Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Communication à propos de la recherche doctorale sur la médiation grammaticale de Philippe Clauzard, juin 2008
1. La médiation
grammaticale en
école élémentaire
Eléments de compréhension
de l’activité enseignante
Recherche en formation des adultes et sciences de
l’éducation; Philippe Clauzard – septembre 2008
3. Comment analyser l’activité
enseignante ?
comment analyser l’activité d’un
enseignant à partir du cadre
théorique de la didactique
professionnelle ?
Une problématique plus spécifique :
comment analyser l’activité d’un
maître de grammaire ?
Contexte de la recherche :
4. Comment enseigne t-on la grammaire
en école élémentaire? Observation
de situations concrètes de travail.
Quelles invariances, quels canevas
communs observe t - on dans les
pratiques de classe grammaticale ?
Quelles stratégies individuelles des
enseignants peut-on y repérer, quels
sont les modèles opératifs à la base de
leurs stratégies ?
Question centrale :
5. Hypothèses de recherche :
Hypothèse 1: un champ conceptuel
du Cours Préparatoire au Cours Moyen 2nde
année, (cf. approche didactique)
Hypothèse 2: une longue procédure de
conceptualisation par paliers, (cf. approche
cognitive)
Hypothèse 3: un schème d’épisodes de
glissements conceptuels opérés sur des
phrases problèmes (grammaticaux) qui
deviennent des phrases modèles (d’objet
grammaticaux), selon une tâche scolaire définie
(cf. approche activité)
6. Inscription dans un
courant de recherche
La médiation grammaticale en
école élémentaire
Eléments de compréhension de l’activité enseignante
7. Approche « métiers » des situations éducatives
Analyse de l’activité enseignante, analyse des
pratiques effectives de classe,
Description pour comprendre l’agir
communicationnel des enseignants,
Recherche d’organisateurs de l’activité
enseignante
Filmage de classes de grammaire en école
élémentaire, méthode ergonomique
d’enregistrement vidéo et autoconfrontation,
Observation de la co-activité maître/élèves,
Focus porté sur l’enseignant,
Recherche d’exploration
8. Étude de la médiation grammaticale
en école élémentaire dans une
perspective de compréhension de
l’activité enseignante
non pas une étude linguistique ou
sur la grammaire,
mais plus simplement, une étude sur
l’activité enseignante de maîtres de
grammaire en école élémentaire,
Exploration d’un agir enseignant
9. l’étude d’une « grammaire en acte »,
afin de comprendre la pragmatisation
de la grammaire scolaire,
Décrire, analyser, catégoriser… pour
comprendre comment on enseigne la
grammaire,
Etude supervisée par professeur de
lettres, latiniste et linguiste; des conseillers
pédagogiques, et un directeur de recherche
doctorale, et un chargé d’études au Céreq,
département Travail et Formation (Pastré &
Savoyant)…
10. Ouvertures heuristiques
Objectif d’articulation entre didactique
professionnelle (analyse de l’activité des
maîtres de grammaire) et didactique des
disciplines (analyse des apprentissages
des élèves),
Trait d’union avec le concept d’analyse
des gestes professionnels (cf. Bucheton
& Sensevy),
Objectif du réseau Open de rapprocher ces
2 approches, études croisées (cf Altet, Bru).
11. Références
Inspiration des modèles didactiques
développés en Suisse, modèle d’une
grammaire structurale et générative
(cf. Bronkart),
Deux auteurs historiques de référence: Denys
de Thrace et Noam Chomsky,
Un manuel de référence: la Grammaire
méthodique du français au PUF
Idée de dépasser les controverses, les
diverses « chapelles » ou écoles de pensée en
étude de la langue par la détermination
d’invariants dans la pratique de classe
grammaticale.
12. Cadre théorique
de la recherche
La médiation grammaticale en
école élémentaire
Eléments de compréhension de l’activité enseignante
13. Cadre général intégrateur de la
recherche: la didactique professionnelle
Activité enseignante organisée: recherche des
organisateurs de cette activité; comprendre les
invariances et les variabilités
En termes de D.P.: déterminer la structure
conceptuelle de la situation avec les concepts
organisateurs (côté tâche) + le modèle opératifs
des enseignants, leurs stratégies (côté activité)
qui s’approprient de façon singulière la SCS…
+ éventuellement entre ces deux pôles, un
genre partagé d’enseigner une discipline
historiquement et collectivement situé…
14. Théories pour la recherche
Théories convoquées Problématique spécifique
au maître de grammaire
Secondarisation
(Bautier, Goigoux)
Concept organisateur de
glissement conceptuel
Mésogénèse
Topogénèse (Sensevy)
Episodes et pratique
de glissements
conceptuels
Théorie des Champs
conceptuels (Vergnaud)
Chronogénèse (Sensevy)
Concept organisateur
d’ajustement
Conceptualisation par
paliers
15. Secondarisation…
Conduire les élèves à interroger un objet de savoir,
à exercer des activités de pensée sur un objet de
savoir, afin de le comprendre et se l’approprier,
Provoquer un saut informationnel, une
décontextualisation, l’adoption d’une finalité
supérieur en dépassant les tâches scolaires
prétextes et support à l’apprentissage afin de
développer une pensée sur ce qui est appris et
l’assimiler
Cad: ne pas se contenter dans un exercice de relier
selon une consigne deux mots, mais comprendre la
signification de leur relation, les propriétés en jeu
qui forme une attribution conceptuelle, un
concept…
16. Passage, circulation du concept outil au
concept objet, de registre pragmatique à un
registre épistémique, du monde des objets
du réel au monde des objets intellectuels,
d’une pratique à une théorie,
Passage, glissement d’un objet scolaire
exercé ou manipulé à un objet assimilé et
appris, à un objet conceptualisé...
OBJET SAVANT -> OBJET DIDACTISE ET
ELEMENTARISE -> OBJET ENSEIGNE ->
OBJET EXERCE OU MANIPULER ->
OBJET APPRIS
Les glissements conceptuels sont des
observables d’une secondarisation, des
TRACES DE PASSAGE VERS L’OBJET
APPRIS.
17. Critères didactiques
La mésogénèse: la construction du milieu
d’apprentissage,
La chronogénèse: la construction du
temps de l’apprentissage,
La topogénèse: la construction du mode
d’apprentissage
18. Mésogénèse
Elle interroge la construction du milieu
didactique dans lequel s’effectue
l’apprentissage, le glissement conceptuel; la
construction du milieu d’apprentissage;
Elle répond à la question : « comment
quoi? »
c’est la gestion des contenus en termes de :
- définition du jeu (la tâche scolaire),
- de dévolution,
- de régulation (l’étayage, le tissage)
- et d’institutionnalisation.
19. Topogénèse
Elle interroge la construction de l’endroit où se noue
la conceptualisation, où s’effectue l’apprentissage
en fonction de l’objet d’enseignement;
Elle interroge le mode d’apprentissage, le mode
de glissement conceptuel selon 2 critères:
… selon l’état de la transaction entre les actants, l’état des
interactions maître – élèves, des régulations spécifiques du
maître en fonction de l’objet d’enseignement,
… selon l’état de la transaction sur les contenus, en lien
direct avec les spécificités de l’objet à faire apprendre.
c’est la manière d’introduire un mode de glissement
conceptuel, c’est le relief donné à l’apprentissage, à
l’espace didactique dans lequel est appris un savoir selon les
transactions maître – élèves et sur les contenus
20. Chronogénèse et champ conceptuel
Elle interroge la construction du temps de
l’apprentissage, selon des paliers progressifs de
conceptualisation, selon une hiérarchisation des
opérations de la tâche scolaire (constater, jouer à
transformer, analyser), selon les modes d’approche
cognitive (implicite ou explicite),
elle indique la temporalité, elle interroge la
progression du temps didactique et les glissements
selon divers niveaux de grammaire, l’ajustement du
type de grammaire au niveau de la classe.
Elle répond à la question « comment quand »
Cette temporalité renvoie d’une certaine manière
aux champs conceptuels…
21. … les champs conceptuels faits de filiations et
ruptures entre des concepts formant un ensemble
cohérent, dont leurs mobilisations permettent le
traitement de situations problèmes
Les champs conceptuels forment un « espace de
problèmes ou de situations problèmes dont le
traitement implique des concepts et des
procédures de plusieurs types en étroite
connexion »;
ainsi décliné dans cette recherche, on a affaire à
un ensemble de phrases, un ensemble de mots
ou de groupes de mots qui font problème et dont
le traitement implique des concepts et des
procédures en étroite connexion
23. Macro – analyse :
pour repérer dans le corpus les épisodes
de glissement (cf. la segmentation des
protocoles en script et phases,
Micro – analyse:
pour analyser les épisodes de glissement,
en termes de mésogénèse, topogénèse et
chronogénèse. (voir exemple sur support
« word »)
24. Segmentation des protocoles en script,
(exemples sur support word)
SCRIPT ACTIONS DE L4ENEIGNANT OBSERVEES
DÉFINITION DU JEU
MISE EN TRAIN : ARTICULATION AVEC D’AUTRES TÂCHES (PRÉ -
TÂCHE), TISSAGE AVEC DES SAVOIRS ACQUIS…
ENRÔLEMENT DES ÉLÈVES DANS L’ACTIVITÉ :
EXPLICITATION DE LA CONSIGNE DE TRAVAIL ET
GESTION MATÉRIELLE AFFÉRENTE, CONTRÔLE…
DÉVOLUTION
FACILITATION DE L’APPROPRIATION PAR LES ÉLÈVES DE
LA TÂCHE GRAMMATICALE D’INVESTIGATION OU
MANIPULATION DE LA PHRASE : EXPLICITATIONS
SUPPLÉMENTAIRES, MAINTIEN DE LA MOTIVATION ET
ÉVITEMENT D’UN ÉCARTEMENT DU BUT ASSIGNÉ…
RÉGULATION
ETAYAGE INDIVIDUEL ET COLLECTIF DE LA DÉMARCHE
D’APPRENTISSAGE : REFORMULATION SYNTHÈSE,
FOCALISATION, APPROFONDISSEMENT, MISE EN
ÉVIDENCE DE CARACTÉRIS-TIQUES POUR FACILITER
L’ACTION DES ÉLÈVES, RÉDUCTION DE LA DIFFICULTÉ DE
LA TÂCHE, COMMENT FAIRE…
CONTRÔLES « ON LINE » DU TRAVAIL DES ÉLÈVES,
RECTIFICATIONS…
INSTITUTIONNALISATION
VALIDATION DE LA RÉUSSITE, FACILITATION À
L’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS,
INSTITUTIONNALISATION DE LA RÈGLE GRAMMATICALE
FIXÉE AVEC OU NON LA PARTICIPATION DES ÉLÈVES...
25. Exemple d’analyse « micro » selon les critères de Sensevy
1. Définition du jeu : Le maître précise le but de la tâche scolaire. Par exemple : trouver le sujet,
le verbe, identifier le GNS, le GV ou déterminer le circonstant (complément de phrase) ou le
complément de verbe (COD, COI).
Pour définir le jeu, le maître choisit une « phrase modèle ». Nous remarquons 2 sortes de phrases
modèles :
a/ les phrases modèles prototypiques qui illustrent clairement la règle de grammaire qu’il faut
identifier, même si parfois le groupe sujet comporte plusieurs mots ou le circonstant est inversé en
début de phrases :
« Les enfants du centre de loisirs construisent une cabane » ; « La lune éclaire la nuit. » ;
« Grand Féroce part à la chasse. Grand Féroce rugit. » ; « Nous allons au cinéma. » ; « Dimanche,
je suis allé chez mon tonton, ma tata. » ; « Jérémy écrit une lettre dans la cuisine ».
b/ les phrases modèles atypiques, pour lesquelles le rapport entre la règle et la phrase pose
problème. Par exemple : les phrases nominales, les phrases à l’impératif (exceptions à la structure) ;
le GNS réduit à un mot, voire à une lettre, l’usage de l’article avec un nom partitif, etc…
«Un peu de silence. Quelle horreur ! Défense de fumer. » ; « J’aime le jambon et la
saucisse » ; « Sortez vos cahiers » ; « De la lave coule rapidement d'un côté de la montagne. »
Ces phrases modèles sont des supports au jeu défini par le maître, aux opérations grammaticales
consistant par exemple en l’interrogation (qui est-ce qui) pour segmenter en GS/GV ou en la
manipulation pour repérer les compléments, la classification pour isoler des propriétés
grammaticales… Etc…
2. Dévolution : En début de leçon, il y a une question à laquelle il faut répondre. Le maître
propose la plupart du temps des transformations de phrases (pronominalisation, conjugaison, etc).
Les élèves s’appuient sur ce qui peut se dire / ce qui ne peut pas se dire. Avec l’aide du maître, ils
cherchent la raison de cet usage. (…) Nous observons ainsi que l’appropriation effective, par les
élèves, du problème grammatical posé par l’enseignant est une ressource pour l’apprentissage,
dans la mesure où cette dévolution provoque une dynamique dans le « jeu » didactique.
26. 3. Régulation. Celle-ci consiste, en d’autres termes, en l’étayage proprement dit du glissement
conceptuel. Les élèves cherchent le pourquoi « on peut dire / on ne peut pas dire ». Le maître
procède par « questionnement limite » ou « questionnement indice » ou encore « questionnement
focalisant ».
Le questionnement limite provoque la réflexion des élèves. Il se qualifie ainsi car on est à la
bordure, à la limite du raisonnement : on est sur le « fil du rasoir », on pousse les élèves à devoir
exécuter un choix, un raisonnement, à modifier leur représentation, à faire preuve de cohérence. Il
y a une provocation à la pertinence dans le « jeu didactique ».
Le questionnement indice approfondit la réflexion des élèves par la livraison d’une
information nouvelle dans la question, un indice pour lancer les élèves vers une nouvelle piste de
travail afin de rendre le « jeu » gagnant, afin de faire avancer les apprentissages dans un sens
attendu.
Le questionnement focalisant conduit à une réflexion approfondie de manière fortement
guidée et hiérarchisée par le maître qui régule les interactions dans le sens d’un cheminement
séquencé, par étape (voir le corpus de Fabrice). Le but est de faire préciser aux élèves leurs
pensées.
4. Institutionnalisation : C’est l’explicitation et la généralisation de la règle. Deux cas peuvent
se présenter.
Soit, les élèves ont trouvé la réponse au pourquoi de l’usage : le maître peut généraliser
(glissement institutionnalisant).
Soit, les élèves n’ont pas vraiment trouvé : le maître est embarrassé et finit par donner la réponse
(glissement remédiant). Parfois dans certains cas, il n’existe pas d’institutionnalisation (par
exemple avec Evelyne au CE1 ou Jean-François en CM1/CM2). Par ailleurs, l’institutionnalisation,
au regard de la métalangue convoquée, prend une valeur qui va de « vérités provisoires » à des
« concepts institués », c’est-à-dire de glissements conceptuels sémantiques à des glissements
syntaxiques en passant par des glissements en référence avec des analyses de valeur
thématique et morpho-syntaxique.
27. Ces valeurs participent, comme nous l’avons expliqué dans notre chapitre d’élaboration de notre
problématique (chapitre 1), à des paliers de conceptualisations grammaticales formant un champ
conceptuel sur la temporalité d’une scolarité en école élémentaire.
Un dernier type de glissement (que nous exposons plus bas) est le glissement instrumenté :
c’est un glissement restant implicite, l’instrument permet aux élèves de trouver la bonne réponse
qui n’est cependant pas institutionnalisée (il existe un glissement, mais y’a-t-il vraiment
secondarisation ?)
Ainsi, nous utilisons deux points de vue pour analyser les glissements, deux entrées distinctes
dans cette analyse :
-en termes d’état de l’interaction maître – élèves,
-en termes de langue utilisée pour décrire le fonctionnement linguistique
(épi/méta - langue; le langage utilisé est, en général, corrélé avec la réussite de
l’action, l’accession à un palier de conceptualisation).
28. 2 manières d’analyser
les glissements conceptuels…
2 analyseurs :
Permettant de comprendre la médiation
grammaticale…
En rapport à
l’interaction
maître -
élèves
En rapport au
langage
grammatical
employé
par le
maître
29. Résultats de
l’analyse de l’activité de
médiation grammaticale
du maître de grammaire
La médiation grammaticale en
école élémentaire
Eléments de compréhension de l’activité enseignante
30. Des concepts organisateurs & une
structure conceptuelle de la situation
En intercalaire: un genre partagé du
jeu d’apprentissage grammatical
Des catégorisations de glissements
conceptuels et d’ajustements
Des stratégies enseignantes, des
modèles opératifs qui en sont à
l’origine,
31. « De la tâche scolaire prescrite vers l’activité de
l’enseignant »
Niveau de prescription enseignante
Prescripteur ministériel, missions Tâche prescrite
Instructions officielles, Programmes
Bulletin Officiel
Tâche redéfinie
Les représentations de l’enseignant sur les élèves:
niveau scolaire, attentes, hypothèses sur leurs apprentissages…
La conduite de la classe : caractéristiques du groupe
d’élèves, participation des élèves, gestion de l’espace, gestion du temps...
L’état de l’enseignant : fatigue, stress, motivation
ou forte démotivation, routine, état de la connaissance...
Les exigences didactiques de la matière enseignée
(lecture, maths, eps, histoire, grammaire géométrie...)
Tâche effective
L’exécution proprement dite de la tâche avec « ajustements on-line »,
Cad. les nécessaires adaptations aux exigences de la situation:
(cf. la structure conceptuelle de la situation entre invariance (la partie stable de la situation)
et adaptation (la partie instable de la situation)
Niveau de l’activité enseignant
L’activité enseignante est multifinalisée, c’est-à-dire dirigée dans plusieurs directions simultanément : « vers
les élèves, vers la classe, vers les autres acteurs de la scène scolaire, vers l’enseignant lui-même »
Laboratoire PAEDI-IUFM Auvergne
32. Du côté de la tâche, la structure
conceptuelle de la situation…
La SCS, c’est une modélisation des
invariants
« concepts organisateurs de l’activité
Invariants opératoire, schème d’action
Partie stable de la
situation« invariance », « invariabilité »
« généricité »…
33. La Structure Conceptuelle de la Situation
Concept
d’ajustement
Niveau de
classe :
- CP
- CE
- CM
Registre
Pragmatique,
dimension
sémantique
Registre
Epistémique,
dimension
syntaxique
Rapport
de l’élève
au savoir
Variabilité de la
ZDP durant
l’année scolaire
Cognition des
élèves, selon le
niveau CE/CM,
capacités et
difficultés
Concept de
glissement
conceptuel
Type de
grammaire :
- intuitif
- implicite
- explicite
Programmes
scolaires
et règles
institutionnelles
Configuration de la
classe de grammaire
Configuration de
l’objet de savoir
grammatical
Spécificités
académiques de
l’objet de savoir
Transposition en
savoir scolaire,
élémentarisation de
Phrase
problème
évoluant …
…vers une
phrase modèle
de faits
langagiers
34. Le concept organisateur
de glissement conceptuel
Instanciation de la secondarisation
appliquée à la grammaire,
Se définissant comme « repérer l’objet à
apprendre derrière la tâche scolaire »,
Passage de la langue - outil à la langue -
objet,
Passage entre épilinguistique (parler la
langue) et métalinguistique (parler sur la
langue),
35. Variations sur le terme « glissement »
C’est un passage d’un état à un autre dans la
manière d’appréhender la langue, passage de son
utilisation à la compréhension de son
fonctionnement, avec l’identification de propriétés
et de relations dans les objets langagiers.
La métaphore du glissement ne doit pas nous
induire en erreur, car l’image prête à ambiguïtés :
au mieux, un patineur glisse sur la glace pour
enchaîner ses figures ; au pire, un personnage en
déséquilibre glisse sur un plan incliné, avant de
tomber.
Ici le glissement est très clairement envisagé
comme un processus de changement de niveau,
36. C’est un glissement vers le « haut » : du
« réussir » au « comprendre », de la simple
effectuation de la tâche à sa secondarisation.
Le glissement dépend donc du rapport entre le
questionnement du maître et les réponses
des élèves : il exprime l’état des interactions et
leurs contenus relativement à la langue
grammaticale employée.
Le glissement est induit par le maître pour être
effectué par les élèves, formant un échange
verbal, entre enseignant et élèves, qui pose
dans la médiation enseignante un acte de
secondarisation, impliquant une
décontextualisation vers un niveau supérieur
pour conceptualiser progressivement.
37. Le maître en est généralement l’instigateur, mais
pas exclusivement. La fin de l'épisode permet
d’observer les effets cognitifs atteints.
D’un point de vue méthodologique, les épisodes
de glissement peuvent être envisagés comme des
unités fonctionnelles qui constituent les objets
d’analyse de notre corpus.
l’épisode de glissement conceptuel permet un pas
de côté en direction d'une objectivation de la
langue. Il situe pleinement les élèves dans le
cadre d’un laboratoire d'investigation linguistique,
d'étude de la langue. Il souligne un dépassement
à tout référencement uniquement sémantique
pour entrer dans la syntaxe de la langue ;
38. On pourrait dire qu’il constitue un dépassement de
l'outil mot pour construire un mot objet (cf Douady,
1984).
Il se repère par des changements d'état. Il y a en
effet, à la lecture de nos corpus, des
décrochements, des changements de dimensions.
Une évolution apparaît dans l’analyse
grammaticale : on observe un changement effectif
de registre d’analyse et de définition de la
langue,
…qui s’opère sur un axe d’appréhension de la
langue qui va d’une dimension sémantique vers une
dimension syntaxique, via des paliers thématique
et morpho-syntaxique. C’est une circulation.
39. Cette circulation, ce cheminement est propre à la
spécificité de l’étude de la langue, qui exige un
empan temporel large pour conceptualiser
progressivement les faits langagiers.
Il suppose la convocation d’un grain d’analyse
langagière qui va se complexifiant avec le
déroulement de la scolarité,
sur des objets qui, eux-mêmes, voient croître leur
complexité : du CP, qui s’attache à la forme des
mots, au CE, qui s’intéresse à la valeur
thématique des segments de la phrase, jusqu’au
CM, qui focalise sur les relations entre les
groupes de mots et leurs propriétés.
40. On observe ainsi une marche qui va de la
morphologie, en passant par la thématique, vers la
syntaxe, qui prend corps sur des ensembles de
phrases typiques ou atypiques, manipulées et
analysées.
C’est ainsi que les élèves apprennent progressive-
ment à différer le sens afin de comprendre le
fonctionnement de la phrase et, in fine, de la
langue, pour mieux la contrôler en production
comme en réception.
La complexité de la langue conduit donc à des
approches progressives : nous appelons
glissements ces moments de dépassement du
sens de la phrase pour appréhender sa
mécanique interne.
41. Exemple prototypique de glissement n°1 (CE)
Verbalisations de l’enseignante : Verbalisations des élèves :
M- Alors, je reviens là vous avez du mal a
comprendre. Le sujet, qu'est-ce que c'est le sujet ? E- C'est de quoi on parle
M- C'est de quoi on parle, c'est de quoi ou de qui, de
quoi ou de qui on parle. Donc celui qui fait l'action,
oui alors est-ce par exemple dans la phrase, euh, D
« nous allons au cinéma », est-ce que c'est le cinéma
qui fait l'action?
E- Non (en chœur)
M- Alors qui est-ce? E- Nous (en chœur)
M- C’est ? E- Nous (plusieurs)
M- Ben c'est nous, bien sûr, c'est nous.
42. Analyse du glissement conceptuel
La tâche scolaire consiste en l’identification dans la phrase du groupe sujet et du groupe verbal. Cet épisode de
glissement conceptuel se déroule lors de la phase d’exercices d’application, en fin de séquence.
Comme difficultés cognitives, nous observons que l’identification du groupe sujet d’une phrase est une opération
délicate car le concept de sujet est d’une grande abstraction. Ici, le sujet n’est pas le sujet du discours (« le cinéma »)
mais le sujet grammatical (le pronom « nous »). Il existe en effet trois formes de sujet : le sujet du discours (le
thème), le sujet de l’action, et le sujet grammatical.
Les procédés didactiques employés par l’enseignante relèvent d’une procédure de « questionnement limite » avec
« dans la phrase, euh, D « nous allons au cinéma », est-ce que c'est le cinéma qui fait l'action? ». Il s’agit de
provoquer, dans l’interrogation, la réflexion des enfants, ou au moins la formulation de la réponse juste. Si
l’enseignante aide les élèves à réussir, pour autant, son propos n’aide pas à la construction de connaissances
formelles. Elle emploie dans sa démonstration deux types de sujet : le sujet du « discours » (de qui, de quoi ?) et le
sujet de l’« action » (qui fait l’action ?) qu’elle n’explicite pas davantage, la rupture de registre se fait implicitement.
Le support phrastique à segmenter est : « Nous allons au cinéma. » Le G.S. est un pronom personnel, dans une
relation sujet/prédicat simple (cf. la table de conjugaison). Le risque est de confondre le thème de la phrase avec le
sujet grammatical. La valeur thématique (ou discursive) de la phrase (on parle du cinéma) ne rejoint pas la valeur
sémantique : qui est-ce qui va au cinéma ? Nous. Le « de qui, de quoi parle-t-on » n’équivaut pas à « qui fait
l’action ».
Cet épisode souligne les difficultés des élèves pour trouver un sujet dans une phrase non prototypique, lorsque le
sujet est un pronom personnel. C’est un épisode de glissement de type implicite. L’enseignante tente de remédier
aux difficultés cognitives en demandant de définir ce qu'est un sujet. Puis, après la reprise de la réponse d'un élève,
elle utilise la sémantique « qui fait l'action ? » et un raisonnement par l'erreur : « Est-ce que c'est le cinéma qui fait
l'action ? » Elle n’interroge pas directement sur le thème de la phrase : « ce dont on parle, c'est quoi ou qui ? », ni le
propos : « ce qu’on en dit ? ». Elle modifie la méthodologie d’extraction, par ailleurs suggérée par le manuel scolaire.
En observe-t-elle les limites ? Nous voyons ainsi, ici, un « glissement » via la sémantique («qui fait l'action ? », « qui
est-ce qui ? ») que l’enseignante fait produire, efficace pour l’instant et la phrase présente, sans garantie pour autant
de compréhension du concept. La confusion des élèves révèle la problématique entre le thème de la phrase
(effectivement, le cinéma) et le pronom sujet grammatical de la phrase (nous). Nous sommes dans une articulation
compliquée entre divers sujets : du discours, de l’action et syntaxique, obscurcissant particulièrement l’assimilation
du concept. Nous n’observons pas de phénomène de véritable secondarisation : l’enseignante reste essentiellement
dans le registre sémantique et dans une grammaire de la « paraphrase ». Cela n’implique pas l’inexistence d’une
analyse de la phrase.
43. Au contraire, l’enseignante amène les élèves à s’interroger sur ses éléments. Mais la référence théorique pré -
linguistique de l’enseignante ne peut renvoyer les élèves à une conceptualisation de la phrase avec l’assimilation
des propriétés de ses éléments. Elle utilise des procédures ou des astuces qui renvoient à une approche « outil »
de la langue sans développement d’une approche « objet ». C’est un palier de conceptualisation épi - langagier de
type « sémantique » vraisemblablement nécessaire dans un cheminement d’apprentissage grammatical du
« sujet ».
Comme type de grammaire, c’est une grammaire de type implicite, où la démonstration grammaticale est
produite avec pertinence, sans explicitation de la procédure employée, sans évocation des 3 définitions du sujet
possibles.
Le type de glissement conceptuel ; c’est un glissement conceptuel de type sémantique : « Donc celui qui fait
l’action (…) alors qui est-ce (qui) ? ». Le mot « sujet » est un terme métalangagier. Sa définition est de type
provisoire thématique (un palier épi-langagier) : C'est de quoi on parle, c'est de quoi ou de qui, de quoi ou de qui
on parle. Mais aussi de type « sémantique » : Donc celui qui fait l'action (autre palier épi-langagier).
Les finalités enseignantes sont avant tout de type « juridique ». Nous lisons : « Le sujet, qu'est-ce que c'est le
sujet ? ». L’enseignante corrige les confusions des élèves, quitte à s’écarter de la prescription thématique du
manuel scolaire qu’elle utilise, pour employer une identification par la sémantique qui ramène à une
grammaticalité exacte, même si elle opère sans explicitations supplémentaires.
44. Exemple prototypique de glissement n°2 (CM)
Verbalisations de l’enseignant : Verbalisations des élèves :
M- Bon. Corentin? E- Sortez c'est le verbe et vos cahiers c'est le sujet.
M- Je redis ce que Corentin nous dit. Kévin, ça t'ennuierait
de suivre? Corentin nous dit: sortez vos cahiers, sortez c'est le
verbe, vos cahiers, c'est le sujet. E- Non. C'est pas les cahiers qui vont sortir.
M- Ce n’est pas les cahiers qui vont sortir. Donc ? E- C'est vous le sujet.
M-Vous. Mais y a-t-il « vous » dans la phrase ? E- Non (en chœur)
E- Ben il n'y a pas de sujet.
E- Il y a pas de sujet.
E- Pourquoi ? Et c'est qui alors?
M- Pourquoi il n'y a pas de sujet ? Qu'est-ce que c'est que ce
genre de phrase là? Sortez vos cahiers. E- C'est une phrase verbale.
E- C'est un ordre.
M- C'est un ordre. Quel est le temps utilisé ? E- C'est le présent.
E- Futur.
E- Le participe passé.
M- Vous dites n'importe quoi. Kévin, ça sert à rien. Non,
c'est pas le présent. C'est le temps qui sert à donner des
ordres. Ça s'appelle comment ?
E- L'impératif.
M- L'impératif. Quelle est la particularité de ce temps? E- (inaudible)
M- Il n'y a pas de ? E- Sujet.
M- Sujet.
45. Analyse du glissement conceptuel :
La tâche scolaire consiste à segmenter la phrase modèle en GS/GV et donc ici, comprendre le fonctionnement
d’une phrase particulière (sans sujet), la phrase impérative.
Le support phrastique étudié est : « Sortez vos cahiers ». La phrase est constituée d’un verbe à l’impératif et
d’un complément (COD). Cette phrase impérative ne possède naturellement pas de GNS. Nous trouvons que cet
épisode est significatif puisqu’il souligne une particularité langagière dont la grammaire peut cependant
s’accommoder. Le sujet est « supposé » à l’impératif, dans la mesure où il n’est pas exprimé. Le sujet est en fait
contenu dans le verbe, une forme propre à ce temps de conjugaison. Nous voyons que sémantique et syntaxe
s’étayent dans ce passage : au « c’est pas les cahiers qui vont sortir » répond « genre de phrases, temps, ordre ».
Nous notons aussi que le thème de la phrase (« les cahiers ») fait écran au sujet réel de la phrase impérative
(« Sortez vos cahiers »).
Au chapitre des difficultés cognitives, les élèves doivent observer que le verbe n’a pas de sujet car il est
conjugué à l’impératif. Or la difficulté est d’écarter un raisonnement en terme thématique (en thème/rhème) car on
parle bien « des cahiers » qui est le thème de la phrase qui ne doit pas être confondu avec le sujet grammatical
qui donne sa marque orthographique au verbe dans une relation morpho – syntaxique sujet/verbe, mais qui
précisément n’existe pas puisque la phrase impérative ne possède pas de sujet. Ces différences ne sont pas
clairement explicitées et l’ambiguïté apparaît au début de l’épisode dans le propos d’un élève, qu’un autre corrige
rapidement.
Nous remarquons un procédé didactique de « questionnement limite » qui a pour fonction de provoquer la
réflexion des élèves avec : « Mais y a-t-il « vous » dans la phrase ? »
Comme type de grammaire, c’est une grammaire explicitée des « cas particuliers ». L’enseignante cherche à ce
que les élèves se posent des questions, tente de les amener à décortiquer la langue pour comprendre le
fonctionnement linguistique, pour observer comment ça marche et pourquoi cela fonctionne de telle manière.
« Verbe, sujet, impératif, présent » comme « genre de phrase » forment les éléments de métalangue syntaxique
convoqués pour la leçon. Il n’y a pas d’épilangue provisoire. La référence théorique est linguistique.
Comme type de glissement conceptuel, c’est un glissement conceptuel de type syntaxique : « Y a-t-il vous
dans la phrase (…) ben, il n'y a pas de sujet. »
Les finalités enseignantes sont de nature réflexive. Car il est posé de comprendre : « Pourquoi il n’y a pas de
sujet ? » Il s’agit de questionner la phrase : « Qu’est-ce que c’est que ce genre de phrase ? Quelle est la
particularité de ce temps ? ». Autant d’interrogations pour réfléchir.
46. Conclusions sur les analyse des glissements cpnceptuels
1er glissement: les élèves …/…
2ème glissement: les élèves …/…
Pour conclure…
47. 2 catégories de glissement…
2 catégories émanant de l’analyse :
Formant une invariance dans la médiation
grammaticale…
Glissements
selon l’état de
l’interaction
Glissements
selon l’usage
d’une langue
grammaticale
48. Exemples de glissements
conceptuels liés à l’état de l’interaction
1. Le glissement institutionnalisant :
« M- On est bien obligé de mettre quelque chose derrière
je suis allé » & « Donc, tout ce qui est orange,
effectivement, ça fait partie du groupe de verbe. Et
pourtant, ça ressemble à un complément circonstanciel.
Ca fait partie de groupe de verbe. On est bien d’accord »
2. Le glissement remédiant :
« M- Il n'y a pas de verbe dans cette phrase, c'est une
phrase nominale, pas de verbe… »
3. Le glissement instrumenté :
« M- Moi je peux vous proposer au lieu de dire la lave, par
exemple je vais manger purée, je vais manger... Qu'est-ce
que vous allez mettre avant purée ? », ce à quoi les
élèves répondent : «E- De la. »
49. Exemples de glissements conceptuels
liés au langage grammatical
4- Le glissement sémantique, sur la base du sens :
« M- Par exemple dans la phrase, euh, D « nous allons au
cinéma », est-ce que c'est le cinéma qui fait l'action? »,
5. Le glissement thématique, sur la base du texte, en
thème/rhème : « M- Les enfants du centre de loisirs
construisent une cabane. Moi, j'avais demandé d'entourer
de qui on parlait, c'est-à-dire le groupe sujet. Qu'est-ce
que vous avez entouré ? »
6. Le glissement morphosyntaxique, sur la base de la
marque orthographique: « M- L’adjectif est au pluriel
quand il est accompagné d’un nom qui lui-même est au
pluriel »,
7. Le glissement syntaxique, sur la base du
fonctionnement interne de la langue: « E- Attribut, ça veut
dire que les girafes sont, c'est le verbe être. Comme être,
c'est un verbe d'état. Eh ben, euh, celui qui... euh, le mot
qui est après être... et ben, ça va être après être... ».
50. Le concept
organisateur d’ajustement
Glissement de façon implicite, descriptive
ou de façon explicite, de manière à
identifier la structure de la langue, ses
propriétés (le méta);
Niveaux de grammaire : implicite ou
explicite liés à des paliers
d’épi/métalangue, d’observation perceptive
au cours préparatoire (intuitif)
Ajuster le type de grammaire au niveau de
classe.
51. Distinction effectuée grâce à une analyse
en termes de chronogénèse des épisodes
de glissement,
Cette distinction sur l’échelle d’une
temporalité forme des repères, elle n’est
pas une catégorisation figée ou étanche,
Ce qui conduit à l’observation de divers
catégories d’ajustement, car la temporalité
des apprentissages peut être affectée par
d’autres variables…
On peut inférer une autre circulation au
niveau de cet organisateur (à étudier:
projet de post recherche doctoral)
52. Niveaux de grammaire
Au CP = un grammaire de l’observation et de la
perception : c’est lié à une intuition, à un flash (cf. Classe
de Marie-José avec l’affiche qui donne le primat du
masculin sur le féminin)
Au CE = une grammaire de l’implicite: on manipule, on
constate, et on nomme éventuellement, sans plus,on est au
niveau du simple usage langagier (cf. la
pronominalisation dans la classe d’Evelyne)
Au CM = une grammaire de l’explicite: où l’on explicite les
propriétés de l’objet grammatical, on est au niveau du
pourquoi de l’usage langagier (cf. l’explicitation et
justification en termes grammaticaux sollicités par
l’enseignante Laurence).
Au CE2 = grammaire de l’entre- deux, mi implicite/mi
explicite
53. Au CP : (M - « Il y a un garçon, il y a une fille.
Pourquoi je mettrais pas elle avec un s ? ») E-
C’est mieux la moitié d’elle collée avec la moitié d'il.
Au CE : M- « Donc je remplace Gepetto par il. Il …
Gepetto le menuisier. C'est tout ça le groupe sujet.»
Au CM : E- « Moi, c’est par rapport aux critères. Je
trouve qu’ils ne sont pas grammaticaux. Pour moi,
des critères grammaticaux, c’est des adjectifs, des
verbes, des noms, des noms propres. »
Au CE2 : M-« (le GS) On le met entre c'est et qui.
C'est, hum, hum, hum, qui. Hum, hum, hum... » &
«Il est à l'infinitif. Verbe non conjugué, égal phrase
non verbale Donc on est pas dans une phrase
verbale. »
54. Catégories d’ajustements
Le maître ajuste sa classe de grammaire selon
l’âge des élèves et leurs cognitions , leurs capacités
et difficultés (un chrono-apprentissage avec nos 3
niveaux de grammaire), la ZDP de la classe, les
difficultés conceptuelle d’un objet d’apprentissage,
mais aussi le rapport au savoir des élèves avec les
particularités culturelles des élèves…
Donc le rapport à la langue et au savoir sur la
langue, de l’élève…
Nous tentons de justifier cette hypothèse à la
relecture de nos corpus dans un travail d’après
thèse et suite à une « commande » de
communication sur le thème général de « école et
culture ». Une nouvelle problématique s’impose
alors: celle entre l’écart de langue, l’écart de culture
pour reprendre un titre d’ouvrage.
55. La langue est une appartenance personnelle, elle
est signe d’une identité, de l’appartenance à un
milieu. Une langue est éminemment culturelle.
Elle forme un objet système qui s’actualise dans
une parole (cf. Saussure) aux parentés culturelle.
Etudier la langue, c’est donc toujours étudier sa
langue et la langue des autres. Celle que l’on parle,
celle que l’on ne parle pas; la langue normée et la
langue d’usage personnel et culturel qui varie selon
les milieux d’appartenance, les origines sociales,
ethniques ou culturelles.
Ce principe étant posé, il apparaît d’autres critères,
plus ou moins périphériques, à l’étude de la langue
mais fort important dans certains lieux à forts
regroupements de populations issues de pays
étrangers. Cela nous conduit à envisager d’autres
critères liés à l’organisateur d’ajustement dans la
pratique d’apprentissage grammatical.
56. 2 catégories d’ajustement
2 catégories inférées de l’analyse :
Formant une invariance dans la médiation
grammaticale…
Ajustements
selon l’état de
l’interaction
maître -
élèves
Ajustement
selon l’usage
de la langue
par
l’élève
57. ajustement de type régressif (cf. le retour à la
sémantique dans le protocole de Muriel, comme
celui de Marielle: « on revient à… » voir ex.
glissement n°1)
ajustement de type progressif (cf. l’avancée
dans une connaissance non prévue par Marie-
Josée où les élèves observent une ambiguité
morphosymatxique: le masculin prime)
ajustement instrumenté ??? de type
contourné ou par détours ??? Plutôt l’exemple
de murielle ici qui revient au cm sur du
raisonnement sémantique???
Ajustement selon l’état de
l’interaction maître – élèves
58. Ajustement selon l’usage de la langue
Ajustement – langue de l’enfant : la culture de
référence enfantine (cf. le protocole de
Guillaume « De la purée »)
Ajustement - langue d’origine de l’enfant (cf. les
enfants non francophones ou nés en France,
élevés dans des familles parlant peu ou pas le
français; cf. la problématique des enfants
tamouls)
Ajustement – langue sociale : du milieu social
de l’enfant, coloration socioculturelle… (cf. les
expressions fautives: la personne, elle veut… »)
61. Interactions entre les concepts
organisateurs de glissement
conceptuel et d’ajustement
Le glissement conceptuel - du sémantique vers le
syntaxique – c’est passer d’un état d’appréhension
de la langue à un autre, passer de la langue outil
de communication à la langue objet d’étude, c’est
une circulation…
L’ajustement, c’est s’adapter aux possibilités
d’apprentissage des élèves, c’est respecter leur
zone de proche développement, selon divers
paliers d’analyse, de définition et de
conceptualisations; c’est s’adapter aux diverses
strates de cette circulation
Le schéma de la diapo suivante figure ce
fonctionnement.
63. Un genre commun d’apprentissage
un niveau intermédiaire,
une manière partagée d’effectuer une leçon
de grammaire, un canevas commun, un
script avec certaines régularités, certaines
phases d’enseignement communes,
vraisemblablement lié à une histoire de
l’enseignement de la grammaire
64. …avec un changement de statut de la
phrase support à l’apprentissage….
Des phrases support dans toutes les
leçons,
De phrases problèmes à phrases modèles
de faits grammaticaux,
Deux types de phrases problèmes:
Phrases typiques Phrases atypiques&
Illustration de la règle grammaticale
Une dame et un monsieur se
promènent en voiture.
Interrogation de la règle grammaticale:
Un peu de silence ! Quelle horreur !
Défense de fumer.
65. Episodes réguliers formant un « jeu d’apprentissage
commun» de la grammaire
Gestes professionnels Phases récurrentes
DÉFINITION DU JEU
MISE EN TRAIN : ARTICULATION - TISSAGE AVEC
AUTRES TACHES OU SAVOIRS ACQUIS…
ENRÔLEMENT DES ÉLÈVES DANS L’ACTIVITÉ :
CONSIGNE, GESTION MATÉRIELLE,
VERIFICATIONS DE LA COMPR2HENSION DE LA
CONSIGNE
DÉVOLUTION
FACILITATION DE L’APPROPRIATION PAR LES ÉLÈVES
DE LA TÂCHE GRAMMATICALE D’INVESTIGATION
OU MANIPULATION DE LA PHRASE
RÉGULATION
ETAYAGE INDIVIDUEL ET COLLECTIF DE LA
DÉMARCHE D’APPRENTISSAGE :
REFORMULATION SYNTHÈSE, FOCALISATION,
APPROFONDISSEMENT, MISE EN ÉVIDENCE DE
CARACTERISTIQUES, RÉDUCTION DE LA
DIFFICULTÉ DE LA TÂCHE, COMMENT FAIRE…
CONTRÔLES « ON LINE » DU TRAVAIL DES ÉLÈVES,
RECTIFICATIONS…
INSTITUTIONNALISATION
VALIDATION DE LA RÉUSSITE, FACILITATION À
L’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS,
INSTITUTIONNALISATION DE LA RÈGLE
GRAMMATICALE FIXÉE AVEC OU NON LA
PARTICIPATION DES ÉLÈVES...
66. Place du glissement dans les gestes
professionnels didactiques
Episode de
glissement
conceptuel
Régulation
Institutionnalisation
Champ
conceptuel
(Concepts
logiquement
connectés)
Paliers de
conceptualisation
(Vérités provisoires selon des
temporalités)
Jeu d’apprentissage
grammatical = genre commun,
genre professionnel partagé
Définition du jeu
d’apprentissage
Dévolution
67. Procédure de définition du jeu
le maître précise le but de la tâche scolaire, et
une « phrase problème »,
soit une phrase problème typique qui illustrent
clairement la règle de grammaire qu’il faut
identifier (ce sont des phrases qui illustrent la
règle) ;
soit une phrase modèle atypique, pour
lesquelles le rapport entre la règle et la phrase
pose problème (ce sont des phrases qui
interrogent la règle.)
68. Procédure de dévolution
En début de leçon, il y a une question à laquelle
il faut répondre. Le maître propose la plupart du
temps des transformations de phrases
(pronominalisation, conjugaison, etc). Les
élèves s’appuient sur ce qui peut se dire / ce qui
ne peut pas se dire. Avec l’aide du maître, ils
cherchent la raison de cet usage.
Le grain d’analyse est vraisemblablement
insuffisant pour observer finement la dévolution,
le dispositif d’observation étant incomplet
69. Procédure de questionnement/régulation
écarter
ou épingler
des réponses
d’élèves,
simplifier la
tâche...
procéder
par divers
question-
nements
régulateurs
« questionnement
limite »
(questionnement
provocation)
« C’est le cinéma
qui fait l’action? »
« questionnement
indice »
(questionnement avec
information
nouvelle)
« Vous avez dit les enfants…
On parle des enfants mais
pas de n'importe quel... »
« questionnement
focalisant »
(questionnement
séquencé, par
étape)
« Ces trois façons de lire la
phrase sont-elles
différentes ? » (…) « Est-ce
que le sens est
identique ? (…) On les a pas
placés au même endroit, tout
à fait, mais est-ce que le sens
de l’histoire, est-ce que c’est
le même ? »
70. Procédure d’institutionnalisation
Si il y a institutionnalisation:
Si pas d’institutionnalisation: glissement
instrumenté, restant implicite…
Parfois pas d’institutionnalisation…
Interaction
convergente
Interaction
remédiante
Généralisation
Réponse
Glissement
institutionnalisant
Glissement remédiant
71. Du côté de l’activité, le modèle opératif
Un modèle opératif ou la manière de s’approprier
la structure conceptuelle de la situation,
Partition personnelle du jeu d’apprentissage,
Cf Ochanine: traits saillants de la situation sont
retenus comme réponse opératoire pertinente
(cf.les médecins et poumons…)
A l’origine des stratégies individuelles…
…Permettant des comparaisons interindividuelles,
de cerner des modèles opératifs, de la singularité
chez les acteurs
72. Stratégies individuelles
des enseignants de grammaire
première ébauche, peu de classes
comparées,
Comparaison de la stratégie de
quelques enseignantes autour d’un objet
d’enseignement identique,
Notion de groupe sujet au cours
élémentaire, Identifier le groupe sujet de
la phrase.
73. 4 stratégies observées :
une stratégie opportuniste (adaptation),
Une stratégie impatiente (hâte),
Une stratégie accompagnante (soutien),
Une stratégie questionnante (ressource),
74. Observation de 4 stratégies enseignantes
une stratégie opportuniste : passer de « de qui,
de quoi on parle ? ») à « qui est-ce qui ? »…
une stratégie impatiente, jusqu’à presque dire la
réponse, le « pourquoi » : « Je silence, tu silence,
nous silençons... Et non, il n'y a pas de verbe
dans cette phrase, c'est une phrase nominale,
pas de verbe. » …
une stratégie accompagnante, avec une
procédure de mise en relief par soulignage des
groupes syntaxiques effectué à la place des
élèves, travail pré mâché…
une stratégie questionnante: doubler son
questionnement, en utilisant un questionnement
limite et un questionnement indice…
75. Autrement dit :
Une stratégie opportuniste, c’est agir selon les
circonstances, c’est une visée adaptative à la
situation, c’est s’adapter aux aléas ou difficultés
rencontrées par les élèves. Ainsi l’enseignante passe
opportunément d’une procédure d’interrogation
thématique / textuelle (« de qui, de quoi on parle ? ») à
une procédure de mise en relief sémantique (« qui est-ce
qui ? ») qui permet aux élèves de gagner le jeu,
Une stratégie impatiente, c’est un agir avec hâte pour
faire avancer les apprentissages, c’est une visée
immobile, non adaptative à la situation. Ici,
l’enseignante tend à donner la réponse à l’élève face
à des erreurs ou des hésitations. C’est une stratégie
jusqu’à presque dire la réponse, le « pourquoi ». (Nous en
avons l’illustration, où les élèves n’ayant pas trouvé d’explication, la maîtresse formule
la réponse en termes de phrase nominale, donnant lieu, du coup, à un glissement
conceptuel remédiant : « Je silence, tu silence, nous silençons... Et non, il n'y a pas de
verbe dans cette phrase, c'est une phrase nominale, pas de verbe. » Il y a une forme
d’impatience à faire avancer les apprentissages face à une difficulté évidente des
phrases problèmes proposées. De la même manière, elle donne presque la réponse
dans sa question avec « C’est une lettre toute bête, toute seule », qui révèle
pratiquement la solution aux élèves, une autre forme d’impatience.)
76. Une stratégie accompagnante, c’est un agir en aidant
soi-même les élèves, la ressource est externe.
L’enseignante développe une stratégie « accompagnante »,
avec sa procédure de mise en relief par soulignage des
groupes syntaxiques qu’elle effectue à la place des élèves,
le travail est pré mâché… (avec un mode de régulations fondé sur les
remarques des élèves selon ce qu’elle y sélectionne comme contenus, les structures
habituelles des phrases proposées à l’étude grammaticale et les tissages avec des savoirs
antérieurement acquis indiquent la volonté constante de l’enseignante de réduire la
complexité des apprentissages grammaticaux. Le soulignage comme les régulations sont
des accompagnements, des aides à l’apprentissage.)
Une stratégie questionnante, c’est agir en étayant
suffisamment pour que les élèves s’aident par eux-
mêmes, trouvent en eux-mêmes leurs ressources. La
ressource est interne. L’enseignante double son
questionnement, en utilisant un questionnement limite et un
questionnement indice, afin de pousser plus avant la
réflexion des élèves. (L’enseignante double son questionnement, en utilisant un
questionnement limite « Donc si j’entoure les enfants, à la place de les enfants… je peux
le remplacer par un pronom… ils, ils »… » et un questionnement indice avec « Vous avez
dit les enfants, moi je dis, oui, mais, ça ne suffit pas...(…). On parle des enfants mais pas
de n'importe quel... » Cette manière de procéder indique une régulation des interactions
avec l’étayage de ce double questionnement, outre une progression pas à pas dans le
questionnement avec des relances et des focalisations dans le but de provoquer de la
pertinence dans le « jeu didactique », d’amener les élèves à formuler par eux-mêmes
leurs solutions.)
77. Autres caractéristiques…
Influences des conceptions personnelles
sur la grammaire,& du bagage syntaxique,
Variétés de procédés didactiques
(questionnements, mises en relief,
définitions, tâches, phrases problèmes…)
Variabilités des finalités enseignantes (ou
accentuations didactiques): entre finalités
instrumentales et finalités réflexives
(rapports au domaine d’apprentissage du
français).
78. Conceptions
Conceptions négatives: « la grammaire, ça
ne sert à rien »
Conceptions positives: « la grammaire,
c’est utile, c’est une analyse de la pratique
du langage »,
Conceptions médiantes: « la grammaire,
c’est utile, mais c’est trop compliqué pour
leur âge… »
79. Accentuations didactiques
Accentuation instrumentale: faire de la
grammaire pour écrire, « la grammaire est une
boite à outils pour produire des textes »,
Accentuation réflexive: faire de la grammaire
pour réfléchir sur la langue, pour réfléchir et
comprendre le fonctionnement de l’objet langue
Toutes ces principales accentuations partagent
une identique finalité : faire de la grammaire
juridique, pour apprendre les règles
grammaticales…
80. Procédés didactiques
Choix spécifiques de la tâche (par ex: « faire une phrase
boule de neige », procédé d’aggrégation)
Choix particulier de la phrase problème (typique ou atypique,
plus ou moins complexes, phrases jeux enjeux
grammaticaux)
Procédés d’illustration des concepts: à côté de définir,
nommer seulement un concept, il y a les métaphores
employées comme aide à l’apprentissage (par ex. « la carte
d’identité » pour nature grammaticale d’un mot).
Procédure de proximité conceptuelle (« de la purée » à la
place de « de la lave »)
Procédures de texte « muet », de travail sur les analogies, de
pronominalisation, d’étude de « cas particuliers », de
manipulation syntaxique, de questionnement limite ou indice,
de pré - soulignage des mots, de répétition dialogique…
82. Spécificité de l’objet à enseigner…
Un objet complexe, très difficile à
décomposer pour faciliter l’apprentissage,
Perspective globale toujours présente,
2 expédients principaux :
procéder
par paliers
utiliser beaucoup
de jeux de langage
de l’épilinguistique au
métalinguistique
(cf. les différents types de grammaires)
remplacements, déplacements,
suppressions…
83. Perspective englobante de l’objet…
Tout objet à enseigner = partie d’un autre
l’englobant.
Objet « grammaire » à enseigner très
difficilement élémentarisable, découpable
que jusqu’à un certain point,
Perspective globale toujours plus ou
moins présente en grammaire scolaire,
Un ensemble de concepts emboîtés, tous
en très étroite connexion…
84. 3 dimensions
de l’apprentissage grammatical
Les théories de Winicott (dont la réflexion engage à
penser la conceptualisation) nous conduisent à examiner
une autre perspective,
A savoir: trois dimensions dans l’apprentissage de la
grammaire, trois dimensions toujours présentes,
mais qui peuvent être valorisées par les enseignants
de manière très différente…
Ces trois dimensions pourraient être une nouvelle
entrée dans l’analyse du travail de maîtres de
grammaire, dans l’analyse des protocoles d’observation
et des entretiens d’autoconfrontation…
85. 3 dimensions de
l’apprentissage grammatical
la dimension « norme » : des règles
(« c’est comme ça »); la règle d’usage et la
règle grammaticale,
la dimension « jeu », représentative d’une
aire intermédiaire : déplacement,
décentrage du rapport à la langue par le
« jeu sur les mots », …
la dimension « analyse » : analyser la
langue en analysant des phrases =
apprendre l’art d’analyser des éléments du
réel, fonction intellectuelle essentielle.
86. Plus en détail ces 3 dimensions
la dimension « norme » : il y a des règles, qu’il faut
respecter (« c’est comme ça »). Nous les observons
dans les régulations en « c’est / c’est pas », les élèves
s’appuient sur « ce qui peut se dire / ce qui ne peut pas
se dire » et avec l’aide du maître recherchent les raisons
du pourquoi « on peut dire / on ne peut pas dire ». Il y a
la règle d’usage (à un niveau implicite de la grammaire)
et la règle grammaticale (à un niveau explicite de la
grammaire).
D’où la dimension « juridique » comme axe central que
l’on retrouve dans toutes les finalités d’enseignement de
la grammaire,
87. la dimension « jeu », au sens que Winnicott donne à ce
terme : le jeu est comme représentatif de l’aire
intermédiaire. Il permet aux élèves d’effectuer un passage
du vécu intime à un vécu externe, de déplacer par le « jeu
sur les mots » une compréhension « intime » du langage
vers une compréhension « extériorisée » de soi de son
langage. Le jeu offre la possibilité d’un décentrage du
rapport à la langue que des manipulations favorisent. Il est
très intéressant de constater qu’en grammaire on peut
jouer avec les mots : faire des phrases boule de neige,
déplacer, supprimer, transformer, etc.
la dimension « analyse » : la grammaire permet d’analyser
la langue en analysant des phrases. En faisant de la
grammaire, les élèves apprennent donc l’analyse, l’art
d’analyser des éléments du réel. Les écoliers développent
ainsi une fonction intellectuelle essentielle. Probablement,
l’accès à l’analyse est plus facile sur la langue, parce que,
la langue est ce qui se prête le plus facilement au jeu : on
joue avec les mots. Et la dimension « jeu » permet l’accès
à la dimension « analyse ».. La grammaire, un jeu
d’enfant ? un jeu d’élèves…
88. Enseigner la grammaire fait nécessairement appel aux
trois dimensions que nous avons déjà évoquées : il
n’existe pas de grammaire sans règles, pas de grammaire
sans jeux de langage. Et pas de jeux de langage rendus
possibles sans l’existence de contraintes, de règles. Et
ces deux conditions sont un préalable à toute analyse de
la phrase. La « phase jeu » est une condition pour
parvenir à l’analyse du langage.
Le « jeu » est une condition pour arriver à l’analyse
grammaticale. Le jeu est l’expression de la créativité en
acte, l’expression même de cette aire intermédiaire.
« Jouer avec les mots des phrases» et « jouer avec les
structures des phrases » revient à rendre créatif
l’apprentissage de la grammaire.
Du coup, l’inventivité des démarches de découverte,
d’observation et de manipulation est vraisemblablement
un facteur essentiel à la didactique du maître de
grammaire.
89. Dimension norme (règle), 3 exemples
Définition sémantique de la règle
grammaticale: Le sujet du verbe est le nom
désignant la personne, l'animal, ou la chose qui fait
ou qui subit l'action. On le trouve en plaçant devant
le verbe: qui est-ce qui?
Définition syntaxique de la règle
grammaticale : Le sujet est un constituant
obligatoire de la phrase. Il forme avec le verbe la
phrase simple dans une relation grammaticale
sujet/prédicat qui impose au verbe des marques de
conjugaison. P: GS+GV.
Définitions intermédiaires: Le groupe sujet indique
le thème de la phrase, c’est de quoi ou de qui on
parle(définition thématique). Le sujet donne sa marque de
conjugaison au verbe (définition morphosyntaxique)
90. Dimension jeu, 3 exemples
Agrégation de phrases: la phrase boule de neige
: M-Alors, est-ce qu'on pourrait, pourrait employer
tous les compléments qu'on a trouvés jusqu'à
présent dans la même phrase ? E- Jeremy dans la
cuisine écrit presque tous les jours, une lettre à
ses parents… (protocole de Jean-François)
Manipulation des structures (déplacer): M- On
essaye de relire cette phrase en déplaçant les
groupes que j’ai soulignés en rouge. E-
Maintenant, au-dessus de Lulaby, il y avait
d’étranges maisons en ciment dont avait parlé le
petit garçon. (protocole de Fabrice)
Transposition de textes : récrire à « sa manière
» un texte à structures syntaxiques précises et
étudiées… (protocole de Jean-Jacques)
91. Dimension analyse, 3 exemples
Verbalisations de Laurence CM1: Qu'est-ce
que c'est la nature grammaticale d'un mot? C'est
ce qu'est un mot au niveau grammatical. Sa
carte d'identité en fait.
Verbalisations de Fabienne CM2: Grand a
deux fonctions. Quelle est la fonction de grand ?
Quelle est la fonction de grand d'ici ?
Verbalisations de Virginie CE2: Qu’est-ce que
c’est les mots en bleu, Samuel ? Et le groupe
qui est souligné en rouge, qui est-ce qui se
rappelle comment il s’appelle ce groupe-là ?
92. Pas de grammaire sans règles, pas de
grammaire sans jeux de langage,pas de
jeux de langage rendus possibles sans
l’existence de contraintes, de règles.
Le « jeu » : une condition pour l’analyse
du langage, pour l’analyse grammaticale.
Jouer avec les mots des phrases & jouer
avec les structures des phrases,
Expression d’une créativité en acte;
Inventivité des démarches didactiques…
En conséquence
93. Une hiérarchisation entre 3 dimensions
règles, jeu, analyse conduisant à autre
distinction,
au CP un rapport à la règle arbitraire (ça se
dit ou pas- cf. Propos du petit Anselme),
au CE, davantage de jeu sur la langue
(grammaire implicite – cf. la pronominalisation
du corpus d’Evelyne),
au CM davantage d’analyse (grammaire
explicite, cf. la consigne leitmotiv de Laurence:
« au niveau grammatical, qu’est-ce que
c’est… »),
Nouvelle construction hypothétique
94. « La grammaire est
un jeu d’enfant »
Apprendre la grammaire à l’école : d’abord
l’apprendre au moyen d’artefacts faisant
jouer la langue,
Une langue en jeu avant un enjeu
scientifique en classes supérieures.
Apprendre la grammaire à l’école : d’abord
l’apprendre au moyen d’artefacts faisant
jouer la langue, une langue en jeu avant
un enjeu scientifique en classes
supérieures.
95. Des paliers de conceptualisation
pour apprendre la grammaire…
Apprentissage grammatical long & complexe,
Prise en compte de différents stades,
indicateurs d’un temps cognitif différent du
temps didactique,
Conceptualisation par le passage de divers
paliers d’approche analytique, définitionnelle,
Glissements conceptuels liés au choix de la
langue grammaticale, concepts ou vérités
« provisoires » à concepts « institués »…
96. La conceptualisation grammaticale
Pôle du registre
pragmatique-sémantique
Pôle du registre
épistémique-syntaxique
Activité épilinguistique Activité métalinguistique
Les 4 paliers de conceptualisation
97. Les 4 paliers de conceptualisation
Paliers de
conceptualisation
Langage
grammatical
Glissements conceptuels
Types d’analyse Types de
définitions
Paliers
épi langagiers
Epilangue
sémantique,
Glissement
sémantique
Epilangue
thématique,
Glissement
thématique
Analyse en termes
sémantiques : elle se
fonde sur le sens…
Analyse avec la prise en
compte du thème/rhème
elle se fonde sur la base
du texte…
Définitions
de type
sémantique
Définitions en
valeur de
thème/rhème
Paliers
méta langagiers
Métalangue
morpho -
syntaxique,
Glissement
morpho -
syntaxique
Métalangue
syntaxique,
Glissement
syntaxique
Analyse avec la prise en
compte de la valeur
orthographique : elle se
fonde sur la marque
orthographique…
Analyse en termes de
propriétés et relations
entre des éléments : elle
se fonde sur la base de la
structure…
Définitions en
référence à des
valeurs
orthographiques
Définitions
de type syntaxique
98. Développement grammatical
chez l’élève et champ conceptuel
Hypothèse d’un champ conceptuel fait de filiations et
ruptures conceptuels,
Prenons par exemple le concept de phrases,
Au CE, on dira…
Au CM, une rupture se produit, …/…
A d’autres moments, des filiations entre sous concepts
du macro concepts de phrase en permettent
l’assimilation
REVOIR LES DEFINITIONS DE VERGNAUD
ET SON PROPOS DANS LE RAPPORT DE THESE
99.
100. Diverses articulations de l’activité du maître de grammaire
Stratégies
personnelles
Expériences, finalités
enseignantes, conceptions,
bagage syntaxique
Instruments enseignants :
Questionnements particuliers,
modes d’étayages,
institutionnalisation ….
Situations
de classe
Actions de
l’enseignant
Modèle
opératif du
maître de
grammaire
Modalités d’action,
règles d’action en
étayage,
institutionalisation,
glissement,…
Adaptabilité « on line »
Catégorisation des
situations,
organisateurs de
l’activité (ou
concepts
pragmatiques)
Sélection ou
hypertrophie de
traits jugés
pertinents de
la structure
conceptuelle
de la situation
d’apprentissage
grammatical
Indicateurs,
prélèvement
d’informations
Invariances
Genre partagé: le jeu
d’apprentissage de la
grammaire
101. Le mouvement d’apprentissage grammatical
Réception du savoir grammatical
Observer Comprendre
Processus d’enrôlement Processus de généralisation
dans une tâche scolaire avec un travail de formalisation,
avec des phrases problèmes lues constitution de la phrase modèle
(cf. la définition du jeu) de règles grammaticales, de fait
langagier
(cf. l’institutionnalisation)
Réussir Glisser
Processus d’activité scolaire Processus de secondarisation
avec des manipulations ou ou passage à une dimension
des segmentations grammaticales supérieure, saut vers un registre
des phrases problèmes étudiées épistémique, transition de la
selon des règles d’action phrase « outil » à la phrase« objet »
(cf. la dévolution) (cf. la régulation)
Construction du savoir grammatical
Registrepragmatique
Registreépistémique
102. Ce mouvement d’apprentissage grammatical résume les
résultats de la recherche entre :
observer des phrases (un processus d’enrôlement dans
une tâche scolaire, une phrase problème),
réussir (un processus d’activités scolaires avec
manipulation, segmentation des phrases),
glisser (cad passer d’un état à un autre, un processus de
secondarisation, passage à un registre supérieur,
questionnement de l’objet)
et comprendre (grâce à une procédure de généralisation
avec un travail de formalisation et une constitution de
règles grammaticales illustrées par des phrases modèles
de faits grammaticaux).
OBSERVER + REUSSIR + GLISSER + COMPRENDRE
103. Champs conceptuels et grammaire
Pour comprendre le concept de phrase, il
convient de conceptualiser au préalable chacun
des éléments qui la forme (catégories et
fonctions dans la phrase)
Particularisme de l’étude de la langue
englobante mais qu’il faut segmenter pour
l’appréhender …
« Considérant qu’un champ conceptuel est un
espace de problèmes ou de situations
problèmes dont le traitement implique des
concepts et des procédures de plusieurs types
en étroite connexion » (Vergnaud)
… on peut dire qu’un ensemble de phrases...
104. …, un ensemble de mots ou de groupes
de mot qui font problème à l’analyse
grammaticale … et dont le traitement
implique des concepts et des procédures
en étroite connexion (tous les sous-
concepts des éléments de la phrase et
toutes les procédures de manipulation
afférentes), dans l’esprit des champs
conceptuels, forme un tout cohérent.
Car la grammaire est un jeu de poupée
russe, de lego encastrable, mais pas
n’importe comment d’où l’ordre
syntaxique.
105. Conclusion :
la formation
des enseignants
La médiation grammaticale en
école élémentaire
Eléments de compréhension de l’activité enseignante
106. Formation par l’analyse
réflexive des pratiques effectives
Par debriefing, analyser la manière de
procéder à des glissements conceptuels,
identifier les épisodes de glissement
produits, les caractériser, évaluer leur
pertinence dans les effets produits,
Observer les modes et formes d’ajustement,
Faire travailler les 3 dimensions de l’objet
« grammaire » : norme, jeu, analyse,
Faire prendre conscience des convictions
et motivations, conceptions sur la grammaire
à interroger.
107. Perspectives offertes…
Dépasser les controverses sur
l’enseignement de la grammaire, par
l’analyse de l’activité des maîtres de
grammaire,
Mise en relief des invariances, d’un
genre commun pour mieux se situer et
relativiser les écoles de pensée,
À lier avec un développement de
recherches centrées sur une approche
« métier », une approche par les gestes
professionnels des enseignants.
108. Gestes professionnels de glissement
conceptuel
Le glissement forme un geste professionnel didactique
qui s’articule aux gestes (définis par Sensevy) de
définition, de dévolution, régulation des activités
d’apprentissage et d’institutionnalisation du savoir (que
la secondarisation précède).
Le geste professionnel de glissement conceptuel donne
sens aux précédents gestes. Les quatre gestes de
Sensevy appartiennent à un genre professionnel
partagé, le geste professionnel de glissement conceptuel
est singulier à la didactique dont il est question, il est
attaché à l’objet d’enseignement dont il s’agit.
C’est en définitive un geste professionnel didactique.
Situé en « toile de fond », il oriente la classe en tant que
visée d’apprentissage. Il nous semble central, donnant
sens et unité à l’aventure cognitive d’apprentissage.
109. Ouvertures sur les gestes professionnels
Ce glissement conceptuel est un geste professionnel
d’étayage, de soutien à l’apprentissage, un levier
essentiel de la régulation didactique en classe. Les
gestes professionnels d’étayage se fondent sur le savoir
et leur mise en réseau.
nous faisons l’hypothèse de gestes professionnels de
niveaux différents selon le grain d’analyse convoqué et
surtout l’objet de la recherche. On peut repérer dans
l’activité enseignante un macro niveau de gestion de la
classe et un micro niveau de gestion des contenus.
Naturellement, ces deux niveaux ne sont pas
complètement étanches. Il existe des points de
rencontre, des interrelations entre ces deux gestions qui
se cristallisent autour d’un objet s’enseignement et d’une
tâche scolaire qui pilotent tout le dispositif d’apprentissage
dans toutes ses facettes.
110. Nous observons, au macro niveau de gestion de la classe, les gestes
professionnels de définition des activités scolaires (énoncer le cadre de la tâche), de
dévolution (permettre aux élèves de s’approprier la tâche scolaire), et de tissage
(articuler les différentes unités de la leçon), de régulation (contrôler la dynamique des
interactions de la classe avec des questionnements, des reprises, des formulations
appropriées…).
Au micro niveau de gestion des contenus, nous avons les gestes professionnels
d’étayage (soutien de l’enseignant devant ce que l’élève ne peut pas faire seul -
dont le geste de glissement), de secondarisation (permettre aux élèves d’exercer des
activités de pensée sur les objets d’apprentissages, des discours d’explicitation de
leurs acquisitions) et d’institutionnalisation. Les catégories de Bucheton sur
l’atmosphère (climat général cognitif et relationnel qui autorise ou non la parole des
élèves, favorise ou non leur travail) ainsi que relatives aux éléments spatio-temporel
(comme le timing, les déplacements, les outils pour apprendre) relèvent du macro
gestion de la classe. Chacun de ces gestes montrent une coloration variable selon
les disciplines d’enseignement.
Cela étant, pouvons-nous faire l’hypothèse qu’il existe un geste didactique (un geste
professionnel fortement ancré à la discipline d’enseignement) qui va orienter, diriger
les gestes ou les combinaisons de gestes professionnels ?
Il nous semble que la notion de geste professionnel exige de nouvelles études
dont nous inférons qu’on pourrait les catégoriser en micro et macro gestes
professionnels à la suite des travaux de Bruner, Brousseau, Bucheton et Sensevy
(centré sur l’apprenant, le milieu didactique, les interactions) afin de concevoir une
modélisation dans une perspective d’ingénierie de formation.
111. Ajustement « à rebours »: «on revient à.. » (cf.
Marielle), « on fait du sémantique au CM2 »… (on
retourne vers un palier de conceptualisation
antérieur)
Ajustement « on line » aux remarques des élèves
: cf. l’affiche montrée par les élèves dans le
protocole de Marie-Josée.
Ajustement ???
Ces types d’ajustements peuvent à se référer à
des glissements conceptuels qui seraient du coup
« dérivants » dans le sens qu’ils ne suivent pas
une linéarité de conceptualisation en paliers, tout
en montrant dans l’action didactique leur efficacité,
ce serait des pas de côté didactique…
Une classification des glissements en lien avec le
concept organisateur d’ajustement : glissement à «
rebours » / « complexifié »/ « désajusté »?????
112. Merci pour
votre attention
La médiation grammaticale en
école élémentaire
Eléments de compréhension de l’activité enseignante