1. Kermani W, Kdissa A, Khalifa M, Bellakhdher M, Meherzi A, Ghammem M, Abdelkafi M
Service d’ORL et de CCF, CHU Farhat Hached Sousse
Introduction
La tuberculose du nasopharynx correspond à l'ensemble des lésions évolutives de type granulomateux de la muqueuse du cavum consécutive à
l'infection par le bacille de koch. C'est une localisation rare de la maladie dans sa forme primitive.
Nous discutons, à travers deux observations de tuberculose primitive du cavum , les différents aspects cliniques et les difficultés diagnostiques
de cette localisation.
Observations
Deux patients âgés respectivement de 15 et de 21 ans
Motif de consultation : épistaxis récidivante avec une tuméfaction cervicale
Examen physique : polyadénopathies cervicales avec à la nasofibroscopie une formation tumorale
bourgeonnante du nasopharynx
Tomodensitométrie du cavum et du cou: irrégularité de la muqueuse du nasopharynx avec de
multiples adénopathies spinales et jugulocarotidiennes bilatérales
Biopsie du cavum : processus granulomateux spécifique épithéloïde et giganto-cellulaire, avec nécrose
caséeuse, compatible avec une tuberculeuse
IDR à la tuberculine : positive respectivement à 20 et 30 mm
La recherche d’une localisation pulmonaire de la maladie était négatives ( radiographie de thorax,
recherche de bacille de koch dans les crachats)
Traitement antituberculeux: rifampicine + isoniazide + éthambutol + pyrazinamide pendant deux mois,
puis relais rifampicine + isoniazide respectivement pendant 4 et 7 mois
Evolution favorable avec un recul de 9 et 12 mois: des biopsies de contrôle avec études histologiques ont
monté une stérilisation rhinopharyngée
Discussion
Aspect clinique: la tuberculose primitive du cavum a une expression peu spécifique. Les signes cliniques sont semblables à
ceux d'un carcinome nasopharyngé, avec adénopathies cervicales, obstruction nasale, une épistaxis, une rhinorrhée purulente
ou bien parfois des signes otologiques à type d'hypoacousie secondaire à une otite séromuqueuse.
L'examen endoscopique du cavum est impératif, tous les aspects endoscopiques pourrait très bien correspondre à une
pathologie maligne : une ulcération, une tuméfaction irrégulière ulcérobourgeonnante, une hypertrophie muqueuse régulière
ou même parois un aspect d'hypertrophie des végétations adénoïdes.
L’aspect radiologique n’est pas spécifique, il est surtout en faveur d'un processus tumoral, le scanner et l'IRM permettent
d'affirmer le caractère non invasif de cette tumeur.
Le diagnostic positif ne peut être confirmé que par l'examen histologique avec présence de granulomes épithélio-giganto-
cellulaires avec nécrose caséeuse. L'identification du germe par examen directe ou après culture sur milieu spécifique
nécessite 4 à 6 semaines et peut se révéler infructueuse. Les techniques modernes comme la PCR permettent un diagnostic
plus précoce et peuvent parfois trancher devant un granulome épithélio-gigonto-cellulaire sans nécrose caséeuse.
Le traitement est médical reposant sur une polychimiothérapie antibacillaire, l'association classique utilisée est une
trithérapie à base de rifampicine, isoniazide et de pyrazinamide pendant 2 à 3 mois, suivie d'un relais pendent 4 à 6 mois par
une bithérapie (isoniazide et rifampicine) . L'efficacité thérapeutique est basée sur la régression des signes cliniques et
endoscopiques, toute évolution anormale doit faire évoquer une résistance ou bien une possibilité d'affection néoplasique
coexistante, d'où la nécessité de biopsies itératives.
TDM du cavum:asymétrie de
la muqueuse du
nasopharynx
Conclusion
,.
Bien qu’il s’agisse d’une affection rare, la tuberculose primitive du cavum mérite d’être rappelée. La
présence de nombreuses similitudes cliniques, endoscopiques et radiologiques avec les affections malignes
du nasopharynx pose souvent un problème de diagnostic différentiel. Son pronostic sous traitement
antibacillaire est généralement bon, les échecs sont surtout liés à l’émergence de souches multirésistantes
aux traitements.