2. Introduction
Nécessité de contenir les émissions de GES à
l’échelle mondiale pour limiter le réchauffement
climatique
Les GES sont principalement
- Le CO2
- Le méthane CH4
- Le N2O
3. Pourquoi cibler le méthane ?
• Parce qu’il a un fort pouvoir réchauffant (x27.9 par rapport au CO2)
• Parce qu’il contribue globalement à 20% des GES
• Mais aussi parce qu’il a une demi-vie courte
• Environ 10 ans, contre plusieurs centaines d’années pour le CO2
• C’est la bonne cible si on veut réduire le réchauffement à court terme
• Les autres gaz sont plutôt des cibles à moyen et long termes
6. Les origines du méthane
SOURCES DES ÉMISSIONS ANTHROPIQUES DE MÉTHANE MONDIALES ET EUROPÉENNES (%)
*Janssens-Maenhout et al. (2017) ; **EU Methane Strategy
UE = 5%
émissions
anthropiques
mondiales de
méthane
8. Pourquoi les ruminants
produisent du méthane ?
• Herbivores capables de digérer la cellulose
• Microflore dans le rumen, responsable de la dégradation des fibres
par fermentation anaérobie
• Cette fermentation produit de l’hydrogène qu’il faut évacuer
• Des microorganismes méthanogènes (surtout les Archées) le transforment en méthane qui est
éructé
• Conséquence quasiment obligatoire, même si on peut en moduler le niveau
• Le méthane produit représente ~3% de la matière sèche ingérée
9. Leviers génétiques de réduction
des émissions de méthane
• Tout d’abord, comme toujours, la génétique est un levier
avec des effets plutôt à moyen terme, et n’est pas le seul
• Pour un résultat à court terme, privilégier les autres approches
(alimentation, compléments alimentaires…)
• Deux leviers génétiques que l’on peut combiner :
• Une approche indirecte pour diminuer les émissions « inutiles »
• Sélection directe contre le méthane
10. Approches indirectes
• Augmenter la longévité, réduire le renouvellement
• En laitier, ramener le renouvellement à 25% induirait -10% CH4
• Pratiquer des premières mises bas plus précoces
• Une généralisation des MB à 2 ans induirait -10% CH4
• Réduire le format
• Une réduction de 100 kg du poids adulte induirait -5% CH4
• Ces mesures relèvent du système de production en général, mais la
génétique peut y contribuer fortement.
• Stratégies souvent gagnant - gagnant
11. Approche directe
• L’émission de méthane est modérément héritable : ~15%
• Mais l’écart type génétique est ~60-70 g/j, pour un
animal adulte
Il existe un potentiel
de sélection important :
CVg = 70/500 = 14%
300 400 500 600 700
Méthane (g/j)
Variabilité génétique
disponible
12. La génétique a besoin de phénotypes
• Le méthane est très difficile à mesurer à grande échelle
• Le besoin en sélection (génomique) est d’au moins 10,000
animaux phénotypés par race et par an
• Les méthodes assez précises
actuelles (chambres respiratoires, SF6,
Greenfeed…) ne sont pas
généralisables à cette échelle
13. Quelles solutions de phénotypage ?
• Collaborer au niveau international
• Des initiatives en cours, qu’il convient d’analyser
• Recherche de méthodes plus simples / de proxys
• A moyenne échelle, le sniffer
(bien adapté aux robots de traite)
=> approche DK, NL, le Pin, Methane2030 à venir
• A très large échelle, les spectres MIR du lait
=> Projet Methabreed
0.4
0.6
0.8
1.0
1.2
Spectrum from 75 cow milk samples (UE INRA Mirecourt + Domaine du Pin)
MilkoScan FT6000 (Foss Electric, Hillerod, Denmark)
LILANO (Milk recording laboratory)
926
964
1002
1040
1078
1116
1154
1192
1230
1268
1306
1344
1382
1420
1458
1496
1716
1754
1792
1830
1868
1906
1944
1982
2020
2058
2096
2134
2172
2210
2248
2474
2514
2554
2594
2634
2674
2714
2754
2794
2834
2874
2914
2954
Wavelengths cm
1
Absorbance
14. La question de la précision de la mesure
• Les prédictions MIR sont relativement peu précises.
• Cette précision est-elle suffisante ?
• En sélection, on cherche à prédire la valeur génétique de
l’animal
• A partir des phénotypes à chaque contrôle de l’animal lui-même,
de ses apparentés, de la population de référence
• Lors de cette concentration d’informations, la variabilité résiduelle est
fortement réduite
• La précision modérée n’est pas forcément un problème
• Hypothèse d’absence de biais, ce qui reste à valider
15. Le potentiel de réduction
par sélection directe
• La sélection est multi-critères, le méthane s’ajoute à ces
caractères et ne remplacera pas tous ces caractères
• Le poids dans l’objectif reflète l’importance économique du caractère :
comment le définir pour le méthane ?
• Sans mesure incitative forte, le poids du méthane risque d’être faible et
la sélection peu efficace.
• Avec un poids raisonnable, on pourrait probablement réduire
le méthane de 1% par an.
• L’effet est cumulatif, son impact est donc important à moyen
et long terme
• Ne rien attendre avant 2030 en termes de diminution
• la génétique prend un peu de temps…
16. Quelles possibilités chez les allaitants ?
• L’approche MIR du lait n’est bien sûr pas possible
• Les mesures indirectes à privilégier en premier lieu :
• précocité (projet PrecoBeef)
• format
• Pour une approche directe, d’autres proxys sont en cours
d’étude :
• Spectres NIRS des fécès ?
• Sniffer si localisation favorable ?
• A l’avenir, l’information du microbiote ?
=> Cf Methane2030
17. Conclusion
• La sélection (même génomique) prend du temps
• au minimum 5 ans pour voir les premiers effets d’une action de
sélection
• Ne pas s’attendre à un effet avant 2030
=> Importance de démarrer rapidement !
• Combiner les approches directes et indirectes pour maximiser
l’impact
• Mais cela modifie fortement l’objectif de sélection
• posant la question de l’acceptabilité par le monde de la sélection et de
l’élevage
• Le succès de cette sélection repose sur une rémunération de cet effort
et dépend donc de politiques publiques et des filières volontaristes