Cours donnée en Master 1 pour sensibiliser à la recherche et la construction d'une problématique.

1. Construction d’un
projet de recherche
Clément Dussarps
Décembre 2017

2. A voir
• http://abecedaire.enssib.fr
• https://www.youtube.com/watch?time_continue=21&v=Ok-LcpcDRWA => « c’est
quoi les SIC » par un jeune docteur en SIC. Attention : c’est une approche, réaliste
mais, comme toujours, discutable.
– Les SIC, les objets des SIC, les médias, la médiatisation, la culture…

3. Science ?
• Latin : « scientia » (connaissance)
• Un ensemble…
– de connaissances, cohérentes entre elles, acquises par l’étude
ou la pratique.
– de méthodes pour se saisir du réel, de l’observable = usage de la raison pour
comprendre la nature et la contrôler
• Aussi : une « branche » de la connaissance (ex. les sciences physiques)
• But : établir des théories (traduction abstraite de la réalité par des concepts

4. Science ?
• Les sciences :
– Exactes : mathématiques, physique théorique.
– Physico-chimiques, naturelles : biologie, médecine, chimie…
– Humaines : sociologie, psychologie, politique, langage…
• Des limites parfois floues

5. La recherche…
• Observer le réel
• Chercher à le comprendre, l’expliquer
• L’analyser, l’étudier
• En faire une représentation, synthétiser, proposer
• Critiquer, débattre
• « la position du chercheur est celle de l’écoute, sans autre principe que l’altérité
de celui qui « communique » et informe, ou non » (Douyère, 2016).
• Recherche fondamentale (objectif théorique)
• Recherche appliquée (objectif pratique)

6. La production scientifique
• Beaucoup d’écrits. Exemple du CNRS (2011) :
http://www.cnrs.fr/inshs/recherche/docs-actualites/chiffres-shs.pdf

7. La production scientifique
• Cela pose la question de documents non pris en compte ou considérés comme
moins importants :
– Vidéos (interventions dans un colloque, cours, etc.)
– Prises de notes (séminaires, colloques…)
– Dialogues, rencontres, etc., formelles ou informelles
– Bases de données
– Sites web (blog de chercheurs, de praticiens, etc.)
– etc.
• Qui produit ?
– Les chercheurs / chercheurs-praticiens / ingénieurs d’étude
– Les praticiens / techniciens / ouvriers
 Les chercheurs sont de plus en plus ingénieurs
 Les ingénieurs sont liés aux chercheurs et le sont parfois
eux-mêmes

8. Science et conscience
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » (Rabelais)
• Y a t-il une limite à l’expérimentation ?
• Quelle place pour la morale dans les sciences ?
• Un scientifique doit-il être « froid » ?
• Tout peut-il s’expliquer par la science ?
• Faut-il chercher à tout « mesurer » ?

9. Un peu de vocabulaire…
• Objet (d’étude scientifique, de recherche) :
– D’un point de vue d’une discipline : ce dont s’occupe une science
(ex. : objet de l’astronomie = les astres*)
– D’un point de vue d’un chercheur : ce qu’il étudie, le sujet, l’objet concret ou conceptuel
de sa recherche
– Exemple : « l’affectivité en formation », « la communication des
– Un objet des SIC ?
• Méthodes : « ensemble de démarches et de procédés intellectuels raisonnés
assurant la saisie en termes
scientifiques d’un objet » (Bourdeloie, Douyère, 2014)
Exemple tiré de : https://philosciences.com/Pss/philosophie-et-science/methode-scientifique-paradigme-scientifique/
118-objet-connaissance-scientifique

10. Un peu de vocabulaire…
• Positivisme (courant) :
– Positif = réel, certain, précis. Des lois régissent l’univers.
– La réalité existe en dehors de la conscience humaine =
la réalité est indépendante du chercheur
– La réalité est observée de façon objective (mesures, etc.). On cherche des déterminismes
(causes / effets).
– Une connaissance est parfaitement valide si elle est vérifiable empiriquement et réfutable.
• Constructivisme (courant) :
– La réalité est un construit de la pensée
– Donc : des réalités différentes d’un individu à un autre (représentation), modifiées par
l’esprit, la culture, l’éducation… « expérience du monde »
– Pas de déterminisme, pas de norme absolue sur ce qui est scientifique
– Une connaissance est valide si elle est reproductible, transmissible, si elle suffit dans un
contexte donné à expliquer une situation

11. La recherche…
• Recherche de l’objectivité ?
• Angle d’approche / positionnement (pour étudier son objet) :
– Disciplinaire (sociologie, ethnologie, etc.)
– Angle de vue = on voit une partie mais on occulte une autre
– On étudie toujours un objet sous un certain angle de vue, avec son approche
disciplinaire, des méthodes limitées, etc. (même en sciences dures)

12. La recherche…
• Recherche de l’objectivité ?
• L’avis de D. Douyère (2016) : « une recherche nous semble nécessairement
inscrite dans un substrat idéologique, qu’elle l’explicite ou non, peut-être parce
que le chercheur glisse à un rôle d’expert ou de penseur (ibid.), ou encore malgré
lui, par imprégnation : par l’approbation implicite qu’elle donne à un corpus
idéologique en ne le contestant pas, d’abord ; en ne désignant pas sa propre
position, ensuite […]. Parce que les SIC sont aussi des sciences de la
propagande […], elles doivent se défier de l’idéologie, et pointer les usages
idéologiques de la communication ».

13. Durant votre stage…
Qu’avez-vous observé ?
• Situations pédagogiques
• Echanges, communications… ou non communications
• Pratiques informationnelles, communicationnelles
• Politique de diffusion des documents

14. La problématique
• Se résume généralement sous la forme d’une question, mais…
– Elle suit une partie théorique où sont définies les notions, le contexte. Le lecteur est
progressivement emmené vers la problématique
– Elle résulte d’un manque / une faille dans la littérature = elle est originale ou remet en
cause des études réalisées (avec raison ! pas pour le plaisir…), en utilisant d’autres
méthodes, en ayant un autre angle de vue, en confrontant des théories…
– La partie « problématique » (ou « question de recherche ») dans un mémoire/thèse est
généralement plus longue (1 à 10 pages, voire +)
– On y explique : pourquoi on se pose cette question, quelles sont les failles dans la
littérature actuelle, on peut résumer ce qui a été vu avant…
– On n’y explique pas comment on va répondre à cette question (=> partie méthodo.)

15. La problématique
• Peut également être présenté autrement, sous la forme d’un paragraphe, de
plusieurs questions, etc.
• Traite un aspect d’un problème. Une problématique est précise, « cadrée »,
« serrée », centrée sur 2-3 variables.
• Provient d’une idée, d’une thématique que l’on veut traiter, mais qui reste large. On
la traduit alors en une question plus fine et concrète (à laquelle on peut répondre).
• Est parfois imprécise au début du travail (avant l’état de l’art), parfois pas.

16. La problématique
• Ressemble souvent à :
« En quoi X influe sur Y (dans un contexte Z) (sur un public Z) »
X et Y sont des notions, Z une notion ou un contexte/public.
• Exemples (à commenter !) :
– En quoi et comment la dimension socio-affective influe sur la persévérance des apprenants
en formation à distance ?
– « Les Netquiz améliorent-ils la rétention d’information dans les cours de niveau collégial
? »*
– L’utilisation du logiciel TroFor en cours de mathématiques de 4e améliore-t-elle la
compréhension par les élèves des identités remarquables ?
– En quoi l’EMI influe-elle sur la perception de fiabilité de l’information consultée par les
élèves de lycée ?
*http://pagesped.cahuntsic.ca/sc_sociales/psy/methosite/consignes/etape1.htm#question

17. La problématique
• Ce qu’il ne faut pas faire…
– Etre trop large, imprécis, vouloir tout traiter :
« en quoi le numérique influe sur l’apprentissage »
– Donner une réponse dans sa question : il faut rester ouvert ; on peut supposer
(hypothèses) ensuite.
– Confondre thématique (large et non problématique) et problématique

18. Les hypothèses
• Répondent à la problématique, mais restent à vérifier
– Affirmer
– Infirmer
– Affirmer partiellement (dans un contexte particulier, etc.)
– Ne pas pouvoir répondre
• Servent de ligne directrice pour explorer sa problématique
• Permettent de confirmer ou non une supposition
• Donnent un résultat clair, compréhensible

19. Le discours de la méthode
(Descartes)
• « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense
en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter
en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En
quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela
témoigne que la puissance de bien juger, et de distinguer le vrai d'avec le
faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est
naturellement égale en tout homme ; et qu'ainsi la diversité de nos opinions
ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais
seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne
considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit
bon, mais le principal est l'appliquer bien. »
• « J'estimais fort l'éloquence et j'étais amoureux de la poésie, mais je pensais
que l'une et l'autre étaient des dons de l'esprit plutôt que des fruits de
l'étude. »

20. • « C'est quasi le même de converser avec ceux des autres siècles que de voyager. »
• « La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles
passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous livrent que les
meilleures de leurs pensées. »
• « Et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent le droit
chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent »
• « Si cela pouvait être, je m'appliquerais sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes
anciennes opinions. »
• « Je réputais presque pour faux tout ce qui n'était que vraisemblable. »
Le discours de la méthode (Descartes)

21. Démarche
• Plusieurs démarches possibles. Un exemple (le + courant) :
1. Choix d’une thématique, intérêt pour un sujet, observation… = question
2. Lectures sur le sujet (après repérages de documents pertinents),
prise de connaissance et « cartographie » du domaine, exploration…
3. Un problème, une question non résolue émerge… (problématique)
4. Hypothèses de réponse à cette question (éventuellement)
5. Chercher à répondre à cette question (recherche empirique, exploratoire, théorique, etc.) et
aux hypothèses associées.
• Méthodes choisies + étude (de terrain, de corpus…)
• Analyse et synthèse
• Conclusions

22. L’exploration ne finit jamais…

23. Démarches
• Déductive :
– A partir d’une hypothèse, vérifier si elle est vraie ou non
– Exemple : « Les élèves de collège sont plus calmes au CDI
qu’en salle de classe habituelle »
– On teste cela sur un terrain défini
– On propose un modèle scientifique (théorisation)
• Inductive :
– On collecte des données PUIS on voit ce qu’on peut « en tirer »
– A partir d’observations sur ces données, proposer un modèle scientifique (du particulier
au général)
Sources : http://www.unige.ch/fapse/erdie/files/8314/3315/5262/demindded2.pdf
https://www.ecofog.gf/IMG/pdf/cours1b.pdf

24. Quelques méthodes de recueil
• Interview :
– Entretiens non directifs, semi-directifs, directifs
– Questionnaires oraux (= proche de l’entretien directif, mais souvent moins « ouvert »
sur les réponses possibles)
– Entretien d’explicitation
• Observation :
– Très utile en phase exploratoire ou pour le recueil de données
• Questionnaire :
– Enquête (sondage)
– Contrôle de connaissances
D’après (pour les 4 premières méthodes) : DE KETELE, J-M., ROEGIERS, X. (2009). Méthodologie du recueil d’informations : fondements des méthodes
d’observation, de questionnaire, d’interview et d’étude de documents. De Boeck.

25. Quelques méthodes de recueil
• Etude de documents :
– Corpus de documents : quelle nature, quantité, etc.
• Traces d’activité (sur une plateforme numérique)
• Données ouvertes / big data
– Le recueil n’est généralement pas fait par le chercheur…
– … mais les données méritent d’être étudiées !
 Le recueil + l’analyse = nous y reviendrons la fois prochaine
D’après (pour les 4 premières méthodes) : DE KETELE, J-M., ROEGIERS, X. (2009). Méthodologie du recueil d’informations : fondements des méthodes
d’observation, de questionnaire, d’interview et d’étude de documents. De Boeck.

26. Recherche en info-comm

27. Recherche en info-comm
• « Les SIC prennent acte de l’existence de phénomènes et de dispositifs
d’information et de communication, de leur place dans la vie sociale, de leur
fonction politique et organisationnelle […]. Elles attestent que quelque chose
s’énonce, par des discours, des images, des rites et des signes, le langage, et
le prennent pour matériau, avec diverses méthodes. »
(Douyère, 2016)

28. Recherche en info-comm
• « [Les SIC] sont l’espace de travail, certes en partie "interdisciplinaire", de ceux qui
veulent interroger plus spécifiquement les dimensions de médiation signifiante,
d’information et de communication, les dimensions médiatiques et
télécommunicationnelles pour éclairer certains phénomènes sociaux, techniques
et culturels, et des enjeux de pouvoir, d’oppression ou d’émancipation,
notamment. »
(Douyère, 2016)

29. Recherche en info-comm
• « les outils conçus et mis à disposition doivent être ceux qui favorisent la
réception, l’écoute, la lecture et l’interprétation des phénomènes info-
communicationnels afin de saisir leur dimension sociale, politique, historique et
spatiale, en prenant en compte forces et oppositions qui traversent ces
dimensions »
(Douyère, 2016)

30. Méthodes en info-comm
• Kogan (2016), note de lecture de Bourdeloie et Douyère (2014) :
« Les questions de méthode sont un vrai challenge car les SIC se positionnent comme
une interdiscipline capable de traiter de problématiques délaissées par les Sciences
Humaines et Sociales (SHS) tout en appliquant des méthodologies issues de ces
disciplines ».

31. Se poser des question in situ

32. Exemples de thématiques en info-comm
• La formation à l’information / aux cultures numériques
• Evolutions/mutations info-communicationnelles à l’ère du numérique
• Médias et réseaux sociaux
• La communication des organisations
• Normes et interopérabilités des systèmes d’info-communication
• Normes et standards pour l’e-learning
• Interactions hommes-machines (ou hommes-systèmes d’info.)
• Usages du web (en contexte de… ou sur un public précis)

33. Travail
• Voir document donné en cours.
• A déposer sur l’ENT au + tard le 08 janvier à l’espace prévu à cet effet 
compte comme un CT.
• A déposer également : votre rapport de stage (succinct),
même date.
/! Ne pas déposer après SVP.
• Si vous pouvez le faire imprimer et nous le donner le 08 janvier…

34. Bibliographie
• Douyère, D. « De la recherche en communication : matérialité, critique et
idéologie(s) », Questions de communication [En ligne], 29 | 2016.