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C’est mon métier ...
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 298 / mars 201328 • vegetable.fr • no
 298 / mars 2013
Grande distribution : regard d’expert
C
omme évoqué dans
de précédentes édi -
tions, la capacité des
équipes magasin à
réceptionner, stoc-
ker, présenter, mettre
en valeur, valoriser
et conseiller est souvent prise en
défaut et la présentation aux clients
pas au niveau attendu. C e constat
n’étant pas nouveau, la GD essaye
bien sur aujourd’hui d’y remédier,
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formation. Examinons d ’abord les
problèmes auxquels se heurte la
formation des Chefs de Rayon :
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mation est souvent amputé voire
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en Centrale. On peut donc sans être
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sons de ne pas vouloir bouger.
D’autre part, le métier est physique-
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ment stressant: on se lève tôt et on
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l’effectif est, pour une raison ou une
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imbuvables et inapplicables car « on
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teuses et utopiques oubliées dès le
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Le pricing
Bertrand
Guély
partage ici son
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s’efforcera
d’apporter des
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réalistes pour
que la situation
puisse s’améliorer
concrètement au
quotidien.
Le mois
prochain
VG298_Assemblage_Interieur2.indd 28 26/02/13 15:39
...
no
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Le petit couple attend depuis 20 minutes devant le rideau
en fer encore baisse. S’ils pouvaient le lever avec un cric
et se glisser dessous, ils le feraient. Lui a les mains serrées sur
son caddy, elle a les mains crispées sur son porte-monnaie ou
sont classés les coupons de réduction soigneusement découpés,
le chèque déjà signe et les prospectus du moment avec les
promos stabilotées. Il y a 5 ou 6 petits couples du même
genre devant l’entrée et c’est a cause de ces clients certes
très respectables mais largement minoritaires qu’on demande
au CR d’être plein, propre et balise a 9h alors que le gros de sa
clientèle et de son chiffre arrivera en milieu/fin d’après-midi !
C’est une des hérésies les plus flagrantes des organisations
magasins actuelles.
C’est aussi la raison pour laquelle, scène typique, le Directeur et
ses fidèles, à quelques minutes de l’ouverture, marchent dans
l’allée centrale en foudroyant du regard la pauvre auto-laveuse
avec son conducteur debout sur l’accélérateur et les employés
qui terminent de dégager les cartons plies qui jonchent encore
le sol.
Voila un autre exemple de ce que la formation doit changer:
priorité a la réouverture et organisation des équipes en
conséquence.
Sauf que, quand on est payes au SMIC un peu amélioré, on a
souvent un deuxième travail l’après-midi et que les volontaires
pour être « de l’après-midi » sont rares et pas souvent
encadrés...
Réouverture d’un rayon
C’est Stalingrad mais
il me manque 3 personnes !
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de participer au projet Écoles voulu
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visibles dans leur magasin source :
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et de la démarque inconnue... Pour-
tant, économies obligent, tout a été
arrêté depuis et remplacé par des
moniteurs itinérants, saupoudrés
par région et incapables de faire un
travail en profondeur.
Compte tenu de tous ces freins, il
est clair que la formation FL doit
être faite en interne à l’enseigne et la
démarche imposée par le Top Mana-
gement en créant l’École des FL car
lui seul peut arbitrer d ’éventuels
débats budgétaires et aura la clair-
voyance de comparer ce que ca coûte
avec ce que ca rapporte.
Comment ? En s’appuyant d’abord sur
la fierté retrouvée de faire un métier
difficile. On dit un Chef Boucher, un
Chef Poissonnier...mais ont dit tou-
jours ‘le gars des F euleu’. Commen-
çons par le rebaptiser Chef Primeurs :
Il s’agit d’abord de faire reconnaitre en
interne ce métier de spécialiste (1/3 de
l’assortiment est en mouvement per-
pétuel, avec 4 saisonnalités et l’impor-
tance quotidienne de la météo), d ’ar-
tiste, qui sait mettre la main à la pâte,
mais aussi de gestionnaire (les prix
varient chaque jour et le prix est un
critère majeur d’achat). Cette recon-
naissance passe par le titre, le salaire
et les conditions de travail.
4 étapes pour
une bonne formation
L’étalagisme est la première étape :
on peut faire très vendeur avec une
qualité moyenne (stage vendeur
sur un marché de plein vent, chez
‘l’arabe du coin’, commis à Rungis).
L’application de règles simples de
réception, stockage, manutention
et maintenance à l ’espèce doit être
LA priorité si vous voulez travail-
ler intelligemment sur la réduction
du taux de casse. Tous les ouvrages
imposants qui s ’entassent sur les
étagères de vos CR sont inef ficaces
dans la mesure où ils ne sont pas
expliqués, avec les mains dans les
colis, aux ELS. Deuxième étape :
toujours l’étalagisme mais en contact
client : la dégustation, initiation à la
sculpture sur fruits, découverte de la
production, quizz produits oubliés…
Enfin, la gestion est le troisième
point : pricing intelligent, plan anti-
casse (shrinkage killing), les promo-
tions. Quatrième règle : être un ven-
deur-conseil en FL et argumenter
auprès des clients en rayon.
no
298/mars 2013 • vegetable.fr • 29
Bertrand Guély
!
est clair que la formation FL doit
être faite en interne à l’enseigne et la
démarche imposée par le Top Mana-
gement en créant l’École des FL car
4 étapes pour
une bonne formation
L’étalagisme est la première étape :
on peut faire très vendeur avec une
deur-conseil en FL et argumenter
auprès des clients en rayon.
no
298/mars 2013 • vegetable.fr • 29
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  • 1. C’est mon métier ... 28 • vegetable.fr • no  298 / mars 201328 • vegetable.fr • no  298 / mars 2013 Grande distribution : regard d’expert C omme évoqué dans de précédentes édi - tions, la capacité des équipes magasin à réceptionner, stoc- ker, présenter, mettre en valeur, valoriser et conseiller est souvent prise en défaut et la présentation aux clients pas au niveau attendu. C e constat n’étant pas nouveau, la GD essaye bien sur aujourd’hui d’y remédier, plus ou moins adroitement, par la formation. Examinons d ’abord les problèmes auxquels se heurte la formation des Chefs de Rayon : En ces temps de crise, le budget For- mation est souvent amputé voire sacrifié par les enseignes tenues de réaliser des économies pour adap - ter le niveau des charges à celui du chiffre d’affaires. Nombreux sont ceux qui choisissent la GD pour son rôle d’ascenseur social  : on peut y faire carrière sans être forcement bardé de diplômes universitaires ou bien né. De fait, les jeunes Chefs de Rayon ont pour ambition légi - time de faire leurs preuves rapide - ment à ce niveau incontournable et d’évoluer en quelques années vers l’échelon supérieur ou des fonctions en Centrale. On peut donc sans être méchant, dire que les chefs de rayon en poste sur la durée ne sont pas forcement les meilleurs, sauf pour quelques uns qui ont de bonnes rai- sons de ne pas vouloir bouger. D’autre part, le métier est physique- ment éprouvant et psychologique- ment stressant: on se lève tôt et on finit tard, on travaille le samedi, on doit aider à la ‘manut ’ dès lors que l’effectif est, pour une raison ou une autre, entamé (c ’est-à-dire presque tous les jours !), on travaille dans le froid et l’humidité du frigo, sous la pression constante de clients et d’un encadrement exigeants. Le chif fre d’affaires quotidien est le seul juge de performance. Le turn-over y est donc important et les DRH logi - quement réticents à investir sur des collaborateurs qui, s ’ils sont bons, voudront légitimement évoluer ou partiront pour une enseigne qui paye mieux. Ensuite, qui dit formation dit... for - mateurs, avec plusieurs possibili- tés : soit la confier à des organismes généralistes, soit à des sociétés spé - cialisées en produits frais, soit la gérer en interne. L’École des FL est d’abord l’École du carrelage Les généralistes se cantonnent sou - vent à desbooks pompeux qui restent au fond des tiroirs, des matrices imbuvables et inapplicables car « on n’a pas les bras », des formations coû- teuses et utopiques oubliées dès le lundi matin parce qu ’on n’est que 3 pour remplir. Les sociétés soit disant spéciali - sées proposent, passage obligé pour une formation de groupe low-cost, le déroulé de supports où on passe beaucoup de temps sur la normali - sation, la gestion... mais très peu sur le terrain. La professionnalisation pérenne des équipes F&L magasin, première carence manifeste de la Grande Distribution généraliste, passe par une approche radicalement différente de la formation. L’externalisation de cette formation ayant montré ses limites, il faut envisager l’École des Fruits et Légumes en fonctionnement interne, impulsée par le top management et avec de vrais moyens. J’aurais voulu être un Chef Primeurs ! La formation par alternance donne les meilleurs résultats. Le pricing Bertrand Guély partage ici son expérience des hommes et du terrain et surtout s’efforcera d’apporter des propositions réalistes pour que la situation puisse s’améliorer concrètement au quotidien. Le mois prochain VG298_Assemblage_Interieur2.indd 28 26/02/13 15:39
  • 2. ... no 298/mars 2013 • vegetable.fr • 29 Le petit couple attend depuis 20 minutes devant le rideau en fer encore baisse. S’ils pouvaient le lever avec un cric et se glisser dessous, ils le feraient. Lui a les mains serrées sur son caddy, elle a les mains crispées sur son porte-monnaie ou sont classés les coupons de réduction soigneusement découpés, le chèque déjà signe et les prospectus du moment avec les promos stabilotées. Il y a 5 ou 6 petits couples du même genre devant l’entrée et c’est a cause de ces clients certes très respectables mais largement minoritaires qu’on demande au CR d’être plein, propre et balise a 9h alors que le gros de sa clientèle et de son chiffre arrivera en milieu/fin d’après-midi ! C’est une des hérésies les plus flagrantes des organisations magasins actuelles. C’est aussi la raison pour laquelle, scène typique, le Directeur et ses fidèles, à quelques minutes de l’ouverture, marchent dans l’allée centrale en foudroyant du regard la pauvre auto-laveuse avec son conducteur debout sur l’accélérateur et les employés qui terminent de dégager les cartons plies qui jonchent encore le sol. Voila un autre exemple de ce que la formation doit changer: priorité a la réouverture et organisation des équipes en conséquence. Sauf que, quand on est payes au SMIC un peu amélioré, on a souvent un deuxième travail l’après-midi et que les volontaires pour être « de l’après-midi » sont rares et pas souvent encadrés... Réouverture d’un rayon C’est Stalingrad mais il me manque 3 personnes ! J’ai personnellement eu la chance de participer au projet Écoles voulu par l’ancien DG Casino et me suis investi dans le magasin Ecole Géant de Poitiers. Sous la houlette du chef de rayon formateur , des groupes de 4 à 6 stagiaires étaient accueil- lis pour des sessions d’une semaine où alternaient pratique le matin et partie théorique l ’après-midi. Les retours étaient excellents et, surtout, les résultats des formés visibles dans leur magasin source : augmentation du chiffre d’affaires et de la marge, réduction de la casse et de la démarque inconnue... Pour- tant, économies obligent, tout a été arrêté depuis et remplacé par des moniteurs itinérants, saupoudrés par région et incapables de faire un travail en profondeur. Compte tenu de tous ces freins, il est clair que la formation FL doit être faite en interne à l’enseigne et la démarche imposée par le Top Mana- gement en créant l’École des FL car lui seul peut arbitrer d ’éventuels débats budgétaires et aura la clair- voyance de comparer ce que ca coûte avec ce que ca rapporte. Comment ? En s’appuyant d’abord sur la fierté retrouvée de faire un métier difficile. On dit un Chef Boucher, un Chef Poissonnier...mais ont dit tou- jours ‘le gars des F euleu’. Commen- çons par le rebaptiser Chef Primeurs : Il s’agit d’abord de faire reconnaitre en interne ce métier de spécialiste (1/3 de l’assortiment est en mouvement per- pétuel, avec 4 saisonnalités et l’impor- tance quotidienne de la météo), d ’ar- tiste, qui sait mettre la main à la pâte, mais aussi de gestionnaire (les prix varient chaque jour et le prix est un critère majeur d’achat). Cette recon- naissance passe par le titre, le salaire et les conditions de travail. 4 étapes pour une bonne formation L’étalagisme est la première étape : on peut faire très vendeur avec une qualité moyenne (stage vendeur sur un marché de plein vent, chez ‘l’arabe du coin’, commis à Rungis). L’application de règles simples de réception, stockage, manutention et maintenance à l ’espèce doit être LA priorité si vous voulez travail- ler intelligemment sur la réduction du taux de casse. Tous les ouvrages imposants qui s ’entassent sur les étagères de vos CR sont inef ficaces dans la mesure où ils ne sont pas expliqués, avec les mains dans les colis, aux ELS. Deuxième étape : toujours l’étalagisme mais en contact client : la dégustation, initiation à la sculpture sur fruits, découverte de la production, quizz produits oubliés… Enfin, la gestion est le troisième point : pricing intelligent, plan anti- casse (shrinkage killing), les promo- tions. Quatrième règle : être un ven- deur-conseil en FL et argumenter auprès des clients en rayon. no 298/mars 2013 • vegetable.fr • 29 Bertrand Guély ! est clair que la formation FL doit être faite en interne à l’enseigne et la démarche imposée par le Top Mana- gement en créant l’École des FL car 4 étapes pour une bonne formation L’étalagisme est la première étape : on peut faire très vendeur avec une deur-conseil en FL et argumenter auprès des clients en rayon. no 298/mars 2013 • vegetable.fr • 29 PRÉSENTÉ PAR ©caSino VG298_Assemblage_Interieur2.indd 29 26/02/13 15:39