#Pause travail 8 Dubreuil femmes 9 avril 2024 (1).pdf
RedSPyCE 2019 - Résultats 2018 Action 1
1. Projet CASDAR
Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes Polyculture Elevage
Séminaire annuel du Casdar RED-
SPyCE
Les 24 et 25 janvier 2019, MNE, Paris
4. Projet CASDAR
Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes Polyculture Elevage
Pierre MISCHLER
ACTION 1 : Le couplage entre cultures et
élevage, une force pour accroître l’autonomie
des fermes en intrants et améliorer
l’efficience des processus de production
5. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
• Tâche 1.1 : Définir et évaluer le
couplage entre végétaux et animaux :
un diagnostic de l’efficience et de la
performance globale des systèmes
PCE observés
5
Elaboration d’une méthode de calcul du couplage (Martel et
al, 2017, Fourrages n°235)
Analyse de la BDD Inosys réseaux d’élevage: le couplage
améliore les performances environnementales,
économiques des fermes associant cultures et élevage en
proportions variables
Production, d’un outil de classement des fermes selon
leur niveau de couplage: NICC’EL
Réalisation de2 x 60 enquêtes/an sur:
- Les leviers de mobilisés par les agriculteurs selon le
niveau de couplage culture/élevage (Alice. Schrefheere,
2017): les agriculteurs sont très sensibles aux notions
économiques et agronomiques. Il estiment mal leur
niveau de couplage.
- La dimension travail en polyculture élevage selon le
niveau de couplage (Mathilde Louis, 2018):
résultats présentés aujourd’hui
• Tâche 1.2 : Approfondissement sur
les combinaisons de leviers couplant
cultures et élevage pour une PCE
agroécologique plus performante au
plan économique et environnemental
• Tâche 1.3. Aller vers une PCE facile à
piloter et épanouissante pour
l’agriculteur
6. Projet CASDAR
Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes Polyculture Elevage
Pierre MISCHLER
ACTION 1 : Le travail en polyculture-élevage
(Sophie Chauvat, d’après Mathilde Louis)
7. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Le travail en polyculture élevage
ou
7
?
Présentation du travail de
Mathilde Louis.
8. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Les exploitations mobilisées dans
l’étude
• 60 exploitations impliquées dans le projet
• 5 régions, 12 exploitations suivies par région
• 3 filières : BL, BV, OV
• Des formes d’association cultures/élevage
hétérogènes :
⁻ systèmes à dominante herbagère
⁻ systèmes à dominante cultures
⁻ systèmes plus équilibrés
8
57 exploitations enquêtées + 3 focus groups (Pays-de-la-
Loire, Occitanie, Grand-Est)
9. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Les questions posées
9
Les systèmes de polycultures élevage sont-ils socialement
durables ?
Le couplage a t-il un effet négatif sur le travail ?
10. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Quelques résultats des
enquêtes
11. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Environnement socio-économique
Les ressources extérieures mobilisées
84%
77% 75%
25%
Cuma/copropriété ETA entraide service de
remplacement
%d'exploitationsemployantlaressource
Ressource employée
Ressources extérieures employées sur les
exploitations (N=56)
Entreprise
• Normandie +
• Grand-Est -
• BV -
Entraide
• exploitations à dominante
herbagères -
• agriculture biologique -
Service de remplacement
• exploitations à dominante
herbagères +
• BL +
• petites surfaces +
• vêlages étalés +
13
Bonne intégration des polyculteur-éleveurs
dans les réseaux professionnels
Le couplage ne ressort pas dans ces résultats
12. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Environnement socio-économique
Les activités professionnelles ou extraprofessionnelles
des agriculteurs
Les exploitants qui ont beaucoup d’activités
extérieures à l’exploitations
•Couplage fort
•Exploitations herbagères
•Gros collectifs (> 2,5 UMOtot)
•Niveau d’étude supérieur au bac
•Exploitants plus jeunes (< 40 ans)
•Prise de congés
•Emploi non agricole avant l’installation
•Intensité des mises bas élevée
1
28
21
Quantité d'activités extérieures
exercées par les personnes enquêtés
(N=50)
pas d'activité extérieure exercée un peu beaucoup
14
Tous les éleveurs enquêtés possèdent des activités extérieures à
l’exploitation sauf un. Les fermes en couplage fort sont des fermes
avec des exploitants qui réalisent beaucoup d’activités extérieures.
13. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Identité professionnelle
4 définitions de la polyculture-élevage proposées :
15*Intensité des mises bas = nombre
de mises bas par mois
Producteur
n=18
• BV +
• remplacement -
• congés et week-
ends -
• petits collectifs +
• Normandie +
Chef
d’entreprise
n=14
• entre 40 et 55
ans +
• nombre
d’UGB/UMO
élevé +
• intensité des
mises bas*
forte +
Exploitant rural
n=9
• SAU/UMO et
UGB/UMO
faibles +
• agriculture
biologique
• prise de
week-ends +
• > 55 ans +
Jardinier du
paysage n=4
• prise de
week-ends +
• AB +
• niveau
d’études
élevé +
Pas d’effet significatif du
couplage, mais une tendance
observée :
couplage faible et
moyen = définitions 1 et
2
couplage fort = toutes
les définitions
14. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Organisation et qualité du travail (1/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
Les calendriers permettent de dégager deux nouvelles variables :
• Note d’intensité moyenne = moyenne des notes d’intensité de chaque
quinzaine de l’année (valeur de 1 à 4)
• Durée des périodes intenses = nombre de jours intenses ou très
intenses sur l’année (note 3 ou 4)
16
15. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
17
Figure 1 Figure 3Figure 2
Tri selon la note
d’intensité
moyenne
Tri selon la durée
et la position des
périodes intenses
Organisation et qualité du travail (2/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
16. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
« Tranquille toute l’année », n=7
18
• Notes d’intensité faibles et
périodes intenses courtes
• Exploitants avec beaucoup
d’activités*
• Des systèmes différents mais
• simplification
• main-d’œuvre adaptée
• Tous les niveaux de couplage
*responsabilités professionnelles, engagement
associatif, politique, pratique d'un loisir, sport, etc.
Organisation et qualité du travail (3/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
17. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
« Printemps intense », n=15
19
• Systèmes herbagers
• AB
• Petites SAU
• Chargements faibles
• Toutes les régions (Pays-de-
la-Loire, Occitanie +)
• Tous les niveaux de
couplage (couplage fort +)
Organisation et qualité du travail (3/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
18. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
« Deux périodes délicates », n=19
• Exploitations à dominante cultures
• Hauts-de-France
• Chargement élevé
• Moins d’animaux
• Périodes intenses = chantiers clés
sur les cultures (semis, désherbage,
récolte)
• Tous les niveaux de couplage
(couplage fort -)
20
Organisation et qualité du travail (3/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
19. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
« Du travail en continu », n=9
• SAU élevée
• SFP élevée
• Intensité des mises bas élevée
• BV
• Grand Est ++, Occitanie +
• Exploitations à dominante cultures
• Certains exploitants de ce groupe
semblent être à la limite en
termes de travail
• Tous les niveaux de couplage
21
Organisation et qualité du travail (3/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
20. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
« Transition difficile », n=7
• Notes d’intensité fortes et
périodes intenses longues
• Tous les systèmes de PCE
• Situations de difficulté :
• changement survenu sur
l’exploitation
• charge structurelle de travail
importante
• Pas de couplage fort
22
Organisation et qualité du travail (3/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
21. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
• Des exploitations vivables d’un point du vue du travail et
d’autres qui ont plus de difficultés
• Les exploitations à dominante herbagère semblent avoir
une intensité de travail moins forte que celles à
dominantes cultures
• Le couplage ne ressort pas significativement de cette
typologie mais une tendance se dessine : les fermes en
couplage fort ont une intensité de travail moindre
Organisation et qualité du travail (3/3)
Construction d’une typologie d’intensité du travail à
partir des calendriers
23
22. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Qualité de vie (1/3)
+ -
• Possibilité de prendre du temps
privé dans la semaine (10)
• Temps disponible pour la vie de
famille (10) et les implications
extérieures (7)
• Métier passion (7)
• Cadre de vie agréable (4)
• Stress (8)
• Astreinte pesante (8)
• Charge de travail trop lourde (7)
• Volonté d’avoir plus de temps libre
(5)
• L’élevage impacte négativement la
qualité de vie (4)
• Problèmes de santé (3)
• Lourdeur administrative (3)
• Frein à la vie sociale (3)
24
Quasiment autant de citations positives que négatives
avec des points abordés qui ne sont pas propres à la PCE
Pas d’effet du couplage
23. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Qualité de vie (3/3)
Typologie de qualité de vie
26
Classe 1 : « tout va bien »
N=14
Systèmes herbagers (9/14)
Typo calendrier B (7/14)
Recours au remplacement
(14/14)
Petite SAU (moins de 120
ha) (8/14)
Faible intensité des mises
bas (8/14)
Tous les niveaux de
couplage avec cependant un
peu plus de forts
Toutes les typologies de
calendrier excepté la E
Classe 2 : « épanouis dans
le travail » N=24
Chargement faible (12/24)
Beaucoup de main-d’oeuvre
(10/24)
SAU importante (12/24)
UGB/UMO moyen (11/24)
Tous les niveaux de
couplage en répartition
plutôt équilibrée
Toutes les typologies de
calendrier sont représentées
Majorité d’exploitations à
dominante cultures (18/24)
Classe 3 : « insatisfaits avec
peu de temps libre » N=19
UGB/UMOtot élevé (11/19)
Pas de remplacement (6/19)
Chargement élevé (10/19)
Normandie (7/19)
Productivité du travail élevé
(11/19)
Tous les niveaux de
couplage sont représentés
avec un peu plus de fermes
en couplage faible (8/19)
ainsi que toutes les
typologies de calendrier
Majorité d’exploitations à
dominante cultures (14/19)
24. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Bien-être et santé
Pénibilité
• Travaux jugés pénibles : la
traite (4 citations), le raclage
(2), les vêlages difficiles ou de
nuit (3), la distribution des
concentrés (1)
27
Peu de pénibilité, un peu plus de stress, et surtout des
problématiques qui ne sont pas propres à la PCE
Pas d’effet du couplage
Stress
• Certains agriculteurs
affirment ressentir du stress
ou une charge
psychologique dus à leur
métier (7 citations dans la
Q7, 20 dans la Q8)
25. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Evolution des compétences
Des polyculteur-éleveurs bien formés
Les agriculteurs ayant réalisé des études
supérieures :
• < 40 ans
• Emploi non agricole avant de s’installer
• Beaucoup d’activités*
• Couplage fort +
• Collectifs de travail de taille importante
• Agriculture biologique
28
• Des exploitants ayant réalisé
des études supérieures avec
des fermes en couplage fort
*responsabilités professionnelles, engagement
associatif, politique, pratique d'un loisir, sport, etc.
9
17
23
0
5
10
15
20
25
< bac niveau bac > bac
Nombred’exploitants
Niveau de formation
Niveau de formation initiale des personnes
interrogées (N=49)
27. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Travailler en PCE : les avantages
Organisation : Grande variété de tâches, diversité saisonnière et
journalière du travail, peu de monotonie, pluridisciplinarité
"ça fait du bien de faire un peu de tracteur parfois"
Répartition régulière du travail, travail lissé toute l'année plus facile
d'employer un salarié occupé toute l'année (O ; E) – Se faire remplacer
plus facilement car petits ateliers/petites structures (E) – possibilité de
répartir les tâches quand on est plusieurs (O) ; gain de temps traitements
surfaces car maîtrise des maladies/adventices par rotation (PDL) ;
période d'épandage plus grande pour ferti organique : souplesse (PDL)
30
28. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Travailler en PCE : les avantages
(ce qu'ont dit certains groupes)
Sens du métier : complémentarité du système, plusieurs
produits pour le consommateur, lien direct élevage et
culture, cycle, finalité
"tout se mange" – "repas complet" – "on travaille les
champs pour nourrir les bêtes"
Travailler avec du vivant, se libérer l'esprit avec du vivant
(PDL) ; travailler plus pour la qualité que la quantité (PDL) ;
moins de pression psychologique (O ; E) notamment grâce au
fait d'avoir plusieurs ateliers
31
O : Occitanie ; E : Grand-Est ; PDL : Pays de la Loire
29. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Travailler en PCE : les avantages
• Lien au territoire : diversité du partenariat, davantage de lien
social, apprendre à travailler avec les autres (PCE = petites
exploitations, Cuma "obligatoire")
• Image du métier : impact environnemental plus faible, "moins
pollueurs" (O ; PDL) ; attire les jeunes car les exploitations sont à
taille humaine (E)
32
O : Occitanie ; E : Grand-Est ; PDL : Pays de la Loire
30. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Travailler en PCE : les difficultés
(ce qu'ont dit tous les groupes)
• Compétences : Plus de connaissances techniques
et savoir-faire (surtout si beaucoup de cultures),
plus de formation, plus de charge mentale "Etre
bon partout"
• Organisation : risque de dispersion
• Administratif : plus d'enregistrements, plus de
contrôles, plus de charge mentale
• Equipement : plus de matériel que dans d'autres
systèmes (ou si Cuma, il faut rendre le travail)
33
31. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Travailler en PCE : les difficultés
(ce qu'ont dit certains groupes)
• Organisation : Plus de concurrence, pointes de travail (surtout
si beaucoup de cultures) (O ; PDL) – Plus d'UMO/vache pour
gérer les pointes (O) - Perte de temps si diversité de cultures
(PDL) –– gérer la ferti organique plus contraignante que ferti
chimique (PDL) – ration complexe, plus de temps de
distribution et réflexion (PDL)
• Charge de travail : astreinte horaire, journées longues (E ; O) ;
astreinte élevage (PDL) - mauvais équilibre vie privée/vie
professionnelle (O) - pas de creux, pas de répit, pas de prise de
recul possible (E ; O)
• Santé : multiplication des risques car moins bons
équipements, journées longues fatigue (O)
34
O : Occitanie ; E : Grand-Est ; PDL : Pays de la Loire
32. Résilience, Efficacité et Durabilité des Systèmes de Polyculture Elevage
Conclusions
• Des exploitants qui font état d'un système de
polyculture-élevage vivable, des
exploitations socialement durables
• Un couplage cultures/élevage pas si
déterminant que présumé sur le travail
possible de développer des synergies
animaux/végétaux
36
Notes de l'éditeur
En ce qui concerne la méthodologie mise en place, 60 exploitations sont mobilisées dans cette étude, les mêmes qui ont participé à la 1ère série d’enquêtes sur le couplage.
5 régions sont représentées : l’Occitanie, les pays de la Loire, le grand est, la Normandie et les Hauts de France. 12 exploitations sont suivies dans chaque région. 3 filières sont représentées, il s’agit des filières bovin lait, bovin viande et ovin viande.
Au sein de notre échantillon, on compte des exploitations plutôt herbagères et des exploitations davantage tournées vers les grandes cultures
En conclusion de la partie contexte, deux hypothèses ont été formulées dans mon travail qui sont :
Hypothèse 1 : les systèmes de PCE sont socialement durables.
Hypothèse 2 : l’accroissement du couplage cultures/élevage impacte négativement le travail des agriculteurs.
Au cours de cette présentation, nous confirmerons ou réfuterons ces hypothèses.
Deux méthodes ont été mobilisées pour recueillir les données, l’enquête individuelle qualitative et l’entretien collectif ou focus group.
En ce qui concerne les enquêtes individuelles, 57 ont été conduites. 6 thèmes ont été abordés, il s’agit de la MO, des aspects métiers, des calendrier travail, de la qualité de vie, des préoccupations travail et des pratiques d’autonomie ou de couplage. Elles ont été analysées de 2 façons : de manière thématique, c’est-à-dire par la recherche de mots ou idées communes pour traduire la diversité ou l’homogénéité des réponses, puis de manière statistique. Le test d’indépendance du khi² a été principalement mobilisé pour cela et deux typologie ont été construites, une grâce à la méthode Bertin et l’autre grâce à une ACM (analyse de correspondances multiples).
En ce qui concerne les focus groups, 3 ont été réalisé, dans le Grand Est, dans les Pays de la Loire et en Occitanie. Les agriculteurs qui ont participé à ces réunions sont les mêmes que les enquêtes individuelles. 2 questions leur ont été posées : quels sont les atouts et les limites d’un point de vue du travail des systèmes de PCE? Puis, quelles solutions proposez-vous pour améliorer le travail dans ces systèmes là? Les propos ont été analysé de manière thématique.
Les résultats sont présentés selon les 6 piliers de la durabilité sociale identifiés dans le contexte. Pour chaque pilier, je vais vous exposer quelques résultats qui sont ressortis. Je ne me centrerai pas sur les focus groups.
Par rapport à l’environnement socio-économique des exploitations, j’ai choisi de traiter la question des ressources extérieures mobilisées par les agriculteurs. C’est essentiellement 4 ressources qui ont été citées : la Cuma ou copropriété, l’entreprise, l’entraide et le service de remplacement. On voit que globalement les exploitations de notre échantillon font beaucoup appel à des ressources extérieures vu les taux présentés sur le graphique avec toutefois quelques spécificités. La Cuma est utilisée par quasiment tous les agriculteurs de notre échantillon. L’entreprise, elle, est davantage utilisée en Normandie et moins dans le Grand Est et en production BV. L’entraide se rencontre moins dans les exploitations à dominante herbagères et en agriculture biologique, ce qui peut s’expliquer par l’absence d’ensilage de maïs qui est un travaux souvent réalisé en entraide. Le service de remplacement est davantage sollicité dans les exploitations à dominante herbagères, en production BL pour le remplacement sur la traite, avec de petites surfaces et des vêlages étalés.
On constate une bonne intégration des polyculteur-éleveurs dans les réseaux professionnels et pas d’effet du couplage sur ces résultats.
Concernant l’environnement socio-économique, j’ai choisi de traiter la question des activités professionnelles ou extraprofessionnelles des exploitants, c’est-à-dire les engagements politiques, les groupes professionnels du type Cuma, GDS, MSA, ou encore des activités de loisir comme le sport).
1 agriculteur n’a pas d’activité, 28 en ont un peu (c’est a dire 1 ou 2 activités) et 21 en ont beaucoup (c’est-à-dire 3 activités ou plus)
Les agriculteurs qui ont beaucoup d’activités sont plutôt des fermes en couplage fort, avec des exploitations herbagères, de gros collectif (c-a-d de 2,5 UMO ou plus), avec des exploitants qui ont niveau d’étude > au bac, qui sont plus jeunes, qui prennent des congés, qui ont eu un emploi non agricole avant de s’installer et une intensité des mises bas élevées
L’analyse statistique ne permet pas d’identifier de spécificités pour ceux qui ont peu d’activités.
Ce qui est intéressant dans ces résultats est de voir que ceux qui ont beaucoup d’activités sont des fermes en couplage fort
Concernant l’identité professionnelle des agriculteurs, on leur a demandé de choisir une définition de la PCE parmi les suivantes : producteur, chef d’entreprise, exploitant rural ou jardinier du paysage. On compte surtout des producteurs et des chefs d’entreprise dans notre échantillon. Beaucoup d’agriculteurs ont affirmé se reconnaître dans les 4 définitions mais ont été contraints de n’en choisir qu’une. Cela traduit que ce mode de production est bien pluriel dans la manière de le percevoir.
Les producteurs sont plutôt des éleveurs bovin viande, qui ne se font pas remplacer, qui ont de petits collectifs de travail, qui ne prennent donc ni WE ni congés, et qui se situent davantage en Normandie.
Les chefs d’entreprise sont des exploitants entre 40 et 55 ans, qui ont un nb d’UGB/UMO élevé et une intensité des mises bas fortes.
Les exploitants ruraux présentent une productivité du travail faible, des exploitations en AB, sont des agriculteurs qui prennent des WE et qui ont plus de 55 ans.
Enfin les jardiniers du paysage prennent des WE, ont des exploitations en AB et ont un niveau d’études élevé.
Le couplage ne ressort pas significativement de ces définitions, d’après le test d’indépendance du khi², mais on observe une tendance, à savoir qu’il y a plus de fermes en couplage faible et moyen pour les 2 premières définitions, qui ont donc un discours technique ou économique. Et que les fermes en couplage fort se répartissent équitablement sur les 4 définitions ce qui montre que ces agriculteurs ont une représentation de leur métier diverse
L’organisation et la qualité du travail a été abordée grâce a des calendriers que les enquêteurs ont rempli avec les personnes enquêtées. Vous pouvez voir sur cette diapositive un exemple d’un calendrier travail dans lequel sont décrits les travaux de l’exploitation qui s’enchainent sur l’année sur les lignes du calendrier jusqu’aux travaux sur les prairies et une dernière ligne qui renseigne l’intensité de chaque période de 15 jours qui se traduit par une note allant de 1 à 4, 4 étant la note d’intensité la plus élevée. Cette dernière ligne nous a permis de créer 2 variables : la note d’intensité qui est la moyenne des notes d’intensité de chaque quinzaine de l’année et la durée des périodes intenses qui correspond au nombre de jours sur l’année où l’intensité du travail est élevée, c’est-à-dire les notes 3 et 4.
Nous nous sommes dit qu’il pourrait être intéressant de regrouper les calendriers qui se ressemblent et pour cela nous avons utilisé la méthode de classification visuelle de Bertin. Pour faciliter ce travail, nous avons décidé, sur la dernière ligne des calendriers, de regrouper sous la couleur verte les notes 1 et 2 et sous la couleur rouge les notes 3 et 4. Ensuite la dernière ligne de chaque calendrier a été extraites puis rassemblées comme vous pouvez le voir sur la première figure. Ici les exploitations sont classées par région, c’est-à-dire complètement au hasard par rapport à leur calendriers. Ensuite les exploitations ont été classés selon leur note d’intensité ce qui a donné la figure 2. On voit en haut de la figure 2 des exploitations avec peu de périodes intenses et en bas d’autres avec beaucoup de périodes intenses. Enfin nous avons terminé de classer les exploitations à l’aide de clés de tri établies en fonction de la durée des périodes intenses des exploitations et à quel moment elles se situent dans l’année. Cela a donné la figure 3.
Les clés de tri nous on permis de dégager 5 groupes d’exploitations : A, B, C, D et E. Je vais vous présenter les caractéristiques de chaque groupe. Ce qui est écrit en rouge est significatif selon le test d’indépendance du khi² à un seuil de 5% alors que ce qui est écrit en noir correspond à des observations sans valeur statistique.
Pour conclure sur ces groupes d’intensité du travail, on constate qu’il y a :
Des exploitations qui sont tout à fait vivables d’un point du vue du travail et d’autres qui ont plus de difficultés car trop de travail comparé à la MO disponible ou en période de transition
Les exploitations à dominante herbagères semblent avoir une intensité de travail moins forte que celles à dominantes cultures selon les ressenti des agriculteurs de notre échantillon
Et enfin le couplage ne ressort pas significativement de cette typologie mais on observe une tendance, à savoir un peu plus de fermes en couplage fort qui ont une intensité du travail plutôt faible et un peu plus de fermes en couplage faible qui ont une intensité du travail plus élevée.
On a aussi interrogé les agriculteurs sur leur qualité de vie et leur propos ont été analysés de manière thématique pour cette question.
Parmi les aspects positifs, les propos qui sont revenus le plus souvent sont :
Concernant les aspects négatifs, les agriculteurs ont parlé de :
On a quasiment autant de citations positives que négatives. Toutefois, l’astreinte liée aux bêtes a des répercussions qui semblent peser sur leur vie privée. On remarque que les points abordés ne sont pas spécifiques à la PCE mais plutôt relatif au métier d’agriculteur. Pour les points négatifs, le fait de gérer à la fois un atelier animal et un atelier végétal peut exacerber ces points là. Le couplage ne ressort pas de ces résultats.
Résultats partagés quand les éleveurs s ’expriment sur leur qualité de vie. On a aussi vu, sur la typologie d’intensité construite à partir des calendriers, que plus les éleveurs vivent des périodes intenses dans l’année (de A vers E), plus la note de satisfaction sur l’équilibre vie pro/vie perso est faible.
Décidé de construire une typologie de qualité de vie grâce à une ACM (Analyse de Correspondances Multiples) : méthode factorielle de statistique descriptive multidimensionnelle permettant de traiter simultanément plusieurs variables qualitatives (BACCINI, 2010)
On applique le critère consistant à interpréter les axes d’inertie (somme des variances des variables considérées) supérieure à 1/p (GONZALEZ, 2012), p étant le nombre de variables actives utilisées pour construire l’ACM. Dans notre cas 1/p = 1/5 = 0,2, on retient donc les 3 premiers axes (inertie axe 1 = 0,444, inertie axe 2 = 0,290, inertie axe 3 = 0,224)
La CAH est un algorithme de classification des individus réalisé à partir des coordonnées de ces individus sur les axes de l’ACM (LE LAN, 2005). Seuls les axes 1 et 2 permettent de former des groupes distincts donc on ne retiendra que ces deux axes pour le reste de l’analyse. On obtient une inertie intra-classes de 0,788 et une inertie inter-classes de 0,529 après consolidation, l’objectif étant d’avoir une inertie intra-classes plus faible que l’inertie inter-classes.
les herbagers semblent avoir une charge de travail moindre, ou du moins qui les satisfont, alors que les polyculteur-éleveurs en PCEV/PCEC semblent avoir plus de travail du fait d’une plus grande diversité culturale dans l’assolement de l’exploitation (classe 2) ou d’une productivité apparente du travail plus élevée (classe 3).
Les agriculteurs avec des systèmes plus herbagers sont un peu plus contents que ceux qui possèdent des systèmes à dominante culture car on observe respectivement 74 et 62% d’agriculteurs dans les classes « tout va pour le mieux » et « épanouis dans le travail ». On a tout de même une majorité importante de polyculteur-éleveurs cultivateurs qui sont satisfaits de leur qualité de vie.
Le couplage ne ressort pas significativement de ces résultats. Toutefois on observe davantage de fermes en couplage fort dans la classe « tout va pour le mieux » et plus de fermes en couplage faible dans le groupe « insatisfaits avec peu de temps libre ». Il semblerait que les systèmes avec un couplage cultures/élevage soit des systèmes plus épanouissants pour les agriculteurs.
Concernant le bien-être et la santé, les propos des agriculteurs ont également été analysés de manière thématique.
Par rapport à la pénibilité, il ressort que les travaux pénibles sont davantage des travaux liés à l’élevage avec : …
Elle a un impact sur la santé puisque des agriculteurs ont parlé de :
Et enfin plusieurs agriculteurs ont indiqué avoir mis en place des changements sur leur exploitation afin d’améliorer leur confort, qui passe par l’acquisition d’une pailleuse ou d’un tracteur, que ce soit l’achat d’un tracteur neuf ou l’achat d’un tracteur supplémentaire pour moins avoir à dételer et rateler.
Concernant le stress, il y a eu plus d’agriculteurs qui ont affirmé en ressentir. Les causes sont relatives à la charge administrative et au regard négatif que porte la société sur le métier d’agriculteur. Enfin certains nous ont parlé de problèmes de sommeil à cause du stress.
On a relativement peu d’agriculteurs qui nous ont parlé de pénibilité, un peu plus qui nous ont parlé de stress, et surtout ce ne sont pas des points spécifiques à la PCE mais plutôt au métier d’agriculteur en général. Le couplage n’est pas discriminant sur le bien-être et la santé.
Concernant l’évolution des compétences qui est le dernier registre de la durabilité que je vais aborder, on constate dans notre échantillon des polyculteur-éleveurs qui sont bien formés puisque leur niveau de formation est supérieur à celui des agriculteurs français avec près de la moitié des personnes interrogées qui ont un niveau d’études supérieur au bac. Nous avons une majorité de fermes du réseau d’élevage Inosys dans notre échantillon, donc cela peut favoriser la présence d’exploitants plus formés, particulièrement soucieux d’améliorer leur système et de faire évoluer leurs compétences.
Les exploitants avec un niveau d’étude > au bac sont plutôt des jeunes, qui ont eu une expérience professionnelle avant de s’installer, qui ont beaucoup d’activités, davantage de fermes en couplage fort, avec des collectifs de grande taille, et en AB.
On peut supposer qu’une formation poussée donne plus de clés à l’exploitant pour gérer son exploitation et la faire évoluer et il est intéressant de voir que les fermes en couplage fort font parti de ce groupe d’exploitations là
Pour conclure cette présentation, nous avons vu que les systèmes de PCE présentent des atouts économiques et environnementaux mais sont aussi des systèmes vivables pour les agriculteurs.
Le couplage n’a que peu de poids statistique dans les résultats ce qui montre qu’un couplage élevé est compatible avec de bonnes conditions de travail. Par ailleurs, plusieurs résultats suggèrent qu’un couplage fort est plutôt un facteur amélioratif du travail et des autres registres de la durabilité sociale.
Au vues de ces résultats, il apparait essentiel de les communiquer et promouvoir des systèmes qui s’insèrent bien dans une démarche agro-écologique dans le but d’enrayer leur recul
Les systèmes de PCE sont des systèmes complexes, dont les références sont manquantes, mais pourtant c’est une forme d’agriculture fortement représentée en France. Les études sur ces systèmes doivent être encouragées, à l’image du projet RED SPyCE.