Cette fiche a pour but d'aider deux formateurs/enseignants à préparer leur future co-animation et à réaliser un bilan à l'issue d'une séance ou d'une formation co-animée.
Fiche co-animation en enseignement ou en formation
1. Co-animation d’un enseignement
Les conditions de réussite inhérentes à la co-animation en formation sont les suivantes :
« Le co-enseignement doit être une démarche volontaire de co-animation, basé sur un
objectif commun, construit sur des notions de partage, d’interaction, d’interdépendance,
d’engagement et d’égalité entre formateurs. » (Friend & Cook, cité par C. Lalanne, 2015)
Autant de principes qui nécessitent une certaine ouverture d’esprit, une acceptation de
remise en question des habitudes acquises et des différences de l’autre et une réelle
relation de confiance entre les formateurs (C. Lalanne, 2015).
Quel type de co-animation souhaitez-vous dans ce contexte ?
Il existe au moins trois types de co-animation. (Quel est l’intérêt ou la préférence de chacun
pour un type ou un autre de co-animation ? Choisir celle avec laquelle les deux membres du
binôme sont parfaitement au clair et à l’aise)
a) partage du fond et de la forme : la répartition se fait entre les moments principaux de
la séance et les participants savent clairement qui fait quoi dans le duo.
- un animateur prend en charge les contenus et les messages à faire passer ;
- l’autre animateur anime la dynamique de groupe avé prise en charge des modalités
pédagogiques et la régulation des échanges dans le groupe
b) partage alternatif et équilibré des interventions dans le temps : cela minimise la
mise en concurrence, chacun reste assez indépendant durant l’animation proprement
dite. L’alternance peut se faire d’une séance à l’autre, durant une séance, d’une étape à
l’autre.
c) chacun sa spécialité : les animateurs sont complémentaires, chacun apporte ses
points de vue relatifs à des domaines différents, met en évidence des grilles de lecture
différentes et questionne le groupe. Chaque animateur intervient en fonction de son
domaine de compétence au fur et à mesure des sujets à traiter. Ceci permet de favoriser
le développement d’une vision multi-dimensionnelle et multi-référentielle. Le binôme peut
assurer l’animation en commun de manière continue, souple et intégrée : sans se
distribuer de rôles au préalable, de manière semi–improvisée ou selon une répartition
légèrement préparée. Les interventions s’articuleront au fur et à mesure de manière à
ajuster la complémentarité des apports de chacun selon ce qui émerge.
Ces différents types de co-animation peuvent se combiner.
Préparation, en amont d’une co-animation, échanges entre les animateurs
Quel est votre objectif dans cette co-animation ?
Partager des objectifs communs en se concertant sur trois niveaux d’objectifs.
1. ceux concernant les contenus.
2. ceux concernant les étudiants notamment leurs compétences à développer.
3. ceux concernant la relation pédagogique.
Sur ce dernier objectif, il est nécessaire de :
Céline Grousson, 2020 (CC BY-NC-SA 3.0 FR)
2. • apprendre à se connaitre entre co-animateurs en partageant sa définition de
« enseigner » et d’ « apprendre », sa façon d’enseigner, ses principes, ses
démarches.
Quand vous enseignez et plus particulièrement dans ce contexte : Qu’est ce qui
est important pour vous ? Quel est votre vision du rôle et des postures en tant
qu’enseignant ? Quel est votre vision du rôle des étudiants et vos attentes vis à vis
d’eux ?
• définir en quoi chacun complémentaire par rapport à l’autre
En quoi êtes-vous complémentaires ? En quoi votre expertise va enrichir les
étudiants ? De quoi avez-vous besoin pour être confiant dans votre posture
d’enseignant ? Quelles sont les situations d’enseignement qui peuvent être
difficiles ou désagréables pour vous ? Quelles sont les forces et les faiblesses de
chacun ? Afin d’éviter de mettre dans l'embarras l’autre animateur lors d'une
séance, il peut être intéressant de connaitre les réponses aux questions ci-dessus.
• déterminer qui est leader sur chaque séquence et pour faire quoi ?
Qui va mener quelle séquence ? Quelle partie de cours aimeriez-vous faire
(Introduction, apports théoriques, animation des débats et discussions...) ?
Clarifier la co-animation avec les étudiants notamment sur le choix du type de co-
animation, la complémentarité entre les co-animateurs, l’articulation des interventions et le
fonctionnement du duo pour la séance, vos exigences vis à vis d’eux, leurs propres rôles en
tant qu’apprenants.
Quelques règles de fonctionnement à garder en tête pour bien vivre la co-animation :
• Contractualiser initialement la co-animation en définissant et cadrant les interventions
(chacun connait son rôle et les limites de son « territoire » lors des échanges).
• Quoi qu’il en soit, quand un des co-animateurs prend le « lead », l’autre est suppléant.
• Communiquer dans le binôme pendant les séances. Si besoin est, pendant les pauses,
prévoir des adaptations et/ou échanger sur les points de désaccords.
• Assumer les temps de silence.
• Gérer le temps des différentes séquences.
• Eviter de discréditer l’autre animateur devant les étudiants et de se couper la parole.
• Pendant la co-animation, il est important de : se sourire, se regarder, se parler, se faire
des signes pour passer le relais… Et aussi, de prendre le temps de souffler ensemble,
d’apprécier les résultats.
• Faire des bilans et retours mutuels entre co-animateurs après les séances.
Quelques questions pour vous aider lors de vos bilans et retours mutuels entre co-
animateurs après les séances
• Comment chacun a-t-il vécu la séance / l’UE ?
• Comment s’est déroulée la séance / l’UE ? Cela correspondait-il à vos attentes ? Les
objectifs ont-ils été atteints ? Le timing a-t-il été respecté ?
• Concernant la co-animation : qu’est ce qui a marché, qu’est ce qui a moins bien
marché, et pourquoi ? Qu’est-ce qui a été le plus facile durant la séance / l’UE ?
Quelles difficultés avez-vous rencontrées et comment ont-elles été gérées ? Qu’est ce
qui a facilité la co-animation ? Ou qui l’a rendue plus difficile ?
• a l’issue de l’UE, quels sont les axes d’amélioration pour la suite de la formation ou
une collaboration future ? Quels bénéfices de cette co-animation perçoit-on pour les
édifiants ? Quels risques éventuels? Qu’est-ce que vous apprenez de cette expérience
individuellement ? Que prévoyez vous pour la prochaine co-animation ?
Céline Grousson, 2020 (CC BY-NC-SA 3.0 FR)
3. Quelques avantages à co-animer :
- les propositions aux étudiants sont plus variées, plus approfondies et traitées sous des
aspects plus nombreux,
- chacun apprend de l’autre,
- la possibilité de prendre du recul et d’observer le groupe pendant que l’autre anime,
- analyser les échanges et interactions dans le groupe pour affiner interactions dans le
groupe, les interventions à venir, noter les demandes et les besoins,
- gérer d’éventuels moments difficiles à deux,
- faire le bilan du déroulement à deux (analyse des réussites, manques, éventuels malaises
de certains étudiants, concertation sur la conduite appropriée à venir).
Quelques avantages du coté des participants :
- les savoirs et savoirs-faire (connaissances et expériences différentes mais
complémentaires) et échanges sont plus riches,
- l’animation est plus vivante.
Quelques écueils possibles :
- des discours ou des points de vue contradictoires, des désaccords sur des principes
théoriques peuvent être imprévus.
=> pour pallier à ce problème : préparer les échanges au préalable soit pour gommer
les contradictions, soit pour susciter le débat dans le groupe.
- le comportement d’un animateur peut dominer l’autre notamment par l’usage excessif du
« Je », des interventions systématiques dans le discours de l’autre, le court-circuitage de
la séquence d'intervention, des manifestations non verbales exprimant l’opposition, des
activités ou mouvements dérangeants…
=> pour pallier à ça : définir un accord préalable entre les animateurs avec des règles
communes à respecter telles que : utiliser le « nous », échanger pendant les pauses sur les
points de désaccords, trouver une solution pour corriger d’éventuelles erreurs et respecter
l’expression (éviter de couper la parole…) et les interventions de chacun.
- les co-animateurs discutent entre eux et négligent le groupe.
=> les discussions sont acceptables quand les participants travaillent mais l’attention
doit être focalisée sur le groupe et ses réactions.
Adapté des sources :
• Panisse, G. Réussir une co-animation (2015). CEDIP, consulté le 13/01/2020 sur http://
www.cedip.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/FT67_cle5f7ccc.pdf,
• Lalanne, C., (2015). Quel sens donner à une co-animation en formation AFGSU ?, consulté le
13/01/2020 sur https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01307432/document
• Thiébaud, M., (2019) Co-animer un groupe d’APP : Quelles modalités de préparation et de mise en
œuvre de la co-animation ? (2017, 20 septembre). Revue de l’analyse de pratiques
professionnelles, N°15, consulté le 13/01/2020 sur https://www.analysedepratique.org/?p=2751
• Lallande, A., Martin-Remy, M., Requilard, B., Valbot, M., (1977). La co-animation inter-disciplinaire
en formation générale de base, Revue Langue française, n°36, Enseignement du français et
formation continue des adultes, pp.99-109, consulté le 13/01/2020 sur https://www.persee.fr/doc/
lfr_0023-8368_1977_num_36_1_4846
• Chernet, D., Réussir une co-animation (2018). consulté le 13/01/2020 sur http://www.manufacture-
des-equipes.fr/reussir-une-co-animation/
Céline Grousson, 2020 (CC BY-NC-SA 3.0 FR)