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Chapitre 2 expliquer les fluctuations économiques
1. Chapitre 2 :
« Comment expliquer
l’instabilité de la
croissance ? »
2. I) Comment décrire les fluctuations économiques ?
Doc 1 page 42 :
1) Fluctuation en général: irrégularités dans une évolution
Fluctuations économiques : On appelle fluctuations économiques l’ensemble des
irrégularités dans une évolution d’une variable économique, le plus souvent la
production.
Il peut s’agir des hausses ou des baisses en valeur absolue: le PIB augmente, le PIB
baisse…
… ou en valeur relative, le PIB augmente toujours, mais parfois il augmente de plus
en plus vite (la croissance du PIB s’accèlère), parfois de moins en moins vite (la
croissance du PIB se ralentit… mais le taux de croissance reste positif.
2) Si les fluctuations ont une certaine régularité, on peut être tenté d’y voir des
cycles… Cela implique l’idée d’une répétition…
3. Doc 2 page 43
1) Les 4 phases du cycle
1ère phase: L’expansion: phase d’augmentation du PIB (ou
du taux de croissance)
2ème phase: La Crise : Au sens strict, le terme de « crise »
désigne le point de retournement à la baisse de l’activité
économique ; au sens large, il désigne l’ensemble de la
période au cours de laquelle l’activité est déprimée, le
chômage élevé, etc. ; la crise se termine alors grâce à la «
reprise ».
C’est un moment où des croyances communes concernant
le futur sont totalement remises en cause.
3ème phase: La Récession : La récession survient lorsque la croissance économique est négative
pendant au moins six mois consécutifs. Lorsque la baisse de la production se prolonge, par
exemple sur plusieurs années, on assiste à un phénomène de dépression économique
Ex= Si Lehmann Brother’s fait faillite alors que personne n’y croyait, le monde change et cela modifie
les anticipations et les choix de tous les acteurs…
4ème phase: La reprise: , au sens strict, c’est le moment de retournement qui suit la période de
récession, c’est le début d’une nouvelle phase d’expansion.
4. 3) On ne sait pas toujours si la crise ou la reprise sont des points de basculement ou
des périodes de basculement… La distinction entre récession (- de 6 mois) et
dépression (+ de 6 mois) est arbitraire. On ne sait pas trop décrire le ralentissement
de la croissance
4) La question du trend est cruciale, puisqu’il s’agit de savoir si la production est
globalement croissante sur longue période.
Le pauvre Kondratieff, (1892-1938) qui avait repéré des cycles longs d’environ 50 ans
AVEC UN TREND CROISSANT dans l’URSS de Staline fut accusé de valider avec ses
statistiques le capitalisme, qui serait capable de renaitre de ses cendres tel le Phoenix
pour s’envoler toujours plus haut.
En 1930, Kondratiev fut un accusé-vedette du procès truqué du « Parti Industriel »,
une conspiration imaginaire dont on l'accusa d'être un pivot. Condamné à
la déportation au Goulag, il y mourut sept ans plus tard, fusillé pendant les Grandes
Purges.
5. II) Comment expliquer les fluctuations économiques ?
A) La distinction entre croissance effective et croissance potentielle
Cours : Un écart possible entre croissance effective et croissance potentielle
Production potentielle : La production potentielle est évaluée par le PIB maximal qui
pourrait être réalisé grâce à la pleine utilisation des facteurs de production disponibles, à
un niveau de technologie (cad à un niveau de productivité globale des facteurs) donnée
SANS ACCELERATION DE L’INFLATION !!!
Croissance économique potentielle : La croissance économique potentielle est évaluée par
le taux de croissance du PIB potentiel, c’est la croissance maximale que l’on peut atteindre
sans accélération de l’inflation, c’est-à-dire si on a atteint un quasi plein emploi, que l’on a
réduit le nombre de chômauers à un minimum inévitable du fait des délais pour trouver un
emploi et du fait que certains chômeurs ne sont pas rentables à employer, leur
productivité est trop faible par rapport au salaire minimum par exemple….
Lorsque la croissance effective est supérieure à la croissance potentielle, cela conduit à des
tensions inflationnistes (on parle de « surchauffe ») ; lorsque la croissance effective est
inférieure à la croissance potentielle, on assiste à une montée du chômage.
6. B) Deux logiques pour expliquer les fluctuations
Les oscillations/fluctuations de la croissance peuvent donc s’expliquer de deux façons :
Offre et Demande
1) Des explications du côté de l’offre
Lire le Doc 3 page 47 pour reprendre de façon systématique tous les éléments qui peuvent
constituer des chocs d’Offre :
Choc qui fait varier quantités disponibles et/ou prix du capital (naturel/physique…)
Choc qui fait varier quantités disponibles et/ou prix du travail (naturel/physique…)
Choc qui introduit des innovations qui modifient la productivité globale dans l’économie.
Chocs d’offre d’après les instructions officielles
Les chocs d’offre sont des variations des conditions de la production ; ils découlent
notamment de la productivité ou du prix des facteurs. Les chocs d’offre négatifs sont
causés généralement par une hausse du coût des matières premières (chocs pétroliers de
1973 et 1979 par exemple), par des augmentations de salaires supérieures aux gains de
productivité (comme au cours des années 1970) ou par un alourdissement de la fiscalité
sur les entreprises.
7. En cas de choc d’offre négatif, l’activité économique devient plus coûteuse et les
entreprises les moins productives et compétitives risquent d’être acculées à la faillite.
Inversement, lorsque des innovations permettent des gains de productivité et abaissent
les coûts unitaires de production, elles produisent un choc d’offre positif : en abaissant
les prix des produits, elles favorisent leur diffusion auprès des consommateurs et donc
l’augmentation de la production. En cas de choc d’offre positif, la situation des
producteurs s’améliore par la diminution de leurs coûts de production ; ils peuvent dès
lors éventuellement produire davantage et tirer la croissance économique.
Les variations de la croissance s’expliquent par des variations de la croissance potentielle,
càd avec bouleversement des quantités de facteurs disponibles ET/OU avec
modifications de la productivité (choc de progrès technique, catastrophe écologique,
modification du taux de chômage naturel…)
Anecdote : Evoque le paradoxe de Solow, « les ordinateurs sont partout sauf dans les
statistiques de la productivité » Il a fallu attendre un certain temps pour que la
réorganisation du travail permise par les NTIC améliore la productivité.
8. 2) Des explications du côté de la demande
Les variations de la croissance peuvent être analysées comme des oscillations de
la croissance effective autour d’une croissance potentielle stable (ou croissant de
façon stable), càd sans bouleversement des quantités de facteurs disponibles ET
sans modifications de la productivité (sans choc de progrès technique, sans
catastrophe écologique…). Les oscillations sont alors davantage conjoncturelles,
liées à un pessimisme ambiant ou à un excès d’optimisme et peuvent être
corrigées par des politiques conjoncturelles adaptées.
Doc 1 page 48
1) Tout ce qui est utilisé (emploi) vient de quelque part (ressources)
2) PIB+M = C+ FBCF+G +(X) +VS, il dépend de la demande globale pour les produits
nationaux
Avec VS: les variations de stocks, G: les dépenses gouvernementales
3) PIB= (C+ FBCF+G )+(X-M) +VS
= Demande intérieure + Solde extérieur+ VS= Demande globale
9. La demande globale, c’est la dépense globale
qui s’adresse aux producteurs résidents !!!
Attention : Une hausse ou une baisse de la demande ne signifie pas que les agents
ont plus ou moins envie d’acheter les BS, mais que dans la réalité, leurs dépenses
pour acheter des BS ont augmenté ou baissé !
Origines et effets des chocs de demande négatifs
Monétaire restrictive
Politique budgétaire restrictive
Retournement de la conjoncture à l’étranger
Eclatement d’une bulle spéculative
Anticipations pessimistes des agents économiques
Très souvent, toutes ces explications sont liées les unes aux autres !!!!
Ces chocs de demande négatifs risquent d’avoir un impact amplifié sur l’activité
économique du fait du comportement des entreprises en matière de stocks.
10. C) Deux mécanismes pour comprendre les effets d’un choc de demande sur la
croissance : Cercle vicieux de la déflation et cycle du crédit
1) Le cercle vicieux de la déflation
Déflation: baisse généralisée du niveau des prix.
Pas toujours une bonne chose…
Symptôme d’une demande trop faible…
Comment diagnostiquer les chocs de demande négatifs ? Comment savoir si c’est la
croissance potentielle qui est trop faible ou la croissance effective ?
Il y a des capacités d’augmentation de la production du côté de l’Offre
L’existence de vrais chômeurs, càd de chômeurs immédiatement disponibles pour
occuper des emplois.
L’existence de capacités de financement dans l’économie (entreprises profitables, taux
d’intérêt bas, épargne des ménages élevées, banques généreuses…)
Il existe des innovations qui pourraient être développées.
Les prix ont tendance à progresser très lentement, voire baissent, signe que la demande
est fragile !
Avant, baisse de la demande se traduisait plutôt par baisse des prix (déflation),
aujourd’hui elle se traduit plutôt par une baisse des taux d’inflation (désinflation). Cela
11. Doc 1 page 52 :1)2)3)4) +prezsi
Actualité de la déflation doc 2page 53
A la suite de l’étude du doc 3 page 49
12. 2) Cycle du crédit et déflation par la dette : prezi
Le cycle du crédit contribue à expliquer le caractère endogène de l’instabilité de la
croissance. En période d’expansion économique, surtout si la situation économique est
saine (faible taux d’intérêt, faible inflation), le « paradoxe de la tranquillité » (H. Minsky)
joue : les agents s’endettent, financent des investissements ou une consommation à crédit,
ce qui dynamise la demande et renforce la croissance donc l’optimisme général.
Cependant, le taux d’endettement des agents augmente, des crédits sont accordés à des
agents moins solvables, des comportements spéculatifs se développent, des bulles peuvent
se former sur les prix de certains actifs. En fixant des taux d’intérêt trop bas en période
d’expansion, les banques centrales peuvent amplifier ces comportements, tout comme les
banques commerciales lorsqu’elles prêtent à des agents économiques ayant des projets
trop risqués. Ces excès peuvent conduire à une crise financière et plonger l’économie réelle
dans la crise par la conjonction des effets richesse négatifs sur les ménages, de la
destruction des capitaux propres des entreprises et des banques, du climat de pessimisme
qui s’installe et qui peut entraîner l’effondrement de la demande globale, de l’offre et de la
demande de crédit. C’est ainsi que la dette conduit au « boom économique » et que celui-ci
conduit à la crise lorsqu’un événement provoque le retournement des anticipations et la
contraction de l’offre de crédit des banques. Les mécanismes qui avaient accéléré la
croissance jouent alors dans le sens d’une amplification de la récession, voire de la
dépression.
13.
14. Les krachs boursiers peuvent ainsi s’accompagner de crises bancaires qui entravent le
financement des activités productives (cycle du crédit). La baisse des prix d’actifs, donc
de la richesse de ceux qui les détiennent, rend l’endettement excessif ; la fragilité, voire
la destruction du système bancaire rend le crédit inaccessible aux PME qui, pour
retrouver de la liquidité, licencient et baissent leurs prix ; la baisse des prix augmente le
poids réel de la dette pour les firmes endettées, les faillites se multiplient, ce qui aggrave
en retour la situation des banques.
La déflation, c’est-à-dire la contraction des grandeurs nominales (prix, salaires, masse
monétaire), qui s’accompagne en général de celle des grandeurs réelles (demande,
production, emploi), pourrait assainir l’économie si elle favorisait à long terme le
redémarrage de cette dernière.
Si elle élimine les producteurs les moins efficaces, la déflation peut en effet créer les
conditions de la reprise. La chute de l’investissement pendant la déflation réduit la
demande de capital et favorise la baisse des taux d’intérêt, tandis que le chômage
contribue à la diminution des salaires. A un moment, le coût unitaire de production est si
faible que l’activité des producteurs ayant survécu reprend.
Cependant, l’existence d’un tel phénomène de « régulation par la faillite » (J. Rueff) a fait
l‘objet d’une vive contestation par J.M. Keynes, qui souligne que seule l’intervention
discrétionnaire de l’Etat peut permettre un redémarrage de l’activité économique.
15. D) Quelles peuvent-être les
conséquences d’une récession sur la
croissance potentielle en France
Liens entre chocs de demande et
choc d’offre…
17. Document B : Contributions des facteurs et de la PGF à la
croissance potentielle en France (en points de croissance)
Source : OFCE, observatoire français des
conjonctures économiques, Impact de la
crise sur la croissance potentielle, janvier
2011
18. Document C1 : Canaux de transmission de la crise à la croissance potentielle et horizon
temporel
19. Document C2 : Les effets de la crise sur la croissance potentielle via le facteur capital
A court terme, le PIB potentiel pourrait être significativement touche en raison de la
baisse du stock de capital existant, via une baisse de l’investissement et un
accroissement du taux de dépréciation du capital (faillites, déclassement accéléré, etc.).
Ainsi, selon l’Observatoire des entreprises, le nombre d’entreprises défaillantes a
progressé de 4,9 % en glissement annuel fin avril 2010 (le pic enregistre, a l’été 2009,
est proche de 20 %). Les TPE ont été particulièrement touchées (88 % en cumul sur
douze mois).
Si la reprise de l’investissement se montre trop faible en sortie de crise, l’impact de la
crise sur le stock de capital pourrait s’avérer durable. Ces pertes pourraient être
permanentes si les difficultés de financement de l’investissement (en raison
notamment de la hausse du cout du capital) se prolongeaient au-delà de la crise.
Ainsi, si l’on considère que le risque était sous-évalué avant la crise, on devrait assister à
un retour à la normale des primes de risque entrainant une hausse du cout du capital.
20. Document C3: Les effets de la crise sur la croissance potentielle via le facteur
travail
La forte hausse du chômage et la réduction permanente de l’activité dans
certains secteurs peuvent conduire à une perte de capital humain et une
hausse du chômage d’équilibre à cause de l’effet d’hystérèse (1). En outre, de
telles hausses du taux de chômage structurel peuvent également dissuader
certains inactifs d’entrer sur le marché du travail (effet de flexion) et conduire
ainsi à un fléchissement du taux d’activité, comme on l’observe d’ores et déjà
dans la majorité des pays de l’OCDE. Mais, lorsqu’une personne tombe au
chômage, sa perte de revenu peut également inciter son conjoint à rechercher
un emploi et cette incitation conduirait à l’inverse a un effet positif sur le taux
d’activité (Elmeskov et Pichelman, 1993). L’effet de découragement semble
toutefois dominer et le retournement lie à la crise actuelle pourrait selon
l’OCDE (2010) réduire le taux d’activité pour les pays de l’OCDE d’environ 1,5
point de pourcentage en moyenne, même huit ans après la crise.
Au-delà de ces variations transitoires du taux de chômage d’équilibre ou du
taux d’activité, le taux de croissance de l’emploi potentiel dépend de la
croissance de la population en âge de travailler, laquelle découle
essentiellement de facteurs démographiques.
21. Document C4: Les effets de la crise sur la croissance potentielle via la PGF
De manière générale, d’après le processus de ≪ destruction créatrice ≫, les crises peuvent permettre
aux économies de gagner en productivité (par exemple, les faillites des entreprises les moins
performantes permettent entre autres l’élargissement du marché des meilleures entreprises) et donc à
participer à la hausse de la croissance potentielle. En revanche, en cas de disparition de certains
secteurs très productifs, l’activité peut être durablement réduite, contribuant in fine à baisser la
croissance de la productivité de l’ensemble de l’économie. Ainsi les liens entre crise, PIB potentiel et
innovation sont multiples ; (…)
Comin et Gertler (2006) ont montré sur des données américaines pour des cycles ayant des fréquences
comprises entre 8 et 50 ans que les dépenses de R&D sont empiriquement procycliques. Des études qui
s’inscrivent dans le cadre de la théorie de la croissance endogène montre une corrélation assez forte
entre dépenses de R&D et PGF.
Dans un contexte marque par l’envolée des déficits publics et les attaques subies sur les dettes des Etats
grec, irlandais et portugais, les gouvernements entament en 2011 des politiques d’ajustement
budgétaire. Or, si elle se traduit par une réduction des dépenses publiques favorables à la croissance à
long terme (éducation, infrastructures publiques,…), une politique budgétaire procyclique peut
accentuer la perte permanente de PIB potentiel
Source : OFCE, observatoire français des conjonctures économiques, Impact de la crise sur la croissance
potentielle, janvier 2011
(1) : effet qui veut que lorsqu’un système connaît une modification à cause d’une cause externe, il a tendance à se
maintenir dans ce nouvel état même après la disparition de la cause externe. Concernant le chômage, une hausse du
nombre de chômeurs à cause d’un choc ponctuel de demande négatif va provoquer une hausse du chômage structurel
à long terme. Les travailleurs qui sont au chômage perdent l’opportunité de maintenir et d’actualiser leurs
compétences en travaillant. En particulier pour les chômeurs de long terme, l’atrophie des compétences peut conduire à
un chômage d’exclusion.
22. Document D : schémas récapitulatifs des trois scénarios d’évolutions possibles du
niveau et de la croissance du PIB
23. En comparaison avec la période 1994-2007
Croissance
potentielle du
PIB
Contribution
de la PGF
Contribution
du capital
Contribution
du travail
Scénario optimiste
Pas de rupture de PGF et immigration haute
1.9 0.7 0.6 0.6
Scénario intermédiaire
Rupture de PGF et immigration moyenne
1.5 0.5 0.5 0.5
Scénario pessimiste
Rupture forte de PGF et immigration basse
1.2 0.3 0.4 0.1
Comparaison 1994-2007
2.2 0.7 0.9 0.5
Document E : 3 scénarii pour la période 2015-2025 (En comparaison avec la période 1994-2007)
Source : D’après l’Insee, économie française 2013