3. IV- Formes cliniques
1- aphtes vulgaires
2-aphtes récidivants
3-maladies aphteuses
3-1- aphtose génital :aphtose bipolaire
3-2- la grand aphtose de touraine ou
syndrome de Behçet
3-3 periadenite de sutton
5. I – DEFINITION:
L’aphte est une lésion superficielle de la
muqueuse buccale et de l’oropharynx.
Etymologiquement, " aphte " vient du grec
" aptein " : brûlure
L’aphte se manifeste par une ulcération,
symptôme commun à plusieurs formes
cliniques que l’on peut classer en 3 groupes
: l’aphte buccal " vulgaire ", l’aphtose
buccale récidivante et les maladies
aphteuses ou sa localisation buccale est à
associer à d’autres localisations générales,
organes ou viscères
6. II - ETIOLOGIE :
D’étiologie inconnue, plusieurs théories
ont pu être avancées. Pour certains, il
s’agirait d’un phénomène vasculaire de
type microthrombophlébite.
Pour d’autres les aphtes récidivants
seraient liés à des " phénomènes
immunologiques humoraux ou à
médiation cellulaire dirigés contre des
antigènes streptococciques et de la
muqueuse buccale humaine
7. Cependant, on peut énumérer des facteurs
favorisants connus :
- Sexe : prédominance féminine: cycle
menstruel, grossesse.
- Hérédité : famille à " aphtes buccaux ".
- Stress psychique : troubles psychiques, chocs
émotifs, dépressions.
- Traumatismes : morsure de la muqueuse,
blessures, arêtes de poisson, prothèses
dentaires.
- Aliments : noix, fraises, épices, certains
fromages (gruyère), crustacés.
- Médicaments : aspirine, antibiotiques,
psychotropes, antimitotiques.
- Virus HIV et immunodépressions.
- Infections bactériennes
8. III - DIAGNOSTIC
:
- L’ulcération apparaît après une sensation
de brûlure.
- La première poussée survient chez le
sujet jeune, 10 à 20 ans.
- Les aphtes seront de dimension et de
nombre variable.
- L’ulcération est plus ou moins profonde,
recouverte de fibrine et entourée d’un
tissu érythémateux.
-Les zones les plus fréquemment atteintes
sont la muqueuse de la joue, la langue et
le plancher buccal.
9. Il est rare d’en trouver sur les zones de la
muqueuse buccale, normalement
kératinées, c’est-à-dire le palais dur et la
gencive.
De même, il est plus rare de trouver des
aphtes chez le sujet fumeur que chez le
patient non fumeur, ceci pouvant
s’expliquer par l’hyperkératose
muqueuse qu’entraîne le tabac.
10. III- Diagnostic différentiel
- Plaques muqueuses syphilis secondaires :
érosions rouges non ulcérées.
- Dermatoses bulleuses : érythème polymorphe
bulleux, pemphigus.
- Lichen.
- Primo infection herpétique.
-Stomatite aphtoïde avitaminique (avitaminose
PP).
- Carcinome épidermoïde et aphte géant.
L’ulcération tumorale maligne est
caractéristique avec un versant interne cruenté
avec un fond contenant des débris nécrotiques.
Cette ulcération repose sur une base indurée.
. Neutropénie
11. IV - FORMES CLINIQUES
:
IV-1 Aphte " vulgaire " : c’est l’aphte "
accidentel ".
Fréquent chez l’enfant. Peut être unique ou
multiple.
Débute par une sensation de cuisson, puis
survient une ulcération, punctiforme ou
lenticulaire, à bords nets et fond jaunâtre "
beurre frais ", entourée d’une muqueuse rouge
vif.
Peut être très douloureuse, gênant la
mastication, pouvant entraîner une dysphagie
et une hypersalivation
13. Dépassant 1 cm de diamètre, on parlera
alors d’aphte géant, plus mutilant et
pouvant laisser des cicatrices après
guérison.
14. 2 - Aphtes récidivants :
Ce sont des ulcérations récurrentes, dont
les facteurs favorisants sont liés à
l’hérédité, l’immunité, le stress et des
modifications hormonales chez la
femme.
Le nombre par poussée varie de 1 à 5 ou
10. Guérissent en général en 1 à 3
semaines, période durant laquelle ils
peuvent être très invalidants.
15. 1 Aphte labial mordillé et
macéré dans un cas d’aphtose
buccale récidivante
(collection Dr Billet, Nantes).
17. 3 Aphtes labial et lingual
dans une aphtose buccale
récidivante (collection Dr
Billet, Nantes).
18. 3 - Maladies aphteuses :
Ce sont des maladies générales associant
aphtes buccaux et aphtes atteignant
d’autres organes ou viscères.
Le diagnostic de ces maladies permettra
au chirurgien-dentiste de diriger ces
malades vers des services spécialisés
ORL, stomatologie, dermatologie,
gynécologie ou médecine interne.
On citera :
19. 3.1. L’aphtose génitale : aphtose
bipolaire
Les aphtes génitaux se rencontrent plus
souvent chez la femme, atteignant les
grandes et petites lèvres, la région
périnéo-anale, le vagin, le col utérin.
Chez l’homme, atteinte du gland et du
scrotum.
20. 3.2. La grande aphtose de Touraine
ou syndrôme de Behcet:
associe des aphtes buccaux, aphtes
génitaux, lésions cutanées, atteintes
viscérales, oculaire.
24. 3.3. Périadénite de Sutton
:
Aphtes géants ulcéro-nécrotiques reposant
sur des nodules inflammatoires, siégeant
de préférence sur les joues, les lèvres, les
bords et la pointe de la langue, le palais,
le voile et les piliers amygdaliens.
Le terme de " périadénite " s’explique
par la prédominance des lésions
inflammatoires autour des glandes
salivaires accessoires
25. V- Aphtes et HIV :
Augmentation de l’atteinte aphteuse
chez le sujet séropositif. Souvent
aphtes géants. Contrairement aux
autres formes cliniques, les
ulcérations peuvent apparaître au
niveau de la muqueuse kératinisée
comme la gencive et le palais dur.
26. VI - TRAITEMENT
Il n’existe pas de traitement unique
efficace dans le traitement des
aphtoses buccales. Le traitement
local ou général sera adapté suivant
la forme clinique et le degré
d’atteinte.
27. 1 - Traitement préventif
:
Recommandé dans les aphtoses récidivantes
et vise à éviter ou supprimer les facteurs
favorisants :
.- Mise en état buccale : suppression des
épines irritatives dentaires ou prothétiques.
-Suppression des foyers parodontaux
perturbant l’équilibre immunologique et
bactérien buccal.
.- Vitaminothérapie : vitamine C
. -Immunothérapie : imudon
. -Suppression des aliments favorisants
l’apparition des aphtes.
28. 2 - Traitement local :
Action antiseptique :
- Attouchements d’acide trichloracétique qui
apporte un soulagement rapide, dans l’heure,
mais implique un risque de brûlure et de
nécrose muqueuse.
- Bains de bouche à base de chlorexidine
(ELUDRIL).
- Applications de pyralvex (extrait de salicylé
et sodé de rhubarbe)
- Aesine : gel de FLOGENCYL.
- Substances aromatiques : BOROSTYROL
29. - Action antalgique et anesthésiante:
Dynexan ( lidocaine 2%):
- Application 2 à 3 fois d’un crayon au
nitrate d’argent
30. -Action anti-inflammatoire
:
Lyso 6 : association de lysozyme et Vit.
B6. Immunothérapie : Imudon. Composé
de lysats hyophilisés de divers germes
buccaux.
- Corticoïdes : Betnéval sous forme de
tablettes à laisser fondre.
- Antiulcéreux gastriques (maalox,
gaviscon) : solutions utilisées en bains de
bouche.
- Aspégic sachet en bains de bouche
concentré
31. 3 - Traitement général :
S’adresse aux aphtoses récidivantes et aux
maladies générales aphteuses:
-Vitamine C : KUFFER recommande une
injection intraveineuse de 2 g par jour
pendant 15 jours. Cette même dose sera
poursuivie per os pendant des mois en
intercalant une injection IV par semaine
32. On peut citer également des
traitements d’Isoprinosine
(immunomodulants),
d’Immunodépresseurs, tels que la
cyclophosphamide (Endoxan), le
chlorambucil (Chloraminophène).
33. . En fait, les traitements efficaces par
voie générale sont : la colchicine, la
corticothérapie et la thalidomide.
34. Colchicine : prescrite à la dose de 1
mg par jour pendant des mois.
Prévient les récidives dans environ
50 % des cas
35. Corticothérapie brève : (Prednisone 0,5
mg/Kg/jour per os). Action rapide.
Présente l’avantage d’obtenir une
cicatrisation rapide des lésions pour un
traitement de courte durée (1 semaine
environ) donc sans les inconvénients
d’une corticothérapie au long
36. Thalidomide : hypnotique non
barbiturique. Délicate d’utilisation pour
son effet tératogène et neurologique.
Traitement réservé à certains
spécialistes hospitaliers.
Le patient devra être informé par écrit
des effets secondaires. Action très
rapide, remarquable autant sur les
poussées en cours que les récidives. La
thalidomide est le traitement de choix de
l’aphtose atteignant le sujet séropositif
pour le HIV.
37. VII – CONCLUSION :
Bien que la plupart des aphtes buccaux soient des
lésions banales, la vigilance et l’attention du
praticien doivent permettre le diagnostic des
aphtoses récidivantes et des maladies
aphteuses, signe d’une atteinte systémique
témoin d’un déficit immunitaire comme le
HIV. L’odontostomatologiste pourra ainsi
traiter le patient pour les formes cliniques
mineures ou le diriger vers des services
hospitaliers spécialisés dès lors que l’atteinte
nécessitera un traitement général.