1. Introduction
Le mucocèle est une tumeur liquidienne, kystique, bénigne et rare touchant surtout l’adulte. Il se développe aux dépens des muqueuses
des sinus. Il est lentement évolutif mais peut s’étendre vers l’endocrâne via une distension voire une destruction des parois osseuses. Le
mucocèle est la conséquence d’un défaut de ventilation des sinus. Sa prise en charge est multidisciplinaire et peut être réalisée soit par
voie endoscopique soit par voie haute.
Résultats
Deux patients opérés au service de neurochirurgie à l’Institut National de Neurologie de Tunis.
Patient 1 :
66 ans, diabétique, hypertendue et dyslipidémique
opérée d’un mucocèle ethmoido-fronto-orbitaire par voie endoscopique en 2007
reconsulte pour tuméfaction palpébrale gauche sans rhinorrhée en rapport avec un mucocèle
ethmoido-fronto-orbitaire gauche qui détruit le toit de l’orbite et le sinus frontal gauche. Le
mucocèle s’invagine à l’intérieur de l’orbite.
La patiente a été opérée réalisant une exérèse complète, une crânialisation du sinus frontal et
reconstruction osseuse du toit de l’orbite. Les suites opératoires étaient simples.
Patient 2 :
45 ans, sans antécédents
tuméfaction fronto-orbitaire gauche d’installation progressive sur 4 mois sans signes
inflammatoires locaux.
Examen neurologique : sans particularités.
Scanner : formation liquidienne du sinus frontal gauche s’étendant vers l’orbite. Le patient a été
opéré par une crânialisation du sinus frontal et des suites opératoires simples.
Mucocèles frontaux: à propos de 2 cas
A. Romdhane, N. Karmani, M. Khrifech, K. Ayadi,I. Ben Said, H. Jemel
Service de Neurochirurgie Institut National de Neurologie - Tunisie
Discussion
Les mucocèles sont des tumeurs bénignes rares des sinus. Les localisations au niveau des sinus frontaux, ethmoïdaux et fronto-
ethmoidaux sont les plus fréquents. Les mucocèles du sinus maxillaire ou sphénoïdal sont plus rares. Les mucocèles surviennent rarement
avant l’adolescence. Quelques rares cas de mucocèles survenus à l’âge pédiatrique ont été rapportés. Quant à la pathogénie, l’obstruction
ostiale et l’inflammation chronique sont les 2 facteurs les plus communément admis dans la genèse des mucocèles. Néanmoins, il
semblerait qu’une infection surajoutée puisse précipiter la formation du mucocèle. Cette infection induit la libération de cytokines
responsables de modifications osseuses en périphérie de la mucocéle. Les facteurs traumatiques, particulièrement la iatrogénie
chirurgicale sur le canal naso-frontal a beaucoup été invoqué. Compte tenu de son potentiel évolutif, un mucocèle frontal s’étend
progressivement soit vers la cavité endocrânienne par érosion de la paroi postérieure du sinus frontal, soit vers la région fronto-orbitaire
pouvant être à l’origine d’une exophtalmie. Cette extension orbitaire peut occasionner une cellulite en cas de rupture de kyste. Les signes
cliniques de découverte sont représentés par des manifestations oculo-orbitaires, naso- sinusiennes ou neurologiques. Ainsi les signes
retrouvés à l’examen : une tuméfaction frontale ou fronto-orbitaire, une obstruction nasale, une rhinorrhée, des algies fronto-orbitaires,
une exophtalmie ou une baisse de l’acuité visuelle. Le tableau peut parfois se résumer à une suppuration chronique sus-orbitaire,
signant la pyocèle ou mucocèle surinfectée. L’association d’une tuméfaction frontale, ou au niveau de l’angle supéro-interne du cadre
orbitaire à une exophtalmie est pathognomonique de mucocèle du sinus frontal. Le scanner cérébral est indispensable pour le diagnostic,
l’étude de l’extension du mucocèle, permettant le choix de la voie d’abord chirurgicale. Il permet la précision du siège frontal, ou fronto-
éthmoïdal, l’aspect du mucocèle, l’extension intra-crânienne sous durale, ou orbitaire. Il permet également la recherche de lésions
associées et/ou de complications à type d’ostéomes des sinus paranasaux et de dysplasie fibreuse crânio-faciale. Le traitement est toujours
chirurgical, soit endoscopique, soit par voie haute. L’endoscopie est un traitement de première intention. La voie endonasale présente des
limites certaines telles une marsupialisation insuffisante, sources de synéchies et de récidives. Dans les formes latérales, l’exposition
complète est difficile, surtout dans les mucocèles fistulisés pour lesquelles il est nécessaire de procéder à l’exérèse du trajet fistuleux. En cas
d’échec ou d’extension locale endocrânienne ou intraorbitaire importante, la chirurgie par voie haute reste le traitement de choix.
Conclusion
Le mucocèle est une tumeur bénigne mais il présente un potentiel d’extension locale important nécessitant un diagnostic rapide et une
prise en charge multidisciplinaire. Le traitement endoscopique a prouvé une certaine efficacité avec une courbe d’apprentissage
nécessaire. Le traitement chirurgical par voie haute reste le traitement le plus sur et le plus radical en cas d’échec de traitement
endoscopique ou lors d’une invasion locale endocrânienne évolutive.
Figure 1 : IRM cérébrale montrant
l’aspect d’un mucocèle frontale en coupe
coronale et axiale en séquence T1 après
injection de gado.