Résultats de la seconde vague du baromètre de la santé connectée 2024
Tuberculose extra-pulmonaire
1. Dr. KERFAH S.
Médecin résidente en pneumo-
phtisiologie EHUOran
Plan de la question
I. Introduction :
II. Définition :
III. Intérêt de la question :
IV. Epidémiologie :
V. Physiopathologie :
VI. Diagnostic positif :
A) Diagnostic de certitude (cas prouvé) :
1- Preuve bactériologique :
2- Preuve histologique :
B) Diagnostic de présomption (cas présumé) :
VII. Formes cliniques :
A) Formes sévères :
1- Miliaire tuberculeuse :
2- Méningite tuberculeuse :
3- Tuberculose vertébrale :
4- Tuberculose rénale :
5- Péricardite tuberculeuse :
B) Formes communes « simples » :
1- Tuberculose ganglionnaire :
2- Tuberculose pleurale :
3- Tuberculose génitale :
4- Tuberculose cutanée :
5- Autres TEP rares :
VIII. Traitement :
A) Buts :
B) Moyens :
1- Chimiothérapie anti-tuberculeuse :
2- Traitement adjuvant :
IX. Evolution :
A) Favorable :
B) Défavorable :
X. Prévention :
XI. Conclusion :
Les tuberculoses extra-pulmonaires
Objectifs pédagogiques :
a) Tous les organes peuvent être
atteints de manière précoce ou tardive
suite à la PIT.
- Dg de certitude et différentiel : sur les
cultures (+) et l’étude histologique des
biopsies de l’organe atteint.
b) TRT parfois sans preuve décidé par
le spécialiste de l’organe en cause.
- Complication de la TEP (et évolution)
2. Points essentiels:
40-60% de toutes les formes de TBC.
Accessibilité diagnostique: certaines localisations posent problème (séreuses, rein,
endomètre, cerveau).
Non transmissibles donc non contagieuses.
Dissémination sanguine ou lymphatique (BK quiescents) suite à la tuberculose-
infection ou via la dissémination du BK dans les différents organes en raison d’une
défaillance immunitaire.
Les formes aigues sévères Pronostic vital.
Autres formes Pronostic fonctionnel.
Diagnostic de certitude est histologique:
Follicule de koëster,
Culture (+) d’un prélèvement pathologique ,
Histoculture (hémateine éosine).
Eléments de présomptions diagnostiques:
Données anamnestiques (contage, précarité sociale, sujets à risque).
Clinique (imprégnation, Sd infectieux, inflammatoire).
Biologie (CRP, cytologie, chimie).
Radiologie (standard, TDM).
IDRt positive (10 mm et plus).
Diagnostic différentiel.
3. I. Introduction :
Une tuberculose qui se développe en dehors des poumons est habituellement due à une dissémination
hématogène. L'infection s'étend parfois directement à partir d'un organe adjacent.
Les symptômes varient selon le site mais s'associent généralement à une fièvre, à une sensation de malaise et
à une perte de poids.
Le diagnostic est le plus souvent établi par le frottis et la culture et, de plus en plus, par des tests
diagnostiques moléculaires rapides.
Le TRT repose sur une association de médicaments antimicrobiens administrés pendant 6 mois au moins.
II. Définition :
Maladie infectieuse due à la multiplication et au développement du bacille de Koch (BK) en dehors du
poumon. Elle est non contagieuse.
III. Intérêt de la question :
Problème de santé publique en Algérie et dans le monde.
Fréquence : en constante augmentation au dépend de la TP.
Difficulté de diagnostic: intérêt du diagnostic présomptif.
Problème thérapeutique: certaines localisations nécessitent beaucoup plus qu’un traitement médical.
Pronostic: vital et/ou fonctionnel parfois engagé (expl: méningo-miliaire / mal de Pott ).
IV. Epidémiologie :
Nombre des cas déclarés en 2014 : 22153
TP :
8445 cas 38.1%
TEP :
13708 cas 61.9%
4. V. Physiopathologie :
Les TEP sont toujours la conséquence précoce ou tardive d’une PIT, patente ou latente.
Les BK provenant du chancre d’inoculation et du ganglion satellite, sont disséminés dans tout l’organisme
par voie lymphatique initialement, puis sanguine.
Ainsi, des foyers secondaires (nombre limité de BK), sont constitués dans d’autres organes et tissus.
Dès que la réponse immunitaire spécifique s’installe (3 à 12 semaines), la plupart de ces foyers se nettoient.
Cependant, quelques BK restent quiescents au niveau de ces foyers IIaires, pendant des mois voir des années.
La des moyens de défense de l’organisme peut entrainer une réactivation de ces foyers, d’où les TEP.
VI. Diagnostic positif:
A) Diagnostic de certitude: (cas prouvé):
1- Preuve bactériologique: « Mise enévidence du BK »:
a/ Par l’examen direct: notamment pour le frottis du culot de centrifugation urinaire et le LCR.
b/ Par la culture:
Prélèvements liquides : des séreuses, suc ganglionnaire, pus d’une adénite ou d’un abcès froid, et urines.
Prélèvements solides (biopsie tissulaire).
2- Preuve histologique:
a/ Follicule caséeux: granulome centré d’une nécrose caséeuse.
b/ Caséum: sur un prélèvement de pus, confirmé par la coloration hématéine éosine.
B) Diagnostic de présomption: (cas présumé):
1- Tableau radio-clinique compatible:
Signes généraux chronique : asthénie, amaigrissement, anorexie, sueurs nocturnes, fièvre vespérale.
Imagerie évocatrice : Rx, Echo, UIV, TOGD, TDM, IRM…
2- Cytologie et/ ou histologie en faveur: lymphocytose ou granulome tuberculoïde sans nécrose caséeuse.
3- Positivité de l’IDRt.
4- Eliminer les diagnostics différentiels.
VII. Formes cliniques selon la gravité:
A) Formes sévères :
1- Miliaire tuberculeuse:
a/ Clinique:
-AEG, fièvre, dyspnée.
-Pleurésie, HPSMG…
b/ Examens complémentaires:
- Rx: image de miliaire.
- BKD négatifs.
c/ Bilan de dissémination:
-FO: Bouchut, HIC.
-PL: analyse du LCR ,recherche du BK en culture.
- Uroculture.
-Culture du flux menstruel.
-PBR, PBF.
5. d/ Diagnostic différentiel: savoir éliminer une miliaire aigue ou chronique, froide ou chaude.
e/ Traitement: urgence médicale :
- Investigation et traitement en concomitance.
- Traitement de la catégorie I (2RHZE/4RH) + corticoïdes (0,5 mg/kg/j de prednisone, pendant 3 à 6 sem).
2- Méningite tuberculeuse:
Clinique: 7-12%
-Altération progressive de l’état général, céphalées, troubles de l’humeur,
-Syndrome méningé: raideur de la nuque, signe de Kernig, signe de Brudzinski, abolition des réflexes
tendineux et cutanés.
-Paralysie des nerfs oculo-moteurs : strabisme et/ou un ptosis et parfois des convulsions.
Examens complémentaires:
- PL: analyse du LCR (30-300/mm3 lymp),0,6-2g albumine
- TDM, IRM.
Diagnostic différentiel: Eliminer: méningites virales et bactériennes
Traitement: 2RHZE/ 4RH selon le manuel de lutte anti tuberculeuse 2011 (2RHZE/ 10 RH selon les
nouvelles recommandations de l’OMS) + corticoïdes (0,5 mg/kg/j de prednisone, pendant 3 à 6 sem).
3- Tuberculose vertébrale :
Clinique: localisation vertébrale mal de Pott :
-rachialgies, raideur rachidienne, abcès froid.
-Spondylo-discite tuberculeuse.
-Spondylite tuberculeuse.
-Atteinte de l’arc postérieur.
Complications:
-Neurologiques: radiculalgies, queue de cheval, paraplégie (compression médullaire).
-Infectieuses: Abcès froids, para-vertébraux.
-Orthopédiques: cyphose, instabilité rachidienne.
Traitement: 2RHZE/4RH selon le manuel de lutte anti tuberculeuse 2011 (2RHZE/ 10 RH selon les
nouvelles recommandations de l’OMS) + traitement chirurgical.
4- Tuberculose rénale :
Clinique: colique néphrétique, hématurie.
Examens complémentaires : UIV, TDM.
Diagnostic de certitude: uroculture et PBR.
Traitement: 4RHZE/2RH.
6. 5- Péricardite tuberculeuse :
La moins fréquente des tuberculoses des séreuses, plus fréquente chez les VIH+.
Clinique: signes généraux, dyspnée d'effort puis de repos, tachycardie, hypotension, frottement
péricardique, BDC assourdis.
Examens complémentaires:
- Radiographie : d'abord cardiomégalie “en théière”, puis ombre cardiaque réduite (constriction).
- ECG : tachycardie, micro-voltage, anomalies T et ST.
Diagnostic: La ponction contribue au diagnostic, et parfois la biopsie chirurgicale (souvent pratiquée lors
d'une intervention pour péricardite constrictive).
Critères diagnostic de présomption: clinique (installation progressive, signes généraux), IDR positive,
éliminer les diagnostics différentiels.
Diagnostic différentiel: néoplasie, maladie de système, infections, transsudats.
Evolution : Sans traitement (en quelques mois) : constriction (signes de stase droite et gauche).
Traitement: 4RHZE/2RH + corticoïdes (0,5 mg/kg/j de prednisone, pendant 3 à 6 sem).
B) Formes communes « simples » :
1- Tuberculose ganglionnaire : la plus fréquente:
Clinique:
- Localisation cervicale (unilatérale) + signes d’imprégnation
- ADP petite taille, ferme et indolore, augmente de volume, se fistulise avec une cicatrice indélébile.
Eléments du diagnostic:
- IDRt, CRP.
- Ponction ganglionnaire: Cytologie et culture.
- Biopsie de l’ADP.
Diagnostic différentiel: Eliminer une ADP infectieuses (toxopl, MNI, brucell, cryptoc), une ADP
néoplasiques (métastatiques) et une ADP du VIH.
Bilan pré-thérapeutique :
- Examen des aires ggl superficielles.
- Radio pulmonaire.
- Echographie cervicale.
- Echographie abdominale.
- TDM thoracique.
Traitement
Médical: 2RHZ/4RH associé ou non aux corticoïdes (0,5-1mg/kg, 3-6 semaines si adénopathie
volumineuse compressive).
Chirurgical :
-ADP récidivante, rebelle aux médicaments.
-Evidement radical fonctionnel intéressant les 3 chaînes cervicales.
7. 2- Tuberculose pleurale :
Primitive ou secondaire.
Diagnostic :
-Eléments cliniques + IDRt.
-Aspects radiologiques.
-Ponction pleurale exploratrice: liquide pleural jaune citrin, de nature exsudative (Rivalta +), lymphocytose
-Biopsie pleurale.
-Thoracoscopie.
Traitement:
-2RHZ/4RH.
- Corticoïdes (0,5 mg/kg/j de prednisone, pendant 3 à 6 sem).
-Ponctions évacuatrices.
-Kinésithérapie.
3- Tuberculose génitale :
Clinique:
- Epididymite, atteinte du canal déférent, prostate, vésicules séminales impuissance chez l’homme.
- Chez la femme: aménorrhée, douleurs pelviennes.
Examens complémentaires :
-HSPG, cœlioscopie synéchies utérines.
-Diagnostic positif: culture du flux menstruel, biopsie endomètre.
Gravité: Stérilité.
Traitement:2RHZ/4RH.
4- Tuberculose cutanée :
Mode de contamination:
-Exogène: chancre.
-Endogène: Scofuloderme.
-Hématogène: Gomme, lupus .
Diagnostic positif: la biopsie cutanée
confirme le diagnostic.
Traitement: 2RHZ/4RH.
5- Autres TEP rares :
Péritonite tuberculeuse.
Tuberculose intestinale.
Tuberculose hépatique.
VAS, ORL.
Œil, rate, sein.
Thyroïde, surrénales (Addison), dents.
8. VIII. Traitement:
A) Buts:
Sauvegarder le Pc vital,
Éradiquer l’infection,
Et éviter les séquelles (préserver le Pc fonctionnel).
B) Moyens:
1- Chimiothérapie antituberculeuse :
Formes sévères: régime de 1ère ligne, catégorie I (2RHZE/4RH).
Formes communes: régime de 1ère ligne, catégorie III (2RHZ/4RH).
Schéma standard pour les nouveaux cas de tuberculose pulmonaire et tuberculose extra-pulmonaire
Localisations Phase initiale Phase
d’entretien
Durée du
traitement
Nouveaux cas de TBC pulmonaire 2 RHZE 4 RH 6 mois
Tuberculose ostéo-articulaire
Tuberculose vértébrale
Tuberculose méningée
2 RHZE
2 RHZE
2 RHZE
7 RH
10 RH
10 RH
9 mois
12 mois
12 mois
Autres TEP 2 RHZE 4 RH 6 mois
2- Traitement Adjuvant:
- Corticoïdes: séreuses très inflammatoires, méningo miliaire hypoxémiante , adénopathie volumineuse
compressive , urétérale…
- Ponction-évacuation : séreuses, adénite, abcès froid.
- Kinésithérapie: respiratoire, articulaire.
- Chirurgie: pour des raisons esthétiques et/ou fonctionnelles: abcès froid, ADP persistante, forme ostéo-
articulaire, forme uro-génitale…
IX. Evolution :
A) Favorable:
Guérison sans ou avec séquelles minimes: cicatrice rétractile, chéloïde, épaississement pleural avec une
fonction respiratoire conservée …
B) Défavorable:
1- Pronostic vital engagé: il se pose surtout devant les formes sévères: miliaire asphyxiante, méningo-
encéphalite, et tamponnade.
Selon les recommandations de l’OMS, les tuberculoses pulmonaires et extra-pulmonaires
doivent être traitées avec le même schéma thérapeutique pendant 6 mois 2 RHZE/4 RH à
l’exception de la tuberculose du système nerveux central, de la tuberculose ostéo-articulaire et
de la tuberculose vertébrale, pour lequel un traitement plus long est prescrit.
9. 2- Pronostic fonctionnel engagé : toutes les atteintes de TEP peuvent garder des séquelles, compromettant la
fonction de l’organe atteint: insuffisance rénale, stérilité, péricardite constrictive, pachypleurite et
insuffisance respiratoire, …
X. Prévention :
A) VaccinationBCG :
Vaccin bactérien vivant non virulent « atténué » :
Systématique à la naissance en Algérie.
PI artificielle.
Protection des formes graves.
Protection durable 7-10 ans.
B) Le TRT précoce des malades bacillifères :
Par un traitement spécifique anti tuberculeux 2 RHZE / 4 RH.
XI. Conclusion :
La TEP est en constante augmentation au dépend de la TP.
Les formes ganglionnaires et pleurales sont les plus fréquentes.
Le diagnostic de TEP est difficile, souvent présomptif reposant sur un faisceau d’arguments radio cliniques
et anatomopathologiques.
Le traitement repose sur la chimiothérapie anti tuberculose mais la durée peut dépasser les six mois dans
certains cas.
La corticothérapie est obligatoire pour les formes méningées et péricardiques.
La vaccination par le BCG reste la pierre angulaire pour protéger contre les formes graves de la TEP.