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ÉDITORIAUX 13
Syndrome de congestion pelvienne.
J. LEAL MONEDERO, E. ZUBICOA, A. LARAÑA SOLÉ
L
e Syndrome de Congestion Pelvienne (SCP) se caractérise par l’association de douleurs
pelviennes chroniques et non cycliques, persistant depuis plus de six mois sans cause
gynécologique. Il augmente avec la position debout, l’activité physique et les
manoeuvres de Valsalva (toux, efforts de défécation).
Il est habituellement l’apanage des femmes multipares. Il peut aussi se manifester par des
lourdeurs périnéales, une dyspareunie, des règles douloureuses, et une polyurie. Très souvent,
on retrouve en plus de ses symptômes, des varices des membres inférieurs, et / ou vulvaires
et /ou périnéales (1). Ce syndrome atteint préférentiellement les femmes et on admet que
39,1% d’entre elles ont présenté des douleurs pelviennes chroniques à un moment
quelconque de leur vie(2).
Occasionnellement, on a décrit des cas chez les hommes avec une insuffisance des veines
hypogastriques, bien différenciés du varicocoèle testiculaire développé au dépens des veines
spermatiques.
Pendant la grossesse, il existe une augmentation importante de la vascularisation utérine et
parfois, après la délivrance, certaines veines ne se rétractent pas, ells restent dilatées,
avalvulées, avec une inversion de la circulation responsable des varices pelviennes( varices
utéro-ovariennes) et d’ectasies veineuses à l’origine du SCP.
Des reflux pelviens vers les membres inférieurs sont souvent associés à ce syndrome,
produisant aussi bien des varices vulvaires que des varices des membres inférieurs.
Le diagnostic repose sur l’écho-Doppler transvaginal ou abdomino pelvien. On peut aussi
avoir recours à d’autres méthodes d’imagerie comme l’angio-scanner ou l’angio-IRM,
particulièrement à la recherche de syndrome de compression. Cependant, la confirmation
repose sur la phlébographie pelvienne, avec alors réalisation dans le même temps, d’un
traitement endovasculaire avec embolisation, si nécessaire.
Dans notre groupe, nous réalisons la phlébographie par injection d’une veine du pli du coude.
C’est une méthode mini-invasive qui nous permet d’étudier la dilatation et l’existence de
reflux sur les veines gonadiques et hypogastriques par canalisation sélective.
L’existence de varices pelviennes péri-utérines, de dilatations ectasiques et les points de fuite
alimentant les varices vulvaires et celles des membres inférieurs, peuvent aussi être repérés.
Ces résultats sont très significatifs dans le SCP dépendant d’une insuffisance axiale des
veines gonadiques, due à de multiples grossesses.
La phlébographie pelvienne sélective est utile non seulement pour confirmer le diagnostic,
mais aussi pour traiter le syndrome de congestion pelvienne et les points de fuite, dans le
même temps, par embolisation.
ANGÉIOLOGIE, 2010, VOL. 62, N° 4
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L’embolisation est réalisée par une méthode mixte (sandwich method). (3) Cette méthode
associe des coils et de la mousse de polidocanol à 2%, pour traiter les varices péri-utérines,
les veines gonadiques dilatées et les points de fuite vers les membres inférieurs. Les résultats
cliniques de ces occlusions sont satisfaisants chez la plupart des patients (4) .
Comme toutes les méthodes d’embolisation, cela entraîne un “syndrome post-embolisation”,
lié à l’occlusion des vaisseaux et caractérisé par deux symptômes principaux : douleur et
fièvre (au dessus de 38°). Ils sont très liés au nombre de vaisseaux traités et à leur diamètre,
ils persistent quelques jours et respondent bien aux antalgiques. Le contrôle et le suivi
dépendent de la clinique; une echo-Doppler transvaginale est réalisée tous les six mois.
Quand le syndrome de congestion pelvienne est secondaire à une compression , comme dans
le “ nutcracker syndrome” avec compression de la veine rénale droite responsable d’une
circulation collatérale de suppléance par les veines gonadiques, nous réalisons une
embolisation des veines gonadiques, des varices pelviennes et éventuellement le traitement
des reflux vers les membres inférieurs. Si , en plus des signes et symptômes de congestion
pelvienne, il existe un gradient de pression réno-cave significatif (≥5 mm/Hg) et si le patient
présente des douleurs lombaires ou des douleurs abdominales gauches, avec micro/macro
hématurie, il peut alors être nécessaire de proposer la mise en place d’un stent dans la veine
rénale gauche pour diminuer la pression et assurer une décompression du rein.
Dans le syndrome de May-Turner, le stent est mis en place dans la veine iliaque gauche.
Nous souhaiterions faire reconnaître l’importance du SCP dans la pathologie des douleurs
abdominales chez la femme, syndrome souvent méconnu et de ses possibilités
thérapeutiques.
De la même manière, les reflux pelviens à l’origine des varices vulvaires, de varices atypiques
et de récidives de varices des membres inférieurs, peuvent aussi bénéficier du traitement par
embolisation des varices pelviennes.
Références
1. Capasso, P. Ovarian vein embolization for the treatment of the pelvic congestion syndrome. Part I:
Background, Anatomy and Etiology. Intervention. 2000; 4(3): 67-71.
2. Jamieson D; Steege J. The prevalence of the dysmenorrhea, dyspareunia, pelvic pain, and irritable bowel
syndrome in primary care practices. Obstet. Gynecol. 1996; 87:55-58.
3. Leal Monedero J; Zubicoa Ezpeleta S; Grimberg M; Vergara Correa L; Jimenez Gutiérrez JA.
Subdiaphragmatic venous insufficiency: Embolization treatment using mixed technique (coils and
foam).Phlebolymphology. 2004; 45: 269-275.
4. Capasso, P. Ovarian vein embolization for the treatment of the pelvic congestion syndrome. Part II:
Diagnosis, treatment, and clinical impact. Intervention. 2001; 4(4): 99-106.
ANGÉIOLOGIE, 2010, VOL. 62, N° 4