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Introduction
P-36
Les lymphomes représentent le troisième type de tumeur
maligne au niveau de la tête et du cou après les carcinomes
épidermoïdes et les carcinomes thyroïdiens. La localisation
dans la cavité buccale est rare dont la circonstance de
découverte est un trouble de la déglutition ou un
amaigrissement.
Objectifs
L’objectif de ce travail est de décrire les lymphomes B à grandes
cellules (LBGC) révélés par des troubles de la déglutition dans
notre service et de souligner l’importance de la collaboration
entre spécialistes en oto-rhino-laryngologie (ORL) et
hématologues pour leur prise en charge.
Matériels et méthodes
Nous rapportons cinq cas de LBGC dont la circonstance de
découverte a été un trouble de la déglutition.
Résultats
Il s’agit de 5 patients : 4 hommes et une femme dont l’âge
variait entre 55 et 86 ans.
Ils ont tous consulté pour un trouble de la déglutition avec une
odynophagie sans retentissement majeur sur l’état général chez
3 patients, et une dysphagie totale compliquée d’une restriction
alimentaire et un amaigrissement chez 2 patients. Ce trouble
évoluait depuis une durée variant entre 3 et 5 mois. Il s’associait
à une dyspnée dans 2 cas, une voix nasonnée dans un cas, une
tuméfaction cervicale dans un cas et une tuméfaction linguale
visible dans 2 cas.
L’examen ORL initial a mis en évidence une formation tumorale
amygdalienne dans 3 cas dont une a été d’aspect ulcéro-
bourgeonnant alors que les 2 autres se sont présentées sous
forme d’un bombement régulier. Une masse linguale a été
objectivée dans les 2 autres cas. L’examen orl a également
permis de détecter l’extension vers le palais et la paroi latéro-
pharyngé de l’atteinte amygdalienne chez un patient ainsi que le
comblement du cavum chez ce même patient. Une
laryngoscopie et une otoscopie ont été normales dans les 5 cas.
Une adénopathie cervicale a été objectivée chez chacun des
patients.
Une cytoponction a été réalisée dans 2 cas intéressant la tumeur
de la cavité buccale ainsi que le ganglion et concluant à une
prolifération lymphomateuse. Dans tous les cas, une biopsie
(intéressant soit la tumeur elle-même ou l’adénopathie cervicale)
a été faite confirmant le diagnostic de LBGC par l’examen
anatomopathologique et l’étude immunohistochimique.
Tous les patients ont bénéficié d’une imagerie cervico-thoraco-
abdomino-pelvienne ayant mis en évidence un bulky
amygdalien dans un cas s’étendant vers les espaces vasculaires
et ayant un contact avec la base du crâne. Aucune atteinte
thoracique, abdominale ou pelvienne n’a été objectivée.
Un traitement par chimiothérapie a été entamé chez les 5
patients avec une nette amélioration clinique et radiologique.
Discussion
Conclusion
Les troubles de la déglutition sont un signe révélateur des
cancers de la cavité buccale. Bien que le lymphome en est un
type rare, il reste un diagnostic auquel il faut penser vu sa
chimiosensibilité. Ceci nécessite une collaboration étroite
entre médecins ORL et hématologues pour sa prise en charge
dans toutes les étapes (examen clinique, outils diagnostiques
par cytoponction et biopsie, bilan d’extension loco-régional et
évaluation de l’efficacité thérapeutique).
Le trouble de la déglutition est une circonstance de découverte
des cancers de l’oropharynx. Un cas de phlégmon péri-
amygdalien révélant un lymphome a été rapporté par Kallel et
al.[1]
Selon F Marshall et Al, la nature histologique de ces cancers
est un cancer spino-cellulaire dans 90% des cas.[2]
Uniquement 5% des cancers ORL sont des lymphomes malins
non hodgkiniens dans l’étude menée par Nicolas R et al.[3]
Dans une série de 67 patients, Picard et Al ont conclu que la
localisation principale a été l’amygdale palatine avec un
pourcentage de 28%.[4]La localisation linguale est rare. Un cas
de LBGC de la base de la langue a été rapporté par Aminder
Singh et al [5] (figure 2 et 3)
L’étude de Picard et Al montre que 67% des patients ont
consulté en premier un médecin ORL. Cette même étude a
également trouvé que le médecin ORL a réalisé le prélèvement
permettant le diagnostic dans 97% des cas. Le type
histologique le plus fréquent a été le LBDGC (54%)[4]
Reference :
[1]:Phlegmon périamygdalien révélant un lymphome; S. Kallel et Al ; https://doi.org/10.1016/j.aforl.2013.02.018
[2] :Cancer de la cavité buccale et de l’oropharynx ; F. Marshall et al ; Doi : 10.1016/B978-2-294-70951-7.00084-0
[3] : Lymphomes malins non hodgkiniens buccaux :À propos de 18 cas; Nicolas Renard; DOI: 10.1051/mbcb/2014033
[4] : Lymphomes extra-ganglionnaires de la tête et du cou : à propos de 67 cas ; A.Picard et al ;
doi/10.1016/j.aforl.2014.12.002
[5]: Primary diffuse large B cell lymphoma of the base of tongue: A rare entity ; Aminder Singh et
al; doi: 10.1016/j.amjoto.2013.12.017
:Figure 1 Scanner cervical en coupe
sagittale (A) et coronale (B) : masse de la
base de la langue de 4,8 x 3.7 cm
s’entendant vers l’éspace pré-
épiglottique, les vacuoles, la partie
antérieure de l’épiglotte et attengnant le
mur postérieur du pharynx comblant la
filière oro-pharyngée
A B
Figure 2: Coupe histologique d’un épithélium squameux stratifié avec au faible grossissement
(A) une infiltration diffus par des cellules qui ont au fort grossissement (B) une taille moyenne
à grande de type centroblastique avec à l’immunohistochimie (C) une positivité au CD20
A B C

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P36

  • 1. Introduction P-36 Les lymphomes représentent le troisième type de tumeur maligne au niveau de la tête et du cou après les carcinomes épidermoïdes et les carcinomes thyroïdiens. La localisation dans la cavité buccale est rare dont la circonstance de découverte est un trouble de la déglutition ou un amaigrissement. Objectifs L’objectif de ce travail est de décrire les lymphomes B à grandes cellules (LBGC) révélés par des troubles de la déglutition dans notre service et de souligner l’importance de la collaboration entre spécialistes en oto-rhino-laryngologie (ORL) et hématologues pour leur prise en charge. Matériels et méthodes Nous rapportons cinq cas de LBGC dont la circonstance de découverte a été un trouble de la déglutition. Résultats Il s’agit de 5 patients : 4 hommes et une femme dont l’âge variait entre 55 et 86 ans. Ils ont tous consulté pour un trouble de la déglutition avec une odynophagie sans retentissement majeur sur l’état général chez 3 patients, et une dysphagie totale compliquée d’une restriction alimentaire et un amaigrissement chez 2 patients. Ce trouble évoluait depuis une durée variant entre 3 et 5 mois. Il s’associait à une dyspnée dans 2 cas, une voix nasonnée dans un cas, une tuméfaction cervicale dans un cas et une tuméfaction linguale visible dans 2 cas. L’examen ORL initial a mis en évidence une formation tumorale amygdalienne dans 3 cas dont une a été d’aspect ulcéro- bourgeonnant alors que les 2 autres se sont présentées sous forme d’un bombement régulier. Une masse linguale a été objectivée dans les 2 autres cas. L’examen orl a également permis de détecter l’extension vers le palais et la paroi latéro- pharyngé de l’atteinte amygdalienne chez un patient ainsi que le comblement du cavum chez ce même patient. Une laryngoscopie et une otoscopie ont été normales dans les 5 cas. Une adénopathie cervicale a été objectivée chez chacun des patients. Une cytoponction a été réalisée dans 2 cas intéressant la tumeur de la cavité buccale ainsi que le ganglion et concluant à une prolifération lymphomateuse. Dans tous les cas, une biopsie (intéressant soit la tumeur elle-même ou l’adénopathie cervicale) a été faite confirmant le diagnostic de LBGC par l’examen anatomopathologique et l’étude immunohistochimique. Tous les patients ont bénéficié d’une imagerie cervico-thoraco- abdomino-pelvienne ayant mis en évidence un bulky amygdalien dans un cas s’étendant vers les espaces vasculaires et ayant un contact avec la base du crâne. Aucune atteinte thoracique, abdominale ou pelvienne n’a été objectivée. Un traitement par chimiothérapie a été entamé chez les 5 patients avec une nette amélioration clinique et radiologique. Discussion Conclusion Les troubles de la déglutition sont un signe révélateur des cancers de la cavité buccale. Bien que le lymphome en est un type rare, il reste un diagnostic auquel il faut penser vu sa chimiosensibilité. Ceci nécessite une collaboration étroite entre médecins ORL et hématologues pour sa prise en charge dans toutes les étapes (examen clinique, outils diagnostiques par cytoponction et biopsie, bilan d’extension loco-régional et évaluation de l’efficacité thérapeutique). Le trouble de la déglutition est une circonstance de découverte des cancers de l’oropharynx. Un cas de phlégmon péri- amygdalien révélant un lymphome a été rapporté par Kallel et al.[1] Selon F Marshall et Al, la nature histologique de ces cancers est un cancer spino-cellulaire dans 90% des cas.[2] Uniquement 5% des cancers ORL sont des lymphomes malins non hodgkiniens dans l’étude menée par Nicolas R et al.[3] Dans une série de 67 patients, Picard et Al ont conclu que la localisation principale a été l’amygdale palatine avec un pourcentage de 28%.[4]La localisation linguale est rare. Un cas de LBGC de la base de la langue a été rapporté par Aminder Singh et al [5] (figure 2 et 3) L’étude de Picard et Al montre que 67% des patients ont consulté en premier un médecin ORL. Cette même étude a également trouvé que le médecin ORL a réalisé le prélèvement permettant le diagnostic dans 97% des cas. Le type histologique le plus fréquent a été le LBDGC (54%)[4] Reference : [1]:Phlegmon périamygdalien révélant un lymphome; S. Kallel et Al ; https://doi.org/10.1016/j.aforl.2013.02.018 [2] :Cancer de la cavité buccale et de l’oropharynx ; F. Marshall et al ; Doi : 10.1016/B978-2-294-70951-7.00084-0 [3] : Lymphomes malins non hodgkiniens buccaux :À propos de 18 cas; Nicolas Renard; DOI: 10.1051/mbcb/2014033 [4] : Lymphomes extra-ganglionnaires de la tête et du cou : à propos de 67 cas ; A.Picard et al ; doi/10.1016/j.aforl.2014.12.002 [5]: Primary diffuse large B cell lymphoma of the base of tongue: A rare entity ; Aminder Singh et al; doi: 10.1016/j.amjoto.2013.12.017 :Figure 1 Scanner cervical en coupe sagittale (A) et coronale (B) : masse de la base de la langue de 4,8 x 3.7 cm s’entendant vers l’éspace pré- épiglottique, les vacuoles, la partie antérieure de l’épiglotte et attengnant le mur postérieur du pharynx comblant la filière oro-pharyngée A B Figure 2: Coupe histologique d’un épithélium squameux stratifié avec au faible grossissement (A) une infiltration diffus par des cellules qui ont au fort grossissement (B) une taille moyenne à grande de type centroblastique avec à l’immunohistochimie (C) une positivité au CD20 A B C