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Orthod Fr 2016;87:175–188
c EDP Sciences, SFODF, 2016
DOI: 10.1051/orthodfr/2016020
Disponible en ligne sur :
www.orthodfr.org
Article traduit
Cliniqueetvaria
Génioplastie fonctionnelle chez les patients
en croissance*
Sylvain CHAMBERLAND1**, William R. PROFFIT2
, Pier-Eric CHAMBERLAND3
Traduit par Sophie ROZENCWEIG
1
10345 boulevard de l’Ormière, Québec, Qc G2B 3L2, Canada
2
Department of Orthodontics, School of Dentistry, University of North Carolina, Campus Box #7450, Chapel Hill,
NC 27599-7450, États-Unis
3
Department of Psychology, Université du Québec à Trois-Rivières, CP 500, Trois-Rivières, Qc G9A 5H7, Canada
MOTS CLÉS :
Génioplastie /
Ostéotomie du bord
inférieur du corpus /
Fonction labiale /
Proportions (équilibre)
de la face
RÉSUMÉ – Objectifs − Évaluer le rôle de l’âge sur la régénération osseuse par
remodelage au niveau de la symphyse après génioplastie. Méthode − Cinquante-
quatre patients ayant bénéficié d’une génioplastie à la fin de leur traitement ortho-
dontique ont été divisés en trois groupes selon leur âge au moment de l’intervention :
moins de 15 ans (groupe 1), 15 à 19 ans (groupe 2) et 20 ans ou plus (groupe 3). Le
groupe contrôle est constitué de 23 patients n’ayant pas désiré de génioplastie, sui-
vis radiographiquement deux années après la fin de leur traitement. Les patients ont
été évalués à trois moments : juste avant l’intervention (T1), juste après l’intervention
(T2) et deux ans après l’intervention (T3). Résultats − La quantité d’avancement
mentonnier est identique pour les trois groupes, mais la quantité de remodelage os-
seux est plus importante pour le groupe 1, un peu moins notable pour le groupe 2 et
encore moins pour le groupe 3 que pour le groupe 2. Pour les trois groupes, l’épais-
seur de la symphyse a considérablement augmenté dans les deux années qui ont
suivi l’intervention, mais la quantité d’os néoformé est bien plus importante dans le
groupe 1 que dans le groupe 3. Le remodelage osseux, aussi bien au-dessus que
derrière la symphyse déplacée, est également plus important chez les plus jeunes
du fait de la croissance verticale des procès alvéolaires. Il n’y a aucune preuve
d’un quelconque effet délétère de la génioplastie sur la croissance mandibulaire.
Conclusion − La génioplastie avec déplacement du segment mentonnier vers le
haut et vers l’avant permet d’accroître l’épaisseur de l’os symphysaire, par apposi-
tion osseuse au-dessus du point B, ainsi qu’au niveau du point Gnathion. Lorsqu’elle
est indiquée, la génioplastie doit être réalisée avant l’âge de 15 ans pour générer les
meilleurs résultats en termes de remodelage osseux.
KEYWORDS:
Genioplasty /
Inferior border osteotomy /
Lip function /
Facial proportions
ABSTRACT – Functional genioplasty in growing patients. Objective − To eval-
uate the role of age as a moderator of bone regeneration patterns and symphysis
remodeling after genioplasty. Method − Fifty-four patients who underwent genio-
plasty at the end of their orthodontic treatment were divided into three age groups:
younger than 15 years at the time of surgery (group 1), 15 to 19 years (group 2), and
20 years or older (group 3). Twenty-three patients who did not accept genioplasty
and had a follow-up radiograph two years after the end of their orthodontic treatment
were used as a control group. Patients were evaluated at three time points: immedi-
ate preoperative (T1), immediate postoperative (T2) and two years postsurgery (T3).
* Traduit de l’article « Functional genioplasty in growing patients » paru dans The Angle Orthodontist (The Angle Orthodontist 2015 ;
85(3):360-373). Avec l’aimable autorisation de la revue et des auteurs, tous nos remerciements.
** Auteur pour correspondance : drsylchamberland@videotron.ca
Article publié par EDP Sciences
176 Orthod Fr 2016;87:175–188
Cliniqueetvaria
Results − The mean genial advancement at surgery was similar for the three age
groups, but the extent of remodeling around the repositioned chin was greater in
group 1, less in group 2, and still less in group 3. Symphysis thickness increased
significantly during the two-years postsurgery interval for the three groups, and this
increase was significantly greater in group 1 than in group 3. Remodeling above and
behind the repositioned chin also was greater in the younger patients. This was re-
lated to greater vertical growth of the dentoalveolar process in the younger patients.
There was no evidence of a deleterious effect on mandibular growth. Conclusion −
The outcomes of forward-upward genioplasty include increased symphysis thickness,
bone apposition above B point, and remodeling at the inferior border. When indica-
tions for this type of genioplasty are recognized, early surgical correction (before
age 15) produces a better outcome in terms of bone remodeling.
1. Introduction
Trauner et Obwegeser [20] ont les premiers dé-
crit, en 1957, l’ostéotomie du bord inférieur man-
dibulaire pour augmenter la hauteur symphysaire.
Cette intervention est depuis très souvent envisagée
de façon soit isolée, soit combinée à d’autres ostéo-
tomies. Le menton peut être déplacé dans toutes les
directions. Malgré tout, l’intervention la plus clas-
sique consiste en un déplacement vers l’avant et vers
le haut pour corriger à la fois une déficience man-
dibulaire sur le plan horizontal et un excès vertical.
Precious et Delaire [14] ont défini sous l’expression
de « génioplastie fonctionnelle » ce déplacement vers
l’avant et le haut du menton, car il est à la fois bé-
néfique pour l’obtention d’une compétence labiale
au repos, mais il améliore également la fonction la-
biale [14] ; enfin, il réduit la pression labiale contre
les incisives mandibulaires [17]. Lorsque le déplace-
ment orthodontique provoque une vestibulo-version
des incisives mandibulaires, l’avancée du menton
améliore la position de l’incisive et le rapport cépha-
lométrique de Holdaway (relation entre la position
des incisives mandibulaires et celle du menton) ; il
évite ainsi d’avoir à rétracter les incisives. Cette in-
tervention est particulièrement indiquée lorsque la
correction du décalage de classe II a généré des com-
pensations dentoalvéolaires du fait d’une croissance
mandibulaire insuffisante ou défavorable.
Ces effets bénéfiques, tant sur le plan fonction-
nel que sur le plan de la stabilité, sont associés
à une amélioration esthétique réellement appréciée
même par les jeunes patients qui peuvent se sen-
tir assez tôt handicapés par l’aspect disgracieux de
leur visage [8]. La combinaison du traitement or-
thodontique et de la génioplastie offre une réponse
pour améliorer à la fois l’esthétique, la fonction et la
stabilité.
Malgré le nombre important de publications sur
la génioplastie, peu d’études présentent les effets de
cette procédure chez les adolescents; surtout, au-
cune ne compare l’évolution morphologique d’un
groupe expérimental à celle d’un groupe contrôle
pour qui la génioplastie est indiquée mais refusée par
les patients.
L’âge idéal pour cette intervention est un sujet
controversé. L’amélioration de l’apparence du visage
et la réaction positive sur le plan psychosocial se-
rait en faveur d’une intervention précoce pour les pa-
tients dont la déformation est la plus sévère [8,11] ;
les préoccupations concernant un éventuel effet né-
gatif sur la croissance mandibulaire ou sur la stabi-
lité thérapeutique seraient en faveur d’une attente de
la quasi fin de croissance [12]. Martinez, et al. ont
montré en 1999 qu’il y avait une plus grande régé-
nération osseuse de l’épaisseur symphysaire chez les
patients avant l’âge de 15 ans que chez les patients ne
présentant plus de croissance [7]. Plus récemment,
Frapier, et al. [4, 5] ont suggéré qu’une génioplas-
tie réalisée tôt améliorait non seulement la ventila-
tion par le rétablissement d’une fonction labiale cor-
recte, mais également la direction de croissance man-
dibulaire. Cependant, ces assertions étant basées sur
des groupes d’étude petits et peu homogènes, il n’est
pas possible de conclure sur une généralisation de
ces effets bénéfiques pour tous les patients opérés
jeunes.
Une génioplastie seule requiert une anesthésie gé-
nérale mais peut être effectuée en ambulatoire soit à
l’hôpital soit en clinique privée. Aux États-Unis, cette
intervention est souvent couplée à d’autres ostéo-
tomies car les assurances médicales ne prendraient
pas en charge le coût d’une seule procédure. Au
Canada, ce n’est pas le cas ; la couverture de cette
intervention, même effectuée seule, est assurée.
Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 177
Cliniqueetvaria
Tableau 1
Caractéristiques des patients.
Référenciel
Âge à
/1-APg (◦
) ADH (mm) FMA (◦
)
T1 (années)
Groupes N Moyenne D-S Intervalle
%
Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S
femme
Groupe 1
28 14,00 0,67 12,62 à 14,95 32 3,01 1,49 0,4 à 5,3 44,88 2,67 37,1 à 50,7 34,06 4,14
(< 15 ans)
Groupe 2
16 16,65 1,05 16,16 à 18,61 44 3,67 1,74 −1,2 à 6,5 45,92 3,27 40,1 à 51,1 32,46 3,39
(15−19 ans)
Groupe 3
10 28,65 4,96 22,35 à 36,16 40 2,73 1,90 −0,3 à 5,6 48,00 4,76 36,9 à 53,1 34,74 6,35
(> 19 ans)
Groupe 4
23 14,31 1,41 11,46 à 16,44 39 3,18 1,56 1,0 à 5,8 43,90 2,39 39,5 à 49,6 31,97 4,25
(contrôles)
n.s = non significatif.
Le but de cette étude est de déterminer l’âge op-
timal pour effectuer une génioplastie fonctionnelle
en évaluant (1) la configuration du remodelage os-
seux au niveau du menton après génioplastie fonc-
tionnelle et (2) la stabilité postopératoire chez les
patients en phase pubertaire et chez les patients ne
présentant plus de croissance résiduelle.
2. Matériels et méthodes
2.1. Échantillonnage
Tous les participants de cette étude ont été traités
en cabinet par le premier auteur (SC) de cet article.
Les patients ayant bénéficié de l’intervention chirur-
gicale ont été contrôlés par téléradiographie de profil
et études céphalométriques à trois moments précis :
juste avant l’intervention (T1), juste après l’interven-
tion (T2) et deux ans après l’intervention (T3).
L’échantillon initial est constitué de 59 patients
ayant bénéficié de l’intervention entre juin 1992 et
décembre 2012. Cinq patients ont été exclus de
l’étude parce que certaines de leurs radiographies
étaient absentes de leur dossier. Au final, 54 patients
ont participé à cette étude.
Ce groupe a été subdivisé en trois en fonction de
la tranche d’âge (Tab. 1) :
– moins de 15 ans (groupe 1, n = 28),
– 15 à 19 ans (groupe 2, n = 16),
– 19 ans ou plus (groupe 3, n = 10).
C’est l’âge chronologique qui a servi de référence
car plus aisé à utiliser que l’âge squelettique (au ni-
veau vertébral) [9]. L’âge de 15 ans est la limite éta-
blie par la seule étude précédant la nôtre concernant
l’impact de l’âge sur le remodelage symphysaire
après génioplastie [7].
Il est difficile de déterminer le nombre exact de
patients à qui nous avons proposé une génioplas-
tie et qui l’ont refusé, mais nous avons pu recenser
un groupe de 23 patients n’ayant pas accepté la gé-
nioplastie mais qui ont bénéficié d’un suivi radiogra-
phique deux années après la fin de leur traitement.
Ce groupe contrôle (groupe 4) a fait l’objet d’études
céphalométriques à seulement deux moments pré-
cis : à la fin du traitement orthodontique et deux an-
nées après la fin du traitement. Ce groupe est tout
à fait comparable en termes d’âge, de pourcentage
de rapport filles/garçons, de position du menton sur
le plan vertical et antéropostérieur, d’épaisseur sym-
physaire, au groupe d’étude le plus jeune (groupe 1).
Cinq patients du groupe contrôle ont finalement
accepté l’intervention deux années après l’achève-
ment de leur traitement, une fois les documents de
suivi post-thérapeutiques réalisés.
2.2. Protocole chirurgical
Les interventions ont toutes été réalisées par le
même chirurgien maxillo-facial, en suivant précisé-
ment le protocole de Precious, et al. [15] sous anes-
thésie générale à l’hôpital l’Enfant-Jésus, au Québec.
Le menton est déplacé vers l’avant et vers le haut.
Pour 49 des 54 patients, l’ostéosynthèse est réali-
sée par au moins trois enroulements trans-osseux de
fils d’acier double diamètre 28. Les cinq autres pa-
tients ont bénéficié d’une ostéosynthèse par vis. Ni
les fils, ni les vis d’ostéosynthèse n’ont été déposés
après l’intervention.
178 Orthod Fr 2016;87:175–188
Cliniqueetvaria
Figure 1
Points céphalométriques et mesures dimensionnelles.
L’épaisseur de la symphyse est mesurée entre ses bords
antérieur et postérieur ; 4 mm en dessous des apex des
incisives mandibulaires (ACP-PCP). La hauteur du men-
ton est mesurée par la distance perpendiculaire au plan
mandibulaire depuis le bord incisif de l’incisive mandibulaire
(ADH). Le remodelage de la zone située au-dessus du
menton repositionné est évalué par les variations du point
B et par l’augmentation de l’épaisseur de la symphyse ; le
remodelage de la zone du rebord inférieur est calculé par le
changement de la profondeur de l’encoche à la limite pos-
térieure de la coupe d’ostéotomie, en mesurant la distance
perpendiculaire à partir de PGP au plan mandibulaire (MP).
2.3. Analyses céphalométriques
Pour les patients sélectionnés pour cette étude
avant le milieu de l’année 2008, les téléradiographies
de profil ont été réalisées sur un appareil Orthophos
Ceph (Siemens, Beinsheim, Allemagne); pour ceux
sélectionnés après cette date, les téléradiographies de
profil sont effectuées sur un appareil OP100 (Instru-
mentarium, Tuusula, Finlande). Tous les tracés sont
exécutés par le même opérateur (SC), grâce à Quick
Ceph Studio (Quick Ceph Systems, San Diego, CA).
L’agrandissement a été calibré aussi bien pour les
anciennes radiographies que pour celles réalisées en
numérique plus récemment. Un système de coor-
données x-y est construit au travers du point S (selle
turcique). L’axe des abscisses x est tracé selon un
angle de 7◦ par rapport à la ligne S-Na (Nasion), et
l’axe des ordonnées est tracé perpendiculairement à
l’axe x en passant par S (Fig. 1).
L’indication de génioplastie est posée pour tous
les patients en fonction de l’évaluation de la pro-
éminence et de la position verticale du menton
cutané par rapport aux lèvres et à l’étage moyen
de la face. Les données céphalométriques de pré-
traitement sont notées dans le tableau 1 :
– position du menton dans le sens antéropostérieur
par rapport à la position de l’incisive mandibu-
laire,
– hauteur du menton calculée entre le bord
incisif (i),
– et la perpendiculaire au plan mandibulaire pas-
sant par Gonion (Go) et Menton (Me), ADH.
Pour évaluer la position du menton après
chirurgie, nous avons relevé quatre mesures (Fig. 1) :
– l’épaisseur de la symphyse,
– la hauteur du menton par rapport au bord de l’in-
cisive mandibulaire,
– la quantité de remodelage au-dessus du menton,
– la quantité de remodelage en arrière du menton.
2.4. Analyses statistiques
La répartition de l’échantillonnage après évalua-
tion est jugée suffisamment proche de la norme
pour utiliser la moyenne, l’amplitude et l’écart-type
comme pour les statistiques descriptives. Les trois
groupes d’âge (groupe 1, 2, 3) qui ont bénéficié de
la génioplastie sont comparés entre eux ; le groupe
de patients les plus jeunes (groupe 1) est comparé
à un groupe contrôle du même âge avec les mêmes
caractéristiques.
Pour ces deux types de comparaison, les varia-
tions entre deux points de référence dans le temps
font l’objet d’une analyse multivariable de cova-
riance (ANCOVA), pour laquelle l’effet du genre est
examiné comme une covariable. Même si le genre
ne génère pas de différences, nous avons conservé
cette covariable pour moduler nos conclusions en
fonction du sexe masculin ou féminin.
Des T-Tests ont permis d’évaluer la possibilité que
les données, pour chaque point de référence dans
le temps, soient différentes de zéro. Ces comparai-
sons par paire, avec les réajustements de Bonferroni
en fonction de comparaisons multiples, ont permis
d’étudier les différences entre groupes. Contraire-
ment aux ajustements de Tukey, ceux de Bonferroni
n’ont pas besoin d’inclure une correction du fait
Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 179
Cliniqueetvaria
Figure 2
Les changements de la face avant (ligne supérieure) et après génioplastie fonctionnelle pour un patient type (ligne inférieure). On
note une amélioration des proportions de la face, l’amélioration de la compétence labiale au repos et l’amélioration de l’exposition
des incisives au sourire. Le déplacement du menton remonte également la lèvre inférieure et diminue de ce fait l’exposition des
incisives mandibulaires.
Tableau 2
Changements au moment de l’intervention (unité : mm).
Groupes N
Quantité d’avancement Quantité de réduction Variations
du menton T1-T2 de hauteur du menton T1-T2 de /1-APg T1-T2
Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S Intervalle
Groupe 1
28 6,45 2,2 2,6 à 10,6 2,93 2,5 −2,1 à 7,4 −1,61 1,08 −2,9 à 2,6
(< 15 ans)
Groupe 2
16 5,88 1,77 1,5 à 9,2 3,53 2,77 −0,5 à 8,2 −2,04 0,70 −3,1 à −0,4
(15−19 ans)
Groupe 3
10 5,25 2,79 1,4 à 10,7 3,83 1,88 0 à 7,3 −1,64 0,85 −2,8 à −0,5
(> 19 ans)
des différences de taille des divers groupes. Le ni-
veau de signification est établi à P < 0,05. Toutes
ces analyses statistiques ont été effectuées IBM SPSS
Statistics (version 21).
Afin d’évaluer une erreur de méthodologie,
quinze céphalogrammes sont numérisés une se-
conde fois. Il est alors prouvé par un test de
variance ANOVA qu’il n’y a pas de différence si-
gnificative entre le premier tracé et le second. Le
coefficient de reproductibilité pour toutes les va-
riables est de 0,9997. Le coefficient de reproductibi-
lité pour l’épaisseur de la symphyse et le remodelage
du rebord mandibulaire (PGP) est de 0,9231. L’ana-
lyse d’erreur de méthodologie est effectuée avec le
SAS 9.4 (SAS Institute Inc.).
3. Résultats
3.1. Changements obtenus au moment
de l’intervention (T1-T2)
Les changements liés à cette intervention de gé-
nioplastie fonctionnelle classique sont répertoriés
dans la figure 2 et les données dans le tableau 2.
Les déplacements sont quantitativement quasi simi-
laires, aussi bien sur le plan antéropostérieur que
180 Orthod Fr 2016;87:175–188
Cliniqueetvaria
Tableau 3
Épaisseur symphysaire à chaque stade (unité : mm).
Groupes n
T1 T2 T3 T2-T3 T1-T3
Moyenne D-S Moyenne D-S Moyenne D-S Moyenne D-S Moyenne D-S
Gr 1 (< 15 ans) 28 8,39 1,62 8,50 1,57 11,73 2,86 3,24 2,68 3,44 2,51
Gr 2 (15−19 ans) 16 8,14 1,78 8,29 1,84 10,35 2,58 2,06 1,24 2,15 1,88
Gr 3 (> 19 ans) 9 8,13 2,37 8,07 2,48 9,18 2,21 1,11 1,02 1,04 1,16
Gr 4 (contrôles) 23 8,84 2,20 8,46 2,25 −0,44 0,67
Figure 3
Pourcentages de patients avec plus de 2 mm et plus de 4 mm
de changements d’épaisseur symphysaire après génioplas-
tie. Notez les différences entre les groupes d’âge parmi les
patients ayant bénéficié d’une génioplastie, et le contraste
avec les patients du groupe contrôle.
vertical pour les trois tranches d’âge. Ces altéra-
tions thérapeutiques sont statistiquement hautement
significatives (< 0,0001 pour les deux).
3.2. Changements obtenus entre l’intervention
et le rendez-vous de suivi (T2-T3)
3.2.1. Au niveau de l’épaisseur de la symphyse
L’épaisseur de la symphyse s’est considérablement
accrue pour les trois groupes chirurgicaux; elle s’est
réduite d’une façon mineure mais significative pour
les groupes contrôle (Tab. 3, Fig. 3).
Les comparaisons par paire entre les groupes 1
et 3 (réalisées de façon à contrôler les différences de
nombre de sujets entre ces deux groupes) montre
une différence significative d’épaisseur symphysaire
(p = 0, 004). Or, comme cela arrive souvent, lors-
qu’il existe une grande variabilité dans les résultats
thérapeutiques, c’est par l’analyse des données du
pourcentage de patients pour lesquels les modifi-
cations sont les plus notoires que l’on peut mieux
comprendre ce qu’il se produit [1,18].
La figure 3 montre que 39 % des patients les
plus jeunes (groupe 1) affichent 2 à 4 mm d’accrois-
sement d’épaisseur symphysaire dans les deux an-
nées qui suivent la chirurgie et 28 % plus de 4 mm.
Ainsi, les deux tiers des patients les plus jeunes pré-
sentent plus de 2 mm d’accroissement d’épaisseur
symphysaire.
Le nombre de patients dont les modifications
sont supérieures à 2 mm est plus faible dans le
groupe 2 ; malgré tout, deux des patients de ce
groupe, soit 7 %, présentent plus de 4 mm de
changement.
Aucun patient du groupe le plus âgé (groupe 3)
n’affiche de changement supérieur à 4 mm, et
seulement deux patients (soit 20 %) montrent un
changement supérieur à 2 mm.
Contrairement aux groupes ayant bénéficié d’une
génioplastie, aucun patient du groupe contrôle ne
démontre de changement d’épaisseur symphysaire
entre les temps T2 et T3 ; par contre, sept d’entre
eux (soit 30 %) montrent une diminution d’1 mm
ou plus.
3.2.2. Au niveau des repères et des rapports
dimensionnels
Les données concernant les variations de position
des points B, Pg et Me sont retranscrites dans les ta-
bleaux 4 et 5, et les variations de Pg et Me sont re-
transcrites graphiquement dans les figures 4 et 5. Il
est important de comprendre que ces changements
sont liés à la combinaison des effets de la croissance
mandibulaire et du remodelage cortical au niveau, et
à proximité du menton.
Les altérations de croissance dans le sens horizon-
tal au niveau du point Pg après génioplastie pour le
groupe 1 (T2-T3) sont moins importantes qu’au ni-
veau du groupe contrôle, mais la différence n’est pas
statistiquement significative.
Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 181
Cliniqueetvaria
Tableau 4
Changements horizontaux sur l’axe des coordonnées.
Groupe n
T2-T3 (post-chirurgie T1-T3 (préchirurgie
à deux ans) à deux ans)
Moyenne DS
Pertinence
Moyenne DS
Pertinence
Intragroupe Intragroupe
Modifications
horizontales
Δ point B
Gr 1 (< 15 ans) 28 3,72 2,89 < 0,001 4,21 3,47 < 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 2,13 1,92 < 0,001 2,33 1,65 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 1,90 1,42 0,004 1,68 1,74 0,020
Gr 4 (contrôles) 23 2,47 2,57 < 0,001 2,47 2,57 < 0,001
Δ BPg à MP
Gr 1 (< 15 ans) 28 1,06 1,33 < 0,001 −1,35 1,39 < 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 0,85 1,14 0,009 −1,59 2,40 0,018
Gr 3 (> 19 ans) 9 0,69 1,00 n.s −0,78 1,70 n.s
Gr 4 (contrôles) 23 −0,36 0,58 0,007 −0,36 0,58 0,007
Δ Pg
Gr 1 (< 15 ans) 28 1,17 2,89 0,04 7,57 3,90 < 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,21 1,42 n.s 6,13 1,99 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 0,48 2,06 n.s 5,70 2,75 < 0,001
Gr 4 (contrôles) 23 2,67 2,85 0,005 2,67 2,85 0,005
Δ Épaisseur
Gr 1 (< 15 ans) 28 3,24 2,68 < 0,001 3,44 2,51 < 0,001
symphysaire
Gr 2 (15−19 ans) 16 2,06 1,24 < 0,001 2,15 1,88 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 1,11 1,02 0,011 1,04 1,16 0,027
Gr 4 (contrôles) 23 −0,44 0,67 0,004 −0,44 0,67 0,004
Δ Me
Gr 1 (< 15 ans) 28 0,78 2,78 n.s 7,68 3,81 < 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 0,00 1,71 n.s 6,79 2,27 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 0,68 1,69 n.s 6,42 3,38 < 0,001
Gr 4 (contrôles) 23 2,38 2,82 < 0,001 2,38 2,82 < 0,001
Δ Pg par rapport
Gr 1 (< 15 ans) 28 −0,48 2,54 n.s 5,60 3,31 < 0,001
à N perpendiculaire à FH
Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,86 1,25 0,015 5,32 1,70 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 −0,24 2,25 n.s 4,93 3,14 0,002
Gr 4 (contrôles) 23 0,77 2,07 n.s 0,77 2,07 n.s
Rapports sagittaux
Δ ABOP rapports
Gr 1 (< 15 ans) 28 −0,69 1,57 0,028 −1,31 1,75 < 0,001
occlusaux
Gr 2 (15−19 ans) 19 −1,44 2,09 0,015 −1,19 1,47 0,005
Gr 3 (> 19 ans) 9 −1,17 1,46 0,043 −1,79 1,67 0,012
Gr 4 (contrôles) 23 −0,37 1,64 n.s 0,37 1,64 n.s
Δ/1-AP
Gr 1 (< 15 ans) 28 0,80 0,85 < 0,001 −0,87 1,01 < 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,03 0,73 n.s −2,18 0,53 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 0,38 0,65 n.s −1,39 0,69 < 0,001
Gr 4 (contrôles) 23 0,43 0,91 0,033 0,43 0,91 0,033
n.s = non significatif.
Pour le groupe 1, on note plus de changements
de croissance dans le sens horizontal au niveau de
Pg alors que pour les groupes 2 et 3, il n’y a pas de
modification significative (Fig. 4).
Les variations de croissance dans le sens vertical
au niveau de Me après la chirurgie sont similaires
à ceux du groupe contrôle ; ces modifications sont
significatives pour les groupes 1, 2 et pour le groupe
contrôle (Fig. 5).
La figure 6 montre, dans la dimension verti-
cale, les types de changements obtenus après génio-
plastie au niveau dento-alvéolaire. Tous ces change-
ments sont statistiquement différents de zéro pour
chacun des groupes ; pour le groupe 1, les chan-
gements T2-T3 sont significativement différents de
ceux des groupes 2, 3 et 4. Il est important de com-
prendre que ces altérations du sens vertical au point
Me sont contrebalancées par une croissance verticale
182 Orthod Fr 2016;87:175–188
Cliniqueetvaria
Tableau 5
Changements verticaux sur l’axe des coordonnées.
T2-T3 (post-chir. à 2 ans) T1-T3 (préchir. à 2 ans)
Groupes n Moyenne DS
Pertinence
Moyenne DS
Pertinence
intragroupe intragroupe
Changements verticaux
Δ point B
Gr 1 (< 15 ans) 28 −1,75 2,49 0,001 −1,93 2,73 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,53 3,70 n.s −0,67 3,50 n.s
Gr 3 (> 19 ans) 9 −0,09 2,90 n.s −0,02 2,47 n.s
Gr 4 (contrôles) 23 −2,89 3,65 0,001 −2,89 3,65 0,001
Δ Pg
Gr 1 (< 15 ans) 28 −4,10 3,36 < 0,001 −1,75 3,59 0,016
Gr 2 (15−19 ans) 16 −2,71 2,32 < 0,001 0,01 2,69 n.s
Gr 3 (> 19 ans) 9 −1,04 2,52 n.s 1,86 3,12 n.s
Gr 4 (contrôles) 23 −3,69 4,08 < 0,001 −3,69 4,08 < 0,001
Δ Me
Gr 1 (< 15 ans) 28 −5,01 3,09 < 0,001 −2,14 3,30 0,002
Gr 2 (15−19 ans) 16 −2,57 2,43 0,001 0,90 3,69 n.s
Gr 3 (> 19 ans) 9 −1,26 2,35 n.s 2,60 2,83 0,025
Gr 4 (contrôles) 23 −4,46 4,61 < 0,001 −4,46 4,61 < 0,001
Δ FMA
Gr 1 (< 15 ans) 28 0,40 1,61 n.s −5,89 2,50 < 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 0,86 0,90 0,002 −5,48 2,25 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 0,39 1,28 n.s −6,14 2,07 < 0,001
Gr 4 (contrôles) 23 −0,72 1,62 0,044 −0,72 1,62 0,044
Δ ADH (anterior dental
Gr 1 (< 15 ans) 28 3,11 1,93 < 0,001 −2,78 1,98 < 0,001
height ou hauteur
Gr 2 (15−19 ans) 16 1,20 1,13 0,001 −4,86 2,39 < 0,001
dentaire antérieure)
Gr 3 (> 19 ans) 9 0,74 0,89 0,036 −5,29 1,92 < 0,001
Gr 4 (contrôles) 23 1,84 1,86 < 0,001 1,84 1,86 < 0,001
Δ PGP à MP
Gr 1 (< 15 ans) 28 1,17 1,29 < 0,001 −2,84 1,88 < 0,001
Gr 2 (15−19 ans) 16 0,62 0,88 0,013 −3,26 1,75 < 0,001
Gr 3 (> 19 ans) 9 0,30 1,00 n.s −3,79 1,27 0,025
Gr 4 (contrôles) 23 0,14 0,61 n.s 0,14 0,61 n.s
n.s = non significatif.
Figure 4
Changement horizontal au niveau du point Pg. Les pa-
tients les plus jeunes du groupe contrôle ou ayant bénéficié
d’une génioplastie montrent une croissance significative vers
l’avant au point Pg ; les changements au point Pg pour les
groupes 2 et 3 ne sont pas significatifs. La croissance n’est
pas statistiquement différente pour les patients du groupe 1
comparés à ceux du groupe contrôle. Donc, il n’y a aucune
preuve que la croissance mandibulaire soit freinée chez les
jeunes patients traités par génioplastie.
postérieure de la face : pas de différences significa-
tives au niveau de l’angle du plan mandibulaire.
Les comparaisons par paire sont retranscrites
dans le tableau 6. Ceci démontre à quel point la
quantité de remodelage est différente au niveau du
groupe 1 par rapport à celle des groupes 2 et 3.
Trois variables sont fortement corrélées aux chan-
gements post-chirurgicaux de l’épaisseur symphy-
saire : la quantité d’avancement du menton, la quan-
tité de croissance verticale alvéolodentaire, et l’âge
au moment de l’intervention. La valeur R de ces
trois variables réunies est de 0,47 (r2 = 0,22) et
leur influence significative au niveau P < 0,05
(p = 0,03). Quand les variables prédictives sont
classées selon le coefficient standardisé beta, les
résultats montrent clairement que plus l’interven-
tion est réalisée tôt, plus l’on observe de crois-
sance dentoalvéolaire avec l’évolution des incisives,
plus la symphyse s’épaissit par apposition osseuse.
Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 183
Cliniqueetvaria
Figure 5
L’altération de croissance verticale au point Me après la chi-
rurgie (T2-T3) est importante pour les groupes 1 et 2 ; elle
est similaire à celle du groupe contrôle, ce qui démontre que
la croissance verticale au point Me n’est pas affectée par la
génioplastie.
La quantité d’avancement du segment mentonnier
n’est pas un facteur déterminant.
3.2.3. Changements par remodelage
Le remodelage symphysaire après génioplastie se
fait par apposition au dessus du segment osseux
mentonnier déplacé avec des modifications allant
jusqu’au point B, et même au-delà ; au niveau éga-
lement du vide créé par l’avancée au niveau du re-
bord inférieur mandibulaire (Figs. 7 et 8). La fi-
gure 8 illustre le type de remodelage que l’on obtient
typiquement chez les jeunes patients.
Les analyses statistiques montrent un comble-
ment significatif du vide au niveau du bord infé-
rieur mandibulaire pour les groupes 1 et 2, mais au-
cun changement significatif pour le groupe adulte
(Fig. 7, Tab. 5), et aucun comblement non plus au
niveau du rebord inférieur pour le groupe contrôle.
Le classement des variables prédictives confirme que
plus la croissance dentoalvéolaire post-chirurgicale
Figure 6
Modifications dans la dimension verticale des procès dentoal-
véolaires. Tous les changements sont statistiquement signifi-
catifs pour chaque groupe. Notez que la différence moyenne
de 6 mm générée par la génioplastie entre les jeunes patients
et ceux du groupe contrôle est stable deux années après
l’intervention.
est forte, plus le remodelage est étendu pour les deux
zones ; cependant, ni la quantité d’avancement, ni
l’âge lors de la chirurgie ne sont des variables prédic-
tives. Ainsi l’âge lors de l’intervention, qui affecte la
quantité de croissance dentoalvéolaire au niveau in-
cisif, est réellement le facteur déterminant en termes
de quantité d’apposition osseuse et de remodelage,
quantité plus importante chez les moins de 15 ans,
moindre chez les vieux adolescents, et encore plus
faible chez les adultes.
3.2.4. Stabilité des résultats
Il est important de comprendre que les altéra-
tions post-chirurgicales sont liées à la combinaison
des effets de la croissance mandibulaire et du remo-
delage cortical au niveau et à proximité du menton.
Pour les patients les plus jeunes, la meilleure éva-
luation se fait par comparaison du groupe 1 avec le
groupe contrôle. La moyenne des variations antéro-
postérieures au point Pg après génioplastie (T2-T3)
du groupe 1 est légèrement moindre que celle du
groupe contrôle (c’est-à-dire que le point Pg pour les
patients ayant bénéficié d’une génioplastie reste plus
184 Orthod Fr 2016;87:175–188
Cliniqueetvaria
Tableau 6
Comparaison par paires entre les différents groupes.
T2-T3 T1-T3
Gr 1-Gr 4 Gr 1-Gr 2 Gr 1-Gr 3 Gr 2-Gr 3 Gr 1-Gr 4 Gr 1-Gr 2 Gr 1-Gr 3 Gr 2-Gr 3
Changements horizontaux
Δ point B n.s n.s 0,012 n.s n.s n.s n.s n.s
Δ BPg à MP < 0,001 n.s n.s n.s 0,002 n.s n.s n.s
Δ Pg 0,069 n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s
Δ Épaisseur symphysaire < 0,001 n.s 0,004 n.s < 0,001 n.s 0,002 n.s
Δ Me 0,049 n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s
Δ Pg par rapport à N
perpendiculaire à FH n.s n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s
Changements verticaux
Δ point B n.s n.s n.s n.s n.s n.s n.s n.s
Δ P n.s n.s 0,00 n.s n.s n.s 0,01 n.s
Δ Me n.s 0,022 0,003 n.s n.s n.s 0,013 n.s
Δ FMA 0,017 n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s
Δ ADH (anterior dental height) 0,021 < 0,001 < 0,001 n.s < 0,001 0,013 0,003 n.s
Δ PGP à M < 0,001 n.s 0,156 n.s < 0,001 n.s n.s n.s
Rapports sagittaux
Δ ABOP rapports occlusaux 0,028 n.s n.s n.s 0,001 n.s n.s n.s
Δ/1-AP n.s 0,004 n.s n.s < 0,001 < 0,001 n.s 0,012
n.s = non significatif.
stable), mais cette différence est mineure et non sta-
tistiquement déterminante (Fig. 4). Les changements
au point Me après la chirurgie sont également iden-
tiques à ceux du groupe contrôle (Fig. 5). Ainsi, dans
cette étude, les données montrent que la croissance
vers l’avant et vers le bas du menton n’est pas af-
fectée de façon significative par la génioplastie, que
les changements liés à l’intervention restent stables
même chez les patients en croissance.
4. Discussion
1. Cette étude montre clairement qu’à la fois l’éten-
due du remodelage osseux autour du segment
osseux repositionné par génioplastie et la quan-
tité d’os nouvellement apposé sont plus impor-
tantes chez les patients en cours de phase puber-
taire que chez ceux en fin d’adolescence, voire
encore moindre chez les adultes. Ces résultats
confirment ceux rapportés par Martinez [7], et
ceux d’autres études [6, 10, 12, 13, 15, 21] qui
montrent que :
– l’on observe une meilleure cicatrisation avant
l’âge de 15 ans,
– le remodelage après la génioplastie s’effectue
au niveau du bord inférieur du segment proxi-
mal à la frontière entre le point distal du trait
d’ostéotomie et le point distal du segment
avancé.
Les groupes 1 et 2 démontrent une réduction
statistiquement significative de cette encoche (de
respectivement 1, 2 ± 1, 3 mm et 0, 6 ± 0, 9 mm)
alors que, chez le groupe adulte, cette dernière
ne se réduit que de façon modeste, voire non
significative (0, 3 ± 1, 0 mm).
2. On peut noter dans cette étude, chez le groupe
contrôle, une résorption légère mais significative
au niveau du point B (0, 4 ± 0, 6 mm), ce qui est
cohérent, à l’adolescence, avec la direction habi-
tuelle de la croissance au niveau du menton.
3. Après génioplastie, comme Park, et al. [10],
Shaughnessy, et al. [19] et Precious, et al. [15,16],
on peut noter une apposition osseuse au niveau
du point B similaire pour les trois groupes d’âge
(0,7 à 1,0 mm). Les épines osseuses au-dessus
du menton repositionné se sont arrondies et les
rebords irréguliers se sont adoucis. Shaughnessy,
et al. [19] ont suggéré que cette amélioration des
contours était liée à une greffe autogène d’os issu
Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 185
Cliniqueetvaria
Figure 7
Remodelage au bord inférieur de la mandibule. L’encoche
du segment proximal entre la limite distale du trait d’ostéo-
tomie et la limite distale du segment déplacé est considé-
rablement réduite pour les groupes 1 et 2 (1,2 ± 1,3 mm
et 0,6 ± 0,9 mm respectivement), tandis que le groupe des
adultes ne présente qu’une modeste réduction non significa-
tive de 0,3 ± 1,0 mm. Le résultat net au T3 montre une dimi-
nution significative de la profondeur de cette encoche lorsque
l’on compare le groupe 1 aux adultes (p = 0,018).
de la crête iliaque. Dans notre étude, aucun pa-
tient n’a bénéficié de greffe ; malgré tout, on peut
noter, chez tous les patients, une apposition signi-
ficative au niveau du point B. L’indication d’une
telle greffe est discutable lorsque l’on sait à quel
point la chirurgie au niveau du site donneur de la
crête iliaque est invasive.
4. Est-ce que l’on aurait obtenu des résultats diffé-
rents si l’on avait séparé les trois groupes d’âge
en fonction de l’âge squelettique et non de l’âge
chronologique ?
Il aurait été effectivement aisé de déterminer l’âge
chronologique sans radiation supplémentaire en
examinant le degré de maturation des vertèbres
cervicales. Un récent rapport sur les méthodes
destinées à déterminer le moment du pic de crois-
sance à l’adolescence conclu cependant que le re-
cours à l’âge chronologique est plus fiable [9]. Il
est possible que, parmi les adolescents du groupe
de moins de 15 ans, certaines jeunes filles soient
sur la fin de leur croissance pubertaire et que,
dans le groupe 15−19, certains jeunes hommes
soient tout juste pubères. Ces disparités auraient
eu tendance à minimiser et non à augmenter la
différence des effets de la génioplastie entre les
deux groupes.
5. Le remodelage de l’os vestibulaire au dessus
du site d’ostéotomie est un facteur important à
prendre en considération, car chez les patients
présentant une déficience du menton, les inci-
sives mandibulaires ont tendance à être vestibu-
loversées même en l’absence de traitement. Cette
vestibuloversion s’accentue avec le nivellement
de l’arcade mandibulaire, surtout lorsqu’il y a
encombrement, mais également avec le recours
aux tractions intermaxillaires pour la correction
de la classe II. Ceci peut générer des fenestra-
tions osseuses et des déhiscences gingivales. On
note dans cette étude, après génioplastie, un ac-
croissement de l’os en vestibulaire des incisives à
un niveau d’autant plus incisal que les patients
sont plus jeunes. Ceci peut être attribué à une
éruption des dents qui se produit après la gé-
nioplastie, phénomène d’autant plus important
que la dimension verticale de la face s’accentue
notamment dans le groupe des patients jeunes.
6. Nous avons pu également observer une apposi-
tion osseuse sur la face linguale du segment re-
positionné, face à la zone la plus proéminente
du menton. Cette augmentation d’épaisseur de
la symphyse persiste dans les deux années après
traitement. La symphyse est une zone fortement
sollicitée fonctionnellement.
7. L’accroissement de solidité de la symphyse obtenu
par la génioplastie est-il stable à long-terme ?
Nous n’avons pas de données sur ce sujet. En re-
vanche, rien n’indique qu’une génioplastie réa-
lisée avant la fin de la croissance mandibulaire
n’affaiblisse le menton.
8. Le repositionnement du menton a-t-il un effet
néfaste sur la croissance mandibulaire ?
Cette préoccupation valable est l’une des princi-
pales raisons invoquée pour retarder l’interven-
tion jusqu’à ce que la croissance soit quasi ache-
vée. La comparaison du groupe de jeunes patients
ayant bénéficié d’une génioplastie avec ceux du
groupe contrôle de patients du même âge pré-
sentant une déficience mandibulaire mais n’ayant
pas accepté de génioplastie permet d’examiner
186 Orthod Fr 2016;87:175–188
Cliniqueetvaria
Figure 8
Type classique de remodelage osseux chez les patients jeunes visible par superposition des tracés céphalométriques. Du fait
de la croissance, on observe un remodelage osseux au-dessus du segment de menton repositionné et une diminution de la
profondeur de l’encoche au niveau du bord inférieur mandibulaire. Ces changements sont plus importants chez les patients les
plus jeunes.
la croissance mandibulaire d’individus opérés ou
non, ayant une morphologie mandibulaire simi-
laire. La croissance au niveau du menton est en
grande partie liée à la croissance de la mandi-
bule. Le menton devient plus proéminent avec
la croissance non par apposition dans la zone
Pogonion, mais par résorption au-dessus de la
zone Pogonion qui s’étend vers le haut jusqu’au
point B [6].
Si l’on compare un individu en croissance présen-
tant une indication de génioplastie vers l’avant et
vers le haut, avec un individu de groupe contrôle,
on observe chez ce dernier la persistance d’une
incompétence labiale, d’une convexité faciale ; on
note également une résorption osseuse qui se pro-
duit au point B, une épaisseur de la symphyse
qui a tendance à diminuer. L’existence ou non
de changements chez un patient type du groupe
contrôle est illustrée en figure 9.
Bien que nos données ne donnent aucune preuve
pour étayer un effet négatif lié à une ostéoto-
mie de bord inférieur sur la croissance mandi-
bulaire, que l’intervention soit réalisée en début
d’adolescence ou plus tard, nous avons planifié
Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 187
Cliniqueetvaria
Figure 9
Modifications de la face chez un patient témoin type non traité, âgé de 15 ans 10 mois à la fin du traitement orthodontique et de
17 ans 9 mois au rendez-vous de suivi. Notez que la contraction du muscle de la houppe du menton, la tension de la lèvre et la
rétrogénie ne s’améliorent pas avec le temps.
de suivre les patients plus jeunes jusqu’à la fin de
la croissance normale pour être sûr qu’il n’y ait
pas d’effets résiduels autres que ceux anticipés.
L’angle de plan mandibulaire diminue légèrement
pendant la croissance normale de l’adolescent, et
cela concorde avec ce que nous avons pu observer
dans les deux groupes de patients les plus jeunes,
ceux ayant bénéficié d’une génioplastie et ceux du
groupe contrôle.
Il peut être techniquement difficile de ne pas al-
térer les dents permanentes qui n’ont pas achevé
leur éruption au cours d’une ostéotomie de bord
inférieur chez l’enfant, c’est pourquoi il nous
semble contre-indiqué de réaliser une génioplas-
tie trop précocement. L’éruption des canines man-
dibulaires se produit généralement autour de
12−13 ans, ce qui rend dès lors la génioplastie
réalisable pour la plupart des individus.
9. La plupart des précédentes études concernant
la stabilité post-chirurgicale après génioplas-
tie montrent qu’il s’agit de la plus stable des
procédures de la chirurgie orthognathique et
qu’il n’est quasiment jamais observé de récidive
notable [2,3,19]. Tulasne [21], en utilisant une
procédure chirurgicale différente de celle décrite
dans cette étude, a rapporté plus de récidive (mo-
difications de 40 % environ) chez les jeunes pa-
tients. Martinez, et al. [7] ont également noté un
taux plus important de récidive pour leur plus
jeune groupe (modifications de 16 % environ),
mais ces évolutions n’étaient ni cliniquement ni
statistiquement significatives. Nos résultats ne
confirment pas de récidive plus grande au ni-
veau du point Pg pour les patients les plus jeunes.
Comme pour la quasi-totalité de nos patients
(91 %), l’ostéosynthèse est réalisée en fil d’acier
double diamètre, une ostéosynthèse par vis plus
coûteuse ne garantit pas forcément une meilleure
stabilité pour ce type de génioplastie [16].
5. Conclusions
– Les avantages d’une génioplastie via une ostéo-
tomie du rebord inférieur de la mandibule dé-
plaçant le menton vers l’avant et vers le haut
(dite génioplastie fonctionnelle) sont multiples :
accroissement de l’épaisseur de la symphyse,
apposition osseuse au point B et remodelage du
188 Orthod Fr 2016;87:175–188
Cliniqueetvaria
rebord inférieur mandibulaire. Les résultats sont
meilleurs en termes d’apposition et de remode-
lage chez les plus jeunes comparés à ceux obte-
nus chez les adultes.
– Lorsque l’indication de génioplastie fonction-
nelle est posée, la correction chirurgicale précoce
(avant 15 ans) produit de meilleurs résultats en
termes de remodelage osseux. Ceci est princi-
palement lié à une plus grande croissance verti-
cale des procès dento-alvéolaires chez les patients
plus jeunes.
– Il n’y a pas de différence de stabilité post-
chirurgicale après génioplastie, que ce soit chez
les patients jeunes ou plus âgés.
Remerciements
Nous remercions Dany Morais pour la qualité
de son geste chirurgical, Warren McCollum pour
avoir réalisé les graphiques et les tableaux, Ramona
Hutton-Howe pour la sélection des photographies à
publier, David Emond, de l’Université Laval, pour
son expertise en statistiques, et les Fonds Orthodon-
tiques de la Fondation Dentaire de Caroline du Nord
pour son soutien financier. L’auteur le plus jeune a
obtenu une bourse de doctorat de la Fondation Des-
jardins, du Fond québécois de recherche sur la so-
ciété, la culture et les sciences sociales et du Conseil
en Recherches sur l’Humanité.
Conflit d’intérêt
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt
concernant les données publiées dans cet article.
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Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance

  • 1. Orthod Fr 2016;87:175–188 c EDP Sciences, SFODF, 2016 DOI: 10.1051/orthodfr/2016020 Disponible en ligne sur : www.orthodfr.org Article traduit Cliniqueetvaria Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance* Sylvain CHAMBERLAND1**, William R. PROFFIT2 , Pier-Eric CHAMBERLAND3 Traduit par Sophie ROZENCWEIG 1 10345 boulevard de l’Ormière, Québec, Qc G2B 3L2, Canada 2 Department of Orthodontics, School of Dentistry, University of North Carolina, Campus Box #7450, Chapel Hill, NC 27599-7450, États-Unis 3 Department of Psychology, Université du Québec à Trois-Rivières, CP 500, Trois-Rivières, Qc G9A 5H7, Canada MOTS CLÉS : Génioplastie / Ostéotomie du bord inférieur du corpus / Fonction labiale / Proportions (équilibre) de la face RÉSUMÉ – Objectifs − Évaluer le rôle de l’âge sur la régénération osseuse par remodelage au niveau de la symphyse après génioplastie. Méthode − Cinquante- quatre patients ayant bénéficié d’une génioplastie à la fin de leur traitement ortho- dontique ont été divisés en trois groupes selon leur âge au moment de l’intervention : moins de 15 ans (groupe 1), 15 à 19 ans (groupe 2) et 20 ans ou plus (groupe 3). Le groupe contrôle est constitué de 23 patients n’ayant pas désiré de génioplastie, sui- vis radiographiquement deux années après la fin de leur traitement. Les patients ont été évalués à trois moments : juste avant l’intervention (T1), juste après l’intervention (T2) et deux ans après l’intervention (T3). Résultats − La quantité d’avancement mentonnier est identique pour les trois groupes, mais la quantité de remodelage os- seux est plus importante pour le groupe 1, un peu moins notable pour le groupe 2 et encore moins pour le groupe 3 que pour le groupe 2. Pour les trois groupes, l’épais- seur de la symphyse a considérablement augmenté dans les deux années qui ont suivi l’intervention, mais la quantité d’os néoformé est bien plus importante dans le groupe 1 que dans le groupe 3. Le remodelage osseux, aussi bien au-dessus que derrière la symphyse déplacée, est également plus important chez les plus jeunes du fait de la croissance verticale des procès alvéolaires. Il n’y a aucune preuve d’un quelconque effet délétère de la génioplastie sur la croissance mandibulaire. Conclusion − La génioplastie avec déplacement du segment mentonnier vers le haut et vers l’avant permet d’accroître l’épaisseur de l’os symphysaire, par apposi- tion osseuse au-dessus du point B, ainsi qu’au niveau du point Gnathion. Lorsqu’elle est indiquée, la génioplastie doit être réalisée avant l’âge de 15 ans pour générer les meilleurs résultats en termes de remodelage osseux. KEYWORDS: Genioplasty / Inferior border osteotomy / Lip function / Facial proportions ABSTRACT – Functional genioplasty in growing patients. Objective − To eval- uate the role of age as a moderator of bone regeneration patterns and symphysis remodeling after genioplasty. Method − Fifty-four patients who underwent genio- plasty at the end of their orthodontic treatment were divided into three age groups: younger than 15 years at the time of surgery (group 1), 15 to 19 years (group 2), and 20 years or older (group 3). Twenty-three patients who did not accept genioplasty and had a follow-up radiograph two years after the end of their orthodontic treatment were used as a control group. Patients were evaluated at three time points: immedi- ate preoperative (T1), immediate postoperative (T2) and two years postsurgery (T3). * Traduit de l’article « Functional genioplasty in growing patients » paru dans The Angle Orthodontist (The Angle Orthodontist 2015 ; 85(3):360-373). Avec l’aimable autorisation de la revue et des auteurs, tous nos remerciements. ** Auteur pour correspondance : drsylchamberland@videotron.ca Article publié par EDP Sciences
  • 2. 176 Orthod Fr 2016;87:175–188 Cliniqueetvaria Results − The mean genial advancement at surgery was similar for the three age groups, but the extent of remodeling around the repositioned chin was greater in group 1, less in group 2, and still less in group 3. Symphysis thickness increased significantly during the two-years postsurgery interval for the three groups, and this increase was significantly greater in group 1 than in group 3. Remodeling above and behind the repositioned chin also was greater in the younger patients. This was re- lated to greater vertical growth of the dentoalveolar process in the younger patients. There was no evidence of a deleterious effect on mandibular growth. Conclusion − The outcomes of forward-upward genioplasty include increased symphysis thickness, bone apposition above B point, and remodeling at the inferior border. When indica- tions for this type of genioplasty are recognized, early surgical correction (before age 15) produces a better outcome in terms of bone remodeling. 1. Introduction Trauner et Obwegeser [20] ont les premiers dé- crit, en 1957, l’ostéotomie du bord inférieur man- dibulaire pour augmenter la hauteur symphysaire. Cette intervention est depuis très souvent envisagée de façon soit isolée, soit combinée à d’autres ostéo- tomies. Le menton peut être déplacé dans toutes les directions. Malgré tout, l’intervention la plus clas- sique consiste en un déplacement vers l’avant et vers le haut pour corriger à la fois une déficience man- dibulaire sur le plan horizontal et un excès vertical. Precious et Delaire [14] ont défini sous l’expression de « génioplastie fonctionnelle » ce déplacement vers l’avant et le haut du menton, car il est à la fois bé- néfique pour l’obtention d’une compétence labiale au repos, mais il améliore également la fonction la- biale [14] ; enfin, il réduit la pression labiale contre les incisives mandibulaires [17]. Lorsque le déplace- ment orthodontique provoque une vestibulo-version des incisives mandibulaires, l’avancée du menton améliore la position de l’incisive et le rapport cépha- lométrique de Holdaway (relation entre la position des incisives mandibulaires et celle du menton) ; il évite ainsi d’avoir à rétracter les incisives. Cette in- tervention est particulièrement indiquée lorsque la correction du décalage de classe II a généré des com- pensations dentoalvéolaires du fait d’une croissance mandibulaire insuffisante ou défavorable. Ces effets bénéfiques, tant sur le plan fonction- nel que sur le plan de la stabilité, sont associés à une amélioration esthétique réellement appréciée même par les jeunes patients qui peuvent se sen- tir assez tôt handicapés par l’aspect disgracieux de leur visage [8]. La combinaison du traitement or- thodontique et de la génioplastie offre une réponse pour améliorer à la fois l’esthétique, la fonction et la stabilité. Malgré le nombre important de publications sur la génioplastie, peu d’études présentent les effets de cette procédure chez les adolescents; surtout, au- cune ne compare l’évolution morphologique d’un groupe expérimental à celle d’un groupe contrôle pour qui la génioplastie est indiquée mais refusée par les patients. L’âge idéal pour cette intervention est un sujet controversé. L’amélioration de l’apparence du visage et la réaction positive sur le plan psychosocial se- rait en faveur d’une intervention précoce pour les pa- tients dont la déformation est la plus sévère [8,11] ; les préoccupations concernant un éventuel effet né- gatif sur la croissance mandibulaire ou sur la stabi- lité thérapeutique seraient en faveur d’une attente de la quasi fin de croissance [12]. Martinez, et al. ont montré en 1999 qu’il y avait une plus grande régé- nération osseuse de l’épaisseur symphysaire chez les patients avant l’âge de 15 ans que chez les patients ne présentant plus de croissance [7]. Plus récemment, Frapier, et al. [4, 5] ont suggéré qu’une génioplas- tie réalisée tôt améliorait non seulement la ventila- tion par le rétablissement d’une fonction labiale cor- recte, mais également la direction de croissance man- dibulaire. Cependant, ces assertions étant basées sur des groupes d’étude petits et peu homogènes, il n’est pas possible de conclure sur une généralisation de ces effets bénéfiques pour tous les patients opérés jeunes. Une génioplastie seule requiert une anesthésie gé- nérale mais peut être effectuée en ambulatoire soit à l’hôpital soit en clinique privée. Aux États-Unis, cette intervention est souvent couplée à d’autres ostéo- tomies car les assurances médicales ne prendraient pas en charge le coût d’une seule procédure. Au Canada, ce n’est pas le cas ; la couverture de cette intervention, même effectuée seule, est assurée.
  • 3. Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 177 Cliniqueetvaria Tableau 1 Caractéristiques des patients. Référenciel Âge à /1-APg (◦ ) ADH (mm) FMA (◦ ) T1 (années) Groupes N Moyenne D-S Intervalle % Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S femme Groupe 1 28 14,00 0,67 12,62 à 14,95 32 3,01 1,49 0,4 à 5,3 44,88 2,67 37,1 à 50,7 34,06 4,14 (< 15 ans) Groupe 2 16 16,65 1,05 16,16 à 18,61 44 3,67 1,74 −1,2 à 6,5 45,92 3,27 40,1 à 51,1 32,46 3,39 (15−19 ans) Groupe 3 10 28,65 4,96 22,35 à 36,16 40 2,73 1,90 −0,3 à 5,6 48,00 4,76 36,9 à 53,1 34,74 6,35 (> 19 ans) Groupe 4 23 14,31 1,41 11,46 à 16,44 39 3,18 1,56 1,0 à 5,8 43,90 2,39 39,5 à 49,6 31,97 4,25 (contrôles) n.s = non significatif. Le but de cette étude est de déterminer l’âge op- timal pour effectuer une génioplastie fonctionnelle en évaluant (1) la configuration du remodelage os- seux au niveau du menton après génioplastie fonc- tionnelle et (2) la stabilité postopératoire chez les patients en phase pubertaire et chez les patients ne présentant plus de croissance résiduelle. 2. Matériels et méthodes 2.1. Échantillonnage Tous les participants de cette étude ont été traités en cabinet par le premier auteur (SC) de cet article. Les patients ayant bénéficié de l’intervention chirur- gicale ont été contrôlés par téléradiographie de profil et études céphalométriques à trois moments précis : juste avant l’intervention (T1), juste après l’interven- tion (T2) et deux ans après l’intervention (T3). L’échantillon initial est constitué de 59 patients ayant bénéficié de l’intervention entre juin 1992 et décembre 2012. Cinq patients ont été exclus de l’étude parce que certaines de leurs radiographies étaient absentes de leur dossier. Au final, 54 patients ont participé à cette étude. Ce groupe a été subdivisé en trois en fonction de la tranche d’âge (Tab. 1) : – moins de 15 ans (groupe 1, n = 28), – 15 à 19 ans (groupe 2, n = 16), – 19 ans ou plus (groupe 3, n = 10). C’est l’âge chronologique qui a servi de référence car plus aisé à utiliser que l’âge squelettique (au ni- veau vertébral) [9]. L’âge de 15 ans est la limite éta- blie par la seule étude précédant la nôtre concernant l’impact de l’âge sur le remodelage symphysaire après génioplastie [7]. Il est difficile de déterminer le nombre exact de patients à qui nous avons proposé une génioplas- tie et qui l’ont refusé, mais nous avons pu recenser un groupe de 23 patients n’ayant pas accepté la gé- nioplastie mais qui ont bénéficié d’un suivi radiogra- phique deux années après la fin de leur traitement. Ce groupe contrôle (groupe 4) a fait l’objet d’études céphalométriques à seulement deux moments pré- cis : à la fin du traitement orthodontique et deux an- nées après la fin du traitement. Ce groupe est tout à fait comparable en termes d’âge, de pourcentage de rapport filles/garçons, de position du menton sur le plan vertical et antéropostérieur, d’épaisseur sym- physaire, au groupe d’étude le plus jeune (groupe 1). Cinq patients du groupe contrôle ont finalement accepté l’intervention deux années après l’achève- ment de leur traitement, une fois les documents de suivi post-thérapeutiques réalisés. 2.2. Protocole chirurgical Les interventions ont toutes été réalisées par le même chirurgien maxillo-facial, en suivant précisé- ment le protocole de Precious, et al. [15] sous anes- thésie générale à l’hôpital l’Enfant-Jésus, au Québec. Le menton est déplacé vers l’avant et vers le haut. Pour 49 des 54 patients, l’ostéosynthèse est réali- sée par au moins trois enroulements trans-osseux de fils d’acier double diamètre 28. Les cinq autres pa- tients ont bénéficié d’une ostéosynthèse par vis. Ni les fils, ni les vis d’ostéosynthèse n’ont été déposés après l’intervention.
  • 4. 178 Orthod Fr 2016;87:175–188 Cliniqueetvaria Figure 1 Points céphalométriques et mesures dimensionnelles. L’épaisseur de la symphyse est mesurée entre ses bords antérieur et postérieur ; 4 mm en dessous des apex des incisives mandibulaires (ACP-PCP). La hauteur du men- ton est mesurée par la distance perpendiculaire au plan mandibulaire depuis le bord incisif de l’incisive mandibulaire (ADH). Le remodelage de la zone située au-dessus du menton repositionné est évalué par les variations du point B et par l’augmentation de l’épaisseur de la symphyse ; le remodelage de la zone du rebord inférieur est calculé par le changement de la profondeur de l’encoche à la limite pos- térieure de la coupe d’ostéotomie, en mesurant la distance perpendiculaire à partir de PGP au plan mandibulaire (MP). 2.3. Analyses céphalométriques Pour les patients sélectionnés pour cette étude avant le milieu de l’année 2008, les téléradiographies de profil ont été réalisées sur un appareil Orthophos Ceph (Siemens, Beinsheim, Allemagne); pour ceux sélectionnés après cette date, les téléradiographies de profil sont effectuées sur un appareil OP100 (Instru- mentarium, Tuusula, Finlande). Tous les tracés sont exécutés par le même opérateur (SC), grâce à Quick Ceph Studio (Quick Ceph Systems, San Diego, CA). L’agrandissement a été calibré aussi bien pour les anciennes radiographies que pour celles réalisées en numérique plus récemment. Un système de coor- données x-y est construit au travers du point S (selle turcique). L’axe des abscisses x est tracé selon un angle de 7◦ par rapport à la ligne S-Na (Nasion), et l’axe des ordonnées est tracé perpendiculairement à l’axe x en passant par S (Fig. 1). L’indication de génioplastie est posée pour tous les patients en fonction de l’évaluation de la pro- éminence et de la position verticale du menton cutané par rapport aux lèvres et à l’étage moyen de la face. Les données céphalométriques de pré- traitement sont notées dans le tableau 1 : – position du menton dans le sens antéropostérieur par rapport à la position de l’incisive mandibu- laire, – hauteur du menton calculée entre le bord incisif (i), – et la perpendiculaire au plan mandibulaire pas- sant par Gonion (Go) et Menton (Me), ADH. Pour évaluer la position du menton après chirurgie, nous avons relevé quatre mesures (Fig. 1) : – l’épaisseur de la symphyse, – la hauteur du menton par rapport au bord de l’in- cisive mandibulaire, – la quantité de remodelage au-dessus du menton, – la quantité de remodelage en arrière du menton. 2.4. Analyses statistiques La répartition de l’échantillonnage après évalua- tion est jugée suffisamment proche de la norme pour utiliser la moyenne, l’amplitude et l’écart-type comme pour les statistiques descriptives. Les trois groupes d’âge (groupe 1, 2, 3) qui ont bénéficié de la génioplastie sont comparés entre eux ; le groupe de patients les plus jeunes (groupe 1) est comparé à un groupe contrôle du même âge avec les mêmes caractéristiques. Pour ces deux types de comparaison, les varia- tions entre deux points de référence dans le temps font l’objet d’une analyse multivariable de cova- riance (ANCOVA), pour laquelle l’effet du genre est examiné comme une covariable. Même si le genre ne génère pas de différences, nous avons conservé cette covariable pour moduler nos conclusions en fonction du sexe masculin ou féminin. Des T-Tests ont permis d’évaluer la possibilité que les données, pour chaque point de référence dans le temps, soient différentes de zéro. Ces comparai- sons par paire, avec les réajustements de Bonferroni en fonction de comparaisons multiples, ont permis d’étudier les différences entre groupes. Contraire- ment aux ajustements de Tukey, ceux de Bonferroni n’ont pas besoin d’inclure une correction du fait
  • 5. Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 179 Cliniqueetvaria Figure 2 Les changements de la face avant (ligne supérieure) et après génioplastie fonctionnelle pour un patient type (ligne inférieure). On note une amélioration des proportions de la face, l’amélioration de la compétence labiale au repos et l’amélioration de l’exposition des incisives au sourire. Le déplacement du menton remonte également la lèvre inférieure et diminue de ce fait l’exposition des incisives mandibulaires. Tableau 2 Changements au moment de l’intervention (unité : mm). Groupes N Quantité d’avancement Quantité de réduction Variations du menton T1-T2 de hauteur du menton T1-T2 de /1-APg T1-T2 Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S Intervalle Moyenne D-S Intervalle Groupe 1 28 6,45 2,2 2,6 à 10,6 2,93 2,5 −2,1 à 7,4 −1,61 1,08 −2,9 à 2,6 (< 15 ans) Groupe 2 16 5,88 1,77 1,5 à 9,2 3,53 2,77 −0,5 à 8,2 −2,04 0,70 −3,1 à −0,4 (15−19 ans) Groupe 3 10 5,25 2,79 1,4 à 10,7 3,83 1,88 0 à 7,3 −1,64 0,85 −2,8 à −0,5 (> 19 ans) des différences de taille des divers groupes. Le ni- veau de signification est établi à P < 0,05. Toutes ces analyses statistiques ont été effectuées IBM SPSS Statistics (version 21). Afin d’évaluer une erreur de méthodologie, quinze céphalogrammes sont numérisés une se- conde fois. Il est alors prouvé par un test de variance ANOVA qu’il n’y a pas de différence si- gnificative entre le premier tracé et le second. Le coefficient de reproductibilité pour toutes les va- riables est de 0,9997. Le coefficient de reproductibi- lité pour l’épaisseur de la symphyse et le remodelage du rebord mandibulaire (PGP) est de 0,9231. L’ana- lyse d’erreur de méthodologie est effectuée avec le SAS 9.4 (SAS Institute Inc.). 3. Résultats 3.1. Changements obtenus au moment de l’intervention (T1-T2) Les changements liés à cette intervention de gé- nioplastie fonctionnelle classique sont répertoriés dans la figure 2 et les données dans le tableau 2. Les déplacements sont quantitativement quasi simi- laires, aussi bien sur le plan antéropostérieur que
  • 6. 180 Orthod Fr 2016;87:175–188 Cliniqueetvaria Tableau 3 Épaisseur symphysaire à chaque stade (unité : mm). Groupes n T1 T2 T3 T2-T3 T1-T3 Moyenne D-S Moyenne D-S Moyenne D-S Moyenne D-S Moyenne D-S Gr 1 (< 15 ans) 28 8,39 1,62 8,50 1,57 11,73 2,86 3,24 2,68 3,44 2,51 Gr 2 (15−19 ans) 16 8,14 1,78 8,29 1,84 10,35 2,58 2,06 1,24 2,15 1,88 Gr 3 (> 19 ans) 9 8,13 2,37 8,07 2,48 9,18 2,21 1,11 1,02 1,04 1,16 Gr 4 (contrôles) 23 8,84 2,20 8,46 2,25 −0,44 0,67 Figure 3 Pourcentages de patients avec plus de 2 mm et plus de 4 mm de changements d’épaisseur symphysaire après génioplas- tie. Notez les différences entre les groupes d’âge parmi les patients ayant bénéficié d’une génioplastie, et le contraste avec les patients du groupe contrôle. vertical pour les trois tranches d’âge. Ces altéra- tions thérapeutiques sont statistiquement hautement significatives (< 0,0001 pour les deux). 3.2. Changements obtenus entre l’intervention et le rendez-vous de suivi (T2-T3) 3.2.1. Au niveau de l’épaisseur de la symphyse L’épaisseur de la symphyse s’est considérablement accrue pour les trois groupes chirurgicaux; elle s’est réduite d’une façon mineure mais significative pour les groupes contrôle (Tab. 3, Fig. 3). Les comparaisons par paire entre les groupes 1 et 3 (réalisées de façon à contrôler les différences de nombre de sujets entre ces deux groupes) montre une différence significative d’épaisseur symphysaire (p = 0, 004). Or, comme cela arrive souvent, lors- qu’il existe une grande variabilité dans les résultats thérapeutiques, c’est par l’analyse des données du pourcentage de patients pour lesquels les modifi- cations sont les plus notoires que l’on peut mieux comprendre ce qu’il se produit [1,18]. La figure 3 montre que 39 % des patients les plus jeunes (groupe 1) affichent 2 à 4 mm d’accrois- sement d’épaisseur symphysaire dans les deux an- nées qui suivent la chirurgie et 28 % plus de 4 mm. Ainsi, les deux tiers des patients les plus jeunes pré- sentent plus de 2 mm d’accroissement d’épaisseur symphysaire. Le nombre de patients dont les modifications sont supérieures à 2 mm est plus faible dans le groupe 2 ; malgré tout, deux des patients de ce groupe, soit 7 %, présentent plus de 4 mm de changement. Aucun patient du groupe le plus âgé (groupe 3) n’affiche de changement supérieur à 4 mm, et seulement deux patients (soit 20 %) montrent un changement supérieur à 2 mm. Contrairement aux groupes ayant bénéficié d’une génioplastie, aucun patient du groupe contrôle ne démontre de changement d’épaisseur symphysaire entre les temps T2 et T3 ; par contre, sept d’entre eux (soit 30 %) montrent une diminution d’1 mm ou plus. 3.2.2. Au niveau des repères et des rapports dimensionnels Les données concernant les variations de position des points B, Pg et Me sont retranscrites dans les ta- bleaux 4 et 5, et les variations de Pg et Me sont re- transcrites graphiquement dans les figures 4 et 5. Il est important de comprendre que ces changements sont liés à la combinaison des effets de la croissance mandibulaire et du remodelage cortical au niveau, et à proximité du menton. Les altérations de croissance dans le sens horizon- tal au niveau du point Pg après génioplastie pour le groupe 1 (T2-T3) sont moins importantes qu’au ni- veau du groupe contrôle, mais la différence n’est pas statistiquement significative.
  • 7. Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 181 Cliniqueetvaria Tableau 4 Changements horizontaux sur l’axe des coordonnées. Groupe n T2-T3 (post-chirurgie T1-T3 (préchirurgie à deux ans) à deux ans) Moyenne DS Pertinence Moyenne DS Pertinence Intragroupe Intragroupe Modifications horizontales Δ point B Gr 1 (< 15 ans) 28 3,72 2,89 < 0,001 4,21 3,47 < 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 2,13 1,92 < 0,001 2,33 1,65 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 1,90 1,42 0,004 1,68 1,74 0,020 Gr 4 (contrôles) 23 2,47 2,57 < 0,001 2,47 2,57 < 0,001 Δ BPg à MP Gr 1 (< 15 ans) 28 1,06 1,33 < 0,001 −1,35 1,39 < 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 0,85 1,14 0,009 −1,59 2,40 0,018 Gr 3 (> 19 ans) 9 0,69 1,00 n.s −0,78 1,70 n.s Gr 4 (contrôles) 23 −0,36 0,58 0,007 −0,36 0,58 0,007 Δ Pg Gr 1 (< 15 ans) 28 1,17 2,89 0,04 7,57 3,90 < 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,21 1,42 n.s 6,13 1,99 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 0,48 2,06 n.s 5,70 2,75 < 0,001 Gr 4 (contrôles) 23 2,67 2,85 0,005 2,67 2,85 0,005 Δ Épaisseur Gr 1 (< 15 ans) 28 3,24 2,68 < 0,001 3,44 2,51 < 0,001 symphysaire Gr 2 (15−19 ans) 16 2,06 1,24 < 0,001 2,15 1,88 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 1,11 1,02 0,011 1,04 1,16 0,027 Gr 4 (contrôles) 23 −0,44 0,67 0,004 −0,44 0,67 0,004 Δ Me Gr 1 (< 15 ans) 28 0,78 2,78 n.s 7,68 3,81 < 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 0,00 1,71 n.s 6,79 2,27 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 0,68 1,69 n.s 6,42 3,38 < 0,001 Gr 4 (contrôles) 23 2,38 2,82 < 0,001 2,38 2,82 < 0,001 Δ Pg par rapport Gr 1 (< 15 ans) 28 −0,48 2,54 n.s 5,60 3,31 < 0,001 à N perpendiculaire à FH Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,86 1,25 0,015 5,32 1,70 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 −0,24 2,25 n.s 4,93 3,14 0,002 Gr 4 (contrôles) 23 0,77 2,07 n.s 0,77 2,07 n.s Rapports sagittaux Δ ABOP rapports Gr 1 (< 15 ans) 28 −0,69 1,57 0,028 −1,31 1,75 < 0,001 occlusaux Gr 2 (15−19 ans) 19 −1,44 2,09 0,015 −1,19 1,47 0,005 Gr 3 (> 19 ans) 9 −1,17 1,46 0,043 −1,79 1,67 0,012 Gr 4 (contrôles) 23 −0,37 1,64 n.s 0,37 1,64 n.s Δ/1-AP Gr 1 (< 15 ans) 28 0,80 0,85 < 0,001 −0,87 1,01 < 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,03 0,73 n.s −2,18 0,53 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 0,38 0,65 n.s −1,39 0,69 < 0,001 Gr 4 (contrôles) 23 0,43 0,91 0,033 0,43 0,91 0,033 n.s = non significatif. Pour le groupe 1, on note plus de changements de croissance dans le sens horizontal au niveau de Pg alors que pour les groupes 2 et 3, il n’y a pas de modification significative (Fig. 4). Les variations de croissance dans le sens vertical au niveau de Me après la chirurgie sont similaires à ceux du groupe contrôle ; ces modifications sont significatives pour les groupes 1, 2 et pour le groupe contrôle (Fig. 5). La figure 6 montre, dans la dimension verti- cale, les types de changements obtenus après génio- plastie au niveau dento-alvéolaire. Tous ces change- ments sont statistiquement différents de zéro pour chacun des groupes ; pour le groupe 1, les chan- gements T2-T3 sont significativement différents de ceux des groupes 2, 3 et 4. Il est important de com- prendre que ces altérations du sens vertical au point Me sont contrebalancées par une croissance verticale
  • 8. 182 Orthod Fr 2016;87:175–188 Cliniqueetvaria Tableau 5 Changements verticaux sur l’axe des coordonnées. T2-T3 (post-chir. à 2 ans) T1-T3 (préchir. à 2 ans) Groupes n Moyenne DS Pertinence Moyenne DS Pertinence intragroupe intragroupe Changements verticaux Δ point B Gr 1 (< 15 ans) 28 −1,75 2,49 0,001 −1,93 2,73 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 −0,53 3,70 n.s −0,67 3,50 n.s Gr 3 (> 19 ans) 9 −0,09 2,90 n.s −0,02 2,47 n.s Gr 4 (contrôles) 23 −2,89 3,65 0,001 −2,89 3,65 0,001 Δ Pg Gr 1 (< 15 ans) 28 −4,10 3,36 < 0,001 −1,75 3,59 0,016 Gr 2 (15−19 ans) 16 −2,71 2,32 < 0,001 0,01 2,69 n.s Gr 3 (> 19 ans) 9 −1,04 2,52 n.s 1,86 3,12 n.s Gr 4 (contrôles) 23 −3,69 4,08 < 0,001 −3,69 4,08 < 0,001 Δ Me Gr 1 (< 15 ans) 28 −5,01 3,09 < 0,001 −2,14 3,30 0,002 Gr 2 (15−19 ans) 16 −2,57 2,43 0,001 0,90 3,69 n.s Gr 3 (> 19 ans) 9 −1,26 2,35 n.s 2,60 2,83 0,025 Gr 4 (contrôles) 23 −4,46 4,61 < 0,001 −4,46 4,61 < 0,001 Δ FMA Gr 1 (< 15 ans) 28 0,40 1,61 n.s −5,89 2,50 < 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 0,86 0,90 0,002 −5,48 2,25 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 0,39 1,28 n.s −6,14 2,07 < 0,001 Gr 4 (contrôles) 23 −0,72 1,62 0,044 −0,72 1,62 0,044 Δ ADH (anterior dental Gr 1 (< 15 ans) 28 3,11 1,93 < 0,001 −2,78 1,98 < 0,001 height ou hauteur Gr 2 (15−19 ans) 16 1,20 1,13 0,001 −4,86 2,39 < 0,001 dentaire antérieure) Gr 3 (> 19 ans) 9 0,74 0,89 0,036 −5,29 1,92 < 0,001 Gr 4 (contrôles) 23 1,84 1,86 < 0,001 1,84 1,86 < 0,001 Δ PGP à MP Gr 1 (< 15 ans) 28 1,17 1,29 < 0,001 −2,84 1,88 < 0,001 Gr 2 (15−19 ans) 16 0,62 0,88 0,013 −3,26 1,75 < 0,001 Gr 3 (> 19 ans) 9 0,30 1,00 n.s −3,79 1,27 0,025 Gr 4 (contrôles) 23 0,14 0,61 n.s 0,14 0,61 n.s n.s = non significatif. Figure 4 Changement horizontal au niveau du point Pg. Les pa- tients les plus jeunes du groupe contrôle ou ayant bénéficié d’une génioplastie montrent une croissance significative vers l’avant au point Pg ; les changements au point Pg pour les groupes 2 et 3 ne sont pas significatifs. La croissance n’est pas statistiquement différente pour les patients du groupe 1 comparés à ceux du groupe contrôle. Donc, il n’y a aucune preuve que la croissance mandibulaire soit freinée chez les jeunes patients traités par génioplastie. postérieure de la face : pas de différences significa- tives au niveau de l’angle du plan mandibulaire. Les comparaisons par paire sont retranscrites dans le tableau 6. Ceci démontre à quel point la quantité de remodelage est différente au niveau du groupe 1 par rapport à celle des groupes 2 et 3. Trois variables sont fortement corrélées aux chan- gements post-chirurgicaux de l’épaisseur symphy- saire : la quantité d’avancement du menton, la quan- tité de croissance verticale alvéolodentaire, et l’âge au moment de l’intervention. La valeur R de ces trois variables réunies est de 0,47 (r2 = 0,22) et leur influence significative au niveau P < 0,05 (p = 0,03). Quand les variables prédictives sont classées selon le coefficient standardisé beta, les résultats montrent clairement que plus l’interven- tion est réalisée tôt, plus l’on observe de crois- sance dentoalvéolaire avec l’évolution des incisives, plus la symphyse s’épaissit par apposition osseuse.
  • 9. Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 183 Cliniqueetvaria Figure 5 L’altération de croissance verticale au point Me après la chi- rurgie (T2-T3) est importante pour les groupes 1 et 2 ; elle est similaire à celle du groupe contrôle, ce qui démontre que la croissance verticale au point Me n’est pas affectée par la génioplastie. La quantité d’avancement du segment mentonnier n’est pas un facteur déterminant. 3.2.3. Changements par remodelage Le remodelage symphysaire après génioplastie se fait par apposition au dessus du segment osseux mentonnier déplacé avec des modifications allant jusqu’au point B, et même au-delà ; au niveau éga- lement du vide créé par l’avancée au niveau du re- bord inférieur mandibulaire (Figs. 7 et 8). La fi- gure 8 illustre le type de remodelage que l’on obtient typiquement chez les jeunes patients. Les analyses statistiques montrent un comble- ment significatif du vide au niveau du bord infé- rieur mandibulaire pour les groupes 1 et 2, mais au- cun changement significatif pour le groupe adulte (Fig. 7, Tab. 5), et aucun comblement non plus au niveau du rebord inférieur pour le groupe contrôle. Le classement des variables prédictives confirme que plus la croissance dentoalvéolaire post-chirurgicale Figure 6 Modifications dans la dimension verticale des procès dentoal- véolaires. Tous les changements sont statistiquement signifi- catifs pour chaque groupe. Notez que la différence moyenne de 6 mm générée par la génioplastie entre les jeunes patients et ceux du groupe contrôle est stable deux années après l’intervention. est forte, plus le remodelage est étendu pour les deux zones ; cependant, ni la quantité d’avancement, ni l’âge lors de la chirurgie ne sont des variables prédic- tives. Ainsi l’âge lors de l’intervention, qui affecte la quantité de croissance dentoalvéolaire au niveau in- cisif, est réellement le facteur déterminant en termes de quantité d’apposition osseuse et de remodelage, quantité plus importante chez les moins de 15 ans, moindre chez les vieux adolescents, et encore plus faible chez les adultes. 3.2.4. Stabilité des résultats Il est important de comprendre que les altéra- tions post-chirurgicales sont liées à la combinaison des effets de la croissance mandibulaire et du remo- delage cortical au niveau et à proximité du menton. Pour les patients les plus jeunes, la meilleure éva- luation se fait par comparaison du groupe 1 avec le groupe contrôle. La moyenne des variations antéro- postérieures au point Pg après génioplastie (T2-T3) du groupe 1 est légèrement moindre que celle du groupe contrôle (c’est-à-dire que le point Pg pour les patients ayant bénéficié d’une génioplastie reste plus
  • 10. 184 Orthod Fr 2016;87:175–188 Cliniqueetvaria Tableau 6 Comparaison par paires entre les différents groupes. T2-T3 T1-T3 Gr 1-Gr 4 Gr 1-Gr 2 Gr 1-Gr 3 Gr 2-Gr 3 Gr 1-Gr 4 Gr 1-Gr 2 Gr 1-Gr 3 Gr 2-Gr 3 Changements horizontaux Δ point B n.s n.s 0,012 n.s n.s n.s n.s n.s Δ BPg à MP < 0,001 n.s n.s n.s 0,002 n.s n.s n.s Δ Pg 0,069 n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s Δ Épaisseur symphysaire < 0,001 n.s 0,004 n.s < 0,001 n.s 0,002 n.s Δ Me 0,049 n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s Δ Pg par rapport à N perpendiculaire à FH n.s n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s Changements verticaux Δ point B n.s n.s n.s n.s n.s n.s n.s n.s Δ P n.s n.s 0,00 n.s n.s n.s 0,01 n.s Δ Me n.s 0,022 0,003 n.s n.s n.s 0,013 n.s Δ FMA 0,017 n.s n.s n.s < 0,001 n.s n.s n.s Δ ADH (anterior dental height) 0,021 < 0,001 < 0,001 n.s < 0,001 0,013 0,003 n.s Δ PGP à M < 0,001 n.s 0,156 n.s < 0,001 n.s n.s n.s Rapports sagittaux Δ ABOP rapports occlusaux 0,028 n.s n.s n.s 0,001 n.s n.s n.s Δ/1-AP n.s 0,004 n.s n.s < 0,001 < 0,001 n.s 0,012 n.s = non significatif. stable), mais cette différence est mineure et non sta- tistiquement déterminante (Fig. 4). Les changements au point Me après la chirurgie sont également iden- tiques à ceux du groupe contrôle (Fig. 5). Ainsi, dans cette étude, les données montrent que la croissance vers l’avant et vers le bas du menton n’est pas af- fectée de façon significative par la génioplastie, que les changements liés à l’intervention restent stables même chez les patients en croissance. 4. Discussion 1. Cette étude montre clairement qu’à la fois l’éten- due du remodelage osseux autour du segment osseux repositionné par génioplastie et la quan- tité d’os nouvellement apposé sont plus impor- tantes chez les patients en cours de phase puber- taire que chez ceux en fin d’adolescence, voire encore moindre chez les adultes. Ces résultats confirment ceux rapportés par Martinez [7], et ceux d’autres études [6, 10, 12, 13, 15, 21] qui montrent que : – l’on observe une meilleure cicatrisation avant l’âge de 15 ans, – le remodelage après la génioplastie s’effectue au niveau du bord inférieur du segment proxi- mal à la frontière entre le point distal du trait d’ostéotomie et le point distal du segment avancé. Les groupes 1 et 2 démontrent une réduction statistiquement significative de cette encoche (de respectivement 1, 2 ± 1, 3 mm et 0, 6 ± 0, 9 mm) alors que, chez le groupe adulte, cette dernière ne se réduit que de façon modeste, voire non significative (0, 3 ± 1, 0 mm). 2. On peut noter dans cette étude, chez le groupe contrôle, une résorption légère mais significative au niveau du point B (0, 4 ± 0, 6 mm), ce qui est cohérent, à l’adolescence, avec la direction habi- tuelle de la croissance au niveau du menton. 3. Après génioplastie, comme Park, et al. [10], Shaughnessy, et al. [19] et Precious, et al. [15,16], on peut noter une apposition osseuse au niveau du point B similaire pour les trois groupes d’âge (0,7 à 1,0 mm). Les épines osseuses au-dessus du menton repositionné se sont arrondies et les rebords irréguliers se sont adoucis. Shaughnessy, et al. [19] ont suggéré que cette amélioration des contours était liée à une greffe autogène d’os issu
  • 11. Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 185 Cliniqueetvaria Figure 7 Remodelage au bord inférieur de la mandibule. L’encoche du segment proximal entre la limite distale du trait d’ostéo- tomie et la limite distale du segment déplacé est considé- rablement réduite pour les groupes 1 et 2 (1,2 ± 1,3 mm et 0,6 ± 0,9 mm respectivement), tandis que le groupe des adultes ne présente qu’une modeste réduction non significa- tive de 0,3 ± 1,0 mm. Le résultat net au T3 montre une dimi- nution significative de la profondeur de cette encoche lorsque l’on compare le groupe 1 aux adultes (p = 0,018). de la crête iliaque. Dans notre étude, aucun pa- tient n’a bénéficié de greffe ; malgré tout, on peut noter, chez tous les patients, une apposition signi- ficative au niveau du point B. L’indication d’une telle greffe est discutable lorsque l’on sait à quel point la chirurgie au niveau du site donneur de la crête iliaque est invasive. 4. Est-ce que l’on aurait obtenu des résultats diffé- rents si l’on avait séparé les trois groupes d’âge en fonction de l’âge squelettique et non de l’âge chronologique ? Il aurait été effectivement aisé de déterminer l’âge chronologique sans radiation supplémentaire en examinant le degré de maturation des vertèbres cervicales. Un récent rapport sur les méthodes destinées à déterminer le moment du pic de crois- sance à l’adolescence conclu cependant que le re- cours à l’âge chronologique est plus fiable [9]. Il est possible que, parmi les adolescents du groupe de moins de 15 ans, certaines jeunes filles soient sur la fin de leur croissance pubertaire et que, dans le groupe 15−19, certains jeunes hommes soient tout juste pubères. Ces disparités auraient eu tendance à minimiser et non à augmenter la différence des effets de la génioplastie entre les deux groupes. 5. Le remodelage de l’os vestibulaire au dessus du site d’ostéotomie est un facteur important à prendre en considération, car chez les patients présentant une déficience du menton, les inci- sives mandibulaires ont tendance à être vestibu- loversées même en l’absence de traitement. Cette vestibuloversion s’accentue avec le nivellement de l’arcade mandibulaire, surtout lorsqu’il y a encombrement, mais également avec le recours aux tractions intermaxillaires pour la correction de la classe II. Ceci peut générer des fenestra- tions osseuses et des déhiscences gingivales. On note dans cette étude, après génioplastie, un ac- croissement de l’os en vestibulaire des incisives à un niveau d’autant plus incisal que les patients sont plus jeunes. Ceci peut être attribué à une éruption des dents qui se produit après la gé- nioplastie, phénomène d’autant plus important que la dimension verticale de la face s’accentue notamment dans le groupe des patients jeunes. 6. Nous avons pu également observer une apposi- tion osseuse sur la face linguale du segment re- positionné, face à la zone la plus proéminente du menton. Cette augmentation d’épaisseur de la symphyse persiste dans les deux années après traitement. La symphyse est une zone fortement sollicitée fonctionnellement. 7. L’accroissement de solidité de la symphyse obtenu par la génioplastie est-il stable à long-terme ? Nous n’avons pas de données sur ce sujet. En re- vanche, rien n’indique qu’une génioplastie réa- lisée avant la fin de la croissance mandibulaire n’affaiblisse le menton. 8. Le repositionnement du menton a-t-il un effet néfaste sur la croissance mandibulaire ? Cette préoccupation valable est l’une des princi- pales raisons invoquée pour retarder l’interven- tion jusqu’à ce que la croissance soit quasi ache- vée. La comparaison du groupe de jeunes patients ayant bénéficié d’une génioplastie avec ceux du groupe contrôle de patients du même âge pré- sentant une déficience mandibulaire mais n’ayant pas accepté de génioplastie permet d’examiner
  • 12. 186 Orthod Fr 2016;87:175–188 Cliniqueetvaria Figure 8 Type classique de remodelage osseux chez les patients jeunes visible par superposition des tracés céphalométriques. Du fait de la croissance, on observe un remodelage osseux au-dessus du segment de menton repositionné et une diminution de la profondeur de l’encoche au niveau du bord inférieur mandibulaire. Ces changements sont plus importants chez les patients les plus jeunes. la croissance mandibulaire d’individus opérés ou non, ayant une morphologie mandibulaire simi- laire. La croissance au niveau du menton est en grande partie liée à la croissance de la mandi- bule. Le menton devient plus proéminent avec la croissance non par apposition dans la zone Pogonion, mais par résorption au-dessus de la zone Pogonion qui s’étend vers le haut jusqu’au point B [6]. Si l’on compare un individu en croissance présen- tant une indication de génioplastie vers l’avant et vers le haut, avec un individu de groupe contrôle, on observe chez ce dernier la persistance d’une incompétence labiale, d’une convexité faciale ; on note également une résorption osseuse qui se pro- duit au point B, une épaisseur de la symphyse qui a tendance à diminuer. L’existence ou non de changements chez un patient type du groupe contrôle est illustrée en figure 9. Bien que nos données ne donnent aucune preuve pour étayer un effet négatif lié à une ostéoto- mie de bord inférieur sur la croissance mandi- bulaire, que l’intervention soit réalisée en début d’adolescence ou plus tard, nous avons planifié
  • 13. Chamberland S., Proffit W.R., Chamberland P.-E. Génioplastie fonctionnelle chez les patients en croissance 187 Cliniqueetvaria Figure 9 Modifications de la face chez un patient témoin type non traité, âgé de 15 ans 10 mois à la fin du traitement orthodontique et de 17 ans 9 mois au rendez-vous de suivi. Notez que la contraction du muscle de la houppe du menton, la tension de la lèvre et la rétrogénie ne s’améliorent pas avec le temps. de suivre les patients plus jeunes jusqu’à la fin de la croissance normale pour être sûr qu’il n’y ait pas d’effets résiduels autres que ceux anticipés. L’angle de plan mandibulaire diminue légèrement pendant la croissance normale de l’adolescent, et cela concorde avec ce que nous avons pu observer dans les deux groupes de patients les plus jeunes, ceux ayant bénéficié d’une génioplastie et ceux du groupe contrôle. Il peut être techniquement difficile de ne pas al- térer les dents permanentes qui n’ont pas achevé leur éruption au cours d’une ostéotomie de bord inférieur chez l’enfant, c’est pourquoi il nous semble contre-indiqué de réaliser une génioplas- tie trop précocement. L’éruption des canines man- dibulaires se produit généralement autour de 12−13 ans, ce qui rend dès lors la génioplastie réalisable pour la plupart des individus. 9. La plupart des précédentes études concernant la stabilité post-chirurgicale après génioplas- tie montrent qu’il s’agit de la plus stable des procédures de la chirurgie orthognathique et qu’il n’est quasiment jamais observé de récidive notable [2,3,19]. Tulasne [21], en utilisant une procédure chirurgicale différente de celle décrite dans cette étude, a rapporté plus de récidive (mo- difications de 40 % environ) chez les jeunes pa- tients. Martinez, et al. [7] ont également noté un taux plus important de récidive pour leur plus jeune groupe (modifications de 16 % environ), mais ces évolutions n’étaient ni cliniquement ni statistiquement significatives. Nos résultats ne confirment pas de récidive plus grande au ni- veau du point Pg pour les patients les plus jeunes. Comme pour la quasi-totalité de nos patients (91 %), l’ostéosynthèse est réalisée en fil d’acier double diamètre, une ostéosynthèse par vis plus coûteuse ne garantit pas forcément une meilleure stabilité pour ce type de génioplastie [16]. 5. Conclusions – Les avantages d’une génioplastie via une ostéo- tomie du rebord inférieur de la mandibule dé- plaçant le menton vers l’avant et vers le haut (dite génioplastie fonctionnelle) sont multiples : accroissement de l’épaisseur de la symphyse, apposition osseuse au point B et remodelage du
  • 14. 188 Orthod Fr 2016;87:175–188 Cliniqueetvaria rebord inférieur mandibulaire. Les résultats sont meilleurs en termes d’apposition et de remode- lage chez les plus jeunes comparés à ceux obte- nus chez les adultes. – Lorsque l’indication de génioplastie fonction- nelle est posée, la correction chirurgicale précoce (avant 15 ans) produit de meilleurs résultats en termes de remodelage osseux. Ceci est princi- palement lié à une plus grande croissance verti- cale des procès dento-alvéolaires chez les patients plus jeunes. – Il n’y a pas de différence de stabilité post- chirurgicale après génioplastie, que ce soit chez les patients jeunes ou plus âgés. Remerciements Nous remercions Dany Morais pour la qualité de son geste chirurgical, Warren McCollum pour avoir réalisé les graphiques et les tableaux, Ramona Hutton-Howe pour la sélection des photographies à publier, David Emond, de l’Université Laval, pour son expertise en statistiques, et les Fonds Orthodon- tiques de la Fondation Dentaire de Caroline du Nord pour son soutien financier. L’auteur le plus jeune a obtenu une bourse de doctorat de la Fondation Des- jardins, du Fond québécois de recherche sur la so- ciété, la culture et les sciences sociales et du Conseil en Recherches sur l’Humanité. Conflit d’intérêt Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article. Bibliographie [1] Bailey LJ, Phillips C, Proffit WR. Long-term outcome of surgical Class III correction as a function of age at surgery. Am J Orthod Dentofac Orthop 2008;133:365−370. [2] Davis WH, Davis CL, Daly BW, Taylor C. Long-term bony and soft tissue stability following advancement genio- plasty. J Oral Maxillofac Surg 1988;46:731−735. [3] Erbe C, Mulié RM, Ruf S. Advancement genioplasty in Class I patients: predictability and stability of facial profile changes. Int J Oral Maxillofac Surg 2011;40:1258−1262. [4] Frapier L, Jaussent A, Yachouh J, Goudot P, et al. Impact of genioplasty on mandibular growth during puberty. Int Orthod 2010;8:342−359. [5] Frapier L, Picot M-C, Gonzales J, Massif L, et al. Ventila- tory disorders and facial growth: benefits of early genio- plasty. Int Orthod 2011;9:20−41. [6] Marshall SD, Low LE, Holton NE, Franciscus RG, et al. Chin development as a result of differential jaw growth. Am J Orthod Dentofac Orthop 2011;139:456−464. [7] Martinez JT, Turvey TA, Proffit WR. Osseous remodel- ing after inferior border osteotomy for chin augmenta- tion: an indication for early surgery. J Oral Maxillofac Surg 1999;57:1175−1180, discussion 1181. [8] McGregor FC. Facial disfigurement, problems and man- agement of social interactions and implications for mental health. Aesthetic Plastic Surg 1990;14:249−257. [9] Mellion ZJ, Behrents RG, Johnston LE. The pattern of fa- cial skeletal growth and its relationship to various com- mon indexes of maturation. Am J Orthod Dentofacial Or- thop 2013;143:845−854. [10] Park HS, Ellis E, Fonseca RJ, Reynolds ST, Mayo KH. A retrospective study of advancement genioplasty. Oral Surg Oral Med Oral Path 1989;67:481−489. [11] Phillips C, Proffit WR. Psychosocial aspects of dentofacial deformity and its treatment. in Proffit WR, White RP Jr, Sarver DM. Contemporary treatment of dentofacial defor- mity, 5th ed. St Louis; Mosby; 2013. [12] Polido WD, de Clairefont RL, Bell WH. Bone resorption, stability, and soft-tissue changes following large chin ad- vancements. J Oral Maxillofac Surg 1991;49:251−256. [13] Polido WD, Bell WH. Long-term osseous and soft tissue changes after large chin advancements. J Craniomaxillofac Surg 1993;21:54−59. [14] Precious DS, Delaire J. Correction of anterior mandibular vertical excess: the functional genioplasty. Oral Surg Oral Med Oral Path 1985;59:229−235. [15] Precious DS, Armstrong JE, Morais D. Anatomic place- ment of fixation devices in genioplasty. Oral Surg Oral Med Oral Path 1992;73:2−8. [16] Precious DS, Cardoso AB, Cardoso MC, Doucet JC. Cost comparison of genioplasty: when indicated, wire os- teosynthesis is more cost-effective than plate and screw fixation. Oral Maxillofac Surg 2014;18:439−444. [17] Proffit WR, Phillips C. Adaptations in lip posture and pressure following orthognathic surgery. Am J Orthod 1988;93:294−304. [18] Proffit WR, Phillips C, Turvey TA. Long-term stabil- ity of adolescent versus adult surgery for treatment of mandibular deficiency. Int J Oral Maxillofac Surg 2010;39:327−332. [19] Shaughnessy S, Mobarak KA, Hogevold HE, Espeland L. Long-term skeletal and soft-tissue responses after ad- vancement genioplasty. Am J Orthod Dentofac Orthop 2006;130:8−17. [20] Trauner R, Obwegeser H. The surgical correction of mandibular prognathism and retrognathia with consid- eration of genioplasty. II. Operating methods for micro- genia and distoclusion. Oral Surg Oral Med Oral Path 1957;10:899−909. [21] Tulasne JF. The overlapping bone flap genioplasty. J Craniomaxillofac Surg 1987;15:214−221.