1. RHINITE ATROPHIQUE CROUTEUSE (OZENE) : A PROPOS D’UN CAS
Jaafoura H, Riahi I, Ben Said M, El Bez N, Mannoubi S, Lahiani R, Ben Salah M.
Service ORL et CCF. Hôpital Charles Nicolle. Tunis
INTRODUCTION
OBSERVATION
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
L'ozène, du grec ozena, odeur fétide, est une rhinite chronique
atrophique primaire décrite aussi comme une rhinite fétide
crouteuse, caractérisée par la formation d'épaisses croûtes sèches
dans une cavité nasale évasée résultant du dépérissement
progressif de la muqueuse nasale et de l'os sous-jacent.
De physiopathologie mal élucidée, voire inconnue cette forme de
rhinite est rare dans les pays présentant une hygiène de vie et un
niveau socioéconomique élevé.
Nous rapportons le cas d’un patient présentant une rhinite
atrophique crouteuse pris en charge au service d’ORL et CCF à
l’hôpital Charles Nicolle de Tunis.
Patient de 63 ans, hypertendu, issu d’un milieu rural, ayant
consulté pour obstruction nasale bilatérale associée à une
rhinorrhée purulente récidivante avec cacosmie, anosmie et
céphalée, le tout évoluant depuis plusieurs années, négligés par le
patient.
L’endoscopie nasale trouvait des fosses nasales larges, une
atrophie muqueuse avec des croutes abondantes et une
rhinorrhée purulente bilatérale avec des méats moyens libres, une
déviation gauche postérieure de la cloison nasale et un cavum
d’aspect normal, siège de croutes. (Figure 1)
Le reste de l’examen était sans particularité.
La TDM du massif facial notait l’absence de visibilité des
infundibulums maxillaires suite à la présence d’hyperostose et de
déformation des sinus maxillaires surtout gauche qui est comblé.
L’étude histologique suite à une biopsie de la muqueuse nasale
était en faveur d’un remaniements inflammatoires non spécifique
avec absence de signes histologiques de malignité.
Le bilan biologique ne montrait pas de syndrome inflammatoire.
L’examen bactériologique de pus prélevé de la fosse nasale
confirmait la présence de klebsiella ozaenae et nous avons retenu
le diagnostic de rhinite crouteuse atrophique (Ozène).
Le patient a été mis sous traitement antibiotique selon
l’antibiogramme avec des traitements locaux.
Une bonne évolution locale a été obtenu chez notre patient avec
un recul de 5 mois.
L’ozène ou rhinite atrophique primitive est une maladie encore
fréquente dans les pays en voie de développement, et qui est rare dans
les pays présentant une hygiène de vie et un niveau socioéconomique
élevé.
Son étiopathogénie reste encore mal élucidée.
Le traitement peut être médical dans les formes légères mais souvent il
faut réaliser un recalibrage des fosses nasales avec des implants en
matière synthétique.
L’ozène, une des formes de rhinite chronique atrophique, est une
pathologie en régression, sauf dans certains pays, notamment en Europe de
l’Est [1].
Sur le plan épidémiologique, l’ozène concerne plutôt la femme jeune et
actuellement semble surtout toucher les populations socio-
économiquement défavorisées [1].
Cliniquement il existe une atrophie progressive de la muqueuse nasale et
des os du nez avec formation de lésions crouteuses épaisses, dures et
malodorantes, dans les cavités nasales élargies [2].
Outre une morphologie particulière des os de la face et du crane retrouvée
chez certains patients, différents facteurs prédisposants ont été évoqués
[2].
L'existence d’une majoration de l'odeur fétide nasale pendant la grossesse
ou une augmentation de l'incidence de l’ozène à la puberté a fait envisager
une participation de facteurs endocriniens [3].
Certains déficits nutritionnels comme l'avitaminose A ou D et la carence
martiale ont semblé contribuer à l'installation de la maladie, leur correction
pouvant favoriser la guérison [3].
L'agent étiologique est habituellement Klebsiella ozaenae, mais d'autres
bactéries peuvent être isolés, notamment Corynebacterium diphtheriae. La
diphtérie nasale quant à elle est une pathologie très rare [1].
Plusieurs mécanismes étiopathogénies de l’ozène ont été évoqués. Le
déterminisme infectieux n’était pas certain et il existait deux écoles parmi
les défenseurs de la théorie bactérienne. Celle de Loewen berg pensait que
Bacterium ozenae était l'agent responsable puisqu’il était isolé dans la
majorité des cas [4].
En 1990, selon Zohar, l’ozène pourrait être soit une maladie secondaire à
des infections nasales et sinusiennes chroniques ou secondaire à une rhinite
hypertrophique, soit une infection bactérienne primitive à K. ozaenae, C.
diphtheriae atoxinogène ou au bacille de Pérez, ces espèces étant les plus
souvent isolées [1].
Le traitement de l’ozène comporte actuellement trois aspects : les soins
locaux à type de lavage-drainage nasal réalisés en première intention,
l'antibiothérapie adaptée aux germes isolés et la chirurgie [1].
Les techniques chirurgicales utilisées vont d'un simple curetage des cavités
nasales à la pose d'implants ou la réalisation de plasties ou d'occlusions,
dans le but de réduire les dimensions des fosses nasales[1].
Néanmoins, la multiplicité des techniques fait penser qu'aucune n'est
réellement satisfaisante. A long terme, l’évolution est marquée par la
fréquence des rechutes, en partie due la mauvaise compliance des patients
à la poursuite des soins locaux (1).
1/ ZOHAR Y., TAMI Y., STRAUSS M. et coll. - Ozena revisited. J Otolaryngol. 1990 ; 19 : 345-9.
2/ ORSKOV I. - Klebsiella Trevisan. In N.R. Krieg and J.G. Holt "Bergey’s manual of systematic bacteriology". Baltimore, Williams Wilkins,
1984 : 461-5.
3/HAUSER D., POPOFF M., KIREDJIAN M. et coll. - Polymerase chain reaction assay for diagnosis of potentially toxigenic
Corynebacterium diphtheriae strains : correlation with ADP-fibosylation activity assay. J Clin Microbiol. 1993 ; 31 : 2720-3.
4/ RAOULT D., PELOUX Y., GALLAIS H. et coll. - Rhinite atrophique et Klebsiella ozaenae. R6flexions g propos d'un cas. Sem H6p Paris.
1983 ; 59 : 2855-6.
Figure 1: image d’endoscopie
nasale montrant une atrophie
muqueuse avec des croutes
abondantes et une rhinorrhée
purulente
Figure 2: coupe coronale de TDM
du massif facial montrant des FN
élargies avec présence
d’hyperostose et déformation des
sinus