SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  40
L’Europe
en dates et en figures
2 - De 1946 à 1999
Étienne Godinot .02.04.2022
1946 - Winston Churchill
Winston Churchill (1874-1965), ancien officier de l’armée, journaliste
de guerre et Premier ministre britannique (1940-1945 et 1951-1955), est
l’un des premiers hommes politiques à appeler à la création des « États-
Unis d’Europe ». L’expérience de la Seconde Guerre mondiale l’a
convaincu que seule une Europe unifiée pouvait assurer la paix. Son
objectif est de refouler une fois pour toutes les passions nationalistes et
belligérantes des pays du Vieux continent.
Dans son "Discours à la jeunesse étudiante" à l’université de
Zürich le 19 septembre 1946, il déclare : « (Le remède) consiste à
reconstituer la famille européenne, ou tout au moins la plus grande partie
possible de la famille européenne, puis de dresser un cadre de telle
manière qu’elle puisse se développer dans la paix, la sécurité et la
liberté. Il nous faut ériger quelque chose comme les États-Unis d’Europe.
(…) Il suffit de la résolution des centaines de millions d’hommes et de
femmes de faire le bien au lieu du mal, pour récolter alors la bénédiction
au lieu de la malédiction. (…) Le premier pas vers la création de la
famille européenne doit consister à faire de la France et de l’Allemagne
des partenaires. »
1946 - Robert Schuman, Konrad Adenauer
et Alcide de Gasperi
En 1946 à Cologne, Robert Schuman (1886-1963, photo 1 verticale),
ministre français des Finances, rencontre Konrad Adenauer (1876-1967,
photo 2 v.), chancelier allemand, et Alcide de Gasperi (1881-1953, photo 3 v.),
président du Conseil italien, lors d'une réunion entre les dirigeants des
partis démocrates chrétiens.
Lors de cette rencontre, ils exposent leurs idéaux et posent les
fondements d'une Europe unie, dépassant l'opposition séculaire de
certains peuples (notamment l’Allemagne et la France).
Parmi les autres "pères fondateurs de l’Europe", il faut citer le
Luxembourgeois Joseph Bech (1887-1975, photo 4), le Néerlandais Johan
Willem Beyen (1897-1976, photo 5), et le Belge Paul-Henri Spaak (1899-
1972, photo 6).
1947 - Denis de Rougemont
Denis de Rougemont (1906-1985) est un écrivain,
philosophe et universitaire suisse. Mobilisé en sept. 1939 dans l'armée
suisse, il est cofondateur de la ‘Ligue du Gothard’, groupe de résistance
suisse aux fascismes.
En 1946, il publie à New York les Lettres sur la bombe atomique.
En septembre 1946, il publie son premier discours sur l'union de
l'Europe. Engagé en faveur de la construction européenne, il prononce
fin août 1947 à Montreux le discours inaugural du premier congrès de
‘l'Union Européenne des Fédéralistes’ (UEF)*, et fait la promotion d'un
‘Centre européen de la culture’ qu’il crée à Genève en 1950.
En mai 1948, lors de la séance de clôture du Congrès de La Haye,
présidé par Winston Churchill, il donne lecture du Message aux Euro-
péens, qu'il a été chargé d'écrire pour dégager le sens du congrès.
En 1963, il fonde ‘l'Institut universitaire d'études européennes’
(IUEE), associé à l'Université de Genève, qu'il dirige jusqu'à sa retraite
en 1978 et où il enseigne jusqu'à sa mort l'histoire des idées européen-
nes et le fédéralisme. Il est partisan d’une « Europe des régions ».
* Il conçoit ainsi le fédéralisme : « renoncement à toute hégémonie ;
renoncement à tout esprit de système ; sauvegarde des minorités ; préservation
des qualités propres à chaque entité fédérée ; acceptation de la complexité ».
1948 - Congrès de l’Europe à la Haye
Le Congrès de La Haye, tenu dans la ville siège du
gouvernement des Pays-Bas, est l'un des premiers véritables
fondements du fédéralisme européen. Intitulé à l'époque "Congrès de
l'Europe", il rassemble du 7 au 11 mai 1948 plus de 750 délégués
venus de presque tous les pays d'Europe (parlementaires et ministres,
dirigeants patronaux et syndicaux, journalistes, intellectuels), et
quelques observateurs des États-Unis et du Canada.
Il est organisé par des associations, issues notamment de la
résistance au nazisme, comme ‘l'Union des fédéralistes européens’ ou
encore le United Europe Movement de Winston Churchill, président
d'honneur du Congrès.
Le congrès poursuit trois objectifs : 1) prouver l’existence dans
tous les pays libres d’Europe d’un mouvement d’opinion en faveur de
l’unité du continent; 2) discuter les enjeux de son unité et proposer aux
gouvernements des solutions pratiques; 3) insuffler une vigueur
nouvelle à la campagne internationale d’opinion.
Des commissions (économique et sociale, politique, culturelle)
font des propositions concrètes.
Photo du bas : Winston Churchill et Paul Ramadier (1888-1961) au congrès de la Haye
1949 - Conseil de l’Europe
Dans la suite du Congrès de la Haye, le Conseil de l’Europe (Council of Europe)
est créé à Londres le 5 mai 1949 .
Cette organisation intergouvernementale rassemble aujourd’hui environ
830 millions de ressortissants de 47 États membres (dont 28 États membres de l’UE),
par le biais des normes juridiques dans les domaines de la protection des droits
humains, du renforcement de la démocratie et de la prééminence du droit en Europe.
Son siège est à Strasbourg.
La ‘Convention européenne des droits de l'homme’, adoptée en novembre
1950, entre en vigueur en novembre 1953.
La ‘Cour européenne des droits de l'homme’ est créée en septembre1959 en
vue de faire respecter la Convention.
Photos du bas : Conseil de l’Europe, Cour européenne des droits de l’homme
à Strasbourg
1950 - Robert Schuman et Jean Monnet
Robert Schuman (1886-1963), homme politique français, est
président du Conseil des ministres en 1947, puis ministre des Affaires
étrangères de 1948 à 1952.
Son collaborateur et ami Jean Monnet (1888-1979), premier
Commissaire au Plan, lui fait part de l'urgente nécessité pour la France
de se faire un allié de l'Allemagne et rédige un projet destiné à initier
une fédération européenne.
Par sa déclaration du 9 mai 1950, Schuman propose de placer la
production franco-allemande du charbon et de l’acier sous une Haute
Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des
autres pays d’Europe. Ce texte débouche sur la signature, le 18 avril
1951, du traité de Paris créant la ‘Communauté européenne du charbon
et de l'acier’ (CECA).
« L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre. (…) La mise
en commun des productions de charbon et d’acier assurera immédia-
tement l’établissement de bases communes de développement écono-
mique, première étape de la Fédération européenne. (…) L’Europe ne
se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se
fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de
fait. »
La CECA sera dissoute en 2002 par intégration dans la CEE.
1954 : Échec du projet de CED
La ‘Communauté européenne de défense’ (CED) était un
projet de création d'une armée européenne, avec des institutions
supranationales, placées sous la supervision du commandant en
chef de l'OTAN, qui était lui-même nommé par le président des
États-Unis.
Dans le contexte de la guerre froide, le projet est esquissé en
septembre-octobre 1950 par Jean Monnet, et soutenu par René
Pleven (1901-1993), président du Conseil, puis par ses successeurs
Edgar Faure (1908-1988) et Antoine Pinay (1891-1994).
Il devient un traité, signé par 6 États, à Paris le 27 mai 1952.
Ratifié par la République fédérale d'Allemagne, la Belgique, le
Luxembourg et les Pays-Bas, le traité instituant la CED sera rejeté
par l'Assemblée nationale française le 30 août 1954 par 319 voix
contre 264.
Jean Monnet démissionne alors de son poste de président
de la Haute autorité de la CECA. Cependant, dès la conférence
de Messine, en juin 1955, le projet d'intégration européenne est
relancé dans le domaine économique. En octobre 1955, Monnet
lance son ‘Comité d'action pour les États-Unis d'Europe’.
Images :
- États qui auraient fait partie de la CED selon le plan de René Pleven.
- Le traité de Paris en mai 1952.
1956 : Insurrection de Budapest
L'insurrection de Budapest ou révolution de 1956 désigne la révolte
populaire spontanée contre le régime communiste hongrois et ses
politiques imposées par l’URSS et l’écrasement de la révolte par les
troupes soviétiques en octobre et novembre 1956.
La police politique tire sur la foule qui soutient les revendications
étudiantes. La révolte s'étend dans tout le pays, le gouvernement de
János Kádár fuit hors de la capitale auprès des troupes soviétiques. Les
prisonniers politiques sont libérés, le statues de Staline abattues. Le
nouveau Premier ministre Irme Najy (image du haut) promet des élections
libres, forme un gouvernement pluripartite, retire ses armées du pacte de
Varsovie et proclame la neutralité de la Hongrie auprès des instances de
l'ONU.
Le 4 novembre, une importante armée soviétique envahit
Budapest et les autres régions du pays et écrase l’insurrection
dans le sang (image du bas). Près de 3 000 Hongrois et 700
Soviétiques sont tués lors du conflit. 200 000 Hongrois fuient en
Autriche et de là, vers l'Occident.
Imre Nagy est exécuté en juin 1958 par pendaison dans la
prison de Budapest pour « conduite contre-révolutionnaire ».
1957 : Traités de Rome
Le 25 mars 1957, 6 États d’Europe, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie,
le Luxembourg et les Pays-Bas signent à Rome 2 traités :
- le premier crée la ‘Communauté économique européenne’ (CEE) qui prévoit la
libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux ;
- le second crée la ‘Communauté européenne de l'énergie atomique’ (CEEA ou
Euratom).
Ces deux traités entrent en vigueur, après ratification, le 1er janvier 1958.
Prenant pour base le traité CECA de 1951, les traités de Rome élargissent le
champ de la coopération supranationale et relancent ainsi la construction
européenne, ralentie par l'échec, en 1954, du projet politique de ‘Communauté
européenne de défense’.
La CEE connait des élargissements pour inclure 6 autres
États, le Danemark, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Espagne
et le Portugal.
Carte : en vert, le membres fondateurs de la CEE,
en bleu, les autres membres.
Les institutions européennes
dans les traités de Rome
La ‘Commission de la CEE’ (elle n'a pas le nom, qui serait
politiquement chargé, de Haute Autorité), garde seulement le
pouvoir d'initiative et de gardienne des traités.
La majorité des pouvoirs sont confiés au ‘Conseil européen’
(réunion des ministres des États membres dans leur domaine).
‘L‘Assemblée des délégués’ et la ‘Cour de Justice’ sont
communes aux trois communautés (CECA, CEE, Euratom)
Le ‘Parlement européen’ n‘a en 1957 qu'une fonction
consultative.
Photos :
- Siège de la Commission européenne à Bruxelles,
- Salle de réunion du Conseil européen à Bruxelles,
- Cour de Justice de l’Union Européenne à Luxembourg,
à ne pas confondre avec la Cour européenne des droits de l’homme (à
Strasbourg - Conseil de l’Europe),
ni avec la Cour Internationale de Justice (à La Haye - ONU)
L’Europe et l’outre-mer
L'association des territoires d'outre-mer est garantie par un
accord quinquennal de coopération commerciale (zone de libre-
échange entre les territoires et chacun des États de la CEE).
Le ‘Fonds européen de développement’ (FED) est l'instrument
principal de l'aide communautaire au développement des États
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Chaque FED est
conclu pour une période d'environ 5 ans. Le FED est financé par
des contributions volontaires des États membres et reste ainsi
hors budget de l'UE.
La convention de Lomé (Togo) est un accord de coopération
commerciale signé le 28 février 1975 entre la CEE et 46 pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (dits pays ACP),
renouvelé régulièrement.
Photo du bas : Convention de Lomé en 1975
1960-1972 : Mise en place
de politiques sectorielles
- 11 janvier 1960 : création du ‘Fonds social européen’ (FSE). Il a
pour but de soutenir la formation et la reconversion professionnelle des
travailleurs, la cohésion économique et sociale, et de lutter contre
l’exclusion.
- 30 juillet 1962 : lancement de la ‘Politique agricole commune’
(PAC), initiée par le Néerlandais Sicco Mansholt* (1908-1995, photo). Elle
est basée sur trois principes : unicité des marchés, préférence
communautaire et solidarité financière.
- 8 avril 1965 : signature du traité de fusion des exécutifs
communautaires : les 6 décident de fusionner en une seule institution la
Haute Autorité de la CECA, la Commission de la CEE et la Commission
Euratom. La ‘Commission des Communautés européennes’ jouit de
pouvoirs étendus qui lui permettent de mener une action transversale.
- Juillet 1965 : début de la "crise de la chaise vide" : la France
boycotte les institutions communautaires pendant 7 mois pour ne pas être
mise en minorité sur le dossier agricole.
* Après avoir notablement contribué à la destruction de l'agriculture paysanne et favorisé le
développement de l'agriculture industrielle pour subvenir aux besoins européens, Mansholt milite à la
fin de sa vie en faveur de l'écologie et de la limitation de la croissance.
1961 - Construction du mur de Berlin
Le mur de Berlin (Berliner Mauer) est érigé en plein Berlin dans
la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande
(RDA), qui tente ainsi de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants
vers la République fédérale d'Allemagne (RFA).
Cette séparation de 155 km de long comprend des barbelés, un mur
en béton de 3,5 mètres de haut, piégé par des mines et surplombé de
miradors. Elle sépare physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest
pendant plus de 28 ans et constitue le symbole le plus marquant d'une
Europe divisée par le "rideau de fer". Fin 1961, il n’existe que 7 points de
passage entre l'Est et l'Ouest de Berlin.
Officiellement appelé par le gouvernement est-allemand « mur de
protection antifasciste », il est le « mur de la honte » pour les Allemands
de l'Ouest.
Le 26 juin 1963, le président états-unien John F.
Kennedy (1917-1963) prononce à Berlin un discours
historique. Il déclare "Ich bin ein Berliner" ("Je suis un
Berlinois"), marquant la solidarité du monde libre
envers les Berlinois.
1963 - Traité franco-allemand
Le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle (1890-1970), président
de la République française et le chancelier allemand Konrad
Adenauer (1876-1967) signent le ‘traité d'amitié franco-allemand’, dit
traité de l'Élysée. Il entérine la relation de confiance et d'amitié qui
s'est instaurée entre les anciens « ennemis héréditaires ».
Ce traité fixe les objectifs d'une coopération accrue entre
l'Allemagne et la France dans les domaines des relations internatio-
nales, de la défense et de l’éducation. Sur le plan politique, il établit
un programme pour l'organisation de sommets intergouvernemen-
taux, afin de soutenir une coopération dans de nombreux domaines,
dont les affaires étrangères, la défense, l'éducation et la jeunesse.
Le traité prévoit la création de ‘l’Office franco-allemand pour la
jeunesse’ (OFAJ), ou Deutsch-Französisches Jugendwerk (DFJW),
qui a pour objectif de faciliter les échanges et l’apprentissage de la
langue du voisin.
Le binôme franco-allemand
Une très forte impulsion est donnée au binôme
franco allemand par le tandem du Président français,
Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020) avec le
Chancelier allemand Helmut Schmitt (1918-2015 ).
Bien que pas toujours d'accord sur tout, VGE, libéral
de centre-droit et Schmidt, social-démocrate, ont
entre eux une vraie amitié personnelle, et ils donnent
une véritable impulsion à la relance européenne,
lançant au passage l'expression "couple franco-
allemand".
La poignée de main de François Mitterrand (1916-
1996) et Helmut Kohl (1930-2017) est l'un des
gestes les plus symboliques de la réconciliation
franco-allemande. Elle a lieu le 22 septembre 1984
devant un catafalque placé à l'entrée de l'ossuaire
de Douaumont, près de Verdun, lors d'une
commémo-ration des morts de la Première Guerre
mondiale.
Photos : Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt
Le binôme franco-allemand (suite)
La ‘Brigade franco-allemande’ est créée le 2 octobre
1989. Elle est la seule grande unité interarmes placée dès
le temps de paix sous le commandement opérationnel du
corps de réaction rapide européen de Strasbourg ou
‘Eurocorps’ (état-major de niveau corps d'armée regroupant
des contingents de 5 pays européens ainsi que de 5 pays
associés).
Le 22 janvier 2019, 56 ans après le traité
franco-allemand de 1963, le traité d'Aix-la-
Chapelle entre la France (président Emmanuel
Macron, né en 1977) et l'Allemagne (chancelière
Angela Merkel, née en 1954) complète et renforce
le traité de l'Élysée.
1968 : Printemps de Prague
Durant le ‘printemps de Prague’, le Parti communiste tchécoslova-
que introduit le « socialisme à visage humain ». Le Premier ministre
Alexander Dubček (photo 1) dote le pays d'une nouvelle Constitution,
introduit la liberté de la presse, d’expression et de circulation, enclenche
une décentralisation de l’économie.
Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, 200 000 soldats et 2 000
blindés, pour l’essentiel soviétiques, envahissent la Tchécoslovaquie afin
de rétablir l’ordre communiste. La résistance civile non-armée improvisée
par la population du 21 au 28 août 1968, est un modèle du genre. Des
radios libres émettent des informations et des consignes. Les Soviétiques
sont bloqués par la foule (photo 2), neutralisés, incapables de mettre en
place des collaborateurs dociles. Des divisions soviétiques démoralisées
sont rapatriées dans leurs casernes. Le discours de capitulation de
Dubcek le 27 août, dont les silences et de sanglots ont été coupés par la
censure soviétique, laisse la population consternée et abattue et brise la
résistance.
Le suicide par le feu de l’étudiant Jan Palach en janvier 1969, le mouvement
de la ‘Charte 77’ animé par Vaclav Havel (photo 3) à partir de déc. 1976, et la pétition
pour la liberté religieuse lancée en 1988 par Augustin Navratil sont des étapes
importantes de la résistance non-violente qui aboutira à ‘Révolution de Velours’ et à
la chute du communisme en nov. 1989.
1973 - Europe des 9
Au cours des années 1950, le Royaume-Uni
s’était tenu à l’écart de toutes les tentatives d’intégration
européenne susceptibles de remettre en cause sa
souveraineté, ses rapports avec son ancien Empire et sa
relation privilégiée avec les États-Unis.
Mais, durant les années 60, les Britanniques
réorientent leur politique étrangère vers une Europe
continentale de plus en plus prospère.
En 1971, après deux refus de la France,
qui redoute un affaiblissement des Commu-
nautés, le Royaume-Uni voit enfin s’ouvrir les
portes du Marché commun.
Il y est officiellement admis le 1er janvier
1973, en compagnie de l’Irlande et du
Danemark.
1974 - Le Conseil européen
L’expression ‘Europe des Neuf’, parfois simplifiée
"les Neuf", correspond à l’ensemble des pays qui
appartenaient aux Communautés européennes entre 1973
et 1981.
Par ordre d'entrée et par ordre alphabétique :
Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas
(1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973).
En 1974, sur fond de crise énergétique, le
sommet de Paris institue, en marge des traités
communautaires, le ‘Conseil européen’ :
désormais, les dirigeants européens se
rencontreront au moins 3 fois par an pour
déterminer ensemble les grandes orientations
politiques.
1968 et 1972 : Union douanière
et politique monétaire
- 1er juillet 1968 : ‘L'Union douanière européenne’ est créée entre
les six États fondateurs de l'Europe : un tarif douanier commun est
introduit en remplacement des droits de douane nationaux pour les
échanges avec le reste du monde.
En 1987, le document administratif unique remplace des
centaines de formulaires douaniers nationaux. Le système commun
de transit est créé au même moment.
En 1992, l’UE adopte le code des douanes communautaires,
et en 2016 le Code des douanes de l'Union (CDU).
- 24 avril 1972 : entrée en vigueur du serpent monétaire
européen, un système destiné à réduire les fluctuations monétaires
entre les Six.
Il sera remplacé en 1978 par le ‘Système monétaire européen’
(SME). La nouvelle monnaie européenne, qui n'est, dans un premier
temps, qu'une unité de compte, est baptisée ECU (European
Currency Unit). Elle deviendra l’euro lors du Conseil européen de
Madrid en décembre 1995.
1975 - Agence spatiale européenne (ESA)
‘L’Agence spatiale européenne’ (en anglais European Space
Agency ou ESA) est créée par la convention signée à Paris le 30
mai 1975 entre 11 États membres européens.
L‘ESA regroupe aujourd’hui 22 États membres qui mettent
en commun leurs ressources pour développer un programme
spatial civil comprenant des satellites scientifiques (étude de la
Terre, du Soleil, du système solaire, astronomie, cosmologie...),
des technologies spatiales, des satellites d'application nécessitant
un programme d'envergure européenne (Galileo, Copernicus) et
des moyens de lancement (installations au sol et lanceurs).
L’objectif est de faire de nouvelles découvertes sur la Terre,
notre Système solaire et l'univers (trous noirs, matière noire, éner-
gie noire, exoplanètes, ondes gravitationnelles, magnétosphère,
vents solaires, etc.), tout en intensifiant nos efforts pour protéger
notre planète (observation du changement climatique, mesure des
niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, etc.).
1977-1987- Crise des euromissiles
La crise des euromissiles est une période de relations Est-Ouest
tendues et de débats au sein des membres européens de l'OTAN.
En 1977, les premiers déploiements de missiles soviétiques SS-20
(photo du haut) provoquent une inquiétude en Europe de l'Ouest et sont
l'argument pour justifier une modernisation des forces nucléaires inter-
médiaires de l'OTAN
Les négociations entre États-Uniens et Soviétiques s'ouvrent en
1981 mais s'interrompent fin 1983 lorsque l'OTAN commence le déploie-
ment effectif de ses nouveaux missiles Pershing II (photo du milieu) et BGM-
109 G, malgré la vague sans précédent de manifestations des mouve-
ments de paix.
Le Royaume-Uni et la France réussissent à garder leurs forces
nucléaires nationales en dehors du champ des négociations, en dépit de
la volonté maintes fois réaffirmée des Soviétiques de les y inclure. Les
pourparlers reprennent en mars 1985 et finissent par se
débloquer fin 1986 lorsque Michaël Gorbatchev renonce à
cette demande.
En décembre 1987, Donald Reagan et Michaël Gorbatchev
signent le ‘traité sur les forces nucléaires à portée intermé-
diaire’ (photo du bas).
1979 - Élection du Parlement européen
au suffrage universel direct
Les membres du Parlement européen étaient auparavant
désignés par les Parlements nationaux.
L’acte du 20 septembre 1976 portant élection des représen-
tants au Parlement européen au suffrage universel direct ( "acte
électoral de 1976") modifie profondément la position institution-
nelle du Parlement européen et constitue le document fondateur
d’une Union plus démocratique.
Ce changement est concrétisé lors des élections de juin 1979,
afin d'élire les 410 députés européens représentant les 9 États
membres. La participation atteint alors 60,7 %.
À la majorité absolue et au deuxième tour, Simone Veil (1927-
2017) est élue pour 5 ans présidente du Parlement européen à
l’âge de 52 ans. Ancienne déportée à Auschwitz, magistrate, elle a
été ministre française de la Santé.
1981 et 1986 - Europe des 10, puis des 12
En 1974, la chute du régime des colonels rapproche la Grèce
de l’Europe occidentale. Le pays dépose sa candidature en 1975,
mais doit rattraper son retard économique avant de devenir, en 1981,
le 10ème membre des Communautés européennes.
Le 1er janvier 1981, la Grèce intègre la Communauté
économique européenne (CEE) et devient le pays le plus pauvre de
la communauté, avec une inflation et un chômage catastrophiques.
Le Portugal et l'Espagne sortis d'une longue période de
dictature signent, le 12 juin 1985, leur adhésion à la CEE et
l’intègrent le 1er janvier 1986.
La CEE compte donc désormais 12 pays et 320 millions
d'habitants, sur une superficie de 2 millions de km2.
Des ‘Programmes intégrés méditerranéens’ (PIM) sont mis
en place pour permettre un rattrapage des nouveaux adhérents
(Portugal, Espagne, Grèce ; France et Italie étant aussi éligibles) en
termes d'infrastructures et faciliter ainsi leur intégration.
Photos : La presse en Grèce après d’entrée dans l’UE, la signature de l’Espagne
1986 - Acte unique européen
‘L'Acte unique européen’ (en abrégé ‘Acte unique’ ou AUE) est
signé par les 12 États de la CEE les 17 et 28 février 1986, à Luxem-
bourg (photo du haut) et à La Haye, et entre en vigueur le 1er juillet 1987.
Il se nomme ‘l'Acte unique’ car c'est la première fois que l'on
retrouve dans un traité des dispositions communautaires (supra-
national) et des dispositions intergouvernementales (international).
Il est dû en grande partie à Jacques Delors (né en 1925, photo),
président de la Commission à partir de 1985 : il relance le processus
d'intégration européenne après la période d’ "euroscepticisme" qui
avait suivi les chocs pétroliers des années 1970. L’AUE implique la
libre circulation des personnes, des biens, des services et des
capitaux ("les 4 libertés")
Avec l'Acte unique de 1986, le fonctionnement des institutions est
modifié : le vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’UE est géné-
ralisé pour toutes les questions touchant au marché intérieur.
Il a élargi les compétences de la CEE principalement dans trois
domaines : la recherche et développement, l'environnement, la
politique étrangère commune.
Le rôle du Parlement européen est renforcé.
1987 et 2002 - programmes Erasmus
et Comenius
Le Conseil européen de Fontainebleau a créé les 25-26 juin 1984 le
Comité de ‘l'Europe des Citoyens’. Deux rapports sur un programme inter-
universitaire approfondi d’échanges et d’études sont approuvés par le Conseil
de Milan des 28-29 juin 1985.
Le ‘programme Erasmus’ (EuRopean Action Scheme for the Mobility of
University Students), généralement appelé ‘Erasmus’, est un programme
d'échange d'étudiants et d'enseignants entre les universités, les grandes
écoles européennes et des établissements d'enseignement à travers le monde
entier : 1) soutien à la mobilité par des bourses; 2) soutien à la coopération en
matière d'innovation et d'échanges de bonnes pratiques : partenariats
stratégiques, projets de coopération de grande ampleur; 3) soutien à la
réforme des politiques en matière d'éducation, de formation et de jeunesse :
Initiatives prospectives, coopération avec la société civile, dialogue structuré.
De sa création jusqu'en 2017, ce programme a permis à plus de 4 millions
d'étudiants de participer à des échanges universitaires entre pays européens
partenaires. En 1995, Erasmus s'ouvre aux apprentis.
Le ‘programme Comenius’ (2002) s'étend de la maternelle au secondaire.
Il s'adresse à tous les acteurs de la vie éducative : enseignants, élèves,
parents d'élèves, associations de parents d'élèves, ONG et collectivités
territoriales, etc.
1987 : Edgar Morin
Edgar Morin, né en 1921, sociologue et philosophe français,
chercheur sur la "pensée complexe" pour "penser les crises", propose 7
principes-guides pour une pensée qui relie, et met en avant les notions de
"conscience planétaire" et de "politique de civilisation".
En 1987, il nous invite à “Penser l’Europe”, non pas d’abord en termes
de géopolitique, mais, reprenant les intuitions de Stefan Zweig, en termes
de conscience européenne, “celle d’être dépositaires d’un héritage
singulier à valeur universelle”, et de communauté de destin fondant une
“unité méta-nationale”. L'Europe, comme toute notion importante, se
définit non par ses frontières, qui sont floues et changeantes, mais par ce
qui l'organise et produit son originalité.
Un instrument intellectuel qu’il l’invente avec la notion de "dialogique",
permet seul de rendre compte de l’Europe, avec tous ses caractères, ses
inspirations multiples, complexes, ses différences, ses accords dissonants,
ses oppositions, ses conflits, ses antagonismes : « C’est la dialogique qui
est au cœur de l’identité culturelle européenne et, au bout du compte, qui
est le caractère fondamental de ce qui est démocratique » .
« Que l’Europe s’anime, change, et soit, à nouveau pour le monde
entier, le visage lumineux de l’audace, de l’esprit et de la liberté. »
.
1988 - Création du prix Sakharov
Le ‘prix Sakharov pour la liberté de l'esprit’, nommé en l'honneur
du scientifique et dissident soviétique Andreï Sakharov (1921-1989), est
créé en 1988 par le Parlement européen pour honorer les personnes ou
les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits
humains et des libertés fondamentales.
Quelques lauréats du prix :
1988 : Nelson Mandela, militant contre l’apartheid en Afrique du Sud,
1989 : Alexander Dubček, homme politique slovaque opposé à la dictature
pendant ‘le Printemps de Prague’,
1990 : Aung San Suu Kyi, militante birmane pour la démocratie,
1991 : Adem Demaçi, prisonnier politique albanais du Kosovo,
1992 : Mères de la place de Mai, militantes argentines dont les enfants ont disparu
pendant la dictature,
1993 : Oslobođenje, journal populaire qui défend la Bosnie-Herzégovine comme
un État multiethnique,
1994 : Taslima Nasrin, militante féministe du Bangladesh,
1998 : Ibrahim Rugova, militant non-violent au Kosovo,
2001 : Nurit Peled-Elhanan, Israélienne et Izzat Ghazzawi, Palestinien
2018 : Oleh Sentsov, cinéaste ukrainien, militant d'Euromaïdan,
2019 : Ilham Tohti, dissident ouïgour militant des droits humains en Chine.
1989 - Chute du mur de Berlin
et du communisme en Europe de l’Est
Erich Honecker, chef d’État de la RDA, affirmait en janvier 1989
que le mur de Berlin resterait « encore debout dans cent ans »…
Le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin et de communisme en
Europe de l’Est est la conséquence de la lutte non-violente des
sociétés civiles de l’Est. Elle bouleverse l’ordre international issu de la
Seconde Guerre mondiale.
La partie est-allemande intègre la communauté au sein de
l'Allemagne réunifiée. La chute du mur de Berlin met l’Allemagne en
grande difficulté économique. L’Allemagne de l’Ouest se trouve
incapable d’aider sa jumelle de l’Est, sous-développée et épuisée
financièrement. Le chancelier Helmut Kohl demande alors l’aide de
ses partenaires européens pour favoriser la réunification allemande.
En échange, le président français François Mitterrand (1916-1996)
propose à l’Allemagne de réaliser l’Europe politique.
En avril 1990, le projet de l’Union européenne est mis sur les
rails. Il sera approuvé un an plus tard à Maastricht et entrera en
vigueur fin 1993.
Photos : Le violoncelliste russe dissident Mstislav Rostropovitch (1927-2007) joue des Suites
de J.S. Bach devant le mur de Berlin le 11 nov. 1989. Helmut Kohl à Berlin
1989 : Création de la ‘Cellule de prospective’
de la Commission européenne
En 1989, Jacques Delors, alors président de la Commission
européenne, crée la Cellule de prospective’. Sous l'autorité directe du
président de la Commission, ce service est composé d'une quinzaine de
membres, chargés de suivre le mouvement de l'intégration européenne
et dégager les tendances structurelles et les perspectives à long terme
pour l’Europe et pour le monde.
En février 1992, devant la Conférence des Églises Européen-
nes (KEK), il déclare : « Si dans les dix années qui viennent, nous
n’avons pas réussi à donner une âme à l‘Europe, à lui conférer une
spiritualité et une signification plus profonde, nous aurons perdu la
partie. C’est pourquoi j’aimerais ranimer le débat intellectuel et spirituel
sur l’Europe. J’invite les Églises à y prendre une part active. Nous ne
souhaitons pas prendre le contrôle de ce processus : c‘est un débat
démocratique qui ne doit pas être monopolisé par des technocrates.
J’aimerais créer un lieu de l‘échange, un espace de discussion qui soit
ouvert aux hommes et aux femmes soucieux de spiritualité, aux
croyants et aux non-croyants, aux scientifiques et aux artistes. »
../..
La ‘Cellule de prospective’ de la Commission européenne
Marc Luyckx (photo), né en 1942, est un membre influent de
cette cellule de prospective de 1990 à 1999, chargé de l’éthique, de
la philosophie, des religions, de l’histoire et de la sociologie. Il
participe à la création du ‘Comité bioéthique’ de la Commission
européenne, et il impulse le programme européen ‘Âme de l’Europe’.
Ce programme repose sur la coopération entre la société
civile et les décideurs politiques. Avec des points d’appui à Amster-
dam, Belgrade, Berlin, Bruxelles, Porto et Tbilissi, l'initiative forme un
réseau international de villes et régions européennes, de secteurs
culturels et économiques et de décideurs politiques européens. Il
relie et mobilise les citoyens et les institutions démocratiques à
travers l'Europe, favorisant le sens de la responsabilité pour l'avenir
de l'Europe et la démocratie par la culture.
Le réseau A Soul for Europe est convaincu qu'il
est possible, au-delà d’une Europe des institutions
et de la réglementation, de construire une Europe
des citoyens qui contribue à la quête du sens.
1991-2001
Guerres de l’ex-Yougoslavie
La Yougoslavie est née en 1918 du démembrement de l’Empire
austro-hongrois à partir de la réunion des Serbes, Croates,
Slovènes, Macédoniens, Monténégrins, "Musulmans" de Bosnie
et Albanais du Kosovo. L’ensemble s’effondre en 1941 avec
l’agression hitlérienne. En 1945, Tito rassemble ces peuples dans un
même État fédéral, au prix d’une répression politique de masse.
L’ensemble éclate à nouveau à la fin du communisme.
En 1990, le dictateur serbe Slobodan Milosevic veut transformer
la Yougoslavie en une confédération. En 1991, la Croatie et la
Slovénie proclament leur indépendance, bientôt suivis de la
Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine.
En 1991-1992, la guerre entre Croates et Serbes est
marquée par des massacres de masse de Croates et de
Musulmans, perpétrés par les Serbes qui mènent une politique
de "purification ethnique".
1991-2001 - Guerres de l’ex-Yougoslavie
L’Union européenne reconnaît l’indépendance
de la Slovénie et de la Croatie en 1992.
C’est l’OTAN qui intervient en Bosnie-
Herzégovine.
L’OSCE soutient l’envoi de missions d’inter-
vention civile de paix, notamment Balkan Peace
Teams, BPT International, ‘Équipes de paix dans les
Balkans’, ‘Ohne Waffen, aber nicht wehrlos’*.
Après les accords de Dayton (États-Unis) en
déc. 1995, la sécurité est assurée par une force
militaire de l’Union européenne, l’Eufor. Le Kosovo
devient indépendant en 2008 et le Monténégro en
2006.
Bilan des guerres de Yougoslavie : 140 000
morts, 2,4 millions de réfugiés et 2 millions de
personnes déplacées supplémentaires.
* « Sans armes, mais pas sans défense »
1992 - Traité de Maastricht
Création de l’Union européenne
et de la citoyenneté européenne
Les pays membres des communautés réagissent à la nouvelle
donne de la chute du communisme en affirmant la dimension politique
du projet européen : le 7 février 1992 (photo), le traité de Maastricht,
entré en vigueur en nov. 1993, crée ‘l'Union européenne’ et pose les
bases d'une monnaie unique. L’UE peut agir sur de nouveaux fronts
(affaires étrangères, éducation, protection des consommateurs…)
Il institue également :
- une citoyenneté européenne : le droit de vote et le droit de se
présenter aux élections locales et européennes, passeport européen,
etc.
- une ‘Politique extérieure et de sécurité commune’ (PESC)
- et la coopération policière et judiciaire en matière pénale : conditions
d'entrée, de circulation et de séjour des ressortissants des pays tiers
sur le territoire des États membres de l'Union, lutte contre l'immigration
irrégulière, la toxicomanie et la fraude internationale, coopération
judiciaire et douanière.
1995 - Europe des 15
Suite au traité de Corfou signé en juin 1994, l’UE gagne
trois nouveaux membres au 1er janvier 1995 : l'Autriche, la
Finlande et la Suède.
Ces pays conservent leur neutralité militaire en restant en
dehors de ‘l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord’ (OTAN).
Les Norvégiens avaient déjà refusé l'adhésion de leur
pays à la CEE lors du référendum du 25 septembre 1972, et
votent à nouveau contre l’adhésion à 52,2 %.
1985 à 2007 - Espace Schengen
Mis en place en 1968, le Marché commun a progressivement mis fin aux
contrôles des marchandises aux frontières des pays membres. Mais les contrôles
douaniers demeurent pour les personnes. Au début des années 1980, les pays du
Benelux, entre lesquels les déplacements sont déjà libres, proposent à la France et à
l’Allemagne de mettre en place graduellement un espace de libre circulation des
personnes.
L’accord entre les 5 pays est conclu le 14 juin 1985 sur un bateau ancré sur la
Moselle (photo) dans la petite ville luxembourgeoise de Schengen. Il sera par la suite
intégré aux traités communautaires et étendu aux autres États membres.
L'espace Schengen est institutionnalisé à l'échelle européenne par le traité
d'Amsterdam du 2 octobre 1997. Il comprend actuellement 26 États membres et 4
États associés, non membres de l’UE : Norvège, Islande, Suisse et Liechtenstein.
Le traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007, modifie les
règles juridiques, en renforçant la notion d'un « espace de liberté, de
sécurité et de justice ». Celui-ci fait intervenir davantage de coopéra-
tion policière et judiciaire, et vise à une mise en commun des politiques
de visas, d'asile et d'immigration, notamment par le remplacement de
la méthode intergouvernementale par la méthode communautaire.
1997 - Traité d’Amsterdam
Le traité d'Amsterdam est signé le 2 octobre 1997 et entre
en vigueur le 1er mai 1999. Il modifié le traité instituant la Communauté
européenne (traité de Rome ou traité CE) et le traité sur l'Union
européenne (traité de Maastricht ou traité UE).
Le Conseil statue à la majorité qualifiée, et non à l'unanimité.
Une clause de flexibilité qui permet, sous conditions, d'instaurer des
‘coopérations renforcées’ entre certains États membres. C’est une
modalité particulière de différenciation du rythme de participation des
États membres à l’approfondissement de l’UE. Ses vertus résident
dans l’effet d’entraînement qu’elle est censée produire. La différen-
ciation est une sorte d’expérimentation, une source de motivation
supplémentaire pour les États qui l’initient, dans la mesure où ils sont
condamnés à réussir s’ils veulent être rejoints par ceux qui n’y ont pas
participé d’emblée.
Le traité est à l'origine de ‘l'Unité de planification et d'alerte
rapide’ et du ‘Haut représentant pour la politique étrangère et de
sécurité commune’. Il prévoit la possibilité de mise en œuvre conjointe
de programmes nationaux dans le domaine de la recherche scientifi-
que et de l'innovation.
1999 : L’European Stability Initiative (ESI)
Gerald Knaus (photo ci-contre), né en 1970, est un penseur et analyste
autrichien. Études de philosophie, de sciences politiques et d’économie à
Oxford, Bruxelles and Bologne. Directeur de l'Unité des enseignements tirés
de la composante UE de la Mission des Nations Unies au Kosovo. Membre
fondateur de l’European Council on Foreign Relations (ECFR), et du Centre
for Economic and Foreign Policy Studies (EDAM).
Avec des analystes et professionnels de différents pays, membres
d'organisations internationales comme l'OSCE, les Nations Unies ou la
Banque mondiale, il fonde en 1999 à Sarajevo le groupe de réflexion
European stability initiative (ESI).
L’ESI est spécialisé dans les questions géopolitiques liées à l'Europe
du Sud-Est et à l'élargissement de l'Union européenne, s’intéresse à la
défense des libertés fondamentales (par ex. en Azerbaïdjan), à l'approche
par l'UE des problèmes économiques dans les Balkans, à la crise des
réfugiés syriens. Travaille actuellement sur l'élargissement de l'UE, le renfor-
cement des capacités et les droits de l'homme, la situation migratoire, etc.
L’ESI a des bureaux à Berlin, Bruxelles et Istanbul. Fin 2020, l'ESI a
produit plus de 62 rapports, 200 analyses de fond et recommandations sur
les pratiques politiques.
1999 - Création de la zone euro
L'euro est la monnaie unique de ‘l'union économique et monétaire’,
formée au sein de l'Union européenne ; elle est commune à 19 États
membres de l'UE qui forment ainsi la ‘zone euro’.
L'euro entre en circulation dès 1999 sur les marchés financiers et
en février 2002 pour les citoyens.
L'euro est géré par la ‘Banque centrale européenne’(BCE) qui siège
à Francfort (photo) et par l'Eurosystème’, composé des banques centrales
des États de la zone euro (carte).
Le traité de Maastricht, signé en 1992, oblige la plupart des États
de l'UE à adopter l'euro dès qu'ils respectent certains critères monétaires
et budgétaires, dits de convergence.
L'euro est la deuxième monnaie au monde pour le montant des
transactions, derrière le dollar américain et devant le yuan chinois.
Outre les 19 pays membres de la zone euro, quatre micro-États
(Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican) sont également autorisés
à utiliser la monnaie unique et certains pays européens, comme le
Monténégro ou le Kosovo, l'utilisent de facto.
■

Contenu connexe

Tendances

Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...
Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...
Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...Василь Петренко
 
De Gaulle - Eboué : une rencontre décisive
De Gaulle - Eboué : une rencontre décisiveDe Gaulle - Eboué : une rencontre décisive
De Gaulle - Eboué : une rencontre décisiveProfcdj CDJ
 
Les régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'Hitler
Les régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'HitlerLes régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'Hitler
Les régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'HitlerCéline Langlet
 
Rares photos de la 2iem guerre mondiale
Rares photos de la 2iem guerre mondialeRares photos de la 2iem guerre mondiale
Rares photos de la 2iem guerre mondialeMonique Langlois
 
La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)
La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)
La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)Benoit Wauquier
 
La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)Marc-André Patry
 

Tendances (20)

Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...
Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...
Pierre de Villemarest. Le dossier Saragosse. Martin Bormann et Gestapo-Müller...
 
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 03. De 1885 à 1899
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 03. De 1885 à 1899Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 03. De 1885 à 1899
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 03. De 1885 à 1899
 
cours
courscours
cours
 
De Gaulle - Eboué : une rencontre décisive
De Gaulle - Eboué : une rencontre décisiveDe Gaulle - Eboué : une rencontre décisive
De Gaulle - Eboué : une rencontre décisive
 
La Sgm
La SgmLa Sgm
La Sgm
 
cours
courscours
cours
 
DCNV. — 04. La lutte non-violente contre le communisme en Europe de l’Est (19...
DCNV. — 04. La lutte non-violente contre le communisme en Europe de l’Est (19...DCNV. — 04. La lutte non-violente contre le communisme en Europe de l’Est (19...
DCNV. — 04. La lutte non-violente contre le communisme en Europe de l’Est (19...
 
cours
courscours
cours
 
Les régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'Hitler
Les régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'HitlerLes régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'Hitler
Les régimes totalitaires II. L'Allemagne nazie d'Hitler
 
Rares photos de la 2iem guerre mondiale
Rares photos de la 2iem guerre mondialeRares photos de la 2iem guerre mondiale
Rares photos de la 2iem guerre mondiale
 
cours
courscours
cours
 
cours
courscours
cours
 
La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)
La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)
La seconde guerre mondiale (images inédites, pour certaines)
 
Word HGF Gc
Word HGF GcWord HGF Gc
Word HGF Gc
 
cours
courscours
cours
 
DCNV. — 03. La résistance civile non-armée en Tchécoslovaquie du 21 au 28 aoû...
DCNV. — 03. La résistance civile non-armée en Tchécoslovaquie du 21 au 28 aoû...DCNV. — 03. La résistance civile non-armée en Tchécoslovaquie du 21 au 28 aoû...
DCNV. — 03. La résistance civile non-armée en Tchécoslovaquie du 21 au 28 aoû...
 
cours
courscours
cours
 
La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)
 
DCNV. — 02. La résistance civile en Europe pendant la seconde guerre mondiale
DCNV. — 02. La résistance civile en Europe pendant la seconde guerre mondialeDCNV. — 02. La résistance civile en Europe pendant la seconde guerre mondiale
DCNV. — 02. La résistance civile en Europe pendant la seconde guerre mondiale
 
cours
courscours
cours
 

Similaire à L’Europe en dates et en figures. — 02. De 1946 à 1999

Diapo europe depuis 1945
Diapo europe depuis 1945Diapo europe depuis 1945
Diapo europe depuis 1945Parchemin
 
La Guerre froide (1945 - 1991)
La Guerre froide (1945 - 1991)La Guerre froide (1945 - 1991)
La Guerre froide (1945 - 1991)mlaugel
 
Guerre Froide Rel Int 002
Guerre Froide Rel Int 002Guerre Froide Rel Int 002
Guerre Froide Rel Int 002origene
 
Effondrement et refondation de la République
Effondrement et refondation de la RépubliqueEffondrement et refondation de la République
Effondrement et refondation de la Républiquemlaugel
 
Repères historiques 3 dnb
Repères historiques 3 dnbRepères historiques 3 dnb
Repères historiques 3 dnbJeff Laroumagne
 
Comprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froideComprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froideThomas Galoisy
 
Histoire de France
Histoire de FranceHistoire de France
Histoire de Francecesttresjoli
 
46.pdf
46.pdf46.pdf
46.pdfsfdugh
 
Robert schuman
Robert schumanRobert schuman
Robert schumanPreda Anca
 
Diaporama puissance usa 1945 à nos jours
Diaporama puissance usa 1945 à nos joursDiaporama puissance usa 1945 à nos jours
Diaporama puissance usa 1945 à nos jourspilou06
 
La une européenne, collège le rheu
La une européenne, collège le rheuLa une européenne, collège le rheu
La une européenne, collège le rheuewaciclaire
 
élaboration et organisation du monde d'aujourd'hui
élaboration et organisation du monde d'aujourd'huiélaboration et organisation du monde d'aujourd'hui
élaboration et organisation du monde d'aujourd'huiorigene
 
Le régime de Vichy
Le régime de VichyLe régime de Vichy
Le régime de VichyXavier Monty
 
Comprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froideComprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froidetgaloisy
 
La Ve République à l'épreuve de la durée
La Ve République à l'épreuve de la duréeLa Ve République à l'épreuve de la durée
La Ve République à l'épreuve de la duréemlaugel
 

Similaire à L’Europe en dates et en figures. — 02. De 1946 à 1999 (20)

Diapo europe depuis 1945
Diapo europe depuis 1945Diapo europe depuis 1945
Diapo europe depuis 1945
 
La Guerre froide (1945 - 1991)
La Guerre froide (1945 - 1991)La Guerre froide (1945 - 1991)
La Guerre froide (1945 - 1991)
 
Guerre Froide Rel Int 002
Guerre Froide Rel Int 002Guerre Froide Rel Int 002
Guerre Froide Rel Int 002
 
Effondrement et refondation de la République
Effondrement et refondation de la RépubliqueEffondrement et refondation de la République
Effondrement et refondation de la République
 
Repères historiques 3 dnb
Repères historiques 3 dnbRepères historiques 3 dnb
Repères historiques 3 dnb
 
Comprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froideComprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froide
 
année 1947
année 1947année 1947
année 1947
 
L’Europe en dates et en figures. — 04. Quelle Europe voulons-nous ?
L’Europe en dates et en figures. — 04. Quelle Europe voulons-nous ?L’Europe en dates et en figures. — 04. Quelle Europe voulons-nous ?
L’Europe en dates et en figures. — 04. Quelle Europe voulons-nous ?
 
Histoire de France
Histoire de FranceHistoire de France
Histoire de France
 
46.pdf
46.pdf46.pdf
46.pdf
 
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 04. De 1900 à 1915
 
The second world war
The second world warThe second world war
The second world war
 
Robert schuman
Robert schumanRobert schuman
Robert schuman
 
Diaporama puissance usa 1945 à nos jours
Diaporama puissance usa 1945 à nos joursDiaporama puissance usa 1945 à nos jours
Diaporama puissance usa 1945 à nos jours
 
cours
courscours
cours
 
La une européenne, collège le rheu
La une européenne, collège le rheuLa une européenne, collège le rheu
La une européenne, collège le rheu
 
élaboration et organisation du monde d'aujourd'hui
élaboration et organisation du monde d'aujourd'huiélaboration et organisation du monde d'aujourd'hui
élaboration et organisation du monde d'aujourd'hui
 
Le régime de Vichy
Le régime de VichyLe régime de Vichy
Le régime de Vichy
 
Comprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froideComprendre la guerre froide
Comprendre la guerre froide
 
La Ve République à l'épreuve de la durée
La Ve République à l'épreuve de la duréeLa Ve République à l'épreuve de la durée
La Ve République à l'épreuve de la durée
 

Plus de Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits

Plus de Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (20)

Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
 
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléairesArmes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
 
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
 
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléairesArmes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
 
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos joursChercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de NazarethChercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
 
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
 
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
 
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet à nos jours
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet  à nos joursChercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet  à nos jours
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos joursChercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
 
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
 
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
 
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
 
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
 
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
 

Dernier

Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadershipFormation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadershipM2i Formation
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSKennel
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsRajiAbdelghani
 
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIEBONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIEgharebikram98
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSKennel
 
le present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptxle present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptxmmatar2
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSKennel
 
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxPrésentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxrababouerdighi
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSKennel
 
Fondation Louis Vuitton. pptx
Fondation      Louis      Vuitton.   pptxFondation      Louis      Vuitton.   pptx
Fondation Louis Vuitton. pptxTxaruka
 
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptxSaint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptxMartin M Flynn
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETMedBechir
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeXL Groupe
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...Faga1939
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Gilles Le Page
 
systeme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expertsysteme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expertChristianMbip
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Alain Marois
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSKennel
 

Dernier (20)

Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadershipFormation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
Formation M2i - Comprendre les neurosciences pour développer son leadership
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
 
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIEBONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
BONNES PRATIQUES DE FABRICATION RESUME SIMPLIFIE
 
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
 
le present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptxle present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptx
 
Pâques de Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Pâques de Sainte Marie-Euphrasie PelletierPâques de Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Pâques de Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
 
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxPrésentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
 
Fondation Louis Vuitton. pptx
Fondation      Louis      Vuitton.   pptxFondation      Louis      Vuitton.   pptx
Fondation Louis Vuitton. pptx
 
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptxSaint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
 
systeme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expertsysteme expert_systeme expert_systeme expert
systeme expert_systeme expert_systeme expert
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
 

L’Europe en dates et en figures. — 02. De 1946 à 1999

  • 1. L’Europe en dates et en figures 2 - De 1946 à 1999 Étienne Godinot .02.04.2022
  • 2. 1946 - Winston Churchill Winston Churchill (1874-1965), ancien officier de l’armée, journaliste de guerre et Premier ministre britannique (1940-1945 et 1951-1955), est l’un des premiers hommes politiques à appeler à la création des « États- Unis d’Europe ». L’expérience de la Seconde Guerre mondiale l’a convaincu que seule une Europe unifiée pouvait assurer la paix. Son objectif est de refouler une fois pour toutes les passions nationalistes et belligérantes des pays du Vieux continent. Dans son "Discours à la jeunesse étudiante" à l’université de Zürich le 19 septembre 1946, il déclare : « (Le remède) consiste à reconstituer la famille européenne, ou tout au moins la plus grande partie possible de la famille européenne, puis de dresser un cadre de telle manière qu’elle puisse se développer dans la paix, la sécurité et la liberté. Il nous faut ériger quelque chose comme les États-Unis d’Europe. (…) Il suffit de la résolution des centaines de millions d’hommes et de femmes de faire le bien au lieu du mal, pour récolter alors la bénédiction au lieu de la malédiction. (…) Le premier pas vers la création de la famille européenne doit consister à faire de la France et de l’Allemagne des partenaires. »
  • 3. 1946 - Robert Schuman, Konrad Adenauer et Alcide de Gasperi En 1946 à Cologne, Robert Schuman (1886-1963, photo 1 verticale), ministre français des Finances, rencontre Konrad Adenauer (1876-1967, photo 2 v.), chancelier allemand, et Alcide de Gasperi (1881-1953, photo 3 v.), président du Conseil italien, lors d'une réunion entre les dirigeants des partis démocrates chrétiens. Lors de cette rencontre, ils exposent leurs idéaux et posent les fondements d'une Europe unie, dépassant l'opposition séculaire de certains peuples (notamment l’Allemagne et la France). Parmi les autres "pères fondateurs de l’Europe", il faut citer le Luxembourgeois Joseph Bech (1887-1975, photo 4), le Néerlandais Johan Willem Beyen (1897-1976, photo 5), et le Belge Paul-Henri Spaak (1899- 1972, photo 6).
  • 4. 1947 - Denis de Rougemont Denis de Rougemont (1906-1985) est un écrivain, philosophe et universitaire suisse. Mobilisé en sept. 1939 dans l'armée suisse, il est cofondateur de la ‘Ligue du Gothard’, groupe de résistance suisse aux fascismes. En 1946, il publie à New York les Lettres sur la bombe atomique. En septembre 1946, il publie son premier discours sur l'union de l'Europe. Engagé en faveur de la construction européenne, il prononce fin août 1947 à Montreux le discours inaugural du premier congrès de ‘l'Union Européenne des Fédéralistes’ (UEF)*, et fait la promotion d'un ‘Centre européen de la culture’ qu’il crée à Genève en 1950. En mai 1948, lors de la séance de clôture du Congrès de La Haye, présidé par Winston Churchill, il donne lecture du Message aux Euro- péens, qu'il a été chargé d'écrire pour dégager le sens du congrès. En 1963, il fonde ‘l'Institut universitaire d'études européennes’ (IUEE), associé à l'Université de Genève, qu'il dirige jusqu'à sa retraite en 1978 et où il enseigne jusqu'à sa mort l'histoire des idées européen- nes et le fédéralisme. Il est partisan d’une « Europe des régions ». * Il conçoit ainsi le fédéralisme : « renoncement à toute hégémonie ; renoncement à tout esprit de système ; sauvegarde des minorités ; préservation des qualités propres à chaque entité fédérée ; acceptation de la complexité ».
  • 5. 1948 - Congrès de l’Europe à la Haye Le Congrès de La Haye, tenu dans la ville siège du gouvernement des Pays-Bas, est l'un des premiers véritables fondements du fédéralisme européen. Intitulé à l'époque "Congrès de l'Europe", il rassemble du 7 au 11 mai 1948 plus de 750 délégués venus de presque tous les pays d'Europe (parlementaires et ministres, dirigeants patronaux et syndicaux, journalistes, intellectuels), et quelques observateurs des États-Unis et du Canada. Il est organisé par des associations, issues notamment de la résistance au nazisme, comme ‘l'Union des fédéralistes européens’ ou encore le United Europe Movement de Winston Churchill, président d'honneur du Congrès. Le congrès poursuit trois objectifs : 1) prouver l’existence dans tous les pays libres d’Europe d’un mouvement d’opinion en faveur de l’unité du continent; 2) discuter les enjeux de son unité et proposer aux gouvernements des solutions pratiques; 3) insuffler une vigueur nouvelle à la campagne internationale d’opinion. Des commissions (économique et sociale, politique, culturelle) font des propositions concrètes. Photo du bas : Winston Churchill et Paul Ramadier (1888-1961) au congrès de la Haye
  • 6. 1949 - Conseil de l’Europe Dans la suite du Congrès de la Haye, le Conseil de l’Europe (Council of Europe) est créé à Londres le 5 mai 1949 . Cette organisation intergouvernementale rassemble aujourd’hui environ 830 millions de ressortissants de 47 États membres (dont 28 États membres de l’UE), par le biais des normes juridiques dans les domaines de la protection des droits humains, du renforcement de la démocratie et de la prééminence du droit en Europe. Son siège est à Strasbourg. La ‘Convention européenne des droits de l'homme’, adoptée en novembre 1950, entre en vigueur en novembre 1953. La ‘Cour européenne des droits de l'homme’ est créée en septembre1959 en vue de faire respecter la Convention. Photos du bas : Conseil de l’Europe, Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg
  • 7. 1950 - Robert Schuman et Jean Monnet Robert Schuman (1886-1963), homme politique français, est président du Conseil des ministres en 1947, puis ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1952. Son collaborateur et ami Jean Monnet (1888-1979), premier Commissaire au Plan, lui fait part de l'urgente nécessité pour la France de se faire un allié de l'Allemagne et rédige un projet destiné à initier une fédération européenne. Par sa déclaration du 9 mai 1950, Schuman propose de placer la production franco-allemande du charbon et de l’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe. Ce texte débouche sur la signature, le 18 avril 1951, du traité de Paris créant la ‘Communauté européenne du charbon et de l'acier’ (CECA). « L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre. (…) La mise en commun des productions de charbon et d’acier assurera immédia- tement l’établissement de bases communes de développement écono- mique, première étape de la Fédération européenne. (…) L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait. » La CECA sera dissoute en 2002 par intégration dans la CEE.
  • 8. 1954 : Échec du projet de CED La ‘Communauté européenne de défense’ (CED) était un projet de création d'une armée européenne, avec des institutions supranationales, placées sous la supervision du commandant en chef de l'OTAN, qui était lui-même nommé par le président des États-Unis. Dans le contexte de la guerre froide, le projet est esquissé en septembre-octobre 1950 par Jean Monnet, et soutenu par René Pleven (1901-1993), président du Conseil, puis par ses successeurs Edgar Faure (1908-1988) et Antoine Pinay (1891-1994). Il devient un traité, signé par 6 États, à Paris le 27 mai 1952. Ratifié par la République fédérale d'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, le traité instituant la CED sera rejeté par l'Assemblée nationale française le 30 août 1954 par 319 voix contre 264. Jean Monnet démissionne alors de son poste de président de la Haute autorité de la CECA. Cependant, dès la conférence de Messine, en juin 1955, le projet d'intégration européenne est relancé dans le domaine économique. En octobre 1955, Monnet lance son ‘Comité d'action pour les États-Unis d'Europe’. Images : - États qui auraient fait partie de la CED selon le plan de René Pleven. - Le traité de Paris en mai 1952.
  • 9. 1956 : Insurrection de Budapest L'insurrection de Budapest ou révolution de 1956 désigne la révolte populaire spontanée contre le régime communiste hongrois et ses politiques imposées par l’URSS et l’écrasement de la révolte par les troupes soviétiques en octobre et novembre 1956. La police politique tire sur la foule qui soutient les revendications étudiantes. La révolte s'étend dans tout le pays, le gouvernement de János Kádár fuit hors de la capitale auprès des troupes soviétiques. Les prisonniers politiques sont libérés, le statues de Staline abattues. Le nouveau Premier ministre Irme Najy (image du haut) promet des élections libres, forme un gouvernement pluripartite, retire ses armées du pacte de Varsovie et proclame la neutralité de la Hongrie auprès des instances de l'ONU. Le 4 novembre, une importante armée soviétique envahit Budapest et les autres régions du pays et écrase l’insurrection dans le sang (image du bas). Près de 3 000 Hongrois et 700 Soviétiques sont tués lors du conflit. 200 000 Hongrois fuient en Autriche et de là, vers l'Occident. Imre Nagy est exécuté en juin 1958 par pendaison dans la prison de Budapest pour « conduite contre-révolutionnaire ».
  • 10. 1957 : Traités de Rome Le 25 mars 1957, 6 États d’Europe, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas signent à Rome 2 traités : - le premier crée la ‘Communauté économique européenne’ (CEE) qui prévoit la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux ; - le second crée la ‘Communauté européenne de l'énergie atomique’ (CEEA ou Euratom). Ces deux traités entrent en vigueur, après ratification, le 1er janvier 1958. Prenant pour base le traité CECA de 1951, les traités de Rome élargissent le champ de la coopération supranationale et relancent ainsi la construction européenne, ralentie par l'échec, en 1954, du projet politique de ‘Communauté européenne de défense’. La CEE connait des élargissements pour inclure 6 autres États, le Danemark, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Carte : en vert, le membres fondateurs de la CEE, en bleu, les autres membres.
  • 11. Les institutions européennes dans les traités de Rome La ‘Commission de la CEE’ (elle n'a pas le nom, qui serait politiquement chargé, de Haute Autorité), garde seulement le pouvoir d'initiative et de gardienne des traités. La majorité des pouvoirs sont confiés au ‘Conseil européen’ (réunion des ministres des États membres dans leur domaine). ‘L‘Assemblée des délégués’ et la ‘Cour de Justice’ sont communes aux trois communautés (CECA, CEE, Euratom) Le ‘Parlement européen’ n‘a en 1957 qu'une fonction consultative. Photos : - Siège de la Commission européenne à Bruxelles, - Salle de réunion du Conseil européen à Bruxelles, - Cour de Justice de l’Union Européenne à Luxembourg, à ne pas confondre avec la Cour européenne des droits de l’homme (à Strasbourg - Conseil de l’Europe), ni avec la Cour Internationale de Justice (à La Haye - ONU)
  • 12. L’Europe et l’outre-mer L'association des territoires d'outre-mer est garantie par un accord quinquennal de coopération commerciale (zone de libre- échange entre les territoires et chacun des États de la CEE). Le ‘Fonds européen de développement’ (FED) est l'instrument principal de l'aide communautaire au développement des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Chaque FED est conclu pour une période d'environ 5 ans. Le FED est financé par des contributions volontaires des États membres et reste ainsi hors budget de l'UE. La convention de Lomé (Togo) est un accord de coopération commerciale signé le 28 février 1975 entre la CEE et 46 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (dits pays ACP), renouvelé régulièrement. Photo du bas : Convention de Lomé en 1975
  • 13. 1960-1972 : Mise en place de politiques sectorielles - 11 janvier 1960 : création du ‘Fonds social européen’ (FSE). Il a pour but de soutenir la formation et la reconversion professionnelle des travailleurs, la cohésion économique et sociale, et de lutter contre l’exclusion. - 30 juillet 1962 : lancement de la ‘Politique agricole commune’ (PAC), initiée par le Néerlandais Sicco Mansholt* (1908-1995, photo). Elle est basée sur trois principes : unicité des marchés, préférence communautaire et solidarité financière. - 8 avril 1965 : signature du traité de fusion des exécutifs communautaires : les 6 décident de fusionner en une seule institution la Haute Autorité de la CECA, la Commission de la CEE et la Commission Euratom. La ‘Commission des Communautés européennes’ jouit de pouvoirs étendus qui lui permettent de mener une action transversale. - Juillet 1965 : début de la "crise de la chaise vide" : la France boycotte les institutions communautaires pendant 7 mois pour ne pas être mise en minorité sur le dossier agricole. * Après avoir notablement contribué à la destruction de l'agriculture paysanne et favorisé le développement de l'agriculture industrielle pour subvenir aux besoins européens, Mansholt milite à la fin de sa vie en faveur de l'écologie et de la limitation de la croissance.
  • 14. 1961 - Construction du mur de Berlin Le mur de Berlin (Berliner Mauer) est érigé en plein Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA), qui tente ainsi de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne (RFA). Cette séparation de 155 km de long comprend des barbelés, un mur en béton de 3,5 mètres de haut, piégé par des mines et surplombé de miradors. Elle sépare physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de 28 ans et constitue le symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le "rideau de fer". Fin 1961, il n’existe que 7 points de passage entre l'Est et l'Ouest de Berlin. Officiellement appelé par le gouvernement est-allemand « mur de protection antifasciste », il est le « mur de la honte » pour les Allemands de l'Ouest. Le 26 juin 1963, le président états-unien John F. Kennedy (1917-1963) prononce à Berlin un discours historique. Il déclare "Ich bin ein Berliner" ("Je suis un Berlinois"), marquant la solidarité du monde libre envers les Berlinois.
  • 15. 1963 - Traité franco-allemand Le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle (1890-1970), président de la République française et le chancelier allemand Konrad Adenauer (1876-1967) signent le ‘traité d'amitié franco-allemand’, dit traité de l'Élysée. Il entérine la relation de confiance et d'amitié qui s'est instaurée entre les anciens « ennemis héréditaires ». Ce traité fixe les objectifs d'une coopération accrue entre l'Allemagne et la France dans les domaines des relations internatio- nales, de la défense et de l’éducation. Sur le plan politique, il établit un programme pour l'organisation de sommets intergouvernemen- taux, afin de soutenir une coopération dans de nombreux domaines, dont les affaires étrangères, la défense, l'éducation et la jeunesse. Le traité prévoit la création de ‘l’Office franco-allemand pour la jeunesse’ (OFAJ), ou Deutsch-Französisches Jugendwerk (DFJW), qui a pour objectif de faciliter les échanges et l’apprentissage de la langue du voisin.
  • 16. Le binôme franco-allemand Une très forte impulsion est donnée au binôme franco allemand par le tandem du Président français, Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020) avec le Chancelier allemand Helmut Schmitt (1918-2015 ). Bien que pas toujours d'accord sur tout, VGE, libéral de centre-droit et Schmidt, social-démocrate, ont entre eux une vraie amitié personnelle, et ils donnent une véritable impulsion à la relance européenne, lançant au passage l'expression "couple franco- allemand". La poignée de main de François Mitterrand (1916- 1996) et Helmut Kohl (1930-2017) est l'un des gestes les plus symboliques de la réconciliation franco-allemande. Elle a lieu le 22 septembre 1984 devant un catafalque placé à l'entrée de l'ossuaire de Douaumont, près de Verdun, lors d'une commémo-ration des morts de la Première Guerre mondiale. Photos : Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt
  • 17. Le binôme franco-allemand (suite) La ‘Brigade franco-allemande’ est créée le 2 octobre 1989. Elle est la seule grande unité interarmes placée dès le temps de paix sous le commandement opérationnel du corps de réaction rapide européen de Strasbourg ou ‘Eurocorps’ (état-major de niveau corps d'armée regroupant des contingents de 5 pays européens ainsi que de 5 pays associés). Le 22 janvier 2019, 56 ans après le traité franco-allemand de 1963, le traité d'Aix-la- Chapelle entre la France (président Emmanuel Macron, né en 1977) et l'Allemagne (chancelière Angela Merkel, née en 1954) complète et renforce le traité de l'Élysée.
  • 18. 1968 : Printemps de Prague Durant le ‘printemps de Prague’, le Parti communiste tchécoslova- que introduit le « socialisme à visage humain ». Le Premier ministre Alexander Dubček (photo 1) dote le pays d'une nouvelle Constitution, introduit la liberté de la presse, d’expression et de circulation, enclenche une décentralisation de l’économie. Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, 200 000 soldats et 2 000 blindés, pour l’essentiel soviétiques, envahissent la Tchécoslovaquie afin de rétablir l’ordre communiste. La résistance civile non-armée improvisée par la population du 21 au 28 août 1968, est un modèle du genre. Des radios libres émettent des informations et des consignes. Les Soviétiques sont bloqués par la foule (photo 2), neutralisés, incapables de mettre en place des collaborateurs dociles. Des divisions soviétiques démoralisées sont rapatriées dans leurs casernes. Le discours de capitulation de Dubcek le 27 août, dont les silences et de sanglots ont été coupés par la censure soviétique, laisse la population consternée et abattue et brise la résistance. Le suicide par le feu de l’étudiant Jan Palach en janvier 1969, le mouvement de la ‘Charte 77’ animé par Vaclav Havel (photo 3) à partir de déc. 1976, et la pétition pour la liberté religieuse lancée en 1988 par Augustin Navratil sont des étapes importantes de la résistance non-violente qui aboutira à ‘Révolution de Velours’ et à la chute du communisme en nov. 1989.
  • 19. 1973 - Europe des 9 Au cours des années 1950, le Royaume-Uni s’était tenu à l’écart de toutes les tentatives d’intégration européenne susceptibles de remettre en cause sa souveraineté, ses rapports avec son ancien Empire et sa relation privilégiée avec les États-Unis. Mais, durant les années 60, les Britanniques réorientent leur politique étrangère vers une Europe continentale de plus en plus prospère. En 1971, après deux refus de la France, qui redoute un affaiblissement des Commu- nautés, le Royaume-Uni voit enfin s’ouvrir les portes du Marché commun. Il y est officiellement admis le 1er janvier 1973, en compagnie de l’Irlande et du Danemark.
  • 20. 1974 - Le Conseil européen L’expression ‘Europe des Neuf’, parfois simplifiée "les Neuf", correspond à l’ensemble des pays qui appartenaient aux Communautés européennes entre 1973 et 1981. Par ordre d'entrée et par ordre alphabétique : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973). En 1974, sur fond de crise énergétique, le sommet de Paris institue, en marge des traités communautaires, le ‘Conseil européen’ : désormais, les dirigeants européens se rencontreront au moins 3 fois par an pour déterminer ensemble les grandes orientations politiques.
  • 21. 1968 et 1972 : Union douanière et politique monétaire - 1er juillet 1968 : ‘L'Union douanière européenne’ est créée entre les six États fondateurs de l'Europe : un tarif douanier commun est introduit en remplacement des droits de douane nationaux pour les échanges avec le reste du monde. En 1987, le document administratif unique remplace des centaines de formulaires douaniers nationaux. Le système commun de transit est créé au même moment. En 1992, l’UE adopte le code des douanes communautaires, et en 2016 le Code des douanes de l'Union (CDU). - 24 avril 1972 : entrée en vigueur du serpent monétaire européen, un système destiné à réduire les fluctuations monétaires entre les Six. Il sera remplacé en 1978 par le ‘Système monétaire européen’ (SME). La nouvelle monnaie européenne, qui n'est, dans un premier temps, qu'une unité de compte, est baptisée ECU (European Currency Unit). Elle deviendra l’euro lors du Conseil européen de Madrid en décembre 1995.
  • 22. 1975 - Agence spatiale européenne (ESA) ‘L’Agence spatiale européenne’ (en anglais European Space Agency ou ESA) est créée par la convention signée à Paris le 30 mai 1975 entre 11 États membres européens. L‘ESA regroupe aujourd’hui 22 États membres qui mettent en commun leurs ressources pour développer un programme spatial civil comprenant des satellites scientifiques (étude de la Terre, du Soleil, du système solaire, astronomie, cosmologie...), des technologies spatiales, des satellites d'application nécessitant un programme d'envergure européenne (Galileo, Copernicus) et des moyens de lancement (installations au sol et lanceurs). L’objectif est de faire de nouvelles découvertes sur la Terre, notre Système solaire et l'univers (trous noirs, matière noire, éner- gie noire, exoplanètes, ondes gravitationnelles, magnétosphère, vents solaires, etc.), tout en intensifiant nos efforts pour protéger notre planète (observation du changement climatique, mesure des niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, etc.).
  • 23. 1977-1987- Crise des euromissiles La crise des euromissiles est une période de relations Est-Ouest tendues et de débats au sein des membres européens de l'OTAN. En 1977, les premiers déploiements de missiles soviétiques SS-20 (photo du haut) provoquent une inquiétude en Europe de l'Ouest et sont l'argument pour justifier une modernisation des forces nucléaires inter- médiaires de l'OTAN Les négociations entre États-Uniens et Soviétiques s'ouvrent en 1981 mais s'interrompent fin 1983 lorsque l'OTAN commence le déploie- ment effectif de ses nouveaux missiles Pershing II (photo du milieu) et BGM- 109 G, malgré la vague sans précédent de manifestations des mouve- ments de paix. Le Royaume-Uni et la France réussissent à garder leurs forces nucléaires nationales en dehors du champ des négociations, en dépit de la volonté maintes fois réaffirmée des Soviétiques de les y inclure. Les pourparlers reprennent en mars 1985 et finissent par se débloquer fin 1986 lorsque Michaël Gorbatchev renonce à cette demande. En décembre 1987, Donald Reagan et Michaël Gorbatchev signent le ‘traité sur les forces nucléaires à portée intermé- diaire’ (photo du bas).
  • 24. 1979 - Élection du Parlement européen au suffrage universel direct Les membres du Parlement européen étaient auparavant désignés par les Parlements nationaux. L’acte du 20 septembre 1976 portant élection des représen- tants au Parlement européen au suffrage universel direct ( "acte électoral de 1976") modifie profondément la position institution- nelle du Parlement européen et constitue le document fondateur d’une Union plus démocratique. Ce changement est concrétisé lors des élections de juin 1979, afin d'élire les 410 députés européens représentant les 9 États membres. La participation atteint alors 60,7 %. À la majorité absolue et au deuxième tour, Simone Veil (1927- 2017) est élue pour 5 ans présidente du Parlement européen à l’âge de 52 ans. Ancienne déportée à Auschwitz, magistrate, elle a été ministre française de la Santé.
  • 25. 1981 et 1986 - Europe des 10, puis des 12 En 1974, la chute du régime des colonels rapproche la Grèce de l’Europe occidentale. Le pays dépose sa candidature en 1975, mais doit rattraper son retard économique avant de devenir, en 1981, le 10ème membre des Communautés européennes. Le 1er janvier 1981, la Grèce intègre la Communauté économique européenne (CEE) et devient le pays le plus pauvre de la communauté, avec une inflation et un chômage catastrophiques. Le Portugal et l'Espagne sortis d'une longue période de dictature signent, le 12 juin 1985, leur adhésion à la CEE et l’intègrent le 1er janvier 1986. La CEE compte donc désormais 12 pays et 320 millions d'habitants, sur une superficie de 2 millions de km2. Des ‘Programmes intégrés méditerranéens’ (PIM) sont mis en place pour permettre un rattrapage des nouveaux adhérents (Portugal, Espagne, Grèce ; France et Italie étant aussi éligibles) en termes d'infrastructures et faciliter ainsi leur intégration. Photos : La presse en Grèce après d’entrée dans l’UE, la signature de l’Espagne
  • 26. 1986 - Acte unique européen ‘L'Acte unique européen’ (en abrégé ‘Acte unique’ ou AUE) est signé par les 12 États de la CEE les 17 et 28 février 1986, à Luxem- bourg (photo du haut) et à La Haye, et entre en vigueur le 1er juillet 1987. Il se nomme ‘l'Acte unique’ car c'est la première fois que l'on retrouve dans un traité des dispositions communautaires (supra- national) et des dispositions intergouvernementales (international). Il est dû en grande partie à Jacques Delors (né en 1925, photo), président de la Commission à partir de 1985 : il relance le processus d'intégration européenne après la période d’ "euroscepticisme" qui avait suivi les chocs pétroliers des années 1970. L’AUE implique la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux ("les 4 libertés") Avec l'Acte unique de 1986, le fonctionnement des institutions est modifié : le vote à la majorité qualifiée au Conseil de l’UE est géné- ralisé pour toutes les questions touchant au marché intérieur. Il a élargi les compétences de la CEE principalement dans trois domaines : la recherche et développement, l'environnement, la politique étrangère commune. Le rôle du Parlement européen est renforcé.
  • 27. 1987 et 2002 - programmes Erasmus et Comenius Le Conseil européen de Fontainebleau a créé les 25-26 juin 1984 le Comité de ‘l'Europe des Citoyens’. Deux rapports sur un programme inter- universitaire approfondi d’échanges et d’études sont approuvés par le Conseil de Milan des 28-29 juin 1985. Le ‘programme Erasmus’ (EuRopean Action Scheme for the Mobility of University Students), généralement appelé ‘Erasmus’, est un programme d'échange d'étudiants et d'enseignants entre les universités, les grandes écoles européennes et des établissements d'enseignement à travers le monde entier : 1) soutien à la mobilité par des bourses; 2) soutien à la coopération en matière d'innovation et d'échanges de bonnes pratiques : partenariats stratégiques, projets de coopération de grande ampleur; 3) soutien à la réforme des politiques en matière d'éducation, de formation et de jeunesse : Initiatives prospectives, coopération avec la société civile, dialogue structuré. De sa création jusqu'en 2017, ce programme a permis à plus de 4 millions d'étudiants de participer à des échanges universitaires entre pays européens partenaires. En 1995, Erasmus s'ouvre aux apprentis. Le ‘programme Comenius’ (2002) s'étend de la maternelle au secondaire. Il s'adresse à tous les acteurs de la vie éducative : enseignants, élèves, parents d'élèves, associations de parents d'élèves, ONG et collectivités territoriales, etc.
  • 28. 1987 : Edgar Morin Edgar Morin, né en 1921, sociologue et philosophe français, chercheur sur la "pensée complexe" pour "penser les crises", propose 7 principes-guides pour une pensée qui relie, et met en avant les notions de "conscience planétaire" et de "politique de civilisation". En 1987, il nous invite à “Penser l’Europe”, non pas d’abord en termes de géopolitique, mais, reprenant les intuitions de Stefan Zweig, en termes de conscience européenne, “celle d’être dépositaires d’un héritage singulier à valeur universelle”, et de communauté de destin fondant une “unité méta-nationale”. L'Europe, comme toute notion importante, se définit non par ses frontières, qui sont floues et changeantes, mais par ce qui l'organise et produit son originalité. Un instrument intellectuel qu’il l’invente avec la notion de "dialogique", permet seul de rendre compte de l’Europe, avec tous ses caractères, ses inspirations multiples, complexes, ses différences, ses accords dissonants, ses oppositions, ses conflits, ses antagonismes : « C’est la dialogique qui est au cœur de l’identité culturelle européenne et, au bout du compte, qui est le caractère fondamental de ce qui est démocratique » . « Que l’Europe s’anime, change, et soit, à nouveau pour le monde entier, le visage lumineux de l’audace, de l’esprit et de la liberté. » .
  • 29. 1988 - Création du prix Sakharov Le ‘prix Sakharov pour la liberté de l'esprit’, nommé en l'honneur du scientifique et dissident soviétique Andreï Sakharov (1921-1989), est créé en 1988 par le Parlement européen pour honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits humains et des libertés fondamentales. Quelques lauréats du prix : 1988 : Nelson Mandela, militant contre l’apartheid en Afrique du Sud, 1989 : Alexander Dubček, homme politique slovaque opposé à la dictature pendant ‘le Printemps de Prague’, 1990 : Aung San Suu Kyi, militante birmane pour la démocratie, 1991 : Adem Demaçi, prisonnier politique albanais du Kosovo, 1992 : Mères de la place de Mai, militantes argentines dont les enfants ont disparu pendant la dictature, 1993 : Oslobođenje, journal populaire qui défend la Bosnie-Herzégovine comme un État multiethnique, 1994 : Taslima Nasrin, militante féministe du Bangladesh, 1998 : Ibrahim Rugova, militant non-violent au Kosovo, 2001 : Nurit Peled-Elhanan, Israélienne et Izzat Ghazzawi, Palestinien 2018 : Oleh Sentsov, cinéaste ukrainien, militant d'Euromaïdan, 2019 : Ilham Tohti, dissident ouïgour militant des droits humains en Chine.
  • 30. 1989 - Chute du mur de Berlin et du communisme en Europe de l’Est Erich Honecker, chef d’État de la RDA, affirmait en janvier 1989 que le mur de Berlin resterait « encore debout dans cent ans »… Le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin et de communisme en Europe de l’Est est la conséquence de la lutte non-violente des sociétés civiles de l’Est. Elle bouleverse l’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale. La partie est-allemande intègre la communauté au sein de l'Allemagne réunifiée. La chute du mur de Berlin met l’Allemagne en grande difficulté économique. L’Allemagne de l’Ouest se trouve incapable d’aider sa jumelle de l’Est, sous-développée et épuisée financièrement. Le chancelier Helmut Kohl demande alors l’aide de ses partenaires européens pour favoriser la réunification allemande. En échange, le président français François Mitterrand (1916-1996) propose à l’Allemagne de réaliser l’Europe politique. En avril 1990, le projet de l’Union européenne est mis sur les rails. Il sera approuvé un an plus tard à Maastricht et entrera en vigueur fin 1993. Photos : Le violoncelliste russe dissident Mstislav Rostropovitch (1927-2007) joue des Suites de J.S. Bach devant le mur de Berlin le 11 nov. 1989. Helmut Kohl à Berlin
  • 31. 1989 : Création de la ‘Cellule de prospective’ de la Commission européenne En 1989, Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, crée la Cellule de prospective’. Sous l'autorité directe du président de la Commission, ce service est composé d'une quinzaine de membres, chargés de suivre le mouvement de l'intégration européenne et dégager les tendances structurelles et les perspectives à long terme pour l’Europe et pour le monde. En février 1992, devant la Conférence des Églises Européen- nes (KEK), il déclare : « Si dans les dix années qui viennent, nous n’avons pas réussi à donner une âme à l‘Europe, à lui conférer une spiritualité et une signification plus profonde, nous aurons perdu la partie. C’est pourquoi j’aimerais ranimer le débat intellectuel et spirituel sur l’Europe. J’invite les Églises à y prendre une part active. Nous ne souhaitons pas prendre le contrôle de ce processus : c‘est un débat démocratique qui ne doit pas être monopolisé par des technocrates. J’aimerais créer un lieu de l‘échange, un espace de discussion qui soit ouvert aux hommes et aux femmes soucieux de spiritualité, aux croyants et aux non-croyants, aux scientifiques et aux artistes. » ../..
  • 32. La ‘Cellule de prospective’ de la Commission européenne Marc Luyckx (photo), né en 1942, est un membre influent de cette cellule de prospective de 1990 à 1999, chargé de l’éthique, de la philosophie, des religions, de l’histoire et de la sociologie. Il participe à la création du ‘Comité bioéthique’ de la Commission européenne, et il impulse le programme européen ‘Âme de l’Europe’. Ce programme repose sur la coopération entre la société civile et les décideurs politiques. Avec des points d’appui à Amster- dam, Belgrade, Berlin, Bruxelles, Porto et Tbilissi, l'initiative forme un réseau international de villes et régions européennes, de secteurs culturels et économiques et de décideurs politiques européens. Il relie et mobilise les citoyens et les institutions démocratiques à travers l'Europe, favorisant le sens de la responsabilité pour l'avenir de l'Europe et la démocratie par la culture. Le réseau A Soul for Europe est convaincu qu'il est possible, au-delà d’une Europe des institutions et de la réglementation, de construire une Europe des citoyens qui contribue à la quête du sens.
  • 33. 1991-2001 Guerres de l’ex-Yougoslavie La Yougoslavie est née en 1918 du démembrement de l’Empire austro-hongrois à partir de la réunion des Serbes, Croates, Slovènes, Macédoniens, Monténégrins, "Musulmans" de Bosnie et Albanais du Kosovo. L’ensemble s’effondre en 1941 avec l’agression hitlérienne. En 1945, Tito rassemble ces peuples dans un même État fédéral, au prix d’une répression politique de masse. L’ensemble éclate à nouveau à la fin du communisme. En 1990, le dictateur serbe Slobodan Milosevic veut transformer la Yougoslavie en une confédération. En 1991, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance, bientôt suivis de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. En 1991-1992, la guerre entre Croates et Serbes est marquée par des massacres de masse de Croates et de Musulmans, perpétrés par les Serbes qui mènent une politique de "purification ethnique".
  • 34. 1991-2001 - Guerres de l’ex-Yougoslavie L’Union européenne reconnaît l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie en 1992. C’est l’OTAN qui intervient en Bosnie- Herzégovine. L’OSCE soutient l’envoi de missions d’inter- vention civile de paix, notamment Balkan Peace Teams, BPT International, ‘Équipes de paix dans les Balkans’, ‘Ohne Waffen, aber nicht wehrlos’*. Après les accords de Dayton (États-Unis) en déc. 1995, la sécurité est assurée par une force militaire de l’Union européenne, l’Eufor. Le Kosovo devient indépendant en 2008 et le Monténégro en 2006. Bilan des guerres de Yougoslavie : 140 000 morts, 2,4 millions de réfugiés et 2 millions de personnes déplacées supplémentaires. * « Sans armes, mais pas sans défense »
  • 35. 1992 - Traité de Maastricht Création de l’Union européenne et de la citoyenneté européenne Les pays membres des communautés réagissent à la nouvelle donne de la chute du communisme en affirmant la dimension politique du projet européen : le 7 février 1992 (photo), le traité de Maastricht, entré en vigueur en nov. 1993, crée ‘l'Union européenne’ et pose les bases d'une monnaie unique. L’UE peut agir sur de nouveaux fronts (affaires étrangères, éducation, protection des consommateurs…) Il institue également : - une citoyenneté européenne : le droit de vote et le droit de se présenter aux élections locales et européennes, passeport européen, etc. - une ‘Politique extérieure et de sécurité commune’ (PESC) - et la coopération policière et judiciaire en matière pénale : conditions d'entrée, de circulation et de séjour des ressortissants des pays tiers sur le territoire des États membres de l'Union, lutte contre l'immigration irrégulière, la toxicomanie et la fraude internationale, coopération judiciaire et douanière.
  • 36. 1995 - Europe des 15 Suite au traité de Corfou signé en juin 1994, l’UE gagne trois nouveaux membres au 1er janvier 1995 : l'Autriche, la Finlande et la Suède. Ces pays conservent leur neutralité militaire en restant en dehors de ‘l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord’ (OTAN). Les Norvégiens avaient déjà refusé l'adhésion de leur pays à la CEE lors du référendum du 25 septembre 1972, et votent à nouveau contre l’adhésion à 52,2 %.
  • 37. 1985 à 2007 - Espace Schengen Mis en place en 1968, le Marché commun a progressivement mis fin aux contrôles des marchandises aux frontières des pays membres. Mais les contrôles douaniers demeurent pour les personnes. Au début des années 1980, les pays du Benelux, entre lesquels les déplacements sont déjà libres, proposent à la France et à l’Allemagne de mettre en place graduellement un espace de libre circulation des personnes. L’accord entre les 5 pays est conclu le 14 juin 1985 sur un bateau ancré sur la Moselle (photo) dans la petite ville luxembourgeoise de Schengen. Il sera par la suite intégré aux traités communautaires et étendu aux autres États membres. L'espace Schengen est institutionnalisé à l'échelle européenne par le traité d'Amsterdam du 2 octobre 1997. Il comprend actuellement 26 États membres et 4 États associés, non membres de l’UE : Norvège, Islande, Suisse et Liechtenstein. Le traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007, modifie les règles juridiques, en renforçant la notion d'un « espace de liberté, de sécurité et de justice ». Celui-ci fait intervenir davantage de coopéra- tion policière et judiciaire, et vise à une mise en commun des politiques de visas, d'asile et d'immigration, notamment par le remplacement de la méthode intergouvernementale par la méthode communautaire.
  • 38. 1997 - Traité d’Amsterdam Le traité d'Amsterdam est signé le 2 octobre 1997 et entre en vigueur le 1er mai 1999. Il modifié le traité instituant la Communauté européenne (traité de Rome ou traité CE) et le traité sur l'Union européenne (traité de Maastricht ou traité UE). Le Conseil statue à la majorité qualifiée, et non à l'unanimité. Une clause de flexibilité qui permet, sous conditions, d'instaurer des ‘coopérations renforcées’ entre certains États membres. C’est une modalité particulière de différenciation du rythme de participation des États membres à l’approfondissement de l’UE. Ses vertus résident dans l’effet d’entraînement qu’elle est censée produire. La différen- ciation est une sorte d’expérimentation, une source de motivation supplémentaire pour les États qui l’initient, dans la mesure où ils sont condamnés à réussir s’ils veulent être rejoints par ceux qui n’y ont pas participé d’emblée. Le traité est à l'origine de ‘l'Unité de planification et d'alerte rapide’ et du ‘Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune’. Il prévoit la possibilité de mise en œuvre conjointe de programmes nationaux dans le domaine de la recherche scientifi- que et de l'innovation.
  • 39. 1999 : L’European Stability Initiative (ESI) Gerald Knaus (photo ci-contre), né en 1970, est un penseur et analyste autrichien. Études de philosophie, de sciences politiques et d’économie à Oxford, Bruxelles and Bologne. Directeur de l'Unité des enseignements tirés de la composante UE de la Mission des Nations Unies au Kosovo. Membre fondateur de l’European Council on Foreign Relations (ECFR), et du Centre for Economic and Foreign Policy Studies (EDAM). Avec des analystes et professionnels de différents pays, membres d'organisations internationales comme l'OSCE, les Nations Unies ou la Banque mondiale, il fonde en 1999 à Sarajevo le groupe de réflexion European stability initiative (ESI). L’ESI est spécialisé dans les questions géopolitiques liées à l'Europe du Sud-Est et à l'élargissement de l'Union européenne, s’intéresse à la défense des libertés fondamentales (par ex. en Azerbaïdjan), à l'approche par l'UE des problèmes économiques dans les Balkans, à la crise des réfugiés syriens. Travaille actuellement sur l'élargissement de l'UE, le renfor- cement des capacités et les droits de l'homme, la situation migratoire, etc. L’ESI a des bureaux à Berlin, Bruxelles et Istanbul. Fin 2020, l'ESI a produit plus de 62 rapports, 200 analyses de fond et recommandations sur les pratiques politiques.
  • 40. 1999 - Création de la zone euro L'euro est la monnaie unique de ‘l'union économique et monétaire’, formée au sein de l'Union européenne ; elle est commune à 19 États membres de l'UE qui forment ainsi la ‘zone euro’. L'euro entre en circulation dès 1999 sur les marchés financiers et en février 2002 pour les citoyens. L'euro est géré par la ‘Banque centrale européenne’(BCE) qui siège à Francfort (photo) et par l'Eurosystème’, composé des banques centrales des États de la zone euro (carte). Le traité de Maastricht, signé en 1992, oblige la plupart des États de l'UE à adopter l'euro dès qu'ils respectent certains critères monétaires et budgétaires, dits de convergence. L'euro est la deuxième monnaie au monde pour le montant des transactions, derrière le dollar américain et devant le yuan chinois. Outre les 19 pays membres de la zone euro, quatre micro-États (Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican) sont également autorisés à utiliser la monnaie unique et certains pays européens, comme le Monténégro ou le Kosovo, l'utilisent de facto. ■