2. Quel est le point commun de la génération de développeurs à l’origine des sites /
applications les plus utilisés et sur lesquels vous passez le plus de temps ?
• Ils ont tous assisté aux cours du « laboratoire de persuasion
technologique » de l’université de Stanford.
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http://captology.stanford.edu/
3. Tristan Harris. « Philosophe produit »
• L’homme* qui a récemment « dénoncé » cela explique qu’on y apprend des stratégies semblables à celles qu’utilisent les magiciens : « il s’agit
de trouver ces petites asymétries de perception, ces choses qu’un magicien fait et que le public ne voit pas même si c’est devant son nez (…), ça
t’enseigne les limites de l’attention et du choix. »
• But de ces persuasions technologiques : s’assurer qu’on verra une notification, qu’on aura envie d’ouvrir une application, qu’on finira bien de
remplir un questionnaire, qu’on cliquera sur un bouton, etc …
• Parce que dans « l’économie de l’attention », le temps passé sur un service / une application est le garant de son succès économique (puisqu’on
ne le passe pas chez la concurrence)
• * Tristan Harris, ingénieur, embauché par Google comme « philosophe produit » pendant 3 ans avant de démissionner.
• Son article : https://medium.com/swlh/how-technology-hijacks-peoples-minds-from-a-magician-and-google-s-design-ethicist-56d62ef5edf3
• Le compte-rendu de Rue89 : http://rue89.nouvelobs.com/2016/06/04/tristan-harris-millions-dheures-sont-juste-volees-a-vie-gens-264251
3
4. Du numérique « bio » ?
• Tristan Harris conclut en disant qu’il faudra
du temps pour arriver à des technologies
« respectueuses » de notre attention.
• Il fait la comparaison avec l’agriculture
biologique :
– temps qu’il a fallu pour accepter et
comprendre que « toutes les nourritures ne
se valent pas ».
– Que « se nourrir » n’est pas simplement
éteindre notre sensation de faim.
– Qu’il y a derrière nos choix alimentaires les
plus triviaux des enjeux et des ramifications
économiques, éthiques, presque
« philosophiques » dont chacune peut avoir
un impact déterminant sur nous mais aussi
sur le monde qui nous entoure.
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NUMÉRIQUE
5. Autre question : que disent ces phénomènes d’addiction de notre société ?
• Que l’information c’est le pouvoir, mais que l’attention c’est le « contrôle », c’est à dire un pouvoir encore plus grand.
• Information is Power. Attention is (under) Control.
• 20ème siècle on pensait que contrôler l’information était la source du plus grand des pouvoirs ( « pétrole gris », mass-
médias).
• 21ème siècle on a compris qu’il est bien plus efficace de contrôler l’attention de millions d’individus.
• Problème : ceux qui contrôlent l’attention et ceux qui contrôlent l’information sont un peu les mêmes …
• Bref, pour contrôler notre attention on utilise des stratégies de persuasion technologique, invisibles pour nous, nichées
au cœur des interfaces, et qui ont souvent pour but de nous distraire en créant de l’addiction. 5
6. Vouloir nous distraire, vouloir capter notre attention est une chose.
Mais nous n’avons pas TOUJOURS envie de nous distraire ou de « prêter attention » à ceci ou à cela.
• Il faut donc s’assurer que cette envie sera constamment présente.
• Il faut inventer les nouveaux contremaîtres de la distraction.
• Cela s’appelle les « notifications ».
• http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2014/07/notification-internet-in-medias-res.html
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7. Infarctus numérique ?
• Les « notifications » ont pour première vocation d’impulser un "rythme" de connectivité,
c'est à dire littéralement une "périodicité", une « cadence » comme à l’usine (les sociologues
diraient un « habitus »).
• Ces notifications sont aujourd’hui entièrement dédiées à la création et au maintien d’une
« rente cognitive ».
• Refuser ou désactiver ces notifications c’est se placer en situation « d’arythmie » sociale,
affective, personnelle, professionnelle.
• Et l’arythmie est cause d’infarctus.
• Et personne n’a envie de faire un infarctus. Même numérique. 7
8. Ce sont (principalement) ces notifications, ces « cadences
cognitives infernales » qui nous intoxiquent.
• La « digital intox » c’est l’inverse de l’obsolescence
programmée
• Obsolescence programmée : On fabrique nos objets de
telle manière qu’ils tombent en panne après un temps
défini.
• Digital Intox : On « entraîne », on « programme » notre
attention pour qu’elle ne tombe jamais en panne, ou
qu’elle soit « réactivable » à tout moment.
• Voilà ce qu’on apprend dans le laboratoire de persuasion
technologique de Stanford.
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9. Moralité
• nous n’avons pas besoin de « Digital » Detox parce que nous n’avons pas
d’intoxication au numérique.
• Par contre nous avons besoin d’une grosse détox des stratégies utilisées
par « le marketing de la persuasion ». Parce que là oui, nous sommes
intoxiqués.
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11. Passage des NTIC > NTAD > NBIC
• NTIC : Nouvelles technologies de L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
• NTAD : Nouvelles technologies de L’ATTENTION ET DE LA DISTRACTION
• = il s’agit moins, pour ceux qui conçoivent ces technologies, de nous permettre de nous
informer et de communiquer, que de fixer notre attention et de nous proposer une liste
presque infinie de distractions.
• Informer et communiquer ne sont plus que des « moyens » voire des « biais » au service de
stratégies de « distraction » ou de « persuasion » marketing. Parmi de nombreux exemples
celui du « clickbait »
• Et on arrive aujourd’hui aux NBIC (nano-bio-info-cogno technologies) 11
12. Digital Detox ou Digital Botox ?
• Avec l’arrivée de l’homme augmenté, des prothèses « grand public » (impression 3D), des
puces RFID sous-cutanées, de l’essor des NBIC (nano-bio-info-cogno technologies), des
montres, des lunettes, des vêtements connectés (projet Jacquard de Google et Levis) et
même sans tomber dans le fantasme du cyborg ou de l’idéologie transhumaniste, les
technologies à l’origine des phénomènes « d’addiction » qui font que l’on parle aujourd’hui
de la nécessité d’une « digital detox » vont s’immiscer au sein même de nos vêtements, de
notre corps, sous notre peau.
• A la manière, et avec quasiment la même « promesse » que les injections de Botox. 12
Rente cognitive
+ notifications
+ Stratégies de persuasion
+ Économie de l’attention
Puces RFID sous-cutanées
Vêtements connectés
Prothèses et imprimantes 3D
Interfaces vocales
Assistants « intelligents »
Aujourd’hui Demain ?
14. FOMO WYWA YOLO
• On ne vit qu’une fois (YOLO)
• Et.
• Comme on a toujours peur d’avoir manqué qque chose d’important
(FOMO)
• Alors.
• Les technologies nous proposent en permanence de voir ce que nous
aurions manqué si nous avons été contraints de nous déconnecter
(WYWA)
• Pour mieux nous rappeler qu’on ne vit qu’une fois (YOLO)
• Ad lib.
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FOMO : « Fear Of Missing Out »
WYWA : «While You Were Away »
YOLO : « You Only Live Once »