1. Les troubles de
la personnalité
Dr G. FONSEGRIVE
Cesame
Ste Gemmes / Loire
FMC LE BAILLEUIL 04/04/2017
2. La personnalité
Intégration de composantes émotionnelles,
cognitives et pulsionnelles
Histoire de vie du sujet, parcours social et affectif
Intensité et proportion des traits de personnalité
participent à rendre l’individu unique (mode de
relation aux autres, réactions aux évènements et
aux rencontres,…)
Stable au cours du temps, participe à la
permanence de l’individu, avec quelques
aménagements possibles…
3. Normal et pathologique
Critères de normalité ?
• Normes statistiques
• Normes physiologiques
• Normes morales
• Normes sociales
Normalité pouvant être définie comme la
capacité de l’individu à s’adapter à son
environnement = « normativité »
4. Personnalité pathologique
Existence d’une souffrance chez un
individu présentant des traits de
personnalité trop marqués ou inadaptés
Et d’une difficulté d’adaptation à
l’environnement ou une altération
significative du fonctionnement social
5. Quelle approche ?
Dimensionnelle : relever des traits de
personnalité saillants chez le sujet
(anxiété, impulsivité, sociabilité,…)
permettant de décrire son mode de
fonctionnement psychique
Catégorielle : rapprocher les traits
observés à un cadre nosologique
statistiquement validé
6. Classification DSM4
1. Troubles cliniques
2. Trouble de la personnalité / retard
mental
3. Affections médicales générales
4. Problèmes psychosociaux et
environnementaux
5. Evaluation globale du fonctionnement
7. Psychose - Névrose
Termes issus des théories psychanalytiques
avec trépied névrose / psychose /
perversion définissant un certain nombre
de « maladies »
Névrose phobique, hystérique,
d’angoisse, obsessionnelle,…
Psychose paranoïaque, PMD, psychose
hallucinatoire chronique, psychose
sensitive,…
8. Personnalité et structure
Structure névrotique ou psychotique
Personnalité pathologique comme terrain
prémorbide
Personnalités « névrotiques » : traits de
personnalité communs dans les périodes
asymptomatiques
Personnalité « psychotiques » : ressemblance
avec les psychoses correspondantes
Mais : pas de continuum établi
9. Classification DSM4
Groupe A (personnalités psychotiques) :
paranoïaque, schizoïde, schizoptypique
Groupe B (comportement théâtral,
excentrique ou dramatisé) : antisociale,
borderline, histrionique, narcissiques
Groupe C (personnalité névrotiques) :
évitantes, dépendantes, obsessionnelle-
compulsive.
10. Personnalité paranoïaque
Caractère soupçonneux, déforme les
évènements, interprète actes d’autrui comme
hostiles ou méprisants
Attention exagérée au respect des droits avec
une répétition d’actes procéduriers
Hypertrophie du Moi (orgueil et supériorité),
humeur ombrageuse, méfiance et fausseté du
jugement, paralogismes
Risque : isolement social, actes médico-légaux,
dépression, évolution vers un délire paranoïaque
constitué
« Faire ce que l’on dit, dire ce que l’on fait »
11. Personnalité schizoïde
Détachement affectif, froideur du
contact, incapacité à ressentir ou
exprimer des affects ou du plaisir
Préférence pour les activités solitaires,
souvent limitées et répétitives, avec attrait
pour les domaines imaginaires,
Indifférence aux conventions sociales
Risque majeur de désocialisation et
épuisement des aidants
12. Personnalité schizotypique
Bizarrerie de la pensée, du comportement
ou du langage
Méfiance avec sentiment vague de
persécution, sans réel délire
Pauvreté de la vie sociale et affective
Excentricité
Parfois considérée comme une forme
« pré-schizophrénique », sans toutefois
d’évolution systématique vers ce trouble
13. Personnalité psychopathique
Indifférence envers les autres
Mépris des convenance sociales et des règles
Intolérance à la frustration avec
comportements agressifs
Relations interpersonnelles superficielles,
limitées à une recherche d’autosatisfaction
immédiate
Absence de culpabilité ou d’anxiété
Se complique fréquemment d’actes médico-
légaux et de conduites addictives
14. Personnalité histrionique
Histrionisme : désir de paraître et d’être au centre
des attentions d’autrui
Tendance au théâtralisme avec dramatisation et
attitudes de séduction (hyperconformité au
stéréotype féminin de l’époque)
Suggestibilité
Labilité des affects qui paraissent souvent factices
Mode de pensée imaginaire (réalité perçue au
travers de représentations imaginaires érotisées)
Hyperémotivité avec impulsivité (pouvant prendre
l’aspect d’une susceptibilité avec manipulation)
Risque : dépression, suicide, pathologie anxieuse,
addictions, isolement social
15. Personnalité obsessionnelle
Indécision et prudence excessives
Préoccupé par ordre, règles, ponctualité, au
détriment du plaisir et des relations sociales, et avec
réduction de la liberté d’autrui (auxquels il accorde
peu de valeur)
Se concentre sur les détails au détriment de
l’ensemble
S’impose rigueur et objectifs élevés, générant
scrupules et remords
Contrôle émotionnel avec difficultés à exprimer des
affects
Risque : dépression, suicide, isolement social,
difficultés professionnelles
16. Personnalité évitante
Crainte du rejet et de la critique
Trouble de la perception de soi et
sentiment d’incompétence sociale et
d’infériorité
Isolement social, contacts limités à
quelques relations où la personne se sent
acceptée et protégée de la critique
17. Personnalité dépendante
Besoin d’autrui dans la prise de décision
Oubli de ses propres besoins au bénéfice des
personnes dont elle se sent dépendante
Angoisse majeure dans les périodes de solitude
avec incapacité à agir seul
Interpellation de l’autre par des moyens inadaptés
Peuvent paraître « serviables », mais en fait besoin
affectif insatiable et rapidement exigeantes et
envahissantes (peur de l’abandon)
Risque : épuisement des aidants, dépression,
suicide
18. Personnalité narcissique
Sentiment grandiose de sa propre
importance
Préoccupations constantes sur des sujets de
succès, de pouvoir ou d’amour
Exhibitionnisme
Sentiments inadaptés devant la critique ou
l’échec (colère, honte, vide)
Exploitation des relations interpersonnelles
Fluctuation des relations entre idéalisation et
dévalorisation
19. Personnalité borderline
Ou état limite, ou personnalité émotionnellement labile…
Concept aux limites floues, entre psychose et névrose…
Manifestations cliniques polymorphes
Signes centraux : instabilité émotionnelle, mauvais contrôle
pulsionnel, angoisse avec sentiment de vide intérieur
Relation aux autres marquée par alternance
d’engagements intenses et instables et de ruptures brutales
et douloureuses, avec crises psychiques majeures avec
agitation et risque suicidaire
Possibilité de survenue de symptômes plus ou moins
durables de type hallucinations ou syndrome délirant
Risque : institutionnalisation (représente 10 à 20% de la FA
en psychiatrie), désocialisation, dépression, suicide, actes
médico-légaux
20. Principes de la prise en charge
Un trouble de la personnalité n’est pas une maladie
psychiatrique (personnalité réputée stable, maladie
comme rupture par rapport à un état antérieur)
Mais peut se compliquer d’une maladie psychiatrique, ou y
être associée
La personnalité s’exprime dans l’interaction de l’individu
avec son environnement = nécessité d’une bonne
connaissance du contexte (médical, social, affectif,
familial,…)
Personnalité réputée stable et durable dans le temps = les
aménagements possibles dépendent de l’engagement du
patient dans un travail psychothérapeutique (dynamique
de changement)
Les traitements médicamenteux doivent cibler certains
symptômes, et sont de prescription limitée dans le temps
21. Etapes de la prise en charge
(1)
Importance de détailler l’histoire de vie
du sujet et l’anamnèse des troubles
• Biographie, mode de vie, critères de qualité
de vie, objectifs personnels, aspirations…
• Recherche de facteur favorisant une
décompensation symptomatique
• Antécédents psychiatriques personnels ou
familiaux
• Pathologies médicales associées,
traitements en cours
22. Etapes de la prise en charge
(2)
Recherche et traitement d’une pathologie
psychiatrique associée
• Episode dépressif évolutif
• Trouble bipolaire
• Syndrome délirant ou hallucinatoire
• Trouble anxieux
• PTSD
• Addictions
23. Etapes de la prise en charge
(3)
Evaluation du risque suicidaire
• Poser systématiquement la question de
l’existence ou non d’IDS
• Echelle RUD :
Risque : basé sur l’existence de FR validés
statistiquement (célibat, chômage, sexe
masculin, atcd psychiatrique ou de TS, alcool,
perte ou changement d’environnement récent,
…)
Urgence : existence d’un scénario ou d’une
date fixée
Danger : létalité et accessibilité des moyen pour
un scénario donné
24. Etapes de la prise en charge
(4)
Evaluer l’indication d’une hospitalisation en
psychiatrie
• Pathologie psychiatrique évolutive justifiant une
hospitalisation
• Mises en danger itératives
• Perte d’autonomie
Tout en privilégiant toujours une prise en
charge ambulatoire libérale ou de secteur
avec suivi psychothérapeutique individuel et
bien souvent familial
25. Etapes de la prise en charge
(5)
Si besoin, et en dernier recours, évoquer
l’intérêt d’une prescription médicamenteuse
Peu d’indications validées, donc traitement
surtout symptomatique et de courte durée :
• Anxioytique si anxiété, hypnotique si trouble du
sommeil
• Et pour limiter l’impulsivité, quelques traitements
ont prouvé leur efficacité : AD ISRS,
thymorégulateurs, antipsychotiques atypiques.