film, Plaire, aimer et courir vite
, qui se dévoile dans la
compétition cannoise en
même temps qu’il sort en
salles. Foulant de prime abord
le même territoire – des
hommes qui s’aiment
à l’ombre encore fatale du
sida dans le Paris des années
1990 –, il se cantonne, quant
à lui, à la sphère intimiste,
dans une mise en scène
délicate, enlevée et élégiaque
qui en fait un beau et touchant
mélodrame.
Le Monde
14. Plaire, aimer et courir vite est ce beau
mélodrame aux couleurs froides, un blues en
bleu et noir, dont le titre tient lieu
d’antiprogramme : plaire oui, mais sans recourir
outre-mesure aux effets de séduction de la
reconstitution; aimer, mais à bas bruit, sans rien
idéaliser de ses personnages, pleins de
crevasses ; courir vite, mais sans embardées, en
ménageant ses forces car la funeste ligne
d’arrivée se tient là, à vue, fatidique. Sa romance
à temps compté fraie sa voie à rebours du film
de Campillo, opposant au foisonnement de la
fresque un envers de chronique, pour ne
s’apparenter ainsi aux films des autres que par
quelques jeux d’échos minimaux, relevant tout
au plus de l’anecdote ou du gag - «Mais qu’est-
ce qu’il irait faire à une réunion d’Act Up
?» entend-on dans le dernier mouvement du film,
dit par Jacques, écrivain parisien, sous les traits
de Pierre Deladonchamps.