1. ZOOM SUR LES ALLERGIES DE L’ENFANT
Dr Sylvie PROUZEAU-AUGUSTIN allergologue à l'hôpital DELAFONTAINE
Juin 2016
2. Docteur,
Mon enfant est allergique à la pollution, au lait, au
gluten, au soleil, aux pollens, à la poussière, au chat de sa
grand-mère…..
Essayons de faire le point sur cette maladie qui s’est
multipliée depuis 40 ans.
3. L’ ALLERGIE
C’est une réponse excessive, inadaptée vis-à-vis d’une
substance étrangère: allergène, présente dans notre
environnement naturel et parfaitement tolérée par les
individus sains.
4. L’ALLERGIE
Lors du premier contact: la sensibilisation,
des anticorps IgE sont fabriqués ou des lymphocytes T
sont activés.
Lors d’un 2 ème contact, il y a une réactivation des
anticorps et l’apparition des signes cliniques
5. LA MALADIE ALLERGIQUE
C’est une maladie multifactorielle due à la synergie de
facteurs génétiques
facteurs de risques environnementaux
6. LES FACTEURS GENETIQUES
L’ATOPIE est une prédisposition à développer une
réponse lymphocytaire Th2 et à augmenter la
production des IgE
Le risque allergique pour un enfant est de :
- 15% sans antécédent familiaux d’allergie
- 30 à 40 % si l’un des parents est allergique
- 60% si les deux parents sont allergiques
7. LES FACTEURS
ENVIRONNEMENTAUX
La diminution des bactéries et des parasites de notre
environnement a favorisé l’apparition de l’allergie par
une bascule de notre système immunitaire des
lymphocytes Th1 vers les Th2 (études d’Erika von Mutius dans
les fermes suisses)
L’augmentation de l’exposition allergénique:
confinement des habitats, animaux domestiques.
L’augmentation de l’exposition aux irritants: pollution,
tabagisme, composés organiques volatils.
8. LA MALADIE ALLERGIQUE
Les signes cliniques apparaissent au niveau de la peau et
des muqueuses
Le dénominateur commun est l’inflammation
9. EVOLUTION EN FONCTION DE L’AGE
Evolution des manifestations allergiques chez l’enfant:
la marche atopique
Source : Charpin D et coll 2003
1: D. Vervloet et A. Magnan. Traité d'allergologie. Ed Flammarion Medecines-Science ; 2003:337-353.
10. LA MARCHE ATOPIQUE
Les réponses IgE les plus précoces sont dirigées contre
les protéines alimentaires: lait de vache ou œuf.
La sensibilisation aux allergènes de l’environnement
nécessite plus de temps; il n’y a donc pas de rhino-
conjonctivite allergique durant les 2 premières années
de vie.
12. ECZEMA ATOPIQUE
Une dermatose inflammatoire chronique qui évolue
par poussées et touche surtout le nourrisson et l’enfant
Sa prévalence est de 10 à 20 % de la population
pédiatrique
Elle est, dans la majorité des cas, spontanément
résolutive dans l’enfance.
13. ECZEMA ATOPIQUE
Il apparait vers l’âge de 3 mois
sur le visage et le tronc
Ce sont des lésions sèches,
prurigineuses, parfois
suintantes
Après 2 ans, les lésions se
localisent sur le plis des coudes,
genoux, dans le cou ou sur les
poignets.
14. ECZEMA ATOPIQUE
Il est lié à une altération de la barrière cutanée
Ce n’est pas une allergie immédiate à un allergène
même si elle se développe sur un terrain allergique.
Le bilan allergologique n’est nécessaire que dans les
formes graves.
17. ALLERGIE ALIMENTAIRE
Elle est plus fréquente chez l’enfant :
Incidence de 4 à 8,5% chez l’enfant de moins de 8 ans
3 enfants allergiques pour 1 adulte
75% des allergies alimentaires débutent avant 15 ans
18. ALLERGIE ALIMENTAIRE
Incidence de l'allergie alimentaire selon le sexe et
l'âge : statistique du CICBAA 2009
• 1487 cas
• CICBAA juin 2009
19. ALLERGIE ALIMENTAIRE
Les manifestations immédiates IgE médiées
surviennent en général dans l’heure suivant l’ingestion
de l’aliment.
Plus la réaction est précoce, plus elle est sévère.
20. ALLERGIE ALIMENTAIRE
Les signes cliniques des réactions immédiates
le syndrome oral: démangeaisons dans la bouche et
vomissement immédiats
Les signes cutanés: urticaire, prurit cutané, angio-œdème
Les signes respiratoires: rhinoconjonctivite, toux, gêne
respiratoire, asthme
Les signes généraux: le choc anaphylactique avec
hypotension et perte de connaissance.
22. ALLERGIE ALIMENTAIRE
L’angio-œdème:
Gonflement de la face, du cou
et des muqueuses pharyngées
et laryngées
Puis : difficulté respiratoire
brutale avec modification de la
voix et sensation d’étouffement
25. ALLERGIE ALIMENTAIRE
Les symptômes de l’allergie non IgE médiée
Les troubles digestifs: Diarrhée, douleurs abdominales,
reflux gastro-oesophagien.
Les troubles cutanés: certaines formes de dermatite
atopique
Ceux sont des symptômes chroniques.
26. ALLERGIE ALIMENTAIRE
Les allergènes alimentaires les plus fréquents chez
l’enfant:
Le lait
L’œuf
L’arachide et les légumineuses
Le poisson
Les fruits à coque: noisette, noix de cajou, pistache
La plupart des allergies au lait ou à l’œuf vont guérir; mais les
allergies à l’arachide, aux fruits à coque et au poisson ont
tendance à perdurer.
28. LA RHINITE ALLERGIQUE
C’est l’inflammation de la muqueuse nasale lors du
contact avec l’allergène aéroporté.
Les signes cliniques sont:
Le prurit nasal
La rhinorhée
Les éternuements
L’obstruction nasale
29. LA RHINITE ALLERGIQUE
La rhinite est classée en fonction de sa durée et de son
impact sur la vie quotidienne:
Intermittente: moins de 4 jours/semaine et moins
de 4 semaines
Persistante: plus de 4 jours/semaine et plus de
4 semaines
Elle est considérée comme modérée à sévère si elle
perturbe les activités de l’enfant: asthénie, troubles du
sommeil.
30. LA CONJONCTIVITE ALLERGIQUE
La conjonctivite aigüe et saisonnière est la forme la
plus fréquente; l’allergène se dissout dans le film lacrymal
est entraine une rougeur, un larmoiement, un prurit et
parfois un chémosis. Les allergènes en cause sont les
pollens et les phanères animaux
La conjonctivite allergique chronique dure plus de
6 semaines, les allergènes per-annuels sont le plus souvent
en cause.
31. L’ASTHME DE L’ENFANT
C’est la maladie chronique la plus fréquente chez
l’enfant avec une prévalence de 6 à 10 % selon l’étude
ISAAC
C’est une maladie inflammatoire chronique des
bronches associée à des épisodes d’obstruction des
bronches lors des crises.
33. L’ASTHME DE L’ENFANT
Dans 90% des cas, l’asthme de l’enfant est
d’origine allergique ou infectieuse.
Les crises d’asthme peuvent être
déclenchées par l’effort : la course,
le rire ou même les pleurs.
34. L’ASTHME DE L’ENFANT
Les signes cliniques de la crise d’asthme:
La toux sèche et intense
La gêne respiratoire
Une oppression au niveau de la poitrine
( les enfants décrivent parfois une gêne dans la
gorge ou disent qu’ils ont mal au cœur)
Une respiration sifflante
35. L’ASTHME DE L’ENFANT
Les signes de gravité de la crise d’asthme:
La crise ne s’améliore pas franchement après
la prise des médicaments.
L’enfant a des difficultés à parler.
36. L’ASTHME DE L’ENFANT
Parfois l’asthme se manifeste par une symptomatologie
chronique:
La toux récidivante, induite par l’effort ou nocturne
Les bronchites répétées souvent sifflantes.
37.
38. LE BILAN ALLERGOLOGIQUE CHEZ
L’ENFANT
Il est essentiel pour déterminer la prise en charge d’un
enfant allergique et proposer une thérapeutique
spécifique:
Éviction de l’allergène identifié
Traitement adapté
Immunothérapie spécifique si besoin
39. LE BILAN ALLERGOLOGIQUE CHEZ
L’ENFANT
Il associe: - l’histoire clinique
- les tests cutanés
- le dosage des IgE spécifiques
- le test de provocation orale dans
l’allergie alimentaire
40. LE BILAN ALLERGOLOGIQUE CHEZ
L’ENFANT
Il faut tester tous les enfants qui présentent des
symptômes persistants, récidivants qui nécessitent un
traitement régulier
Il n’y a pas de limite inférieure d’âge
Le choix des tests dépend de l’âge, de l’histoire clinique
et de l’environnement de l’enfant.
41. LE BILAN ALLERGOLOGIQUE DE
L’ENFANT
Pour l’enfant de moins de 3-4 ans:
L’allergie alimentaire est plus fréquente que l’allergie
aux pneumallergènes, elle se manifeste au niveau
cutané, digestif ou respiratoire
Les allergènes les plus fréquents sont le lait de vache,
l’œuf, l’arachide, le poisson, le blé et les fruits à coque
puis les allergènes de l’habitat: les acariens, le chat.
42. LE BILAN ALLERGOLOGIQUE DE
L’ENFANT
Pour l’enfant de plus de 4 ans:
C’est l’allergie aux pneumallergènes qui domine avec
les acariens, les animaux, les blattes, les moisissures
puis les pollens.
Elle se manifeste par la rhinite, la conjonctivite et
l’asthme.
43. LE BILAN ALLERGOLOGIQUE DE
L’ENFANT
Le premier temps est l’interrogatoire des parents:
- les antécédents familiaux
- les antécédents de l’enfant: eczéma, urticaire,
asthme
- les conditions de logement: humidité,
nombre d’occupants, moquette, animaux
- le mode de garde, fréquentation de la cantine.
46. LES DOSAGES BIOLOGIQUES
Les multitests peuvent orienter vers une origine
allergique:
- le phadiatop pour l’allergie respiratoire
- le trophatop pour l’allergie alimentaire
Mais si le résultat est positif, l’enfant doit être orienté
vers un allergologue et ne doit jamais conduire à une
éviction à l’aveugle.
47. LES DOSAGES BIOLOGIQUES
Les dosages des IgE spécifiques ont une très bonne
spécificité et sensibilité.
Ils recherchent la présence d’IgE spécifiquement
dirigés contre un allergène ou un composant
allergénique.
Dans la nomenclature de la CPAM, ils sont limités à
5 pneumallergènes ou trophallergènes.
Ils doivent demandés en fonction des tests cutanés.
48. LES TESTS DE PROVOCATION ORALE
Le principe est de reproduire la réaction allergique,
il détermine la dose réactive pour mieux évaluer le
risque encouru en cas d’ingestion accidentelle.
Cela permet d’adapter le régime et la trousse
d’urgence.
Il n’est effectué que dans des services hospitaliers
spécialisés ce qui limite leur réalisation
49.
50. PRISE EN CHARGE DE L’ECZEMA
Amélioration de la barrière cutanée par les soins
hydratants
Traitements des poussées inflammatoires:
Les dermocorticoïdes sont le traitement de référence des
poussées de dermatite atopique.
La corticophobie est l’une des causes de l’échec de la
corticothérapie locale
51. PRISE EN CHARGE DE L’ALLERGIE
ALIMENTAIRE
Le bilan allergologique a permis de mettre en évidence
l’aliment responsable des manifestations cliniques de
l’allergie alimentaire et le plus souvent le traitement
repose sur l’éviction de cet aliment
52. PRISE EN CHARGE DE L’ALLERGIE
ALIMENTAIRE
L’éviction des aliments nécessite:
L’apprentissage de la lecture des étiquettes
De ne pas faire d’éviction inutile par exemple interdire
les gâteaux à un enfant qui tolère l’œuf bien cuit.
De faire attention aux carences lors des allergies
alimentaires multiples
53. TRAITEMENT DES ALLERGIES
ALIMENTAIRES
Tout enfant allergique alimentaire doit avoir une
trousse d’urgence au domicile et à l’école contenant:
Un antihistaminique et éventuellement un
corticoïdes oral pour les réactions cutanées,
gonflement du visage sans signe de gravité.
Un bronchodilatateur pour les signes respiratoires.
Un stylo d’adrénaline pour les signes généraux
graves et le choc anaphylactique.
56. TRAITEMENT DES ALLERGIES
RESPIRATOIRES
La rhinite allergique est traitée par les antihistaminiques
généraux ou locaux et par les corticoïdes locaux
La conjonctivite nécessite un collyre antiallergique en
évitant les corticoïdes
Pour l’asthme, il faut différencier le traitement de la crise
et le traitement de fond.
57. LE TRAITEMENT DE LA CRISE
L’enfant tousse, est gêné pour respirer, les
bronches sifflent:
Lui donner son bronchodilatateur:
Ventoline.
Ne pas hésiter à répéter les bouffées
Si l’enfant a un aérosol, il vaut mieux utiliser une
chambre d’inhalation.
59. LE TRAITEMENT DE FOND
Mais l’asthme est une inflammation chronique des
bronches et les bronchodilatateurs ne soignent pas.
Le contrôle de l’asthme: diminution des crises, de la
gêne à l’effort et des réveils nocturnes nécessite un
traitement régulier de l’inflammation par les
corticoïdes inhalés ou les antileucotriènes.
60. L’immunothérapie spécifique (désensibilisation) est
fondée sur l’administration croissante de l’allergène
auquel le patient est sensibilisé afin de réduire les
symptômes provoqués lors d’une exposition à
l’allergène.
C’est le seul traitement qui modifie l’histoire naturelle
de l’allergie.
L’IMMUNOTHERAPIE SPECIFIQUE
62. CONCLUSION
La vie des enfants allergiques et de leurs parents est
souvent difficile.
L’allergie de l’enfant est une maladie chronique qui
nécessite une vigilance constante pour l’allergie
alimentaire et des traitements réguliers pour l’allergie
respiratoire
Les professionnels de santé jouent un rôle fondamental
dans l’éducation thérapeutique de ces enfants.